L’hôtel des Créneaux d’Orléans : les aménagements architecturaux du XIIIe au XVIe siècle
p. 63-104
Texte intégral
1L’hôtel des créneaux d’Orléans servit d’hôtel de ville jusqu’au XVIIIe siècle, époque du transfert de cette fonction dans l’hôtel Groslot situé place de l’Étape1. L’installation du corps municipal dans l’hôtel des Créneaux illustre parfaitement les efforts continus des édiles orléanais pour se constituer une riche maison commune, symbole de leur pouvoir et de leur émancipation. Ces étapes successives débutèrent par la location, au début du XVe siècle, d’une maison privée édifiée vers la fin du XIIIe siècle, pour aboutir aux chantiers des années 1550 qui permirent d’achever un grand projet d’ensemble. Elles incluent également la construction du beffroi contenant les cloches de la ville (dans les années 1440) et du corps de bâtiment de la rue Sainte-Catherine abritant la grande salle du début du XVIe siècle. Si les historiens de l’art s’intéressèrent particulièrement au décor de la façade de ce dernier bâtiment à cause de la présence précoce d’éléments italianisants, on connaît un peu moins les aménagements intérieurs et les bâtiments qui accueillirent les premières réunions, ainsi que les différentes initiatives d’agrandissements. Il s’agit ici d’exposer les observations archéologiques et architecturales réalisées sur certaines élévations ayant bénéficié de restaurations récentes. Ces données seront croisées à une relecture des sources iconographiques et textuelles2 afin de préciser l’évolution du site et de souligner le rôle des différents acteurs intervenant dans la construction de ces bâtiments, en particulier les maîtres maçons.
L’HABITATION MÉDIÉVALE, LE BEFFROI ET L’HÔTEL DE VILLE AU XVe SIÈCLE
2À la fin du XIVe siècle, le processus d’émancipation des Orléanais vis-à-vis du pouvoir royal aboutit à la rédaction par Charles VI de la charte du 2 mars 1385, qui marqua la naissance d’une administration municipale officielle, permettant ainsi à Orléans de devenir une « bonne ville » du royaume3. De fait, cette charte reconnaissait aux Orléanais le droit d’élire un corps municipal gérant les affaires de la ville. L’assemblée des habitants choisissait sept notables, appelés « élisans », qui désignaient les douze procureurs assurant l’administration de la commune (élus pour deux ans), parmi lesquels un « receveur des deniers communs » était chargé de superviser les comptes. Les premières réunions municipales se tenaient alors dans le quartier du Châtelet (fig. 1, pl. II, p. III), centre économique de la ville où se trouvaient les halles, mais surtout siège du pouvoir politique et administratif qui abritait la résidence du duc ou de ses représentants (gouverneur, lieutenant), et la prévôté. Ainsi, il est possible qu’au XIVe siècle les premières réunions municipales se soient déroulées dans la tour de la prison de l’hôtel de la Conciergerie, comme pourrait l’indiquer la mention d’une « chambre des bourgeois4 ». À la fin du XIVe siècle, l’assemblée générale permettant l’élection des douze procureurs prenait place dans les halles et les délibérations avaient lieu dans une salle du prieuré de l’église Saint-Hilaire située à proximité5. Le transfert de la salle de réunion municipale en dehors du Châtelet s’effectua à la fin du XIVe siècle, lorsque le mobilier de la « Chambre des bourgeois » fut transporté au prieuré Saint-Samson, alors situé dans l’angle nord-ouest de la ville protégée par son enceinte du Bas-Empire6. Dans les premières années du XVe siècle, les réunions avaient toujours lieu dans une salle louée par le prieuré7 (chambre « pour converser »).
La maison des Créneaux (fin XIIIe – 1re moitié du XVe siècle)
3L’installation sur le site même de l’hôtel des Créneaux (fig. 1), à proximité immédiate du prieuré Saint-Samson, est bien connue des historiens : les procureurs louèrent d’abord l’hôtel en 14288 avant de l’acheter le 22 mars 14439. L’acte de vente mentionne :
ung hostel appelé l’ostel des Creneaux, estant et ouvrant sur la rue a aller de la Chollerie a l’eglise S. Samson […] situé en lad. Paroisse S. Pierre Ensentelée d’Orleans, couvert d’ardoise, avec les cave, court, jardin, droiz de veue et esgouz […] tenant d’une part a l’ostel de la femme Francois Bellier, fille de feu Jaquet Luilier, d’autre part a ung petit ostel appartenant a lad. Eglise de S. Sanxon d’Orleans et par derriere aux murs anciens de la cité et a l’ostel de dame Gille Morelle.10
4Devenu édifice public au début du XVe siècle, l’hôtel des Créneaux (fin XIIIe ou début XIVe siècle) était donc une habitation construite et occupée par plusieurs familles de bourgeois de la ville. Certaines mentions de la maison se trouvaient dans les registres censiers du prieuré de Saint-Samson dont elle dépendait, la plus ancienne datant de 1328 : « pro magna domo ad Crenellos11 ». En 1338, ses propriétaires, Agnès des Fossés et ses enfants, vendirent au bourgeois Jean du Martroy « la maison aus Creniaux, assise lez le cloistre Sainct Sanxon », moyennant 60 florins d’or à l’écu et une somme de 6 livres parisis de rente annuelle et perpétuelle12. Guillaume Garbot, bourgeois d’Orléans, en était propriétaire en 1428 lors de sa location aux procureurs, avant que celle-ci ne soit transmise à sa veuve, Marion Renard, membre d’une des grandes familles de la bourgeoisie orléanaise, possédant plusieurs biens immobiliers dans la ville13. C’est un de ses descendants, Jean Renard, qui vendit l’hôtel aux procureurs en 1443.
5Le bâtiment originel, de plan rectangulaire et à pignon sur rue, présentait sa façade antérieure dans la rue Saint-Maclou, voie disparue au XIXe siècle lors de la création de la place de la République (fig. 2, pl. II, p. III). Il était fermé à l’ouest par un mur pignon qui fut transformé en refend lors de l’agrandissement de la maison (XIVe ou début XVe siècle ?) : l’ancienne élévation fut alors percée afin d’assurer la communication avec la nouvelle extension occidentale. L’un des atouts de la maison était son implantation sur une parcelle de grande surface, close à l’ouest par le mur d’enceinte du Bas-Empire. Les murs gouttereaux de la demeure ouvraient vers des espaces non bâtis : une cour fermée au nord, desservie par une porte piétonne au rez-de-chaussée et peut-être une deuxième cour au sud, à moins qu’il ne s’agisse d’une ancienne venelle, comme l’indiquent les vestiges d’ouvertures (soupiraux et baies du rez-de-chaussée). Ces espaces libres étaient probablement occupés par de petits bâtiments annexes complétant ainsi le programme résidentiel de l’habitation. Au XVe siècle, il semble que la cour nord ait servi notamment de lieu de stockage pour certains matériaux de construction acheminés par la Loire14. Ainsi, l’hôtel des Créneaux se démarquait de la majorité des habitations voisines édifiées dans un parcellaire dense. Au contraire, il se rapprochait de quelques autres riches demeures situées à proximité et également édifiées au XIIIe siècle sur de grandes parcelles contre le mur d’enceinte antique, comme sur l’actuelle place Louis XI (maison dont seule subsiste la salle basse excavée) ou au 15 rue des Trois-Clefs. Cependant, il s’agissait bien d’une maison polyvalente puisque le corps de bâtiment principal réunissait les fonctions de lieu de travail, comme en témoigne l’arcade à usage de devanture de boutique au rez-de-chaussée, et de logement pour les étages.
6La maison des Créneaux se composait d’une salle basse excavée, servant actuellement de cave (fig. 3), surmontée d’un rez-de-chaussée et de deux étages. Malgré les remaniements des baies aux XVe, XVIe, fin XVIIIe et XIXe siècles15, les gouttereaux conservent plusieurs vestiges d’ouvertures datant de l’origine : pour le mur nord, une porte piétonne couverte d’un épais linteau à l’extrémité ouest ; pour le mur sud, des fenêtres à meneau ou des croisées au rez-de-chaussée et aux étages (fig. 4). L’ensemble de ces ouvertures présente un encadrement mouluré d’un simple chanfrein, qui s’achève par un congé en cuillère aux extrémités des meneaux et des traverses. Dans l’architecture domestique orléanaise, les baies du mur gouttereau sud de l’hôtel des Créneaux constituent des exemples précoces de l’apparition des fenêtres à meneau et des croisées (meneau et traverse), vestiges qui se remarquent encore sur quelques rares maisons de la ville16. Elles se caractérisent ici par une mixité de matériaux qui n’aura plus cours aux siècles suivants : la pierre d’Apremont est employée avec le calcaire de Beauce (fig. 5). Les embrasures des baies possèdent déjà des coussièges (conservés uniquement dans la fenêtre à meneau du deuxième étage) ou des panneaux dormants vitrés fermant le registre supérieur des croisées (comme l’indique la feuillure visible sur celle du rez-de-chaussée ; fig. 4 : c).
7La façade antérieure (mur pignon oriental), qui a pu faire l’objet d’observations archéologiques lors des travaux de restauration de 200617, concentrait l’essentiel du décor (fig. 6, pl. II, p. IV). À la différence des murs gouttereaux constitués d’une simple maçonnerie de moellons enduits, elle présente un parement soigné en moyen appareil de calcaire de Beauce, d’une épaisseur comprise entre 12 et 20 cm, enfermant un blocage. Ce parti esthétique remarquable ne se retrouve à Orléans que sur quelques rares maisons comme au 7 rue Saint-Éloi (XIIIe siècle18) où, comme ici, le moyen appareil est utilisé seulement en parement de la façade sur rue, choix économique qui donne l’illusion d’une maison entièrement bâtie en pierre de taille. Une telle façade – qui se démarquait des habitations voisines aux façades principalement construites en pan-de-bois, ou en petit appareil de moellons masqués sous un enduit – affirmait le prestige de ses propriétaires. Au rez-de-chaussée, une arcade au tracé brisé, qui servait vraisemblablement de devanture de boutique, était jouxtée au sud par la porte piétonne d’entrée couverte d’un arc surbaissé. Le centre de chaque étage était percé d’une grande fenêtre géminée inscrite dans une archivolte de tracé brisé19. Aucun élément ne permet de restituer le couvrement des ouvertures (réseau, tas-de-charge ou linteau) et la forme du meneau (peut-être une colonnette à l’image de celles observées à la maison du 7 rue Saint-Éloi ou alors accompagné d’une traverse ?). À l’intérieur, l’encadrement de l’embrasure de chaque fenêtre géminée, large de 2,12 m, était couvert par un arc de tracé surbaissé comme le montrent les vestiges de l’ouverture du deuxième étage conservé dans le comble actuel (fig. 7). En façade, chaque étage était également orné par un double registre de cordons moulurés formant larmier (cordons d’appui et d’imposte), dont les pierres ont toutes été changées à l’identique dans les années 1960-1970 (fig. 6).
8La salle basse excavée (fig. 3), couverte de voûtes sur croisées d’ogives et dont les murs servent de fondations à la maison, possède quatre travées dont seules celles situées à l’ouest sont actuellement visibles puisque la partie orientale a été condamnée par un mur : elle s’étendait originellement jusqu’à l’aplomb du mur pignon20. L’accès s’effectue par un escalier droit desservi par une trappe percée dans l’angle nord-est du rez-de-chaussée, à proximité immédiate de l’arcade ouverte sur la rue et de la porte nord donnant sur la cour. Cette pièce était close par un vantail situé dans la descente de l’escalier, qui pivotait sur les gonds conservés dans la feuillure du piédroit nord, tandis que des soupiraux percés dans le mur sud procuraient lumière et aération. Le décor se réduit à de simples chanfreins sur les arêtes des arcs, des piliers engagés et du linteau de la porte. Équipée de structures de rangement – un placard mural dans la culée de l’escalier et une grande niche sous la voûte rampante portant l’escalier –, la pièce formait un vaste espace à fonction d’entrepôt, qui présente beaucoup d’analogies avec d’autres salles basses excavées de maisons construites aux XIIIe et XIVe siècles dans la ville. Au XVe siècle, c’est sûrement cette pièce qui est qualifiée de « cave de l’hôtel de ville » et qui assure un revenu de 40 sous parisis pour sa location par les procureurs à un particulier nommé Thomas de Bourges21.
9Pour les autres niveaux, les travaux d’aménagements contemporains ont effacé toutes traces des distributions et des circulations anciennes. Le rez-de-chaussée, initialement à usage de boutique, formait au XVe siècle le logement du concierge de l’hôtel de ville. L’escalier d’accès aux étages se trouvait probablement dans la moitié sud du bâtiment comme en témoigne l’emplacement de la porte d’entrée sur la façade22. La salle haute, au premier ou deuxième étage, abritait au XVe siècle les délibérations des procureurs23. Les vitres des baies de cette salle furent réparées en décembre 1444 par le verrier Rolant de Monglane qui y plaça deux écussons aux armes de la ville24. Aujourd’hui, le premier étage ne conserve que les poutres maîtresses du plafond reposant sur des corbeaux en pierres encastrés dans les murs gouttereaux, dont l’une est renforcée au centre par un chapeau porté par un poteau et deux aisseliers. On ne sait si ce dernier aménagement se trouve à son emplacement originel ou s’il a été rapporté lors de l’installation du musée. Il pourrait dater du début du XVIe siècle comme le suggère son décor sculpté : poteau traité à l’image d’une colonne avec base, chapiteau et fût circulaire orné d’un semis de fleurs de lys ; motifs d’imbrications et d’écailles sur les aisseliers ; ruban enroulé et chapelet de perles sur le chapeau. Enfin, il est possible qu’une partie du dernier niveau (le comble ?) ait servi de lieu de stockage au XVe siècle comme semble l’indiquer une mention des comptes de la ville relatant le transport à cet endroit de dix-sept milliers de traits qui étaient préalablement entreposés dans la maison de Jean Lalement, précédent receveur25. Le comble actuel, couvert par une charpente à pannes, semble correspondre à un remaniement postérieur au XVe siècle, comme l’indique son niveau de plancher qui s’appuie contre l’ouverture de l’embrasure de la fenêtre géminée du deuxième étage, perturbant ainsi l’utilisation de cette dernière (fig. 7). Auparavant, le deuxième étage était probablement couvert par une charpente de toit apparente, à chevrons-formant-fermes et éventuellement lambrissée, à l’image de celles conservées dans d’autres maisons de la ville édifiées à la même époque : celles du 3 rue du Poirier (1266-1267d) et du 12 rue des Trois-Maries (1289-1290d26).
10L’installation du premier hôtel de ville d’Orléans se fit donc dans l’habitation d’un particulier, achetée à cette occasion, situation assez commune et attestée dans d’autres villes. Ainsi, à Paris, le receveur des gabelles vendit en 1357 au prévôt des marchands, Étienne Marcel, la demeure qui devint le premier hôtel de ville27 ; à Tours, les élus louèrent en 1429, quasiment à la même époque qu’à Orléans, une maison qui fut finalement achetée une trentaine d’année après28. À Orléans, les procureurs durent être sensibles aux atouts offerts par la maison des Créneaux : établie sur une vaste parcelle, elle présentait une qualité architecturale et ornementale, notamment grâce à ses baies et à sa façade antérieure, en mesure d’affirmer le pouvoir de la commune.
Le beffroi (milieu du XVe siècle)
11Peu de temps après l’achat de l’hôtel des Créneaux, les procureurs décidèrent d’ériger à proximité un beffroi, autre symbole majeur de l’autorité municipale (fig. 2). Si les travaux de construction débutèrent dès 1445, après l’autorisation accordée par le duc d’Orléans de l'appuyer contre l’ancienne enceinte urbaine, en revanche l’acte de donation définitif du terrain ne sera établi qu’en 1452. Ce dernier document rappelle alors que « les procureurs ont encommencé de construire et faire ediffier une tour quarrée pour y mettre une orloge et faire autres édiffices et aisances pour le bien d’icelle communité29 ».
Le chantier
12L’histoire de la construction du beffroi est assez bien documentée grâce aux registres des comptes de la ville dont certains extraits ont été publiés par plusieurs auteurs depuis le XIXe siècle30. Le gros œuvre de maçonnerie fut réalisé entre 1445 et 1448 par Colin Galier. À la même époque ce maître maçon dirigeait également les travaux de fortification de l’enceinte urbaine, notamment des boulevards de la porte Renard et de la porte Bourgogne entre 1447 et 144931. Il est précédemment attesté à la tête des travaux d’entretien et de réparations du pont et du fort des Tourelles depuis le siège de 142932. En 1447, les procureurs firent appel à trois maçons orléanais pour effectuer une expertise, peut-être à la suite d’un désaccord intervenu avec Colin Galier au sujet de la réalisation des fondations de la tourelle d’escalier33. Cette dernière semblait présenter de sérieux problèmes de stabilité puisqu’en 1449, on recourut aux services de Jean Le Courteleux, charpentier de Gien, pour réaliser une nouvelle expertise et « visiter la tour qui a esté commancée en l’ostel de la ville et la viz d’icelle, pour savoir le remede de la mettre a point34 », ce qui entraîna l’installation d’étais à la fin de la même année35. Par la suite, en 1455, Pierre Chauvin, maître des œuvres de maçonnerie du duché d’Orléans, fut appelé pour réaliser les cadrans des horloges (fig. 8) ; il avait rempli préalablement la charge de maître maçon de la ville d’Orléans avant de passer au service du prince en devenant son maître maçon domanial36. Comme tel, il avait supervisé certains travaux de la résidence ducale d’Orléans (le Châtelet), ainsi en juin 1431 les réparations consécutives au siège des Anglais37, ou en 1455 le réaménagement des latrines de la librairie du duc38. Il fut encore désigné dans un acte du 7 janvier 1454 expert de l’œuvre de la cathédrale Sainte-Croix qu’il devait visiter deux fois par an39. En outre, Pierre Chauvin s’était déjà illustré par ses compétences de sculpteur, notamment en 1449 grâce à la réalisation du décor du portail nord de la collégiale Notre-Dame de Cléry-Saint-André40. À la même époque, Colin Galier apparaît toujours dans les comptes de la ville mais il travaille surtout sur les chantiers de l’enceinte (par exemple en 1453 sur le boulevard de la porte Renard41) et son dernier paiement pour le chantier de l’hôtel de ville daterait du 7 janvier 144842. Il semble donc que Pierre Chauvin ait remplacé Colin Galier à la tête de la maîtrise d’œuvre du beffroi. En fait, dès le mois de septembre 1454 Pierre Chauvin réalisait avec l’aide de son fils les travaux d’élargissement de la porte et d’une fenêtre de la tour pour permettre le passage de la grosse cloche43. Durant la même période, le maçon Robin Francart, gendre de Pierre Chauvin, et le maçon Jehan Chauvin effectuèrent les gaines pour le passage des axes (« verges ») des mouvements de l’horloge44. Jehan Chauvin, sûrement un parent de Pierre Chauvin, deviendra lui aussi maître des œuvres de maçonneries du duché à la fin du XVe siècle45.
13Le linteau de la porte d’entrée de la tourelle du beffroi fut timbré des armes (de la ville ?) taillées en avril 1448 par Jehan Le Paige, tandis que trois anges et un ermite étaient exécutés par Antoine de Bruxelles, tailleur de pierre probablement originaire des anciens Pays-Bas bourguignons. Auparavant, quatre autres tailleurs de pierres avaient œuvré au mois de mars pour la réalisation de cette importante porte qui était munie d’un support central ou d’un piédestal46 (« entrepié du milieu »).
14Les œuvres de charpenterie du beffroi étaient placées sous la direction de Gilet Bataille47, charpentier qui avait déjà travaillé avec Colin Galier pour la réparation d’une arche du pont en 143748. Le 29 août 1429, c’est lui qui remporta le marché de réparation de l’hôtel du duc et de la tour de la prison endommagés par les tirs de canons anglais lors du siège49. Pour l’hôtel du duc, il fournit les planches destinées à la construction des « chasliz » de la chambre où devait coucher le roi lors de sa venue en novembre 143950. Nous retrouvons la présence de Gilet Bataille dans des chantiers plus modestes, puisqu’il travaillait également à l’entretien des maisons appartenant à l’hôtel-Dieu51.
15Les vitres des fenêtres du beffroi furent réalisées par le verrier Rolant de Monglane, qui avait déjà réparé les vitres de la maison des Créneaux en 144452. En 1448, un potier de terre était payé pour la fabrication de « six douzaines de petits pots » destinés à être placés en hauteur autour de la tour en construction et dont certains exemplaires subsistaient encore au début du XXe siècle sur la tourelle d’escalier (entre 13 et 20 m au-dessus du sol de la cour). Ces pots en céramique servaient vraisemblablement de nichoirs à oiseaux, non accessibles pour la consommation : ils attestent l’attrait esthétique de ces animaux en milieu urbain53. L’installation de l’horloge et des cloches, entre 1454 et 1455, fut très onéreuse et nécessita la tenue d’un chapitre particulier des comptes de forteresse54. L’horloge fut réalisée sous la responsabilité du maître horloger Louis Carrel, de Moulins, pour la somme de 265 francs55. En janvier 1454, on prit également conseil auprès de Jehan Menyn, horloger du Nivernais, qui effectua un voyage à Chartres pour s’inspirer de l’horloge de cette ville56. Quant à la grosse cloche réalisée par Robin Boyvin, « fondeur et ouvrier de cloiches » d’Orléans, elle fut placée dans la tour après un premier échec de fonte57. On dut encore faire venir un expert, le « saintier » tourangeau Étienne Bouchard, en vue d’établir la seconde fonte. Dans la tour, cette grosse cloche était suspendue à des « estriers » et des « sommiers de fer » installés par le serrurier Guarian Du Moustier58. La mise en place de l’horloge nécessita la construction par Gilet Bataille d’une « terasse de bois » dont les différentes pièces, ainsi que les supports des petites cloches, furent couvertes de plomb par Gilet Peret de Châteaudun59. Deux peintres, Pierre Pamart et Jehan Yrland, ornèrent les cadrans de l’horloge (fig. 8). En définitive, la mise en place de l’horloge et des cloches entraînèrent une dépense totale d’environ 1 600 ℓ. p., ce qui correspond, comme l’a indiqué Françoise Michaud-Fréjaville, à « un peu plus de 30 % des dépenses de l’exercice de 1453-145560 ». Même s’il s’agit ici de dépenses exceptionnelles, ces éléments demandaient un entretien et des réparations récurrentes, qui nécessitèrent elles aussi la venue d’experts. Ainsi, dès 1458, la grosse cloche étant endommagée on appela un fondeur parisien, Nicolas Chastellain, pour la refaire avec l’aide de l’Orléanais Guillaume Bouchard61. Au XVIe siècle (1546), l’horloger du roi demeurant à Blois fut requis pour réparer l’horloge62. Les principales étapes de la construction du beffroi sont présentées dans le tableau ci-après.
Dates | Travaux | Documents | Maîtres d’œuvre, artisans |
Mars 1445 | Gros œuvre : fondations et début de la construction de la tour | Marché des œuvres de maçonnerie | Colin Galier |
Fin 1447 | Fondations de la tourelle d’escalier | Colin Galier | |
Fin 1447-début 1448 | Construction de la tourelle d’escalier jusqu’au niveau du 4e étage | Achat de 120 marches de pierres de La Charité « pour la vix de la tour de l’ostel de ville » | Colin Galier |
Avril 1448 | Sculptures de la porte d’entrée de la tourelle d’escalier | Jean Le Paige et Antoine de Bruxelles, sculpteur et tailleur de pierre, etc. | |
Juin 1448 | Couvrement sommital de la tourelle d’escalier | Achat « d’une grant pierre […] pour faire la couverture de ladicte vix » | |
1452 et 1453 | Charpentes et couverture en ardoises de la tour et la tourelle | Marché du 1er octobre 1452 | Gilet Bataille, charpentier d’Orléans |
1453 | Achat du métal pour faire les cloches | 2 décembre 1453 : 1 794 livres et demie de métal (« mitraille » et « saulmons d’estin ») | Robin Boyvin, « fondeur et ouvrier de cloiches » d’Orléans |
1454 | Construction d’une terrasse couverte de plomb | Contrat | – Gilet Bataille, charpentier d’Orléans |
1454 | Construction des mouvements de l’horloge | Marché du 22 septembre 1453, début de la construction au printemps 1454 | Louis Carrel, de Moulins |
1454 | Pose des panneaux de verre des fenêtres | Paiement du 23 mars 1454 | Rolant de Monglane, « verrier » |
1454 | Fontes et installation des cloches | – Marché du 4 mars 1454 | – Robin Boyvin, « fondeur et ouvrier de cloiches » d’Orléans |
1455 | Construction et peinture des cadrans en pierre de l’horloge | Mars 1455 | – Pierre Chauvin, maître maçon d’Orléans – Pierre Pamart et Jean Yrland, peintres |
L’approvisionnement en pierre
16Certains matériaux utilisés pour la construction du beffroi entraînèrent des frais d’achat importants dus à l’éloignement des carrières et au transport sur la Loire, comme le tuffeau employé pour le parement du dernier étage (fig. 9) ou le calcaire de la Charité utilisé pour les marches de la tourelle d’escalier63. La pierre achetée en juin 1448 au cloître Saint-Aignan – lieu de stockage des matériaux acheminés sur la Loire et provenant notamment du Nivernais ou du Cher (pierre de Nevers, de La Charité ou d’Apremont-sur-Allier) – pour réaliser le couvrement sculpté de la tourelle d’escalier était probablement un calcaire du Nivernais64. Ce fait illustre les liens existant entre les grands chantiers urbains, puisque la collégiale était en pleine reconstruction durant la deuxième moitié du XVe siècle65. Pour autant, le remploi permettait une économie non négligeable, comme l’illustre l’exemple de la réutilisation de deux marches cassées de la vis pour la réalisation des cadrans de l’horloge66.
Analyse architecturale et fonctions de l’édifice
17La tour se compose d’un rez-de-chaussée (6,35 m × 4,15 m) et de six étages surmontés actuellement par une terrasse, qui culmine à 35,70 m67 : elle accueillait à l’origine une flèche dont la pointe fut surmontée en 1495 d’une statue en cuivre de saint Michel terrassant le dragon, fondue par l’Orléanais Jacquet Le Roux68 (fig. 10). Elle est flanquée à son angle nord-est d’une tourelle d’escalier en vis de plan circulaire (fig. 11), fortement restaurée69. La tourelle, dont l’élévation est rythmée par quatre cordons formant larmiers, est éclairée par neufs jours rectangulaires. Le gros œuvre se compose d’un petit appareil de moellons irréguliers (calcaire de Beauce) probablement enduits à l’origine, tandis que la pierre de taille était réservée aux chaînes d’angle, aux cordons et aux encadrements des baies. Dans les niveaux supérieurs, cette maçonnerie est renforcée par des chaînages horizontaux : il s’agit de quatre cordons accompagnant les retraits successifs de la tour. Les deux cordons supérieurs forment des larmiers. Les façades orientale et occidentale, presque aveugles, ne sont munies que d’un jour situé près des cadrans de l’horloge (fig. 8), tandis que la façade sud est percée d’un jour par niveau. La façade nord, qui donne quant à elle sur la cour de l’hôtel de ville, possède à chaque étage une large baie équipée de coussièges. Ces grandes fenêtres correspondent toutes à d’anciennes croisées (fig. 10), excepté celle du cinquième étage qui présente un couvrement appareillé en tas-de-charge échancré d’un trilobe70. Seules les ouvertures du premier étage (jour et croisée) étaient protégées à l’origine par une grille composée de montants et de traverses en fer. L’encadrement de toutes ces ouvertures est orné d’un cavet, à l’exception de quelques jours qui sont chanfreinés. La grande sobriété de l’élévation est rompue par la présence de quelques éléments sculptés. Au quatrième étage, le cordon est interrompu sur les façades est et ouest par un cadre mouluré (fig. 8), couronné par une accolade à la pointe surmontée d’un fleuron, à l’intérieur duquel devait être peints des textes votifs ou un décor. Au-dessus, les cadrans de l’horloge sont jouxtés de deux pinacles reposant sur de petits culs-de-lampe prismatiques et reliés par une accolade à crochets. Le dernier étage, celui des cloches, offrait un traitement particulier : un moyen appareil de tuffeau71 et de grandes baies, au nombre de deux sur chaque pan sauf à l’ouest où elles sont trois (fig. 9). Le couvrement de chacune d’entre elles est échancré d’un trilobe inscrit dans une archivolte en forme de gâble à crochets et fleuron sommital. L’encadrement est mouluré de plusieurs cavets, tandis que des pinacles à crochets sur bases prismatiques ornent leurs piédroits ainsi que les contreforts d’angle de l’étage. Enfin, une corniche, actuellement sculptée de choux frisés, couronne ce niveau. À ce même étage, la tourelle d’escalier, qui adopte un plan octogonal, présentait également un parement en tuffeau orné d’un décor d’arcature aveugle à trilobes rythmée par de petits pinacles aux angles72 (fig. 9).
18Les différents niveaux de la tour sont planchéiés (poutre maîtresse sur corbeaux en quart-de-rond) excepté les trois premiers qui sont voûtés73 (fig. 11). Le rez-de-chaussée s’ouvre sur la cour par une porte en arc surbaissé et un petit jour oblong muni d’une grille (fig. 10). Couvert d’une voûte en berceau surbaissé, il abritait comme le précise le premier marché de construction passé avec Colin Galier en mars 1445, les « canons, couleuvrines, pouldre, traicts et aultres habillemens de guerre pour la seurté desdis biens de ladicte ville et pour la doubte du feu ». Il servait donc d’arsenal à la ville74. Les chambres des deux premiers étages présentent une mise en valeur particulière grâce à leur voûte quadripartite aux ogives moulurées d’un listel entre cavets. La clef est sculptée d’un blason, dont les armes ne sont plus visibles au deuxième étage (fig. 12 : c). Sur celle du premier étage, il s’agit des armes d’Orléans, mais à l’authenticité douteuse car la salle a été entièrement restaurée au XIXe siècle pour servir de cabinet au directeur du musée75. Les peintures des murs et de la voûte, les culots figurés (en plâtre) situés à la base des ogives, ainsi que le manteau de cheminée rapporté contre le mur occidental, correspondent à ces travaux de restauration. Les croisées de ces chambres possédaient des panneaux de verre armoriés en 145476. La chambre du premier étage n’était pas desservie par la tourelle d’escalier, puisqu’on y accédait par une porte donnant à l’étage d’un petit corps de bâtiment situé dans le prolongement de la grande salle de délibération de l’ancienne maison des Créneaux (fig. 2). Ce bâtiment aurait été édifié vers 1448 derrière le mur pignon occidental de la maison des Créneaux afin de la relier à la tour77. À l’intérieur, la porte d’entrée dans la grande salle est couverte par un arc en accolade qui était surmonté d’un fleuron (fig. 12 : a). Son encadrement, richement mouluré par deux tores situés entre de profonds cavets, repose sur de hautes bases prismatiques. En face, la porte d’entrée dans la tour est plus sobre, puisqu’elle est moulurée d’un cavet terminé par de petites bases triangulaires, parfaitement identiques à celles des fenêtres de la façade sur cour ; son couvrement est orné d’une accolade. Ce petit corps de bâtiment conserve également une charpente à pannes et arbalétriers, constituée d’une ferme dont le poinçon est taillé en forme de colonnette à fût octogonal et à chapiteau et base moulurés (fig. 12 : b). Cette charpente présente beaucoup d’irrégularités qui pourraient être les vestiges d’un remaniement ou de l’utilisation de bois de remploi78.
19Les chambres des quatre premiers étages du beffroi pouvaient accueillir diverses activités administratives. L’une d’entre elles servait de salle des archives à l’œuvre du pont de la ville : en 1530 le peintre Loys Fromant réalisait « deux escussons faict sur verre aux armes du pont et de la ville, aux victres de la chambre ou sont les lettres dudit pont estant en la cour et tour de la communité de ladite ville79 ». En 1552 l’une de ces chambres servait de trésor des chartes, privilèges et titres de la ville80. Dans la tourelle d’escalier, la porte d’entrée de la chambre du cinquième étage est la seule dont la plate-bande soit ornée d’un blason (sculpté de trois huchets ; fig. 12 : d). Cette pièce abritant le mécanisme de l’horloge se distingue par sa fenêtre trilobée, qui était close de panneaux de verre décorés d’armoiries8181. Enfin, notons que le beffroi servait également de principale tour de guet et des sonneurs de la ville, rythmant ainsi les événements de la vie de la cité82.
20Puissante affirmation des libertés communales, le beffroi constituait, avec les tours des églises et de l’enceinte, un des points culminants de la cité. Élément essentiel de la parure urbaine, la tour avec son horloge, ses cloches et son décor complétait le programme de l’hôtel de ville. Construction neuve, elle se distinguait des beffrois aménagés dans d’anciennes tours ou portes d’enceinte comme à Auxerre (vers 1483), Amboise (vers 1495), ou Beaugency (vers 1511), tout autant que des hôtels de ville-beffroi, tel celui de Dreux (vers 1512), qui concentraient l’essentiel des fonctions édilitaires.
L’agrandissement au nord-est : la nouvelle salle et la galerie (fin du XVe siècle)
21À la fin du XVe siècle les procureurs agrandirent l’hôtel de ville en ajoutant deux nouveaux corps de bâtiments : un édifice de plan rectangulaire avec pignon sur rue, aménagé à l’emplacement d’une ancienne maison qui appartenait au prieuré Saint-Samson et qui jouxtait au nord la cour de la maison des Créneaux83 ; une galerie occupant l’extrémité orientale de cette même cour, qui permettait de relier le nouveau bâtiment nord-est à l’ancienne maison des Créneaux, et dont le rez-de-chaussée est percé d’un portail formant l’entrée principale de l’hôtel de ville (fig. 2). Ces deux nouvelles constructions présentent une façade continue donnant sur l’actuelle place de la République (fig. 13). Aucune mention de l’édification de cet ensemble ne subsistant dans les comptes de la ville, sa datation (fin XVe siècle) ne peut s’appuyer que sur l’observation de son architecture sur rue, l’évocation en 1497 d’une « salle neufve84 » pouvant renvoyer néanmoins au bâtiment nord-est récemment édifié. Sa façade sur cour et ses intérieurs ont été affectés par des aménagements contemporains qui ne permettent plus d’observer la structure du XVe siècle85. Il semble que l’étage ait abrité la nouvelle salle de réunion des procureurs86, l’accès se faisant par un grand escalier droit extérieur, situé à l’angle nord-est de la cour (fig. 2), encore visible sur un plan dressé au XVIIIe siècle87. Le deuxième corps de bâtiment datant de cette campagne, la galerie adossée au revers de la façade sur rue en pierre, est actuellement une construction en pan-de-bois de la fin du XVIIIe siècle88, qui a pu remplacer une galerie antérieure à moins que le bâtiment prévu en maçonnerie soit resté inachevé, le chantier s’étant déplacé au début du XVIe siècle sur le front occidental de la parcelle avec la construction d’un grand bâtiment rue Sainte-Catherine.
22Donnant sur la place de la République, la seule partie présentant des vestiges du XVe siècle est constituée des façades de ces deux bâtiments, le mur gouttereau de la galerie étant jouxté par le mur pignon du bâtiment nord-est. La parfaite continuité entre les assises des deux façades atteste de leur contemporanéité ; plusieurs fois restaurées (dans les années 1930, puis vers 1958-1960 et en 200689), elles conservent néanmoins leur parement soigné en moyen appareil de tuffeau pour les étages et en calcaire de Beauce au rez-de-chaussée (fig. 14, pl. II, p. V). Le sommet de la façade de la galerie présente une forte pente vers le sud, anomalie résultant soit du réaménagement tardif du bâtiment en pan-de-bois situé au revers, soit de l’inachèvement de l’ensemble au XVe siècle. De la même manière, sur le bâtiment nord, le versant sud du pignon s’interrompait à mi-pente pour former un retour horizontal jusqu’à la toiture de la galerie : cette irrégularité permettait sûrement le raccord entre la toiture du bâtiment nord et celle de la galerie90. Au rez-de-chaussée, la galerie est ouverte seulement par le grand portail couvert d’un arc en anse de panier orné d’une riche mouluration91. Il est surmonté d’un gâble en accolade aux rampants ornés de crochets et terminé par un fleuron, tandis que les piédroits étaient surmontés de pinacles à crochets sur bases prismatiques : ces sculptures, bûchées, ont été restituées lors de la restauration de 200692. C’est vraisemblablement ce portail qui est évoqué en 1497, lorsque deux crampons sont achetés « pour mettre une barre de bois pour fermer les portes d’emprés le puys de l’ostel de ladite ville93 ». Le puits mentionné, qui se trouvait sous la galerie immédiatement au nord du portail, est encore visible sur un plan dressé en 187394. À l’étage, la galerie est ouverte par une demi-croisée au sud et une croisée au nord, aux encadrements moulurés d’un listel entre deux doucines fuyantes séparées par des gorges (motif dédoublé sur la croisée), reposant sur des bases prismatiques et se croisant aux angles formés avec le couvrement et avec la traverse. Le bâtiment nord n’est percé au rez-de-chaussée que d’un jour grillagé, mouluré d’un quart-de-rond entre filets, à l’étage d’une croisée identique à celle de la galerie et au troisième niveau d’une baie dont le couvrement est soulagé par un arc de décharge95.
23Cette façade se caractérise donc par l’importance accordée aux surfaces murales, les ouvertures restant parcimonieuses (notamment au rez-de-chaussée) mais présentant quasiment toutes une ornementation caractéristique du répertoire du « gothique flamboyant ». Une certaine continuité s’observe avec la façade de l’ancienne maison des Créneaux (fin XIIIe – XIVe siècle) qu’elle côtoie, grâce à l’utilisation d’un parement en pierre de taille, mais qui est cette fois-ci en tuffeau. Avec le dernier étage du beffroi, cette élévation constitue le premier exemple d’édifice civil orléanais faisant usage d’un parement en tuffeau, alors que ce parti sera repris au XVIe siècle sur les façades de certaines habitations de qualité de la ville96.
LE GRAND BÂTIMENT DE LA RUE SAINTE-CATHERINE ET LES AMÉNAGEMENTS DU XVIe SIÈCLE
24Mais un nouveau projet fut bientôt élaboré pour agrandir l’hôtel de ville à l’ouest du site (fig. 15, pl. II, p. VI), à l’emplacement de l’enceinte antique et des maisons appuyées contre son parement externe, en construisant un nouveau bâtiment sur un emplacement privilégié : sa façade devait s’étendre le long de la « Grande rue Sainte-Catherine », voie qui constituait l’un des axes majeurs de la ville reliant le pont sur la Loire au grand marché du Martroi situé au débouché de la route de Paris (fig. 1).
25La construction de ce grand bâtiment, constitué d’une vaste salle bâtie sur un cellier et surmontée par un comble, ne peut être éclairée par les comptes de la ville disparus pour les deux dernières années du XVe siècle jusqu’aux quinze premières années du XVIe siècle. Ce vide documentaire a conduit des auteurs à émettre des hypothèses parfois contradictoires, quant à la date de construction et à l’identité du maître d’œuvre. Les historiens les plus anciens estimaient que le bâtiment était achevé en 1498, année de la date d’avènement du duc d’Orléans Louis II (Louis XII97), d’autres qu’il datait du règne de François Ier en raison de sa proximité avec l’hôtel de ville de Beaugency98. D’autres auteurs estimèrent que la construction, débutée sous le règne de Louis XII, ne s’acheva qu’après 1518, à cause de la découverte de fragments de pilastres – attribués probablement par erreur à la balustrade de la façade – ornés de la lettre « H », interprétée comme initiale du duc d’Orléans Henri (le futur roi Henri II)99.
26Cependant, Louis et Étienne Jarry ont pu relever dans les comptes de 1513 la mention du « corps neuf de la maison de ladite ville100 ». La ville dut auparavant faire l’acquisition de plusieurs maisons situées le long de la rue Sainte-Catherine et adossées à l’enceinte101 :
en 1494, la maison de Robinet Tuchon, correspondant à la partie sud du nouveau bâtiment (11 octobre 1494) ; cela permit en avril 1497 de relier l’hôtel de ville à la rue Sainte-Catherine en perçant une porte dans l’ancien mur d’enceinte, ouverture qui fut fermée de vantaux fournis par le charpentier Jehan Destouche102 ;
en 1504, la maison dite des Douzains, qui correspondait à la partie centrale de l’emplacement du nouveau bâtiment où se trouvait également à l’arrière une tour d’enceinte (« une tour encrée dedans lesdiz murs de la ville ») ;
une dernière maison au nord fut vendue à la ville en 1509.
27En 1504, les travaux ne semblaient pas avoir commencé car la maison acquise en 1494 était toujours évoquée dans l’acte. En revanche, le chantier était en activité lors du dernier achat de 1509 (« en l’ediffice et maison d’icelle communité que on ediffie de present et qui ja encommancée a ediffier103 »). En définitive, la construction débuta entre 1503 et 1509 pour s’achever vers 1513, ce qui s’accorde bien avec le décor déployé sur la façade (fig. 16).
Les salles du cellier et le passage du saloir
28Le premier niveau du bâtiment se compose de deux pièces séparées par un couloir reliant la cour de l’hôtel de ville à la rue Sainte-Catherine. À cause de la déclivité du terrain, ces pièces sont semi-excavées du côté de la rue, tandis qu’elles sont presque entièrement enterrées par rapport à la cour. Elles sont couvertes de voûtes sur croisées d’ogives quadripartites reposant sur des piliers engagés104 et ne diffèrent que par leurs dimensions : la pièce nord, plus vaste, possède une travée supplémentaire, les arcs reposant au centre de la pièce sur deux colonnes octogonales au fût appareillé (fig. 17). Dans les deux pièces, le vaisseau oriental est moins large que les deux autres, ce qui a conduit au nord à couvrir cet espace très resserré de demi-croisées d’ogives. En outre, ce vaisseau oriental est séparé du vaisseau central par des arcades à double rouleau plus larges qu’à l’ouest, peut-être à des fins de renfort105. Cette particularité, ainsi que le changement de mode de couvrement, découlent donc de l’irrégularité du plan du bâtiment (les murs gouttereaux ne sont pas parallèles) en raison des contraintes structurelles préexistantes, vraisemblablement les fondations du mur d’enceinte antique. Ces pièces accessibles depuis le couloir par une porte couverte d’un linteau mouluré d’un quart-de-rond, suivie par une petite volée de sept marches106, sont reliées à l’est par un passage sous voûte en berceau surbaissé situé sous le couloir107. Le seul éclairage procédait du percement à l’ouest de trois jours donnant sur la rue et protégés par une grille.
29Le calcaire du Nivernais (d’Apremont-sur-Allier), pierre onéreuse en raison du coût du transport sur la Loire, fut réservé aux arcs et aux encadrements des trois fenêtres108, tandis que le calcaire de Beauce, pierre locale, fut utilisé pour l’ensemble de la construction sous la forme de petits moellons pour le blocage des murs et les voûtains mais également en pierre de taille pour les supports et le parement des murs. Ce dernier est constitué d’un appareil dont les hauteurs d’assise varient entre 26 et 36 cm, dénotant une construction soignée. Les arcs, à la mouluration prismatique (listel large de 6 cm entre deux cavets), retombent par pénétration dans les supports dont la base d’environ 58 cm de hauteur est terminée par une simple moulure concave (fig. 18). Chaque voûte quadripartie possède une clef sculptée d’une rose, excepté celle au sud-ouest de la salle nord qui présente un écu109.
30Malgré le soin apporté à leur construction ces deux salles n’avaient qu’une fonction d’entrepôt et, à l’instar d’autres hôtels de ville, celui de Loches par exemple, servirent de grenier à sel au XVIe siècle110.
31Au même niveau, le couloir appelé passage du saloir, large d’environ 1,63 m, présente sa partie la plus longue de plain-pied avec la rue. Il s’achève à l’est par une volée de dix marches suivie d’un repos situé légèrement en contrebas par rapport au sol de la cour, aménagement correspondant à un remaniement puisque l’escalier originel s’achevait directement dans la cour, disposition encore visible sur les relevés de Léon Vaudoyer (plan et coupe de 1845) et sur un plan dressé en 1873111 (fig. 19 et 27). Le couloir est couvert de cinq voûtes sur croisées d’ogives, dont deux sur demi-croisées aux extrémités, excepté le repos qui est surmonté d’un petit plafond à six solives ; la jonction entre ces deux modes de couvrement s’effectue au moyen d’une large plate-bande clavée chanfreinée et adoucie par un corps de moulures (doucines, cavet, bande). Comme pour les pièces voisines, les clefs des voûtes sont ornées de roses, mais la modénature des arcs – un réglet encadré de chaque côté par deux cavets, puis par un autre listel – est plus complexe (fig. 18). L’esthétique relève encore du « gothique flamboyant » avec les réglets extérieurs se croisant sur les sommiers des arcs. Ces derniers reposent sur des culots en pierre d’Apremont finement sculptés, qui représentent des figures issues du répertoire médiéval traditionnel (fig. 20) : sirène, ange tenant un écu, dragon, animal fantastique112. La qualité du décor déployé est en relation avec la fonction du lieu qui constituait l’accès principal de l’hôtel de ville depuis la rue Sainte-Catherine.
La grande salle et le comble
32À l’étage, les aménagements récents ne permettent pas d’observer les éventuels vestiges de dispositions anciennes de la grande salle qui présente un important volume (environ 16,45 m × 11,45 m, soit 188 m2). La présence de conduits semble indiquer qu’une cheminée s’appuyait contre chaque mur pignon, dispositifs représentés sur le plan de Léon Vaudoyer113 (fig. 19). Ce dernier a également dessiné un couloir à l’extrémité orientale du bâtiment, éclairé par deux baies géminées situées au centre de la façade sur cour et communiquant avec la grande salle grâce à deux portes percées dans la cloison. Il reste difficile de savoir si ce couloir a réellement été observé ou s’il correspond à une invention de Léon Vaudoyer, incertitude qui concerne également l’escalier en vis représenté dans l’angle sud-ouest du bâtiment afin d’assurer la desserte du comble114. Si le plafond de la salle a été détruit, en revanche le comble est encore couvert par une charpente en chêne à chevrons-formant-fermes qui a subi d’importantes restaurations115. Les poinçons octogonaux des cinq fermes principales sont sculptés à l’image de colonnes avec une base moulurée et un chapiteau surmonté de petits culs-de-lampe triangulaires aux angles (fig. 21). Ce décor et le choix d’une structure à chevrons-formant-fermes, faisant référence aux charpentes d’édifices anciens à haut degré de technicité, revêtaient un caractère symbolique particulièrement important. L’adoption d’un parti similaire se retrouve exactement à la même époque (vers 1505) pour la charpente du prestigieux hôtel de François Brachet, rue de la Bretonnerie à Orléans (hôtel dit de la Vieille-Intendance116).
33Il est possible que cette nouvelle grande salle de l’hôtel de ville ait servi de lieu de réception ou de réunion extraordinaire117, puisque les assemblées ordinaires pouvaient s’effectuer dans la salle du bâtiment édifié à la fin du XVe siècle dans l’angle nord-est de la cour.
La façade rue Sainte-Catherine et son décor sculpté « Renaissance »
34Suscitant un vif intérêt à cause de son riche décor de la première Renaissance, la façade sur la rue Sainte-Catherine a été décrite par plusieurs auteurs depuis le XIXe siècle et a fait l’objet de nombreuses représentations graphiques et photographiques118. Elle a subi plusieurs restaurations, avec une importante campagne entre 1903 et 1911 menées par l’architecte Lucien Roy avec l’aide du sculpteur Adolphe Gleisse119 et une dernière en 1993 sous la maîtrise d’œuvre de Jacques Moulin (architecte en chef des monuments historiques). Malgré leur ampleur et mis à part le problème du garde-corps du comble, l’étude de l’élévation et de la documentation montre que peu d’éléments ont été réinventés120. Cette façade de trois niveaux (rez-de-chaussée, étage, comble), divisée en quatre travées délimitées par deux pilastres superposés, est marquée par un souci de régularité et de symétrie (fig. 21). Le premier niveau (haut d’environ 4 m) comporte un soubassement légèrement saillant (entre 80 et 95 cm de hauteur) s’achevant par un cavet renversé interrompu par le passage des piédestaux des pilastres. Trois de ces travées sont percées au rez-de-chaussée d’un jour rectangulaire (0,82 m × 1,26 m) couvert par une plate-bande munie d’un larmier enveloppant retombant sur des crossettes. La deuxième travée en partant du sud abrite la porte d’entrée (1,48 m × 2,76 m) couverte d’un arc en plein-cintre et aux piédroits ornés de colonnes engagées qui se substituent aux pilastres présents sur le reste de la façade. À l’étage, chaque travée comporte une grande croisée à double traverse (environ 3,20 m × 1,50 m), qui assure l’éclairage de la grande salle, tandis qu’une niche est située au centre des trumeaux. Les photographies anciennes montrent que le couvrement de ces baies était une plate-bande à deux sommiers et une clef. Le mur est couronné par une corniche saillante portant le chéneau, alors que deux échauguettes d’angle, de plan hexagonal, sont actuellement reliées par un garde-corps. Le mur de surcroît du comble était terminé par une corniche en quart-de-rond interrompue par le passage de quatre lucarnes à meneau et traverse qui éclairent le comble. Leurs piédroits sculptés de chapiteaux portaient un fronton triangulaire121. La haute toiture en ardoise était probablement couronnée d’un faîtage en plomb, qui fut restitué sur les relevés de Léon Vaudoyer et d’Aymar Verdier (fig. 19 et 22).
35Excepté les trois assises du soubassement en pierre dure (calcaire de Beauce), l’ensemble de la façade a été réalisé en moyen appareil de pierre d’Apremont-sur-Allier, calcaire semi-dur de couleur légèrement ocre, matériau qui fut remplacé par un calcaire plus grossier (de Bulcy ou de Donzy) lors des restaurations du début du XXe siècle122. Ce bâtiment est donc le premier édifice civil de la ville à présenter une élévation revêtue de ce type de parement, choix esthétique prestigieux qui sera repris sur certaines demeures au XVIe siècle123. La façade se caractérise ici par un quadrillage de lignes dans lequel les verticales sont privilégiées (travées, niches, échauguettes, lucarnes), dénotant un certain attachement aux habitudes et à l’esthétique du « gothique flamboyant ». Ainsi, les courts pilastres du rez-de-chaussée, qui ne montent qu’au deux tiers du niveau, sont prolongés par des fragments de pilastre de même largeur, permettant de conserver l’effet de continuité verticale, procédé utilisé à la même époque sur la porte d’entrée du château de Gaillon en 1508124. À l’étage, les pilastres sont dépourvus de bases mais sont posés sur de semblables éléments jouant le rôle de piédestaux au niveau des allèges des baies. Ainsi, en dépit d’une utilisation de formes nouvelles, l’effet général de la façade n’est pas complètement modifié par rapport aux constructions de la fin du XVe siècle : l’effet de verticalité n’est que légèrement équilibré par la présence d’éléments horizontaux continus. Le cordon formant larmier et séparant les deux premiers niveaux, de section triangulaire et mouluré d’une doucine, n’interrompt pas la succession des membres verticaux mais ressaute au droit des fragments de pilastre. En outre, la ligne horizontale forte créée par la corniche est quelque peu atténuée par le passage des chapiteaux des pilastres au-devant des premières moulures. Quant au garde-corps surmontant la corniche et orné de motifs « flamboyants », il fut construit lors de la restauration de 1993 à l’image de celui visible sur le relevé de Léon Vaudoyer (1845) qui constitue le plus ancien document relatif à la présence de cet élément. Rappelons que Léon Vaudoyer réalisa ce dessin lors d’une mission durant laquelle il fut chargé par la commission des Monuments historiques de représenter un certain nombre d’édifices « Renaissance » de la ville d’Orléans125125. Son dessin n’est donc pas un relevé fidèle de la façade en 1845, mais bien une proposition de restitution de l’état originel. En effet, dans sa description de 1849, Léon de Buzonnière indique qu’« il ne reste malheureusement aucun vestige » du garde-corps, qui est effectivement absent des différentes vues réalisées à la même époque126. Léon Vaudoyer et Léon de Buzonnière ont-ils observé les traces de son existence sur l’édifice ou s’agit-il d’une restitution hypothétique ? Quelques années après, Aymar Verdier et François Cattois proposaient un garde-corps orné de motifs Renaissance mais le choix n’était étayé par aucune preuve archéologique (fig. 22). La découverte de deux fragments de piliers sculptés au XIXe siècle relança le débat puisque Louis Imbault proposait d’y voir des vestiges du garde-corps. Si la qualité du décor et la nature de la pierre indiquent que ces supports peuvent provenir de l’hôtel de ville, ils ne correspondent vraisemblablement pas à des vestiges de la façade127 : leurs dimensions et leurs fûts sculptés sur les quatre faces ne sont pas compatibles avec le garde-corps. En outre, Lucien Roy put effectuer des observations précises de la maçonnerie lors de la restauration de 1903-1911 qui l’amenèrent à penser qu’aucune balustrade n’avait été construite au-dessus de la corniche128. Il est donc possible que ce garde-corps, peut-être prévu dans le projet originel, ne fut jamais construit.
36Sur la façade, l’attachement aux formes traditionnelles se traduit encore par l’emploi de décors sculptés spécifiques : arcatures trilobées et petits contreforts des échauguettes, crochets pendants sur une frise d’arceaux du couvrement des croisées129, fleurons couronnant les frontons des lucarnes et les échauguettes. Ce décor « flamboyant » s’accumule sur les niches des trumeaux couronnées de dais à trois pans coupés, ornés de gâbles, de pinacles à crochets et à l’intrados imitant de petites voûtes d’ogives à liernes et à tiercerons (fig. 23). Chacun de leurs culs-de-lampe est sculpté de deux figures se tenant de part et d’autre d’un motif central130, surmontées d’un corps de moulures dont la principale est couverte de feuillages (de choux) ponctués aux angles et au centre de motifs (têtes, roses).
37Ces ornements issus du répertoire traditionnel sont employés en combinaison avec ceux de la nouvelle syntaxe architecturale venue d’Italie. Ainsi, l’ensemble des éléments de la façade présente une modénature atténuée qui se distingue nettement des moulures contrastées du « gothique flamboyant ». Bien que les ouvertures principales possèdent des ébrasements à trois moulures saillantes munies de bases et évoquant des colonnettes (avec des socles pour les croisées et des petits chapiteaux pour la porte), les profils présentent des segments de cercle (doucine, quart-de-rond) clairement séparés par des profils plats (bande et listel) influencés par le nouveau vocabulaire. De même les bases ne sont plus prismatiques mais s’inspirent bien des ordres antiques. Les moulures de la corniche se caractérisent par un effet de profusion ornementale où s’enchaînent : un quart-de-rond sculpté d’une frise d’oves et où les dards sont remplacés par des feuilles découpées, une doucine avec frise de feuilles imbriquées et enroulées en crochets, une frise de coquilles sous arceaux dont les intrados sont ornés d’une imbrication de feuilles refendues et aux écoinçons renfermant des bouillons de feuilles, un quart-de-rond couvert d’une ligne de rosettes couronnant l’ensemble (fig. 24). Même si elle n’en a pas l’ampleur, cette corniche à frise de coquilles n’est pas sans rappeler celle de l’aile François Ier du château de Blois (1515) et elle servira sans nul doute de modèle pour celle de l’hôtel de ville de Beaugency131. D’autres motifs transalpins sont déclinés sur la façade : tresses ou frise d’oves sur les tables des allèges des croisées ou sur les rampants des lucarnes, demi-disques ornés d’une rose sur les fûts des pilastres du premier niveau132, courts rinceaux à double boucle et cannelures rudentées sur les pilastres de l’étage, candélabres de vases (alternant avec divers motifs : bucranes, pots à feu, épis de blé, rinceaux avec lyres, etc.) sur les fragments de pilastre prolongeant les colonnes de la porte ou sur ceux situés sous les pilastres de l’étage (fig. 25), feuilles refendues sur les larmiers des jours ou le cordon. Au premier niveau, disposés à hauteur d’homme, les chapiteaux compacts à corbeille convexe présentent un tailloir évasé muni de cornes très saillantes (fig. 25 : a). Sous ces dernières prennent place des figures d’angle hybrides constituées de têtes de lion, de feuillages naturels ou de masques feuillus, tandis que le motif central représente un bucrane, un putto ailé, des candélabres, un ove dans une coque, etc.133. Le développement de ces formes nouvelles occupe un choix de premier ordre sur la porte d’entrée (fig. 25 : b) ; les moulures extérieures de l’ébrasement (doucine et bande) font retour de manière à former un cadre saillant par rapport au front de l’arc, délimitant nettement les écoinçons habités par des putti ailés, agenouillés contre la moulure de l’archivolte et porteurs d’une guirlande végétale et d’une palme134. Au-dessus, une frise, ornée d’une alternance de candélabres végétaux avec lyres et de candélabres de vases, est surmontée d’un corps de moulures venant doubler le cordon séparant les niveaux qui permet d’évoquer un entablement. À Orléans, ces ornements de la première Renaissance ne se retrouvent que sur l’hôtel brique et pierre de François Brachet, dit de la Vieille-Intendance (24-26 rue de la Bretonnerie), construit à la même époque (vers 1505)135 et ensuite sur quelques demeures (maisons et hôtels) ou édifices religieux édifiés dans les années 1515-1530136.
38Ce bâtiment à trois niveaux présente plusieurs similitudes avec d’autres hôtels de ville construits à la même époque, comme par exemple celui de Blois (édifié sous le règne de Louis XII, avant 1514) qui était également doté d’un soubassement (cellier), d’un rez-de-chaussée surélevé (ou étage) abritant la salle de réunion et d’un comble dont les hautes lucarnes surplombaient les travées137. À l’instar des façades d’édifices religieux parées d’un luxueux décor, les niches des trumeaux abritaient des statues représentant des rois ou plutôt des saints138, éléments qui caractérisent d’autres hôtels de ville de cette époque comme celui de Compiègne (vers 1502-1510, statue équestre de Louis XII139). Le semis de fleurs de lys alternant régulièrement avec des cœurs de lys, qui couvrait le mur au premier niveau de l’hôtel des Créneaux avant d’être bûché à la Révolution, est un autre ornement distinctif des édifices publics du début du XVIe siècle140. Il s’observait par exemple à la Chambre des comptes du palais de la Cité à Paris (vers 1504-1508), à l’hôtel de ville de Blois, et subsiste sur celui de Beaugency (années 1510-1520141). À Orléans, le décor des allèges des croisées participait de cette symbolique des « lieux de pouvoir » grâce à un cadre mouluré renfermant initialement des écus armoriés tenus par des anges. Enfin, les deux échauguettes (fig. 24), recouvertes d’un abondant décor (semis de rosettes à quatre pétales sur les pans et imbrications de feuilles sur le dôme), constituent des attributs symboliques rappelant les couronnements fortifiés de l’architecture défensive, alors récurrents sur les hôtels de ville, comme à Blois, Beaugency, Dreux (vers 1512), Saumur (vers 1515), Compiègne, etc.
La façade sur cour et l’accès à la grande salle
39Les murs pignons (nord et sud), mitoyens des habitations voisines, sont bâtis en petit appareil de moellons, matériau qui semble également utilisé pour la façade sur cour difficilement observable à cause de la présence d’un enduit au ciment. Cette dernière a subi de nombreux remaniements (fenêtres hautes à l’encadrement en bois résultant des travaux d’aménagement du musée au XIXe siècle) et seuls des fragments de la corniche moulurée en quart-de-rond subsistent à ses extrémités nord et sud.
40Dans la cour, les traces de l’accès originel à la grande salle de l’étage ont disparu142. Un extrait de compte indique qu’un perron, probablement desservi par un escalier extérieur, fut construit par le maître maçon Pierre Biart vers 1541-1542, une fois l’espace nécessaire dans la cour dégagé : « ung quail a monter en la grant salle du corps neuf de l’hostel de la communité de ladicte ville ayant vue sur la rue Saincte-Katherine143 ». Sur son plan, Léon Vaudoyer montre une porte percée à l’extrémité nord de la façade, précédée à l’extérieur d’un étroit avant-corps abritant l’escalier (six marches) et comportant au sud une petite pièce munie d’une fenêtre donnant sur la cour (fig. 19). Là encore, cette desserte correspond sûrement à une hypothèse de restitution, qui est contredite par la représentation d’un autre escalier droit perpendiculaire à la façade visible sur le plan et l’élévation de C. Pensée de 1849 (fig. 26), et plus clairement sur le plan dressé en 1873144 (fig. 27, pl. II, p. VI). L’escalier (long de 3,95 m pour 3,73 m de large) venait s’appuyer contre l’angle nord-ouest de l’actuelle cour. Il était muni d’un garde-corps au sud et comportait huit marches suivies par un palier. Ce dernier ouvrait sur un avant-corps, appelé « vestibule » sur le plan (3,08 m × 3,73 m), qui dessert la grande salle grâce à une porte située quasiment au centre du mur gouttereau145. Il reste difficile de savoir si cette desserte était liée à l’aménagement du musée au début du XIXe siècle ou si elle reprenait l’emplacement d’une structure plus ancienne, puisqu’un escalier droit est déjà représenté à cet endroit sur un plan terrier du XVIIIe siècle146 (fig. 15). En outre, il est possible que le perron originel ait occupé toute la largeur de la cour en couvrant l’entrée du couloir vers la rue Sainte-Catherine, à l’emplacement de l’ancien mur d’enceinte. Les traces d’arrachement et les sommiers de la voûte de cette structure sont encore visibles sur un massif de maçonnerie servant de contrefort à l’angle nord-ouest du beffroi. Ainsi, le perron pouvait s’assimiler à une sorte de balcon longeant la façade sur cour, éventuellement fermé par un garde-corps et passant par dessus la descente du passage du saloir147. Un tel dispositif associant un escalier à volée droite et un perron pour desservir la grande salle de réunion se remarquait déjà dans la cour de l’hôtel des Créneaux pour le bâtiment nord-est édifié à la fin du XVe siècle148 (fig. 15), et caractérise certains hôtels de ville de la première moitié du XVIe siècle comme à Blois149 et à Angers (vers 1521-1541150). Dans ces deux exemples, le perron formait un petit pavillon surmonté d’un dais voûté (ou baldaquin) porté par des colonnes et dont les arcades s’ouvraient largement vers l’extérieur. Ces ouvrages en saillie sur la façade peuvent être comparés aux balcons ou aux bretèches visibles sur certains hôtels de ville du Nord de la France comme à Compiègne ou à Arras151, qui permettaient parfois au corps municipal de s’adresser à l’assemblée ou de rendre la justice. S’inspirant du symbolisme seigneurial ou palatial, ces ouvrages pouvaient être mis en valeur par un décor. À Orléans, ce perron fut décoré en 1541-1542 par l’installation d’un pilier sculpté d’une représentation de Jeanne d’Arc qui venait d’être réparée par le sculpteur François Marchand152. En outre, il est permis de s’interroger sur l’origine des fragments de piliers sculptés attribués par erreur au garde-corps de la façade rue Sainte-Catherine : ne peuvent-ils pas être les vestiges du décor de ce perron ou de l’escalier de la cour (fig. 28) ? La présence de la base sur l’un des deux piliers et l’amorce du chapiteau sur le second permettent de restituer une hauteur totale du support d’environ 1 m153. Les fûts sont ornés sur leurs quatre faces d’un semis de fleurs et de cœur de lys, caractéristique héraldique de la municipalité déjà employée sur la façade occidentale, tandis que la corbeille du chapiteau porte la lettre « H » au centre de chaque face et une fleur de lys aux quatre angles154.
Les maîtres d’œuvre ?
41Après les doutes émis par Eugène Jarry155, l’attribution quasi unanime de ce bâtiment à un maître d’œuvre nommé Charles Viart156 est rendue obsolète grâce à l’étude de Pierre Lesueur de 1926, qui a démontré qu’il y avait eu une confusion ancienne avec Pierre Biart, neveu de Colin Biard157. Certains auteurs ont supposé que Pierre Biard pouvait être à l’origine du bâtiment rue Sainte-Catherine en se fondant sur la comparaison avec l’hôtel de ville de Beaugency, édifié dans les années 1510-1520 sur le modèle de celui d’Orléans et dont l’attribution à ce maître d’œuvre est plus vraisemblable158. Or, aucun document n’atteste la présence de Pierre Biard à l’hôtel des Créneaux durant les quinze premières années du XVIe siècle. De fait, si la mention la plus ancienne de Pierre Biard à Orléans remonte à l’année 1515 (pour son mariage), son activité sur un chantier de la ville n’est signalée qu’à partir de 1518 (maison du boulevard de la porte Renard). Il travailla à l’hôtel des Créneaux plus tardivement, vers 1541-1542 au perron de la grande salle et vers 1551 pour l’édification du bâtiment nord-ouest de la cour. Il était alors devenu un maître d’œuvre de premier plan dont l’activité est connue sur de nombreux chantiers situés principalement à Orléans où il vécut jusqu’à sa mort en 1565159 : château de Beaugency dès 1518160, Hôtel-Dieu et Grand Cimetière d’Orléans, hôtels particuliers, maisons urbaines et expertises. Dans l’hypothèse où Pierre Biart aurait travaillé dès 1503-1513 à l’hôtel des Créneaux, au début de sa carrière, il n’est nullement assuré qu’il ait dirigé le chantier. En attente de nouveaux éléments, rien ne permet de connaître le ou les maîtres d’œuvre du bâtiment de la rue Sainte-Catherine. Est-il possible que ce dernier ait été l’un des trois maîtres des œuvres de maçonnerie qui travaillaient pour la ville au début du XVIe siècle, notamment sur le chantier de l’enceinte urbaine ? Il s’agit de Jehan Mynier, maître des œuvres de maçonnerie du duché d’Orléans de 1498 à 1536, de Macé Droyneau (beau-père de Pierre Biart), maître des œuvres de « l’enclousture de la ville et cité d’Orleans », et de Jehan Lemerle, maître des œuvres de maçonnerie d’Orléans. Les deux premiers sont connus notamment pour avoir acquis des terrains situés à l’emplacement de l’ancienne enceinte urbaine, probablement dans le but de les faire lotir161. Quant à Jehan Lemerle, il participa à des expertises162 et dirigea plusieurs chantiers prestigieux de la ville et de ses environs163 : églises, comme en 1513 celle de Sainte-Catherine située immédiatement au sud de l’hôtel des Créneaux, château de Cormes à Saint-Cyr-en-Val en 1523, agrandissement des Grandes écoles de l’université d’Orléans en 1527, quais de la Loire en 1528 et 1530 (avec Pierre Biart), ou riches demeures urbaines, comme en 1524 celle du chanoine Girard Laurens près de l’église Saint-Pierre-Lentin.
L’aboutissement du projet : la construction du bâtiment nord-ouest de la cour
42À la suite à l’achèvement du bâtiment occidental, le programme de l’hôtel des Créneaux fut complété par l’édification au milieu du XVIe siècle d’un autre bâtiment dans l’angle nord-ouest de la cour, seule partie qui n’avait pas encore été bâtie (fig. 27). La place où il est situé, « enclavée entre les deux salles de ladicte communauté », aurait été acquise par les échevins en 1532164. C’est à la suite de cet achat que Pierre Biart reconstruisit le perron de la grande salle précédemment évoqué (1541-1542), tandis que la partie restante du terrain servit provisoirement de jardin. À l’emplacement de ce dernier, le petit bâtiment de l’angle nord-ouest de la cour fut édifié par Pierre Biart vers 1551-1552165. Ses murs sont maçonnés, à l’exception du mur de croupe occidental qui présente une paroi en pan-de-bois résultant peut-être d’un remaniement, comme le suggère également une reprise de la charpente de comble à cet endroit. Un fragment de compte de juin 1551 indique qu’une partie de l’élévation de ce bâtiment se composait d’un parement en brique, peut-être orné de motifs géométriques (losanges ?) :
pour une mesure d’huille qui a esté employé a paindre party de briques de l’ediffice du bastiment neuf de l’ostel de ladicte ville, 5 s. Pour pierre noire et paille qui a esté employé avec aultre, a noircir la brique, qui a esté employé a ladicte maison neufve, 5 s. t.166
43Si le rez-de-chaussée de la façade sur cour de ce bâtiment est actuellement percé de deux fenêtres résultant d’une reprise tardive (XIXe siècle), en revanche l’étage présente encore deux croisées jouxtées à l’est par un petit jour couvert d’un linteau échancré d’un arc en plein-cintre167 (fig. 29). Ces ouvertures sont ornées d’un chambranle et de moulures articulées (bande jouxtant une doucine et/ou un quart-de-rond) se retournant à angle droit aux extrémités des piédroits. Cette modénature, caractéristique du milieu du XVIe siècle, s’accompagne d’ornements sur le jour : tailloirs sur les piédroits, petite agrafe en volute située à la clef de l’arc et bouillons de feuillage dans les écoinçons.
44À l’intérieur du bâtiment, il ne subsiste aucun vestige des circulations et des distributions du XVIe siècle, à l’exception du comble où une porte est percée à l’extrémité sud du mur pignon oriental : munie d’un encadrement chanfreiné et couverte d’un arc surbaissé, elle assure une communication avec le comble du bâtiment nord-est de la cour. Dans les comptes de 1551, ce nouvel édifice est évoqué ainsi : « entre le corps d’hostel ou est la salle ordinaire a tenir les assemblés et le corps neuf ouvrant sur la rue Sainte Katherine, auquel edifice y aura par bas lieu a tenir le siege des proces des douziesmes168 ». Ainsi, le rez-de-chaussée devait abriter les délibérations de l’impôt sur le vin, qui constituait l’un des revenus les plus importants dans les recettes des comptes de la ville. De part son emplacement, il n’est pas exclu que l’étage de ce bâtiment ait été relié avec le perron (ou le balcon) donnant accès à la grande salle de la rue Sainte-Catherine. La construction du petit bâtiment nord-ouest marque donc la fin des projets de développement de l’hôtel de ville, débutés au début du XVe siècle par l’achat de la maison des Créneaux.
45L’édification du grand bâtiment occidental de l’hôtel des Créneaux entre 1503 et 1513 démontre bien l’ambition de la municipalité. Elle intervint dans une période de croissance économique et démographique, qui se traduisait par un renouvellement important du bâti urbain, et notamment par la construction de la dernière enceinte dont les travaux débutèrent en 1486 pour s’achever au milieu du XVIe siècle. Cet immense chantier, qui permettait de doubler la superficie de la ville, s’accompagnait d’une opération d’urbanisme visant à redéfinir en partie le tissu urbain (voiries et parcellaires) afin de lotir rapidement les nouveaux espaces enclos. Sur le plan politique, il convient de rappeler que les premières démarches entreprises pour la construction de la grande salle, soit l’achat des maisons appuyées contre la vieille muraille antique, correspondent à une période de forte tension entre les échevins et les officiers du duc169. La cause en est le dégagement de terrains situés à l’emplacement des anciennes enceintes et de leurs fossés, dont certains furent cédés par le duc Louis II d’Orléans en guise de récompense à ses officiers, qui purent ainsi les faire lotir. À cause de la pression démographique, ces espaces constructibles furent sujets à convoitises : les échevins estimaient que ceux situés entre les portes Bannier et Renard appartenaient à la ville, mais le gouverneur et son lieutenant s’y opposaient prétextant qu’ils relevaient du domaine ducal. En 1497, année où fut percé l’ancien mur antique pour relier l’hôtel de ville à la rue Sainte-Catherine, ce conflit, dont les événements ont été relatés par Françoise Michaud-Fréjaville, atteignit son paroxysme : au printemps, les échevins furent emprisonnés plusieurs jours dans l’hôtel des Créneaux par le lieutenant et l’affaire fut dénouée devant le roi170. L’accession du duc d’Orléans au trône de France l’année suivante participa probablement à l’apaisement des tensions et favorisa peut-être la poursuite du projet de construction du bâtiment.
46En ce sens, la construction du prestigieux bâtiment rue Sainte-Catherine a pu être interprétée comme un signe fort des nouvelles prétentions du corps municipal et de son émancipation. Cette ambition se traduisit par l’édification d’une façade prestigieuse qui, même si son dessin reste attaché à certains monuments de la fin du Moyen Âge, constitue le premier édifice de la ville à présenter des éléments de la nouvelle syntaxe architecturale. Cette façade servit de modèle pour la construction des maisons et des hôtels du XVIe siècle, et permit notamment la diffusion des formes de la « Renaissance ». À l’instar d’autres maisons communes édifiées à cette époque, l’hôtel des Créneaux se distingue par le regroupement, principalement sur sa façade principale, d’éléments symboliques et spécifiques aux lieux de pouvoir.
Notes de bas de page
1 Après la Révolution, l’ensemble des bâtiments de l’hôtel des Créneaux fut mis à disposition des tribunaux civils jusqu’en 1825. De cette date à 1981, l’hôtel accueillit le musée des Beaux-Arts de la ville. Classé monument historique en 1840, il abrite depuis les années 1980 une annexe du conservatoire municipal.
2 Abréviations utilisées : BSAHO : Bulletin de la Société archéologique et historique de l’Orléanais ; MSAHO : Mémoire de la Société archéologique et historique de l’Orléanais. La monographie d’E. Jarry constitue l’étude la plus précise sur l’ancien hôtel de ville d’Orléans, et nous nous appuyons en grande partie sur cette dernière. Jarry Eugène, « L’ancien hôtel de ville d’Orléans (musée de peinture) », BSAHO, t. XVIII, no 216, 1919, p. 284-316. Cet auteur a notamment eu recours à des marchés de constructions trouvés dans les fonds notariés et disparus lors de l’incendie des archives départementales en 1940.
3 Vulliez Charles, « Des Capétiens aux Valois : autorité royale et libertés communales », dans Debal Jacques (dir.), Histoire d’Orléans et de son terroir, Roanne/Le Coteau, Éditions Horvath, 1983, t. I, p. 288-289.
4 Jarry Louis, « Le Châtelet d’Orléans au XVe siècle et la librairie de Charles d’Orléans en 1455 », MSAHO, t. XII, 1873, p. 393 ; Jarry Louis, « Un monument inconnu élevé à Jeanne d’Arc par la ville d’Orléans », MSAHO, t. XXV, 1894, p. 39.
5 Le Maire François, Histoire et antiquitéz de la ville et duché d’Orléans, Orléans, Maria Paris Imprimeur et libraire, 1645, p. 505.
6 Compte de Pierre de Saint-Mesmin (du 23 mars 1392 au 22 mars 1394) qui correspond au plus ancien registre de compte conservé pour la ville (Jarry L., « Le Châtelet… », op. cit., p. 393, n. 4 ; Jarry L., « Un monument inconnu… », op. cit., p. 39).
7 Ibid., p. 39.
8 Acte de prise à bail du 26 avril 1428. Guillaume Garbot, bourgeois d’Orléans, baille aux procureurs « une maison couverte d’ardoise apelée les Creneaux assise devant la Croix d’Or, avec jardin et dependances » (AD Loiret, O Suppl. 15, DD 3 ; Jarry E., « L’ancien hôtel… », op. cit., p. 285-286 ; AD Loiret, D 371, détruit, cité dans : Bloch Camille, Soyer Jacques, Inventaire sommaire des archives départementales antérieures à 1790, archives civiles, série D, Orléans, Paul Pigelet, 1917, p. 164).
9 Jarry L., « Le Châtelet… », op. cit., p. 393, n. 4 ; Jarry Eugène, « Hôtels et maisons. L’ancien hôtel de ville aujourd’hui musée de peinture », Congrès archéologique de France, XCIIIe session, Orléans, 1930, Paris, Picard, 1931, p. 137.
10 AD Loiret, O Suppl. 15, DD 3, cité dans : Imbault Louis, « Façade occidentale de l’ancien Hôtel-de-ville d’Orléans », MSAHO, t. XV, 1876, p. 332 ; Jarry E., « L’ancien hôtel… », op. cit., p. 286.
11 Des mentions postérieures sont également connues : « pro domo screnellorum in claustro nostro » en 1350-1351 ; « pro domo de Crenellis » en 1355 ; « pour l’ostel des Creneaulx » en 1436 (AD Loiret, D 511, détruit, cité dans : Bloch C., Soyer J., Inventaire…, op. cit., p. 208).
12 Ibid., p. 208.
13 Alix Clément, « Un hôtel méconnu de la fin du Moyen Âge et de la Renaissance à Orléans : 15-17 rue Jeanne d’Arc et 13 rue de la Vieille-Monnaie », BSAHO, t. XIX, 2008, no 155 (1re partie), p. 41. Ainsi, les Renard étaient propriétaires depuis le XIVe siècle de l’hôtel de la Fleur-de-Lys, situé non loin de l’hôtel des Créneaux et qui servit d’hôtel de la Monnaie d’Orléans au XVe siècle.
14 Michaud-Fréjaville Françoise, « La poussée urbaine, 1460-1500 », dans Debal J. (dir.), Histoire d’Orléans et de son terroir, op. cit., p. 438.
15 À l’exception des nombreux percements tardifs de la fin du XVIIIe et du XIXe siècle, la principale campagne de remaniements des ouvertures intervint au début du XVIe siècle, par la construction des deux croisées au 1er étage du mur nord, caractérisées par leur modénature de la Renaissance (talon, quart-de-rond et bande) et leur larmier sur culots figurés, qui ont été presque entièrement restaurées dans les années 1980 : toutes les pierres d’encadrement en Apremont ont été remplacées par de la pierre de Garchy, excepté quelques éléments des couvrements et quelques assises des piédroits. Ces croisées ont été mises en place en même temps que celles de la façade sur rue dont un exemplaire subsiste encore au 1er étage.
16 Les baies à meneau sont identiques à celles de la maison du 1 rue Guillaume (étages du mur pignon est rue des Bouchers), tandis que des croisées semblables se retrouvent au rez-de-chaussée de la maison du 6 rue des Tanneurs (façade sur cour du bâtiment donnant rue de la Folie). Dans un autre exemple contemporain, la croisée chanfreinée de la maison du 1 rue de la Fauconnerie possède un linteau orné de deux trilobes. Alix C., « L’habitat d’Orléans du 12e siècle au début du 15e siècle (état de la recherche : étude des élévations et apports de l’observation des caves) », Revue archéologique du Loiret, no 32, 2007-2008, Fédération archéologique du Loiret, 2009, p. 125.
17 Toutes les fenêtres visibles actuellement sur la façade datent de la fin du XVIIIe ou du XIXe siècle (excepté la croisée du 1er étage des années 1500-1530). La façade fut restaurée une première fois vers 1938-1939 avec de la pierre de Malveaux scellée au ciment [Médiathèque de l’architecture et du patrimoine (abrégé en MA Patrimoine), 0081/045/0048 ; AM Orléans, 12 M 63], puis dans les années 1960-1970. Les travaux de 2006 étaient placés sous la maîtrise d’œuvre de Régis Martin (architecte en chef des monuments historiques).
18 Autre exemples (XIIIe-XIVe siècles) : 39 rue de l’Empereur/247 rue de Bourgogne (mur est) ; mur de clôture au 15 rue des Trois-Clefs ; 2 rue Robert de Courtenay/26 rue Saint-Étienne (rez-de-chaussée du mur pignon occidental) ; maison dite du Doreur anciennement 30 rue du Cheval-Rouge/rue du Puits-Landeau, détruite en 1940 (Alix C., « L’habitat d’Orléans… », op. cit., p. 124). On peut rapprocher ces parements en calcaire de Beauce de ceux utilisés pour les murs de certaines salles basses excavées de maisons de la même époque, qui présentent toutefois des modules plus petits (ibid., p. 134).
19 Les encadrements de ces deux baies, vraisemblablement en calcaire du Nivernais, ont été entièrement démontés au début du XVIe siècle lors de leur remplacement par des croisées et demi-croisées. Seul le négatif de l’extrados de l’arc subsistait dans le parement du mur jusqu’en 2006.
20 D’autres travaux ont affecté la salle basse excavée en 1986. Il s’agit d’une reprise en sous-œuvre des fondations du mur sud qui reposaient « en partie sur le vide », grâce à la construction de puits de 18 m de profondeur et d’une longrine en béton armé (AM Orléans, M 2940 : plan et coupe du 21 juillet 1985 ; MA Patrimoine, 1989/045/0049).
21 Dans l’exercice des années 1443-1445 des comptes de la ville, cité dans : Ley François, Les fortifications d’Orléans de 1435 à 1463, mémoire de maîtrise d’histoire médiévale, Contamine Philippe (dir.), université de Paris X-Nanterre, 1989, p. 51.
22 Le rez-de-chaussée, qui servait de logement du gardien du musée depuis le XIXe siècle, subit des travaux en 1974 faisant disparaître certains cloisonnements et un mur de refend à l’est, contre lequel s’appuyait un escalier droit visible sur les plans depuis le XIXe siècle (AM Orléans, M 2750 : plan de 1973). Le hall d’accueil du conservatoire de musique est aménagé au rez-de-chaussée de 1985 à 1990 (AM Orléans, M 2713).
23 Jarry E., « L’ancien hôtel… », op. cit., p. 291.
24 Ibid., p. 287.
25 À la date du 27 juin 1443, cité dans : ibid., p. 287.
26 Ces charpentes à chevrons-formant-fermes sont munies de jambettes et d’aisseliers courbes, et d’éléments moulurés tels que les poinçons, les entraits et les sablières (Alix C., « L’habitat d’Orléans… », op. cit., p. 143).
27 Viollet-le-Duc Eugène, « Hôtel de ville », dans Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle, Paris, B. Bance, 1863, t. VI, p. 96.
28 Pour Tours, voir dans ce volume la communication de Bernard Chevalier.
29 AD Loiret, O Suppl. 15, DD 2 : 7 et 19 janvier 1452 ; cité dans : Jarry E., « L’ancien hôtel… », op. cit., p. 288.
30 Ibid., CC 554 à CC 557. L’étude la plus détaillée est là encore celle d’E. Jarry, « L’ancien hôtel… », op. cit., p. 287-294), qui reprend en partie celle de son père (Jarry L., « Un monument inconnu… », op. cit., p. 40-43).
31 AD Loiret, O Suppl. 15, CC 554-555. Colin Galier possédait peut-être un lien de parenté avec d’autres maçons orléanais portant en effet le même nom, tels que Jehan Galier qui reconstruisit le monument de la Belle-croix sur le pont [marché de juillet 1471 ; Jarry Eugène, « La réédification de la Belle-Croix sur le vieux pont d’Orléans (1473) », BSAHO, t. XV, 1908, p. 43-45], ou Jacquet Galier, « macon et tailleur de pierre, demourant es forsbours de la Porte Renart d’Orleans » qui dirigea les travaux de surélévations des murs de la nef et du chœur de l’église du couvent des Frères Prêcheurs en juillet 1460, et qui répara la loge et les garde-fous du pont-levis de la porte Bourgogne entre 1459 et 1460 (Baillet Auguste, « Réparations à la Porte Bourgogne en 1459-1460 », BSAHO, no 189, t. 14, 1907, p. 623-625). Encore en 1511, un maçon nommé Jehan Galier travaillait dans une maison située près de la Porte Renard.
32 AD Loiret, O Suppl. 15, CC 557, f° 34 ; Gasnier Agnès, L’œuvre du pont d’Orléans et de l’hôpital Saint-Antoine d’après les registres de comptes (1386-1437), mémoire de maîtrise d’histoire, Bourin Monique (dir.), université de Tours, 1990, p. 114, 123, 127-128.
33 « Pour leurs paines d’avoir conseillé commant on feroit ung pillier pour arrester la vix de l’ostel de la ville, […] pour avoir conseil d’eulx pour savoir si le puiset que Colin Gallier faisoit en l’ostel de la ville pour fonder ung pillier a bouter la vis estoit assez bas et suffisant de fonder ledit pillier » (AD Loiret, O Suppl. 15, CC 555, fos 19v°-20).
34 20 mai 1449 (ibid., CC 556, f° 21).
35 19 novembre 1449 (ibid., CC 556, f° 66v°).
36 Dans un acte du 22 septembre 1432, Pierre Chauvin est qualifié de « maistre des œuvres de massonnerie d’Orleans » : il intervient alors comme expert pour le partage d’une maison à Jargeau, commune proche d’Orléans (AD Loiret, 3 E 39256, fos 21-22). Cette responsabilité de délimitation des héritages urbains et de règlement des différents entre propriétaires au cours d’expertises faisait partie des compétences des maîtres d’œuvre de la ville, ce qui se rapproche aussi de la fonction de maître maçon juré [Salamagne Alain, « Les projets architecturaux dans les villes du nord de la France à l’époque médiévale et au début de la Renaissance : des maîtres d’ouvrage aux maîtres d’œuvre », dans Chapelot Odette (dir.), Du projet au chantier. Maîtres d’ouvrage et maîtres d’œuvre aux XIVe-XVIe siècles, Paris, EHESS, 2001, p. 228-230].
37 AD Loiret, A 2144.
38 Jarry L., « Le Châtelet… », op. cit., p. 397-398.
39 Jarry E., « Note sur quelques constructeurs de la cathédrale gothique Sainte-Croix (1327-1570) », BSAHO, 1937, t. XXIII, no 236, p. 297.
40 Marché de construction du 24 février 1449, publié dans Jarry Louis, « Découverte des tombes de Marie d’Harcourt, femme du Bâtard d’Orléans, de Jean, leur fils et de François II et Louis I, ducs de Longueville, leurs petit-fils dans l’église de Notre-Dame de Cléry », MSAHO, t. XXII, 1889, p. 285-286.
41 AD Loiret, O Suppl. 15, CC 557, f° 52v°.
42 Jarry E., « L’ancien hôtel… », op. cit., p. 290.
43 « A maistre Pierre Chauvin et son filz, macons, ledit 20me jour de septembre pour avoir vaqué ledit jour a rompre ledit jambes de ladite huisserie et les jambes de la fenestre de ladite tour pour monter lad. cloiche, pour ce que icelle cloiche estoit plus large et que n’estoient lesdites huisseries et fenestres, […] pour avoir remaconné l’uys de dessoubz […] et la premier fenestre de la tour qui est dessus la voulte, qui avoit esté desperiez pour faire entrer la cloiche qui estoit plus large que n’estoient les bées dudit huys et fenestres » (AD Loiret, O Suppl. 15, CC 557, f° 46).
44 Ibid., CC 557, f° 44v°. Le lien de parenté entre Pierre Chauvin et Robin Francart nous est donné par le contrat de construction du portail nord de Notre-Dame de Cléry-Saint-André (1449) : « l’an mil CCCCXLIX le XXIXe jour de juillet, Robin Franquart, maçon, gendre de Me Pierre Chauvin » (Jarry L., « Découvertes des tombes… », op. cit., p. 285-286). Robin Francart travaillait encore à Orléans en 1455 puisqu’il réalisa les réparations de la « librairie nouvellement faicte » du duc d’Orléans (AD Loiret, A 2146).
45 Le 31 juin 1471, Jehan Chauvin est appelé par le chapitre de Sainte-Croix à l’œuvre de la cathédrale (Jarry E., « Notes sur quelques constructeurs… », op. cit., p. 297). Jehan Chauvin, ou plutôt « Jehan Guimonneau, dit Chauvin », décéda vers 1498, date à laquelle l’office de maître des œuvres de maçonnerie du duché d’Orléans, devenu vacant, fut acheté pour 100 livres tournois par le maître maçon Jehan Mynier (minutes du notaire Courtin, 27 août 1498, détruites, citées dans : Jarry E., « Les écoles de l’Université d’Orléans, leur topographie », MSAHO, t. XXXV, 1919, p. 50-51). Ce même « Jehan Guimonneau [ou Guyenom] dit Chauvin » dirigea les travaux de construction de la dernière enceinte d’Orléans à partir de 1488 comme « maitre des euvres de maconnerie de la ville d’Orleans » (Alix Clément, Durandière Ronan, « La dernière enceinte d’Orléans (fin du xve-1re moitié du XVIe siècle) », BSAHO, t. XVII, no 139, 2004, p. 58). Son nom nous indique qu’il était peut-être également gendre de Pierre Chauvin plutôt que son fils. La transmission de la charge de maître des œuvres de maçonnerie du duché fut sûrement facilitée par ces liens de parenté. Notons enfin l’existence du maçon Yvon Chauvin qui, en 1469-1470, fut employé à « despecer et refaire un avant mur estant sur la vieille muraille de la ville d’Orléans joignant la tour de lad. ville » (cité dans : Imbault L., « Façade occidentale… », op. cit., p. 322).
46 « A Jehan Lepaige, macon et tailleur de pierre, pour avoir vacqué par l’espace de dix jours pour tailler l’uisserie de la vix de l’ostel de la ville et avoir taillé les armes au lintier de ladite huisserie, a 5 s. p., par jour, commancant le 29e jour de mars 1448 et finissant le 8e jour d’avril, pour ce 50 s. p. A Thevenin Gallien, macon de Saint Aignan, pour avoir vacqué par l’espace de 20 jours et demy a 3 s., 4 d. p. par jour, pour avoir taillé et fait des pierres a mettre sur le lintier de ladite huisserie, commancant le premier jour de mars et finissant le 20e jour dudit mois, pour ce 68 s., 4 d. p. A Gillet Fillau, tailleur de pierre, pour avoir vacqué par l’espace de 12 jours et demy pour tailler et faire la couverture de pierre pour ladite huisserie, a 3 s., 4 d. par jour, commancant le premier jour de mars et finissant le 12e jour dudit mois, pour ce 41 s., 8 d. p. […]. A Anthoine de Bruxelle, alment et tailleur de pierre, pour avoir vacqué par l’espace de 35 jours a tailler quatre pierres de l’uisserie de la vix de lostel de la ville, c’est assavoir deux pierres qui sont dessoubz l’entrepié du milieu et sont a grans fueilles et ledit entrepié du milieu ou a trois anges et la clef ou a ung hermite, a 5 s., 4 d. p. par jour, vallent 9 ℓ., 6 s., 8 d. p. » (AD Loiret, O Suppl. 15, CC 555, f° 61).
47 « A Pierre Chauveux, notaire pour avoir fait la coppie du contract fait avec Gilet Bataille touchant les euvres de la tour de l’ostel de la ville II s. p. » (ibid., C 557, f° 28v°, f° 37).
48 Mantellier Philippe, « Histoire de la communauté des marchands fréquentant la rivière de Loire et fleuves descendant en icelle », MSAHO, 1864, t. VIII, p. 417.
49 AD Loiret, A 2143.
50 Ibid., A 2144.
51 Par exemple : hôtel du Porc Sanglier en 1434 (AD Loiret, H dépôt 2, 1 E 31, f° 284).
52 AD Loiret, O Suppl. 15, CC 557, f° 37.
53 Sur ce sujet : Alix C. « Un hôtel méconnu de la fin du Moyen Âge et de la Renaissance à Orléans : 15-17 rue Jeanne d’Arc et 13 rue de la Vieille-Monnaie », BSAHO, t. XIX, 2008, no 158 (3e partie), p. 23.
54 AD Loiret, O Suppl. 15, CC 557, f° 38v° – f° 51.
55 « A maistre Loys Carrel, sur la somme de 265 francs qu’il doit avoir de faire le mouvement de la cloiche d’orloige qui se fait pour lad. ville d’Orleans, le XXIIme jour de septembre 1453, vingt escuz d’or » (ibid., fo 39).
56 « A Jehan Luillier l’un des procureurs de ladite ville pour ung voyage par lui fait d’Orleans a Chartres, avecques lui Jehan Menin, faiseur de mouvemens d’orloges et Guarian Moustier, serrurier, pour veoir les mouvemens de l’orloge de Chartres ou ilz demourerent trois jours » (ibid., f° 25vo et f° 26). « Jehan Menyn, demourant a Nevers, faiseur de mouvemens d’orloige, pour son sallaire et ses despens d’estre venu de Monlisson a Orleans, a la priere et requeste desdits procureurs pour avoir son conseil comment on feroit le mouvement de l’orloige qui se fait en l’ostel de ville et combien il en vouldroit avoir, lequel en demanda trois cens escuz et pour ce que on ne peut marchander a lui, et lui fut donné congé ». Les procureurs refusèrent les 300 écus demandés (ibid., f° 38v°).
57 Marché du 4 mars 1454 : « faire fondre la cloiche de l’orloige de ladicte ville, dont le mosle est ja faict, avec quatre petites cloiches, qui serviront a sonner les demye heures d’icelle orloige ». Petites cloches appelées « appeaulx » (ibid., f° 39v°).
58 Ibid., f° 44v°.
59 Ibid., fos 37 et 49v°.
60 Michaud-Fréjaville Françoise, « Les lendemains de la victoire, 1429-1460 », dans Debal J. (dir.), Histoire d’Orléans et de son terroir, op. cit., p. 407 ; Ley F., Les fortifications…, op. cit., p. 54.
61 Jarry L., « Un monument inconnu… », op. cit., p. 42 ; Jarry E., « L’ancien hôtel… », op. cit., p. 294.
62 Le 27 août 1546 : « A Vernoy, serrurier, pour ses peines d’avoir par chascun jour monté en ladicte tour de l’orloge pour la faire sonner durant ung mois que tous les mouvements estoient dessassemblés, 6 ℓ. A Jehan Dujardin, orlogeur du Roy, demourant a Blois pour avoir reparré le gros orloge, cadran, mouvemens et ustencils d’iceluy, 116 ℓ. t. Pour collation faicte par les eschevins d’Orleans, apres avoir faict la visitacion de l’orloge de ladicte ville, 6 s. t. » (BM Orléans, ms. 587, f° 249).
63 Ces marches étaient vendues à l’unité 8 s., 4 d. en 1447-1448 et 6 s., 8 d. en 1453-1454 (Mantellier Philippe, « Mémoire sur la valeur des principales denrées et marchandises qui se vendaient ou se consommaient en la ville d’Orléans, au cours des XIVe, XVe, XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles », MSAHO, 1862, t. V, p. 334).
64 « A […] l’un des procureurs d’icelle ville pour une grant pierre qu’il a achettée ou cloistre Saint Aignan pour faire la couverture de ladicte vix de l’ostel de la ville, ou sont entaillé les armes d’icelle ville, pour ce XXII s. p. » (AD Loiret, O Suppl. 15, CC 555, f° 63).
65 Martin Pierre, Rapin Thomas, « La reconstruction du chœur de Saint-Aignan d’Orléans au XVe siècle », Art Sacré. Les cahiers de rencontre avec le patrimoine religieux, n° 14 : Du gothique flamboyant à l’art de la Renaissance, 2001, p. 83-99.
66 « A maistre Pierre Chauvin, macon, le 8e jour de mars 1454 pour sa peine d’avoir fait deux rons de pierre de taille des marches vieilles qui furent ostées de la viz qui estoient rompus et furent muées, lesquelz rons ont esté faiz pour faire deux monstres des deux coustez de la tour pour savoir les heures du jour » (AD Loiret, O Suppl. 15, CC 557, f° 50).
67 Coupe de la tour du beffroi avec plans de la tourelle d’escalier à tous les niveaux (AM Orléans, 1 Fi 1-52 : plan d’E. Lesage, 18 octobre 1873 ; élévation de Léon Vaudoyer, dans De Baudot Anatole, Perrault-Dabot Anatole, Archives de la commission des monuments historiques, Paris, Laurens et Schmid, s. d., t. III, pl. 67).
68 « Reçu 72 s. 9 d. p. de Jaquet Le Roux, fondeur de cuivre, demourant a Orleans, pour la valeur et estimation de 45 livres et demie de mitraille, qui lui avoit esté baillée pour fondre et faire l’image de st. Michel, estant a present sur le haut et esguille de la charpenterie de la tour de l’hostel de ville et les crampons de cuivre qui ont esté mis et assis pour lier les clairvoies d’icelle tour, lesquelles image, crampons, croix, dragon et autres choses, il a rendues pesant 459 livres et demie seulement. Ainsi, il a du 45 livres et demie, qui ont été appréciées 72 s., 9 d. » (Comptes de Commune de 1495-1496, transcrit par l’abbé Dubois : BM Orléans, ms. 595, f° 167). La charpente de la flèche fut détruite au milieu du XVIIIe siècle. La terrasse fut ensuite occupée par un poste télégraphique qui fut installé en 1821 et détruit en 1842 (MA Patrimoine, 0081/045/0048 ; Vergnaud-Romagnési Charles-François, Histoire de la ville d’Orléans, de ses édifices, monuments, établissements publics, etc., Orléans, Rouzeau-Montaut, 1830, p. 420).
69 L’escalier a été restauré entre 1964 et 1968. L’écartement des murs de la tourelle a entraîné la pose de ceinturages sous la forme de chaînages extérieurs en béton armé masqués sous les parements de moellons. À cette occasion, des frettages métalliques furent découverts, preuves de restaurations anciennes. En effet, des ceinturages avaient déjà été disposés en 1921-1922. En outre, un rapport du 4 octobre 1873, nous apprend que d’autres ceinturages métalliques furent posés dans les années 1840 (AM Orléans, 13 M 62). Cette tourelle avait déjà été restaurée en 1716, notamment à sa base, comme en témoignent la porte actuelle et les cinq pilastres toscans (Buzonnière Léon de, Histoire architecturale de la ville d’Orléans, Paris-Orléans, Didron, 1849, t. II, p. 188). Ces déformations ont aussi entraîné un déversement du noyau de la vis qui présentait un faux-aplomb de 40 cm, ainsi que la cassure de nombreuses marches. En effet, sur les 187 marches de l’escalier, environ 167 ont dû être refaites avec de la pierre dure de Verger dans les années 1960. À l’extérieur, les parements furent refaits en moellons ou pierre de Garchy (AM Orléans, M 3141 ; MA Patrimoine, 1990/022/009, 0081/045/0048, 0081/045/0049).
70 L’ensemble de l’encadrement de cette dernière baie a été refait au XXe siècle, tout comme la croisée du 3e étage. Les baies des 2e et 4e étages ont été restaurées plus anciennement (avec notamment la suppression des meneaux et des traverses, le remplacement des linteaux, l’abaissement de l’appui de la baie du 2e étage, la réfection de la base ouest de la baie du 1er étage), peut-être au XVIIIe siècle.
71 Plusieurs rapports réalisés avant la réfection complète du parement de cet étage dans les années 1920 et en 1946 précisent qu’il était en « pierre de Bourrée » (MA Patrimoine, 0081/045/0048 ; AM Orléans, 12 M 62).
72 Lors de la reconstruction à l’identique du sommet de la tourelle, de la pierre de Garchy fut utilisée à la place du tuffeau. En effet, le manque d’entretien avait entraîné la ruine et la destruction complète de cette partie haute en 1918-1919. Le décor d’arcature originel est visible sur plusieurs photographies réalisées avant destruction (MA Patrimoine, 0081/054/0048 et photothèque : Loiret, Orléans, édifices civils, 1913).
73 Le plafond de l’étage des cloches a été endommagé par les bombardements de 1944 et surtout après un incendie survenu le 16 janvier 1953 lors de travaux d’étanchéité de la terrasse (AM Orléans, 12 M 62 ; MA Patrimoine, 1989/003/0014 et 0081/045/0049).
74 Déjà en février 1445, lors de la réunion des maçons destinée à préparer les fondations, on évoque la fonction d’entrepôt des armes dans le nouvel édifice (Jarry E., « L’ancien hôtel… », op. cit., p. 287).
75 Biémont René, Orléans, Orléans, H. Herluison, 1880, p. 289.
76 « A lui ledit jour pour huit victres bordées et armoyées qu’il a faictes pour mettre es fenestres des chambre de la tour, c’est assavoir deux en la chambre de dessus la voulte, et trois en la chambre de dessus lad. voulte, et trois au tiers estage, lesquelles ont cousté chacune XX s. p., par marchié fait par les procureurs avec led. Rolant pour lesd. huit victres a VIII l. p. » (AD Loiret, O Suppl. 15, CC 557, f° 36v°-f° 37).
77 La pièce de l’étage est appelée « chambre d’entre la tour et la salle », « chambre de la ville a aller en la tour », « chambre du millieu » (Jarry E., « L’ancien hôtel… », op. cit., p. 290). En 1467, elle aurait été surélevée d’un étage, tandis que les fenêtres furent ornées de vitraux réalisés par le verrier Henri Goldaff, représentant un « ront Nostre Dame » au premier niveau, et les armes du roi, du duc et de la ville dans la « chambre neuve » qui servait de lieu de réunion aux maîtres des chaussées (ibid., p. 295-296).
78 L’arbalétrier nord est le seul à être soulagé par une jambette courbe et plusieurs éléments s’assemblent entre eux de manière illogique (tête de l’arbalétrier sud et tête du poinçon sous l’arbalétrier nord). Au début du XIXe siècle, E. Jarry aurait observé la trace d’un solin sur le mur de la tour indiquant que la charpente était initialement en appentis. Selon lui, les arbalétriers auraient été sciés lors de l’établissement du deuxième versant (ibid., p. 307). Cela n’explique pourtant pas toutes les incohérences et il est possible que cette charpente ait été édifiée avec différents éléments de remplois. Ainsi, le poinçon est-il relié aux arbalétriers par de petits liens courbes, qui sont logés dans des mortaises semblant destinées originellement à des faux-entraits. Ces remplois pourraient provenir de la charpente originelle (fin XIIIe siècle) de l’ancienne maison des Créneaux.
79 BM Orléans, ms. 587, fos 240-241 ; Mantellier P., « Mémoire sur la valeur… », op. cit., p. 365.
80 Jarry E., « L’ancien hôtel… », op. cit., p. 302. Selon E. Jarry, cette chambre de la tour aurait été reliée au bâtiment nordouest de la cour (milieu XVIe siècle) par une galerie en pan-de-bois, mais aucune trace de porte ouvrant sur cette dernière n’est visible à l’étage du beffroi.
81 A Rolant de Monglane, verrier le 22e jour de mars 1454I pour dix piez de verre blanc, lequel a esté mis aux huit fenestre de dessus la plate forme et aux deux fenestres des châssis des mouvemens a 3 s., 4 d. p. le pié pour ce 33 s., 4 d. p. A lui ledit jour pour une victre bordée et armoyée, laquelle est en la fenestre des chambres des mouvemens, par marché fait avec lui par les procureurs 20 s. p. » (AD Loiret, O Suppl. 15, CC 557, f° 36v°). Les panneaux de verre des fenêtres de la salle des mouvements de l’horloge furent changés en 1479 (panneau de verrière de verre blanc à 1 livre et 5 sous) et en 1520 (verrière contenant 5 pieds à 16 livres et 8 sous) (Mantellier P., « Mémoire sur la valeur… », op. cit., p. 365).
82 4 juin 1513 : « Pour mettre a point les trois eschelles par lesquelles Pierre la Guette monte pour jouer de la trompette au clocher de la tour de la maison de la ville, 3 s., 10 d. t. » (BM Orléans, ms. 587, f° 214).
83 AD Loiret, D 511, cité dans : Jarry E., « L’ancien hôtel… », op. cit., p. 285, n. 7. La date d’acquisition de cette maison par la ville reste inconnue.
84 Fourniture de clés « pour l’uys de la salle neufve » et « pour ung coffre estant en la salle neufve dud. Hostel de ville » ; 6 et 7 avril 1497 : AD Loiret, O Suppl. 15, CC 565, f° 8v° ; cité dans Jarry E., « L’ancien hôtel… », op. cit., p. 297.
85 Au rez-de-chaussée et à l’étage, la façade sur cour est percée d’une porte et de six fenêtres datant du xviiie ou du XIXe siècle, l’ensemble ayant été restauré entre 1985 et 1987 (MA Patrimoine, 1989/045/0049 ; AM Orléans, M 3911). En revanche, la charpente de comble à pannes, constituée de trois fermes à entrait retroussé, pourrait dater de la fin du XVe siècle.
86 Un texte de 1546 mentionnerait la « sale ou l’on faict ordinairement les assemblées » (Jarry E., « L’ancien hôtel… », op. cit., p. 298 et 301).
87 Plan terrier de Legrand (AD Loiret, 2 J 257). Cet escalier, qui s’appuyait contre le mur gouttereau sud de la nouvelle salle, fut détruit au XIXe siècle et remplacé par l’escalier actuel situé à l’extrémité sud de la galerie, contre l’ancienne maison des Créneaux.
88 À la suite de la destruction de l’hôtel-Dieu d’Orléans en 1850, il fut décidé de conserver l’encadrement en pierre de la porte d’entrée de l’ancienne salle Saint-Lazare de cet édifice (première moitié XVIe siècle). Elle fut remontée dans la cour de l’hôtel des Créneaux, contre le bâtiment en pan-de-bois de la galerie et au revers du portail d’entrée.
89 Vers 1958-1960, de la pierre de Garchy fut employée pour la restitution des meneaux et des traverses des fenêtres de l’étage, mais aussi pour la restauration de trois assises des piédroits du portail. La pointe du pignon du bâtiment nord-est fut également restaurée à cette époque (MA Patrimoine, 0081/045/0049). Déjà en 1919, l’architecte Lucien Roy demandait la restitution du meneau et des traverses de la croisée et de la demi-croisée au-dessus du portail, en « pierre dure de Chauvigny posée en incrustement sur ciment », mais le maire de l’époque refusa cette restauration (MA Patrimoine, 0081/045/0048).
90 Il est regrettable que la récente restauration ait entraîné sa destruction pour établir un pignon régulier et symétrique n’ayant jamais existé. Ce dispositif ne correspondait pas à une surélévation postérieure au reste du mur (Moulin Jacques, Hôtel des Créneaux, étude préalable à la restauration de l’édifice, DRAC Centre, 1993, p. 37), comme le prouve l’observation du parement et les photographies anciennes (MA Patrimoine, 0081/045/0048 ; Centre des monuments historiques, MH 56P177).
91 La moulure principale est un listel entre deux doucines fuyantes encadrées par des gorges.
92 Ce décor sculpté était encore visible sur une gravure du XIXe siècle (BM Orléans, H 449). La niche ovale percée au-dessus du portail est postérieure au XVe siècle.
93 20 avril 1497 (AD Loiret, O Suppl. 15, CC 565; Jarry E., « L’ancien hôtel… », op. cit., p. 297).
94 Plan de E. Lesage (AM Orléans, 1 Fi 1-49). C’est probablement ce même puits à eau qui est évoqué le 1er mars 1508 : « Pour avoir faict couvrir de menuizerie la guelle du puy de l’ostel de ladicte ville, afin que ycelluy n’y puisse cheoir aulcune bestes, vermine ne aultre choses, X s. t. » (BM Orléans, ms. 587, f° 210).
95 Les fenêtres à l’extrémité nord du rez-de-chaussée et de l’étage sont des percements du XIXe siècle.
96 Clément A., Noblet Julien, « Les demeures de la seconde Renaissance des élites orléanaises ou le succès de l’architecture “à l’antique” (vers 1535-1560) », dans Orléans une ville de la Renaissance, Orléans, Ville d’Orléans – CESR Tours, 2009, p. 77.
97 Le Maire F., Histoire et antiquitéz…, op. cit., p. 277 ; Vergnaud-Romagnési C.-F., Histoire de la ville..., op. cit., p. 419 ; Buzonnière L. de, Histoire architecturale…, op. cit., p. 172-174.
98 Verdier Aymar, Cattois François, Architecture civile et domestique au Moyen Âge et à la Renaissance, Paris, Didron, 1857, t. II, p. 63, 138-139.
99 Imbault L., « Façade occidentale… », op. cit., p. 330-331 ; Biémont R., Orléans, op. cit., p. 281.
100 Jarry L., « Un monument inconnu… », op. cit., p. 46 ; Jarry E., « Hôtels et maisons… », op. cit., p. 137.
101 Jarry L., « Un monument inconnu… », op. cit., 1894, p. 45.
102 AD Loiret, CC 565, f° 8, cité dans : Jarry E., « L’ancien hôtel… », op. cit., p. 297.
103 AD Loiret, DD 6, cité dans : Jarry E., « L’ancien hôtel… », op. cit., p. 299.
104 Ces piliers sont parfaitement chaînés et homogènes avec le parement des murs. Les clefs de ces voûtes culminent à environ 4,55 m au-dessus du sol actuel de la pièce nord et à environ 4,47 m de celui de la pièce sud.
105 Les arcs mesurent 26,5 cm de large à l’ouest et 94 cm à l’est. Cette particularité n’a pas été représentée sur le plan de 1986 (Mairie d’Orléans, Direction de l’architecture : plan du sous-sol, 1er octobre 1986). Pour les arcs orientaux à ressauts, le premier rouleau est simplement chanfreiné, tandis que le deuxième reprend la modénature visible sur les arcs des autres travées.
106 La petite porte percée au XVIIIe siècle dans le mur sud de la pièce méridionale donne accès à la maison voisine achetée à cette époque pour agrandir l’hôtel de ville. Le massif de maçonnerie situé à proximité, dans l’angle sud-est de la pièce, a été plaqué contre le parement (pierres non chaînées) et sert probablement de contrefort aux murs (peut-être affaiblis par la poussée de la tour du beffroi située au-derrière ?).
107 Ce passage qui n’a pas été représenté sur la coupe de Léon Vaudoyer (1845) est cependant cité en 1849 (Buzonnière L. de, Histoire architecturale…, p. 184). Il est bien contemporain de la salle et, contrairement à ce qui est indiqué par Jacques Moulin, il n’a pas été créé lors du remaniement de l’emmarchement du couloir (Moulin J., Hôtel des Créneaux…, op. cit., p. 30).
108 Les voûtains et plusieurs claveaux des arcs comme les sommiers ont été restaurés : en 1903, en pierre dure de Souppes pour les piliers, en pierre de Malvaux (commune de Garchy) pour les arcs. Les voûtains furent restaurés avec des briques (MA Patrimoine, 0081/045/0048). La pierre de Garchy fut encore utilisée lors des restaurations des années 1950-1960, lorsque le cellier fut réaménagé comme dépôt lapidaire (AM Orléans, M 3141), avant de devenir en 1972-1973 une salle d’exposition (AM Orléans, 3 R 453 ; AM Orléans, M 2750).
109 Le blason est lisse et sans armes. Les roses sont toutes différentes dans la salle nord, mais les trois de la salle sud sont identiques.
110 Le 23 janvier 1549, les échevins louent pour 6 ans et 45 ℓ. t. « les deux greniers estans soubz la salle du corps neuf de l’ostel de la communité de ladicte ville, es quelz on descend par aucuns pas de marches et qui ont veue sur la rue Sainte Katherine » (Jarry E., « L’ancien hôtel… », op. cit., p. 313).
111 Plan d’E. Lesage (AM Orléans, 1 Fi 1-49). Ce remaniement est lié à la transformation de l’accès à la grande salle depuis la cour : la porte d’entrée de l’étage a été aménagée à l’aplomb du couloir, ce qui entraîna la suppression des sept dernières marches et la création du repos. Ces travaux sont tardifs (milieu ou 2e moitié du XXe siècle) : vers 1930 ils n’avaient pas encore été effectués puisque les dix-huit marches de l’escalier originel sont toujours évoquées (Jarry E., « Hôtels et maisons… », op. cit., p. 140). Pour accéder au couloir depuis la cour il faut aujourd’hui descendre un petit escalier tournant de cinq marches en ciment. La porte actuelle du couloir ouvrant sur la cour montre un encadrement très remanié : elle est couverte à l’extérieur d’une plate-bande clavée (fin XVIIIe ou XIXe siècle).
112 D’après l’aspect des pierres et les traces d’outils, seuls les quatre culots les plus à l’ouestn’ont pas été restaurés. Ils représentent : un dragon volant la tête tournée vers le haut, une sirène tenant un peigne et un miroir, un ange tenant un écu aux armes de France, un animal fantastique quadrupède avec une longue queue relevée sur son dos. Les quatre autres culots, restaurés, montrent des animaux fantastiques (dragons ou chimères ailées) et un pélican. Ils ont probablement été refaits vers le milieu du XXe siècle, puisque qu’ils avaient déjà disparu en 1919 sauf le pélican (Jarry E., « L’ancien hôtel… », op. cit., p. 313).
113 Sur sa coupe, Léon Vaudoyer représente le manteau de la cheminée sud mouluré avec une hotte ornée d’un semis de fleurs de lys et d’une corniche. Cet élément est vraisemblablement inventé par l’architecte, tout comme les boiseries à plis de serviette et le décor mural peint sur le mur sud. Il en est de même pour la porte située à l’est dont l’encadrement est orné de pinacles, d’une accolade et d’un blason.
114 Sur le plan, cet escalier est éclairé par une fenêtre percée dans le mur pignon sud.
115 Dans son rapport du 27 décembre 1919, Lucien Roy évoque l’ancienneté de la charpente qui s’est déversée en même temps que le mur pignon sud présentant un faux-aplomb de 48 cm. Il détaille le système d’étrésillonnement qui sera réalisé en 1920 et que l’on peut encore voir actuellement (contreventement avec des longrines supérieures munies de croix de Saint-André reliant les poinçons ; liens obliques inférieurs pour les deux travées centrales ; pose de longrines et moises avec tire-fond sur certains chevrons ; moises des entraits avec IPN). Il est noté que les entraits avaient déjà été réparés avec des lambourdes, en particulier celui de la ferme du nord qui était pourri. Le pignon sud fut également reconstruit en 1920 (MA Patrimoine, 0081/045/0048 ; AM Orléans, 12 M 62). Ces éléments attestent l’ancienneté de la charpente, contrairement à ce que pensait E. Jarry (Jarry E., « Hôtels et maisons… », op. cit., p. 143).
116 Alix C., Noblet J., « Les charpentes à entrait retroussé moisé : exemples orléanais des XVe et XVIe siècles », Revue archéologique du Centre de la France, t. 48, 2009, p. 209-211 (http://racf.revues.org/index1337.html).
117 C’est sans doute pour cette salle que l’on acheta le 14 août 1551 « V aulnes de drap vert pour servir de tapis sur la table au assemblées qui se faisaient en la grant salle de la ville » qui furent installés lors de la venue du roi (BM Orléans, ms. 587, f° 257).
118 Parmi les relevés du XIXe siècle citons ceux : de Léon Vaudoyer en 1845 (avec plan d’ensemble, plan du 1er étage, ensemble de la façade principale avec le beffroi et coupe ; archives de la commission des monuments historiques, plans et dessins no 3929, publiés dans : De Baudot A., Perrault-Dabot A., Archives de la Commission…, op. cit., pl. 67) ; d’A. Verdier (avec détails des élévations, coupes, plans, profils de modénatures, sur l’échauguette sud, sur une fenêtre, etc. ; publiés dans : Verdier A., Cattois F., Architecture civile…, op. cit.) ; de C. Pensée (avec détail des chapiteaux et des candélabres des pilastres ; Pensée Charles, Histoire architecturale d’Orléans, Anciens monuments religieux civils et militaires les plus remarquables de cette ville, Orléans, 1849, pl. 29 à 32).
119 Cette lourde campagne s’est effectuée en deux tranches, comme le prouve une série de photographies montrant que la moitié sud fut restaurée dans un premier temps, suivie de la moitié nord (MA Patrimoine, coll. L. Roy).
120 Parmi les éléments entièrement refaits à l’identique citons : les échauguettes, le cordon, les meneaux, les traverses et les appuis des croisées, une partie de la corniche, etc.
121 Photographies des lucarnes durant la restauration de 1903-1911 (MA Patrimoine, coll. L. Roy).
122 D’après le devis de 1919, de la « pierre dure de Chauvigny posée en incrustement sur ciment » fut également utilisée lors de la restauration (MA Patrimoine 0081/045/0048).
123 Alix C., Noblet J., « Les demeures… », op. cit., p. 77 et 79.
124 Jean Guillaume parle alors de « bandeaux verticaux » (Guillaume Jean, « Le temps des expériences. La réception des formes “à l’antique” dans les premières années de la Renaissance française », dans L’invention de la Renaissance, Paris, Picard, 2003, p. 146).
125 Bergdoll Barry, « Léon Vaudoyer et Félix Duban », dans Foucart Bruno (dir.), Félix Duban, les couleurs de l’architecte, actes du colloque de Blois en 1996, Paris, Maisonneuve et Larose, 2001, p. 48-49.
126 Buzonnière L. de, Histoire architecturale…, op. cit., p. 178 ; Pensée C., Histoire architecturale…, op. cit., pl. 29.
127 L’un des deux fragments, découvert en 1862, était réemployé dans un mur de clôture de l’ancien presbytère de Saint-Maclou, situé en face et à environ 4 m du portail d’entrée de l’ancien hôtel de ville. L’autre, découvert en 1872, se trouvait à quelques mètres seulement du premier dans un mur de clôture de l’hôtel des Créneaux (Philippe Mantellier, « séance du vendredi 13 novembre 1874 », BSAHO, no 83, p. 98-99 ; Imbault L., « Façade occidentale… », op. cit., p. 310-311 ; Moulin Jacques, Étude de deux piles attribuées au garde-corps de l’hôtel des Créneaux, DRAC Centre, avril 1999, 24 p.). Les fragments sont actuellement conservés dans un dépôt lapidaire de la ville (Musée historique et archéologique de l’Orléanais, inv. A 161, A 162, A 163).
128 Rapports du 15 avril et 30 juin 1904. Des pierres en saillie, semblables à des pierres d’attente, étaient bien visibles sur les deux échauguettes (« amorce de pierre qui forme parallèlement à la façade comme une amorce de balustrade ou d’acrotère »). Ces pierres moulurées ne se prolongeaient pas et n’avaient pas été retaillées, ce qui laissait dire à L. Roy qu’elles ne correspondaient pas aux vestiges de l’arrachement de la balustrade. En outre, ce dernier précisait que leur faible hauteur (65 cm) était peu compatible avec les dimensions d’un garde-corps. Enfin, selon lui, la présence du décor sculpté originel sur les faces des échauguettes (semis de rosettes) au-dessus de ces pierres interdisait la restitution d’un garde-corps (MA Patrimoine, 0081/045/0048). Dans ces mêmes rapports, il est question des problèmes d’évacuation des eaux de la toiture. Selon Lucien Roy, les gouttières et les tuyaux de descente en plomb qui amenaient l’eau sur le dessus de la corniche dataient de l’époque de la construction. Les bagues en plomb de ces tuyaux, ornées de motifs (fleurs de lys, roses, rinceaux), avaient été relevées au XIXe siècle (Verdier A., Cattois F., Architecture civile…, op. cit.). Le système de rejet sur la rue était plus délicat à restituer à cause de l’état de dégradation du sommet de la corniche dont les pierres n’étaient conservées qu’à l’extrémité sud de la façade. L’observation de ce dernier vestige amena L. Roy à douter là aussi du système proposé par Léon Vaudoyer, dans lequel deux gargouilles étaient situées près des échauguettes. Selon lui, l’évacuation s’effectuait plutôt par un « écoulement naturel sur une pente de la corniche, sans doute recouverte de métal ». Lors de la restauration, il fut néanmoins décidé de percer des gargouilles au travers des échauguettes.
129 Décors déjà utilisés sur des façades de la fin du XVe siècle comme au-dessus des baies de La Motte-Glain en Loire-Atlantique (Guillaume J., « Le temps des expérience… », op. cit., p. 165).
130 Ces deux figures représentent du nord au sud : des hommes barbus tenant chacun l’oreille d’un aegicrane ; des hommes courant tenant un phylactère devant lequel s’inscrit un aigle ; des sirènes ou des dauphins dont la queue est liée à un vase central ; des hommes présentant un plat contenant un poisson coupé en trois morceaux ; des sonneurs coiffés d’un chaperon (dont la pèlerine recouvre les épaules et le cou) jouant du huchet aux oreilles d’un personnage central (sirène à double queue ?).
131 Léon de Buzonnière indique que « le dessin de cette corniche, dans son ensemble et dans des détails, se reproduit sur l’Hôtel-de-Ville de Montargis » (Buzonnière L. de, Histoire architecturale…, op. cit., p. 183), mais les dispositions architecturales de ce dernier sont très peu connues et on ne peut exclure une confusion entre Montargis et Beaugency (Jarry Eugène, « Les anciens hôtels de ville de Montargis », Annales de la Société historique et archéologique du Gâtinais, t. XXXIV, Fontainebleau, 1920, p. 104-120).
132 Dans l’architecture, ce motif deviendra assez courant à partir de 1515 et précèdera l’usage des disques nus (Dagnas-Thomas Evelyne, Le système ornemental de la première Renaissance française, thèse d’histoire de l’art sous la direction de Jean Guillaume, CESR, université de Tours, 1998, p. 194-195).
133 Le tailloir occupe un peu plus du dixième de la hauteur totale du chapiteau (corbeille d’environ 29 cm de haut avec un tailloir d’environ 4 cm de haut). Ces chapiteaux présentent une partie centrale qui avance franchement comme si elle sortait de la corbeille et qu’elle portait la corne, forme imitant celle des chapiteaux de colonne que l’on retrouve par exemple sur l’arc de Gênes de Gaillon, ou à hôtel Cujas de Bourges (Dagnas-Thomas E., Le système ornemental…, op. cit., p. 79-80). Les chapiteaux de l’hôtel des Créneaux sont représentés en détail dans : Pensée C., Histoire architecturale…, op. cit., pl. 30.
134 Le motif de l’écoinçon figuré reste assez rare au début de la Renaissance et se retrouve à la même époque à l’hôtel Cujas de Bourges vers 1510 (Dagnas-Thomas E., Le système ornemental…, op. cit., p. 30).
135 Sur l’hôtel dit de la Vieille-Intendance : Clément A., « La dernière enceinte d’Orléans et le développement de l’habitat dans les nouveaux quartiers (fin 15e siècle – première moitié 16e siècle) », dans Orléans une ville de la Renaissance, Orléans, Ville d’Orléans – CESR Tours, 2009, p. 148-152. Pour les autres exemples : Clément A., « Un hôtel méconnu… », op. cit., no 158, p. 6-12.
136 Noblet J., « L’architecture religieuse de la Renaissance à Orléans », dans Orléans une ville de la Renaissance, Orléans, Ville d’Orléans – CESR Tours, 2009, p. 201-207.
137 Cospérec Annie, Blois, la forme d’une ville, Paris, Imprimerie nationale, L’Inventaire, Cahiers du patrimoine no 35, 1994, p. 202-204.
138 J. Soyer, repris ensuite par E. Jarry, est seul à penser qu’il s’agissait de statues de saints d’après un acte de travaux de restauration de 1604 faisant suite aux destructions de ces dernières par les Huguenots : « des figures des sainctz qui sont posées audevant de l’Hostel commung du costé de la Grande Rue » (Soyer Jacques, « Document inédit sur les réparations de l’ancien hôtel de ville d’Orléans en 1604 », BSAHO, t. XIV, no 186, 1906, p. 469-470). Tous les autres auteurs évoquent des représentations de rois, qui ont d’ailleurs été restituées sur l’élévation dessinée par L. Vaudoyer et sur celle d’A. Verdier (Vergnaud-Romagnési C.-F., Histoire de la ville…, op. cit., p. 419 ; Buzonnière L. de, Histoire architecturale…, op. cit., p. 182 ; Verdier A., Cattois F., Architecture civile…, op. cit., p. 68 ; Jarry L., « Un monument inconnu… », op. cit., p. 47).
139 Viollet-le-Duc E., « Hôtel de ville… », op. cit., p. 95.
140 À l’hôtel de ville d’Orléans, ce décor de semis de fleurs de lys et de caïeux alternés se retrouve sur le fût circulaire du poteau en chêne qui renforce actuellement une poutre maîtresse du plafond à l’étage de l’ancienne maison des Créneaux (Musée historique et archéologique de l’Orléanais, inv. A 1 044). Un fragment lapidaire orné de ce motif de semis à l’intérieur d’un cadre orné de perles, de torsades et de roses pourrait provenir de l’hôtel des Créneaux (H. : 0,35 m – L. : 0,16 m – ép. : 0,27 m ; Musée historique et archéologique de l’Orléanais, inv. no A 296).
141 À Blois, ce semis alternait avec des hermines et les monogrammes du roi et de la reine entrelacés (Cospérec A., Blois…, op. cit., p. 204).
142 L’accès depuis la cour s’effectue actuellement par un escalier en ciment desservant une porte située à l’aplomb de celle du passage du saloir (sur cet aménagement tardif, voir nt. 113).
143 Il est également mentionné comme : « quail estant pres et long de la grant salle du corps neuf de l’hostel de la communité » (Jarry E., « L’ancien hôtel… », op. cit., p. 300).
144 Pensée C., Histoire architecturale…, op. cit., pl. 30-31 ; AM Orléans, 1 Fi 1-49 à 1 Fi-51.
145 Sur le plan de 1873, l’avant corps desservait également un petit escalier droit situé au nord (sept marches) donnant accès à l’étage de bâtiments voisins : celui situé dans l’angle nord-ouest de la cour (construit au milieu du XVIe siècle) et la maison du 32 rue Sainte-Catherine (achetée par la ville au XVIIIe siècle : 11 avril 1763). L’emplacement de l’avant-corps apparaît encore sur un plan d’ensemble de 1887 (Projet d’acquisition d’immeubles pour l’agrandissement et le dégagement des musées archéologique et de peinture), dressé par le directeur des Travaux Municipaux (AM Orléans, 12 M 51).
146 Plan dit de Legrand (AD Loiret, 2 J 257).
147 Une telle structure a été restituée sur la coupe de Léon Vaudoyer (1845), mais elle n’apparaît pas sur son plan (fig. 19).
148 Cet escalier, parallèle à la façade, est encore visible au XVIIIe siècle sur le plan de Legrand (ibid.).
149 Cospérec A., Blois…, op. cit., p. 203-204.
150 Letellier Dominique, Angers, ses hôtels de ville, Angers, Inventaire général des Pays de Loire, 1981, p. 30.
151 Viollet-le-Duc E., « Hôtel de ville… », op. cit., p. 95.
152 « A Francoys Marchant, ymagier, demourant a Orleans, la somme de 20 solz tournois, pour avoir masticqué le visage de la Pucelle, estant sur ung pillyer du cail estant au devant de l’ostel de la maison de la communité de ceste ville d’Orleans, qui estoit rompu, par quittance pour ce, XX solz » (cité dans : Jarry L., « Un monument inconnu… », op. cit., p. 38).
153 Section carrée de 21,3 × 21,3 cm pour l’un et de 22 × 22 cm pour l’autre, hauteur du fût : 70,5 cm ; hauteur de base : 11 cm (DRAC Centre, Service des monuments historiques, 45324-16 T 2 ; Moulin J., Étude de deux piles..., op. cit., p. 5 et 8).
154 Plutôt qu’un hommage au duc d’Orléans Henri, la lettre « H » renvoie probablement à la période où ce dernier était devenu roi (1547-1559). En conséquence, dans l’hypothèse selon laquelle ces piliers appartiendraient au perron, ils correspondraient alors à une campagne de renouvellement du décor postérieure à sa construction vers 1541-1542.
155 Jarry E., « L’ancien hôtel… », op. cit., p. 314-315.
156 Ne s’appuyant sur aucune source précise, de nombreux auteurs ont cité Charles Viart depuis le XIXe siècle : Lottin Denis, Recherches historiques sur la ville d’Orléans, depuis Aurélien, l’an 274, jusqu’en 1789, Orléans, Alexandre Jacob, 1836, t. I, p. 345 ; Buzonnière L. de, Histoire architecturale…, op. cit., p. 174 ; Vergnaud-Romagnési Charles-François, « Viart (Charles) »,
157 Lesueur Pierre, « Le mythe de Charles Viart architecte de la Renaissance », Bulletin monumental, t. 35, 1926, p. 317-337 ; Lesueur Pierre, « Colin Biart, maître maçon de la Renaissance », Gazette des Beaux-Arts, t. II, 6e période, 1929, p. 210-231.
158 Sur l’hôtel de ville de Beaugency : Bontemps Daniel, « Les transformations du logis seigneurial de Dunois au château de Beaugency par Jean d’Orléans-Longueville au début du XVIe siècle », Bulletin monumental, t. 165-1, 2007, p. 53 ; Droguet Vincent, « L’hôtel de ville de Beaugency et sa restauration au XIXe siècle », Bulletin monumental, t. 165-1, 2007, p. 107.
159 Sur la carrière de Pierre Biard : Stein Henri, « Une dynastie d’artistes : les Biart », Mémoires de la Société nationale des antiquaires de France, t. X, Paris, 1937, p. 203-246 ; Alix C., Durandière R., « La dernière enceinte… », op. cit., p. 59-60.
160 Bontemps D., « Les transformations du logis… », op. cit., p. 31-69.
161 Alix C., « La dernière enceinte d’Orléans… », op. cit., p. 145.
162 Chenesseau Georges, « Une indication sur l’auteur de la façade de l’ancien hôtel de ville rue Sainte-Catherine », BSAHO, t. XX, no 224, 1925, p. 294-295.
163 Alix C., Durandière R., « La dernière enceinte… », op. cit., p. 58-59.
164 Jarry E., « L’ancien hôtel… », op. cit., p. 300.
165 Ibid., p. 301.
166 BM Orléans, ms. 587, f° 255.
167 Ces deux fenêtres ont été entièrement restaurées dans les années 1980 : toutes les pierres de l’encadrement ont été changées ; l’appui filant formant cordon, les meneaux et les traverses furent restituées. Le jour, actuellement muré, est moins restauré puisque la majeure partie de ces pierres d’encadrement est conservée. La base d’une lucarne se voyait encore dans le toit en 1919 (Jarry E., « L’ancien hôtel… », op. cit., p. 309).
168 Document du 29 mai 1551 (ibid., p. 301).
169 Même si depuis le XVe siècle des liens étroits unissaient la ville au pouvoir ducal. Les hommes du duc, qui étaient avant tout des serviteurs de l’État royal, étaient également proches des magistrats de la ville. Ainsi, plusieurs procureurs et receveurs devinrent lieutenant général du gouverneur. Thibault Jean, « Les hommes de pouvoir à Orléans et le service de l’état (fin XIVe – début XVe siècle) », dans Les serviteurs de l’état au Moyen Âge, XXIe Congrès de la Société des historiens médiévistes de l’enseignement supérieur public (Pau, mai 1998), Paris, Publications de la Sorbonne, 1999, p. 128.
170 Les échevins avaient fait abattre les barrières et palissades de chantier placées par les officiers du duc aux emplacements d’anciennes portes et d’anciens boulevards. En représailles, les officiers ducaux firent recreuser le fossé afin d’y interdire l’accès, mais les échevins ne tardèrent pas à entreprendre son comblement. Le 1er avril, l’emprisonnement de ces derniers par le lieutenant à l’intérieur de l’hôtel de ville entraîna de vifs troubles de la part de la population qui décida de dépêcher un émissaire auprès de Charles VIII. Ce dernier rentra de Paris le 5 avril avec l’ordre de libération des représentants de la ville (Michaud-Fréjaville, Françoise, « Note sur l’enceinte médiévale d’Orléans : vie et mort de la porte Bannier », BSAHO, t. IX, no 76, 1987, p. 12-14 ; BM Orléans, ms. 587, fos 199-200).
Auteur
CESR, Tours — Service archéologique municipal d’Orléans
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Un seul corps
La Vierge, Madeleine et Jean dans les Lamentations italiennes, ca. 1272- 1578
Amélie Bernazzani
2014