Avant-propos
Hommage à Denis Richet (1927-1989), premier historien moderniste de l’Université de Tours
p. 9-10
Texte intégral
1L’historien Denis Richet, directeur d’études à l’École pratique des hautes études, est mort subitement à Paris, le vendredi 15 septembre 1989.
2Denis Richet c’est pour moi, d’abord, le sourire et le regard chaleureux d’un collègue parisien qui accueille, dans la froide Sorbonne de 1961, le nouveau, arrivant des lointaines provinces du sud. L’amitié née au cours de ces années d’assistanat parisien devait s’approfondir lorsque, en 1966, je le retrouvai à Tours où il occupait depuis un an le poste de chargé d’enseignement d’histoire moderne. Elle persista après le départ de Denis Richet pour l’École des hautes études. Il revint à plusieurs reprises à Tours pour y faire des conférences ou participer à des jurys de thèse soit dans le cadre du département d’histoire, soit au centre de la Renaissance. Il invitait volontiers ses anciens collègues à participer aux émissions « Les Lundis de l’Histoire » qu’il animait sur France-Culture. Le 3 octobre prochain, il devait faire la conférence inaugurale du colloque international « Henri III et son temps ». Ce sera pour nous l’occasion de lui rendre hommage en lisant le texte qu’il avait préparé sur l’historiographie du dernier souverain Valois.
3La disparition brutale de Denis Richet attriste les historiens qui savent ce que leur discipline doit aux travaux de ce maître qui le fut d’autant plus qu’il refusait d’en porter le masque. Son apport à la recherche historique est considérable : outre son Introduction à la France moderne, parue en 1973, une masse imposante d’articles et de communications dont le recueil devrait être édité prochainement ainsi que son étude sur la famille Séguier. Par ailleurs, en collaboration avec son ami François Furet qu’il avait entraîné de la littérature française à l’histoire, l’ouvrage qu’il a consacré à la Révolution française (Hachette, 1965) a puissamment contribué au renouvellement de l’étude scientifique de cette période pour sa mise en cause des vieux catéchismes où l’histoire se métamorphosait en apologétique de commémoration. Les recherches approfondies sur la société parisienne au temps de la Ligue que Denis Richet a menées pendant plusieurs années ont nourri son séminaire de l’École des hautes études et inspiré les travaux d’un groupe fervent et laborieux de jeunes collègues.
4La communauté nationale et internationale des historiens est en deuil. L’affliction des historiens tourangeaux a une seconde cause : aux côtés de Philippe Vigier, Denis Richet a été l’un des créateurs du département d’histoire de la faculté des lettres de Tours, en 1965. Il y a enseigné avec beaucoup d’éclat pendant trois ans. Lumineux et érudits, ses cours portaient aussi bien sur l’histoire économique et sociale de l’Ancien Régime que sur l’histoire religieuse ou celle des mentalités. Celui qu’il professa en 1966-1967 constitue la substance de sa remarquable Introduction à la France moderne : l’esprit des institutions, publiée en 1973. Les étudiants qui ont eu la chance de bénéficier de cet enseignement en gardent un souvenir reconnaissant dont j’ai recueilli maints témoignages. Ses anciens collègues évoquent avec nostalgie le souvenir de longues discussions nocturnes dans la maison de la famille Richet à Fourchettes près d’Amboise. Nos réunions de section s’y tenaient souvent et les agapes amicales dont ce charmant domaine fut souvent le cadre m’amène à saluer en Denis Richet l’un des créateurs d’une tradition de convivialité qui ne s’est pas démentie parmi les historiens tourangeaux.
5Denis Richet était issu d’une prestigieuse famille universitaire puisque son grand-père, le physiologiste Charles Richet, fut prix Nobel de médecine en 1913. Exigeant et amical, sévère et attentif, ce grand bourgeois était d’une simplicité totale, de plain-pied avec ses étudiants, sans morgue ni démagogie. Le frère aîné de Denis Richet est mort pour la France, dans les rangs de l’armée d’Afrique, en 1944, à la bataille de Cassino et cette mort avait beaucoup marqué l’adolescence de Denis. Par l’œuvre qu’il a construite, par le rayonnement qu’il a contribué à donner à l’historiographie française, Denis Richet a aussi bien mérité de son pays. Il vit dans la mémoire fidèle et reconnaissante de ses amis.
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