L’exil parisien de Walter Benjamin : traduire pour exister
Walter Benjamins Pariser Exil – Übersetzen um zu überleben
p. 165-182
Résumés
Der Artikel analysiert die widersprüchlichen Positionierungsversuche der von Benjamin in seinem Pariser Exil angefertigten Übersetzungen. Es werden zunächst die Rolle und Funktion beleuchtet, die der Übersetzung – vom Französischen ins Deutsche - für den intellektuellen Werdegang Benjamins zukommen. Anschließend soll der einschneidende Bruch nachvollzogen werden, den das Pariser Exil bedeutet. Besondere Aufmerksamkeit kommt den verschiedenartigen Sachzwängen theoretischer und politischer Natur zu, denen Benjamin seitens der konkurrierenden und das Pariser intellektuelle Feld bestimmenden Netzwerke ausgesetzt ist.
Abschließend untersucht der Beitrag die konkrete Übersetzung des Essays Das Kunstwerk im Zeitalter seiner technischen Reproduzierbarkeit. Aufgrund der wesentlichen und manchmal widersprüchlichen Einflussnahme, die das Institut für Sozialforschung auf seinen Pariser Mitarbeiter ausübt, ist dieses Fallbeispiel besonders aussagekräftig.
Cet article étudie les enjeux contradictoires dont sont l’objet les traductions effectuées par Benjamin pendant son exil parisien. Sont d’abord esquissés le rôle et la fonction qui reviennent à la traduction – du français vers l’allemand – pour l’itinéraire de l’intellectuel que fut Benjamin. Nous nous intéressons, par la suite, à la rupture profonde qui s’opère avec l’exil parisien et notamment aux contraintes multiples – théoriques et politiques – que subit Benjamin de la part des réseaux d’influences concurrents qui dominent le champ intellectuel parisien. Pour terminer, notre article analyse le cas précis de la traduction de l’essai Das Kunstwerk im Zeitalter seiner technischen Reproduzierbarkeit qui s’avère particulièrement instructif, notamment en raison du rôle de l’Institut für Sozialforschung qui exerce une influence importante et parfois contradictoire sur le travail de son collaborateur parisien.
Texte intégral
1Le rôle que joue la traduction dans la pensée et la pratique de Walter Benjamin est primordial. La traduction des ses deux auteurs-phares – Baudelaire et Proust – prélude aux études qui leur sont consacrées, constitue le point de convergence entre sa philosophie du langage et sa réflexion sur la modernité, et fait de Benjamin un des grands médiateurs franco-allemands de la République de Weimar. Or, l’arrivée au pouvoir des nazis oblige Benjamin à quitter l’Allemagne et se réfugier à Paris où il réside à partir de 1933. Apatride, privé de toute possibilité de publication en Allemagne et dans l’incapacité de placer ses textes critiques, Benjamin voit désormais dans la traduction de ses propres écrits vers le français l’unique moyen de se situer dans le champ culturel parisien. Le sens de la traduction (dans les deux significations du terme) change alors radicalement pour l’exilé.
2Dans les pages qui suivent, nous étudierons les enjeux contradictoires dont les traductions effectuées par Benjamin pendant son exil parisien font l’objet. à cet effet, nous esquisserons d’abord le rôle et la fonction qui reviennent à la traduction – du français vers l’allemand – pour l’itinéraire de l’intellectuel que fut Benjamin1. Nous nous intéresserons ensuite à la rupture profonde qui s’opère avec l’exil parisien et notamment aux contraintes multiples – théoriques et politiques – que subit Benjamin de la part des réseaux d’influences concurrents qui dominent le champ intellectuel parisien. En conclusion, nous analyserons le cas précis de la traduction de l’essai Das Kunstwerk im Zeitalter seiner technischen Reproduzierbarkeit qui se révèle particulièrement instructif, notamment en raison du rôle de l’Institut für Sozialforschung qui exerce une influence importante et parfois contradictoire sur le travail de son collaborateur parisien.
Le rôle de la traduction
3L’importance de la traduction à la fois dans et pour l’œuvre de Benjamin semble incontestable et le nombre de ses travaux dans ce domaine est substantiel. Le rayonnement de son essai sur La tâche du traducteur ajoute au prestige posthume que la critique semble conférer au « Benjamin-traducteur ». Or, en y regardant de plus près, le tableau s’avère nettement plus sombre. Car malgré la publication, de son vivant, de très nombreuses traductions, la réception de l’œuvre critique de Benjamin dépasse de loin celle des travaux de traducteur, à la fois en nombre et en qualité2. D’autre part, Benjamin fut visiblement un traducteur malheureux et rarement satisfait de son travail, aussi bien en ce qui concerne les traductions importantes que les travaux purement alimentaires. Ainsi, sa traduction des Tableaux parisiens de Baudelaire, commencée en 1914 et achevée neuf ans plus tard en 1923 sera certes publiée dans une édition luxueuse, limitée à cinq cents exemplaires, mais donne surtout lieu à une auto-critique sévère. Benjamin y dénonce « das höchst Problematische dieser Übersetzung »3, sa naïveté métrique, ainsi que l’absence de ce « Barock der Banalität »4 pourtant caractéristique du style de Baudelaire. Son jugement est alors sans appel : « nur ein Beginnen von neuem ist hier am Platze »5. Benjamin tente bien de se consoler en soulignant qu’il est
letzten Endes für den Autor wesentlicher […], mit seinen problematischen Arbeiten öffentlich zu erscheinen, als mit seinen geglückten, sofern von jenen die Befreiung, welche das gedruckte Werk bringt, weit mehr not tut, als von diesen.6
4Sa traduction se vend d’ailleurs très mal, non seulement en comparaison avec l’édition de Stefan George qui a eu une influence écrasante sur la réception de Baudelaire en Allemagne et contre laquelle Benjamin prend explicitement position avec sa version7, mais aussi par rapport aux nombreuses autres traductions qui se trouvent sur le marché8. Si l’accueil du public est plutôt réservé, les comptes rendus dans la presse sont encore plus critiques, à l’image du commentaire ravageur de Stefan Zweig dans la Frankfurter Zeitung du 1er juin 1924. Zweig parle d’une « frostigen, unsinnlichen, toten deutschen Reimung » et fustige le fait que « alles Warme, Zurückgestaute des Baudelaire-Gedichtes, dieses einzige Phänomen vergeistigter Sinnlichkeit, hier in einer gewaltsamen, aufgereckten, kalt gefirnissten Sprache unmelodisch erfriert »9.
5Benjamin n’a pas été plus heureux avec son deuxième grand projet de traduction, la Recherche de Proust. Entrepris avec Franz Hessel, le « Proust allemand » ne vit jamais le jour dans son intégralité. Seuls deux tomes, À l’ombre des jeunes filles en fleurs et Le Côté de Guermantes, furent publiés en 1927 et 1930 et à plusieurs reprises, Benjamin souligne le caractère pathogène de ce projet de traduction qui le rend malade. « Die unproduktive Beschäftigung mit einem Autor, […] führt bei mir von Zeit zu Zeit so etwas wie innere Vergiftungserscheinungen herauf »10.
6Quant aux multiples travaux de commande que Benjamin effectue avant son exil, ils sont certes moins investis que les grands projets11. Néanmoins, ces travaux, parmi lesquels on trouve des traductions de Tristan Tzara, Louis Aragon, Léon Bloy, Adrienne Monnier, Saint-John Perse, Balzac et Marcel Jouhandeau, mettent clairement en évidence deux aspects problématiques de la pratique de la traduction benjaminienne. Tout d’abord, ces travaux sont la conséquence directe de la carrière universitaire avortée de Benjamin. Après l’échec de son habilitation sur L’Origine du drame baroque allemand, il se voit obligé de gagner sa vie en tant qu’auteur et collaborateur libre, et ses traductions obéissent alors à une logique purement alimentaire. S’ajoute à cela, pour Benjamin, l’humiliation de ne pouvoir choisir que très exceptionnellement ses textes et de devoir accepter des honoraires rarement corrects12. De fait, par rapport aux grands médiateurs comme Ernst Robert Curtius ou Félix Bertaux, Benjamin, de son temps, ne parvient pas vraiment à s’établir comme une figure incontournable des échanges franco-allemands.
7Les commentaires de Benjamin sur la pratique de la traduction dévoilent d’ailleurs une attitude tout à fait contradictoire, proche de l’amour-haine. D’un côté, il se réjouit à l’idée d’obtenir « ein festes Akkreditiv als Übersetzer […], wie es etwa Stefan Zweig hat »13 si la traduction de Sodome et Gomorrhe s’avère couronnée de succès et souligne « die äußeren Vorteile der Sache »14. Pouvoir s’introduire en France comme traducteur de Proust serait notamment « sehr angenehm ». En même temps, il reconnaît clairement la nature précaire de cette pratique : « Mir wird immer mehr klar, dass ich für die nächste Zeit ein festes Gerüst meiner Arbeit brauche. Als solches kommt natürlich Übersetzen nicht in Frage »15. En 1927, il constate même
dass Übersetzung, die nicht aus höchsten und dringendsten praktischen Zwecken […] oder aus rein philologischer Studienabsicht unternommen wird, etwas Absurdes behalten muss.16
8Et il rajoute : « ich wäre schon glücklich, wenn es in diesem Fall nicht allzu aufdringlich merkbar wird »17.
L’exil parisien
9L’arrivée au pouvoir des nazis qui oblige Benjamin à quitter l’Allemagne aura pourtant comme conséquence que la traduction s’imposera de plus en plus comme l’un des seuls moyens de survie, aussi bien financièrement qu’intellectuellement. Conscient de la difficulté de trouver, ailleurs qu’en pays germanophone, un public pour ses positions critiques, Benjamin tente pourtant de repousser l’exil le plus longtemps possible :
Durch eine Verlegung meiner Aktivität in das Französische wäre [dem Schlimmsten] sicherlich nicht zu begegnen. Bei aller Fühlung, die ich mit der Materie jenes sprachlichen Lebens habe, ist der Standort, von welchem aus ich an die Dinge gehe, viel zu weit vorgeschoben, um dort noch in den Blickkreis eines Publikums zu fallen.18
10Or, il ressent de plus en plus la difficulté de se faire publier et se plaint de ce qu’il appelle « die Verengung des Lebens- und Schreibraumes »19. À partir de 1932, rédactions et éditeurs allemands refusent de publier l’auteur juif aux positions marxistes que fut Benjamin. Il décide alors « der über alle Begriffe anspannenden berliner Erwerbs-und Verhandlungsschmach zu entrinnen »20 et quitte l’Allemagne le 17 mars 193321. Après avoir passé quelques mois à Ibiza, il s’installe définitivement à Paris en octobre 1933, conscient des difficultés d’insertion qui l’attendent. Déjà en 1926, pendant son précédent séjour parisien, consacré à la traduction de Sodome et Gomorrhe, Benjamin se faisait peu d’illusions sur la possibilité de vivre de ses travaux critiques.
Dagegen habe ich natürlich im Sinne, mich wenn es geht, hier durch einige Arbeiten bekannt zu machen. Da es aber bei mir zu einem anständigen Französisch, das sich tel quel publizieren ließe, nicht langt, so bin ich auf Übersetzer angewiesen und das macht die Sache so schwierig, dass ein Erfolg fraglich ist.22
11De même, Benjamin avait déjà connu la difficulté de nouer des contacts de travail dans un univers passablement indifférent lors de ce séjour :
Meine Verbindungen sind nicht gut und nicht schlecht, sondern so, wie in fremder Umgebung es meist in der ersten Zeit ist : Leute soviel man will, um eine viertel Stunde sich angenehm zu unterhalten, niemand der sehr darauf brennt, Näheres mit einem zu tun zu haben.23
12L’exil parisien s’avère effectivement difficile, et confirme les appréhensions de Benjamin24. Sa correspondance témoigne tour à tour de la situation désespérée, du « Höchstmaß an Demütigung » que représente la déchéance sociale « für ehemalige Angehörige der Bürgerklasse »25, de l’isolement terrible dans lequel il vit26, du manque de communication et d’échanges27, de la précarité financière28 qui s’aggrave de mois en mois, ainsi que des problèmes de logement29 et des démarches administratives de plus en plus pesantes dans une France qui, à partir de 1934, regarde avec méfiance l’afflux des émigrants30. Au déclassement social s’ajoute, plus grave encore, ce que Jean-Maurice Monnoyer appelle, avec une allusion amère à l’essai que Benjamin présenta en avril 1934 à L’Institut pour l’étude du fascisme (INFA), « la déconvenue de l’auteur comme producteur »31, c’est-à-dire l’impossibilité de placer des textes dans les organes français ou de la communauté allemande en exil.
13À première vue, la liste des travaux publiés par Benjamin entre 1933 et 1940 ne semble pourtant pas témoigner d’un souci particulier de placer ses écrits32. Jusqu’en 1935, il publie sous pseudonyme dans les quelques journaux allemands qui échappent encore à la mise au pas nazie. S’ajoute à cela un nombre impressionnant d’organes de presse à l’étranger ou tenus par des émigrés allemands33 auxquels il parvient à collaborer pendant l’exil. En regardant de plus près, le bilan s’avère toutefois beaucoup plus mitigé. La plupart des publications sont en effet des travaux occasionnels. Benjamin ne parvient quasiment jamais à instaurer une collaboration régulière. Par ailleurs, si l’on met dans la balance les innombrables échecs que Benjamin essuie lors de ses négociations avec les directeurs de revues, on comprend mieux le sentiment cuisant d’humiliation qui le taraude. N’appartenant à aucune « communauté d’exil » en définie et exclusive, comme l’émigration bourgeoise et humaniste incarnée par la famille Mann, les émigrés communistes fidèles à la ligne de Moscou ou encore l’émigration juive, Benjamin passe à travers les mailles des réseaux de soutien existants. Son refus de s’intégrer dans un groupe distinct et de profiter des appuis qui vont avec un tel communautarisme lui ferme alors beaucoup de portes, comme celle de la revue Die Sammlung, dirigée par Klaus Mann, mais aussi de nombreux journaux d’obédience marxiste stricte, comme la version allemande du journal moscovite Internationale Literatur ou encore l’organe soviétique du Front populaire Das Wort34.
14Les exemples de collaborations avortées sont légion et mettent en évidence la nature insulaire de Benjamin, ainsi que son caractère intraitable en ce qui concerne des positions théoriques ou critiques. Mais les échecs ne s’arrêtent pas là. Ils sont au moins aussi nombreux et humiliants en ce qui concerne la presse française. Dans l’une des toutes premières lettres que Benjamin adresse à Scholem, il pressent déjà les difficultés susceptibles de peser sur sa vie d’auteur indépendant en France :
Dass ich hier vor soviel Fragezeichen stehe, wie Paris Straßenecken hat, wird dich nicht überraschen. Fest steht mir eigentlich nur, dass ich nicht beabsichtige, den aussichtslosen Versuch zu machen, in Frankreich mein Geld durch Schriftstellerei für französische Organe zu verdienen. Kann ich gelegentlich – und wie zweifelhaft ist selbst dies – in repräsentativen Organen (Commerce, NRF) etwas von mir placieren, so wird mir das des Prestiges wegen willkommen sein. Dagegen französische Schriftstellerei zur Existenzgrundlage machen zu wollen, wäre ein Versuch, der mich in kurzem nach einer Reihe fühlbarer Fehlschläge um den Rest meiner – nicht mehr unbegrenzten – Initiativkraft bringen würde.35
15L’avenir lui donne raison. Les tentatives de Benjamin pour placer des écrits dans des revues françaises échouent pour la plupart. Ainsi, le portrait de Johann Jakob Bachofen, son seul essai rédigé directement en français et initialement commandé par la Nouvelle Revue Française est refusé par celle-ci ainsi que par le Mercure. Pour ce premier texte produit en langue étrangère, Benjamin a pourtant dû déployer « ein Höchstmaß an Initiative »36, et il ne s’est lancé qu’avec beaucoup d’appréhension dans l’aventure de la rédaction en langue étrangère. Sa réaction est alors teintée d’amertume face à ce qu’il considère, après coup, comme une proposition sans fondement et « ein allzu billiges Wohlwollen »37 de la part de la NRF. Benjamin ne réussit guerre mieux avec une étude consacrée à Haussmann qu’Alfred Kurella lui avait demandée pour Monde, une revue culturelle proche du PCF. Un dernier projet d’envergure, soutenu par l’éditeur François Bernouard et encouragé par Sylvia Beach, la propriétaire de Shakespeare and Company, lui semble capable d’attirer l’intérêt du cercle très fermé de l’intelligentsia française. Il s’agit d’un cycle de cinq conférences en français sur l’avant-garde allemande, consacré à des figures marquantes comme Kafka, Bloch, Brecht et Kraus, et précédé d’une introduction à caractère sociologique sur « Le public allemand »38. Tout comme les autres tentatives benjaminiennes d’atteindre un public français, le projet échoue et ne voit jamais le jour. Quelles en sont les causes ? Trois raisons peuvent être tenues pour responsables dans l’échec de Benjamin. Tout d’abord, comme le signale Jean-Maurice Monnoyer, « par la diversité de ses intérêts, [Benjamin] demeurait étrangement sur la brèche »39 et ne disposait pas d’appuis suffisamment puissants, capables de lui ouvrir des portes auprès des rédacteurs et éditeurs. Sa position solitaire et son refus de compromission, ou simplement de compromis, éloignent de lui les quelques contacts qu’il a pu nouer. D’autre part, il ne faut pas oublier que la méfiance des milieux français vis-à-vis des émigrants allemands est double : si au début, les exilés, notamment marxistes, sont tenus pour responsables de la chute de Weimar, les réfugiés allemands seront par la suite, considérés comme la cinquième colonne d’Hitler. L’internement de Benjamin au camp de Nevers n’est que la manifestation la plus visible de cette suspicion. En dernier lieu, il faut également signaler que sa maîtrise à la fois insuffisante et anachronique du français met un frein à sa production critique à destination d’un public francophone40. Comme Monnoyer le souligne, la connaissance que Benjamin avait du français
relevait d’un Paris immergé, souterrainement inactuel, tandis que sur le terrain, la perception des échos de Vendredi […], comme les cris furieux du Céline de Bagatelles, lui imposaient d’entretenir avec l’écriture un rapport doublement « étranger ».41
16Par conséquent, tout ce qui fait le propre de la position littéraire et critique de Benjamin, notamment la nature tactique de son combat d’écrivain engagé, est mis à mal. Le critique qui doit être, pour Benjamin, un stratège, n’est plus en mesure de choisir librement ses thèmes, ses problématiques et ses éditeurs. Tombé dans un « Lumpenproletariat » intellectuel, il est réduit à publier aveuglément et à accepter toute commande qu’on lui propose. Benjamin vit donc, dans sa propre chair, la déchéance de l’auteur qui est amené à se vendre comme une marchandise, notion clé qui figure au cœur de son étude sur Charles Baudelaire. Un poète lyrique à l’apogée du capitalisme.
Traduire pour survivre
17À défaut de pouvoir placer des propositions d’articles ou d’ouvrages sur la place parisienne, la traduction devient alors, pour Benjamin, le seul moyen de faire entendre sa voix. Déjà en juillet 1933, peu de temps avant de quitter Ibiza pour Paris, il écrit à une amie :
Was ich […] von Paris zu erwarten hätte, ist überaus problematisch. Ein nicht ungünstiger Auftakt läge allenfalls in einer meisterhaften Übersetzung der „ Berliner Kindheit“, die ein pariser (sic) Freund mit meiner Hilfe hier vornimmt.42
18La traduction vers le français de ses propres textes pose un véritable défi à Benjamin et nécessite des « modes opératoires » changeants. En regardant les différentes traductions françaises, effectuées entre 1933 et 1940, on constate, tout d’abord, que le choix et le rôle du correctif francophone changent énormément. Ainsi, pour sa première tentative de traduction, Benjamin collabore avec Jean Selz dont il a fait la connaissance à Ibiza. Selz, qui ne parle pas du tout allemand et s’improvise collaborateur-traducteur pour l’occasion raconte comment le projet est né :
Benjamin me lut ses souvenirs d’enfance […] réunis sous le titre Enfance berlinoise. En lisant, il traduisait. Sa connaissance de la langue française était assez étendue pour me faire pénétrer dans les sentiers souvent escarpés de sa pensée. Cependant, bien des passages demeuraient obscurs parce qu’il ne trouvait pas pour certains mots leur équivalent en français. C’est ce qui me conduisit à entreprendre, à l’aide de ses explications subtiles mais précises, une version française de son Enfance berlinoise.43
19Le travail qui s’ensuit, « long et difficile »44, selon Selz, « pas de la tarte » (« nicht von Pappe »)45, selon Benjamin, fait passer le traducteur par de véritables angoisses philologiques. Les difficultés que celui-ci rencontre en collaborant avec un Benjamin qui transpose ses propres textes allemands vers cette langue familière mais néanmoins étrangère qu’est le français, sont effectivement énormes. N’admettant pas « le plus petit écart de pensée dans les mots choisis pour traduire les siens »46, Benjamin a beaucoup de mal à accepter qu’un mot allemand puisse ne pas avoir d’équivalent en français et s’adonne régulièrement à de longues heures de négociations acharnées avec Selz. Si la collaboration avec un traducteur exclusivement francophone donne lieu à une traduction où Benjamin procure une « lecture transitive d’une langue à l’autre », tandis que Selz assure « la fidélité du protocole »47, la situation est très différente pour la traduction de L’Œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique. Cet écrit programmatique doit paraître dans la revue de l’Institut für Sozialforschung et Benjamin mise beaucoup sur la publication en français dont il espère des retombées en termes de contacts et de réception de son travail : « Das Erscheinen des französischen Textes [ist] mir aber mit Rücksicht auf meine hiesige Position sehr erwünscht »48. Le traducteur choisi, Pierre Klossowski, est cette fois-ci parfaitement germanophone et possède une solide expérience dans le domaine de la traduction. Or, c’est justement celle-ci qui pose quelques problèmes au début du travail. Klossowski croit pouvoir procéder comme d’habitude à sa traduction sans avoir recours aux explications de l’auteur. Il s’avère pourtant que les premiers chapitres, traduits d’une façon indépendante, contiennent de nombreuses erreurs. Par la suite, l’auteur et son traducteur collaborent donc étroitement. La participation active de Benjamin imprime d’ailleurs sa marque au texte français. Ainsi, Raymond Aron, le directeur du bureau parisien de l’Institut, constate que le manuscrit laisse apparaître, à plusieurs reprises, la contribution de son auteur, et ceci au détriment du texte49. Cette critique concerne à la fois des aspects purement linguistiques – des expressions inhabituelles en français – mais aussi le contenu de l’essai « der vielfach eine doktrinäre Haltung hat, die sich, wie ich meine, im deutschen nur selten findet »50, comme Benjamin le concède lui-même. Or, ce ton moins policé de la version française n’est pas vraiment pour déplaire à son auteur comme Benjamin le souligne dans une lettre à Adorno.
Die zweiwöchentliche überaus intensive Arbeit mit meinem Übersetzer hat mir dem deutschen Text gegenüber eine Distanz gegeben, die ich gewöhnlich nur in längeren Fristen gewinne. Ich sage das nicht um im Geringsten von ihm abzurücken, vielmehr weil ich erst aus dieser Distanz ein Element in ihm entdeckt habe, das ich gerade bei Ihnen als Leser gern zu einiger Ehre gelangen sehen würde : eben die menschenfresserische Urbanität, eine Umsicht und Behutsamkeit in der Destruktion, die wie ich hoffe etwas von der Liebe zu den, Ihnen vertrautesten, Dingen verrät, die sie freilegt.51
20À l’évidence, c’est comme si le passage par la langue étrangère, beaucoup plus qu’un simple correctif, fonctionnait comme un révélateur chimique, faisant ressortir plus clairement la nature secrète de l’original. Or, c’est justement ce ton intransigeant de l’essai qui risque de poser problème. Car si Benjamin lui-même considère L’Œuvre d’art comme un texte programmatique, susceptible de le situer dans le champ critique et capable de répondre à l’actualité politique et littéraire, la direction de l’Institut für Sozialforschung qui a choisi la publication du texte en français, mise également beaucoup sur cet essai pour défendre des positions vitales dans le contexte de son combat antifasciste en France.
Traduire sous influence
21De plus en plus, pendant son exil parisien, Benjamin en vient à dépendre presque exclusivement des ressources financières qui lui sont allouées par l’Institut. Si les lettres adressées à Adorno, sa femme ou Horkheimer témoignent d’un sentiment sincère de reconnaissance52, les lettres à d’autres amis, notamment Gerhard Scholem, laissent également transparaître une conscience aiguë de sa dépendance financière face à ce soutien, ainsi que de l’impossibilité où il se trouve de récuser certaines pressions et interventions éditoriales visant ses textes53. Constituant un enjeu politique majeur pour toutes les parties concernées, la traduction de L’Œuvre d’art est susceptible d’exacerber des tensions existantes entre le bureau new-yorkais de l’Institut et son auteur. Un bref rappel historique permet de mieux le comprendre : le travail de traduction fut étroitement encadré par deux collaborateurs de l’Institut sur place, Raymond Aron, directeur du bureau parisien, et Hans Klaus Brill, qui sert de secrétaire et d’homme de confiance au directeur de l’Institut, Max Horkheimer. Si Aron est chargé de vérifier la traduction de l’essai, afin d’éviter des expressions susceptibles de heurter le public francophone54, Brill, lui, doit faire respecter les délais de publication et défendre les intérêts de l’Institut55, autrement dit, contrôler et, le cas échéant, supprimer les passages politiquement délicats. Pris en tenaille entre les deux, Benjamin subit le conflit d’autorité entre les deux hommes et voit son texte amputé et corrigé d’une façon non négligeable par Brill. L’intervention que le secrétaire opère dans la version française de l’essai est vécue, par Benjamin, comme une trahison personnelle et comme une tentative d’édulcoration qui rend le texte incompréhensible56. Les coupes en question sont effectivement substantielles et les raisons invoquées ne laissent aucun doute quant à la volonté de supprimer au maximum ce que Horkheimer appelle des « politisch exponierte Sätze »57, autrement dit des positions politiques trop radicales. Ainsi, le premier paragraphe de l’essai est supprimé dans son intégralité, « da die Ausführungen als ein politisches Bekenntnis verstanden werden könnten »58. Un autre paragraphe se trouve éliminé parce qu’il fait directement référence à la situation politique actuelle. Par ailleurs, la rédaction impose un changement terminologique qui vise à remplacer systématiquement des expressions trop politiquement connotées par des termes plus neutres, voire des euphémismes. Le terme « fascisme » se voit alors corrigé en « état totalitaire », l’adjectif « impérialiste » devient « moderne », « la guerre impérialiste » se transforme en « cette guerre » et « le communisme » est remplacé par « les forces constructives de l’humanité »59. Horkheimer avait justifié les censures effectuées par la nécessité d’éviter à la Zeitschrift für Sozialforschung une polémique médiatique, susceptible de mettre en danger le soutien de l’Institut aux émigrés.
Wir müssen alles tun, was in unseren Kräften steht, um die Zeitschrift als wissenschaftliches Organ davor zu bewahren, in politische Pressediskussionen hineingezogen zu werden. Dies bedeutet eine ernsthafte Bedrohung unserer Arbeit.60
22Cet argument est à resituer dans son double contexte historique : en France, la position radicale de Benjamin risquait de faire voler en éclat le consensus politique et littéraire nécessaire au bon fonctionnement du Front populaire. Mais la terminologie ouvertement marxiste de l’essai n’était pas seulement inconciliable avec le plus petit dénominateur politique et esthétique commun qui figurait comme base du Front populaire. Elle représentait aussi, pour la direction de l’Institut, l’influence de Brecht sur Benjamin, ce penchant néfaste qu’Adorno combat tout au long de leur échange, mais surtout une position nettement trop avancée par rapport à ce que le public américain pouvait accepter. Ceci explique d’ailleurs aussi les atermoiements d’Horkheimer lorsqu’il s’agit d’envisager une traduction anglaise de l’essai, traduction qui aurait été fondée sur la version allemande non épurée du texte. Finalement, la traduction française paraît dans sa version corrigée, telle qu’Horkheimer l’a souhaitée, témoignant des pressions diverses auxquelles était soumis Benjamin, ainsi que du rapport de force entre l’Institut et son auteur.
Conclusion : les écrits français – une écriture autobiographique
Wer übersetzt, arbeitet in zwei Sprachen. Sein Material – vielmehr : sein Organ – ist neben seiner Muttersprache nicht sowohl der fremde Text als vielmehr dessen Sprache. Aus beiden Sprachen baut er etwas auf und kann gemeinhin schon von Glück sagen, wenn sein Gerüst ein wenig länger als ein Kartenhaus sich hält.61
23Ces remarques se trouvent dans un article que Walter Benjamin avait consacré à une traduction allemande des poèmes de Verlaine. Datant de 1926, les observations sur la fragilité du travail de traduction ont, à présent, une résonance particulière quand on connaît le rôle ambivalent que joue la traduction pour Benjamin, l’enjeu qu’elle représente pour sa pensée philosophique et la souffrance et les doutes qui l’accompagnent régulièrement. En évoquant la précarité de toute entreprise de traduction, s’apparentant à un château de cartes et susceptible de s’écrouler au moindre courant d’air, ces paroles prennent surtout une tournure prémonitoire lorsqu’on pense à l’exil parisien de Benjamin où celui-ci tente en vain de se construire une base intellectuelle et financière solide en traduisant ses propres écrits en français. L’édifice fragile que représente alors le combat de l’exilé et qui repose sur l’espoir de faire entendre sa voix dans une ville et dans une langue qui ne sont pas les siennes, ne résiste pas à l’impact de la guerre, à la « déconvenue de l’auteur comme producteur »62 et à l’isolement linguistique et intellectuel. Le château de cartes de l’exil parisien s’est écroulé. En revanche, ses ruines – les écrits français, comme Monnoyer appelle ces textes que Benjamin a directement rédigés en français ou traduit de l’allemand, seul ou avec la collaboration de divers traducteurs et amis – constituent autant de traces de ce qui est le propre de la démarche benjaminienne : une pensée vouée à la médiation, au passage et à la transmission interculturelle, et qui prend acte, en même temps, de l’actualité politique et des combats à mener. Mais surtout, les écrits français peuvent, à juste titre, être considérés comme des « écrits autobiographiques »63 où se joue certes la « survie de l’œuvre » – concept cher à Benjamin –, mais aussi, et avant tout, le drame de la survie de l’auteur lui-même dans son exil.
Notes de bas de page
1 Le cadre limité de note article ne nous permet pas d’aborder la place capitale qui revient à l’essai La tâche du traducteur dans le contexte de la philosophie du langage benjaminienne. Voir, à ce propos, Winfried Menninghaus, Walter Benjamins Theorie der Sprachmagie, Francfort/M., Suhrkamp, 1980, p. 33-59 ; Heinrich Kaulen, Rettung und Destruktion, Untersuchungen zur Hermeneutik Walter Benjamins, Tübingen, Niemeyer, 1987, p. 7-90 ; éliane Escoubas, « De la traduction comme “origine” des langues. Heidegger et Benjamin », Les Temps Modernes, no 514-515, 1989, p. 97-142 ; Paul de Man, « “Conclusions” on Walter Benjamin’s “The task of the translator” », The Resistance to Theory, Minneapolis, University of Minnesota Press, 1986, p. 73-105, ainsi que l’ouvrage Übersetzen : Walter Benjamin, éd. Christiaan L. Hart Nibbrig, Francfort/M., Suhrkamp, 2001.
2 Voir le chapitre « Walter Benjamins Baudelaire zwischen Ästhetik und Wahrheit » dans l’ouvrage de Thomas Keck, Der deutsche Baudelaire. Studien zur übersetzerischen Rezeption der Fleurs du Mal, Heidelberg, Carl Winter, 1991, p. 211-227. Parmi les études consacrées aux traductions de Benjamin, on peut signaler Willy R. Berger, « Walter Benjamin als Übersetzer Baudelaires » in Teilnahme und Spiegelung. Festschrift für Horst Rüdiger, Berlin/New York, de Gruyter, 1975, p. 634-663 ; Friedmar Apel, Sprachbewegung. Eine historisch-poetologische Untersuchung zum Problem des Übersetzens, Heidelberg, Carl Winter, 1982, p. 167-192 ; Laure Bernardi, « Walter Benjamin et Baudelaire, de la traduction aux Passages : évolution d’un rapport au texte », in France-Allemagne. Passions croisées. Actes du colloque international 22-24 mars 2001, Aix-en Provence, Cahiers d’études germaniques, no 41, 2001/2, p. 181-190 ; Robert Kopp, « Le Baudelaire de Walter Benjamin », in Travaux de Littérature, II, 1989, p. 243-266 ; Beryl Schlossmann, « Pariser Treiben », in Übersetzen : Walter Benjamin, p. 280-310, note 1 ; Heiner Weidmann, « “Wie Abgrunds Licht den Stürzenden beglücket”. Zu Benjamins Baudelaire-Übersetzung », in Übersetzen : Walter Benjamin, p. 311-324, note 1, et Robert W. Müller Farguell, « Penelopewerk des Übersetzens. Walter Benjamins En traduisant Proust – Zum Bilde Prousts », in Übersetzen : Walter Benjamin, p. 325-352, note 1. La réception des traductions benjaminiennes pâtit aussi du fait que son travail de traducteur est encore trop fréquemment perçu comme une simple illustration de l’essai sur La tâche du traducteur. Or, l’essai figure certes comme préface à la transposition des Tableaux parisiens, mais fut rédigé seulement après la traduction des poèmes de Baudelaire.
3 Walter Benjamin, Briefe 1, éd. Gerhard Scholem et Theodor W. Adorno, Francfort/M., Suhrkamp, 1978, p. 327. Lettre à Florian Christian Rang, 10 janvier 1924.
4 Ibid., p. 330. Lettre à Hugo von Hofmannsthal, 13 janvier 1924.
5 Ibid., p. 327. Lettre à Florian Christian Rang, 10 janvier 1924.
6 Ibid.
7 En ce qui concerne le rapport de Benjamin à George, voir Robert Kopp, « Le Baudelaire de Walter Benjamin », p. 246-247, note 2.
8 Voir Robert Kopp, « Le Baudelaire de Walter Benjamin », p. 247, note 2, qui énumère les traductions antérieures : C. Hoffmann et S. Zweig (1902), W. von Kalkreuth (1907), M. et M. Bruns (1908), H. Horvat (1908), M. Asmus (1909), O. Hauser (1917) et H. Havemann (1920).
9 Cité selon Heiner Weidmann, « Zu Benjamins Baudelaire-Übersetzung », p. 311, note 2.
10 Walter Benjamin, Briefe I, p. 431, note 3. Lettre à Gerhard Scholem, 18 septembre 1926.
11 Ces traductions sont réunies dans l’ouvrage : Walter Benjamin, Gesammelte Schriften. Kleinere Übersetzungen. Supplement I, éd. Rolf Tiedemann, Francfort/M., Suhrkamp, 1999.
12 Voir la lettre à Gerhard Scholem du 21 juillet 1925, où il se plaint de la rémunération pour Sodome et Gomorrhe qui est « keineswegs gut » et du « Schandgeld » que lui accorde l’éditeur Rowohlt pour la traduction d’Ursule Mirouet de Balzac. Walter Benjamin, Briefe I, p. 395, note 3.
13 Ibid.
14 Walter Benjamin, Briefe I, p. 431, note 3. Lettre à Gerhard Scholem, 18 septembre 1926.
15 Walter Benjamin, « Moskauer Tagebuch », in Gesammelte Schriften, VI. Fragmente. Autobiographische Schriften, éd. Rolf Tiedemann et Hermann Schweppenhäuser, Francfort/M., Suhrkamp, 1991, p. 358.
16 Walter Benjamin, Briefe I, p. 445, note 3. Lettre à Hugo von Hofmannsthal, 5 juin 1927.
17 Ibid. Cette attitude ambiguë sera poussée à l’extrême dans un fragment datant de 1935 qui servit de préparation à un dialogue radiophonique intitulé « La traduction – le pour et le contre », prévu à Paris avec Günther Anders. Voir Walter Benjamin, Gesammelte Schriften VI, p. 157-160, note 15.
18 Walter Benjamin-Gershom Scholem. Briefwechsel, éd. G. Scholem, Francfort/M., Suhrkamp, 1980, p. 34, lettre du 10 décembre 1932.
19 Walter Benjamin, Briefe II, éd. Gerhard Scholem et Theodor W. Adorno, Francfort/M., Suhrkamp, 1978, p. 539. Lettre à Gerhard Scholem, 3 octobre 1931.
20 Walter Benjamin, Briefe II, p. 548, note 19. Lettre à Gerhard Scholem, 22 avril 1932.
21 Dans une lettre à Gerhard Scholem, il précise que c’est moins la peur d’être victime de la terreur nazie qui le décide à franchir le cap, que la « fast mathematische Gleichzeitigkeit, mit der von allen überhaupt in Frage kommenden Stellen Manuskripte zurückgereicht, schwebende, beziehungsweise abschlussreife Verhandlungen abgebrochen, Anfragen unbeantwortet gelassen wurden ». Walter Benjamin, Briefe II, p. 566, note 19. Lettre à Gerhard Scholem, 20 mars 1933.
22 Walter Benjamin, Briefe I, p. 427, note 3. Lettre à Gerhard Scholem, 29 mai 1926.
23 Ibid.
24 L’exil marque une rupture capitale pour Benjamin. Il y aura, comme il le souligne dans son Curriculum vitae, un avant et un après 1933. Contrairement à beaucoup d’autres réfugiés, il ne s’est jamais fait aucune illusion sur l’installation durable du régime nazi en Allemagne et considère donc son séjour à Paris comme définitif.
25 Walter Benjamin, Briefe II, p. 595, note 19. Lettre à Kitty Marx-Steinschneider, 20 octobre 1933.
26 Ibid., p. 599. Lettre à Gerhard Scholem, 18 janvier 1934.
27 Ibid., p. 660. Lettre à Werner Kraft, 25 mai 1935.
28 Ibid., p. 578, p. 659, p. 689, p. 696.
29 Ibid., p. 740. Lettre à Gerhard Scholem, 20 novembre 1937.
30 Ibid., p. 781. Lettre à Gretel Adorno, 1er novembre 1938.
31 Jean-Maurice Monnoyer, « Introduction » à Walter Benjamin, Écrits français, éd. J.-M. Monnoyer, Paris, Gallimard, 1991, p. 29.
32 Voir Momme Brodersen, Spinne im eigenen Netz. Walter Benjamin. Leben und Werk, Bühl-Moos, Elster, 1990, p. 227.
33 Benjamin travaille ainsi pour la revue de Thomas Mann Mass und Wert, la Jüdische Rundschau, les Cahiers du Sud, dirigés par Jean Ballard, la revue Europe, sous la direction de Jean Cassou, le Prager Tageblatt, la Neue Zürcher Zeitung, ainsi qu’une autre revue suisse, Öffentlicher Dienst.
34 En ce qui concerne le rapport conflictuel que Benjamin entretient avec le Front populaire, les communistes allemands et leurs représentations organisées, voir l’ouvrage de Chryssoula Kambas, Walter Benjamin im Exil. Zum Verhältnis von Literaturpolitik und Ästhetik, Tübingen, Niemeyer, 1983, et, du même auteur « Actualité politique : le concept d’histoire chez Benjamin et l’échec du Front populaire », in Walter Benjamin et Paris, éd. Heinz Wismann, Paris, Le Cerf, 1986, p. 278-284, ainsi que, dans le même ouvrage, Philippe Ivernel, « Paris, capitale du Front populaire ou la vie posthume du xixe siècle », p. 249-272.
35 Walter Benjamin-Gershom Scholem. Briefwechsel, p. 106-107, note 18, 16 octobre 1933.
36 Walter Benjamin, Briefe II, p. 640, note 19. Lettre à Theodor W. Adorno, 7 janvier 1935.
37 Ibid., p. 660. Lettre à Werner Kraft, 25 mai 1935.
38 Ibid., p. 602-603. Lettre à Bertolt Brecht, 5 mars 1934. Ce projet fait la jonction entre l’essai Zum gegenwärtigen gesellschaftlichen Stand des französischen Schriftstellers que l’Institut für Sozialforschung lui avait commandé, et l’article sur Der Autor als Produzent qu’il présenta à l’Institut pour l’étude du fascisme.
39 Jean-Maurice Monnoyer, Écrits français, p. 41, note 31.
40 Signalons tout de même deux exceptions en la personne de Jean Cassou et Jean Ballard, respectivement directeur d’Europe et des Cahiers du Sud, qui lui avaient ouvert leurs revues.
41 Jean-Maurice Monnoyer, Écrits français, p. 45, note 31.
42 Walter Benjamin, Briefe II, p. 588, note 19. Lettre à Jula Radt, 24 juillet 1933.
43 Jean Selz, « Walter Benjamin à Ibiza », in Écrits français, p. 374, note 31.
44 Ibid.
45 Walter Benjamin, Briefe II, p. 589, note 19. Lettre à Gerhard Scholem, 31 juillet 1933.
46 Jean Selz, « Walter Benjamin à Ibiza », in Écrits français, p. 374, note 31.
47 Jean-Maurice Monnoyer, Écrits français, p. 63, note 31.
48 Walter Benjamin, Briefe II, p. 703, note 19. Lettre à Alfred Cohn, 26 janvier 1936.
49 Walter Benjamin, Gesammelte Schriften I-3, éd. Rolf Tiedemann et Hermann Schweppenhäuser, Francfort/M., Suhrkamp, 1991, p. 989.
50 Walter Benjamin, Gesammelte Schriften I-3, p. 989, note 49. Lettre à Max Horkheimer, 27 février 1936.
51 Walter Benjamin, Briefe II, p. 709, note 19. Lettre à Theodor W. Adorno, 27 février 1936.
52 Walter Benjamin, Briefe II, p. 599-600, p. 625-627, p. 652, note 19.
53 Ibid., p. 624, p. 683.
54 Walter Benjamin, Gesammelte Schriften I-3, p. 1009, note 49.
55 Ibid., p. 995.
56 Ibid., p. 996-997.
57 Ibid., p. 1007.
58 Ibid., p. 999. Pour le détail des coupes effectuées, voir Walter Benjamin, Gesammelte Schriften I-3, p. 999-1000, note 49.
59 Ibid., p. 1000.
60 Ibid., p. 997-998.
61 Walter Benjamin, « Übersetzungen », in Kritiken und Rezensionen. Gesammelte Schriften III, éd. Rolf Tiedemann et Hermann Schweppenhäuser, Francfort/M., Suhrkamp, 1991, p. 40.
62 Jean-Maurice Monnoyer, Écrits français, p. 29, note 31.
63 Ibid., p. 44.
Auteur
Université de Nice-Sophia-Antipolis
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