Chapitre 13. Sorcellerie et possession en Touraine et Berry aux XVIe-XVIIe siècles
p. 195-209
Texte intégral
1Les problèmes d’interprétation posés par l’histoire de la sorcellerie et de sa répression ne cessent d’interpeller les historiens. Le débat reste ouvert. À l’instar des enquêtes précises menées par Alphonse Dupront et son équipe pour l’étude des pèlerinages et lieux sacrés1, des méthodes rigoureuses doivent présider à l’exploitation des sources relatives aux phénomènes démoniaques.
2La recherche micro-historique est assurément, ici plus qu’ailleurs, et pour longtemps une nécessité qui n’exclut évidemment pas les hypothèses mais proscrit encore l’énoncé d’une théorie générale de l’univers satanique.
3Les travaux d’Alan Macfarlane, de Robert Muchembled2 ou l’enquête exemplaire menée par le groupe de chercheurs animé par Gabor Klaniczay sur les 1642 procès repérés en Hongrie3 correspondent à ce qu’il faut faire pour éviter l’écueil des interprétations brillantes et hasardeuses ou les vertiges des mythologies an-historiques4. Je voudrais seulement évoquer ici quelques recherches concernant la Touraine et les régions voisines et relatives à la vague de sorcellerie de l’époque de la Renaissance et la « crise du satanisme » de début du xviie siècle.
4Concernant la grande chasse aux sorcières de la fin du xvie siècle nous ne possédons pas dans la région ligérienne des séries analogues, par exemple, à celles utilisées par Delcambre pour la Lorraine5. Les archives du présidial de Tours sont en cours de classement et, à ma connaissance, les travaux inspirés par Denis Richet sur l’activité du Parlement de Paris, pendant son exil à Tours au temps de la Ligue, n’ont pas encore abouti. Nous avons, cependant, des indices sur l’activité de ces juridictions en matière de répression de la sorcellerie.
5Ainsi, en octobre 1593, le parlement de Paris, replié à Tours, confirmait trois condamnations au feu de sorcières – l’une par le présidial de Tours, l’autre par le prévôt d’Angers, la troisième par le lieutenant criminel de Saumur6. Quatre ans plus tôt, en 1589, les magistrats parisiens, réfugiés en Touraine après les barricades parisiennes, avaient jugé, en appel, à Tours, 14 accusés de sorcellerie. Ils avaient demandé au médecin d’Henri III, Pigray, de leur faire un rapport sur ces prévenus et avaient suivi les conclusions de ce rapport : considérant que les 14 étaient seulement « dépravez en leurs imagination », la cour avait, en effet, décidé l’acquittement7.
6Aux confins de la Touraine, quelques procès de cette époque ont été conservés pour le Berry. Il s’agit, d’abord d’un procès fait en appel devant le Parlement de Paris, au printemps 1583, à « diverses personnes de la châtellenie de Beaujeu », entre Bourges et Sancerre8, et de la transcription et de l’édition, entre autres affaires, par un avocat en Parlement, Jean Chenu, de deux procès qu’il avait jugés, comme bailli de Brécy, dans la même région en 1616-16199.
7Le premier procès commencé en décembre 1582 est terminé en appel au mois de mars 1583 par la confirmation des condamnations prononcées par le bailli. Il s’agit, au départ, d’une affaire de possession : Bernard Girault, un adolescent de 12 à 13 ans, était « gravement tourmenté des malins esprits ». Alerté par la rumeur publique le bailli de Beaujeu, Pierre Ragu, interrogea le jeune homme qui accusa deux habitants du village de l’avoir ensorcelé. Le texte du procès montre l’intervention active de la population : « le bruit commun est que lesdits esprits malins qui le tourmentent ont été mis en son corps par l’opération d’un nommé Étienne Girault… », ou bien : « nous avons trouvé [à Beaujeu] une grande multitude de peuple disant tous par acclamation populaire que c’était ledit Étienne Girault et Jean Tabourdet qui avaient mis le diable au corps dudit Bernard Girault, nous requérant en vouloir faire justice… et nous ont dit que, de peur que les dessus dits s’évadassent ils les avaient pris et menés dans ledit chastel [de Beaujeu]10 ». Interrogés par le bailli, les deux accusés dénoncèrent d’autres villageois. Tous avouèrent pacte diabolique et participation au sabbat. Les six prévenus « convaincus du crime de sorcellerie et de lèse-majesté divine » furent condamnés à être pendus puis brûlés et l’appel interjeté par deux d’entre eux devant le Parlement de Paris fut rejeté. Le second procès part de l’accusation portée contre un habitant de Sainte-Solange, près de Brécy, Barthélémy Minguet, d’avoir rendu « comme insensé » le plaignant en jetant de la poudre dans sa nourriture (il l’avait par la suite guéri en lui donnant un potage). Le bailli de Brécy, Jean Chenu, donne une relation fragmentaire du procès qui ressemble beaucoup au premier par l’aveu et la dénonciation d’autres personnes. Comme dans la première affaire il y est beaucoup question du « bruit commun ». Les six condamnés par Chenu firent appel et le parlement commua la peine pour deux d’entre eux en bannissement de la châtellenie de Brécy et amende11.
8Ces procès nous renseignent d’abord sur la mentalité des juges et la « procédure infaillible ». Je n’insiste pas sur ce point qui est bien connu, notamment par la thèse de Robert Mandrou12. Comme leurs contemporains lorrains, les accusés décrivent leur prise de contact avec le diable, l’apparence de ce dernier, leur participation au sabbat, tenu, toujours de nuit, dans des « carrois », c’est-à-dire des carrefours13 et les maléfices dont ils sont les auteurs.
9Plus intéressantes sont les indications relatives aux tensions internes à la communauté villageoise. Le « bruit commun » nous l’avons vu se déchaîne contre un bouc émissaire : ainsi, lors du procès de 1616, Jacquette Saddon, femme d’un laboureur, relaxée par le Parlement, avait été condamnée par le bailli « ores qu’elle n’eut confessé » en raison des « marques » trouvées sur son corps mais aussi parce qu’« elle était diffamée de sortilège par bruit commun, que tous les témoins ouys ès charges et informations la réputaient pour sorcière14 ». Les accusés sont parfois en conflit d’intérêt avec leurs accusateurs : Jacquette Saddon dont l’élevage ovin périclitait alors que celui de son voisin prospérait est accusée d’avoir fait mourir par sortilège les deux-tiers des moutons de ce rival heureux. Dans l’affaire de 1582, le beau-père de l’enfant maléficié habitait dans une métairie qui avait appartenu au père de l’un des prétendus, sorciers, Jean Tabourdet, qui avoua que le diable lui avait promis de l’argent pour racheter cette terre tandis que Jean Cahouet, un autre des accusés, était en conflit pécuniaire avec plusieurs villageois. Ce Cahouet était un laboureur aisé, jalousé – « haï d’un chacun » disent certains témoins, en discorde avec ses voisins pour des questions d’intérêt et qui l’avait toujours emporté, suscitant d’inexpiables rancunes15. Comme en Nouvelle-Angleterre, un peu plus tard, une affaire de sorcellerie peut servir à régler les conflits locaux en permettant à tous de prendre leur revanche – c’est-à-dire ainsi que le souligne fortement Gabor Klaniczay, les humbles, les pauvres, les faibles contre les puissants, les riches, les forts16.
10Il faut également, bien sûr, situer ces procès dans la conjoncture, politique, économique et religieuse, générale : crise des guerres de religion, tensions sociales suscitées par la « Renaissance malthusienne » chère à Emmanuel Le Roy-Ladurie. Le procès de 1582 se situe au milieu de la crise politique qui ensanglanta la France de 1562 à 1598 mais, en 1616, les guerres dites de Rohan n’ont pas encore commencé. Au point de vue économique, tels des accusés de 1582 se plaignent de manquer d’argent pour acheter du blé. Enfin, si à la fin du xvie siècle et même en 1616, la réforme pastorale n’est qu’amorcée, il est intéressant de noter, dans les deux cas, la proximité de la place protestante de Sancerre. C’est sur une autre « frontière de catholicité » à Loudun, que devait se produire le drame suscité, en 1632, par la possession des ursulines.
11Dans les procès berrichons, la possession diabolique était apparue avec l’affaire de Bernard Girault mais, à la même époque, dans la région se déroulèrent un certain nombre d’affaires qui eurent un retentissement national et contribuèrent à la « crise du Satanisme » étudiée par R. Mandrou. Je me contenterai de les situer.
12C’est d’abord en 1598, l’affaire Marthe Brossier, fille d’un marchand ruiné de Romorantin, en Sologne, non loin de Bourges (dans la région où s’était déroulé le procès de 1582). Celle-ci accusa sa voisine de l’avoir ensorcelée et tandis que l’accusée se défendait déclarant que Marthe « hors d’espoir d’être mariée (par manque de dot) en serait venue toute frénétique », la famille Brossier faisait organiser des exorcismes dans divers sanctuaires de la région (Notre-Dame de Cléry, les Ardilliers, près de Saumur, puis à Paris). À cette occasion la prétendue possédée dénonçait les protestants comme complices de Satan ce qui mettait en péril la récente paix religieuse. Henri IV demanda au médecin Marescot d’établir qu’il ne s’agissait pas d’une véritable possession. Finalement, le Parlement de Paris décida, à la requête du procureur du roi, de renvoyer Marthe à Romorantin d’où ses protecteurs l’emmenèrent à Rome où elle finit sa vie dans un couvent17.
13Un peu plus tard, de 1632 à 1634, c’est la fameuse affaire de Loudun aux confins du Poitou et de la Touraine. Sur le modèle des drames survenus à Aix-en-Provence en 1609 (dénonciation d’un prêtre par une religieuse d’Aix qui l’accuse d’être cause de sa possession et exécution de ce prêtre, Gaufridy) et à Nancy en 1621 (supplice d’un médecin à la suite des dénonciations d’une prétendue possédée, Elisabeth Ranfaing), la prieure des ursulines de Loudun, Jeanne des Anges, accusa le curé de Saint-Pierre, Urbain Grandier, de l’avoir ensorcelée ainsi que sa communauté. Comme dans l’histoire de Marthe Brossier, mais en sens inverse, le pouvoir royal intervint activement parce que Grandier était un adversaire du cardinal de Richelieu et poussa à la condamnation. Les exorcismes publics des ursulines donnèrent lieu à des scènes scandaleuses, attirant une nombreuse assistance. Les controverses suscitées par cette affaire devaient puissamment contribuer à la mise en cause, en France, des procès de sorcellerie. Je n’insisterai pas sur cela qui est bien connu18, me contentant de restituer le retentissement de la tragédie de Loudun dans la Touraine voisine où se produisit une contagion satanique. Il s’agit, cette fois, non plus de nonnes mais de laïques. De jeunes paroissiennes de Saint-Jacques de Chinon, plus ou moins influencées par leur curé, Pierre Barré, (d’autant plus prompt à voir partout l’action de Satan qu’il avait été exorciste à Loudun) se déclarèrent possédées, en mai 1634, quatre mois avant l’exécution d’Urbain Grandier. Elles se dirent victimes de ce dernier mais aussi de divers notables de Chinon dont un médecin, Quillet. Le schéma qui avait fonctionné à Aix, Nancy et Loudun allait-il se reproduire au pays de Rabelais ? Non, parce que le gouvernement royal n’avait pas, cette fois, d’intérêt dans l’affaire, que les accusés se défendirent et que l’intelligence du curé Barré n’était pas à la hauteur de ses certitudes. Le médecin Quillet, notamment, rédigea en septembre 1634 un mémoire sur les « prétendues possédées ». Ce manuscrit, mentionné par Robert Mandrou, se trouve à Paris, à la Bibliothèque nationale où je l’ai consulté. C’est un texte émouvant – si l’on songe à ce qui menaçait son auteur – et aussi, habile : il y présente le curé Barré comme un pieux imbécile « Monsieur Barré, prebtre réputé depuis longtemps aussi sainct comme il est apparu depuis quelques mois simple et crédule, produit en cette ville de Chinon pour possédées de pauvres filles du peuple, toutes de sa paroisse qui n’ont encore depuis tant de jours qu’il les montre faict voir ny en leurs paroles, ny en leurs actions aucun effet surnaturel mais plutôt une prodigieuse impiété et malice19 ». Quillet ajoute que, sur les huit filles soumises aux exorcismes, seulement deux ont persisté à se dire possédées et toutes deux avaient assisté aux exorcismes de Loudun. Les exorcismes sont ridicules : les diables ne comprennent le latin que s’il est proche du français et Quillet de relever toute une série de contresens (par exemple à la question « Quis erat praeses ? » – au sabbat – les filles répondent « non il n’était pas présent », confondant présence et présidence). Les accusations sont grotesques : par exemple Quillet a quitté Montpellier depuis cinq ans or, les « possédées » déclarent qu’il y a fait pacte avec Léviathan il y a quatre ans… Même si son auteur jugea prudent de s’exiler quelque temps en Italie, ce texte contribua assurément à l’effondrement de cette tentative de rouvrir un théâtre satanique à l’instar de celui de Loudun, en particulier après la comparution des possédées devant la commision ecclésiastique, réunie à Bourgueil, en novembre 1634, sous la présidence d’Alphonse de Richelieu, cardinal, primat des Gaules et frère du premier ministre. Les filles, paralysées par la présence des prélats, restèrent muettes et le curé Barré incapable de rompre le prétendu « pacte de silence » imposé aux filles par les démons se ridiculisa en déclarant par serment que la possession était aussi réelle que la présence du Christ dans l’Eucharistie20. Après trois années marquées par de nouveaux exorcismes et des dénonciations suscitant des plaintes en justice des accusés, l’affaire fut liquidée par l’archevêché de Tours qui obligea Barré à se retirer dans un couvent et fit interner les principales possédées. À la commission de Bourgueil avait participé, avec les évêques d’Angers et de Nîmes, Léonor d’Estampes de Valençay évêque de Chartres. Ce prélat, également abbé de Bourgueil, était un évêque de Cour, homme de confiance de Richelieu mais il fut aussi dans son diocèse un évêque réformateur21. Si je m’arrête un instant sur cette personnalité intéressante c’est qu’il a pris position nettement sur la sorcellerie populaire, dix ans plus tard, alors qu’il était devenu archevêque de Reims. C’est un texte passionnant que celui où le prélat, s’adressant au chancelier Séguier, démonte clairement les mécanismes de psychologie collective qui conduisent à la dénonciation de prétendus sorciers et au déchaînement panique de la violence populaire, entraînant ceux que Léonor d’Estampes appelle avec mépris « les petits juges subalternes ». Il attire l’attention du chef de la justice sur les causes de ce qu’il qualifie d’abus et de désordres : « C’est un prétexte duquel se servent ceux qui désirent venger leurs passions ou qui veulent impunément s’emparer du bien de leurs voisins. » Il préconise comme remède l’intervention d’un commissaire royal22.
14Voilà donc un évêque réformateur dont la pastorale fut marquée par la lutte contre les pratiques qu’il jugeait superstitieuses23 mais qui, bien loin de considérer la chasse aux sorcières comme un aspect évident de la lutte pour « remodeler le fidèle », estimait « de [sa] conscience et de [son] devoir » de le faire savoir en haut lieu…
15Cette évocation de la personnalité de Léonor d’Estampes m’amène pour finir à souhaiter la multiplication des éclairages sur le théâtre de la sorcellerie. Bien sûr, l’enquête ethnographique, la considération de l’arrière-plan économique, social, religieux des procès de sorcellerie mais aussi l’utilisation d’autres « discours » sur le sujet : correspondances, pamphlets – je pense par exemple aux opuscules accusant le roi Henri III et son entourage de s’adonner à la sorcellerie24. Je pense aussi, dans un domaine qui m’est plus familier, aux procès-verbaux de visites pastorales. L’atlas de la Réforme pastorale en France de 1550 à 1790 fait à partir du Répertoire des visites pastorales donne un matériau précieux à cet égard puisqu’il repère les séries de ces documents où il est question de sorcellerie25. En dehors même des séries, ce type de document véhicule parfois le discours oral des assistants à la visite : ainsi, en 1640, nous apprenons qu’un curé beauceron avait refusé d’administrer les derniers sacrements à une de ses paroissiennes lui disant « qu’elle estoit une vieille sorcière et qu’il luy falloit plustost mettre le feu au cul26 ».
16Je pense que cette multiplication d’éclairages nous aidera à mieux comprendre ce phénomène. Il ne faut pas se hâter d’avoir une théorie générale des vagues de satanisme. Au contraire, une étude critique du discours historiographique sur cette question nous aidera à dégager les présupposés des uns et des autres. À cet égard, je prendrai comme exemple un travail mené à l’université de Tours sur L’historiographie de Jeanne des Anges, la supérieure des ursulines de Loudun27 : le discours médico-historique sur cette affaire reflète les préoccupations contemporaines. Au xviiie siècle et à l’époque romantique, le refus de l’enfermement monastique conduisit les auteurs à une explication naturaliste : la « possession » prétendue est le reflet des troubles sexuels suscités par une réclusion contraire à la nature. À la fin du xixe siècle, les historiens disciples de Charcot expliquent exclusivement le phénomène par l’hystérie tandis qu’au xxe siècle intervient une approche psychanalytique… mais au terme de cette réflexion, il apparaît que l’étude de la possédée a été essentiellement menée par des hommes et a privilégié le cas des deux victimes de Jeanne des Anges, Grandier brûlé à cause d’elle, Surin malade à cause d’elle…
17On peut essayer sur nos documents toute une série de grilles explicatives : marxiste, psychanalytique, girardienne (il est évident que les théories de René Girard sur le bouc-émissaire et le mimétisme d’appropriation sont très utiles pour approcher des motivations des sorciers et de leurs accusateurs). Elles sont toutes utiles. Il suffit de n’être pas réducteur et de se comporter comme l’un des héros d’Arthur Koestler, conscient de la vérité relative des unes et des autres :
Enfant, j’avais un jouet curieux. C’était un papier couvert d’un enchevêtrement de très minces lignes bleues et rouges. On n’y distinguait rien. Mais en le couvrant avec un morceau de papier de soie rouge on faisait disparaître les lignes rouges du dessin et les lignes bleues formaient une image : c’était un clown dans un cirque, tenant un cerceau avec un petit chien qui y sautait. Et si l’on couvrait le même dessin avec un transparent bleu, un lion rugissant apparaissait chassant le clown à travers l’arène. On peut faire cela avec n’importe quel homme vivant ou mort.28
18Alors, bien sûr, la solution c’est d’utiliser les deux calques car « le clown et le lion sont tous les deux là entremêlés dans le même dessin… ». En France, il reste beaucoup à faire pour éclairer totalement les phénomènes sataniques. Il est légitime de les rapprocher avec prudence des conséquences de certains aspects de l’acculturation post-tridentine et de la présence des frontières religieuses. Il est nécessaire aussi de nourrir notre réflexion d’une comparaison avec les recherches menées dans d’autres pays d’Europe29. Ainsi petit à petit cette histoire pleine de bruit et de fureur acquiert-elle, aussi, une signification.
Annexe
Pièces justificatives
Extraits des interrogatoires de Barthélémy Minguet (1616)
dans J. Chenu, Notables et singulières questions de droict, Paris, Nicolas Buon, 1620, p. 390-393G. M. Holop, op. cit., p. 44 bis et 75 bis.
Second interrogatoire du 28 janvier 1616
Enquis – En quel lieu se tient le sabat la dernière fois qu’il y fut ?
Réponse – Que ce fut vers Billeron à un Carroy qui est sur le chemin rendant aux Aix, paroisse de Sainte-Solange justice de céans.
E – De quelle façon il y va ?
R – Qu’il y va de son pied.
E – Comme il a advis que le sabat doit se tenir ?
R – Que c’est le diable, qui lui vient dire estant en forme de chien noir fait comme un barbet, et parle à luy en ceste forme.
E – Combien il a esté de fois depuis qu’il est marié ?
R – Qu’il n’a esté que quatre fois, et toujours au mesme endroit que celuy qu’il a ci-dessous cotté.
E – En quelle forme se met le diable estan au sabat ?
R – Qu’il ne l’a jamais vu autrement qu’en forme de barbet noir.
E – Quelles cérémonies ils observent estant audit sabat ?
R – Que le diable est en la forme de barbet noir, comme dessus est dit, se met tout droit sur les pattes de derrière, les presche, et entr’autre chose leur dit, qu’il se vengent de leurs ennemis, puis vont à l’offerte, tenant en leur main des chandelles de poix noire (Gaufridy dit que les chandelles sont du soufre et poudre), qui leurs sont données par le diable, et le baisent au nombril, que là estans quelques unslui offrent, et d’autres ne lui offrent rien, que de sa part la dernière fois qu’il y fut, il offrit une glane de froment.
E – Où il avoit pris ledit froment, et s’il l’avoit dérobé pour l’offrir ?
R – Qu’il ne l’avoit point dérobé, et que c’est celui qu’il avoit recueilly ès métives dernières.
E – Si le diable luy a commandé de faire du mal ?
R – Qu’il ne luy en a jamais parlé.
E – À quel sujet il s’est fait sorcier ?
R – Que le dit Deselle son oncle lui dit que c’estoit pour avoir de l’argent et de fait que le diable lui avait promis de luy en aider, quand il en auroit affaire, et néanmoins ne luy en a jamais donné.
E – Si estant au sabat, le diable leur commande de faire du mal, et s’il leur donne comme poudre et autre chose pour nuire, soit aux Chrestiens ou aux plantes.
R – Que jamais le diable ne luy en a parlé ny rien donné pour nuire. Puis estant pressé a dit qu’à la vérité il leur dit qu’il s’en faut venger, et leur donne des poudres pour s’en aider selon qu’ils le désirent.
E – De quelle façon le diable leur peut donner ladite poudre, veu qu’il nous a dit qu’il était en forme de chien, et par ainsi n’a point de mains pour leur distribuer ?
R – Que quand il veut donner les-dites poudres il les fait tomber en son derrière par dessus la queue, et leur fait amasser par terre, ce qu’ils font, et le diable leur dit ce à quoi il s’en doivent servir : que de sa part la dernière fois qu’il fut au sabat, le diable luy en donna qu’il luy fit amasser comme dit est, et lui dit qu’elle estoit propre pour faire languir les personnes, qu’il en a encore chez luy dans un coffre fermé a clef, et que sa femme ne sait point où elle est, que s’il estoit conduit, il nous montrerait ladite poudre qui est noire, et la mettroit entre nos mains, s’il nous plaisoit la recevoir, que jamais il ne s’est aidé de la dite poudre, si ce n’est contre le fils dudit Roullant : de faict que le mesme jour il le guérit par le moyen de ce qu’il mit encore de la même poudre dans son potage, recognoist que ce qu’il nous a dit cy-devant qu’il lui avait mis est faux, et que ce qu’il en disoit, estoit pour couvrir et cacher ce qui estoit de la vérité, de crainte de reproches en sa vie.
E – S’il prie Dieu le soir et le matin et de quelles sortes de prières il use ?
R – Que le matin en se levant il fait le signe de la croix, dit son Pater et autres prières. Quelque peu de temps après, estant par nous pressé de dire la vérité, nous a dit qu’il n’a point prié Dieu depuis qu’il va au sabat, et quand il s’est voulu mettre en prières, il a été diverty par le diable.
E – Si quand il va à la messe il regarde l’hostie, et la regardant de quelle couleur il lui est advis qu’elle soit ?
R – Que le diable leur deffend de la regarder : mais bien qu’il ne délaisse pas pourtant de la voir blanche.
E – Qu’on luy fit faire la première fois qu’il fut au sabat ?
R – Que le diable lui fit renoncer Dieu, son cresme, et son baptême se donner à lui avec promesse de ne le quitter jamais.
E – Si le diable les bat quelquefois ?
R – Que oui, mais que de sa part il n’a jamais été battu une fois, que le diable vint à lui en forme d’un homme noir monté sur un grand cheval noir, et les battit à coups de bastons, sans autre subject, sinon qu’il avait refusé d’aller au sabat.
E – Pourquoi cy-devant il nous a dit n’avoir jamais vu le diable en autre forme de barbet, et maintenant recognoit qu’il avait été en forme humaine ?
R – Qu’il ne s’en est pas remémoré.
E – Quelles personnes il a vu au lieu du sabat, outre les deux qu’ils nous a ci-dessus nommez ?
R – Qu’il n’y en a point veu d’autres. Depuis estant pressé par nous de reconnaître la vérité, a dit qu’il avait vu un dénommé Forget, qui est celui qui demeure en son même logis : y a aussi vu Sylvain Boirot de la paroisse de Farges (a depuis été pendu à Bourges par sentence du Prévost des Maréchaux) un nommé Mary Vincent de Foubary, et la femme de François Lochet, et qu’il n’en a point vu d’autres qu’il se souvienne.
E – Si lesdits cy-dessus nommez ont eu de la poudre comme luy ?
R – Qu’il ne sait, et n’y a pas regardé.
E – S’il sait que les ci-dessus nommés ayent ensorcelé quelque personne, ou bêtes, ou fait quelques dommages aux blés, vignes ou autres plantes ?
R – Qu’il n’en sait rien.
E – Si luy n’a point ensorcelé quelques autres personnes que ledit Roulland, ou fait quelque autre dommage ?
R – Que non.
E – Si sa femme a bien sceu qu’elle allat au sabat, et s’il luy a menée, et si elle est sorcière ?
R – Que quand il allait au sabat, il l’a bien dit à sa femme mais toutefois qu’elle n’est point sorcière et qu’elle n’a jamais été au sabat.
E – Si au sabat le diable a connaissance charnelle avec les femmes qui s’y trouvent ?
R – Que oui, et en présence de tout le monde.
E – Si le diable ne fait point habiter les hommes avec les autres femmes, ou bien avec les démons déguisez en femmes ?
R – Que non, et qu’il n’a rien vu de tout cela.
E – S’il sait que le diable ait eu connaissance charnelle ave la femme dudit François Locher ?
R – Qu’il n’a jamais rien aperceu.
E – Si le diable n’a pas connu charnellement la femme de lui répondant ?
R – Que non.
E – Nous lui avons remontré qu’il ne dit pas la vérité et que sadite femme a été au sabat, et qu’il a permis que le diable l’ait cognüe charnellement.
R – Qu’elle n’y a jamais été, encore qu’elle ait bien su quand il y allait, et que jamais le diable ne l’a cognüe.
Troisième interrogatoire du 28 janvier 1616
E – Si depuis qu’il est prisonnier le diable se soit apparu à luy, en quelle forme et ce qu’il lui a dit.
R – Que hier au soir, une heure après qu’il fut remis en la prison, le diable s’aparut à luy dans ladite prison en forme de petit chien noir, le menaça de ce qu’il avait confessé, luy fit défense de ne plus rien confesser, autrement qu’il le battroit : mais déclarait qu’il le renonçait et ne vouloit plus adhérer à luy et que si il pouvait être hors de prison, qu’il se délibéroit de faire ses Pâques.
E – Si depuis qu’il est sorcier et fréquenté le diable il a receu son Créateur ?
R – Qu’il n’a point passé la fête de Pâques sans ce faire, et qu’il s’est toujours confessé au curé à la fête de Pâques, mais qu’il n’a jamais dit à son Confesseur qu’il fut sorcier, ni qu’il allast au sabat.
E – Si sa femme a été au sabat ?
R – A été longtemps à songer sans respondre : enfin, pressé, a dit qu’à la vérité sa femme y a été deux fois, et que le diable l’a forcé de la mener, même l’a battue parce quelle faisoit refus.
E – S’il va souvent au sabat, et en quel lieu ?
R – Qu’il y souloit aller tous les mois, mais qu’il n’y a point été depuis six mois en ça et n’a été en autre lieu que audit Carroy de Billeron.
E – Si le diable s’est accouplé avec sa femme, et a eu sa connaissance charnelle ?
R – Que oui par deux fois audit lieu du sabat, et que quelque autrefois la nuit sadite femme estant couchée auprès de luy le diable est venu habiter avec elle.
E – Si lui étant au sabat il a eu connaissance charnelle avec une autre femme que la sienne, ou avec des démons déguisés en femmes ?
R – Qu’une fois il a habité avec la femme de François Perrin de la Grange de Farges, et non avec autres.
E – Quelles personnes il a vue au sabat ?
R – Qu’il nous dist dès hier qu’il avoit veu Mary Vincent, un nommé Forget qui demeure à son logis, Pierre Lochet et sa femme de la paroisse de Saintes Soulange, Sylvain Boirot de Farges, et ajoutant dit qu’il y a veu ladite femme de François Perrin de la Grange de Farges, Pierre Saddon hoste, demeurant au bourg de Farges, et la veuve de feu François Chaffignat, et n’a point mémoire d’en avoir vu d’autres, pour ne les point cognoistre.

Léonor d’Estampes de Valençay (1588-1651), évêque de Chartres (1620-1641) et archêque de Reims (1641-1651). [cliché BnF].
Lettre de l’Archevêque de Reims au chancelier Seguier30
Reims, le 28 juillet 1644
Monsieur,
Depuis quelques mois il s’est glissé de grands désordres en quantité de paroisses de mon diocèse, vers la frontière à cause de certaines personnes que l’on veut faire passer pour sorciers. On les maltraite, on les chasse, on les assomme, on les fait brusler et prend-on cette coustume de lier ceux que l’on a envie de soubçonner et de les jetter en l’eau et s’ils nagent au dessus c’est assez, sont des sorciers. Cet abus est si grand qu’il s’en trouve jusques à 30 et 40 en une seule paroisse ainsy faussement acusez. Je dis faussement parce qu’il en est venu à moy que j’ai confessez et à qui j’ay donné la confirmation qui sont très innocens. C’est un prétexte duquel se servent ceux qui désirent vanger leurs passions ou qui veulent impunément s’emparer du bien de leurs voisins et il leur est trez aisé dans cette persécution si généralle. J’ai cru, Monsieur qu’il était de ma conscience et de mon debvoir de vous donner advis de ces désordres qui multiplient tous les jours parce que les petits juges subalternes, sans autre forme de procez et sans prendre connaissance de cause condamnent à mourir sur simple conjecture. Vous me permettrez s’il vous plaist de vous dire qu’il seroit bien à propos d’envoier sur les lieux un commissaire maître des requêtes ou autre, sage et prudent pour prendre connaissance de ces affaires là et en user selon vos ordres et soubz votre authorité affin d’empescher ces abus et prévenir les malheures et les accidens qui en arrivent de jour à autre. J’ose vous supplier très humblement d’y avoir esgard pour le bien du public et de me croire s’il vous plaist vostre très humble et obéissant serviteur.
Léonor d’Estampes archevêque de Reims
Monitoire de l’official de Tours
non daté
(À la requête de François Devineau, maître charron)
« contre certains quidams mesdisans et malveillants qui le traitent de sorcier et prétendent que, par ses sortilèges, il fait mourir personnes et bestiaux, accusations qui font que personne ne l’emploie plus ».
Baptêmes 1610-1664
Beaumont-Village Arch. dép. Indre-et-Loire
Notes de bas de page
1 Cf. A. Dupront, Du sacré, Paris, Gallimard, 1987.
2 A. Macfarlane, Witchcraft in Tudor and Stuart England, A regional and comparative study, Londres, Routledge and Kegan Paul, 1970; R. Muchembled, Les derniers bûchers. Un village de Flandre et ses Sorcières sous Louis XIV, Paris, Ramsey, 1981. Il serait hors de propos de donner ici une bibliographie. Nous nous permettons de renvoyer à celle donnée par R. Muchembled, Sorcières, justices et société aux xvie et xviie siècle, Paris, Imago, 1987, p. 249-261 et B. P. Levack, The witch – hunt in early modern Europe, Londres, Longman, 1987, p. 238-256. La traduction française par J. Chiffoleau, Seyssel, Champvallon, 1991, comporte (p. 281-282) un supplément bibliographique.
3 Cf. G. Klaniczay, « Hungary: The accusations and the universe of popular magic », dans Early modern European witchcraft, B. Ankarloo et G. Henningsen (éd.), Oxford, Clarendon Press, 1990, p. 219-255.
4 Ainsi du livre de C. Ginzburg, Le Sabbat des sorcières, Paris, Gallimard, 1992.
5 E. Delcambre, Le concept de la sorcellerie dans le duché de Lorraine aux xvie et xviie siècles, Nancy, Société archéologique lorraine, 1948-1951, 3 volumes.
6 Cités par Maurice Foucault, Les procès de sorcellerie dans l’ancienne France, Paris, Bonvalot-Jouve, 1907, p. 319.
7 Cité par R. Mandrou, Magistrats et sorciers en France au xviie siècle, Paris, Plon, 1968.
8 BnF, ms. fr. 10973 (transcription aux Arch. dép. du Cher 3F13), partiellement utilisé par Marcelle Bouteiller, Sorciers et jeteurs de sort, Paris, Plon, 1958. Repris par Martine Holop, La sorcellerie en Berry (fin xvie–début xviie siècles), mémoire de maîtrise, Tours, 1972.
9 J. Chenu, Notables et singulières questions de droict décidées par arrests mémorables des cours souveraines de France, Paris, N. Brun, 1620. La transcription partielle est agrémentée de tout un arsenal de littérature démonologique (Bodin, de Lancre, Del Rio) et de références historiques (Grégoire de Tours, Monstrellet, du Tillet) parmi lesquelles Jeanne d’Arc : après avoir rappelé le sort de Gilles de Rais, Chenu écrit, p. 385 « Les Anglais ne firent ils par condamner Jeanne d’Arcq dite la pucelle d’Orléans par sentence du dernier mai 1430 à être brulée en la ville de Rouen comme prétendue sorcière pour avoir causé la levée du siège qu’ils tenaient devant la ville d’Orléans. »
10 M. Holop, op. cit., p. 105.
11 Ibid., p. 24 et 87. Dans son ouvrage, le bailli de Brécy s’en prend vigoureusement à cette clémence due à un retrait de dénonciation par un des co-accusés « ce misérable s’étant tant oublié que de desnier la vérité qu’il avait ingénuement reconnue devant nous ».
12 Cf. en pièce justificative, extraits de l'interrogatoire de Barthélemy Minguet cité dans le livre de J. Chenu, op. cit., p. 386. C'est un bon exemple du terrorisme idéologique exercé par les juges nourris par la lecture des démonologues sur des accusés presque tous prêts à objectiver sur le mode du commerce satanique leurs rêves, tentations ou imaginations mauvaises.
13 Comme en Hongrie, cf. G. Klaniczay, art. cit., p. 251.
14 M. Holop, op. cit., p. 109.
15 Ibid., p. 110 et 118 ; M. Bouteiller, op. cit.
16 G. Klaniczay, art. cit., p. 239; S. Boyer et P. Nissenbaum, Salem possessed. The social origins of witchcraft, Cambridge, Mass, 1974.
17 Cf. R. Mandrou, op. cit., p. 163. L’affaire donna lieu à une vive controverse marquée par l’intervention de Bérulle qui lança contre Marescot son Traité des énergumènes suivi d’un discours sur la possession de Marthe Brossier contre les calomnies d’un médecin de Paris, Troyes, s. n., 1599. Cf. P. Cochois, Bérulle et l’école française, 1963, p. 13 sq.
18 Cf. R. Mandrou, op. cit., M. de Certeau, La possession de Loudun, Paris, Julliard, 1970.
19 BnF, ms. 24163, Fidelle examen des prétendues possédées di Chinon et des plus célèbres exorcismes par Quillet docteur en médecine de la faculté de Montpellier.
20 Sur Quillet, ami de Tallemant des Réaux, cf. l’édition d’A. Adam, Historiettes, Paris, Pléiade, 1967, tome 1, p. IX, 296-298.
21 Cf. R. Sauzet, Les visites pastorales dans le diocèse de Chartres pendant la première moitié du xviie siècle. Essai de sociologie religieuse, Rome, Edizioni de storia e letteratura, 1975, p. 25-32.
22 Bibliothèque de l’institut, collection Godefroy, ms. 273 ; cité par R. Mousnier, Lettres et mémoires adressés au chancelier Séguier, Paris, PUF, 1964, tome 1, p. 636.
23 Dans la liste de « cas réservés » la magie dont L. d’Estampes donnait une définition large : ceux qui invoquent les démons, font pacte avec eux, jettent des sorts, les noueurs d’aiguillettes, les devins, Rituale Carnotense ad Romani formam expressum, Paris, 1627, p. 82.
24 Cf. M. Yardeni, « Henri III sorcier » dans les actes du colloque Henri III et son temps, R. Sauzet (éd.), Paris, Vrin, 1992, p. 57-68.
25 Cf. cartes p. 222-225 de l’Atlas de la réforme pastorale par M.-H. Froeschlé-Chopard, Paris, CNRS, 1986 et les quatre volumes du Répertoire des visites pastorales de la France. Première série. Anciens diocèses (jusqu’en 1790), D. Julia et M. Venard (dir.), Paris, CNRS, 1977-1981, 4 volumes.
26 R. Sauzet, Les visites pastorales…, op. cit., p. 363. Dans une autre région j’ai relevé, en 1611 chez les paroissiens d’un village cévenol, des plaintes contre un curé « paillard » négligent et guérisseur. Il éprouve le besoin de se justifier devant l’évêché : « Il a baillé des billets pour guérir les fièvres auxquels il ne met que paroles saintes… » R. Sauzet, Contre-Réforme et Réforme catholique en Bas-Languedoc. Le diocèse de Nîmes au xviie siècle, Paris-Louvain, Nauwelaerts, 1979, p. 91. Autre mention incidente dans un registre de baptêmes où le curé, à la fin du volume 1610-1664, transcrit, sans date, un monitoire de l’official de Tours obtenu à la requête de François Devineau, maître charron, contre « certains quidams mesdisans et malveillans qui le traitent de sorcier ». Arch. dép. d’Indre-et-Loire, baptêmes de Beaumont-Village.
27 T. Griguer, L’historiographie de Jeanne des Anges, mémoire de DEA, Tours, 1985 ; « Historiographie et médecine. À propos de Jeanne des Anges et de la possession de Loudun », Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, tome 99, 1992, p. 155-163.
28 A. Koestler, Croisade sans croix, Paris, Calmann-Lévy, 1947, p. 238.
29 C’est le sens du colloque de Stockolm en 1984, Early modern European witchcraft. Center and peripheries, B. Ankarloo et G. Henningsen (éd.), Oxford, Clarendon Press, 1990. De même le colloque Le sabbat des sorciers en Europe xve-xviiie siècles, N. Jacques-Chaquin et M. Préaud (dir.) Grenoble, J. Millon, 1993. Concernant l’Espagne, la thèse de J.-P. Dedieu, L’administration de la Foi. L’inquisition de Tolède (XVIe-xviiie siècles), Madrid, Casa de Velazquez, 1989, confirme l’extrême indulgence de ce tribunal pour les sorcières. Il en est de même pour l’Italie du sud : cf. J.-M. Salmann, Chercheurs de Trésors et jeteuses de sorts. La quête du surnaturel à Naples au xvie siècle, Paris, Aubier, 1986.
30 Cf. note 22 ci-dessus.
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