L’hôtel de ville de Saumur : de l’émancipation des élites urbaines aux enjeux de pouvoir
p. 137-157
Texte intégral
1Tour à tour étape privilégiée des ducs d’Anjou jusqu’à la mort du roi René en 1480 et capitale européenne du protestantisme, Saumur peut s’enorgueillir de posséder un hôtel de ville ancien encore en activité. Le bâtiment primitif, sans doute du XIVe siècle, accueille ainsi toujours la salle du conseil municipal, le cœur battant de l’exécutif local, et marque encore fièrement les rives de la Loire par sa forme si particulière (fig. 1). La permanence d’une telle fonction au sein d’un édifice, somme toute modeste, s’est faite au prix d’une histoire riche en agrandissements, en destructions, en récupérations symboliques, en doutes, ceux-là mêmes qui auraient pu causer la disparition irrémédiable de l’édifice. Si sa construction ou sa modernisation au début du XVIe siècle constituent un signe fort de l’émancipation des élites urbaines au regard de l’administration ducale, puis royale, l’hôtel de ville a surtout été un enjeu de pouvoir, clairement illustré par sa réquisition en 1589 par le gouverneur Philippe Duplessis-Mornay. Il a été alors intégré dans un programme global, dont l’objectif à peine voilé était de faire d’une ville majoritairement catholique l’un des centres les plus actifs du protestantisme européen. Sa sauvegarde au XIXe siècle, lors des agrandissements de l’architecte Charles Joly-Leterme, constitue un autre exemple de cette portée hautement symbolique, relevant cette fois-ci d’une patrimonialisation naissante et de l’attachement identitaire des habitants à l’expression même de leur autonomie (fig. 2).
LE DROIT « D’HÔTEL DE VILLE »
2Les prémices d’une organisation municipale hiérarchisée sont décelables bien avant la création officielle du corps de ville, comme l’indique nettement l’existence attestée de la communauté des bourgeois de Saumur, à l’initiative de travaux importants comme la construction des premiers ponts peu avant 1162 et de la grande enceinte urbaine en 1364. Bien que garante de la bonne conduite de tels chantiers, cette organisation n’impliquait toutefois pas forcément la présence d’une assemblée élective, indépendante de l’administration ducale. La date de création d’une telle instance reste d’autant plus incertaine qu’aucun document de première main n’a été retrouvé à ce jour pour les périodes les plus anciennes.
3D’après un mémoire rédigé dans les années 1670 par le sénéchal et maire perpétuel Julien Avril, Charles V aurait accordé en 1371 le droit aux habitants de Saumur de tenir des assemblées, avec la libre administration des deniers communs1. S’il est impossible de vérifier un tel acte, cette autorisation royale aurait pu être la juste récompense de la fidélité d’une « bonne ville », qui avait engagé un important programme de fortifications dans les années 1360. Plusieurs noms de receveurs apparaissent d’ailleurs au XIVe siècle, à l’image de Jean Gasté en 1383 et d’André de la Motte en 1388, sans que le mode électif de ces « élus de ville », pour reprendre un terme cité par Élisabeth Verry, ne soit connu2. Une deuxième date, tout aussi énigmatique, apparaît en outre dans plusieurs documents du XVIIIe siècle, où il est rappelé que « par lettre patente donnée à Montreuil-Bellay le 17 janvier 1437, le roy Charles VII leur a accordé plusieurs privilèges et notamment de s’assembler et eslire deux eschevins, un procureur sindic, un receveur des deniers communs et un segrétaire3 ». Ces lettres auraient été confirmées par Louis XIII au mois d’avril 1616 et sont également citées par l’avocat François Bernard de Hautmont dans son récit historique de la fin du XVIIe siècle4. Même si d’autres mentions figurant dans les archives communales font également référence à l’année 14375, la plupart des historiens de la ville ont fortement nuancé la crédibilité de ces lettres patentes, qui ont manifestement servi les revendications de la municipalité sur la défense de son autonomie aux XVIIe et XVIIIe siècles.
4Bien qu’il soit difficile de vérifier s’il s’agit d’un renouvellement ou non, les lettres royales délivrées par Louis XI en 1466 restent donc, dans ce contexte, les plus sûres pour dater l’établissement des premières franchises et la tenue des assemblées6. Si elles permettent aux habitants de prélever eux-mêmes l’impôt sur le vin, afin de l’utiliser « ès réparacions, emparemens, deffenses et autres choses nécessaires ès communes affaires de la dite ville », elles les autorisent également à élire une assemblée de douze membres. Cette émancipation reste cependant sous contrôle, puisque les receveurs de cet impôt sont encore élus par les administrations ducales et royales. Les lettres de 1466 restent donc prudentes, mais annoncent de manière irréversible l’émergence d’une autorité municipale plus autonome.
LA CONSTRUCTION DE L’HÔTEL DE VILLE
5Les assemblées municipales s’installèrent dès leur création dans un ouvrage quadrangulaire, largement en saillie par rapport à l’enceinte fortifiée de la ville, dont il faisait partie intégrante. Situé immédiatement à l’ouest de la ligne des ponts et de la porte de la Tonnelle, il offrait un flanquement idéal par rapport à ce point sensible de la défense urbaine (fig. 3). La forte épaisseur des murs et l’orientation des archères-canonnières confirment ce rôle militaire, parfaitement souligné par François Bernard de Haumont : « on voit l’hostel de ville, qui semble une petite forteresse quarrée et dont les murs ont plus de dix pieds d’épaisseur, et tous machecoulisés et crénelés, comme les tours et les murailles, et le tout de hauteur à ne point craindre l’escalade7 » (fig. 4).

Fig. 1 > Saumur, vue aérienne de la ville [© Région Pays de la Loire, Inventaire général, P. Giraud].

Fig. 2 > Saumur, vue du front de Loire avec le château, l’ouvrage quadrangulaire de l’hôtel de ville et les agrandissements du XIXe siècle [© Région Pays de la Loire, Inventaire général, P. Giraud].
Une première campagne de construction concomitante de l’enceinte urbaine
6Une partie de la grande enceinte urbaine de Saumur, précisément au niveau de son tracé nord, était en cours de construction dans les années 1360 (fig. 5). Une ordonnance adressée le 10 mars 1363 (ancien style) par le juge ordinaire d’Anjou à Hues du Bellay, capitaine de Saumur, et à Pierre Poullain, lieutenant représentant le duc dans la ville, précise en effet que, par choix du « lieutenant et autres bourgais qui pour le temps se entremetaient de faire couronner et emparer la dite ville de Saumur », Jean Loyseau est commis comme maître d’œuvre des travaux de charpente8. La datation de l’ouvrage en saillie de l’hôtel de ville, étroitement liée à notre sens à la mise en place des premières assemblées, pose toutefois quelques difficultés : appartient-il au début de la campagne de construction de la grande enceinte ou est-il contemporain des travaux de modernisation de cette dernière durant la première moitié du XVe siècle, au même titre que la tour Papegault sise à l’angle nord-est ? Ou bien des deux à la fois ? Seule une étude archéologique de ce bâtiment permettrait d’avancer sur ce point ; cependant, un examen attentif des maçonneries internes, notamment au rez-de-chaussée, révèle plusieurs types de modules qui traduisent de nombreuses reprises et une hétérogénéité de mises en œuvre (fig. 6 à 9). Bien que très restaurée, la cheminée du rez-de-chaussée, comparable à celle de la tour Papegault et donc de la première moitié du XVe siècle, s’intègre par exemple maladroitement dans les maçonneries du mur oriental. Enfin, il convient de reconnaître que le dernier niveau présente un appareil plus homogène et pourrait appartenir à une seule et même campagne de construction, peut-être contemporaine des cheminées et des canonnières. Doté d’une galerie de mâchicoulis et de deux tourelles polygonales en encorbellement aux angles, l’édifice est le symbole le plus significatif et le plus éclatant de l’autorité municipale naissante. Au-delà de cette symbolique parfaitement lisible dans le paysage urbain, la fonctionnalité défensive de cet ouvrage n’en est pas moins effective, à l’image du net flanquement ou des petites canonnières pour armes à main percées dans les pans de chaque tourelle (fig. 10).

Fig. 3 > Plan de Saumur, vers 1621 [© BnF, Cabinet des estampes, Topographie de la France, tome 2].

Fig. 4 > Vue d’ensemble de la façade sur la Loire de l’ouvrage quadrangulaire de l’hôtel de ville avant restauration, en 1980 [© Région Pays de la Loire, Inventaire général, P. Giraud].

Fig. 5 > Saumur, plan général des fortifications et des différentes traversées du grand bras de la Loire [© Communauté d’agglomération de Saumur, S. Hue].

Fig. 6 > Plan du rez-de-chaussée de l’ouvrage quadrangulaire de l’hôtel de ville [© Communauté d’agglomération de Saumur, S. Hue].

Fig. 7 > Saumur, plan du premier étage de l’ouvrage quadrangulaire de l’hôtel de ville [© Communauté d’agglomération de Saumur, S. Hue].

Fig. 8 > Saumur, plan du deuxième étage de l’ouvrage quadrangulaire de l’hôtel de ville [© Communauté d’agglomération de Saumur, S. Hue].
7Si la concession de tenir des assemblées a bien été accordée par Charles V en 1371, comme il serait tentant de le supposer dans le contexte de la guerre de Cent Ans, il est donc probable que ce fut, dès l’origine, dans cet ouvrage dont une partie semble antérieure au XVe siècle.
La modernisation de l’hôtel de ville au XVIe siècle
8L’hôtel de ville de Saumur connut au début du XVIe siècle une importante campagne de travaux qui eut pour effet d’atténuer son aspect défensif : une nouvelle façade et une imposante tour d’escalier, sommée d’une chambre haute, permirent de doter la cour d’une élévation spectaculaire, tandis qu’une haute toiture en pavillon couronna l’ouvrage primitif9 (fig. 11 à 13). L’aménagement d’une grande lucarne flamboyante sur la façade nord pourrait également correspondre à cette campagne. D’après le mémoire historique de Julien Avril, le commanditaire de cette modernisation n’est autre que le lieutenant général du sénéchal d’Anjou à Saumur : « Guillaume Bourneau, sieur de Montaglan, lieutenant général à Saumur de monsieur le Sénéchal d’Anjou, 1508. Lequel fist bastir cette maison de ville10. » La date mentionnée dans ce mémoire, qui a longtemps incité les historiens de Saumur à dater l’hôtel de ville de 1508, ne correspond toutefois pas au commencement des travaux, mais à la prise de fonction du nouveau lieutenant comme maire de la ville. Guillaume Bourneau prend en effet la suite de son père cette même année et tient sa charge jusqu’en 1527, date à laquelle lui succède François Migon. La construction de la façade et de la tour d’escalier se situe donc dans cette fourchette chronologique. Cette hypothèse a été confirmée par l’analyse dendrochronologique inédite de la charpente, qui a permis de fixer son assemblage à 1515 ou à une année postérieure très proche11 (fig. 14). Ce chantier, tout à fait symbolique puisqu’il touche à l’exercice de la représentation publique, est donc placé sous le contrôle du représentant du roi à Saumur. Si la documentation manque pour appréhender le rôle des assemblées municipales dans cette affaire, il semble bien que leur autonomie ait été limitée par les prérogatives du lieutenant du sénéchal d’Anjou. Ce dernier se place à ce titre comme le successeur du procureur des ducs d’Anjou qui intervenait auparavant régulièrement dans les affaires de la ville.
9Au moment où la première Renaissance s’exprime magnifiquement en Touraine, avec des réalisations comme le château d’Azay-le-Rideau, la façade de l’hôtel de ville de Saumur reste fortement imprégnée par la tradition gothique angevine. Le répertoire flamboyant est omniprésent à travers les accolades surmontant toutes les baies, les colonnettes torsadées ornées d’un semis de fleurs ou encore la corniche décorée d’une frise de ceps de vigne (fig. 12). Outre la présence d’un appareil mixte en brique et pierre sur la chambre haute, peu représenté en Anjou, l’évolution la plus significative réside finalement dans la composition symétrique et le strict quadrillage de la façade, généré par les bandeaux horizontaux et la continuité des colonnettes d’un niveau à l’autre. Bien que la présence de lucarnes sur la cour ne soit pas attestée12, l’axe vertical des travées est resté l’accent principal de cette composition, selon le procédé habituel de la fin de la période gothique. Il convient également de souligner que la mise en œuvre d’une haute toiture en pavillon fonctionne ici volontairement comme un signal urbain, propre à l’architecture publique, au même titre que les tourelles en encorbellement. Cette façade neuve n’est pas sans rappeler par ailleurs plusieurs chantiers contemporains, situés non loin de Saumur. L’appareil mixte de la chambre haute peut être ainsi un timide écho du château des Réaux, édifié sous François Ier pour la célèbre famille tourangelle des Briçonnet. La comparaison la plus évidente concerne toutefois le château construit par René de Thory sur sa terre de Boumois, juste au nord-ouest de Saumur. Or, grâce à la découverte de plusieurs marchés, nous savons que le chantier a débuté peu avant 1521 et a été confié au maître d’œuvre Jean Pymotz13. Le point commun le plus significatif de ces deux édifices réside dans l’emploi des mêmes colonnettes torsadées, toutes deux décorées de petites fleurs. Compte tenu de leur concomitance géographique et chronologique, ces deux chantiers ont très bien pu être liés, sans que l’on puisse avancer plus loin dans cette hypothèse.

Fig. 9 > Saumur, coupe transversale de l’ouvrage quadrangulaire de l’hôtel de ville, Tours, 30 janvier 1924 [AM Saumur].

Fig. 10 > Saumur, vue d’ensemble de la façade sur la Loire de l’ouvrage quadrangulaire de l’hôtel de ville après restauration [© Région Pays de la Loire, Inventaire général, P. Giraud].
L’HÔTEL DE VILLE : UN PÔLE PROTESTANT DE PREMIER ORDRE
10Fidèle conseiller d’Henri de Navarre depuis 1576, Philippe Duplessis-Mornay obtient en 1589 la charge de gouverneur de Saumur, dont la traversée stratégique avait déjà été déterminante lors de précédents conflits14. Conscient de la valeur et des enjeux d’une telle place, qui deviendra en quelques années un pôle protestant de premier ordre, le nouveau gouverneur est à l’origine d’une profonde mutation de la ville, tant sur les plans sociologique, intellectuel et religieux qu’urbanistique et architectural. Duplessis-Mornay conçoit ainsi un programme ambitieux et cohérent, dont la réalisation fut facilitée par la durée de son exercice qui s’achève brutalement par sa destitution en 1621. La volonté de sécuriser la place par d’impressionnantes fortifications, comme à Tours, a constitué la clé de voûte de ce programme, tandis que l’aménagement du temple intramuros, au prix d’une intégration osée dans le parcellaire sud de la ville close, constitue une heureuse anticipation de la liberté de culte accordée par l’édit de Nantes. Le gouverneur a également favorisé la modernisation urbaine, rendu au château son prestige et doté la ville d’une académie d’exercices, sur le modèle de celle d’Antoine de Pluvinel à Paris. Dans ce contexte, la création d’un collège et d’une académie dans des maisons mitoyennes au sud de la cour de l’hôtel de ville est restée un signe fort de la mainmise du clan protestant sur Saumur, tout en participant au rayonnement international de la cité.
11Dès son arrivée en 1589, Duplessis-Mornay s’installe dans l’hôtel de ville, dont son épouse, Charlotte Arbaleste, s’attribue à plusieurs reprises la possession dans ses mémoires15. L’édifice restera même le principal lieu de résidence du couple jusqu’à leur emménagement au château de Saumur vers 1597 (fig. 15). Un inventaire des pièces d’artillerie, dressé en novembre 1589, situe d’ailleurs la « chambre de monsieur », en référence au gouverneur, dans l’hôtel de ville, probablement au premier ou au deuxième étage16. Si cette occupation revêt un caractère symbolique, surtout dans une ville majoritairement catholique, elle n’a pas pour autant perturbé la tenue des assemblées, organisées à cette date dans le « palais » de la place Saint-Pierre.

Fig. 11 > Saumur, vue d’ensemble de la façade sur cour de l’ouvrage quadrangulaire de l’hôtel de ville, avec à droite la tour d’escalier du XVIe siècle et à gauche celle de Charles Joly-Leterme [© Région Pays de la Loire, Inventaire général, P. Giraud].

Fig. 12 > Saumur, détail de l’une des travées de la façade sur cour de l’ouvrage quadrangulaire de l’hôtel de ville [© Région Pays de la Loire, Inventaire général, P. Giraud].

Fig. 13 > Saumur, vue de la cheminée de la chambre haute de la tour d’escalier du XVIe siècle, vers 1515 [© Région Pays de la Loire, Inventaire général, P. Giraud].

Fig. 14 > Saumur, vue d’ensemble de la charpente de l’ouvrage quadrangulaire de l’hôtel de ville. Les deux arbalétriers ont été rajoutés au XVIIIe siècle pour supporter le 1515 [© Région Pays de la Loire, Inventaire général, P. Giraud].

Fig. 15 > Salmuria-Saumur, détail du front de Loire dessiné par De Lincler et gravé par Collignon dans les années 1630-1640 [© BnF, Cabinet des estampes, collection Lallemant de Betz].
Le logis neuf de l’hôtel de ville
12Duplessis-Mornay ne se contente pas d’être un occupant passif de l’hôtel de ville. D’après les comptes du receveur des fortifications du gouverneur, Laurent Benoist, plusieurs entrepreneurs interviennent sur cet édifice à sa demande17. Si ces comptes restent insuffisamment descriptifs pour appréhender la nature des travaux, un partage de 1670 a permis d’identifier l’existence d’un logis neuf commandé par Duplessis-Mornay, resté jusqu’à présent inédit. Afin de contester l’accusation portée sur l’emprise jugée illégale du collège sur la cour de l’hôtel de ville, les autorités protestantes démontrent en effet que l’aile en retour de ce dernier a été construite par le gouverneur de Saumur et que le collège est donc nécessairement plus ancien :
que les attentes qui sont à l’aisle du bastiment nouveau de la maison de ville et le fondement qui est de la largeur d’icelluy ; ce qui se trouve continuer de niveau dans une partie de la cour du collège, proche une classe, ne sont point des marques d’aucune usurpation, d’autant que cella s’est peu fer lorsque le sieur Duplessis-Mornay, qui a faict bastir ledit bastiment nouveau de la maison de ville, à ce qu’ont dit lesdits de la RPR par le procez verbal de visite de M. Voysin, a sans doubte laissé ladite pierre d’attente…18
13Grâce à cette courte description, il a été possible d’identifier cette aile neuve sur plusieurs documents figurés, antérieurs aux agrandissements destructeurs conduits par l’architecte Charles Joly-Leterme. Elle apparaît ainsi clairement sur une gravure conservée aux archives municipales de Saumur (fig. 16) et sur un plan du 30 novembre 1844 (fig. 17). Construite en retour d’équerre, à l’ouest du bâtiment primitif, elle était séparée du mur mitoyen des jardins de la commanderie des hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem par une petite cour, dans laquelle étaient aménagées des latrines. Le logis de deux étages était desservi par un modeste escalier en vis situé dans une tour postérieure demi-hors-œuvre. La présence sur la façade principale d’une corniche architravée rythmée de petites consoles correspond bien à Saumur aux constructions de la fin du XVIe siècle et du premier quart du XVIIe siècle. Bien que de taille moyenne, avec deux pièces principales par niveau et une troisième en retour sur la cour arrière, le logis de Duplessis-Mornay a permis de doubler la superficie habitable de l’hôtel de ville. Le gouverneur avait projeté par ailleurs de poursuivre la construction de ce logis, au moins jusqu’à la limite parcellaire du collège, comme l’indiquent les fondations mentionnées en 1670 dans le prolongement méridional de l’aile neuve et les pierres d’attente du pignon visibles sur une gravure publiée par Jules Gailhabaud19.

Fig. 16 > Saumur (Maine-et-Loire) – L’hôtel de ville, élévation de la façade sur cour avec à gauche, en retour d’équerre, le logis neuf de Duplessis-Mornay, et à droite l’aile de la rue Bonnemère construite au XIXe siècle [© AM Saumur].
Le collège et l’académie protestante… de l’hôtel de ville
14Si le projet de fonder une académie protestante à Saumur remonte aux premières années du gouvernement de Duplessis-Mornay, le collège, sans doute plus aisé à créer, est la première institution à voir le jour dans le domaine de l’éducation. Henri IV délivre ainsi dès le 20 mars 1593 les lettres patentes autorisant Duplessis-Mornay « à faire construire, ériger et bastir un collège dans ladite ville, voulant qu’il soit composé de cinq classes pourvues de bons régens et de 5 professeurs, à sçavoir trois pour les trois langues et deux pour la philosophie et mathématique20 ». Le gouverneur de Saumur prend alors immédiatement ses dispositions, demande le programme de Leyde et se préoccupe de recruter des professeurs. Complémentaire de la création du collège dans l’esprit de Duplessis-Mornay, l’académie, fondée en 1606-1607, a eu pour objectif de faire évoluer le premier établissement en offrant aux jeunes protestants la possibilité de poursuivre leurs études à un niveau supérieur. Spécialisée dans l’enseignement de la théologie, sa vocation première est restée la formation des futurs pasteurs.
15Le choix de l’emplacement du collège et de l’académie protestante est tout aussi stratégique que celui du temple. Situées en plein cœur de la ville close, ces deux institutions ont été aménagées dans des bâtiments mitoyens de l’hôtel de ville, symbole du principal contre-pouvoir du gouverneur en 1589 (fig. 18). Afin de constituer un ensemble suffisamment important, les autorités protestantes ont acquis plusieurs maisons, dont les achats successifs ont été liés autant à l’évolution empirique du projet initial qu’au rythme aléatoire des transactions. Le premier contrat d’acquêt retrouvé d’un bâtiment destiné à accueillir ces deux institutions date ainsi du 8 avril 160421. Mandaté par le synode national de Gap du mois d’octobre 1603, François Drugeon, conseiller et avocat du roi, achète pour la somme de 6 482 livres « deux corps de logis situez en ceste ville, l’un sortant en la rue de l’hospital [rue Saint-Jean] et l’autre en la rue de la maison de ville [rue Bonnemère] ». Daté du 8 juillet 1605, un second contrat d’acquêt concernerait à nouveau deux maisons, probablement mitoyennes des précédentes22. Si les différents baux conservés aux archives municipales de Saumur permettent de localiser les deux premiers édifices, une incertitude demeure malgré tout sur l’étendue globale du fonds. L’une de ces maisons, mentionnée comme étant située le long des anciens jardins de la commanderie, pourrait en effet correspondre au 6 rue Saint-Jean. Si cette hypothèse s’avérait fondée, le collège et l’académie constitueraient l’exact pendant méridional de l’hôtel de ville. Plusieurs auteurs ont avancé en outre l’existence d’un acte de vente du 19 août 1591, qui aurait concerné un corps de logis situé rue Saint-Jean. Ce document se réfère bien à l’ancien collège, toutefois, il ne traite que de l’amortissement de la rente annuelle et date en réalité du 19 août 169123.

Fig. 17 > Ville de Saumur – Hôtel de ville, plan du rez-de-chaussée, 30 novembre 1844 par Charles Joly-Leterme. Figure sur ce plan le premier projet d’extension de l’hôtel de ville de Joly-Leterme dans le prolongement du logis neuf de Duplessis-Mornay [AM Saumur].
16L’ambiguïté sur les limites de l’emprise du collège et de l’hôtel de ville, soulevée en 1670 par les autorités catholiques, était probablement fondée. Il ne fait pas de doute en effet qu’une certaine perméabilité existait entre les deux entités. Outre le fait que le logis neuf de Duplessis-Mornay était destiné à être prolongé en direction du collège, les différentes descriptions de la seconde moitié du XVIIe siècle mentionnent la présence d’un petit logis-porte, qui, adossé au mur mitoyen, reliait étroitement les deux cours. En l’absence de documents permettant de localiser le collège antérieurement au premier contrat d’acquêt de 1604, il n’est pas impossible de surcroît que le gouverneur ait décidé d’installer l’institution dans le logis neuf de l’hôtel de ville, d’autant plus qu’il résidait au château depuis les années 1596-1597. Quoi qu’il en soit, passée jusqu’à présent inaperçue, l’aile construite par Duplessis-Mornay dans la cour de l’hôtel ville contribue à créer avec le collège et l’académie mitoyens un véritable pôle protestant. Si son emprise parcellaire s’est avérée être tout à fait importante en plein cœur de la ville close, il a surtout permis aux réformés de s’approprier sans heurt le symbole le plus évident de l’autonomie d’une municipalité majoritairement catholique. Ce coup de force illustre parfaitement l’autorité naturelle et les capacités de négociation dont faisait preuve Duplessis-Mornay pour servir une stratégie finement élaborée.

Fig. 18 > Saumur, extrait du plan cadastral ancien, section G 2, terminé sur le terrain en 1812 par le géomètre M. Bruas, avec les emprises de l’hôtel de ville et du collège et de l’académie protestante [© AD Maine-et-Loire].
LES TRAVAUX DES XVIIIe ET XIXe SIÈCLES
17Le mauvais état général de l’hôtel de ville au XVIIIe siècle sera à l’origine de nombreuses plaintes qui donneront lieu à quelques interventions plus ou moins significatives. La réfection du campanile de la toiture, qui ne figure pas sur le front de Loire de De Lincler des années 1630 et qui est donc vraisemblablement postérieur à ce document, reste de loin le plus symbolique de ces travaux24 (fig. 15 et 19). Portée par six poteaux qui avaient été réinsérés dans la charpente originelle, la structure était dans un tel état de délabrement que sa démolition était inévitable. Le devis est finalement établi le 19 avril 1749 par François Gasnier, entrepreneur des ouvrages du roi, et adjugé le 16 mai suivant à Jean Miet, cautionné à l’occasion par Jean Paterne, architecte demeurant sur l’Île Neuve (fig. 20)25. Après avoir obtenu l’autorisation de rajouter deux grands arbalétriers destinés à porter le campanile, le maître d’œuvre achève le chantier par le remontage de l’épi de faîtage qui est contemporain de la première flèche et donc antérieur à 1749 (fig. 21 et 22). Encore en place aujourd’hui, il est composé d’une grue et de quatre gruaux, et constitue ainsi une évocation directe de l’implantation ligérienne de l’hôtel de ville de Saumur.
Charles Joly-Leterme et la naissance d’un hôtel de ville moderne
18L’architecture publique connaît au XIXe siècle un dynamisme sans précédent que d’aucuns jugeraient comme un véritable âge d’or. Héritier d’une riche famille, propriétaire d’un domaine viticole et d’une importante entreprise textile, le banquier Charles Louvet (1806-1882) en sera l’un des protagonistes les plus actifs. Sa carrière politique est à plus d’un titre exceptionnelle. Maire de Saumur de 1844 à 1869, conseiller général de 1838 à 1870, député en 1848, président du conseil général du Maine-et-Loire de 1856 à 1869 et enfin ministre de l’Agriculture et du Commerce en 1870, il reste l’homme fort d’une ville qui va se couvrir de ses plus importants édifices publics au prix d’un endettement parfaitement assumé. Charles Louvet trouvera en la personne de Charles Joly-Leterme un architecte de confiance, avec qui il va s’attacher, avec force et ambition, à forger une nouvelle image de Saumur26. Architecte des Monuments historiques pour l’Anjou et le Poitou, architecte diocésain et de la ville de Saumur à partir de 1841, il est l’auteur de la plupart des édifices commandés pendant le mandat de Charles Louvet.
19À l’étroit dans les quelques pièces dont elle pouvait disposer, la municipalité envisageait d’agrandir l’hôtel de ville multiséculaire de Saumur dès les années 1830. Sa destruction fut même envisagée mais, face aux protestations des habitants, attachés au symbole d’un tel édifice, Antoine Calderon de la Barca, architecte-voyer de la ville depuis 1837, se contenta d’en programmer la restauration. Après son décès soudain, Charles Joly-Leterme hérita alors du dossier et acheva en 1841 la construction d’une aile basse sur la rue Bonnemère, ainsi que l’aménagement de la salle du conseil municipal au premier étage du bâtiment ancien27 (fig. 16 et 23). Malheureusement détruite sans raison dans les années 1980, lors du réaménagement de la cour, cette aile basse s’avérait être l’une des premières constructions civiles de style néo-gothique en Anjou, même si elle reprenait avant tout les élévations de la façade de 1515 par souci d’homogénéité. La salle du conseil municipal se distingue par la qualité de son décor : dotée de lambris à plis de serviette et d’un plafond à larges caissons, elle arbore une cheminée néo-gothique richement ornée, rehaussée d’une imposante accolade encadrée de pinacles.

Fig. 19 > Vue perspective de la ville de Saumur dessinée d’après nature par f. s. Migault, 1773, détail du front de Loire face à la ville close et l’hôtel de ville [© Château-musée de Saumur].

Fig. 20 > Saumur, coupe du projet de la flèche à six poteaux de l’hôtel de ville, illustrant le devis du 19 avril 1749 par François Gasnier [© AM Saumur].

Fig. 21 > Élévation du pavillon, dôme et flèche de l’hôtel de ville de Saumur, faite en juillet 1749, projet d’une nouvelle flèche à huit poteaux et deux arbalétriers, par Jean Miet. Seuls ces derniers seront finalement exécutés, la flèche restant à six poteaux [© AM Saumur].

Fig. 22 > Plan de la charpente du pavillon de l’hôtel de ville de Saumur, dressé en juillet 1749, projet réalisé des deux arbalétriers destinés à soutenir l’enrayure de la charpente primitive, par Jean Miet. Seuls ces derniers seront finalement exécutés, la flèche restant à six poteaux [© AM Saumur].
20Parallèlement à ces premières interventions, Joly-Leterme proposait de doter l’hôtel de ville d’une nouvelle aile, qu’il imagine perpendiculaire au bâtiment ancien, c’est-à-dire en face de l’entrée rue Bonnemère28. Toutefois, afin d’optimiser au mieux les capacités d’une parcelle relativement contraignante, l’idée de la construire sur le quai, dans le prolongement du bastion médiéval, est finalement retenue. Les travaux débutés par la destruction vers 1855 du logis de Philippe Duplessis-Mornay, situé sur le côté ouest de la parcelle, se prolongèrent jusqu’en 1863, année pendant laquelle la décoration intérieure est achevée. Fort d’un pragmatisme récurrent, Joly-Leterme conçoit un plan d’une simplicité déroutante. Accessible sous le porche central, un escalier monumental, jouxtant le bureau du maire, dessert ainsi au premier étage la salle des mariages et une petite salle de réunion, toutes les deux interdépendantes des aménagements précédents (fig. 24 à 27). Toute la maîtrise de l’architecte a consisté en effet à créer une enfilade spectaculaire entre cette salle des mariages et celle du conseil municipal, sans jamais donner l’impression au visiteur de changer d’édifice et de franchir quelques siècles. La qualité du décor, faisant la part belle à d’élégants lambris, a contribué naturellement à homogénéiser l’ensemble, même si les cheminées foisonnantes de la nouvelle construction, dans la droite ligne de la façade de 1515, développent un répertoire mixte teinté d’éléments Renaissance. Le style néo-gothique de la salle du conseil n’a donc pas été repris. Sur la cour, Joly-Leterme cherche avant tout à accorder les deux façades, à la jonction desquelles il élève une tour d’escalier polygonale en lieu et place d’une tourelle en encorbellement. La tour primitive de la façade de 1515 trouve en outre son pendant à l’ouest sous la forme d’un pavillon, tandis les parties sommitales sont toutes traitées avec un appareillage en damier brique et pierre. L’impossibilité d’harmoniser les deux façades sur le quai a fait par ailleurs l’objet de nombreuses discussions et de plusieurs projets. Malheureusement disparu, l’un d’entre eux avait été commandé à Viollet-le-Duc, sans doute à l’initiative de Joly-Leterme. En reprenant l’élévation de la façade sur cour pour les travées latérales, l’architecte opte finalement pour la rupture avec la massivité du bastion médiéval. L’imposant avant-corps central néo-gothique, qui reste le morceau de bravoure de cette composition, et les baies atrophiées du rez-de-chaussée surmontées d’accolades massives en constituent les traits les plus originaux.

Fig. 23 > Saumur, vue d’ensemble de la salle du conseil municipal au premier étage de l’ouvrage quadrangulaire de l’hôtel de ville [© Région Pays de la Loire, Inventaire général, P. Giraud].

Fig. 24 > Saumur, vue d’ensemble de l’hôtel de ville construit par Charles Joly-Leterme [© Région Pays de la Loire, Inventaire général, P. Giraud].

Fig. 25 > Saumur, vue d’ensemble du départ d’escalier de l’hôtel de ville de Charles Joly-Leterme [© Région Pays de la Loire, Inventaire général, P. Giraud].
21Si l’émergence d’une autorité municipale autonome est toujours un acte décisif de l’histoire d’une cité et de l’équilibre des pouvoirs en place, elle est généralement saluée par la construction d’une architecture spécifique, immédiatement perceptible dans le paysage urbain. La concomitance entre la construction de l’ouvrage quadrangulaire de l’hôtel de ville dans les années 1360 et les embellissements du château ducal est un indice fort de la volonté des élites urbaines de s’affirmer à un moment clef de l’histoire de la ville. Son rattachement à l’enceinte, dont il fait partie intégrante, est tout aussi parlant. Correspondant à l’un des plus grands chantiers publics de cette période à Saumur, la modernisation de l’édifice au début du XVIe siècle est également porteuse de sens, avec un évident parti pris traditionnel qui prend ses distances par rapport aux réalisations ligériennes de la première Renaissance. L’émancipation des élites urbaines a toutefois été continuellement compensée par les prérogatives des structures ducales, puis par le développement d’une administration royale sans cesse plus influente qui ira jusqu’à faire du sénéchal le maire perpétuel de Saumur. Si cette dernière apporta davantage d’autonomie à la ville par la création de ressorts indépendants, détachés de ceux d’Angers ou de Tours, elle exerça surtout une véritable tutelle sur les assemblées municipales, selon une tradition valable pendant tout l’Ancien Régime, qui s’atténuera au cours du XIXe siècle.

Fig. 26 > Saumur, vue d’ensemble de la salle des mariages de l’hôtel de ville de Charles Joly-Leterme Leterme [© Région Pays de la Loire, Inventaire général, P. Giraud].

Fig. 27 > Saumur, vue de la cheminée de la petite salle jouxtant le palier du premier étage et la salle des Mariages [© Région Pays de la Loire, Inventaire général, P. Giraud].
Notes de bas de page
1 AD Maine-et-Loire, 4B 3. Le mémoire donne la liste et les armoiries des lieutenants du sénéchal d’Anjou à Saumur, puis des sénéchaux de la ville et des maires. Il commence avec la formulation suivante : « L’an MCCCLXXI, le roy Charles V octroya aux habitans de Saumur droict d’hostel de ville, avec deniers communs. » Cette référence a certainement constitué la source de Célestin Port, qui est le premier à évoquer la date de 1371 (Port Célestin, Dictionnaire historique, géographique et biographique de Maine-et-Loire et de l’ancienne province d’Anjou, t. III, Paris/Angers, Dumoulin/Lachèse-Dolbeau, 1878, p. 489). Cette hypothèse est retenue comme plausible par Élisabeth Verry [Verry Élisabeth, « L’affirmation d’une ville (XIVe et XVe siècle) », dans Histoire de Saumur, Toulouse, Privat, 1997, p. 122], mais fortement nuancée par Joseph-Henri Denécheau (site Internet : http://pagesperso-orange.fr/saumur-jadis).
2 Verry É., « L’affirmation d’une ville… », op. cit., p. 122.
3 AM Saumur, BB 14, pièce 15. Requête des habitants adressée au roi vers 1723 à la suite de la perte de ces lettres patentes et des confirmations postérieures.
4 BM Angers, ms. 1 005 (880). Haumont François Bernard de, Pour servir de mémoires, pour Saumur seulement, à ceux qui voudroient faire l’histoire de tout l’Anjou. Cet ouvrage est en réalité une compilation de plusieurs textes rédigés à partir de 1682, la plupart après l’abjuration de l’auteur après la révocation de l’édit de Nantes.
5 AM Saumur, CC 22, pièce 17. Enregistrement à la Chambre des comptes mentionnant les lettres patentes du 17 février 1437, 19 avril 1617 ; JJ 3, fo 2. Inventaire des titres de l’hôtel de ville de Saumur, 1758-1789. « Premièrement, douze liasses concernant les offices municipaux. La première de douze pièces, qui sont un mémoire instructif qui prouve que l’hôtel de ville est établi avant l’année 1437. »
6 AN, JJ194, fo 79. Recueil des Ordonnances des rois de France, t. XVI, p. 495-496. Lettres du 31 juillet 1466 (citées dans Verry É., « L’affirmation d’une ville… », op. cit.).
7 Haumont F. B. de, Pour servir de mémoires…, op. cit., p. 15 ; D’Espinay Gustave, Notices archéologiques, Saumur et ses environs, Angers, Barasse, 1878 ; Milon E., Nouveau guide pittoresque et descriptif du voyageur dans la ville de Saumur, son arrondissement et ses environs, Saumur, E. Milon et fils, 1880, 156 p. ; Rhein André, « Hôtel de ville de Saumur », dans Congrès archéologique de France, LXXVIIe session tenue à Angers et à Saumur en 1910, Paris-Caen, 1911, p. 29-30 ; Blomme Yves, Anjou gothique, Paris, Picard, 1998, p. 301-306.
8 AD Maine-et-Loire, E 4385/1.
9 Le raccord entre la tour d’escalier et le mur oriental est parfaitement visible sur l’actuelle rue Bonnemère.
10 AD Maine-et-Loire, 4B 3.
11 Dormoy Christian, Pérard Patrice, Expertise dendrochronologique de la charpente de l’hôtel de ville de Saumur, Archéolabs réf. ARC00/R2562D, 2000. Sur les quatre échantillons prélevés, deux possèdent le dernier cerne de croissance, permettant de fixer la date d’abattage au printemps 1514 et à l’automne-hiver 1514-1515. Les travaux auraient donc commencé peu de temps après la nomination du nouveau lieutenant du sénéchal.
12 La logique aurait voulu que les travées soient surmontées de lucarnes. La charpente ne laisse toutefois apparaître aucun signe d’un éventuel remaniement. Les chevrons et les jambettes suivent un rythme régulier, selon un assemblage parfaitement homogène.
13 Bascans Jean-François, Cussonneau Christian, « Boumois ou les derniers feux de l’architecture gothique en Anjou », Revue 303, no 60, 1999, p. 13-20. Des marchés inédits sont présentés dans cet article. Le premier, qui concerne la serrurerie, date du 12 janvier 1521 et indique que la construction est en cours.
14 Patry Raoul, Philippe du Plessis-Mornay, un huguenot homme d’état (1549-1623), Paris, librairie Fischbacher, 1933 ; Hugues Daussy, Les huguenots et le roi : le combat politique de Philippe Duplessis-Mornay (1572-1600), Genève, Droz, 2002.
15 [Arbaleste Charlotte], Mémoires de Madame de Mornay, édition revue sur les manuscrits, publiée avec les variantes et accompagnée de lettres inédites […], par madame de Wit…, 2 tomes, Paris, Jules Renouard, 1868-1869.
16 BM Nantes, collection Dugast-Matifeux, dossier 86. Inventaire des pièces d’artillerie et aultres pièces et munitions…, novembre 1589.
17 AD Vendée, 67J 10. Estat des parties et sommes dont le recepveur des fortiffications de Saumur s’est obligé paier à plusieurs particulliers, au noms des quittances que lesdits particulliers lui en ont baillées pour lui servir à son compte des années 1590, 91, 92 et 1594 et 1595 (18 juillet 1595) ; Aultre estat des debtes deus à plusieurs particulliers à cause des fortifications depuis l’estat ci-dessus mentionné et ensuict ; Fortiffications de la ville, chasteau et fauxbourg de Saumur pour trois années et demies, commencées le premier jour de juillet 1595 et finies le dernier jour de décembre 1598. Laurent Benoist.
18 AN, TT266, fol. 166. Description sommaire du collège faisant suite au Partage intervenu entre les commissaires de la RPR sur les contestations d’entre le sindic du clergé d’Anjou et les religionnaires de Saumur au sujet de l’exercice de la R.P.R, 24 mars 1670.
19 Hôtel de ville de Saumur, élévation de la cour dessinée par J. de Mérindol, gravée par Bury, publiée dans Gailhabaud Jules, Les monuments anciens et modernes, Paris, Firmin-Didot, 1840-1850, 4 volumes (AD Maine-et-Loire, Fi C. Port).
20 Référence citée par Pittion Jean-Paul, « Naissance de l’institution aux origines de l’Académie de Saumur (1593-1612) », dans Saumur, capitale européenne du protestantisme au XVIIe siècle, actes du colloque de l’abbaye de Fontevraud de 1991, Fontevraud, Abbaye royale de Fontevraud – Centre culturel de l’Ouest, 1991, p. 71. Cet événement est confirmé par l’épouse du gouverneur : « [Henri IV] loua particulièrement le bastiment du Temple et octroya [en 1593] lettres d’érection pour un collège à Saumur, garny de professeurs ès trois langues et ès arts et sciences... » (Mémoires de Madame de Mornay, tome 1, 1868, p. 257).
21 AM Saumur, IB 36, pièce 61. Étude Lerat : contrat d’acquêt du 8 avril 1604, vente de René Boucher à François Drugeon. Les deux maisons sont dites : « joignant au total d’un costé les maisons de Me Jehan Chol, veuve feu Antoine Marteau et autres, d’autre costé le jardin de Saint-Jean de l’Hospital et la maison de Nicolas Guérin, qui appartenait à Marguerite Boucher de la Gallotière, d’un bout la grande rue pavée de l’Hospital et d’autre bout, cour, maison et rue de l’hostel de ville ».
22 AN, TT266, fo 169. Mention du « contract d’acquet desdits 2 corps de logis du collège passé devant Sydrat et le Rat, notaires audit Saumur, le 8 juillet 1605 entre lesdits de la RPR et le sieur Bouchet d’Ambillou… ». Il pourrait s’agir ici du renouvellement ou d’une confirmation du précédent contrat.
23 Méteyer L.-Jules, L’Académie protestante de Saumur, Paris, La Cause, 1933, p. 14 ; Denécheau Joseph-Henri, « Sur le terrain », dans Saumur, capitale européenne du protestantisme au XVIIe siècle, op. cit., p. 167. Les auteurs citent un contrat passé devant le notaire Dovalle, le 19 août 1591. Ce document a été retrouvé et date bien du 19 août 1691 (AM Saumur, IB 36, pièce 12). Le notaire Dovalle est de surcroît connu et en exercice de 1690 à 1708 (AD Maine-et-Loire, 5E 69).
24 AM Saumur, DD 14, pièce 27. Détail estimatif d’une flèche à rétablir sur le principal corps de bastiment de l’hostel de ville de Saumur.
25 AM Saumur, DD 14, pièce 30. Devis estimatif des ouvrages indispensables à faire à la charpente, couverture et domillon de l’hôtel de ville, 19 avril 1749 ; le plan correspondant à ce devis est conservé dans la même liasse, pièce 33.
26 Vacquet Étienne, Charles Joly-Leterme (1805-1885), architecte angevin, du praticien à l’artiste, mémoire de recherche de l’École du Louvre sous la direction de François Loyer, 1998.
27 AM Saumur, M I (297) 1.
28 AN, F21/1889. Les plans, coupes et élévations de ce projet de 1851 sont conservés dans cette liasse.
Auteur
Chef du service régional de l’Inventaire d’Aquitaine
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