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Du structuralisme linguistique au structuralisme littéraire : la présence du récit

p. 165-173


Texte intégral

1La visée classificatrice, typologique est inhérente à l’épistémologie structuraliste. C’est à partir d’une homologie implicite ou explicite avec les modèles de la linguistique structurale que se sont constituées les typologies textuelles de la sémiotique et de la poétique (au sens de Jakobson). On voudrait montrer comment une certaine lecture de Saussure et d’abord du célèbre couple langue/parole a servi de catalyseur au développement du structuralisme littéraire, des formalistes russes à Roland Barthes. Les fonctionnements analogiques, les importations de concepts empêchent la pensée d’une spécificité de la littérature : dans cette entreprise de ratage de la constitution d’un champ théorique, le statut du terme grammaire (du récit, du texte) est examiné comme opérateur de passage particulièrement problématique des orientations structuraliste et fonctionnaliste vers les « grammaires textuelles » d’inspiration générativiste à rebours de la conceptualisation du discours de Saussure à Benveniste.

2On ne sait pas toujours comment dater l’aujourd’hui. « Aujourd’hui, paradoxalement, le récit semble cependant avoir retrouvé droit de cité dans l’horizon culturel », écrit Alexis Nouss dans sa présentation de notre colloque.

3Il y a onze ans, dans la présentation d’un numéro de la revue Pratiques (45, mars 1985), j’écrivais – on m’excusera de me citer – :

Voilà, c’est fait : après avoir attiré l’attention des chroniqueurs littéraires, les récits de vie sont devenus un objet d’étude pour les chercheurs, et séminaires, colloques, publications universitaires se multiplient. À l’intérieur du champ des sciences humaines, les « entrées » théoriques se croisent ou s’ignorent : leur diversité est à la mesure de la multiplicité foisonnante du phénomène dans la production sociale

4Il y a 16 ans, Lawrence Stone signait un article dans Le Débat, 4 (1980) intitulé "Le retour au récit". Thème toujours préoccupant pour moi que « ce retour ». À force de noter que les choses reviennent, on peut se demander ce qui finalement perdure d’une présence obsédante et jamais démentie. Sans doute, parmi d’autres, le récit ainsi que le notait il y a trente ans Roland Barthes dans son envolée préliminaire au fameux article "Introduction à l’analyse structurale des récits" (Communications, 8, 1966). Souvenez-vous : « Innombrables sont les récits du monde ». Et l’énumération de la « variété prodigieuse de genres », de l’infinie diversité des supports et des formes, du kaléidoscope des temps et des lieux jusqu’au péremptoire « il n’y a pas, il n’y a jamais eu nulle part de peuple sans récit » (p. 7). Être au monde si naturel du récit que Barthes se permettait cette fleur de rhétorique : « Une telle universalité doit-elle faire conclure à son insignifiance ? » (ibid.). Ce dur désir de durer, cette constance inébranlable pourrait-elle conduire à l’aphasie critique ? Certes non, puisque Barthes a trempé sa meilleure plume dans l’encre de la linguistique pour nous offrir son « Introduction » et puisque, entre autres signes, nous voilà réunis pour en traiter. L’aujourd’hui aurait-il déjà commencé en Russie en 1915 avec les premiers textes de ceux que l’un d’entre eux – B. Eikhenbaum – désigne comme les « formalistes » et se serait-il poursuivi sous les mêmes deux avec la première édition en 1928 de Morphologie du conte de Vladimir Propp ? Si donc, à l’évidence, comme l’écrit encore Alexis Nouss dans sa "Présentation" du colloque, « les années structuralistes et poststructuralistes ont accordé à l’analyse du récit sa légitimité critique en différents domaines », cette conquête a nécessairement été contemporaine de la critique de cette légitimité critique. Le travail générateur de positivités en théorie du récit s’est mêlé au bilan des concepts fondateurs du structuralisme linguistique et littéraire à l’origine de ce que j’appellerais le « privilège du narratif », fondant une discipline à visée scientifique, la « narratologie », elle-même subsumée par des sémiotiques, des poétiques ou des théories générales du symbolisme selon les auteurs et les époques.

Entre théorie et idéologie

5La critique à faire de cette déjà longue et vieille histoire qu’est la « science » du récit/des récits a toujours déjà commencé et sans doute dès les textes qui prétendaient la fonder. On sait bien, de ce point de vue, la déshistoricisation qu’a entraînée une lecture « formaliste » des formalistes russes. Comme la réduction de la théorie du langage chez Saussure à la vulgate des couples structuralistes, langue/parole par exemple. Comme l’utilisation du terme « grammaire » pour faire le pont entre la langue et les textes, ratant le fonctionnement des discours et gardant la conceptualité de la langue pour penser la littérature. Ces lectures sont des épistémologies gouvernées par des dualismes qui trouvent facilement à s’inverser. Le même peut servir au four et au moulin. Ainsi, le récit peut aussi bien asseoir le triomphe de la linguistique structuralo-générativiste que fournir, par homologie, le ferment de sa contestation. On a vu, dans les années 80, fleurir des déclarations sur l’absence dans la littérature du « peuple » et du « sujet », ce à quoi la littérature de témoignage, le récit de vie à enracinement historique ou anthropologique auraient mis bon ordre. Il n’en fallait pas plus pour activer le parallèle avec l’évolution récente de la linguistique, discipline dans laquelle le « sujet parlant » retrouverait enfin ses droits, et le langage du peuple, « le parler ordinaire » dirait un sociolinguistique, accéderait à l’observation des spécialistes après la chape de plomb des linguistiques théoricistes, abstraites et universalistes, raboteuse des différences et des variations langagières.

6Ah mais cela, nous dira-t-on, c’est l’idéologie ou, dans le meilleur des cas, la philosophie spontanée des savants selon la célèbre expression de Louis Althusser. C’est pourtant bien de cela dont il s’agit, c’est-à-dire d’une science des récits qui, au-delà des positivités ponctuelles et de la technicité, s’est emparée de quelques principes de ce qu’on appelle le « structuralisme linguistique » sur la base d’un fonctionnement homologique, d’un rapport analogique et avec pour viatique une épistémologie de la classification en partie datée du XIXe siècle et de la grammaire comparée à orientation organiciste.

7On peut bien sûr justifier la pertinence du cadre structural pour l’analyse du récit, ce que fait par exemple J. Brès dans un ouvrage récent, La narrativité (1994) :

Se présentant comme une des formes textuelles apparemment les plus monologiques, le type narratif convenait à une théorisation construite sur le modèle d’une linguistique de la langue. Considéré essentiellement dans sa réalisation écrite, il s’est particulièrement bien prêté aux études structuralistes en ce qu’il n’invalidait pas (trop ouvertement) le principe d’immanence qu’elles posent comme postulat (p. 5).

8Le poids des réserves (italique et parenthèse), ajouté au choix du père fondateur (Propp, cela aurait pu être Bahktine, précise J. Brès), plus les déplacements post-structuralistes opérés par Labov pour le récit oral et Ricœur pour le rapport au temps et à l’identité corrigent le tir initial sans que l’héritage soit véritablement traité en termes épistémologiques.

9La postulation d’un « niveau profond » de narrativité indifférent aux langues et aux systèmes sémiologiques bute sur la spécificité de la « manifestation » – de la textualisation pour les objets langagiers –, au fond, sur la réalité des récits effectivement produits par les cultures orales et écrites. Les anthropologues ne cessent de découvrir des récits dans diverses traditions qui, par leur « structure » (quel début ? quelle fin ? organisation emboîtée, spiralaire...) mettent en crise la modélisation universalisante à partir d’un prototype donné. Il n’est même pas assuré – contrairement à l’affirmation de Barthes – que toutes les sociétés connaissent cette mise en scène du réel par le récit (mythe ou épopée). Le risque est évidemment de penser cette altérité dans le dualisme du rationnel et de l’irrationnel, donc de reconduire, avec des stratégies de valorisation/dévalorisation, une instrumentalisation culturaliste des formes de récit. Ce dont peut témoigner d’ailleurs, au sein même de la production occidentale, toute la thématique actuelle du reflux des « grands récits » et le surgissement des paroles éclatées, non closes, du fragment et de l’ébauche, du témoignage pris sur le vif, toutes variétés des esthétiques de l’inachèvement assimilé à une postmodernité qui regarde du côté des origines.

La tyrannie du modèle

10Il ne peut être question de présenter ici la genèse et les inflexions des importations de concepts (je l’ai esquissée ailleurs en particulier dans Langue française, 74, sur la typologie des discours), mais seulement de suivre, avec les vertus qu’on accorde à l’exemplarité, quelques linéaments du texte fondateur ou plutôt refondateur de Barthes déjà évoqué, "Introduction à l’analyse structurale des récits".

11Et c’est bien de la diversité extrême de ce que Barthes nomme dès l’entrée des « réalisations » du récit qu’il faut repartir. Par où l’on voit à la fois la centralité du projet classificateur dans le structuralisme, la mimésis du geste saussurien dans le Cours de linguistique générale et la postulation de la méthode déductive, seconde manifestation de la scientificité modélisante dont on peut d’ailleurs discuter la compatibilité avec la première (si l’on tient à ce que le structuralisme linguistique a donné comme image de son travail avec la notion de corpus).

Il est normal que cette forme [la forme narrative], le structuralisme
naissant en fasse l’une de ses premières préoccupations : ne s’agit-il
pas toujours pour lui de maîtriser l’infini des paroles, en parvenant à
décrire la « langue » dont elles sont issues et a partir de laquelle on
peut les engendrer (Barthes, 1966 : p. 1).

12En adoptant devant l’infini des récits et la multiplicité des points de vue (historique, psychologique, sociologique, ethnologique, esthétique) la même attitude que Saussure placé devant « l’hétéroclite du langage », Barthes cherche « à dégager de l’anarchie apparente des messages un principe de classement et un foyer de description » (1966 : p. 1-2). À travers la triple référence aux formalistes russes, à Propp et à Lévi-Strauss, il cherche le modèle qui rendrait compte de l’essence des phénomènes et mettrait la réalité des récits dans un rapport de dérivation à la généralité du type. En qualifiant cette quête de « projet assez nouveau » (Barthes, 1967 : p. 16), Barthes utilise un doux euphémisme si l’on sait que c’est dans un texte de R. Jakobson et J. Tynianov écrit en 1928 que se trouve clairement affirmée l’idée d’une « application » des deux catégories linguistiques langue et parole, « au sens de l’École de Genève », à la littérature (Jakobson, 1973 : p. 57).

13Pour constituer le modèle il faut avoir un modèle, et c’est d’abord la lecture structuraliste de Saussure. La métaphorisation qui conduit à des expressions comme « la langue du récit » (Barthes, 1966 : p. 9) va guider la démarche de Barthes posant un rapport homologique entre la phrase et le discours jusqu’à une extension généralisée : « Une même organisation formelle règle vraisemblablement tous les systèmes sémiotiques » (ibid.). Dès lors, il n’y a plus de difficulté à ce que cette organisation formelle soit dénommée « grammaire », terme qui revient constamment dans les intitulés des projets structuralistes : Cl. Brémond construit une « grammaire logique » ; T. Todorov, en 1970, définit le cadre d’une « grammaire narrative » qui devrait inclure les deux dimensions : celle de l’analyse syntagmatique de Propp, celle de l’analyse paradigmatique de Greimas et Lévi-Strauss. C’est encore ce même terme de « grammaire » qui sert d’opérateur de passage entre les orientations structuralo-fonctionnalistes (qu’on songe à Jakobson : « grammaire de la poésie/poésie de la grammaire ») et le paradigme générativiste investi dans les années 70 dans l’élaboration d’une « grammaire générative textuelle » (cf. les travaux de T. Van Dijk). Où il y aurait encore à voir l’utilisation/travestissement des concepts saussuriens, par exemple l’opposition du syntagmatique et du paradigmatique dont Saussure dit qu’elle aurait précisément pour effet de « périmer les subdivisions traditionnelles de la grammaire » !

14On voit bien en tout cas le bénéfice heuristique pour l’entreprise narratologique d’une dichotomie comme langue/parole appréhendée comme général vs particulier ou comme virtuel vs réel. La consultation du chapitre "Poétique" rédigé par T. Todorov dans l’ouvrage collectif Qu’est-ce que le structuralisme ? (Seuil, 1968) met clairement en évidence la volonté de voir dans chaque œuvre particulière la manifestation « d’autre chose », plus exactement la « manifestation d’une structure abstraite beaucoup plus générale, dont elle n’est qu’une des réalisations possibles » (p. 102). Le modèle de la linguistique structurale – en particulier celui de la phonologie – sert constamment de point d’appui dans une instrumentalisation revendiquée (« se servir des notions et méthodes linguistiques », p. 107). La méfiance vis-à-vis de l’empirique et de la matérialité ordonne une démarche où la préoccupation de la « littérature réelle » (p. 102) se subordonne à la conceptualisation de la « littérarité ». C’est cette démarche que Todorov désigne sous le nom de Poétique à quoi s’oppose, pour aller vite et qu’on me comprenne bien, cette autre définition d’Henri Meschonnic (1991 : p. 11) :

J’appelle poétique le développement interne de l’analyse, à partir des formalistes russes, du fonctionnement des textes littéraires vers une anthropologie historique du langage, par le rythme reconnu comme mouvement du sujet dans son discours, et pris comme subjectivité, spécificité, historicité radicales du discours. Sans quoi le discours n’est saisi qu’avec des concepts de la langue. Et le continu reste impensé dans les concepts du discontinu.

La dissolution

15Il ne faudrait pas croire que l’histoire des théories du langage, dont je suis un praticien modeste, ait vocation à faire l’archéologie des échecs et se pose en tribunal épistémologique. La brièveté de cet exposé interdit le recensement des conceptualités locales qui sont objets forts d’étude dans le développement des travaux linguistiques sur le récit. Et le chapitre de Todorov comme l’introduction de Barthes précédemment évoqués livrent à la réflexion les concepts d’énoncé, d’énonciation, de référence, de connotation, de discours rapporté, de point de vue, la liste est ouverte. Il n’en reste pas moins que le modèle de la classification à l’œuvre dès les travaux de Propp non repensé, malgré la référence à Saussure, que la conception immanentiste de la description des récits, malgré les multiples correctifs introduits assez tôt chez Todorov avec la figure du « lecteur » théorisée ailleurs en théorie de la réception, ont constitué des obstacles épistémologiques insurmontables. On voit bien d’un côté la solidarité qui unit le « structuralisme » de Propp à l’épistémè du XIXe siècle. Une « morphologie » travaillant avec l’arsenal théorique de la botanique dont le couple espèce/genre qui permet de penser le rapport des variantes d’un conte au modèle structural de base ; avec la recherche de l’« invariant », la critique du point de vue « géo-ethnographique », les métaphorisations de la « vie » de la langue, ne retrouve-t-on pas dans ce « structuralisme » l’héritage organiciste de cette notion de genre dont M. Foucault a montré qu’il est déjà un concept de l’« histoire naturelle » à l’âge classique ? L’apparition de l’analyse structurale du récit n’est-elle pas ainsi « travaillée » par le débat qui traverse une partie du XIXe siècle sur l’appartenance de la linguistique aux « sciences naturelles » ou aux « sciences historiques » ? On sait bien que ce qu’on appelle le « structuralisme » a eu constamment à gérer son rapport à l’histoire, à la diversité des situations et contextes, en un mot à la culture. C’était déjà le problème des formalistes russes, tout à la fois attentifs à la variation des découpages, à l’enracinement historique des oppositions et en même temps pris dans ces oppositions du général au particulier, de l’abstrait au concret, de la tradition au génie. Si le dialogisme et l’intertextualité chez Bakhtine ont pu figurer le point de dépassement de l’antagonisme entre la structure et l’histoire en orientant la recherche vers l’étude des réseaux textuels qui relient l’écriture à une culture, la conception bakhtinienne du « genre » reste prise dans la tenaille de la tradition et de l’originalité, du social et de l’individuel, de l’essence et de la manifestation comme le montrent, par exemple, bien des analyses de sa Poétique de Dostoïevski (Seuil, 1970). Que ces antinomies grèvent le structuralisme narratif et littéraire de manière irrémédiable, c’est ce dont R. Barthes s’est avisé très tôt, renonçant – dans son « aujourd’hui » à lui – au programme qu’il s’était fixé. Alors que l’"Introduction à l’analyse structurale des récits" paraît en 1966, c’est à peine cinq ans plus tard, avec d’ailleurs dès 1969 des épisodes annonciateurs, qu’il proclame, sous les auspices conjoints de Nietzche, Lacan et Derrida, l’unicité irréductible de chaque texte, sa différence absolue, l’impossibilité donc d’un modèle scientifique dont il laisse la quête à Greimas et Todorov. En 1971, toute science inductive des textes est réputée illusoire. Il n’y a pas, il n’y a plus de « grammaire du texte ».

16Drôle d’histoire. Il faut d’ailleurs dire que dès 1968 Benveniste s’étonnait de l’engouement pour une doctrine – le structuralisme – qu’il voyait plutôt en bout de course, le structuralisme linguistique ayant donné dès les années 30 avec l’École de Prague ses fruits les plus prometteurs. Mais c’est ainsi : le post-structuralisme s’est décliné, du point de vue qui nous intéresse ici, en deux tendances lourdes : d’un côté l’intégration des travaux sur le récit dans une matrice sémiologique-sociologique attentive à la « narrativité » en général, telle qu’elle s’inscrit dans les structures anthropologiques de l’imaginaire ; d’un autre côté, la dilution des classements dans les figures du Texte ou de l’Écriture que matérialisent ces « textes mutants » dont parle Barthes, ceux qui dévient, qui subvertissent les codes rhétoriques et les stéréotypes, catégorie non catégorielle qui, au-delà de toute limite, réunirait par exemple Joyce et Mallarmé.

17En accordant dès l’entrée un privilège au narratif, privilège inscrit dans son épistémologie régie par le couple diversité/unité, le structuralisme linguistico-littéraire a constamment oscillé entre la recherche du système abstrait géniteur de l’infinité des textes et l’envers de cette attitude, à savoir l’esthétisation, le plaisir du texte, d’un texte ou de l’écriture en général. Traquant l’origine derrière l’apparent intérêt pour la structure, ainsi que l’attestent par exemple les dernières lignes de l’"Introduction" de Barthes et toutes les métaphores de l’engendrement, il échoue à penser les spécificités. La notion d’« événement » qui a été évoquée à plusieurs reprises dans le colloque lui est, me semble-t-il, étrangère. Sans doute parce que la description des « événements discursifs » suppose une contestation radicale de la typologisation inhérente à ce courant de pensée, alors même qu’il faut penser l’impensé du structuralisme, c’est-à-dire le rapport de l’interne à l’externe. On mesurera cette difficulté en se reportant une dernière fois à la fin de l’"Introduction" de Barthes et à cette formule saisissante, en référence à Mallarmé : « "Ce qui se passe" dans le récit n’est du point de vue référentiel (réel) à la lettre : rien ; "ce qui arrive", c’est le langage tout seul, l’aventure du langage, dont la venue ne cesse jamais d’être fêtée » (Barthes, 1966 : p. 33). La critique de la représentation, de la mimésis dans cet énoncé édénique efface l’exercice de la parole comme événement et oublie que l’aventure, s’il y a bien aventure, est celle des sujets dans le langage et dans l’histoire. Pendant la fête, la vie continue ou, pour parodier une formule publicitaire célèbre en France, il se passe toujours quelque chose chez les sujets parlants, récitants et écrivants.

Bibliographie

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BIBLIOGRAPHIE

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