Henri IV. Le roi du miracle
p. 13-25
Texte intégral
1Les thuriféraires d’henri iv ont présenté le parcours de ce prince comme une succession de moments décisifs témoignant non seulement de sa vertu et de sa valeur, mais aussi de la protection particulière que Dieu lui accordait. Les circonstances extraordinaires de son arrivée au pouvoir, le 2 août 1589, ont pu apparaître comme la preuve de sa vocation providentielle. Il était le roi du miracle, un nouveau David choisi par Dieu pour accomplir une destinée extraordinaire. Son avènement ne s’était-il pas produit devant la capitale, sur un théâtre à la vue de tous, pour que chacun puisse honorer et servir le nouveau roi, comme le proclama l’intendant de justice de Limoges dans la lettre qu’il adressa au roi à la fin du mois d’août1 ? Mais si le caractère exceptionnel de la destinée du Béarnais pouvait être célébré avec enthousiasme par quelques-uns, il n’en était pas de même de bon nombre de Français pour qui la montée sur le trône d’un prince protestant faisait figure de châtiment divin.
2Pour comprendre comment la figure miraculeuse d’Henri IV s’est construite, nous établirons la généalogie des formes de justification de son avènement. Nous verrons comment la sacralisation de la loi de dévolution de la couronne a permis de présenter le premier Bourbon comme l’élu de Dieu, puis nous analyserons le processus d’exaltation du prince comme conducteur du « peuple de Dieu », avant d’examiner les réactions immédiates à l’avènement et de rappeler combien les victoires militaires de 1589 et 1590 ont pu être interprétées comme des manifestations de la protection que Dieu lui accordait.
LA VERTU DE LA LOI FONDAMENTALE
3Henri de Navarre est devenu l’héritier du trône le 10 juin 1584, à la mort de François d’Anjou, le frère cadet d’Henri III. En vertu de la loi de succession par ordre de primogéniture masculine, ce lointain cousin des Valois pouvait désormais prétendre à la couronne. Élevé par Jeanne d’Albret dans la religion calviniste, il s’est vu contraint d’abjurer la foi de sa mère en 1572, au moment de la Saint-Barthélemy, mais il est revenu dans la communauté réformée après s’être enfui de la cour en février 1576.
4Pour les catholiques zélés, ralliés derrière le duc de Guise, l’hypothétique avènement d’un hérétique semblait une monstruosité contre nature. C’est pourquoi ils prirent les armes en mars 1585. Leur but était d’obliger le roi à revenir sur sa politique de tolérance et à reconnaître un prince catholique comme héritier. Ce mouvement était placé sous l’autorité théorique de l’oncle paternel du roi de Navarre, le cardinal Charles de Bourbon, mais celui-ci n’était qu’une marionnette aux mains des Guise, et il avait d’ailleurs bien conscience de cette situation.
5C’est dans ce contexte qu’un magistrat languedocien, Pierre de Beloy (v. 1550-1611), s’est engagé dans la défense des droits d’Henri de Bourbon2. On sait que ce conseiller au présidial de Toulouse a été stipendié à un moment par le roi de Navarre, qui lui versa de l’argent pour un traité sur la loi Salique composé en 15873. À partir de 1585, Beloy a soutenu sans relâche qu’en vertu des « loix de ceste Couronne », Henri était le seul prétendant légitime au trône. Il précisait bien que ce n’était pas le sacre qui faisait le roi, mais « la loy successive », une loi rendue inaltérable par sa vertu « naturelle4 ». Dans son entreprise d’exaltation des fondements coutumiers de la monarchie, Beloy va jusqu’à assurer que la loi Salique avait cours dès le temps de Mérovée, au Ve siècle. Il passe d’ailleurs très rapidement sur l’avènement d’Hugues Capet, qu’il serait bien en peine de justifier. En raison de son ancienneté millénaire, la loi Salique peut être présentée comme l’« expression directe de la volonté divine5 ». De fait, Beloy finit par soutenir que le roi tient son pouvoir de Dieu d’une façon immédiate : « […] nous sommes tous vivans soubs les loix d’un Monarque, qui ne tient son Royaume, son sceptre, son espée et sa Couronne, que de Dieu seulement6 ». Les royaumes ne peuvent donc être « arrachez de la main de ceux qui en sont les vrais seigneurs soit pour hérésie ou autre quelconque, pource qu’ils sont tenus immédiatement de la main de Dieu eternel, non des hommes7 ». En s’élevant contre Henri III et contre le successeur désigné par une loi approuvée par Dieu, les ligueurs se rendent coupables de lèse-majesté terrestre et divine. C’est pourquoi Beloy présente les adversaires du Béarnais non seulement comme des « ennemis de la couronne », mais également comme des suppôts de Satan8.
6Le magistrat toulousain disqualifie rapidement les fondements religieux de la prise d’armes du parti catholique en proclamant que seuls les gens « stupides et peu clairvoyans » peuvent croire que les « guerres civiles » ont pour cause « le fait de la Religion », alors que les Guise ont recours au « simulé pretexte » de la lutte contre les huguenots uniquement pour masquer leurs ambitions9. La Religion Prétendue Réformée s’évanouira d’elle-même si elle « n’est point de l’ordonnance, et selon l’establissement de la doctrine de Dieu », sans qu’il soit besoin de lui faire la guerre10. Pour mieux annihiler les arguments religieux des ligueurs, Beloy va jusqu’à soutenir que « la Republique n’est pas dans l’Église, mais au contraire l’Église est dans la Republique11 », formule qui fera horreur aux catholiques les plus zélés.
7Beloy affirme que le but des ligueurs n’est pas d’exterminer les hérétiques, mais de s’emparer de la couronne, au mépris de « la Loy Royale et Salique, qui contient la legitime succession de noz Roys, et Princes de leur sang, les uns après les autres12 ». Il fait d’ailleurs explicitement référence aux écrits de François de Rosières, un religieux de Toul qui avait publié en 1580 un volumineux ouvrage dédié au duc Charles III de Lorraine, dans lequel les princes de la maison de Lorraine étaient présentés comme les descendants des Carolingiens, ce qui revenait à contester la légitimité même des Capétiens13.
8La défense des droits du roi de Navarre s’impose par « l’amour de sa patrie » qui doit animer les bons Français face aux prétentions sournoises des princes de la maison de Lorraine. Beloy stigmatise ces dernières en faisant allusion à la foi « balafrée et corrompue » des mauvais sujets du roi14. L’allusion au duc de Guise, « le Balafré », est assez claire. Les Guise sont présentés comme des agents de l’étranger qui veulent gouverner le royaume « à la Turquesque avec une Inquisition plus detestable et dangereuse, que celle qui regne aujourd’huy souz la Tyrannie Espagnole15 ». Le magistrat reprend ici les arguments utilisés par les auteurs huguenots au lendemain de la Saint-Barthélemy, qui agitaient le spectre du despotisme ottoman et de l’intolérance religieuse ibérique.
9Beloy a payé au prix fort son soutien à Henri de Navarre, puisqu’il fut incarcéré à la Conciergerie du parlement de Paris en 1587, sur l’ordre d’un roi qui se plia alors aux demandes des Guise, avant d’être transféré à la Bastille en 1590, d’où il parvint à s’échapper l’année suivante.
LE CONDUCTEUR DU PEUPLE DE DIEU
10Les arguments du juriste toulousain ont trouvé un écho dans les écrits de Philippe Duplessis-Mornay (1549-1623), le gentilhomme huguenot qui s’est imposé dans les années 1580 comme la « plume » d’Henri de Bourbon16. De façon en apparence paradoxale, cet homme de grande culture est passé de la défense d’une théorie contractualiste dans un système de monarchie mixte, à l’exaltation de la figure du prince comme seul détenteur de la souveraineté.
11Au lendemain de la Saint-Barthélemy, Duplessis-Mornay s’est réfugié en Angleterre, avant de s’engager dans le combat du prince d’Orange aux Pays-Bas. C’est dans ce contexte qu’il a publié en 1579 un traité latin particulièrement engagé, intitulé Vindiciae contra tyrannos, qui fut traduit en français deux ans plus tard. Ce texte radicalise les arguments avancés par François Hotman dans la Francogallia et par Théodore de Bèze dans Du droit des magistrats sur leurs sujets. Ces auteurs soutenaient que la souveraineté était confiée non pas directement au roi par Dieu, mais via la délégation de pouvoir effectuée par le peuple17. L’obéissance au monarque était conditionnée par l’engagement du roi au service du bien commun, et Hotman se montrait même favorable au principe de l’élection du monarque, qu’il pensait conforme aux anciennes traditions gauloises.
12Dans cet esprit, Duplessis-Mornay a rappelé que les rois doivent être considérés comme les lieutenants de Dieu sur terre, car leur institution a une nature divine18. Pour autant, leur autorité est loin d’être absolue, car « la puissance de Dieu est infinie, celle des Rois non19 ». La désignation des monarques appartient au « peuple de Dieu » ou au « peuple et héritage du Seigneur20 », qui désigne les princes par l’intermédiaire de ses représentants, les magistrats. Comme « le corps du peuple est par dessus le Roy21 », on peut soutenir que c’est « par le peuple et à cause du peuple qu’ils sont eslevez en leurs thrones22 », ou encore que « c’est le peuple qui establit les Rois, qui leur met les sceptres ès mains, et qui par ses suffrages aprouve leur election23 ». Aussi, le « conducteur du peuple de Dieu24 » qu’est le roi, encourt-il le châtiment de la Providence et voit-il les « magistrats » du royaume, c’est-à-dire les princes, les grands seigneurs et les notables des provinces, se soulever contre lui quand il agit en tyran, c’est-à-dire quand il ne respecte plus les commandements divins et les intérêts du « public ».
13Quand Henri de Bourbon est devenu l’héritier du trône, en vertu de la loi Salique, Duplessis-Mornay a dû revoir sa position. Il s’est désormais consacré à présenter le Béarnais comme un prince du sang légitimement destiné à recevoir la couronne, conformément à la coutume successorale, comme le faisait Beloy au même moment, mais il a surtout travaillé à montrer que son maître était le plus fidèle serviteur du roi régnant. Il ne fallait laisser entendre qu’Henri de Navarre espérait succéder à Henri III, mais simplement qu’il était un prince respectueux des intérêts du royaume. Simultanément, il fallait défendre ses droits à la couronne en rappelant qu’ils reposaient sur la loi fondamentale qui constituait le socle de la monarchie. Il assurait que la prise d’armes du Béarnais, que soutenaient les princes protestants européens, ne visait aucunement à fragiliser la couronne, mais, bien au contraire, à défendre le royaume contre les usurpateurs en puissance qu’étaient les Guise.
14Dès 1583, Duplessis-Mornay s’est engagé contre les supposées prétentions des princes lorrains à la couronne de France25. Il soutenait que les Guise étaient aveuglés par « la fureur et la rage », et qu’ils s’apprêtaient à armer la « populace » pour « exterminer totalement la maison de France » et établir leur tyrannie26. Contrairement au Béarnais, qui entendait préserver la paix et l’obéissance au roi et à la loi, ils étaient animés par une « ambition indomptable et infinie27 » qui faisait d’eux des perturbateurs de l’ordre naturel et des rebelles à la volonté divine.
15Comme Beloy, Duplessis-Mornay présente le « zèle de religion » comme une simple « couverture » des ambitions des ligueurs28. Cependant, il ne se contente pas de contourner l’argument de la défense de la religion catholique, car il prend la peine de le disqualifier en se faisant le défenseur du régime de tolérance civile instauré par Henri III. Il fait siennes les idées qui avaient cours dans l’entourage de Catherine de Médicis et de ses fils, et chez les magistrats royaux de sensibilité « politique ». Jamais la guerre ne restaurera l’unité de foi, car elle fera sombrer le royaume dans « ung estat de meurtre et de sang », or c’est seulement en laissant à Dieu le gouvernement des consciences que l’on connaîtra la réunion confessionnelle. Contrairement aux ligueurs, qui en appellent avec véhémence à l’extermination de l’hérésie, Duplessis-Mornay déclare que « les consciences debvoient estre libres29 », et qu’il faut « composer les troubles du royaume par une équitable paix, qui feust convenable à la disposition presente, reservant à Dieu, qui seul regne sur les consciences, d’operer ès cœurs de ses sujects pour les réunir et ramener en une religion30 ». Ce faisant, il place la conscience du roi de Navarre dans la main de Dieu. Dans cet esprit, il va d’ailleurs jusqu’à assurer qu’Henri de Bourbon se tient prêt à se faire instruire par un concile, et il note que son maître sait que Dieu voit dans le cœur des princes31. La référence vétérotestamentaire implicite – « Comme l’eau courante, le cœur des rois est dans la main de Dieu, qui l’incline partout à son gré » (Pr XXI, 1) – se trouve également en filigrane dans l’œuvre de Beloy. Finalement, il en appelle directement à la protection divine, le roi de Navarre et ses partisans s’assurant que « Dieu benira leurs justes armes, et fera tomber sur les aucteurs de ceste Ligue, vrais aucteurs de nos misères, la ruyne qu’ils pretendent au roy, et de toute sa maison et de son estat32 ».
16Après la bataille de Coutras du 20 octobre 1587, au cours de laquelle les forces royales conduites par le duc de Joyeuse ont été écrasées par les huguenots, Duplessis-Mornay composa une Remonstrance à la France dans laquelle il présentait de nouveau le roi de Navarre comme un prince s’en remettant entièrement à Dieu : « Il se confioit en Dieu, protecteur de son droict et de son innocence33. » L’affrontement a la valeur d’une ordalie et, si le Béarnais l’a emporté, c’est parce qu’il est conduit par « une insigne providence34 ». Les succès inespérés d’Henri de Bourbon sont autant de victoires de l’innocence persécutée sur la tyrannie, de la vérité sur l’hypocrisie. La vocation providentielle du prince apparaît également dans son comportement à l’égard des vaincus, puisqu’il fait preuve d’une magnanimité évangélique, allant jusqu’à pardonner à ses ennemis35. L’insistance sur l’élection divine se faisait désormais très appuyée : « Et qu’y a il aussi de plus raisonnable, que de preferer ceulx que Dieu mesmes a preferés par le sang, par le degré, ou par la dignité ? Dieu qui a jà prejugé en son conseil tout ce procès ; Dieu qui faict tous ses œuvres par ordre, tous ses jugemens sans passion36. » Le texte s’achève sur une longue prière par laquelle Duplessis-Mornay supplie Dieu d’illuminer Henri III par la vertu de Son Esprit
pour que nous puissions bientosten bon repos, d’ung mesme cœur et esprit, chacung selon la vocation où Dieu l’a appellé, rechercher la parfaicte santé de ce royaume, la pureté et sincerité du service de Dieu, le redressement des bonnes mœurs et sainctes loix, la vraie liaison du roy avec le peuple, des superieurs à leurs inferieurs, dont depend le repos et la prosperité du roy, des subjects et de l’Estat. Amen.37
17Il fallait aussi rassurer les protestants. C’est pourquoi Henri de Navarre exprima fermement ses convictions devant l’assemblée réformée qui se tint à La Rochelle du 14 novembre au 17 décembre 1588. Il rappela aux représentants des Églises réformées qu’il avait « cest honneur d’estre appellé de Dieu à la conduicte de son peuple38 » et qu’il s’était toujours senti « vraiment appellé de Dieu à la protection de ses Églises39 ». Finalement, dans sa déclaration du 21 avril 1589, rédigée par Duplessis-Mornay, le Béarnais proclama qu’il avait répondu à l’appel divin en mettant son épée au service du roi. Catholiques et protestants pouvaient se reconnaître dans ce discours fédérateur qui plaçait l’État et ses lois au-dessus des partis et des confessions :
Comme il ait pleu à Dieu nous faire naistre premier prince du sang, et premier pair de France, que la nature enseigne à defendre son roy, la loi et le debvoir obligent à maintenir l’estat de ce royaume […]. Pour ce est il, que nous, appellé de Dieu, de la nature et de la loi, à ung œuvre si necessaire, nous sommes resoleu d’employer nos vie, moyens et pouvoir au restablissement de l’auctorité du roy, nostre souverain seigneur ; restauration de ce royaume, conservation et delivrance, en tant qu’en nous sera, de tous les bons subjects d’icelui, contre ceulx qui si ouvertement ont attenté à la personne de sa majesté, osé entreprendre l’usurpation de son royaume, et mis sur le bord d’une ruyne presque inevitable, tant de povre peuple, que Dieu par sa grace avoit uni et conservé par tant de siecles, sous les sacrées et inviolables loix de cet Estat.40
18À ceux qui menaçaient le royaume, Henri de Navarre opposait ses « justes armes » afin de défendre la patrie et ses lois, et pour discréditer définitivement les prétentions contractualistes des ligueurs, il rappelait qu’« ung roy ne peult pas souffrir d’estre degradé par ses subjects41 ».
L’APPEL DE LA PROVIDENCE
19Le jour même de la disparition d’Henri III, Henri IV prit ses quartiers à Saint-Cloud42. Sa situation précaire le portait à confirmer dans leurs fonctions les anciens serviteurs de son prédécesseur. Le nouveau souverain fit écrire aux principales villes pour leur annoncer que Dieu l’avait « appelé » à la couronne. Il dénonçait la rage et la cruauté des ennemis du dernier Valois, et promettait de ne rien épargner pour faire justice. Il faisait également part de sa volonté de suivre le conseil des princes et des principaux seigneurs du royaume, et de ne rien modifier dans l’exercice de la religion catholique43. Dans la lettre adressée au garde des sceaux, François de Montholon, qui se trouvait alors à Tours, il nota également que son avènement était l’effet d’une décision providentielle : « Dieu, qui conduict toutes choses par sa providence, en a voulu disposer et m’appeller en son lieu à la succession de ceste Couronne44. » Cela ne suffit pas à convaincre Montholon de servir un prince hérétique ; il se démit aussitôt des sceaux.
20L’un des principaux arguments utilisés par le nouveau souverain pour obtenir le ralliement des anciens serviteurs d’Henri III était la promesse du châtiment des responsables supposés du régicide. En se présentant comme un roi de justice investi d’une mission sacrée, Henri IV pouvait apparaître comme l’instrument du châtiment divin, comme il le fit savoir au duc de Nevers : « J’espere que Dieu me fera la grâce, avec tous ceulx qui luy ont esté affectionnez, comme vous, d’en faire faire une punition exemplaire45. » Cette promesse ne fit pas bouger le duc de Nevers, et ce n’est pas avant l’année suivante, et la victoire royale d’Ivry, que ce grand seigneur catholique finit par mettre son épée au service du Béarnais46.
21Charles de Valois, fils naturel de Charles IX, qui était très lié à Henri III, assure qu’Henri IV, au cours des premiers jours de son règne, ne possédait pas encore la dignité d’un roi de France : « Sa Majesté ayant plus accoustumé de faire le soldat que le roy, trouvoit de la peine à jouer ce personnage47. » Mais il place ensuite dans la bouche du monarque des paroles fortes qu’il aurait prononcées devant les seigneurs de la cour réunis à Saint-Cloud, le 3 août, après que ceux-ci eurent exigé du souverain qu’il ne bouleverse rien sur le plan religieux et qu’il se fasse instruire dans la foi catholique. Le roi leur aurait enjoint de lui obéir en leur assurant que telle était la volonté de Dieu :
Messieurs, dit-il, vous avez la memoire trop recente des dernieres volontez de monseigneur et frere, pour vous en faire ressouvenir ; aussi croy je qu’il n’y en a pas un dans cette compagnie qui veuille aller au contraire, puisque ses commandemens sont tellement attachez à la legitime succession que je possede, que ce seroit aller contre les intentions de Dieu tout puissant et vostre devoir, si aucun y vouloit contrevenir.48
22Henri IV finit par se plier aux demandes des capitaines. Par la déclaration du 4 août 1589, il se faisait le protecteur de la religion catholique, et promettait de réunir dans les six mois un concile chargé de l’instruire dans cette religion49. En échange du maintien dans leurs charges, les anciens officiers d’Henri III le reconnaissaient comme roi et lui promettaient service et obéissance. Les deux partis scellaient leur union en s’engageant à poursuivre les coupables du régicide.
23Duplessis-Mornay, qui se trouvait alors à Saumur, fut vite prévenu de ces dispositions, et il écrivit rapidement au roi pour lui faire part de son sentiment sur la situation. Il lui rappela d’abord que c’était bien Dieu qui l’avait choisi : « Dieu, qui vous a conduict par la main, sire, jusques sur le throsne, vous y asserra et establira lui mesmes. Seulement que vostre majesté recognoisse tout de lui, et rapporte toute sa grandeur à lui50. » Il conseilla ensuite de rassurer les catholiques en promettant qu’on n’innoverait pas en matière religieuse, puis d’annoncer une prochaine réunion des États généraux afin de soulager le peuple et de promettre le pardon aux ligueurs qui se soumettraient51.
24De son côté, le nouveau monarque n’avait de cesse de rappeler le caractère intangible et sacré de la loi Salique. Il soutenait ainsi que Dieu lui avait « mis le sceptre entre les mains52 » et que « c’est aux loix et non aux Rois de disposer de la succession de ceste couronne53 » :
La vraye et certaine loy fondamentalle du Royaume pour la succession d’icelluy est la salicque, qui est si saincte, si parfaicte et si excellente que à elle après Dieu appartient le premier et le plus grand honneur de la conservation d’icelluy en l’estat qu’il a si longuement duré et est encores à present. Elle est aussy si nette et claire qu’elle n’a jamais receu aulcune interpretation et exception […].54
25La conviction que le Béarnais était le détenteur légitime de la couronne fut exprimée par un certain nombre d’officiers royaux qui lui transférèrent la fidélité jurée à son prédécesseur, parce qu’à leurs yeux l’essentiel était d’assurer la continuité des institutions et de préserver le fonctionnement de l’État. Les dispositions coutumières de la succession leur paraissaient inaltérables. C’est ce que le maréchal de Matignon, lieutenant général en Guyenne, fit entendre aux magistrats du parlement de Bordeaux, qui soutenaient que la loi fondamentale du royaume ne s’appliquait pas à Henri de Bourbon depuis l’édit d’Union de juillet 1589, en raison de la religion de ce prince. Selon le maréchal, il était illicite de discuter la légitimité du monarque, parce qu’une telle discussion
estoit directement contraire à la dignité royalle, d’autant qu’il n’y a aucun interregne en cest Estat où le mort saisist le vif, et auquel les roys viennent par succession legitime, non ellectifz, prenans la function de la dignité royalle dès la mort de leur predecesseur, comme il s’est tousjours observé de temps en temps, ce qui a esté la conservation de cest Estat.55
26En revanche, du côté ligueur, l’intervention divine paraissait manifeste dans la disparition d’Henri III. Un gentilhomme du parti catholique, Claude de La Chastre, n’hésite pas à voir dans cet événement dramatique un « œuvre miraculeux de Dieu56 ». À Rome, un agent ligueur affirme avoir reçu un billet portant les mots suivants : « Le Roy a esté tué, et s’est le Roy de Navarre qui l’a faict faire ; l’on a proclamé Roy à Paris Monsr le cardinal de Borbon, et au mesme temps le Roy de Navarre s’est aussi faict appeler Roy par ceux de sa secte57. » Ce qui l’amenait à conclure que « les jugemens de Dieu sont fort profons et inscutables [sic] ».
27Les partisans du nouveau monarque travaillèrent rapidement à souligner l’élection divine du souverain. Ils dénonçaient à présent les prédicateurs de la Ligue qui en appelaient à l’élection du prince sur le modèle de la désignation providentielle des rois d’Israël, et notamment de David. C’est le cas dans le pamphlet sobrement intitulé La Contre Ligue, qui soutient que, désormais, le temps des miracles divins est achevé, car « la religion n’use plus de miracles, ny ne change point d’Etat58 ». On entrait dans le temps d’une nouvelle alliance, un temps où Dieu ne se manifestait plus par des signes effrayants puisque Sa volonté se donnait à voir d’une façon permanente à travers les gestes et les paroles du nouveau monarque. Le roi était à lui seul le miracle de la Providence.
LE DOUBLE SACRE MILITAIRE
28Incapable de s’emparer de Paris, Henri IV se dirigea vers la Normandie, où il comptait faire sa jonction avec les forces du duc de Montpensier et attendre les secours anglais et allemands. Il renonça à prendre Rouen et arriva finalement à Dieppe le 26 août 1589. C’est là, autour du château d’Arques, que son destin fut scellé, lors de combats qui se déroulèrent entre le 16 et le 21 septembre. Sully rapporte une anecdote qui témoigne de la confiance que le roi plaçait en Dieu. À un capitaine ligueur qui venait d’être fait prisonnier par les troupes royales, et qui s’étonnait de leur faiblesse numérique, Henri aurait déclaré ceci : « Vous ne les voyez pas toutes, monsieur de Belin, […] car vous n’y comptez pas Dieu ny le bon droict qui m’assistent59. » Le 21 septembre, le Béarnais restait maître du terrain après avoir repoussé la cavalerie ennemie avec une poignée de compagnons. Les pertes des ligueurs s’élevaient à trois cents morts et une centaine de prisonniers60. Le jour même, la nouvelle de la victoire fut diffusée parmi les partisans du nouveau roi61.
29Les combats d’Arques ont constitué une sorte de sacre guerrier pour Henri IV. Charles de Valois notera dans ses Mémoires qu’il s’agissait de « la premiere porte par laquelle il entra dans le chemin de sa gloire et de sa bonne fortune62 ». La Satyre Ménippée, grand pamphlet royaliste publié en 1594, ne craint pas de parler du « miracle d’Arques63 ». À l’issue de l’engagement, le roi rendit grâces à Dieu pour son succès. Les catholiques chantaient le Te Deum et les huguenots les psaumes64. Charles de Valois, qui rapporte cela, ne précise pas de quels psaumes il s’agissait, mais on sait qu’avant la bataille de Coutras les protestants avaient entonné le chant d’allégresse du psaume 118, dans la traduction française de Clément Marot :
La voicy l’heureuse journée,
Que Dieu a faite à plein désir :
Par nous soit joye démenée,
Et prenons en elle plaisir.65
30Pour un catholique « politique » comme le Parisien Pierre de L’Estoile, il ne faisait aucun doute que la Providence avait guidé le souverain à Arques, « faisant voir que ce n’est point le nombre des gens de guerre ni la puissance des armées, mais sa seule volonté qui donne les victoires à qui lui plaît66 ». Ce succès éclatant attestait la légitimité du nouveau monarque. Il entraîna le ralliement d’une partie des indécis, à commencer par le comte de Soissons, le cousin d’Henri IV, prudemment resté à Tours. Le courage et la détermination du Béarnais séduisaient les capitaines. Le maréchal de Biron fit ainsi l’éloge de ce roi « magnanime et bien avisé au fait de la guerre67 ».
31Dans la construction de l’image providentielle du monarque, le second grand moment est la bataille d’Ivry, le 14 mars 1590. Agrippa d’Aubigné, qui n’a pourtant jamais pardonné la conversion du roi, rapporte qu’Henri IV passa la nuit précédant la bataille en prière, et qu’il obligea ses hommes, protestants comme catholiques, à faire de même68. Face à cette armée unie dans sa soumission à la volonté divine, d’Aubigné présente les ligueurs comme une troupe bigarrée et superstitieuse guidée par un moine brandissant une croix de Saint-André, l’emblème de l’Espagne, avec laquelle il « faisoit de grands signes que toute l’armée voyoit, ayant promis à ses compatriotes de maudire tellement les heretiques, comme il disoit, qu’il les feroit rendre sans combat69 ». Mais le moine ne vit pas ses prières exaucées, et il finit même par jeter sa croix pour s’enfuir quand les soldats de la Ligue commencèrent à perdre pied !
32C’est après une ultime prière qu’Henri IV aurait prononcé les paroles fameuses : « Mes compagnons, Dieu est pour nous, voici ses ennemis et les nostres, voici vostre Roi : à eux. Si vos cornettes vous manquent, r’alliez-vous à mon panache blanc, vous le trouverez au chemin de la victoire et de l’honneur70. » Les effectifs étaient inégaux. Agrippa d’Aubigné donne les chiffres suivants : 2 000 cavaliers et 6 500 fantassins pour l’armée royale, contre 5 000 cavaliers et 8 000 fantassins pour la Ligue. Un occasionnel ouvertement favorable à la cause royale porte les forces ligueuses à 4 000 cavaliers et 12 000 fantassins, et propose des chiffres concordants avec ceux d’Aubigné pour l’armée du roi : 2 000 cavaliers et 6 à 7 000 fantassins71. En dépit de son infériorité numérique, la cavalerie royale se lança dans une charge furieuse qui transperça les lignes ennemies. Le duc de Mayenne, pourtant supérieur en nombre, fut bousculé par les chevaliers du roi.
33À l’issue de cette sanglante mêlée, au cours de laquelle Henri IV avait payé de sa personne, les ligueurs se replièrent en catastrophe, laissant sur le terrain environ 800 cavaliers et 1 800 piétons, mais le nombre des morts et des blessés a pu être porté à 6 000 par les récits les plus favorables à la cause royale72. La victoire d’Henri IV était totale. Pour Duplessis-Mornay, il ne fait aucun doute que si l’ennemi a reculé, c’est parce qu’il a été pris d’effroi « plustost de Dieu que des hommes73 ». À Paris, Pierre de L’Estoile ne doutait pas non plus que cette victoire était offerte par Dieu au souverain légitime, mais il notait aussi que Dieu n’entendait pas encore que le roi se convertisse à cause des péchés de ses sujets74. Les familles des compagnons d’armes du roi ne cachaient pas leur joie. C’était le cas dans la maison de La Trémoille, où la duchesse douairière de Thouars, Jeanne de Montmorency, dont le fils aîné venait de combattre à Ivry, ne craignait pas de proclamer qu’elle attendait de Dieu qu’il terrasse les ligueurs : « J’estime que c’est ung bon commancement d’espérer que ces Ligueurs ne seront pas en si hault predicament qu’ilz pensent, et croy que Dieu les exterminera75. »
34Alors même qu’Henri IV remportait des victoires qui témoignaient de ses aptitudes belliqueuses autant que de sa capacité à rassembler une partie de la noblesse militaire dans un même esprit chevaleresque dépassant les clivages religieux, certains réformés se montraient inquiets. À Saumur, Duplessis-Mornay attendait des nouvelles avec impatience : « On nous parle d’une bataille ; j’en fremis. La faveur de Dieu sur vous me confirme ; mais il faut l’aimer et se fier en lui76. » L’ancien conseiller du monarque retrouvait des accents prophétiques pour encourager son maître à s’en remettre entièrement à Dieu, tel un nouveau Moïse conduisant son peuple vers le Salut :
Je vois la prudence du monde s’estonner ; mais la providence de Dieu rasseure les siens ; vous nommeement, sire, qui avés veu la justice de Dieu en aultrui, et senti ses misericordes si sensibles sur vous. Celui en somme qui vous a conduict par les deserts, et à travers du Jordain et de mille difficultés, jusques au throsne, cache encore quelque chose qu’il veult faire pour vous, et ne nous a pas tiré le rideau de ses œuvres, pour les nous descouvrir en ung coup. Il nous fault attendre, sire, le dernier acte en patience, qui ne semble pas estre loing, veu les precedens, et qui couronnera les aultres, et vous mesmes tout ensemble.77
35Ces injonctions très éloquentes visaient à rappeler à Henri IV ses devoirs envers ses coreligionnaires. Le roi rassura Duplessis-Mornay on lui faisant savoir qu’il avait autorisé le culte réformé partout où il était passé, mais il se plaignait cependant de l’attitude des huguenots, qui ne prenaient pas en compte la complexité de la situation dans laquelle il se trouvait désormais. Il était à présent le roi de tous les Français, et non plus un chef de parti :
Cependant l’impatience de telles gens, qui ne voyent ni considerent mes actions, qui vouldroient que je bandasse l’arc de mes affaires à la corde de mes conseils, et qui vouldroient encores me donner loi en ce qui despend de l’administration que Dieu m’a commise, taschent de separer de moi ceulx avec lesquels j’ai si longuement conversé, ceulx que je pense m’estre doublement acquis, ceulx que j’aime d’ung amour paternel, et desquels la conservation ne sçauroit estre si chere à personne qu’à moi.78
36À défaut d’onction du sacre, les victoires d’Arques et d’Ivry ont pu apparaître comme la preuve de la nature providentielle de l’autorité du nouveau souverain. Dans un occasionnel paru au lendemain de la bataille d’Ivry, Henri IV est présenté comme un prince heureux conduit par la fortune, qui n’est plus ici la déesse capricieuse et inconstante qui fait de la bataille un moment où la raison n’a plus cours, mais l’auxiliaire de la Providence :
C’est son bonheur conjoinct et comme coopérant avec ceste sienne vertu, qui produisent effects si grands et si admirables, qu’ils se monstrent conduits, non seulement par les mains ou conseils des hommes, ains comme disoit un ancien en chose non dissemblable par une guide et escorte divine, et par un vent en poupe de la Fortune, qui erige trophées sur trophées, et continues victoires à d’autres victoires. C’est la volonté de Dieu, que nous devons entendre soubs nom de Fortune.79
37Il fallut malgré tout attendre plusieurs années avant que les grandes villes ligueuses n’ouvrent leurs portes. Ce fut le cas de Paris le 22 mars 1594. Un ancien adversaire du roi récemment rallié pouvait alors célébrer ces conquêtes comme autant de témoignages de la protection divine, car « si Dieu n’y met la main, et luy en donne le moyen », il est impossible au souverain de guérir un royaume souffrant de la guerre civile. La « guerrière vertu » d’Henri IV, comme sa « bonté et humanité », sont les « insignes marques requises à un grand Prince qui est touché vivement des grâces du Ciel […], ce sont œuvres du Ciel, de veoir les villes les plus tumultueuses, les plus rebelles, céder et ployer d’elles mesmes soubz vostre authorité, comme si l’aage doré devoir renaistre sous vostre regne, pour réduire vostre Royaume en sa première splendeur80 ». L’épître dédicatoire était suivie d’un sonnet exaltant la puissance absolue du descendant de Saint Louis, dans lequel on pouvait lire la formule suivante : « On ne donne la Loy ny à Dieu ny aux Roys. » L’appareil idéologique sur lequel s’est construite la victoire d’Henri IV reposait sur l’idée que le prince légitime détenait une puissance unique d’essence divine. Le travail de resacralisation de l’autorité royale auquel se sont livrés les partisans du Béarnais avait pour fin de rendre impossible la contestation des décisions du prince et de disqualifier définitivement les aspirations à la souveraineté populaire. À terme, cela devait aboutir à une sorte de transfert de sacralité en direction de l’État81. Tel fut le miracle d’Henri IV : imposer la figure d’un roi pourvu d’une puissance surnaturelle qui faisait de lui tout à la fois l’élu de la Providence, le guide du peuple chrétien et l’incarnation de la Raison, un prince à l’obéissance duquel personne ne pouvait se soustraire sans encourir le châtiment divin82.
Notes de bas de page
1 BnF, ms. Dupuy 61, fo 40 (Méry de Vic à Henri IV, Limoges, 28 août 1589).
2 Voir S. Martin, Pierre de Beloy : un paradigme du « Politique » à l’époque de la Ligue, 1580-1611, thèse de doctorat, Université Paris IV, 2007, 2 vol.
3 J.-P. Babelon, Henri IV, Paris, 1982, p. 438-439. Le traité en question est l’Examen du discours publié contre la maison royalle de France, Et particulierement contre la branche de Bourbon, seule reste d’icelle, sur la Loy Salique, et succession du Royaume. Par un Catholique, Apostolique, Romain, mais bon François, et tresfidele subiet de la Couronne de France, s.l., 1587.
4 P. de Beloy, Apologie catholique contre les libelles, declarations, advis, et consultations faictes, escrites, et publiées par les Liguez perturbateurs du repos du Royaume de France : qui se sont eslevez depuis le decès de feu Monseigneur, frere unique du Roy. Par EDLIC, s.l., 1585, fo 44.
5 M.-F. Renoux-Zagamé, Du droit de Dieu au droit de l’homme, Paris, 2003, p. 302.
6 P. de Beloy, De l’Authorité du Roy, et crimes de leze Majesté, qui se commettent par ligeurs, designation de successeur, et libelles escripts contre la personne et dignité du Prince, s.l.n.d. [1587], fo 65ro-vo.
7 Beloy, Apologie catholique, op. cit., fo 30vo.
8 Ibid., fo 2.
9 Beloy, Examen du discours publié contre la maison royalle de France, op. cit., fo 2.
10 Beloy, Apologie catholique, op. cit., fo 35vo-36.
11 Ibid., fo 163.
12 Beloy, Examen du discours publié contre la maison royalle de France, op. cit., fo 2vo.
13 F. de Rosières, Stemmatum Lotharingie ac Barri ducum tomi septem, ab Antenore, Trojanorum reliquiarum ad paludes maeotides rege, ad haec usque illustrissimi, potentissimi & serenissimi Caroli Tertii, Dicus Lotharingiæ tempora, Paris, Guillaume Chaudière, 1580. L’ouvrage comporte un arbre généalogique qui rend manifeste cette ascendance carolingienne (fo 345).
14 Beloy, Apologie catholique, op. cit., fo 4.
15 Ibid., fo vo.
16 H. Daussy, Les Huguenots et le Roi. Le combat politique de Philippe Duplessis-Mornay (1572-1600), Genève, 2002.
17 Sur la pensée des théoriciens huguenots, voir P.-A. Mellet, Les Traités monarchomaques. Confusion des temps, résistance armée et monarchie parfaite (1560-1600), Genève, 2007.
18 P. Duplessis-Mornay [attr. à], De la Puissance legitime du Prince sur le peuple, et du peuple sur le Prince [1581], trad. fr. des Vindiciae contra tyrannos [1579], A. Jouanna (éd.) et al., Genève, 1979, p. 22.
19 Ibid., p. 19.
20 Ibid., p. 21.
21 Ibid., p. 105.
22 Ibid., p. 99.
23 Ibid., p. 96.
24 Ibid., p. 21.
25 A.-D. De La Fontenelle de Vaudoré et P.-R. Auguis (éd.), Mémoires et correspondance de Duplessis-Mornay, Paris, 1824-1825, 12 vol., t. II, p. 403-418 (« Memoire contre la maison de Lorraine qui pretendoit à la couronne de France ; envoyé au roy [1583] »).
26 Ibid., t. III, p. 509-510 (« Protestation et declaration du roy de Navarre sur la veneue de son armée en France [4 juillet 1587] »).
27 Ibid., t. IV, p. 3 (« Remonstrance à la France sur les maulx qu’elle souffre, et les remedes qui lui sont necessaires [octobre 1587] »).
28 Ibid., t. III, p. 165 (« Declaration et protestation du roy de Navarre [10 août 1585] »).
29 Ibid., t. III, p. 179.
30 Ibid., t. III, p. 163.
31 Ibid., t. III, p. 179.
32 Ibid., t. III, p. 182.
33 Ibid., t. IV, p. 16 (« Remonstrance à la France [octobre 1587] »).
34 Ibid., t. IV, p. 22.
35 Ibid., t. IV, p. 24.
36 Ibid., t. IV, p. 33.
37 Ibid., t. IV, p. 33-34.
38 Ibid., t. IV, p. 274 (« Proposition du roy de Navarre en l’assemblée teneue à La Rochelle [décembre 1588] »).
39 Ibid., t. IV, p. 273.
40 Ibid., t. IV, p. 356-357 (« Declaration du roy de Navarre, au passage de la rivière de Loire, dressée par M. Duplessis [21 avril 1589] »).
41 Ibid., t. IV, p. 362.
42 N. Le Roux, Un régicide au nom de Dieu. L’assassinat d’Henri III (1er août 1589), Paris, 2006.
43 J. Berger de Xivrey (éd.), Recueil des lettres missives de Henri IV, Paris, 1843-1876, 9 vol., t. III, p. 1-3 (lettre circulaire d’Henri IV, Saint-Cloud, 2 août 1589).
44 Ibid., t. III, p. 4 (Henri IV à François de Montholon, Saint-Cloud, 2 août 1589).
45 Ibid., t. III, p. 7 (Henri IV au duc de Nevers, Saint-Cloud, 2 août 1589).
46 A. Boltanski, Les Ducs de Nevers et l’État royal. Genèse d’un compromis (ca. 1550-ca. 1600), Genève, 2006.
47 Mémoires du duc d’Angoulême, in M. Petitot (éd.), Collection complète des Mémoires relatifs à l’histoire de France, Paris, 1824, t. XLIV, p. 536.
48 Ibid., p. 540-541.
49 F.-A. Isambert (éd.), Recueil général des anciennes lois françaises, Paris, 1821-1833, 29 vol., t. XV, p. 4-5.
50 La Fontenelle, Mémoires et correspondance de Duplessis-Mornay, op. cit., t. IV, p. 391 (Duplessis-Mornay à Henri IV, [Saumur], 10 août 1589).
51 Ibid., t. IV, p. 393-398 (« Mémoire des affaires generaulx pour le service de sa majesté, tant dedans que dehors le royaume, qui lui feut envoyé par M. Duplessis apres la mort du roy Henry III »).
52 AN X1A 8640, fo 86vo (lettres patentes données au camp devant Le Mans le 28 novembre 1589, enregistrées au Parlement le 12 décembre 1589).
53 AN X1A 8640, fo 110 (lettres patentes données à Chartres le 29 janvier 1593, enregistrées au Parlement le 28 février 1593).
54 Ibid.
55 BnF, ms. Dupuy 61, fo 36vo (Matignon à Henri IV, Bordeaux, 18 août 1589).
56 BnF, ms. Fr 3419, fo 93 (Claude de La Chastre au duc de Nevers, Paris, 8 août 1589). Pour l’analyse des premières réactions au régicide, voir N. Le Roux, « Le traumatisme et l’espérance. Les premières réactions à la “prodigieuse et monstrueuse mort” d’Henri III », Temporalités 5, « L’Événement tragique aux époques moderne et contemporaine. Définitions, représentations », 2009, p. 61-78.
57 BnF, ms. Fr 3413, fo 126vo (lettre adressée à l’abbé d’Orbais, Rome, 23 août 1589).
58 La Contre Ligue et Responce à certaines lettres envoyées à Messieurs de Renes par un ligueur se disant seigneur de la Valée du Maine et gentilhomme de la suite de feu Monsieur de Guyse, s.l., 1589, p. 13, cité par Fl. Buttay-Jutier, « Le bonheur de l’héritier. Fortuna et la revendication d’une légitimité d’élection à la Renaissance », in C. Péneau (dir.), Élections et pouvoirs politiques du VIIe au XVIIe siècle, Pompignac, 2008, p. 391-404 (p. 400).
59 Sully, Les Œconomies royales de Sully, D. Buisseret et B. Barbiche (éd.), Paris, 1970-1988, 2 vol., t. I, p. 225.
60 BnF, ms. Fr 15591, fos 112-113 (discours sur la rencontre advenue entre Arques et Dieppe, en septembre 1589).
61 BnF, ms. Fr 4716, fo 40vo (Dunes au duc de Nevers, s.l., 21 septembre 1589).
62 Mémoires du duc d’Angoulême, op. cit., p. 562.
63 Satyre Ménippée [1594], E. Tricotel (éd.), Paris, 1877-1881, 2 vol., t. I, p. 29.
64 Mémoires du duc d’Angoulême, op. cit., p. 576.
65 A. d’Aubigné, Histoire universelle, A. Thierry (éd.), Genève, 1981-2000, 11 vol., t. VII, p. 134 ; Octante trois Pseaumes de David, mis en rime françoise : a scavoir quaranteneuf par Clement Marot, avec le Cantique de Simeon & les dix commandemens : et trente quatre par Theodore de Besze. Avec six Pseaumes traduictz de nouveau par ledictde Besze, Genève, J. Crespin, 1554, p. 181. Voir J.-M. Constant, Henri IV, roi d’aventure, Paris, 2010, p. 109.
66 P. de L’Estoile, Journal de L’Estoile pour le règne de Henri IV et le début du règne de Louis XIII (1589-1611), L.-R. Lefèvre et A. Martin (éd.), Paris, 1948-1960, 3 vol., t. I, p. 25.
67 S.H. Ehrman et J.W. Thompson (éd.), The Letters and Documents of Armand de Gontaut, baron de Biron, marshal of France (1524-1592), Berkeley, 1936, 2 vol., t. II, p. 464-469 (Biron à Buchon, Écommoy, 27 novembre 1589).
68 Aubigné, Histoire universelle, op. cit., t. VIII, p. 165.
69 Ibid., t. VIII, p. 165-166.
70 Ibid., t. VIII, p. 170.
71 Aubigné, Histoire universelle, op. cit., t. VIII, p. 168 ; Discours veritable de la victoire obtenue par le Roy, en la bataille donnée près le village d’Ivry, le quatorziesme de Mars, 1590. Plus la desfaite des Ligueurs, tant en Auvergne qu’en Gascongne, au mesme temps, Lyon, G. Jullieron et T. Ancelin, 1594. Voir H. Drévillon, Batailles. Scènes de guerre de la Table ronde aux Tranchées, Paris, 2009 [2007], p. 102.
72 Aubigné, Histoire universelle, op. cit., t. VIII, p. 172 ; Discours veritable de la victoire, op. cit.
73 La Fontenelle, Mémoires et correspondance de Duplessis-Mornay, op. cit., t. IV, p. 475 (« Mémoire de M. Duplessis de ce qui se passa, tant pour le général que pour son particulier, à la bataille d’Ivry »).
74 L’Estoile, Journal, op. cit., t. I, p. 39.
75 P. Marcheray et H. Imbert (éd.), Lettres missives originales du seizième siècle (100 de femmes et 200 d’hommes) tirées des archives du duc de La Trémoille, Mémoires de la Société de statistique, sciences, lettres et arts du département des Deux-Sèvres, 2e s., t. XIX, 1881, p. 333 (Jeanne de Montmorency, duchesse de Thouars, à Monsieur Rouhet, Berrie, 18 mars 1590). Jeanne de Montmorency, fille du connétable de Montmorency, était veuve de Louis III de La Trémoille, duc de Thouars, depuis 1577, et mère de Claude de La Trémoille (1566-1604), qui s’était converti au calvinisme à l’âge de vingt ans.
76 La Fontenelle, Mémoires et correspondance de Duplessis-Mornay, op. cit., t. IV, p. 409 (Duplessis-Mornay à Henri IV, [Saumur], 22 septembre 1589).
77 Ibid., t. IV, p. 411 (Duplessis-Mornay, du camp d’Étampes, 7 novembre 1589).
78 Ibid., t. IV, p. 430 (Duplessis-Mornay, du camp d’Étampes, 7 novembre 1589).
79 Advis d’un Francois à la noblesse catholique de France, sur la remonstrance d’un Ligueur, auquel le devoir des Catholiques, à la mémoire du feu Roy, et envers le Roy à présent régnant, ensemble la conjuration de la Ligue contre l’Estat, ses traitez et alliances avec l’Espagnol sont déclarez, Tours, J. Mettayer, 1590, p. 8, cité par Buttay-Jutier, « Le bonheur de l’héritier », art. cit., p. 401.
80 J. d’Apchon, baron de Saint-Germain, L’Irenophile. Discours de la paix, contre l’injustice, les desordres, la cruauté, et rebellion des guerres civiles, Lyon, B. Rigaud, 1594, épître « Au Roy Tres-Chrestien de France et de Navarre ».
81 M. Gauchet, « L’État au miroir de la raison d’État : la France et la chrétienté », in Y.-C. Zarka (dir.), Raison et déraison d’État. Théoriciens et théories de la raison d’État aux XVIe et XVIIe siècles, Paris, 1994, p. 193-244.
82 D. Crouzet, Les Guerriers de Dieu. La violence au temps des troubles de religion, vers 1525-vers 1610, Seyssel, 1990, 2 vol., t. II.
Auteur
Université Paris XIII
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