1 Les caractères chinois ont été utilisés dans un système mixte qui pouvait aller d’une notation très proche de la syntaxe chinoise (mais néanmoins lue à la japonaise) à une série de caractères dépourvus de sens du point du chinois, mais rendant le son des syllabes japonaises. Ce système est à l’origine de l’écriture moderne mêlant caractère chinois (kanji) et syllabaires japonais (kana) issus de la simplification de caractères chinois.
2 Voir Sumie Terada, Figures poétiques japonaises, la genèse de la poésie en chaîne, Paris, Collège de France/Institut des hautes études japonaises, 2004, p. 49 sqq.
3 Ibid. p. 26-27.
4 Partiellement traduit par Georges Bonneau, Le monument poétique de Heian : le Kokinshû, 3 vol., Librairie orientaliste Paul Geuthner, Paris, 1933-1935.
5 Le Voyage dans les provinces de l’Est a été traduit par Jacqueline Pigeot (Paris, Gallimard, coll. « Le Cabinet des lettrés », 1998).
6 Pour plus de détails, voir Haruo Shirane, Traces of Dreams. Landscape, Cultural Memory, and the Poetry of Bashô, Standford, Stanford University Press, 1998, chap. « Remapping the Past », p. 213 sqq.
7 La Sente étroite du Bout-du-monde, dans Journaux de voyage, trad. R. Sieffert, Aurillac, Publications orientalistes de France, 1978, p. 69.
8 Bashô les mentionne nommément au début du « Carnet de la hotte » : « Or bien en matière de journaux de route, Maître Ki no Tsurayuki, Kamo no Chômei, ou la nonne Abutsu, ont usé de toutes les ressources de l’écriture, décrit tous les sentiments, et depuis lors tous les autres n’ont su qu’en imiter la forme, incapables qu’ils étaient d’en extraire mieux que la lie. » (ibid., p. 46) Ki no Tsurayuki (872-945) est l’auteur du Journal de Tosa (autour de 930). Kamo no Chômei (1155-1216), célèbre pour ses Notes d’une cabane de moine, était à tort considéré à l’époque de Bashô comme l’auteur de la Relation de la route de la mer. Enfin, la nonne Abutsu (1222-1283), femme du poète Tameie, est l’auteur du journal Izayoi nikki où elle raconte un voyage à Kamakura.
9 Roland Barthes, La préparation du roman I et II. Cours et séminaires au Collège de France, Paris, Le Seuil/Imec, coll. « Traces écrites », 2003. À noter que Roland Barthes, comme plus loin Yves Bonnefoy, utilise le terme moderne haiku (vers de haikai), à peu près équivalent à l’ancien hokku, mais sans référence à la poésie en chaîne, tombée en désuétude.
10 Le journal tenu par Sora permet d’étudier la part de fiction introduite par Bashô dans La Sente étroite du Bout-du-monde.
11 La Sente étroite du Bout-du-monde, dans Journaux de voyage, op. cit., p. 69-70.
12 Le motif de la lumière est présent dans le nom Nikkô, littéralement « lumière solaire ».
13 La Sente étroite du Bout-du-monde, dans Journaux de voyage, op. cit., p. 71.
14 Ibid., p. 71-72.
15 Ibid., p. 72.
16 Ibid., p. 73. L’épisode de Kasané a retenu l’attention d’Yves Bonnefoy qui lui consacre un développement dans l’étude « La fleur double, la sente étroite : la nuée », dans Le Nuage rouge, Paris, Mercure de France, 1992, p. 356 sqq. Parlant de la prose, Bonnefoy rejoint page 361 ce que Barthes dit du poème de haikai : « Kasané a surgi comme la vie même, dans son besoin très avide, très pur pourtant, d’incarnation, d’avenir. […] En bref, Kasané, ce fut, ce jour-là, une présence ; l’erreur, ç’aurait été de ne l’apercevoir, distraitement, que comme une essence plus ou moins rare dans la grande herbe, la petite fille des champs, déjà un mot. Mais Bashô ne s’y trompe pas : il lui demande son nom. Dans le livre de ce qui est sous le ciel, parmi les noms communs, il indique qu’il faut inscrire, dans sa qualité d’origine, le nom propre : qui est en soi, puisqu’une essence peut s’y ranimer, la “fleur double”. »
17 La Sente étroite du Bout-du-monde, dans Journaux de voyage, op. cit., p. 74.
18 Ibid., p. 87.
19 Là encore, les remarques d’Yves Bonnefoy sont pénétrantes : « Le haiku apparaît dans le cours du livre à chaque fois qu’il s’agit de rendre l’impression qu’un lieu a fait, ou quelque instant exceptionnel, ou une personne, c’est donc en un moment de recul, lequel fait courir le risque d’une connaissance désengagée du temps vécu, du hasard. » (Y. Bonnefoy, « La fleur double… », art. cit., p. 365)
20 On peut remarquer que l’espace de Bashô n’était plus celui centré autour de la capitale, des journaux de voyages médiévaux et du renga. Voir H. Shirane, Traces of Dreams…, op. cit., p. 245 sqq., ou Shiraishi Teizô, « Oku no hosomichi no kôsô », dans Bashô, vol. 1 : Nihon bungaku kenkyû shiryô sôsho, Tokyo, Yûseidô, 1969, p. 138.