Louise de Savoie, ses livres, sa bibliothèque
p. 235-252
Texte intégral
1Dans la dédicace de son Triumphe de Prudence, Jean Thenaud loue la « purité, excellence et abismale sagesse » de Louise de Savoie et insiste qu’elle ne désire « veoir, ouyr et avoir » autre chose que « livres, sieurs, dames et toutes gens d’honneur et vertuz1 ». Pour apprécier l’intérêt que Louise de Savoie porte aux livres, il faudra cependant examiner des indices un peu moins subjectifs que les paroles enthousiastes d’un écrivain à son service. Pour ce faire, deux types de sources sont à notre disposition : les documents d’archives et les livres eux-mêmes. Nous avons donc entrepris de scruter ces sources afin de tracer les contours de la bibliothèque de Louise de Savoie et d’appréhender ses tendances bibliophiliques. Après son décès en 1531, aucun inventaire n’a fait surface, mais sa collection, ou du moins la plus grande partie de celle-ci, est passée chez son fils et a donc été absorbée par la bibliothèque royale2. C’est grâce aux éléments du texte (dédicaces, prologues ou épilogues, acrostiches, signatures) ou aux illustrations (miniatures, armes, emblèmes) que l’on reconnaît ses livres, mais nous verrons que l’identification du propriétaire n’est pas toujours chose aisée.
2Dans l’état actuel de nos connaissances, la collection de livres que Louise a amassée personnellement comprend 86 ouvrages, tous en français à l’exception des livres d’heures. Ce chiffre équivaut à la moitié des livres que l’on trouve répertoriés en 1496, quand, après le décès de Charles d’Angoulême, on inventorie la librairie du château de Cognac ; mais il correspond plus ou moins en nombre aux collections réunies par les femmes nobles de son époque3. 58 sont des manuscrits et 28 des livres imprimés ; la proportion de 32,5 % de livres imprimés est substantielle ; 5 livres imprimés et 23 manuscrits lui sont dédicacés ; 15 livres imprimés et 13 manuscrits contiennent des miniatures représentant Madame, souvent accompagnée de son fils, moins souvent de sa fille. Ses armes sont peintes dans une vingtaine de livres tandis que ses emblèmes (comme les ailes ou l’initiale L) et ses couleurs héraldiques figurent dans plusieurs autres. Pour présenter cette collection, nous tenterons de comprendre la chronologie et la logique de sa constitution avant de nous interroger sur sa transmission.
3Nous n’avons aucune indication des lectures qui occupaient la jeune fille avant son mariage en 1488 avec Charles d’Angoulême ; et ce n’est qu’à partir de son veuvage, en 1496, que les comptes de Louise témoignent concrètement des dépenses qu’elle a faites pour des livres, ainsi que pour le vélin nécessaire à leur fabrication. C’est le scribe attitré de la dynastie, Jean Michel, qui est chargé d’aller acheter « une douzaine de peaux de vellin pour faire une heures pour Mademoiselle », sa fille âgée de quatre ou cinq ans ; « trois douzaines et demye de parchemin pour faire le livre des epistres d’Ovyde que madite dame lui fait de présent faire » et « une douzaine et demie de vellin […] pour faire heures et autres choses4 ». Les libraires de la région, Anthoine Quarré d’Angoulême ou Victor Cochon à Tours, lui vendent des livres, mais c’est le libraire parisien, Anthoine Vérard qui fournit le document le plus important de ces années, car celui-ci détaille le prix du parchemin, des miniatures et de la décoration de cinq volumes que le libraire a livrés en personne au comte d’Angoulême mais que Louise a dû régler en 1497, après la mort soudaine de son mari5.
4Ces documents sont révélateurs de plusieurs aspects de la bibliophilie de Louise. D’abord, elle « fait faire » des livres, c’est-à-dire qu’elle en commande personnellement. Les titres des ouvrages commandés témoignent de ses préférences de genre : deux livres d’heures et un manuscrit des Epistres d’Ovide, qui est maintenant considéré comme le chef-d’œuvre de sa collection6 et sur lequel nous reviendrons. Le fait qu’un des livres d’heures soit destiné à sa fille souligne sa préoccupation envers l’éducation de ses enfants, souci qui se poursuivra tout au long de sa vie. Sa collection est simultanément élargie par trois autres sources typiques : l’héritage, le don et l’achat. Les livres achetés – comme les Chroniques des Roys de France et le Miroir historial de Vincent de Beauvais – concernent l’histoire, sujet qui sera de prime importance pour son fils, mais il s’agit encore là d’une histoire vue à travers un prisme médiéval. Ces livres sont sans doute imprimés, comme ceux qu’Anthoine Vérard avait fournis à son mari, et le nombre d’imprimés dans la collection de Louise sera augmenté plus tard par les dons de ce même libraire et par d’autres éditeurs parisiens et lyonnais. La plupart de ces imprimés seront cependant à peine distincts des manuscrits, car ils sont réalisés sur vélin et peints par des artistes renommés de l’époque.
5Presqu’un an après le décès de son mari, Louise de Savoie, qui a 19 ans à peine, fait dresser un inventaire des « biens meubles appartenant à elle et mesd. srs ses enffans », et cela en présence du représentant du futur Louis XII qui s’est imposé comme co-tuteur de ses enfants7. En cette fin d’année 1496, « madame la comtesse d’Angoulême » est installée au château de Cognac depuis huit ans mais la « chambre de librayrie » où s’effectue l’inventaire correspond à la « salle de retrait de Monseigneur », tendue de serge rouge à proximité de l’ancienne chambre de Jean d’Angoulême, son beau-père8. Ce comte bibliophile avait fait réaliser une grande armoire à quatre portes et à quatre serrures ouvragées « pour mettre ses livres ». Son fils Charles, le mari de Louise, a pu faire de même. Quoi qu’il en soit, l’inventaire débute avec un livre portant deux fermoirs, aux armes « l’un de monseigneur et l’autre de madame ». Il s’agit d’un chef-d’œuvre de Boccace (BnF, ms. fr. 599), l’un des 72 livres identifiés individuellement pour leur beauté, leur format ou leur importance. Sans indiquer le titre des Cleres et nobles dames, l’inventaire précise qu’il est « escript en parchemin et à la main, historié et tourné à or et azur, couvert de veloux cramoysi9 ».
6Par ailleurs, les « histoires » contenus dans ce bel ouvrage permettent d’évoquer des femmes dans leurs espaces de lecture : la sibylle d’Érythrée (f° 18v°) prend place devant un pupitre avec des volumes à double (ou à simple) fermoir ; Demophilé (f° 2r°) est confortablement installée devant une cheminée, lisant sur une variante de pupitre mural. Les doubles fermoirs du couple se trouvent sur 25 des 72 livres énumérés – 35 % –, et ce en dépit du jeune âge de la comtesse ; mais parfois, la page de titre ne comporte en réalité que les armes de Madame. D’ailleurs, l’un des trois manuscrits provenant du père du comte comporte des fermoirs aux seules armes de Louise. L’inventaire indique déjà une nette préférence pour les livres illustrés – des 26 armoriés, 5 seulement ne sont pas « historiés ». Les fermoirs du couple se trouvant sur dix volumes imprimés après 1494, on peut penser que le comte et la comtesse les ont fait relier immédiatement avec leurs armes.
7Charles d’Angoulême, de 16 ans plus âgé que sa toute jeune épouse, avait une pratique de mécénat du livre et une petite équipe de producteurs « maison » déjà bien établies. Toutefois, à propos du manuscrit français 875 de la BnF, François Avril a bien noté qu’une rupture est perceptible lorsque Robinet Testard et Jean Michel passent au service de Louise10, conjuguant leurs efforts avec le talent d’Octovien de Saint-Gelais – membre d’une éminente famille dont la dévotion dynastique remonte au comte, elle aussi11. François Avril suit René de Maulde La Clavière en estimant que les protagonistes de cet autre chef-d’œuvre correspondent à d’« authentiques portraits ». Mais cette mise en scène des Héroïdes, datée d’entre la mort de Charles et le départ des Angoulême pour Amboise, est avant tout d’une unité impressionnante. Contenu, écriture et images se complètent et, visiblement, les multiples producteurs ont leur destinataire en tête. Plutôt que de nous arrêter sur des conjectures d’identité insolubles, examinons les images associées à l’écusson de Louise, à son monogramme et à ses couleurs héraldiques, car l’auteur et l’artiste ont dû en faire des clés de lecture.
8Ces héroïnes d’Ovide étaient loin d’être des inconnues. Certaines de ses épîtres circulaient depuis le XIIIe siècle, glissées dans le Roman de Troie. L’Histoire ancienne jusqu’à Troie ou L’epistre des dames de Grèce12. Louise aurait très bien pu se familiariser avec ces épîtres dans le manuscrit (latin) de « L’Istoire de Troye », qui figurait dans la bibliothèque de son beau-père Jean d’Angoulême. Quoi qu’il en soit, dans sa nouvelle traduction, qu’il a très vite destinée à Louise, Saint-Gelais se serait placé dans le sillon d’un compère anonyme qui avait adressé une première traduction à une grande dame – « la senechalle d’Armygnac13 ».
9Avec son Séjour d’honneur rédigé en 1489, Saint-Gelais venait de renouveler ce que Frédéric Duval appelle le « genre délibératif », en plaçant au centre de son discours un sujet pensant, chargé de réfléchir sur le sens de son trajet existentiel14. Avec les « espitres heroydes », le « je » du texte devient celui d’une femme à forte personnalité dont le destin – comparable à celui de Saint-Gelais lui-même – est semé d’embûches. Les engrenages de « fole amour » peuvent porter la narratrice à sa perte15. De manière attendue, la collection débute avec la représentation de Pénélope (f° 1r°), la plus célèbre épouse dévouée de l’histoire ; et sans surprise, son « portrait » est marqué de l’écusson de Louise (pl. XIII, fig. 88). Vers la fin du volume, lorsque ce sont trois couples qui échangent des lettres, c’est la figure d’Acontius (f° 117v°) qui attire à elle l’écusson d’Orléans-Savoie (pl. XIII, fig. 89). Seul des hommes à réclamer un mariage approuvé par la déesse Diane, il insiste sur les mœurs sans reproche de sa maison et sur l’amour qui le lie à sa chaste Cydippe (f° 124v°), représentée au lit, car promise à un autre par son père et malade d’être ainsi écartelée entre deux prétendants.
10Or, les dilemmes de certaines héroïnes sont bien plus tragiques encore. Au folio 10r°, d’énormes et sombres larmes défigurent le visage de Briséis ; Canacé (f° 58r°) tache de sang son épître, en se plantant un couteau dans la poitrine ; la main posée sur l’un des barreaux de sa prison, Hypermestre (f° 78r°) baisse son regard ; et rien n’associe ces femmes à Louise. Toutefois, pour les historiens de la littérature, c’est la reine Phèdre (f° 16v°), issue de la dynastie de Jupiter, qui est aux antipodes de Pénélope16, et, dans la représentation de Testard (pl. XIII, fig. 90), elle ose lever les yeux au moment où elle rédige son épître qui incite Hypolite à l’inceste. L’écusson de Louise est néanmoins inséré tout près de sa couronne. Quant à Phyllis (f° 5v°), destinée, comme Phèdre, au suicide (pl. XIII, fig. 91), elle est placée devant le L de Louise et, ajoutons, habillée du rouge et du blanc de Savoie. À la Renaissance, le destin des courtisans, hommes ou femmes, est sujet à la roue de Fortune. Dans leurs bibliothèques figurent de plus en plus d’ouvrages mettant l’accent sur cette conscience individuelle qui seule permettra d’éviter les écueils de la vie. Louise s’insère dans une longue tradition lorsqu’elle fait exécuter Les cleres et nobles dames de Boccace17. Mais en s’identifiant avec le nouvel esprit d’Octovien de Saint-Gelais, la comtesse d’Angoulême élève sa cour provinciale à l’avant-garde, tout en offrant à sa jeune fille, Marguerite, une superbe panoplie de femmes maniant la plume, des exemples qui ne manqueront pas de laisser leur marque sur la future écrivaine.
11L’étape suivante de la vie de Louise et de ses enfants se déroule dans le Val de Loire, où le nouveau roi Louis XII les a installés. C’est là, sans doute, qu’en 1503 Vérard situe la nouvelle image familiale (pl. XIV, fig. 92) : debout, Louise et Marguerite en surplomb regardent leur fils et frère François recevoir un bel exemplaire sur vélin du Séjour d’honneur du même Saint-Gelais, désormais décédé. De par ses rapports avec l’imprimé, Saint-Gelais – « le trait d’union entre les cours de Cognac et d’Amboise18 » – a légué aux Angoulême un beau moyen pour monter en visibilité. Aujourd’hui, on connaît, d’une part, 9 autres manuscrits illustrés de ses Epistres (la reine Anne de Bretagne en a elle aussi voulu sa copie, récemment retrouvée sur le marché19), et, d’autre part, au moins 19 éditions imprimées pendant la première moitié du XVIe siècle20.
12À la mort du comte, Vérard n’avait pas encore reçu paiement des cinq derniers livres qu’il avait lui-même transportés à Cognac, ce qui explique pourquoi le document cité plus haut contient tant de détails sur le prix du parchemin, des miniatures et de la décoration des livres ainsi que des frais de voyage du libraire. Réglée par Louise, cette facture est d’autant plus précieuse qu’elle établit de façon nette le début d’un rapport significatif entre le libraire et sa mécène.
13Dans la préface aux Epistres sainct Pol glosees, datée du 17 janvier 1507 ou 1508 et illustrée au folio 2 (pl. XIV, fig. 93), Vérard s’adresse à sa patronne et déclare avoir reçu d’elle une commande de livres : « Pour ce que sçay et bien congnois pour voir/ Que desirez de livres vous pourveoir/ Beaulx et devotz, comme de vostre grace/ M’avez escript. » Aucune commande écrite n’est connue, mais Louise a dû exprimer ses préférences et le libraire, toujours attentif, a cherché à les satisfaire par des ouvrages « beaux et dévots ». C’est ainsi que pendant les dix premières années du XVIe siècle, Vérard offrira à Louise une quinzaine d’exemplaires luxueux de ses éditions. Parmi les plus impressionnants se trouve celui de la Vita Christi, un grand folio en deux volumes dans lequel Louise est représentée à genoux devant la croix dans la miniature recouvrant la grande gravure sur bois (pl. XV, fig. 94). Une magnifique reliure aux armes d’Henri II a remplacé l’originale, mais les lacis utilisés exceptionnellement sur le nouveau décor évoquent une cordelière et rappellent ainsi les origines du livre21. La plupart des livres offerts à Louise sont cependant des ouvrages de dévotion, de format in-quarto, imprimés sur vélin et personnalisés par une miniature peinte au verso de la page de titre qui représente Louise, seule ou accompagnée de son jeune fils (pl. XV, fig. 95). Beaucoup de ces éditions ne sont pas datées, mais les éléments typographiques aussi bien que la représentation de François d’Angoulême nous permettent de les assigner à la période où Louise s’établit à Amboise. Dans la plupart de ces scènes, Louise reçoit le livre du libraire-donateur à genoux ou bien assiste avec son fils aux leçons du livre (pl. XVI, fig. 96).
14Vérard ne se limite pas aux livres imprimés, car il offre à Louise au moins trois manuscrits exécutés par ses soins. Un Poème sur la Passion (BnF, ms. fr. 1686), illustré par les 12 gravures de la Grande Passion d’Israhel van Meckenem, comporte une dédicace en vers adressée à la noble dame par son « tres humble et tres obeyssant serviteur, Anthoine Verard, libraire22 ». De même, La Vie de Nostre Dame (BnF, ms. fr. 985), dont le texte est extrait des Matines de la Vierge de Martial d’Auvergne, débute par un prologue en vers adressé à la « tres haulte dame exellante [sic] », qui est illustré par des miniatures en vis-à-vis (pl. XVI, fig. 97) : Louise avec son fils est le « reflet terrestre » de la Vierge et l’Enfant23. Si le geste de Louise imite celui de la Vierge, le bâton de François semble atteindre, à travers l’image du libraire, la mère et le fils divins. Le prologue est une version révisée de celui que Vérard avait déjà imprimé dans son édition des Vigiles de la Mort et dont il a offert un exemplaire sur vélin au comte d’Angoulême. Le manuscrit des Louenges a Nostre Dame (BnF, ms. fr. 2225) comprend des textes tirés d’une autre édition imprimée de Vérard. Il se termine par un poème construit sur l’acrostiche de son nom24. Il est illustré de plusieurs miniatures représentant une femme noble, en robe d’or et coiffe noire, à genoux devant la Vierge Marie, image typique de Louise en tant que veuve (pl. XVII, fig. 98). L’influence du libraire se fait sentir de façon moins directe aussi, car certaines miniatures du célèbre Livre des échecs amoureux moralisés d’Évrart de Conty (BnF, ms. fr. 143) « montrent que l’enlumineur [Testard] connaissait vraisemblablement les images des dieux gravées » publiés par Vérard dans sa Bible des poetes de 149325.
15Louise n’est pas la seule femme à qui Vérard a offert des livres – la reine Anne de Bretagne et sa belle-sœur Anne de France ont, elles aussi, reçu des exemplaires personnalisés par le libraire – mais, au vu du nombre de ses livres, Louise est assurément celle qui a le plus apprécié et encouragé la production de Vérard. Celui-ci, mort vers 1512, avant l’avènement de François au trône, semble avoir pressenti l’avenir et aucun autre libraire-éditeur n’aura autant sollicité Louise comme mécène. L’artiste engagé par Vérard pour peindre plusieurs scènes de présentation à Louise, le Maître de Philippe de Gueldre, a aussi exécuté la miniature d’un manuscrit anonyme de cette époque, célèbre à cause de sa représentation de Louise comme Le Compas du Daulphin, rôle qu’elle assume publiquement, dès 1505, lorsque Louis XII reconnaît François comme son futur beau-fils et successeur. L’auteur anonyme du Compas du Daulphin (BnF, ms. fr. 2285) dédie son œuvre à Louise, mère du « bel enfant […] qui de present le daulphin est nommé », lui priant de le garder « soubz [son] elle [aile] cherie ». Dans la première miniature, le jeune François, accompagné d’un dauphin, qui, merveilleusement, apparaît debout à ses côtés, tient la main de Louise qui soulève au-dessus de sa tête un immense compas (pl. XVII, fig. 99). Vérard serait-il derrière la production de ce manuscrit ?
16Pendant cette même période, la veuve commande aussi des œuvres destinées à l’éducation de ses enfants. Elle fait appel au clerc humaniste François Demoulins, qu’elle nomme précepteur de François, pour composer des ouvrages moralisants à l’intention du jeune prince. Dans son interprétation du psaume 26, Dominus illuminatio mea (BnF, ms. fr. 2088), les illustrations téméraires de Godefroy le Batave représentent François et sa mère en défenseurs de la Vraie Croix, dignes successeurs de Constantin et de sainte Hélène26. Le texte du Dialogue sur la folie du jeu (BnF, ms. fr. 1863) est renforcé par des images, dont une miniature de Louise en guise de Prudence, qui porte une robe décorée des lettres M et F, à l’intérieur de grandes initiales « L » (pl. XVIII, fig. 100). Louise se fait représenter seulement par ses armes dans Le Chappelet de vertuz ou Romant de Prudence (BnF, ms. fr. 1892), manuscrit sur papier de 50 feuillets dont l’aspect modeste le distingue des volumes plus luxueux de la collection. Dans le Traité sur les vertus cardinales (BnF, ms. fr. 12247), Louise est à nouveau représentée comme Prudence dans les miniatures peintes par l’artiste lyonnais Guillaume Le Roy, et les cinq premières lignes du texte sont disposées de façon à créer le nom de Louise en acrostiche. C’est Testard qui a exécuté les images des quatre vertus cardinales aujourd’hui collées sur le contreplat supérieur27.
17En fait, c’est le thème des vertus qui prédomine dans plusieurs ouvrages de cette époque, tel que Le Verger de doctrine (BnF, ms. fr. 1867) qui offre des conseils de comportement pour éviter les sept péchés capitaux. Le manuscrit contient une miniature (pl. XIX, fig. 101) dans laquelle Louise reçoit le livre des mains d’un religieux, auteur présumé du texte, et une cote de la collection personnelle de François Ier figure sur la feuille de garde en face du titre calligraphié. Le pain quotidien (BnF, ms. fr. 1862), malheureusement au début incomplet, fournit des prières pour la dame représentée à genoux devant la Vierge (pl. XIX, fig. 102). Dans le Louenge de nostre Seigneur de saint Bernard (BnF, ms. fr. 2284), Louise est représentée deux fois, devant le Christet devant la Trinité (pl. XIX, fig. 103). Sur un feuillet de garde se trouvent une cote de la collection personnelle de François Ier ainsi qu’un titre manuscrit qui signale la présence du livre dans la bibliothèque de Blois. Ce même genre de titre manuscrit se retrouve sur des livres imprimés de la même époque, livres sans illustration particulière mais qui correspondent aux goûts de Louise. Un exemplaire sur papier des Louenges a Nostre Seigneur, publiés par Vérard vers 1500, comporte ainsi un titre manuscrit collé sur la reliure originale en peau retournée. Lié par son contenu au manuscrit français 2285, ce livre a dû appartenir à Louise, comme le suggère la présence d’une cote personnelle de la collection de son fils. Le titre inscrit sur les tranches témoigne de la façon dont les livres se rangeaient dans la bibliothèque, à plat sur les rayons. D’autres exemples de livres de dévotion, imprimés sur papier, de taille et d’aspect modestes, reliés en peau retournée ou en d’autres matériels plus simples, avec un titre manuscrit sur les tranches, peuvent avoir fait partie de la collection de Louise, s’ils viennent de la bibliothèque royale et comportent une cote de François Ier. Un exemplaire de la Somme des vices et vertus (Paris, Anthoine Vérard, ca. 1500) correspond par exemple à ces critères, mais que dire de cet exemplaire du Manuel des dames (Paris, Anthoine Vérard, ca. 1510), avec son titre manuscrit et une cote de François Ier (fig. 104) ? S’il reste toujours des doutes sur la présence de tel ou tel exemplaire dans la collection de Louise, on trouve parfois des indices rassurants, telle cette note manuscrite dans un exemplaire des Chroniques de Froissart (Paris, Anthoine Vérard, ca. 1497) : « Pour Madame Mere du Roy. »
18Vers 1508-1509, Jean Thenaud, cordelier d’Angoulême, a composé une histoire des rois de France qu’il intitule La Margarite de France (Londres, The British Museum, Add. 13969) mais qu’il dédie à Louise. Thenaud lui présente aussi une Vie de saint Jérôme (BnF, ms. fr. 421), qui s’ouvre sur une grande miniature, dans laquelle la main de Dieu descend du ciel apparemment pour offrir le livre à Louise28. Madame s’intéresse aussi à l’astrologie, comme en témoigne un autre manuscrit (BnF, ms. fr. 2082), qui contient l’horoscope de Louise et de ses enfants pour 1510-151129. Plus tard, Gaspard Laeth lui offrira une Pronostication pour l’année 1519.
19Quant aux textes littéraires, relativement peu nombreux, ils offrent des leçons de morale et de comportement. Louis XII lui offre un Pétrarque, Remèdes de l’une et l’autre fortune (BnF, ms. fr. 224), exécuté à Rouen en 1503 et richement enluminé30. Ses armes (f° 1v°) sont soutenues de façon exceptionnelle par deux chérubins soigneusement représentés en tant que fille et garçon (pl. XX, fig. 105). Les rondeaux construits sur l’acrostiche de son nom (Écouen, MR 1815) concernent la bataille entre les vices et les vertus et, dans les illustrations, chaque vice est terrassé par une Vertu incarnée par une femme (pl. XXI, fig. 106). Deux anges soutiennent les armes de Louise. La présence de ces armes dans d’autres livres, tel un Valère Maxime (BnF, ms. fr. 2125), suggère que Louise connaissait les œuvres historiques traditionnelles de son époque. À cet égard, il n’est pas sans intérêt que, dans ses prologues, Thenaud cite les noms de « Senecque » et « Pithagoras », Ovide et Virgile et insiste sur le fait qu’elle et son fils « recueillent tous ouvrages et dons de litterature qui [leur] sont presentez31 ». Cette période d’avant 1515 se termine par une Relation des funerailles d’Anne de Bretagne dédiée à Louise (BnF, ms. fr. 5094), comme pour signifier que la voie du pouvoir est désormais ouverte pour elle et pour son fils.
20À partir de cette date, Louise s’occupe de sa dynastie et de la politique. D’après leurs préfaces, elle commande trois manuscrits à des écrivains à son service : La Vie de la Magdalene de Demoulins32, Le Triumphe des Vertuz de Thenaud33 et la Généalogie de la maison de Bourbon d’Étienne Le Blanc34. Ce dernier ouvrage est intimement lié à une affaire politique, que nous examinerons plus loin. Quant à La Vie de la belle et clère Magdalène (BnF, ms. fr. 24955), la mère du roi a sans doute demandé à Demoulins de la composer en souvenir de son pèlerinage à la Sainte-Baume, en 1516. Trouvant cette tâche « plus difficile que de prime face ne sembleroit » (f° 1v°), Demoulins avait sollicité l’aide de Lefèvre d’Étaples, comme il l’explique dans la longue préface à son Petit Livret a l’honneur de Sainte Anne (Bibliothèque de l’Arsenal, ms. 4009), mais, devant l’opposition des autorités, il demande aussi la protection de Louise de Savoie, à qui il offre le livre. Dans la préface à son Triomphe des Vertuz, Jean Thenaud affirme qu’il a osé entreprendre cette grande œuvre malgré la « rudesse de [s] on entendement » pour répondre à la commande de sa « super illustre dame35 ». Un peu plus tard, après la mort de la fille aînée de François Ier en 1519, Thenaud dédie à Louise son Epître en vers de Charles VIII à François Ier (BnF, ms. fr. 2286). Dans sa préface, il évoque la générosité du roi et de sa mère envers les auteurs36, témoignage qui est corroboré par le nombre d’ouvrages offerts à Madame.
21Parmi les plus célèbres, Les Chants royaux du puys d’Amiens (BnF, ms. fr. 145) rappelle la visite de Louise à la cathédrale d’Amiens en 1517. Frappée par les tableaux commémorant les poèmes couronnés des puys de Notre-Dame, elle « manifest [e] […] le désir d’[en] posséder une copie37 ». Les échevins de la ville décident de lui offrir un manuscrit que l’artiste Jean Pichore est chargé d’enluminer, reproduisant 47 tableaux avec leurs textes38. Le frontispice célèbre la présentation du livre à une Louise « trônant en majesté39 ». Si la commande de ce manuscrit vient des échevins de la ville, elle répond à un désir exprimé par Louise et souligne donc la volonté de satisfaire le goût d’une dame dont le pouvoir auprès du roi est reconnu.
22Louise ayant passé ses régences à Lyon, il n’est pas surprenant que des écrivains et artistes de cette ville lui dédient leurs œuvres. Symphorien Champier, médecin, historien et échevin de Lyon, lui offre un manuscrit de son Doctrinal d’un jeune prince (BnF, ms. fr. 1959) et lui dédie aussi l’édition de ses Grans croniques de Savoye, imprimées à Paris, en 1516. Le choix de forme – manuscrite ou imprimée – souligne une différence de public. Le Doctrinal, destiné à un seul prince bien qu’il soit offert à sa mère, régente et encore gardienne, ne demande donc qu’un seul exemplaire. Les Chroniques, elles, peuvent attirer un plus large public, même si elles s’inspirent de l’origine familiale de Louise et lui sont dédiées. Les ayant entreprises pour manifester son « humble service et obeyssance » à la mère du roi, Champier lui en a offert un exemplaire sur vélin dont la première miniature représente le roi, assis à côté de sa mère, comme si tous deux se partageaient le trône (pl. XXII, fig. 10740).
23Pendant sa seconde régence, en 1524-1526, Louise reçoit d’un autre écrivain lyonnais, Pierre Sala, une collection de fables, illustrée par Guillaume Le Roy. Deux manuscrits (London, BL Add. 59677 et New York, Pierpont Morgan Library, ms. 422) contiennent des miniatures emblématiques et une dédicace à Louise qui souligne leur valeur comme « passetems ». En 1529, l’écrivain angevin Jean de Bourdigné compose l’histoire de son pays, dont Louise est duchesse. Il dédie donc son Hystoire agregative des annalles et cronicques d’Anjou à la mère du roi et à « tous prelatz et nobles barons, chevaliers et escuyers, dames et damoyselles du pays d’Anjou41 ». Au centre du frontispice gravé, Louise est assise sur le trône sous les armes de France, entourée des représentants des trois États (nobles, clercs et bourgeois) et des deux héroïnes bibliques, Judith et Esther. À genoux devant Louise, l’auteur lui présente son livre. Dans l’exemplaire de dédicace, cette gravure est enluminée.
24La bibliothèque de Louise contenait un deuxième volume des Héroïdes (BnF, ms. fr. 873), fort différent du manuscrit enluminé par Testard, et produit cette fois, non à Angoulême, mais à Paris, dans le cercle de Jean Pichore. Caroline Zöhl aligne quatre exemplaires de ces Epistres parisiennes, visiblement conçues pour un public mixte, tout en constatant que, comme l’ensemble de l’œuvre de l’atelier de Pichore, leur chronologie pose problème42. De son côté, Maxime Hermant pense que le volume sur lequel Louise de Savoie a apposé ses chiffre et emblèmes « après coup », pourrait provenir de la collection de Louis XII43. Nous proposons plutôt d’y voir l’un des ouvrages ayant appartenu à la bibliothèque des Bourbon, héritée par Charles de Montpensier, puis confisquée en 152344. Ainsi pourrions-nous mieux appréhender la nature insolite des emblèmes que Louise y a surajoutés. À côté de la lettre « L » et de l’aile, toutes deux invoquées par la comtesse d’Angoulême bien plus tôt, se trouvent des « ailes de moulin » sans pareilles (pl. XXIII, fig. 108a et b). Anne-Marie Lecoq a brillamment étudié « les ailes bourboniennes de Louise », mais la signification de ces « ailes de moulin », demeure énigmatique. Ne faut-il pas y voir un rébus conçu pour indiquer que le volume provenait du fonds conservé au château ducal de Moulins ? Tentons de cerner au plus près le contexte de cette confiscation45.
25Dès 1521-1522, Étienne Le Blanc compile sa Généalogie de Bourbon (BnF, ms. fr. 5719) pour affûter la stratégie juridique qui permettra à Louise de réclamer l’héritage de sa cousine, Suzanne de Bourbon46 (pl. XXIV, fig. 109). Philippe Hamon a vu dans cette décision la suite logique d’une lutte ouverte depuis 1516, car le connétable de Bourbon, mari de Suzanne, « offre la particularité toute “féodale” de ne pas dépendre assez, financièrement et donc politiquement, du roi et de ses coffres47 ». Le séquestre des biens du connétable est décidé en août 1523, puis sa bibliothèque est inventoriée le 19 septembre suivant à Moulins. Si la saisie des terres a lieu en mars 1524, leur confiscation définitive n’intervient qu’en juillet 1527, après la mort du connétable et la fin de la captivité madrilène du roi. Au cours de ces années, la propagande royale, visant à prouver que la vraie héritière des Bourbon est Louise, s’est affinée. François Avril a envisagé une datation des environs de 1524-1525 pour la rédaction par Étienne Le Blanc d’un autre ouvrage pour Louise : les désormais célèbres Gestes de la Royne Blanche mere de sainct Loys. Et effectivement, ce doit être pendant la deuxième régence que l’auteur compile des sources historiques, parfois remaniées en vue d’insister sur les bienfaits des régences féminines48.
26Le style même de cette magnifique enluminure (pl. XXV, fig. 110) coïncide parfaitement avec cette datation tardive mais, encore plus probante, se révèle l’insistance sur les doubles ailes bourboniennes de Louise, réitérée en 1528 par un jeton de Louise (fig. 111) dans lequel son écu a désormais absorbé les armes de Bourbon49. La question bourbonnaise est au centre des préoccupations de Le Blanc. Au folio 2v° des Gestes de la Royne Blanche, il rappelle le lieu de la mort, en 1226, du père de Saint Louis, la figure clé de la stratégie de sa patronne : le château de Montpensier50. Les dictons latins et grecs insérés dans le texte, qui ont trait au temps et au destin, pourraient se référer à la lutte en cours contre le connétable, mais surtout à la captivité du roi51. Dès 1525, Le Blanc est secrétaire de Louise ; au mois de novembre de cette année, sa patronne le promeut clerc et auditeur de la Chambre des comptes. Quant à François Ier, en mai 1527, un peu plus d’un après son retour d’Espagne, il remercie Le Blanc de sa fidélité envers sa mère, en le nommant contrôleur général de l’Épargne52.
27C’est à la suite de la Généalogie de Bourbon qu’apparaît un troisième texte à la louange de Saint Louis, La Probacion, dont la rédaction par Louis Le Blanc, avec pour cible le roi Louis XII, remonte à 1498. Elizabeth Brown a comparé les Probacion du père et du fils et la Défense de Saint Louis du père ; puisque Louise de Savoie et Louis XII sont voués au même saint patron, il est facile pour le fils, préoccupé par la question Bourbon, de recycler la Probacion de son père53. En s’adressant à Louise, Étienne souligne d’emblée que « MA dame » porte « le nom de monseigneur Sainct Loys vostre progeniteur ». Puis, plus tard dans le texte, figure une énumération des reliques de la Sainte-Chapelle (présentées dans les Gestes, aussi). Brown a repéré un texte où, quelques années plus tard, la veuve de Florimond Robertet, chargée de la garde du trésor de la Sainte-Chapelle, a justifié l’absence d’une grande relique de la Sainte Croix par le fait que Louise l’avait prise pour les enfants du roi54. Or, cette intervention de Louise n’a-t-elle pas un lien avec le moment du départ des jeunes otages en 1526 ? L’étoile du très dévoué Le Blanc est toujours montante, en tout cas : le 30 juin 1527, François Ier désigne le fidèle serviteur de sa mère pour juger Semblançay55. Un mois plus tard, la confiscation des terres bourboniennes a lieu. Et, dans la foulée, la décision d’entreprendre des travaux au château de Fontainebleau est prise.
28Au folio 26 de La Probacion (BnF, ms. fr. 5719), la liste des églises fondées par « Monseigneur sainct Loys » (et « la Royne Blanche sa mere ») commence, bien sûr, par « la saincte chappelle du palais a paris ». Plus loin, apparaît également « Le convent et eglise de la saincte trinite a fontaynes blayaud en gastinois » (f° 27r°56). Notons que ce tournant majeur dans l’histoire des constructions du roi débute le 1er août 1527, non pas dans le château de chasse mais dans l’abbaye attenante57. Au XVIIe siècle, Pierre Dan insiste encore sur le fait que c’est Saint Louis, dont les liens avec Louise ont tant préoccupé Le Blanc, qui a fait bâtir ce couvent « sous le titre de la tres-Saincte Trinité », si chère à Madame. Mais le but même de cet ordre – « de la sainte Trinité & Redemption des Captifs58 » – a dû attirer l’attention de Louise, désormais préoccupée par le sort de ses petits-fils. Le 17 août suivant, dans un paiement de vitrerie fournie par le célèbre Jean Chastellain, il est question d’écussons, armoiries, devises et verrières peintes de grandes et petites histoires dans les chapelles59 ; et Louise a sûrement prévu d’y mettre en valeur son pedigree bourbonien. Par ailleurs, Dan désigne le donjon – le lieu le plus prestigieux du château – comme le « Pavillon qui porte le nom de saint Louys » et note que le « grand Roy François […] restablissant ce Pavillon y a fait mettre, ou laisser exprés le Chiffre de S. Louys, sçavoir est une grande L. qui paroist encore par le dehors dans la Cour de la Fontaine en une cheminée de ce Pavillon60 ». La lettre L renvoie aussi à Louise, bien sûr, qui y a installé son logis, pourvu d’un cabinet servi par un escalier qui communique avec le jardin. À la mort de sa mère, le roi s’empressera de faire sien ce beau logis. Mais, entretemps, le fameux devis d’avril 1528 prévoit la construction d’une galerie chargée d’établir un lien entre le logis de la reine mère et le couvent de la Sainte-Trinité61. Brown a noté que la chronologie des œuvres d’Étienne Le Blanc pose problème62. Dans la Probacion du manuscrit français 5719, il est question de la rançon de saint Louis, « accusé d’avoir ruiné le royaume pour le payement de sa rançon ». Ce thème, abordé dès 1498, aurait eu une tout autre résonance à partir de mars 152663 : dès lors, et pendant le restant de la vie de Louise, le problème énorme du rachat des fils du roi est politiquement à l’ordre du jour.
29Qu’est devenue à cette date la bibliothèque de Louise ? Nous disposons d’un Discours au roy sur le retablissement de la bibliothèque royale de Fontainebleau publié en 1668 par Abel de Sainte-Marthe qui, en 1647, grâce à la reine Anne d’Autriche, a récupéré de son père la charge de « Garde de la Bibliothèque Royale de Fontainebleau » (qui n’existait plus). Sainte-Marthe affirme que François Ier a ordonné en 1527 « l’augmentation & l’embellissement de sa Bibliotheque de Fontainebleau » ; et il continue en soutenant que le roi « la fit placer au dessus de la galerie qui porte encore aujourd’huy son nom64 ». Certes, le devis de ce bâtiment est postérieur à 1527 ; mais Sainte-Marthe a pu s’appuyer sur un document que nous ne connaissons plus. La précieuse reliure originale des Gestes de la Royne Blanche pourrait offrir un indice. Le plat inférieur est encadré de la cordelière de Louise, brodée, alors que sur le plat supérieur, Étienne Le Blanc présente son volume à Louise près de la fontaine censée avoir donné son nom à Fontainebleau (pl. XXVI, fig. 11265). La reliure daterait-elle alors de 1526-1527 au plus tôt ?
30Cette reliure associe à la fois Étienne Le Blanc, la décision d’investir dans Fontainebleau, et la mère du roi, qui n’avait pas perdu de sa puissance pendant les dernières années de sa vie. Mais, en même temps, le volume touche à la confiscation des biens des Bourbon et prend sa place dans une collection de livres fortement amplifiée, mais ne disposant toujours pas de lieu de conservation fixe. Au XIXe siècle, Théodore Lhuillier, qui connaissait le livre de Sainte-Marthe, a affirmé qu’en 1527, Louise et sa fille Marguerite avaient assimilé leurs bibliothèques à la bibliothèque royale à Fontainebleau66. L’inventaire de la bibliothèque de Blois, qu’une lettre, datée de 1530, de Marguerite attribue à Lefèvre d’Étaples67, aurait pu avoir trait à ce projet. Ainsi l’idée d’installer la bibliothèque royale au-dessus de la galerie aurait-elle existé dès l’époque de Louise, c’est-à-dire bien avant l’inventaire de 1544, bien avant son transfert effectif68.
31Le « butin de guerre » livresque que Louise et le roi ont eu des Bourbon, avec son fonds multiple, incluant les livres ayant appartenu à Charlotte de Savoie, d’autres remontant au duc de Berry et à sa fille Marie, d’autres encore aux Montpensier, était particulièrement superbe. Il complique cependant l’identification du propriétaire des livres, surtout de ces petits livres de dévotion sans marque particulière. Dans les cas de plusieurs exemplaires d’une même édition imprimée, par exemple, on distingue avec difficulté celui de Louise de celui d’Anne de France, d’autant plus que la même cote personnelle de François Ier se trouve dans plus d’un exemplaire de la même édition. On n’oublie pas qu’Anne avait la charge de Louise enfant et que leurs goûts livresques se ressemblent. À titre d’exemple, l’exemplaire sur vélin des Hymnes, publiés par Vérard vers 1500, contient une miniature, peinte au verso de la page de titre, d’une dame en robe noire devant un prie-Dieu (pl. XXVII, fig. 113). Vu sa ressemblance avec d’autres livres de Vérard préparés pour Louise – ouvrages de dévotion publiés entre 1500 et 1510, de format in-quarto, imprimés sur vélin avec une image de la patronne au verso du titre –, nous avons identifié cette dame comme Louise de Savoie69, d’autant plus que ce livre, actuellement à la BnF, comporte la cote personnelle de François Ier. Plusieurs images de la femme destinataire sont peintes sur d’autres pages, bien qu’il y ait de légères différences dans sa représentation.
32Mais un autre livre du même genre, préparé également par Vérard et comportant une cote personnelle de François Ier, semble avoir appartenu à Anne de France. L’Aguillon d’amour divine, « en molle (c’est-à-dire imprimé) et parchemin », est cité dans l’inventaire de la bibliothèque de Moulins, dressé en 1523 au moment de la confiscation par François Ier. Or, cette description correspond à un exemplaire sur vélin actuellement conservé à la BnF qui comporte une miniature au verso du titre (pl. XXVII, fig. 114). Ne s’agirait-il pas de la même personne peinte par le même artiste ? Chose curieuse, c’est Pierre Le Caron qui a imprimé l’édition, mais sa marque ainsi que le colophon ont été poncés de cet exemplaire, sans doute par les soins de Vérard70. Nous avons donc deux exemplaires imprimés sur vélin, des ouvrages de dévotion, tous les deux du même format et exécutés par Vérard, chacun ayant une cote personnelle de François Ier et une miniature presque identique d’une femme. La couleur verte du drap, qui couvre le prie-Dieu, conviendrait aux couleurs des Bourbon et la forme du corsage – en V plutôt que carré – se distingue de celle si souvent attribuée à Louise, mais ces quelques indices sont-ils suffisants pour lier ces livres à Anne de France plutôt qu’à Louise ? Un autre élément, le rideau semé de larmes qui pend derrière la dame, renforcerait son attribution à Anne. Ne serait-ce pas là une évocation du deuil d’Anne de France à la mort de son mari, Pierre de Bourbon, survenue le 10 octobre 1503, date qui correspond à la préparation de ces livres ? C’est d’ailleurs Vérard qui a publié le Temple d’honneur que Jean Lemaire de Belges avait composé en l’honneur de Pierre de Bourbon et dédié à sa veuve. Le libraire aurait sans doute trouvé le moment propice pour offrir des livres de dévotion à Anne.
33L’inventaire dressé à Moulins en 1523 n’énumère pas, parmi les 317 ouvrages, ce qui a dû paraître comme l’une des prises symboliques majeures : le manuscrit luxueux des Enseignements qu’Anne de France avait offert à sa fille Suzanne71. Ce dernier est certainement entré dans la collection royale. Toutefois, en 1535, Marguerite de Navarre a patronné sa deuxième édition, imprimée à Toulouse72. Le parcours de ce manuscrit permet d’appréhender la perméabilité d’une bibliothèque, fût-elle royale. Grâce sans doute à un don d’Henri II, les Enseignements sont passés à Diane de Poitiers – comme Louise, une parente et protégée émérite d’Anne de France73. Son passage d’Anet à Saint-Pétersbourg (Ms. Fr. F.v.XIV. 8), où le manuscrit a fini par s’évanouir, s’est fait en compagnie des Croniques du bon duc Loys de Bourbon provenant du même fonds74. Mais il y avait simultanément d’autres livres ayant appartenu à Anne de Bretagne, parmi lesquels le magnifique manuscrit des Epistres de Fausto Andrelini75, qu’Henri II a pris pour Diane, non pas à la bibliothèque de Fontainebleau, mais dans celle de Blois, et dont l’existence est attestée encore en 155676, et qui provenait de l’héritage de sa mère Claude. Il faudra aussi scruter de près le trajet de certains livres qui, grâce à l’entremise probable d’Anne d’Autriche, sont passés par la bibliothèque de Mazarin avant de rejoindre la Bibliothèque royale77.
34Deux constatations s’imposent. La dispersion de la bibliothèque de Claude de France, gardée séparément à Blois car transmise au dauphin, est un signe de la méfiance profonde qui caractérisait la reine Claude à l’égard de son royal époux78. À l’opposé, le rapport symbiotique qui a lié Louise à son « César », leurs vies durant, a fini par avoir un effet globalement bénéfique pour la bibliothèque d’un royaume qu’ils ont ensemble agrandi.
35Si divers éléments nous ont permis d’identifier des livres ayant appartenu à Louise, ils ne suffisent pas toujours à indiquer le rôle exact de sa participation à leur exécution. Il n’existe en fait que trois livres – tous les trois manuscrits – qui soient explicitement des commandes. D’autres correspondent à un désir plus général exprimé par Madame. La plupart des livres, manuscrits et imprimés, sont des « dons » offerts par des auteurs ou des éditeurs à une dame dont le rang social, le rôle politique, l’éducation et le goût promettent une récompense, sous forme financière ou publicitaire. Sa préférence va sans doute aux ouvrages d’histoire ou de dévotion : livres d’heures, traités de morale, chroniques. Assez frappant est l’absence de livres de divertissement : on ne trouve aucun roman de chevalerie, à l’exception du Lancelot en trois volumes hérité de son mari, peu de poésie, à part les chants royaux en l’honneur de la Vierge ; quant aux textes littéraires, ils semblent porter sur la morale : le Jeu des eschez moralisé, les Remèdes de Fortune, les rondeaux sur les vertus. Selon leurs titres, les ouvrages lui proposent « le Verger de doctrine » ou « le Zele des princes pour l’eglise » (BnF, ms. fr. 950), mais aussi l’astrologie et les dits sibyllins, comme les compilations d’histoire (le Recueil des Histoires troiennes, la Vie des roys et empereurs de Rome, le Commentaire de la guerre gallique).
36Vu la collaboration étroite entre artiste et scribe (Testard/Michel), auteur et enlumineur (Demoulins/Le Batave), Louise semble avoir promu de tels rapports dans la fabrication des manuscrits, mais elle apprécie également les livres imprimés, même si beaucoup de ces exemples, par leur parchemin et leur enluminure, se rapprochent de manuscrits. En plus des chroniques de Champier et de Bourdigné et des livres offerts par Vérard, un exemplaire d’une édition de Thucydide (Paris, Josse Badius, 1527) est décoré de ses armes79 (pl. XXVII, fig. 115). Un exemplaire imprimé des Décades de Tite-Live (Paris, Ambroise Girault, 1530) comporte cette note, signée par Georges de Vercle, secrétaire de Louise : « Ce Livre est de la chambre de madame80. »
37Louise a dû apprécier les images et aimer se voir représentée en noble veuve et mère dévouée. Dans les miniatures que Vérard fait peindre au verso de la page de titre de ses imprimés, elle est souvent accompagnée de son fils, alors que dans les manuscrits, texte et image renforcent surtout cette équivalence entre Louise et Prudence, guides du dauphin. Un livre de prières (BnF, ms. nouv. acq. lat. 83) où sa fille Marguerite est représentée dans toutes les miniatures comme donatrice contient pourtant une dédicace à Louise, qui reflète ce lien familial si étroit, promu par la mère et développé par les écrivains à son service (pl. XXVIII, fig. 116).
38D’autres caractéristiques de sa collection méritent d’être rappelées. À côté des livres somptueusement illustrées, tels les Héroïdes, se trouvent un ensemble de livres plus modestes de dimensions et de décor. Si le format in-quarto est celui utilisé par Vérard entre 1500 et 1510, il est aussi celui d’une dizaine de manuscrits qui contiennent moins de 25 feuillets. Sans doute plus faciles à transporter par quelqu’un qui doit souvent voyager, sont-ils aussi préférables pour une lecture solitaire ? Quant aux reliures, deux des manuscrits de Louise possèdent toujours leur reliure originale de soie bleue (BnF, ms. fr. 2082) ou verte (BnF, ms. fr. 2088). L’inventaire de 1496 cite d’autres exemples de « drap d’argent » ou de velours (« cramoysi », « changeant » ou « tanné »). À signaler aussi la présence des armes, sur les tranches, les fermoirs, ou sur la première page, pour vanter la lignée de Louise. Plus rare encore cependant est cette indication inscrite sur le plat inférieur de la reliure d’un manuscrit (BnF, ms. fr. 2449) : « Traicté a madame Loyse de Savoye, mere du Roy francoys p… <effacé> », avec la cote personnelle de son fils et le titre en-dessous : « Le mistere du Baptesme ».
39Est-ce que Louise lisait ? Ces beaux livres sont si bien conservés ou restaurés que l’on peut se demander s’ils étaient vraiment lus. Les notes de lecture sont rarissimes, mais dans les marges du manuscrit de La Margarite de France (Londres, The British Museum, Add. 13939), que Jean Thenaud a dédié à Louise, on trouve quelques notes écrites en encre brune, dans une bâtarde contemporaine. Une main du XVIe siècle a tiré un trait de plume à côté de certains passages du texte et ajouté des phrases qui semblent souligner des préoccupations personnelles : à savoir « Electeurs de lempereur » et « Le principe et lorigine de la maison de scavoye » (f° 101), sujets certainement de grand intérêt pour Louise elle-même.
40En somme, la bibliothèque de Louise de Savoie reflète par son contenu et par son emplacement les intérêts non seulement bibliophiliques mais aussi politiques et dynastiques de la mère de François Ier.
Notes de bas de page
1 Jean Thenaud, Le Triumphe des Vertuz. Premier traité : Le Triumphe de Prudence (ms. Ars. 3358, ff. 1-148), édité par T.J. Schuurs-Janssen avec la collaboration de R.E.V. Stuip, Genève, Droz, 1997, p. 4.
2 Louise a également pu léguer une partie de sa collection à sa fille, Marguerite de Navarre.
3 Si Marguerite d’Autriche, grande bibliophile, possédait 340 manuscrits et 46 imprimés, Charlotte de Savoie, en 1483, avait 111 volumes, tandis que Marie de Clèves une trentaine. Voir Hasenohr Geneviève, « L’essor des bibliothèques privées aux XIVe et XVe siècles », dans Vernet André (dir.), Histoire des bibliothèques françaises, Paris, Promodis, 1989, p. 215-263, surtout p. 246-249 ; Debae Marguerite, La Bibliothèque de Marguerite d’Autriche. Essai de reconstitution d’après l’inventaire de 1523-1524, Louvain/Paris, Peeters, 1995 ; Legaré Anne-Marie, « Charlotte de Savoie’s Library and Illuminators », Journal of the Early Book Society, 4, 2001, p. 32-87.
4 BnF, ms. fr. 8815, fos 24v° et 29v°. Edmond Sénemaud transcrit certains de ces éléments du « Livre de dépenses » de Louise dans La bibliothèque de Charles d’Orléans, comte d’Angoulême au château de Cognac en 1496, Paris, A Claudin, 1861, p. 58-61.
5 Pour le texte de ce document, voir Winn Mary Beth, Anthoine Vérard. Parisian Publisher. 1485-1512, Genève, Droz, 1997, p. 471-473.
6 Selon Lecoq Anne-Marie, François Ier imaginaire. Symbolique et politique à l’aube de la Renaissance française, Paris, Macula, 1987, p. 90.
7 Sénemaud E., La bibliothèque de Charles d’Orléans…, op. cit., p. 17. L’inventaire comprend 75 articles dont 3 (nos 37, 52 et 58) se réfèrent à des ensembles de 6, 43 et 63 livres considérés comme des « petis libvres […] repputez de petite valleur » (ibid., p. 50).
8 Dupont-Ferrier Gustave, « Jean d’Orléans comte d’Angoulême d’après sa bibliothèque (1467) », dans Luchaire Achille (dir.), Mélanges d’histoire du Moyen Âge, t. 3, 1897, p. 40.
9 Sénemaud E., La bibliothèque de Charles d’Orléans…, op. cit., p. 19.
10 Avril François et Reynaud Nicole, Les manuscrits à peintures en France. 1440-1520, Paris, Flammarion, 1993, p. 407-408, no 231. Pour les études littéraires les plus récentes sur les Héroïdes, voir Brown Cynthia J., « Du manuscrit à l’imprimé : Les XXI Epistres d’Ovide d’Octovien de Saint-Gelais », dans Hanf-Lancner Laurence, Mathey-Maille Laurence et Szkilnik Michelle (dir.), Ovide métamorphosé. Les lecteurs médiévaux d’Ovide, Paris, Presses Sorbonne Nouvelle, 2009, p. 69-82 ; White Paul, Renaissance Postscripts : Responding to Ovid’s Heroides in Sixteenth-Century France, Columbus (Ohio), The Ohio State University Press, 2009.
11 Sur les Saint-Gelais, voir surtout Molinier Henri-Joseph, Essai biographique et littéraire sur Octovien de Saint-Gelays, évêque d’Angoulême, 1468-1502, Genève, Imprimerie Carrère, 1910.
12 Barbieri Luca, Les Epistres des dames de Grèce. Une version médiévale en prose française des Héroïdes d’Ovide, Paris, Honoré Champion, 2007 ; Catalogue de l’exposition De la lettre à l’émail. Léonard Limosin interprète Ovide édité par T. Crépin-Leblond et S. Deprouw, Musée national de la Renaissance, Paris, Réunion des musées nationaux, 2010, p. 12.
13 Selon White P., Renaissance Postscripts…, op. cit., p. 147. Bien que la traduction ait été adressée à Charles VIII (Maxime Hermant, dans le catalogue de l’exposition France 1500. Entre Moyen Âge et Renaissance édité par G. Bresc-Bautier, T. Crépin-Leblond, E. Taburet-Delahaye et M. Wolff, Grand Palais, Paris, Réunion des musées nationaux, 2010, p. 202, no 87, la situe vers 1490-1493, tout en rappelant l’existence d’une tradition qui voit dans le manuscrit français 1641 de la BnF cet exemplaire de dédicace), le manuscrit français 875 est« considéré comme le plus ancien de la série » (Zöhl Caroline, dans ibid., p. 125-126). Barbieri L., Les Epistres des dames de Grèce…, op. cit., p. 11 et 13, catalogue déjà des manuscrits contenant des épîtres d’Ovide ayant appartenu à la duchesse de Berry et à Louis Malet de Graville, puis à sa fille Anne.
14 Duval Frédéric, Octovien de Saint-Gelais. Le Séjour d’honneur, Genève, Droz, 2002, p. 40-44.
15 L’expression de Saint-Gelais est extraite de sa traduction de l’Histoire d’Eurialus et de Lucresse de Aeneas Silvio Piccolomini (voir Molinier H.-J., Essai biographique et littéraire…, op. cit., p. 65). Pour une proposition de lecture des Héroïdes qui peut aider à comprendre pourquoi tant de femmes lisaient ces lettres (au Moyen Âge et) à la Renaissance, voir Spentzou Efrossini, Readers and Writers in Ovid’s Heroides. Transgressions of Genre and Gender, Oxford, Oxford University Press, 2003, qui, à la page 3, note que « the heroines are as combative as they are unhappy » et y voit « a striking actof defiance » puisque « the heroine’s letters are written in the shadow of people in power, be they husbands, fathers or kings ».
16 Voir, par exemple, White P., Renaissance Postscripts…, op. cit., p. 80-82, qui lie Phèdre à « Ovid’s intention to edify by negative example ».
17 Ceci dit, une nette évolution estperceptible dans les représentations lorsqu’on les compare aux séries d’enluminures antérieures.
18 Maulde La Clavière René de, Louise de Savoie et François Ier. Trente ans de jeunesse (1485-1515), Paris, Perrin et Cie, 1895, p. 94.
19 Zöhl C., dans France 1500…, op. cit., p. 125, no 44.
20 Une liste de ces éditions a été établie par Moss Ann, Ovid in Renaissance France. A Survey of the Latin Editions of Ovid and Commentaries Printed in France before 1600, Londres, The Warburg Institute, The University of London, 1982, p. 66 et suivantes. Ce comptage est dû à White P., Renaissance Postscripts…, op. cit., p. 147), qui revisite la question des catégories de lecteurs visées par ces différentes éditions (chap. 2 et 3) et analyse, à partir de la retraduction (partielle) de Charles Fontaine de 1551, la nature de celle de Saint-Gelais (p. 147-186), y décelant « the standards of accuracy of a late-medieval text » (p. 185).
21 Voir la description de la reliure dans Laffitte Marie-Pierre et Le Bars Fabienne, Reliures royales de la Renaissance. La Librairie de Fontainebleau 1544-1570, Paris, Bibliothèque nationale de France, 1999, no 75. Un autre exemplaire de la Vita Christi, en deux volumes imprimés sur papier, est cité dans l’inventaire de Charles d’Angoulême (no 50 dans l’édition de Sénemaud E., La bibliothèque de Charles d’Orléans…, op. cit., p. 44) ; s’il s’agissait d’une édition de Vérard, le libraire a sans doute souhaité offrir un exemplaire plus luxueux à Louise.
22 Voir Edmunds Sheila et Winn Mary Beth, « Vérard, Meckenem, and Manuscript B.N. fr. 1686 », Romania, 430-431, 1987 [1989], p. 288-344.
23 Lecoq A.-M., François Ier imaginaire…, op. cit., p. 335.
24 Pour plus de détails sur ce manuscrit et sur l’édition imprimée, voir Winn Mary Beth, « Louenges envers Louise : un manuscrit enluminé d’Anthoine Vérard pour Louise de Savoie », dans Legaré Anne-Marie (dir.), Livres et lectures des femmes en Europe, entre Moyen Âge et Renaissance, Turnhout, Brepols, 2007, p. 119-131.
25 Jacob Marie, dans France 1500…, op. cit., p. 202.
26 Voir les reproductions de la banque d’images sur le site de la BnF (http://images.bnf.fr/jsp/index.jsp).
27 Reproduites dans Lecoq A.-M., François Ier imaginaire…, op. cit., p. 87, et dans la banque d’images de la BnF.
28 La préface fournit des détails sur le rapport entre Thenaud et sa patronne : « Mais considerant vostre bonté et bienveuillance inestimable j’ay prins la hardiesse de le faire avecques l’ayde de la grace divine sans laquelle nul bon oeuvre ne peut estre fait […]. Et pour ce aussi que je suys homme d’eglise et que mon estat et faculté est de prier Dieu, je excerceray mon office le meins mal que je pourray a faire prieres et oraisons tant que je viveray, affin qu’il luy plaise vous donner et a monseigneur vostre filz qui est aujourduy le daulfin de France, tresbeau, jeune et vertueux prince et a la tresnoble et tresaornee en toutes vertuz madame d’Alençon, vostre fille, et a toute vostre haulte, tresnoble lignee prosperité immortelle et joye infinie » (BnF, ms. fr. 421, fos 4v°-5). Comme Anne-Marie Lecoq l’indique (François Ier imaginaire…, op. cit., p. 72), « le manuscrit est donc daté entre le 2 décembre 1509, jour du mariage de Marguerite d’Angoulême avec le duc d’Alençon, et le 1er janvier 1515, où François cessa d’être “dauphin” ». La miniature est reproduite à la page 73.
29 Voir ibid., p. 125-126 et fig. 53.
30 Selon Myra Dickman Orth, « Artistically speaking no other book like it can be found in her collection » dans Progressive Tendencies in French manuscript illuminations: 1515-1530. Godefroy le Batave and the 1520’s Hours workshop, PhD, New York, New York University, 1976, p. 75. On trouvera des reproductions dans la banque d’images de la BnF.
31 BnF, ms. fr. 2286, Épître en vers de Charles VIII à François Ier, f°6r°.
32 « Madame, il vous a pleu de voustre grace me commander que misse en histoire la vie de la belle & clere Magdalene. Ce que j’ay entrepris par grand desir de vous faire service […] » (BnF, ms. fr. 24955, f°1).
33 « [P] our rediger en quelque bonne forme (ainsi qu’il vous a pleu me commander) ung livre du Triumphe des Vertuz, et le recueil des Vertueux […] » (J. Thenaud, Le Triumphe des Vertuz. Premier traité…, op. cit., p. 3).
34 « Ma dame, desirant comme vostre treshumble et tresobeissant serviteur et subjectaccomplir ce que de vostre benigne grace il vous a pleu me commander […] » (BnF, ms. fr. 5719, f°5v°).
35 J. Thenaud, Le Triumphe des Vertuz. Premier traité…, op. cit., p. 3.
36 « [L] a debonnaireté du Roy tresbenyn et vostre clemence ineffable si gracieusement recueillent tous ouvrages et dons de litterature qui vous sont presentez, qu’en acceptant en bonne extime les consummez et bien agencez euvres des souverains ouvriers, au moindres donnez acueil gracieux et atraictfavorable. Et a l’imitacion des dieux superieurs et deesses, des quelz en terre estes les vrayes et vives umbres, gectez plus voz regars doulx et clemens sur les pures et franches affections des hommes que sur la qualité ou quantité de leurs presens » (BnF, ms. fr. 2286, f°6).
37 Durand Georges (éd.), Tableaux et chants royaux de la Confrérie du Puy Notre-Dame d’Amiens, reproduits en 1517 pour Louise de Savoie, Duchesse d’Angoulême, Paris, A. Picard et fils, 1911, p. IV.
38 « […] désirans complaire à icelle dame, et adfin qu’elle eustla ville et les habitans en bonne recommandation envers le Roy […] délib[è] rent de faire faire ung grant livre en beau vélin, ouquel seroient pourtraictz lesdis tableaux et balades et champs royaulx […] le plus richement que faire se porroit » (Ibid., p. IV). Voir aussi Lecoq A.-M., « Le Puy d’Amiens de 1518. La loi du genre et l’art du peintre », Revue de l’Art, 38, 1977, p. 63-74.
39 Id., François Ier imaginaire…, op. cit., p. 333, avec une reproduction à la page 332.
40 La miniature recouvre une gravure sur bois représentant l’écrivain que Vérard avait utilisée dans son édition de la Victoire du Roy contre les Veniciens de Seyssel (1510). Jean de La Garde, l’éditeur parisien de Champier, semble avoir acquis ce bois après la mort de Vérard.
41 Publiée à Paris par Anthoyne Couteau et Galliot du Pré pour Charles de Bougne et Clément Alexandre à Angiers, 1529. À la BnF se trouvent deux exemplaires de l’édition, dont un sur vélin (Rés.f°LK2.113B et Rès. Vélins 761). Voir la reproduction du frontispice dans la banque d’images de la BnF.
42 Zöhl C., dans France 1500…, op. cit., p. 125, no 44.
43 Hermant M., dans France 1500…, op. cit., p. 202, no 87.
44 Voir Quentin-Bauchart Ernest, La Bibliothèque de Fontainebleau et les livres des derniers Valois à la Bibliothèque nationale, 1515-1589, Paris, E. Paul, L. Huard et Guillemin, 1891, p. 12, no 1. L’inventaire de cette bibliothèque est publié par Chazaud Alphonse-Martial, Les enseignements d’Anne de France, duchesse de Bourbonnais et d’Auvergne, à sa fille Susanne de Bourbon, Moulins, C. Desrosiers, 1878 (rééd. Marseille, Lafitte, 1978, p. 231-257).
45 Ainsi s’agirait-il de « l’arroseur arrosé ». Voir Avril F. et Reynaud N., Les manuscrits à peinture en France…, op. cit., p. 146, no 71 et p. 164-165 pour la confiscation de la bibliothèque des Armagnac et l’apposition subséquente des armes du duc de Bourbon.
46 Voir Brown Elizabeth A. R., « Louis Le Blanc, Estienne Le Blanc, and the Defense of Louis IX’s Crusades, 1498-1522 », Traditio: Studies in Ancient and Medieval History, Thought and Religion, vol. 55, 2000, p. 235-292, spécialement p. 236 et 253. Dans une autre étude, inédite (« Étienne Le Blanc, Louise of Savoy, and the Gestes of Blanche of Castille »), Elizabeth Brown date ce traité entre le 28 avril 1521 (date de la mort de Suzanne de Bourbon) et le 11 août 1522, lorsque le Parlement de Paris a commencé à entendre le cas.
47 Hamon Philippe, L’Argent du roi. Les finances sous François Ier, Paris, Comité pour l’histoire économique et financière de la France, 1994, p. 400.
48 Avril François, La Passion des manuscrits enluminés. Bibliophiles français : 1280-1580, Paris, Bibliothèque nationale, 1991, p. 25-26 ; Brown E., « Louis Le Blanc… », art. cit., p. 253, no 40, propose une datation entre 1515-1521 [hypothèse réitérée dans « A Sixteenth-Century Defense of Saint Louis’ Crusades : Étienne Le Blanc and the Legacy of Louis IX », dans Goodich Michael, Menache Sophia et Schein Sylvia (dir.), Cross Cultural Convergences in the Crusader Period, New York, Peter Lang, 1999, p. 25-26], prenant ainsi position contre le lien avec la deuxième régence défendu par McCartney Elizabeth, « The King’s Mother and Royal Prerogative in Early Sixteenth-Century France », dans Parsons John C. (dir.), Medieval Queenship, New York, St. Martin’s Press, 1993, p. 133-135]. Dans une étude inédite, Elizabeth Brown montre que pour établir les Gestes, Le Blanc a eu recours aux Grandes Chroniques de France en y ajoutant des références supplémentaires à Blanche de Castille. Elle estime que Le Blanc, faute de sources, a inventé le récit du départ de Louis pour les Croisades et la désignation de sa mère comme régente.
49 Pradel Pierre, Bibliothèque nationale. Catalogue des jetons des princes et princesses de la Maison de France, Paris, Éditions des Bibliothèques nationales, 1936, p. XVII et 73-74, no 216 ; Lecoq A.-M., François Ier imaginaire…, op. cit., p. 470.
50 La question des Montpensier revient avec insistance dans la Généalogie de Bourbon.
51 De manière intéressante, la phrase inscrite sur le folio faisant face à l’enluminure, ipsa (au lieu de ipse) dixit et facta sunt (psaumes 148, 5) est féminisée par Le Blanc (« elle [au lieu de il] a commandé et ils furent faits »). saturnus veritatis parens (« Chronos est le père de la vérité »), figure de multiples fois, en latin et en grec, et provient des Étiologies romaines de Plutarque, juste après l’affirmation que « les Romains considèrent que rien de la vérité n’est caché ou dans l’ombre » (Œuvres morales, édité par J. Boulogne, Paris, Les Belles Lettres, 2002, t. IV, traité 18, 11, p. 113, 266 E). En bas de chaque recto se répète si qua fata sinant (« si les destins s’y prêtaient »), tirée de l’Énéide de Virgile (1.18, livres I-IV, édité par J. Perret, Paris, Les Belles Lettres, 1992, p. 6), dans un chapitre où Junon se prépare à repousser les Troyens en Libye. Cette phrase vient peu après le passage : « Muse, apprends-moi les causes : pour quelle atteinte à ses pouvoirs, pour quelle blessure la reine des dieux précipita en un tel cercle d’infortunes, au-devant de tels travaux, un homme insigne en piété ? Est-il tant de colères dans les âmes célestes ? » et crée donc un lien avec l’« insignis pietate » qui figure sur le dais de la miniature. Avec fata viam invenient, « Les destins trouveront leur voie » (Énéide, 10.113, livres IX-XII, 1987, p. 47), qui apparaît à la dernière page du volume, Jupiter lui-même s’en remet au destin. Nos remerciements les plus chaleureux à Jula Wildberger (The American University of Paris), pour son aide dans l’identification de ces passages.
52 Pour cette suite de dates, voir Brown E., « A Sixteenth-Century Defense of Saint Louis’Crusades… », art. cit., p. 34, note 23, et « Louis Le Blanc… », art. cit., p. 251-252. Le Blanc travaille pour Antoine Duprat après « le Retour du Roy en son Royaume » en mai 1527 (ibid., p. 255). Et ce serait entre 1527 (ibid., p. 253) et 1529 (Lecoq A.-M., François Ier imaginaire…, op. cit., p. 246) que Le Blanc se charge de la traduction annotée des Oraisons de Cicéron pour le roi, où figure son intervention victorieuse à Marignan (BnF, ms. fr. 1738, f° Av°). On peut donc penser que l’image avait pour tâche de gommer la défaite récente.
53 Voir note 47.
54 Il s’agit de l’inventaire des reliques de la Sainte-Chapelle établi en mars 1534 (Brown E., « A Sixteenth-Century Defense of Saint Louis’Crusades… », art. cit., p. 34, note 23 et p. 38, note 29, avec un renvoi à Vidier Alexandre, « Le Trésor de la Sainte-Chapelle », Mémoires de la Société de l’histoire de Paris et de l’Île-de-France, 35, 1908, p. 189-192.
55 Brown E., « Louis Le Blanc… », art. cit., p. 252.
56 Id., « Étienne Le Blanc on the Bourbon Dispute and His Defense of Saint Louis (BnF, ms. fr. 5719) » (étude inédite). Brown note l’absence de cette référence dans la liste figurant dans la Saincte vie […] de monseigneur SainctLoys […] de Louis Le Blanc (BnF, ms. fr. 5721, f°71r°).
57 Voir Boudon Françoise et Blécon Jean, Le château de Fontainebleau de François Ier à Henri IV, Paris, Picard, 1998, p. 24, et dans ce même ouvrage la « Liste chronologique des actes 1527-1610 » établie par Catherine Grodecki page 229.
58 Pierre Dan, Le Tresor des merveilles de la Maison Royale de Fontainebleav […], Paris, Sébastien Cramoisy et Gabriel Cramoisy, 1642, p. 5 et 73.
59 Boudon F. et Blécon J., Le château de Fontainebleau…, op. cit., p. 230.
60 Ibid., p. 81-82.
61 Ibid., p. 230. Il s’agit de la galerie « pour aller de la vieille tour en l’abbaye ».
62 Brown E., « Étienne Le Blanc on the Bourbon Dispute… », art. cit.
63 McCartney E., « The King’s Mother and Royal Prerogative… », art. cit., p. 133, avant le travail d’Elizabeth Brown sur les textes de Louis Le Blanc, avait envisagé un tel lien.
64 Publié sans lieu. Voir les pages 21-23 pour la transmission de la charge, 23-24 pour la prestation de serment, et Bvo pour les citations.
65 Alors que la Probacion de Louis Le Blanc parle de « fontainebleau en gastinois », celle d’Étienne prend la peine de marquer l’origine de la parole comme « fontaynes blayaud ». Voir Brown E., « Louis Le Blanc… », art. cit., p. 286 et 278, note 112, et pour l’histoire du chien, P. Dan, Le Tresor des merveilles…, op. cit., p. 11-13.
66 La bibliothèque et les bibliothécaires du château de Fontainebleau au temps passé, Meaux, A. Leblondel, 1877, p. 9.
67 Quentin-Bauchart E., La Bibliothèque de Fontainebleau…, op. cit., p. 10, note 2, citant le manuscrit français 2989 de la BnF. Voir aussi Baurmeister Ursula et Laffitte Marie-Pierre, Des livres et des rois. La bibliothèque royale de Blois, Paris, Bibliothèque nationale, 1992, p. 223.
68 Pour le récit « traditionnel » le plus élaboré de ce transfert, voir ibid., p. 223-226.
69 Voir Winn M. B., Anthoine Vérard…, op. cit., p. 171-172.
70 Certaines pages ont aussi été refaites en utilisant des caractères de Vérard. Voir le Catalogue des Incunablesde la Bibliothèque nationale, Paris, 1996, vol. 2, B-687.
71 Pour la publication du manuscrit voir Chazaud A.-M., Les enseignements d’Anne de France…, op. cit. Voir aussi Clavier Tatiana et Viennot Éliane, Anne de France. Enseignements à sa fille suivis de l’Histoire du siège de Brest, Saint-Étienne, Publications de l’université de Saint-Étienne, 2006.
72 Par Jean Barril et Eustache Mareschal, avec une dédicace à la reine de Navarre.
73 Voir Porcher Jean, « Les livres de Diane de Poitiers », dans Les Trésors des Bibliothèques de France, Paris, Les Éditions d’art et d’histoire, XXVI, 1942-1946, p. 78-89. Pour les liens étroits unissant la famille de Diane de Poitiers aux Bourbon et Montpensier, voir Cloulas Ivan, Diane de Poitiers, Paris, Fayard, 1997, chap. II : « Dans le sillage des Bourbons ». Cloulas imagine longuement l’impacte de ce « code de civilité et de bonne conduite » sur Diane, mais sans se rendre compte que celle-ci a fini par posséder le précieux manuscrit de sa tutrice.
74 Chazaud A.-M., Les enseignements d’Anne de France…, op. cit., p. 241, no 127.
75 Sur ce texte, voir Brown Cynthia J., The Queen’s Library. Image-Making at the Court of Anne of Brittany, 1477-1514, Philadelphia/Oxford, The Pennsylvania State University Press, 2011, p. 202-219, qui y voit une interprétation contemporaine des Héroïdes d’Ovide.
76 Selon « L’Extrait des Ordonnnances d’Henry II. de l’an 1556. Fol. 10 », « un Imprimé en parchemin de vélin, relié & couvert comme il appartient [doit] estre presenté [au Roy], pour estre mis en sa Bibliotheque & Librairie de son Chasteau de Fontainebleau, & après icelle Bibliotheque de Fontainebleau fournie, entremis en sa Librairie de son Chasteau de Blois » (Abel de Sainte-Marthe, Discours au roy sur le retablissement de la bibliothèque royale de Fontainebleau, s.l., 1668, p. 16.
77 Voir Conihout Isabelle de et Péligry Christian (dir.), Le Cardinal, la Fronde et le Bibliothécaire. Les trente plus beaux livres de Mazarin, Paris, Les Éditions du Mécène, 2002. Voir entre autres les remarques de Marie-Pierre Laffitte et Francis Richard page 17 et de Marie-Hélène Tesnière page 44, numéro 8. Une partie de l’héritage de Diane de Poitiers y figure aussi (par exemple, Pierre Gasnault, p. 46, no 9).
78 Sur cet héritage, voir Wilson-Chevalier Kathleen, « Claude de France : In her Mother’s Likeness, a Queen with Symbolic Clout ? », dans Brown Cynthia J. (dir.), The Cultural and Political Legacy of Anne de Bretagne, Cambridge, D.S. Brewer, 2010, p. 123-144, spécialement p. 139-142.
79 Cette édition (Paris, Josse Bade, 1527) de la traduction de Thucydide faite par Claude de Seyssel pour Louis XII est précédée d’une préface de Jacques Colin adressée à François Ier.
80 Le nom de Georges de Vercle figure dans les comptes de 1522 et de 1530-1531.
Auteurs
Université d'État de New York-Albany. The American University of Paris
Université d'État de New York-Albany. The American University of Paris
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