Chapitre onze. Joffrey Baratheon
Vicieux, lâche et méchant…
p. 273-287
Texte intégral
1Officiellement fils du roi Robert et de la reine Cersei Lannister, Joffrey Baratheon (Jack Gleeson), qui a quinze ans environ au début de la série, est en réalité né des amours incestueuses des jumeaux Cersei et Jaime Lannister. Il ne possède aucun talent particulier qui le signale à l’attention : ni pour l’épée comme Jaime, ni pour l’étude comme son oncle Tyrion, ni pour s’enivrer ou courir la gueuse comme le roi son père officiel, ni même pour la chasse – dans les romans, il aime voir tuer les animaux. Né prince héritier du Trône de fer, il n’a aucune qualité qui le destine à une pareille charge, mais il veut par-dessus tout ordonner, être obéi et faire ce qui lui plaît : en bref, être un tyran. Et un pur caprice l’amènera à provoquer une guerre durable, comme sans y penser.
2Physiquement, la ressemblance de Jack Gleeson avec l’empereur et tyran romain Caligula (12-41 ap. J.-C.) a été particulièrement travaillée, comme l’a bien remarqué Brittany Brittaniae (blog Game of Thrones and Ancient Rome, parties I et II). Joffrey est en effet un tyran paresseux et mélancolique, comme le note Bronn, le garde du corps de Tyrion, qui remarque (S2E4) que :
« Joffrey n’a rien à faire de toute la journée que d’arracher les ailes des mouches. »
3Cette habitude rappelle cette fois Domitien, un des pires empereurs de Rome. L’unique tâche à laquelle il se consacre personnellement est de faire rénover la salle du Trône de fer pour lui donner plus de majesté. Il y fait supprimer les couleurs pastel des colonnes et leurs rinceaux de vigne pour tout repeindre en noir, et il veille aussi à ce que l’on ajoute de grands braseros (S2E9). Tout cela rappelle bien malencontreusement le Roi fou avec le souvenir duquel Joffrey entretient des relations ambiguës. Il est en effet fasciné par la mort et le feu. Lorsque Joffrey fait visiter le Septuaire de Baelor à sa fiancée Margaery, il n’a rien de plus gai à lui montrer que les cryptes des Targaryen (S3E4), puis il s’enflamme ( !) en racontant la mort de Rhaenyra, donnée à manger à un dragon par son propre frère, et la fin d’Aerion le Flamboyant, qui a avalé du feu grégeois en pensant qu’il renaîtrait dragon. Sans oublier celle du Roi fou dont le dernier ordre fut : « Brûlez-les tous ! ».
Joffrey, exaspéré, et Tyrion qui vient de l’empêcher de faire battre Sansa :
Joffrey : « – Le roi peut faire ce qu’il veut !
Tyrion : – Le Roi fou faisait comme il voulait. Est-ce que ton oncle Jaime t’a dit ce qui lui est arrivé ? »
S1E4
4Mais peut-être la volonté de commander que Joffrey a chevillée au corps provient-elle justement du fait que, depuis toujours, il ne décide de rien d’important, bien qu’il soit parfois concerné au premier chef. Même dans sa vie personnelle, il ne contrôle rien : il n’a pas choisi Sansa Stark pour fiancée, car ce mariage a été décidé sans que son avis soit préalablement requis (S1E1). Joffrey est d’abord un adolescent solitaire et on ne lui connaît aucun ami. Toujours flanqué de Sandor Clegane, son garde du corps au visage à moitié brûlé, qu’il appelle Dog, « Chien » (traduit par « le Limier ») et traite comme tel, il est délaissé par son père officiel, le roi Robert, qui, même à sa naissance, n’était pas présent, comme Cersei s’en souvient encore auprès de Ned Stark (S1E7). Les regrets bien tardifs exprimés par Robert sur son lit de mort n’y changeront rien : « J’aurais dû passer plus de temps avec toi, dit-il à Joffrey, te montrer comment être un homme. Je n’étais pas fait pour être père (S1E7) », conclut-il dans un éclair de lucidité qui trouble d’autant plus le jeune homme que ce sont les dernières paroles que son père lui adresse avant de le congédier et de mourir. De fait, la vie de dissolue menée par Robert ne paraît pas avoir convenu plus à son fils qu’à son épouse. Enfin cette absence paternelle n’empêche pas le mépris occasionnel de ce père, comme on le voit dans l’épisode avec Arya, lorsque Robert exaspéré jette à Joffrey : « Tu as laissé cette petite fille te désarmer ! » (S1E3). On ne sait pas précisément à partir de quel moment Joffrey sait qu’il est un bâtard et que Jaime Lannister est donc son père biologique (S3E6, il est cependant clair qu’il le sait déjà). Il en profite pour se montrer encore plus blessant avec Jaime dont il se moque au motif qu’à près de quarante ans, il n’a accompli aucun exploit notable à part tuer le roi qu’il devait protéger (S4E1). Mais il semble que l’image paternelle ait toujours été bien floue pour Joffrey.
5Dès le début de leur mariage, les parents de Joffrey entretiennent des relations exécrables, Robert n’ayant jamais donné une chance à Cersei de lui faire oublier sa première fiancée prématurément disparue, Lyanna Stark. Comme ses parents biologiques, Cersei et Jaime, taisent les secrets de la naissance de Joffrey, il est compréhensible que la mère et le fils se soient encore plus rapprochés dans leur commune solitude, au point que Cersei a développé autour de Joffrey une attitude hyperprotectrice, dont on va vite mesurer les effets pervers. En revanche, des relations habituelles de Jaime avec Joffrey, on ne sait rien et on peut donc penser qu’elles n’ont rien de décisif.
6Entre un père officiel qui déclare à Ned Stark, avant de partir pour la chasse qui lui sera fatale : « Tuer des choses m’éclaircit la tête ! » (S1E6), et une mère qui affirme à son fils : « Un jour, tu seras sur le trône et la vérité sera ce que tu en feras » (S1E3), avant de compléter : « Tu es mon garçon chéri et le monde sera exactement ce que tu veux qu’il soit », on peut comprendre que Joffrey ait développé des comportements névrotiques et une compréhension biaisée des êtres et du monde qui l’entourent. Cersei a intuitivement compris que, pour Joffrey, l’accession au trône marquerait un tournant. Qu’elle assure la régence ne change rien et, de fait, il y a bien un avant et un après cet événement (S1E7).
7Avec le développement des différentes saisons de la série, on voit Joffrey évoluer et prendre de plus en plus d’assurance dans des domaines qui ne relèvent pas du métier de roi. Mais au départ, il est littéralement sous l’emprise d’une mère qui est au centre de sa vie. Lorsque son oncle Tyrion le gifle plusieurs fois pour le contraindre d’aller compatir auprès des Stark après la chute de Bran alors dans le coma (S1E2), Joffrey exaspéré finit par répliquer comme si c’était là une menace ultime : « Je vais le dire à Maman ! » (S1E2). Mais il fait malgré tout ce que Tyrion lui a imposé.
8L’affaire qui implique Sansa, Arya, Mycah et les louves des deux jeunes filles, Nymeria et Lady (S1E2), offre un condensé des défauts remarquables de Joffrey qui ne demandent qu’à mûrir : il est manipulateur, arrogant, couard, sadique et menteur. Il manipule d’abord Sansa en la faisant boire, après l’avoir entraînée dans une promenade en amoureux au bord du fleuve. Le spectateur ne peut que présumer ce que le prince avait alors à l’esprit, dans la mesure où les circonstances vont orienter l’action différemment. En effet, au cours de cette promenade, ils rencontrent alors Arya et Mycah, le fils du boucher, qui jouent aux chevaliers avec des bâtons. Joffrey, plein de mépris pour Mycah, dégaine son épée et, avec un plaisir manifeste, entaille lentement la joue du gamin pétrifié. Arya s’interpose, frappe Joffrey de son bâton, mais elle a le dessous face à l’épée dont il la menace. On ne saura pas ce qu’il aurait fait s’il en avait eu le temps, car Nymeria mord le poignet de Joffrey. Il lâche alors son épée en hurlant de douleur, avant de demander grâce en pleurant à Arya, qui le menace à son tour de l’arme qu’elle lui a prise. Elle va alors jeter l’épée de Joffrey dans le fleuve, allusion pleine de dérision à la séquence où Excalibur, l’épée d’Arthur, est rendue à la Dame du Lac dans le film éponyme de John Boorman (1981). Joffrey n’est pas de la trempe d’un Arthur et il ne le sera pas davantage plus tard, en particulier dans les scènes critiques de combat. Lorsque, devant les troupes de Stannis qui débarquent (S2E10), il croit la défaite assurée, il obéit à sa mère inquiète, qui lui fait opportunément quitter la défense des remparts pour venir se réfugier dans la citadelle de Maegor.
9Mais, pour revenir à la promenade du fleuve où Joffrey s’illustre, la version de l’histoire que lui et sa mère exposeront n’aura rien à voir avec la vérité : Joffrey y devient la victime, finalement victorieuse, de l’attaque de deux jeunes furieux et d’un loup géant. Cette histoire recomposée coûte cependant la vie à l’innocent Mycah, tué par le Limier, le garde du corps personnel de Joffrey, sans oublier la mort de la louve de Sansa, Lady, qui paie également de sa vie le fait que sa maîtresse ait eu peur – déjà – de contredire son fiancé, alors que c’est l’autre animal qui a mordu Joffrey. Dans toute cette affaire, Joffrey n’est jamais corrigé par ses parents, au contraire. Cersei, qui lui suggère la vengeance, et Robert, qui n’a pour lui que mépris et désintérêt, lui permettent au contraire de laisser libre cours à sa passion particulière : faire souffrir les autres et les voir souffrir.
10Plus tard, après ce malheureux épisode, on le retrouve seul avec Cersei qui soigne ses égratignures dans une scène capitale (S1E3). On y découvre un Joffrey très sensible… à sa propre douleur, quand Cersei applique un baume sur de vulgaires coupures. Puis il explique spontanément et sans malice à sa mère ce qui s’est réellement passé, sans rien lui cacher de son insuffisance, afin de corriger la version enjolivée qu’elle a imaginée et qu’elle sait mensongère, mais qui fait de Joffrey un héros, quand il s’est montré un couard. Elle lui indique le chemin du mensonge et elle est pour lui son premier professeur en cette matière. En ce domaine, elle peut se targuer d’avoir réussi au-delà de ses espérances, comme on va s’en rendre compte à maintes reprises. Puis, lorsque, plein de haine, il exprime son désir de tuer tous les Stark (« Kill them all ! » est un refrain dans sa bouche), Cersei, tout en lui expliquant que la politique est moins simple que l’expression d’un désir, fût-il princier ou royal, finit malgré tout par aller dans son sens en déclarant de façon lapidaire :
« Quiconque n’est pas nous est un ennemi. »
11Une simple et belle leçon que Joffrey va retenir sans difficulté.
12Dans son caractère presque exclusivement négatif, le personnage de Joffrey connaît cependant une évolution construite et des oscillations subtiles, qui le font passer du grotesque au terrifiant. Dans les scènes où il apparaît, son instabilité psychologique maintient le spectateur en état d’anxiété : avec ce prince, tout peut basculer et les situations les plus anodines se transformer, en un ricanement, en cauchemars éveillés, ou pas ! Car l’intérêt est qu’on ne puisse pas le savoir à l’avance et que la violence ne soit pas systématique. Joffrey n’est pas d’emblée l’assassin sadique qu’il deviendra en toute impunité lorsqu’il essaiera son arbalète sur Ros, la courtisane, jusqu’à la tuer (S3E6). Après l’entaille infligée à Mycah, on note cependant une escalade rapide vers des formes de plus en plus sanglantes, mais avec une différence notable. Joffrey a en effet éprouvé que manier soi-même l’épée pouvait faire mal, lorsque la louve l’a mordu, et il ne supporte pas la vue du sang, si c’est le sien qui coule. N’ayant aucun courage physique, quand il fait souffrir quelqu’un, pendant longtemps il ne prend pas directement part à l’action : il la délègue à un truchement et, à chaque fois que c’est possible, il organise une forme de représentation dont il est le spectateur privilégié, jouissant plus du spectacle – ou même de sa préparation – que s’il y participait directement. Ainsi le Limier, son garde du corps personnel, se charge de tuer Mycah (S1E3) ; deux autres gardes royaux de prédilection, soit Meryn Trant soit Boros Blount s’occupent de gifler Sansa ou de lui arracher publiquement ses vêtements (S2E4) ; ou encore l’exécuteur des hautes œuvres, Ilyn Payne, décapite Ned Stark (S1E9) ou arrache la langue du chanteur Marillion (S1E10) ; ou Janos Slynt, le commandant de la Garde de la Cité, égorge Barra, un nourrisson et la dernière bâtarde de Robert, dans le bordel de Littlefinger (S2E1), et peut-être encore Mandon Moore, un autre garde royal, tente d’assassiner Tyrion pendant la bataille de la Néra (S2E9).
13Deux épisodes se détachent cependant dans la litanie des brutalités plus ou moins graves imputables à Joffrey : dans la première scène, on retrouve Ros, la prostituée de Winterfell, accompagnée d’une camarade, Daisy ; dans la seconde, Ros est seule pour faire ses « adieux » à la série. Pour calmer son neveu Joffrey, dont il estime, avec Bronn, qu’il pourrait être tourmenté par l’échauffement de la puberté, Tyrion a l’idée d’envoyer Ros et Daisy comme cadeaux de fête (S2E4). Joffrey est pris par surprise, mais il sent instantanément le parti à tirer d’une situation où il peut laisser libre cours à son penchant pour le voyeurisme et le sadisme. Les deux filles ne l’intéressent pas en elles-mêmes et il est manifestement dégoûté par l’idée de les toucher. Mais il improvise une saynète en les utilisant comme des objets sur lesquels il a tout pouvoir. Deux choses lui importent alors : faire et voir souffrir les deux femmes en utilisant l’une pour torturer l’autre, mais aussi (et surtout ?) montrer par là à Tyrion combien il méprise le cadeau que ce dernier lui a fait. Joffrey s’assied et regarde Daisy, toute nue, se faire fesser par Ros, qui le remplace ainsi dans l’action, si bien qu’il se repaît d’un drame dont il est à la fois le concepteur, l’acteur par personne interposée et l’unique spectateur.
14Cependant comme Ros ne frappe pas assez fort à son goût, il lui donne sa propre ceinture de cuir à bossettes de métal, en répétant : « Plus fort ! ». Enfin, comme cela ne lui suffit décidément pas, il saisit un sceptre massif en bois, surmonté d’une tête de cerf en métal, et, le tend à Ros tout en la menaçant pour qu’elle frappe Daisy avec. On note le choix tout à fait transgressif d’un pareil instrument. C’est en effet un symbole du pouvoir royal – tout comme le Trône de fer. Sans doute s’agit-il du sceptre du propre père de Joffrey et il porte la tête de cerf appartenant aux armes familiales des Baratheon. Pourtant son nouveau détenteur le dénature en le transformant en instrument de torture. C’est assurément là le plaisir de la revanche qu’éprouve inconsciemment Joffrey en souillant ce symbole de pouvoir que son père a payé si cher. D’autant plus que Joffrey se sert du sceptre royal pour faire assommer une fille de joie par une autre, deux putains comme son père les aimait tant et dont il préférait la compagnie à celle de sa femme et de son fils.
15Ros essaie bien de tergiverser, mais Joffrey la menace d’un carreau d’arbalète et lui déclare en outre qu’il veut que Tyrion en ait pour son argent et qu’il voie ce qu’elle a fait à Daisy, niant ainsi toute responsabilité personnelle dans ce qui va suivre. Il jouit là de la totale impunité d’un maître sur ses esclaves. La scène s’achève sur les hurlements de douleur de Daisy. Il a peut-être fallu qu’elle survive – un peu – pour que Tyrion voie ce spectacle préparé pour lui par son neveu. En effet, dans l’esprit dérangé de Joffrey, on note que le sens visuel a plus de place que les autres, comme on a déjà pu s’en rendre compte, par exemple lorsqu’il force cruellement sa fiancée Sansa à regarder la tête de son propre père, Ned Stark, et celle de sa gouvernante, la septa Mordane, plantées au bout d’une pique (S1E10). Joffrey goûte alors visiblement plus le spectacle de la douleur morale suscitée que celui de la mort de son adversaire. De même, il anticipe mentalement la vue de Tyrion découvrant la boucherie que lui, Joffrey, a ordonnée – et cela suffit à sa délectation.
16On pourrait même ajouter que, si Joffrey ne peut pas contempler dans la réalité ce qu’il souhaite voir arriver à ceux qu’il déteste, raconter l’événement qu’il espère advenir et en faire comme apparaître le spectacle par une description vive est déjà une source de contentement pour lui. Ainsi se voit-il déjà apporter la tête de Robb Stark à sa sœur Sansa (S1E10), et évoquer verbalement cette présentation est pour lui comme la réalisation d’un fantasme. Or, intuitivement, Sansa a compris beaucoup de la nature de Joffrey et elle sait lui gâcher son plaisir en suscitant d’autres visions moins amènes, en évoquant ici une autre possibilité, celle de la décapitation de Joffrey lui-même par son frère Robb. Pour lui avoir gâché cette vision de sa personne en gloire, Joffrey la fait gifler sur-le-champ par Meryn. D’une manière analogue, avant l’arrivée de la flotte de Stannis, Joffrey plastronne dans sa nouvelle armure et avec sa nouvelle épée, « Mangecœur » (Hearteater), dont il contraint Sansa à baiser la lame (S2E9). Il se vante ensuite de lui rapporter bientôt la tête de Stannis dont elle pourra alors sentir le parfum du sang sur l’épée. Jouant la sotte, Sansa dit à Joffrey qu’il va donc commander l’avant-garde de l’armée, ajoutant que son frère à elle, Robb, qui n’est qu’un prétendant au trône, le fait toujours. Tel n’est bien sûr pas le cas ! La futée touche au cœur en lui ruinant l’image de chevalier victorieux qu’il venait de se construire en imagination, sans doute en pensant à son père Robert qui, à la bataille du Trident, avait tué lui-même au combat le prince Rhaegar, valeureux combattant et chef de l’armée adverse. Sansa en est quitte ici pour une vaine menace supplémentaire.
17Venons-en maintenant à la seconde fois où Ros apparaît avec Joffrey. La scène en intérieur nuit est muette, sur un fond musical plein de tension, et commentée par la voix offde Littlefinger, qui est en train d’expliquer à Varys de manière allusive ce qui est arrivé à Ros pour prix de sa trahison (S3E6). On comprend alors que Joffrey a payé une grosse somme à Littlefinger pour pouvoir faire de Ros son esclave sur qui il ait droit de vie et de mort – ce qui est absolument contre toutes les lois de Westeros. En l’occurrence, Joffrey désirait déjà tester les effets de son arbalète sur du vivant, quand il avait montré à Margaery qu’il pouvait transpercer avec précision les trophées animaux empaillés de ses appartements et qu’il lui avait laissé imaginer qu’il aimerait faire une tentative plus audacieuse (S3E2). On note à nouveau son goût pour la mise en scène dont le cadrage paraît ici emprunté par les réalisateurs à une représentation baroque du martyre de saint Sébastien, peut-être par Luca Giordano (voir le portrait de Ros). Mais en cette occasion, Joffrey a eu tout le temps de composer un « vrai » tableau au lieu d’improviser comme la première fois. Certes, là encore, il ne risque rien de la part de sa victime, cible immobile attachée au baldaquin du lit et percée de carreaux d’arbalète, pas plus vive à la fin que les trophées animaux. Cette scène-ci n’est destinée qu’à lui : aucun témoin visible dans la pièce, aucun à l’extérieur. Seul Littlefinger, qui a secrètement vendu Ros à Joffrey, peut imaginer le spectacle, ainsi que le spectateur qui est invité à mieux se figurer le trouble psychologique de Joffrey. Mais la grande nouveauté réside ici dans la part active que Joffrey a prise au lent assassinat de la jeune femme, dont on voit que, pour lui, elle n’est qu’une sorte d’animal et que sa beauté ne sert qu’à rehausser le tableau – la nature morte – qu’il est en train de créer. On mesure alors combien les réalisateurs ont eu raison d’en emprunter la composition à une œuvre picturale préexistante qui en accentue les effets. De cette scène, le spectateur de la série ressort avec l’impression d’avoir assisté à la naissance d’un futur serial killer, qui vient véritablement d’achever son premier opus – un peu comme dans un roman de Richard Harris ou de James Ellroy.
18Comme on l’a vu, de façon générale, Joffrey traite donc les autres comme des objets. On peut cependant se demander si ce n’est pas une contrepartie de la manière dont il a lui-même été traité.
Tyrion à Cersei à propos de Joffrey :
« Il est difficile de mettre un chien en laisse, une fois qu’on lui a mis une couronne sur la tête. »
S2E7
19Le père de Joffrey, Robert, ne lui a pas vraiment accordé d’importance, plus occupé à boire et à courir les filles de taverne. Même dans le cas du mariage de Joffrey avec Sansa Stark, on ne le voit pas être consulté, mais plutôt se couler dans le rôle qu’on attend de lui et courtiser la jeune fille dont la beauté flatte son ego. Le mariage lui-même est conclu par Robert et son ami Ned dans la crypte des Stark, devant le tombeau de Lyanna, la promise de Robert et sœur de Ned (S1E1). Très clairement, ses parents ont davantage cherché à savoir ce que pensait Sansa que Cersei ou Robert ne l’ont fait. Lorsque Cersei évoque le mariage de son fils avec Sansa et lui dit clairement qu’il pourra se permettre ce qu’il veut (S1E3), à aucun moment elle ne laisse penser que la décision puisse être remise en question.
20Même pour sa mère Cersei, et peut-être à son insu, Joffrey est d’abord un moyen. Comme Robert était généralement absent, Joffrey lui a permis d’avoir le sentiment d’exister, comme elle le confesse longuement à Tyrion, pendant l’une des seules scènes à peu près apaisées entre eux (S3E10). Puis, à la mort de Robert, elle a certes lutté contre Ned Stark pour assurer le trône à son fils, mais c’est surtout pour régner elle-même, comme elle en a depuis toujours le souhait. Son père Tywin Lannister est, bien sûr, le véritable maître de Westeros, mais quand il est au loin, elle peut nourrir l’illusion qu’elle est reine des Sept Couronnes. On voit d’ailleurs combien cette situation est fragile depuis que Joffrey est devenu roi. Lorsqu’il accuse grossièrement sa mère de n’avoir pas su retenir son père et d’être la cause de tous ces bâtards qu’il fait rechercher pour les éliminer (S2E1), il est giflé par Cersei qui s’étonne elle-même de son geste : il lui dit alors d’une manière glaciale que c’est la dernière fois qu’il reçoit une gifle d’elle et que si elle recommence, il la fera exécuter. Quand la marionnette veut s’émanciper, elle peut en effet avoir de dangereux sursauts.
21Tywin Lannister, cet encombrant grand-père, se comporte avec encore moins d’égards envers son royal petit-fils qui est pour lui inexistant, tout juste un gamin capricieux qu’il s’agit de tenir. Il se plaint justement à Cersei qu’elle n’ait pas su s’acquitter de cette tâche (S3E4), en conséquence, Ned Stark est mort et, avec lui, une possibilité d’éviter la guerre qui déchire maintenant le royaume. Tywin tient cependant Joffrey pour quantité négligeable, lorsqu’il vient finalement lui faire un rapport privé dans la salle du Trône de fer, et il se moque de lui en assurant « qu’il veillera à ce qu’il soit convenablement consulté sur les sujets importants à chaque fois que nécessaire », sans même que Joffrey puisse questionner le double sens de ses propos (S3E7). C’est que Tywin maîtrise parfaitement la rhétorique, mais aussi ses nerfs face à Joffrey dont ce n’est pas la qualité première. Après que Joffrey hors de lui a témérairement rappelé devant un Conseil restreint stupéfait que c’est son père Robert qui avait gagné le Trône de fer au Trident, et non Tywin, qui était resté caché sous Castral-Roc pendant ce temps-là, ce dernier l’envoie se coucher. Tyrion salue alors la performance de son père et se gausse avec gourmandise de son royal neveu, en proclamant que Tywin « a envoyé au lit sans souper l’homme le plus puissant de Westeros » (S3E10). La seule chose que Tywin respecte en Joffrey, c’est qu’il est un Lannister.
22Parmi les proches de Joffrey, il n’y a guère que son oncle Tyrion qui non seulement lui tienne tête, mais le fasse plier, sans hésiter à lui montrer la vanité de sa position. Tyrion a essayé de lui démontrer que faire ce qui lui plaît revient à être tyrannique, en lui rappelant le précédent du Roi fou, de sinistre mémoire (S2E4). De manière répétée et de plus en plus dangereuse, tant Joffrey est vindicatif, Tyrion a essayé de le corriger en ajoutant généralement une ou plusieurs gifles aux injonctions qu’il lui donne. Tyrion le fait déjà à Winterfell (S1E2) et à nouveau lors de l’émeute que Joffrey mate dans le sang (S2E6), alors que les habitants de Port-Réal sont affamés à cause de la guerre que Joffrey a provoquée. L’ordre de Joffrey a failli causer le viol et, peut-être, la mort de Sansa, la seule monnaie d’échange pour récupérer Jaime, « à qui Joffrey doit plus qu’un peu », lui lance sciemment Tyrion, prouvant ainsi au spectateur que Joffrey connaît le secret de sa naissance, ce qu’il ne dément pas. Mais, lors de l’émeute, alors que Joffrey ne pense qu’à faire tuer tout le monde, sans le moindre souci pour Sansa ni pour Jaime, Tyrion lui-même finit par abandonner, hurlant à Joffrey :
« Sombre imbécile ! Nous avons eu des rois vicieux et nous avons eu des rois idiots, mais je ne sais pas si nous avons jamais été maudits avec un idiot vicieux pour roi. »
23Après cet épisode (S2E6), il tiendra son neveu à l’écart de toute décision, n’hésitant pas même à se moquer de lui avec Varys (S2E8). Tyrion le disait déjà : « Le roi est une cause perdue » (S2E5).
24Tyrion subira en retour plusieurs dangereuses ou humiliantes avanies. Joffrey sabote la cérémonie de mariage avec Sansa en enlevant l’escabeau qui aurait permis sans encombres au nain Tyrion de poser rituellement son manteau sur les épaules de la jeune femme (S3E9). De même, après les noces, par esprit de vengeance contre les deux époux, Joffrey menace Sansa de venir la violer la nuit du mariage, avec Meryn Trant et Boros Blount pour l’aider si elle ne consent pas, en ajoutant que « peu importe quel Lannister la fécondera ». Joffrey menace enfin de faire exécuter Tyrion, parce qu’il s’est opposé à ce qu’il y ait une cérémonie de mise au lit de la mariée après le banquet nuptial et que l’oncle, ivre, a alors menacé de mort son royal neveu (S3E9). Enfin, Joffrey menace à nouveau Tyrion pour avoir osé lui dire qu’il ne pouvait plus s’en prendre à Sansa car elle est maintenant son épouse (S3E10). On note là comme précédemment une augmentation graduelle des menaces, mais peu de concrétisation dans les faits, à partir du moment où Tywin Lannister est à Port-Réal et veille au grain.
25Ses proches ne sont cependant pas les seuls à souhaiter du mal à Joffrey. Après la mort de Robert, son oncle Renly voulait son trône et l’aurait volontiers emprisonné, son autre oncle Stannis l’aurait exécuté, tout comme Littlefinger l’avait aussi conseillé à Ned Stark, et Ned lui-même avait enjoint à Cersei de s’exiler avec ses trois enfants (S1E7). De manière analogue, Arya Stark a peu vu Joffrey à Winterfell comme à Port-Réal et pourtant il occupe ses pensées chaque soir : quand elle répète comme un mantra la hitlist des personnes qu’elle aimerait tuer de ses mains, Joffrey tient une bonne place (S2E4). Elle ne l’oublie pas davantage pendant son entraînement, par exemple lorsqu’elle tire à l’arc et dit « Joffrey » en fichant une flèche dans le cœur d’un mannequin (S3E6). Plus tard, Joffrey est maudit et promis à la mort par Mélisandre comme « l’usurpateur Joffrey Baratheon » (S3E8). Plus encore, alors même que Joffrey n’avait pas encore fait son apparition (S1E1), les jeunes de Winterfell, Robb Stark, Jon Snow et Theon Greyjoy le brocardaient déjà en lui prêtant une grande arrogance à juste titre, mais aussi un goût immodéré pour la gaudriole, ce en quoi ils se trompaient lourdement. En effet, qu’elles soient putains ou nobles dames, les femmes n’ont pas beaucoup à craindre des assiduités de Joffrey, en tout cas pas du tout comme l’imaginent les adolescents de Winterfell qui échangent entre eux des plaisanteries de corps de garde.
26Car Joffrey paraît avoir développé une aversion certaine pour ce qui touche au sexe, ou plutôt ne semble pouvoir contenter sa sexualité qu’au prix de perversions et de crimes, ce qui conforte sa place de serial killer des temps anciens. Il pourrait profiter de son statut de royal et mettre dans son lit toutes les filles de Westeros, comme les adolescents de Winterfell l’imaginent avec envie. Mais il est remarquable qu’il n’a pas plus d’amie que d’ami, qu’il ne touche aucune femme et même qu’il évite tout contact physique avec elles, comme avec Ros ou Daisy (S2E5). Force est de constater que son identité sexuelle n’est pas claire du tout, comme le souligne en outre son homophobie radicale. Devant Margaery à qui il parle de son précédent fiancé, feu Renly, Joffrey se montre révulsé que Renly ait été un « dégénéré » – il ne dit pas homosexuel – et il estime que cette « perversion » doit être punie de mort (S3E2, et plus tard S4E2). Margaery est d’autant plus interloquée par cette réaction inattendue que l’amant de Renly était notoirement son propre frère Loras qui vient de sauver la cité de Port-Réal et le trône de Joffrey, et que chez elle, à Hautjardin, cette intolérance n’a pas cours. Elle répond cependant que Joffrey est le roi et a le droit de faire ce qu’il veut.
27En fait, Sansa est la première victime d’un véritable harcèlement psychologique de la part de Joffrey et il souffle le chaud et le froid quand il est avec elle. Ainsi, après la cruauté dont il a fait preuve à son égard en allant jusqu’à réclamer la tête de sa louve, il fait mine de vouloir se faire pardonner. Il offre à Sansa en quasi-pâmoison un pendentif au lion des Lannister et lui fait miroiter qu’elle sera sa reine jusqu’à son dernier jour (S1E6), n’hésitant pas à singer ici les romans de chevalerie, ce que Sansa n’est alors que trop prête à entendre. Il faut en effet convenir qu’elle reste longtemps consentante, puisque, même lorsque les défauts de Joffrey se sont révélés, Sansa continue de proclamer vouloir épouser Joffrey, parce qu’il est pour elle aussi le moyen d’arriver à un rêve de petite fille : être reine (S1E6). Le pire moment sera l’exécution de son propre père sous ses yeux (S1E9), alors même qu’elle avait accepté et enduré toutes les humiliations publiques que Joffrey (et Cersei) avaient exigées, qu’elle avait incité du regard Ned à s’humilier aussi devant tous, et qu’elle avait reçu préalablement l’assurance qu’il serait seulement déporté à la Garde de nuit (S1E8). Mais pour ne pas paraître « faible comme les femmes », Joffrey a changé d’avis, sans se rendre compte que, ce faisant, il provoque la guerre. Après bien des tribulations, lorsque Sansa aura renoncé à être la reine de Joffrey, elle confiera à Shae qu’elle le hait plus que n’importe qui (S2E6). Et quand d’aventure elle se sentira assez en sécurité pour dire ailleurs ce qu’elle pense vraiment de lui, elle résumera pour lady Olenna Tyrell : « C’est un monstre ! » (S3E2). Sans savoir qu’elle confirme là, mot pour mot, ce que Loras Tyrell disait lui-même à Renly beaucoup plus tôt (S1E5)…
Avant la bataille de la Néra :
Shae : « – Certains de ces garçons ne reviendront jamais. » Sansa : « – Joffrey, si. Les pires survivent toujours. »
S2E9
28Malgré tout, Margaery Tyrell, la nouvelle et flamboyante promise de Joffrey, pourrait sembler différente des autres dans son comportement avec lui. Il faudrait pour cela que le spectateur ne l’ait pas vu confesser à Littlefinger, alors que le corps de son premier fiancé est à peine froid : « Je ne veux pas être une reine, je veux être la reine » (S2E6). Elle fait ainsi clairement comprendre que c’est le royaume des Sept Couronnes et donc son roi du moment qui l’intéressent. Pour elle aussi, Joffrey n’est qu’un moyen et elle travaille à rassembler les informations nécessaires pour parvenir à le séduire. Son rapprochement de Sansa, son apparente communauté de vues avec Joffrey, la formule qu’elle lui emprunte de manière apparemment fortuite devant la majesté du Septuaire de Baelor construit par les Targaryen (« Parfois la sévérité est le prix que nous payons pour la grandeur » [S3E4]), tout cela n’est qu’une mise en scène destinée à un roi dont elle a compris qu’il n’appréciait le spectacle que s’il en était le centre. Margaery sait aussi qu’il est un pleutre et elle va donc susciter chez les pauvres une popularité (S3E1) dont elle compte bien récupérer les dividendes. Elle va même jusqu’à feindre de s’intéresser au maniement de l’arbalète de Joffrey et, plus dangereux, à la manière dont on peut tuer quelque chose avec, en lui laissant penser qu’elle aimerait qu’ils puissent un jour expérimenter la chose ensemble (S3E2).
29Il n’est donc pas évident qu’après avoir quitté les jupes de sa mère, Joffrey soit pour autant libre, mais il est certain qu’il est, pour tous ceux et celles qu’ils rencontrent, seulement un moyen de parvenir à une fin. Pourtant, malgré sa solitude, le personnage ne suscite aucune sympathie. Peut-être est-ce parce que lui-même est totalement narcissique et incapable de la moindre empathie.
30La question que pose Arya à son père Ned Stark mérite d’être rappelée : « Mais comment peux-tu laisser Sansa se marier à quelqu’un comme ça ? » (S1E3). Ned en reste coi, puis, en répondant à côté de la question par l’évocation des devoirs de la politique qui échappent à une petite fille, il montre involontairement que personne n’a même songé à Joffrey comme à une personne. Joffrey est le prince héritier, un pion particulier du jeu d’échecs du pouvoir. Cette position conditionne le comportement des autres à son égard, en particulier des grands barons qui, comme Ned Stark lui-même, tout réticent qu’il soit, veulent voir leur famille s’élever, quoi qu’il en coûte. C’est donc à une enfant, Arya, que revient de poser la question du rôle et de la responsabilité des adultes dans ce que le jeune Joffrey est devenu. À cela répond la scène où, sentant le danger, Ned a décidé de renvoyer ses filles à Winterfell (S1E6) et parle, en particulier, de trouver à Sansa, alors rétive, un mari qui la mérite, gentil et brave, comme dans les romans… Mais tout cela vient bien trop tard, comme l’explication de Robert sur son lit de mort. Ned est un des premiers à le payer de sa vie, sa mort provoque une longue guerre, Sansa et Arya sont séparées brutalement et peut-être sans retour, tandis que Joffrey monte sur le trône, où il donne vite à tous des preuves de ses « progrès ».
31C’est sans compter sur Olenna Tyrell. Elle ne voulait pas, dira-t-elle ensuite (S4E4), que Margaery, sa petite-fille, soit le souffre-douleur du monstre décrit par Sansa. Aidée de Littlefinger en sous-main, elle verse elle-même le poison dans la coupe de Joffrey pendant les fêtes données pour le mariage (S4E2). Cette ultime apparition de Joffrey rassemble de manière hyperbolique toutes les caractéristiques du personnage que nous avons mises en évidence. D’humeur changeante, il s’agace qu’on joue les Pluies de Castamere et congédie brutalement les chanteurs, parce que la chanson rappelle trop le rôle joué par son grand-père Tywin et qu’il attend l’intermède-surprise qu’il a lui même commandé. Dans cette saynète digne de la foire, cinq nains singent de manière grossière les chefs de la guerre des Cinq Rois. Ce spectacle puéril et vulgaire met Joffrey en joie. Il prend un plaisir évident au malaise suscité chez sa propre épouse, Margaery, par le jeu du nain jouant Renly, son premier mari assassiné, dont l’homosexualité est moquée ouvertement ; de même, il guette avec gourmandise la profonde expression de douleur qui se lit sur le visage de Sansa à l’évocation de la décapitation récente de son frère Robb chez Walder Frey. Comme ce jour est le sien et qu’à raison Joffrey n’imagine pas qu’on mette obstacle à ses désirs, il provoque et humilie publiquement Tyrion qui réplique et supporte stoïquement, mais – pour son malheur – doit accepter de lui verser son vin. Joffrey boit, s’étrangle et meurt dans des convulsions spectaculaires, non sans désigner du doigt Tyrion… Il n’en faut pas plus à Cersei pour déverser sa haine sur son frère et le faire emprisonner sans hésiter (S4E2).
32Sans avoir aucune idée de la manière dont il allait mener sa vie ou son royaume, Joffrey n’a été qu’un tyran soumis aux caprices de la Fortune… En tout, il s’est laissé aller selon les mouvements qu’elle imprimait à son destin et il n’a eu pour chaotique boussole que ses appétits d’un moment. Seule sa soif du mal a été constante : jusqu’au bout et plus encore, il n’a eu de cesse d’exercer sa capacité de nuisance.
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La sérialité à l’écran
Comprendre les séries anglophones
Anne Crémieux et Ariane Hudelet (dir.)
2020