Chapitre 6. Les institutions municipales, l’architecture publique et son rapport avec l’autorité royale
p. 211-270
Texte intégral
1En 1434, lorsqu’amboise entre définitivement dans le domaine royal, la justice y est rendue au nom du roi par un bailli, ou son lieutenant, et par un procureur. L’administration amboisienne se met sans doute en place peu de temps avant cet événement car en 1421, le seigneur d’Amboise délègue la gestion des travaux de l’enceinte urbaine aux Amboisiens. En acceptant cette nouvelle organisation, le roi admettait implicitement que la ville pût devenir une communauté urbaine pour des raisons défensives. Dans le premier compte de la ville, couvrant la période 1421-1436, la mise en place récente du pouvoir municipal n’est pas clairement stipulée, mais la gestion hasardeuse du compte, qui s’améliore par la suite, prouve le peu d’expérience qu’il a en la matière. Les élus, au nombre de 2 puis de 12 à partir de 1496-14971, se rassemblent en un conseil élargi plusieurs fois par an afin de débattre des mesures à prendre « pour le faict de la fortiffication, emparement et des ponts de ladicte ville » ; leurs délibérations portent en réalité sur l’urbanisme, sur la signature des marchés ou encore sur la validation des baux à fermes. Les postes à pourvoir dans cette administration sont ceux de receveur, de clerc ou de greffier pour toutes les écritures, de veilleur de nuit (« eschauguete »), et de capitaine de la ville nommé par le roi.
2Les revenus de la ville comprennent d’abord la perception du 1/8 de la recette sur le vin qui est vendu au détail dans la ville et les faubourgs de Saint-Denis et Saint-Florentin ; cet impôt nommé « apetissement », qui représente près des 9/10 des fermes muables et au moins la moitié des revenus de la ville, est accordé à la ville par Charles VII en 14222 (fig. 36 CC). En 1432, ce dernier renouvelle par lettre patente ces privilèges qui sont par la suite reconduits tous les 3 ans. Les lettres précisent bien que la recette de l’apetissement doit être « emploi[ée] es reparacions et mises choses necessaires de ladicte ville et des ponts d’icelle3 ». Le droit de « barraige » levé sur les denrées, à l’entrée et à la sortie du pont rapporte peu à la ville et ne représente que 1/10e des fermes muables. À ces revenus s’ajoutent ceux des rentes immobilières, mais puisque la ville est divisée en quatre fiefs, son territoire imposable demeure restreint.
3Dès 1463, Amboise est exemptée de taille. Dans un premier temps, la franchise est temporaire ; la ville doit entreprendre des démarches tous les ans4. En 1482, après plusieurs requêtes et d’innombrables présents offerts à Jean Bourré ayant en garde le dauphin5, à Guillaume de Varye, capitaine de la ville6, à Estienne Leloup, bailli d’Amboise7 ou à tout autre personnage susceptible de plaider sa cause auprès du roi, la ville obtient une exemption définitive8.
4Le fonctionnement administratif du Petit Fort, quartier de la ville situé au nord, au pied du château, est assez particulier. Puisque les habitants se sont fortifiés à leurs frais9, ils sont exemptés de taxes extraordinaires ; de 1465 à 1473, un élu et un receveur propres au quartier tiennent le compte de l’« apetissement » et défendent les intérêts de la communauté auprès de la ville. En dehors de cela, le Petit Fort participe à hauteur de 1/5 aux dépenses des ponts. À partir de 1473, les comptes deviennent définitivement communs10. Cependant, Amboise n’a pas de maire à proprement parler à cette époque, et les échevins en tant que tels apparaissent entre 1557 et 156011. C’est Henri II qui accorde à Amboise une administration similaire à celle de Tours ou de Poitiers, à savoir : 1 maire en robe courte, 2 élus pour les finances, 12 conseillers et 1 receveur des deniers communs.
5Tours est qualifiée de « ville royale » en raison de son urbanisme dicté par la volonté souveraine ; à une moindre échelle, Amboise évolue également au gré des décisions royales. De 1421 à 1525, les comptes conservés de la ville, dont il ne manque que peu d’années12, instruisent essentiellement sur le maintien en état des murs et des ponts. Pour certaines années, on peut estimer ce poste de dépense à près de 75 % du budget de la ville (fig. 36 CC). Forte de ses revenus qui croissent à mesure qu’elle grandit, Amboise peut entreprendre des chantiers d’une nouvelle ampleur dont on suit l’évolution sur un siècle. Après en avoir présenté une vision d’ensemble, nous étudierons chacune de ses composantes : ponts et fortifications, halles, maison de ville, tour de l’Horloge et urbanisme.
LA VILLE ET SON IMAGE
6En tant que ville royale, Amboise se devait de soigner son image, image qui passait par l’esthétique, voire le décor de la cité. Mais, dans la vie ordinaire de la ville, quelle est la place du décor ? Tout en recherchant les éléments qui animaient la vie amboisienne, ne perdons pas de vue qu’au-delà de sa valeur ornementale, le décor recouvre une valeur symbolique fondamentale. Si l’esthétique de l’enceinte et des édifices officiels dévoilait le rang de la ville aux visiteurs, l’esthétique de l’habitat hiérarchisait la société.
7L’enceinte de la ville de 1 200 m de périmètre était édifiée en moellon. Les premiers chercheurs qui travaillèrent sur Amboise purent encore l’observer, entre 1967 et 197213. Sans doute recouverte d’un simple enduit beurré, sa qualité ne trompait personne et elle était bien loin des hautes et blanches murailles de pierre de taille qui impressionnaient tellement au Moyen Âge14.
8Cependant, l’habitat comme les édifices édilitaires longeant le front de Loire étaient construits en pierre, les maisons en pan-de-bois n’apparaissant pas, ce qui conférait à la place un caractère plus puissant. Les tours, d’une hauteur bien médiocre (à peine 15 m) ne se détachaient pas autant du paysage que le château qui s’imposait depuis le haut du promontoire, et que l’église Saint-Denis sur sa colline, mais aussi que le pont bravant les eaux de la Loire (fig. 15). Il n’est pour le vérifier que de considérer les gravures et dessins anciens : la Loire et son pont figurent au premier plan, le château derrière (fig. 3 et 153). La plupart des villes ligériennes sont traditionnellement représentées ainsi. Des vues de Tours, on a pu dire qu’elles sont « des allégories de la bonne gestion des échevins15 ». Cette réflexion est tout aussi vraie pour Amboise. Si au XIIe siècle, la silhouette d’une église évoque à tout un chacun la dynamique urbaine, à l’aube des temps modernes, le pont demeure indissociable de l’image d’une cité ligérienne digne de ce nom. Le nombre de clochers et la présence de plus en plus courante des beffrois restent cependant révélateurs de la puissance de la ville, ce qui explique aussi que l’on ait édifié Notre-Dame-et-Saint-Florentin-en-Grèves en bord de Loire et qu’une horloge et un clocheton aient sommé le beffroi.
9À l’approche de la ville, on passait les différents barrages, barrière, garde-porte, porte et pont-levis… avant de se présenter au pied du château, devant l’ultime porte (fig. 38 et 39 CC). En venant par la Loire, on franchissait la porte du Port, en arrivant par le pont, le portail du Pont. L’une comme l’autre arboraient les armes du roi16. La statue de saint Michel était apposée au pignon de la maison de ville, côté Loire17, et non côté rue18. À l’image de ces ornements tournés vers l’extérieur et s’adressant plus aux étrangers qu’aux Amboisiens, la tour de l’Horloge reçut l’essentiel de ses parures sur ses parties hautes. Il n’y avait dans le bas qu’une porte de ville, sobre, dans les étages, des croisées à simples baguettes mais, pour toiture, une charpente en pavillon élancée, couverte d’ardoise, couronnée d’un lanternon abritant une cloche ; enfin, au-dessus, épis de faîtage et bannières se détachaient sur le ciel19. Depuis l’île on aperçoit encore ce faîte et les dessins anciens de la ville le figurent toujours (fig. 153 et 154 ; fig. 33 CC).
10Tant les sources que les édifices expriment la réelle fierté des habitants − représentés par leur conseil de ville − de pouvoir manifester l’opulence et l’éclat de la ville, si modeste soit-elle. Ainsi, « la tour ou la ville a l’intencion faire mectre une grosse orloge20 » est citée dès mars 1495 (n. st.) dans les archives, alors que l’horloge ne fut effectivement posée qu’en 150321. Les richesses déployées vers l’extérieur s’adressaient tout d’abord au roi. Alors que la ville multipliait les demandes d’audiences pour réduire son imposition, elle ne regardait pas à la dépense pour habiller son clerc et messager, Pierre Beurre, de robe de drap vermeil22, agrémentée de manches d’orfèvrerie. Et le roi n’était pas insensible à l’image que lui renvoyait sa ville qui constituait l’accompagnement de sa demeure et le paysage que lui offrait le promontoire (fig. 155). Aussi, le 20 juin 1473, Gilles Martin, plombeur, devait-il poser les épis de la « tour du pont, parce que le roy est ou chasteau d’Amboise, a commandé que lesdits deux espitz y feussent mis23 ».
11Une fois passées les portes, le visiteur découvrait une ville moins austère, mais aussi moins riche et plus vivante. Ne disposant plus du point de vue lointain qui permet d’appréhender l’endroit dans sa globalité, il ne voyait que la rue serrée dans laquelle il se trouvait, bordée par de hautes maisons. L’étroitesse des rues se vérifie sur les plans d’alignement de 183424 (fig. 20, 21, 22, 18, 23, 24 et 26). La rue la plus large, celle de la route d’Espagne ne dépassait guère 5 m de large, avec des passages rétrécis à 3,50 m comme à la tour de l’Horloge (fig. 6). La rue ordinaire n’excédait pas 3 m et nombre de venelles ou de petites rues n’atteignaient pas 2 m (rues Newton et du Petit Soleil ; fig. 25). Aussi, le rez-de-chaussée demeurait-t-il le seul niveau à portée d’yeux. L’ornement public se limitait aux puits et au pavage. Remarquables pour les visiteurs, les puits étaient avant tout essentiels aux riverains. Mais le plus orné d’entre eux était celui du Petit Fort qui, placé à l’entrée de la ville, juste au pied du château, et couronné d’un épi de plomb et d’une bannière aux couleurs du roi, azur et or25, contribuait avant tout à la mise en valeur des abords du château. Le pavage, quant à lui, d’abord réalisé à seule fin utilitaire en privilégiant les voies les plus empruntées, n’était pas dénué de visée ostentatoire. Les entours des trois entrées principales du château (fig. 41 CC) − la grande rampe en arrivant du port Saint-Simon, la tour Heurtault en arrivant de la porte Titery et la tour des Minimes en arrivant du pont − étaient pavés, curés et entretenus aux frais de la ville en particulier lors des séjours du souverain26. La ville en son entier servait de faire-valoir au château. Finalement, l’image actuelle de la place Michel Debré, même si elle n’est pas conforme à la réalité médiévale, n’est pas si éloignée de la recherche esthétique primitive (fig. 156).
LES PONTS DE LOIRE
12Les ponts recouvraient une double utilité : assurer la traversée de la Loire, ce qui était vital pour l’économie urbaine puisque la route d’Espagne les empruntait, tout en défendant l’accès de la ville dont ils demeuraient l’entrée principale.
13Dès 1115, la cité est dotée de ponts de pierre à l’initiative d’Hugues Ier d’Amboise. À l’époque médiévale, les ponts traversant la Loire sont scindés en deux sections non-alignées (fig. 157) : les « vieux ponts de pierre » se situent en amont du pont actuel entre la rive gauche et l’île (bras appelé « Vieille Loire » dans les comptes de la ville ; fig. 158) et « les grands ponts de boys » entre l’île et la rive droite, plus ou moins à l’emplacement du pont actuel27.
14L’étude des ponts médiévaux d’Amboise s’appuie essentiellement sur les comptes de la ville de 1421 à 1525 et sur des documents postérieurs au XVe siècle : les relevés du pont extraits de l’album de Nicolas Poictevin, datant de 169628 et de 171229, le plan cadastral de 1808 et une abondante iconographie du XVIIe au XXe siècle. Les ponts sont antérieurs aux sources textuelles qui ne différencient pas les parties les plus anciennes des plus récentes. De plus, entretien et reconstructions se sont poursuivis entre 1525 et 1694, en faisant un ouvrage hétérogène.
15D’après les comptes de la ville, les techniques évoluent peu durant un siècle. Au début du XVe siècle, le pont existe depuis 300 ans et tout laisse à penser que les techniques employées sont alors connues depuis longtemps ; d’autant qu’il est admis que la grande évolution des ponts s’opéra sous Louis XIV30. Les ponts étant décalés, l’entrée dans la ville se trouve dans le prolongement de la rue de l’Entrepont de l’île (fig. 4 et 5 CC31). Les relevés de Nicolas Poictevin représentent 13 piles pour les ponts de bois et 10 pour les ponts de pierre parmi lesquelles il convient d’identifier le pont médiéval (fig. 159a et 159b). Celui-ci se reconnaît principalement à l’emploi de l’arc brisé, l’arc en plein cintre n’étant pas pour autant gage de modernité32. Sur son relevé, Nicolas Poictevin représente les ponts de bois supportés par des piles de pierre − à l’exception d’une pile centrale en bois − surmontées de structures de bois. À l’inverse, les comptes de la ville précisent que les ponts de bois sont portés par des piles de bois faites de longs pieux (« pichons ») hormis les arches de pierre des extrémités et les culées dont les fondations reposent quant à elles sur un pilotis de pieux de bois (les « paux33 »). On relève cependant parfois une certaine confusion entre les deux termes. Ainsi, lors de la grande réfection des ponts de bois en octobre 1481 la ville achète à Estienne Lhostellier, charpentier : « Environ […] 200 pichons de boys qui ont esté mis a faire le fondement du pillier de pierre faict au bout des ponts de boys devers l’otel Perenelle La Royere34. » Par ailleurs, Nicolas Poictevin figure bien des arches brisées surmontant les culées. Son projet prévoyait d’aligner les ponts de bois sur les ponts de pierre, de régulariser l’espace entre les piles, ainsi que leur forme en ne conservant que les avant-becs. Le relevé des ponts de pierre − non concernés par ces travaux d’aménagement − reproduit différentes largeurs d’arches et seule la 5e, en partant de la ville, dessine un arc brisé. Cette arche, tout comme la 2e, montre une largeur assez faible, inférieure à 10 m. Les portées des arches brisées des ponts de bois sont d’ailleurs comparables. D’après ce relevé, les arches les plus étroites depuis la ville vers le Bout des ponts sont :
la 2e arche des ponts de pierre : 7 m ;
la 5e arche des ponts de pierre : 9 m ;
les 1re, 2e, 8e, 10e et 12e arches des ponts de bois : 8 m ;
la 13e arche des ponts de bois : 6 m.
16À l’inverse, trois arches présentent une portée bien supérieure aux autres :
les 6e et 7e arches des ponts de pierre : 14 m ;
la 4e arche des ponts de bois : 13 m.
17Les autres sont séparées entre elles par environ 10 m. Mais la portée des arches ne constitue pas non plus un critère de datation certain. Les vues du XVIIe siècle et en particulier celles de Lambert Doomer représentent l’arche batelière et si la position exacte de l’arche marine n’est pas l’objet de l’œuvre (fig. 4 et 5), elle vérifie néanmoins qu’une arche large n’est pas non plus gage absolu de modernité. En réalité, la construction de tout pont obéit jusqu’au XVIIIe siècle à une unique règle : que « les épaisseurs des piles ne soient pas inférieures au quart de l’ouverture des arches35 ». À Amboise, les piles mesurent entre la moitié et les deux tiers des arches. Au XVIIe siècle, les ponts d’Amboise conservaient donc encore certains éléments médiévaux, dont l’identification reste incertaine car leurs caractères ne sont pas forcément datants.
18La reconstruction des ponts d’Amboise aux XVe et XVIe siècles s’apparent à celle du pont de Tours36. Le rapprochement peut se faire à tout point de vue : organisation du chantier, présentation des archives et vocabulaire employé ainsi que techniques et système défensif. Une différence est toutefois notable : toutes les piles du pont de Tours sont en pierre alors qu’à Amboise un grand nombre sont encore en bois. La construction des piles de pierre est semblable, qu’elles soutiennent des arches de pierre ou un tablier de bois.
LES FONDATIONS
19Les techniques sont demeurées identiques de 1421 à 1525 (fig. 160a). Pour bâtir une pile en pierre, les charpentiers et hommes de bras préparent l’emplacement en construisant un batardeau (« estanche »), soit une petite enceinte que l’on va assécher pour travailler au sec37. Le batardeau est constitué de pieux plantés très serrés les uns contre les autres. Les interstices entre les pieux sont comblés par des fagots d’épines et du fumier recouverts de terre38, si possible argileuse.
20Il faut ensuite écoper le batardeau (« gecter l’eau des estanches »). Lorsque les infiltrations sont maîtrisées, on peut commencer à planter des pieux (« pichon39 »), tel un pilotis (« piloteys40 »).
21On les enfonce à l’aide d’un « engin » pourvu d’un « moton41 ». L’opération est appelée « baptre les pichons42 ». L’engin est placé sur une sentine. Le mouton est une masse que l’on monte le long d’un mât. Une fois hissé et bloqué en bout de course, la « declique » permet de déclencher la retombée du mouton sur le pieu43. Le mouton est généralement fabriqué en ormeau44, bois très dur dont on fait aussi les maillets45. Un chapeau46, ou socle de fer47, protège en outre le mouton. Les achats de cordes pour attacher les pièces de bois48, manier l’engin ou la « declique » sont courants. L’engin est aussi régulièrement graissé : « Une livre et demye d’oynt emploié a oindre ledit engin quant les pichons furent batuz a appareiller le pont de la porte Saint Denis49. » On estime qu’« il fallait environ 250 coups de mouton pour enfoncer un pieu ; les cadences normales étaient d’un coup toutes les 8 secondes, et l’on comptait qu’une journée de 10 heures permettait de tirer 120 volées de 30 coups50 ». Les pieux sont généralement cerclés d’un « anneau de fer mis à tenir le pichon pour le congner afin qu’il ne se fendist51 » et renforcés en pied d’un sabot métallique (« fer de pichon52 »). Une fois les pieux plantés, ils sont « recepés », c’est-à-dire sciés de manière à égaliser les hauteurs de tête pour offrir une surface plane. Une maçonnerie peut être coulée entre les têtes de pieux, mais elles peuvent aussi être assemblées par un plancher de bois. Lorsque les maçonneries sont sèches, on démonte le batardeau pour travailler au-dessus des eaux sur des échafaudages. Le bois ayant servi à faire des « chaffaulx » est par la suite remployé ailleurs53.
La construction des piles de pierre
22La pile se compose d’un parement en pierre de taille empli de moellons noyés dans un mortier. Les pierres de parement de la pile sont liées entre elles par un mortier de sable et de chaux mais aussi par des crampons scellés au plomb dans la pierre54. Des petites enceintes entourent la pile pour la défendre des eaux : formées de pieux auxquels sont clouées des planches (« lymandes »), ces structures sont remplies de moellons grossiers et constituent des crèches (« argeaulx55 »). Le renforcement annuel des crèches s’explique par le fait qu’elles sont particulièrement en proie à la force du fleuve. L’ennemi majeur des ponts reste le phénomène d’affouillement qui affecte la base de l’« argeau ». Le cours de l’eau étant réduit par la largeur considérable des piles − sans compter les moulins et pêcheries que l’on installait entre elles − la vitesse de l’eau augmente, et l’eau passe sous la pile qui n’est plus ancrée au lit. À Tours56, il arrive que de petites îles se créent autour des « argeaux » à mesure que l’on y accumule de la terre pour qu’ils ne soient pas emportés. À Amboise, la crèche est parfois renforcée d’un avant-bec pour fendre le courant57. De même58, il est fréquent que de nouveaux « pichons » soient plantés au devant de l’argeau et consolidés, par exemple, de « 4 empanons, 2 virolles pour avant pan qui a esté congné davant les paulx d’un des argeaux59 ».
23Le remplacement d’une pile de pont est un travail considérable, parfois les hommes effectuent une consolidation sommaire dès la fonte des glaces du printemps puis attendent l’étiage estival pour installer le batardeau et y œuvrent jusqu’à l’automne60. La construction à neuf d’une pile ou d’une arche est exceptionnelle, les pierres d’appareil sont en revanche régulièrement changées61. À la sortie de l’hiver, les maçons retirent les pierres de parement des piliers les plus abîmés (« despecer le viel pillier ») pour les reposer (« maçonner62 »). Il est parfois nécessaire de récupérer les pierres dans l’eau :
Pescher des pierres de taille en la riviere de Loire qui estoit cheutés des pilliers desdits pons que la riviere y avoit admenez par les creues de l’iver derrenier.63
24En juillet 1452, le chantier de reconstruction d’une pile des ponts de pierre débute par l’installation d’un batardeau et continue avec le démantèlement de l’ancienne pile (« desrompre le veil pillier64 »). Le pilotis doit être sain et le terrain ne pas nécessiter d’être stabilisé par une structure car on pose de longues pierres « es fondemens du pillier » ce qui répond à la construction d’une semelle65. Lorsqu’il est nécessaire de refaire une arche, celle-ci est maçonnée sur des cintres, mais les comptes ne sont pas suffisamment détaillés pour comprendre si la technique mise en œuvre est celle des cintres retroussés ou si un système d’échafaudage prend appui dans l’eau66. En 1458, on reconstruit l’arche de la Meyte ; une seule mention concerne les échafaudages : à la fin du chantier un charretier est payé pour avoir « amené et ramené le boys a chaffauder la voulte de pierre des pons de Loyre pres le pilier nagueres fait neuf pour la reparer67 ». Le 5 juin 1475, André Lorès, maître-maçon, se charge de faire le cintrage en bois de l’arche des grands moulins des ponts de pierre68, tâche habituellement réservée aux charpentiers69.
La construction des piles de bois
25Pour construire une pile en bois, on plante une ou plusieurs files de gros pieux qui constituent les palées (fig. 160b). On prend soin de planter d’autres lignes de pieux en avant de la pile, face au courant, pour constituer des brise-glace. En 1497, la ville achète ainsi « deux cens cinq pichons […] dont y en a quatre plus grans pour servir aux avantbecz des grans ponts de boys70 ». Les « pichons » des palées sont liés entre eux par des « chevalletz71 », pièces le plus souvent mises en œuvre en « armoises » ou « amoises72 », c’est-à-dire en moises. Elles sont systématiquement fixées avec des chevilles de fer : « 86 livres et demye et pour les grans chevilles de fer et autres ferreures mises et emploiés es armoises faictes a tenir lesdits pichons73 ». Parce que probablement habituels, les assemblages à tenons et mortaises ne sont pas précisés. Au-dessus des pieux, vient un « chapeau74 », pièce posée parallèlement au cours du fleuve sur laquelle reposent les « traines », pièces perpendiculaires au cours du fleuve appelées aujourd’hui les longerons75. Viennent ensuite les « seules » ou « soles76 », disposées dans la largeur du pont, parallèlement au cours du fleuve sur lesquelles on cloue des planches77. Des pièces de renfort appelées « seurpentes » ou (« souspentes78 »), dont on ne connaît pas les dispositions exactes, viennent raidir l’ouvrage en sous-œuvre. Enfin, on équipe le bord de la chaussée de soliveaux sur lesquels reposent les garde-corps ou lices (« tienmains79 ») pour prévenir les chutes80. On pave éventuellement le pont et on le dote de gargouilles pour évacuer les eaux et les boues81.
26Les comptes livrent les dimensions des pièces les plus couramment employées, sans qu’il y ait toutefois de standardisation. La longueur des « paulx » est exceptionnellement indiquée et peut atteindre 2 toises (4 m)82. Les « pichons », quant à eux, mesurent en moyenne 2 à 3 toises (4 à 6 m), quand ils sont employés comme des pieux83. Lorsqu’ils servent de piles, ils peuvent mesurer jusqu’à 5 toises (10 m). Leur épaisseur est variable ; les plus gros mesurent 40 cm de diamètre84. Mais puisque les réparations se concentrent d’avantage sur la remise en état des « argeaux » des piles que sur les piles elles-mêmes, la plupart des « pichons » employés se limitent à environ 5 m de longueur. Les « traines » atteignent communément entre 4 et 5 toises. Elles sont de grosseur variable, allant de 35 à 45 cm de côté85. Les piles de bois sont espacées les unes des autres de 8 à 10 m. Si l’on admet que les piles sont composées de plusieurs palées − sans que le nombre exact puisse être précisé −, entre les palées des extrémités des piles, la distance ne doit pas excéder 7 m, ce qui semble une portée acceptable pour une pièce de ce calibre. Les 3 à 3,5 toises (6 à 7 m) que mesuraient les « seules86 », correspondent à la largeur du pont. Elles doivent être assez rapprochées (50 cm) pour éviter que les planches ne fléchissent. Occasionnellement précisée, la longueur des planches (« aies ») atteint 2 à 5 toises, comme les anciens « pichons » ou les vieilles « traynes » dont elles sont souvent issues87. Leur épaisseur n’est pas toujours précisée pour les ponts de Loire mais pour les ponts-levis des portes de la ville, elles font en moyenne 2 doigts (« doie » ou « dour ») d’épaisseur (« d’espoix »), soit 3 cm88. Les achats de planches se calculent généralement selon un toisage linéaire et ni leur longueur ni leur largeur ne sont constantes. Une mention fait toutefois exception, en 1507, la ville acquiert auprès de Mathurin Ruau, marchant de bois : « 2 cens de planches de 2 toizes et demye de long d’un dour en ung sens et demy pié en l’autre » pour réparer les « grans ponts de boys89 ». La longueur des « soliveaux » varie quant à elle de 2 à 3 toises en moyenne90. Enfin, la chaussée est bordée de « tiens-mains » ou « garde corps », généralement fabriqués dans du bois carré, c’est-à-dire équarri91.
27Un achat effectué en octobre 1466 résume les dimensions, les fonctions et les dénominations des pièces de bois :
Pour ung cent et demy de planches chascune de deux toises et demye qu’il a baillé et livré pour emploier et mectre a la reparacion des ponts dudit Amboise [...]. Et pour avoir fourny de dix pichons de boys de cinq toises et d’ung grant pié de bat, de quatre traynes de troys toises et demye et ung pié longueur et d’un pié deux doiz de quarré en ung sens et d’un pié en l’autre sens, pour deux chapeaulx de boys d’un grant pié et deux doiz en ung sens et d’ung pié en l’autre de largeur et de troys toises et ung pié de longueur le tout rendu sur les ponts dudit Amboise. [...] Et pour une trayne de cinq toises de longueur, d’un pié et demye de large en un sens et d’un pié et pleine paulme en l’autre. [...] Pour une autre trayne de quartié en deux dont on esté faiz deux chappeaulx pour faire des armoises aux pichons, apres ce qu’ilz ont esté picquez et batuz en la riviere. [...] Et pour troys petiz pichons pour mectre au devant de l’argeau de la tour du pont [...] Et pour quatre soliveaux de troys toizes de long pour mectre et emploier a tenir les tiens mains d’aupres de la garde porte desdits ponts.92
28Dans la mesure du possible, les ouvriers prennent des dispositions pour protéger les piles de pont des glaces. Durant l’hiver 1505, on barde les « pichons » de barres de fer93. Il arrive aussi souvent que l’on charge sur la chaussée des matériaux lourds pour éviter qu’ils ne soient emportés par les glaces ; ainsi des manœuvres sont rémunérés :
Pour chargez les charretés qui ont mené des pierres et autres choses pour charger les ponts de boys de ladicte ville estant sur la ryviere de Loire, descharger lesdittes charretés et acoustez lesdictes pierres sur lesdits ponts a ce que les glaces qui sont de present grandes en laditte ryviere ne puissent en mener lesdits ponts ne faire aucun domaige quant elles departiront.94
Construire sur les ponts
29Les problèmes d’affouillement des piles étaient engendrés par leur largeur : pour ne pas contraindre le cours du fleuve il aurait fallu construire des piles les moins larges possible mais, compte-tenu des moyens techniques dont on disposait et des crues récurrentes qui sévirent à la fin du Moyen Âge, le poids des piles demeurait le meilleur moyen d’éviter qu’elles ne soient emportées par les eaux. D’autre part, les piles étaient d’autant plus imposantes que le pont devait supporter toutes sortes de structures : chapelle, moulins, maisons, pont-levis, « retraitz95 », etc.
30L’exemption de taxes dont jouissent les habitants de l’Entrepont, sur l’île, incite la population à s’y installer. Ainsi, le 1er mai 1482, Pierre Pasquier est dédommagé :
Pour trois jours par luy vacquez par l’ordonnance donnees de ladicte ville a aller de ceste ville a Tours devers le commissaire des turcis et monseigneur le general Tilhart, pour parler a eulx touchant l’exempcion et affranchissement des demourans entre les deux ponts dudit Amboise qui estoient comprins ou mandement de l’affranchissement desdittes turcis et leur remonstrer que s’estoit ou grand prejudice et domaige de ladicte ville et desdictes turcis et pour soy conseiller qu’il estoit de faire. Et partit de ceste dicte ville le lundi des foiriers de pasques mil IIIIc IIIIxx et deux et revint le landemain querir des lectres de monseigneur le maistre d’ostel estant bailli d’Amboise adressé aux dessusdits aussi, porta avecques lesdittes lettres une attestacion faisant mencion comme les demourant entre lesdits ponts ne devoient estre comprins en ladite franchisse et qu’ilz estoient cause de la rompture desdittes turcies pour les accroissements et haussements qu’ilz fesoient entre lesdits ponts et que laditte riviere ne leur fesoit aucun dommaige.96
31Mais le pont d’Amboise n’est pas pour autant un pont habité97 ; seuls quelques logis des extrémités du pont gagnent de l’espace en s’étendant sur la chaussée98. En 149899, des travaux sont entrepris à l’extrémité sud des ponts de pierre, entre la tour du Pont et la chapelle de la Meyte (fig. 38 et 39 CC), pour y faire des boutiques (« ouvroirs »). L’iconographie du XVIIe siècle ne représente pas une rue-pont100. Or, rien ne laisse supposer que l’on ait supprimé les structures que supportait le pont entre la fin du Moyen Âge et le siècle de Christophe de Tassin101 (fig. 3), de Lambert Doomer (fig. 4 et 5) et de Nicolas Poictevin (fig. 159 et 160) qui relevait systématiquement les constructions que portaient les ponts.
32Enfin, des moulins et des pêcheries implantés entre les piles des ponts de pierre entravent le cours de l’eau. Dans les comptabilités, ils apparaissent sous le nom de « grans moulins », toujours au pluriel. Ces moulins appartiennent au roi102, ce qui explique son inquiétude en août 1477 quand la sécheresse sévit et que l’eau ne passe plus sous ses « molins et pescherie103 ».
33L’iconographie angevine comme les observations archéologiques vérifient qu’aux abords du grand pont d’Angers, au XVIIe siècle, étaient encore en place des systèmes de pieux et de clayonnage qui dirigeaient les courants vers des filets de pêche ; des carrelets étaient aussi attachés aux piles du pont. On ignore à quel type appartenaient les moulins d’Amboise parmi les quatre types médiévaux répertoriés : moulins-bateaux, moulins « à nef » placés sur des barges amarrées aux piles du pont, moulins « pendus » accrochés à des plates-formes s’appuyant sur le tablier du pont ou moulins fixes bâtis en dur sur la terre ferme ou sur une pile104. Ce dernier type, qui aurait nécessité des bâtiments construits à l’aplomb des piles, peut toutefois être éliminé.
34L’existence de l’arche marinière observée sur les sources iconographiques est attestée par les comptes de la ville (fig. 4). Au vu de l’encombrement des arches ordinaires, le passage des chalands sous l’arche marinière qui, leur étant réservée, est plus large et plus haute que les autres, est facile à contrôler105. En 1485, durant les guerres de Bretagne, on décide de barrer les arches pour empêcher les bateaux de circuler : trois charpentiers s’emploient à « mectre certaines barres et pieces de boys carree au travers des arches desdits ponts pour garder de passez aucuns chalans de nuyt pour les dangiers et doubte de la guerre106 ». Ce n’est pas là un cas isolé : « Il n’est pas rare, au hasard des comptes urbains du Moyen Âge, de trouver mentions du rôle occasionnel que pouvait être amené à jouer le pont urbain dans ce barrage du cours d’eau107. »
La fortification des ponts
35À partir de 1467, date à laquelle Louis XI exige de la ville qu’elle renforce sa défense, la fortification du pont est mieux connue. Le pont d’Amboise supporte en effet un certain nombre d’ouvrages défensifs (fig. 38 et 39 CC).
Les ponts de pierre
36Il est difficile de dénombrer avec certitude les structures qui défendent le pont dans la mesure où elles ne sont citées que lors de leur construction ou de leurs réparations et non de leur destruction, ce qui incite à penser qu’elles existent concomitamment au début du XVIe siècle. La tour du Pont est construite bien avant les injonctions de Louis XI. L’ouvrage, bâti sur la rive gauche de la Loire (fig. 38 et 39 CC), juste à l’entrée des ponts, est abattu en 1738 car il tombe en ruine. Le pont d’Amboise traversant la Loire de Lambert Doomer présente la silhouette de la tour au XVIIe siècle (fig. 4). Celle-ci a évolué tout au long du XVe pour se figer au début du XVIe. Elle est mentionnée dès 1445 dans les archives de la ville108. Sa fonction de guet au sommet est spécifiée en 1446109. À partir de 1448110, elle est souvent appelée « la tour de la Meyte », du nom de la chapelle située à proximité.
37En suivant la rue du Pont qui jouxte le Petit Fort111, une barrière volante précède la garde-porte de la tour112. La tour en elle-même est fermée par des vantaux113, ouvrant sur un pont-levis114 et, sous ce dernier, dans le talus de la tour, se trouvent deux canonnières115. Le pont-levis est actionné depuis la tour du Pont tandis qu’une « barriere tourneresse » montée sur pivot fonctionne côté pont116, derrière la porte. Une deuxième garde-porte est postée en avant de cette deuxième barrière117. À partir de 1493-1495, la porte répond au nom de « portaux des grans ponts118 ».
38Vient ensuite sur la première pile la chapelle de la Meyte qui se résume à une grande niche (« tabernacle119 ») renfermant « ung tronc120 », où l’on dépose les aumônes, protégée par un petit toit (« auvan » ou « balais ») de 17 pieds de longueur sur 11 pieds de largeur dans-œuvre (soit 5,60 x 3,60 m)121. À partir de 1498, la chapelle répond au vocable de Saint-Mamer122. La dévotion qui s’y attache a une importance économique pour l’entretien des ponts, car elle est censée préserver des catastrophes ces organes vitaux de la ville qui bénéficient de nombreux legs123. Ce type de financement, dont le principe s’apparente à l’œuvre pie, se retrouve à Amboise comme partout en France124.
39Le « baffray125 » − ouvrage surélevé depuis lequel on assure le guet126 − est signalé pour la première fois au tout début de l’année 1464 lors de sa restauration une seconde fois, en tant que point de repère en 1474127, associée à l’installation d’une « barrière volante128 ». Le « baffray » pourrait correspondre au couronnement de la « bastille » qui est citée en 1421 et au moment de sa destruction en 1471129, quand on récupère son bois130. Ainsi le terme aurait survécu à sa démolition pour désigner l’endroit. Sa construction n’ayant laissé aucune trace dans les archives, elle doit être antérieure aux années 1450. Par la suite, après 1471, on conserve une troisième barrière et une troisième garde-porte à cet endroit, baptisé « la porte de dessus les ponts131 ».
40La « braye » sert souvent de point de repère dans les comptes de la ville pour localiser les travaux du pont. Son emplacement demeure toutefois incertain car on ne sait pas ce que recouvre exactement ce terme d’autant qu’il y avait à Amboise trois « brayes »132 : deux sur les ponts de pierre et une autre sur les ponts de bois133. En 1196, Sulpice de Buzançais, seigneur de la tour fondue, possédait le moulin de Braia sur les ponts. Au XVe siècle, les moulins du roi sont mitoyens de ses pêcheries sur les ponts de pierre. Sur les ponts de pierre, le « pilier de la braye » et des moulins134, qui créent des remous, est particulièrement touché par les agressions du fleuve et fait l’objet de restaurations intensives entre 1468 et 1472135. Le « brayer », ou « braye », est une sorte de filet utilisé pour l’opération de levage136. Ce filet, ou « braye », pourrait désigner à Amboise un carrelet de pêche − technique attestée sur la Loire et encore en usage dans l’estuaire du fleuve, retrouvé sous le terme d’« échiquier » −, terme repris pour parler du lieu des pêcheries137.
41En 1468, à l’autre extrémité des ponts de pierre, au niveau de leur emprise sur l’île, le passage est contrôlé par une deuxième porte138 surveillée par une quatrième garde-porte139. Cette porte est couramment appelée « la porte du milleu des ponts140 » ou « la porte de l’ostel au Guenay141 », en référence à la maison des Leguenays. Elle se compose d’un guichet142 et de simples vantaux143. Plus tard, à partir de 1494, le portail est appelé « la porte d’entre les ponts » ou « pres la maison du cordier144 ». Enfin, s’élève en arrière sur l’île, derrière les ponts de pierre, un calvaire auquel les textes font souvent référence145.
Les ponts de bois
42Ils apparaissent dans la comptabilité sous la dénomination de « ponts de boys », de « grans ponts », de « grans ponts de bois », de « grans ponts de Loire » ou encore de « ponts de boys de la braye146 ». Rappelons que la première et la dernière arche des ponts de bois sont en pierre et qu’elles reposent donc chacune sur une culée et une pile de pierre. La première arche en venant de la ville s’appuie sur le pilier dit « devers l’ostel Peronnelle La Royne » et sur « le pilier de la braye » ou « de la grant braye ». « Peronnelle La Royne » ou « La Royere147 » demeure « entre les ponts148 », comme le précise une assemblée du conseil de ville.
43L’Entrepont, du côté des ponts de bois, est gardé par une troisième porte, plus modeste que celle de la rive gauche, si l’on en croit une sanguine du XVIIe siècle149 (fig. 153). Nommée « la porte des ponts de Loire150 », elle apparaît pour la première fois en 1422 précédée de la quatrième barrière, dite volante151. En 1448, un pont-levis152 − le deuxième des ponts − y est réparé153. La cinquième garde-porte154 qui le devance se situe sur le pilier de pierre soutenant la 1re arche de pierre. Le boulevard du pont imposé par Louis XI en 1467 prend place sur cette même arche des ponts de bois, appelée pilier de la Braye. En octobre 1470, est achetée de la corde : « Pour faire ung argeau qui est ja encommencé au pillier de la braye qui soustient le boulouart de boys155 ». Il est détruit en 1471156. À la croisée des routes de Blois et de Négron, au faubourg du Bout-des-Ponts, s’élève un calvaire qui apparaît sur une sanguine du XVIIe siècle (fig. 153).
44L’évolution du pont au XVe siècle ne touche pas tant sa structure que ses aménagements à caractère défensif. À Amboise, on ne peut pas différencier un temps de fortification d’un temps de démilitarisation du pont comme à Tours, où la période de la guerre de Cent Ans marque l’apogée de la fortification, car les archives sont incomplètes pour cette période. Sans doute les structures − la bastille notamment −, déjà en place autour de 1421, datent-elles de la guerre de Cent Ans en Touraine. Le summum est atteint entre 1465 et 1468. L’année 1470 semble marquer un moment de relâchement : on démonte la bastille ; le boulevard et le « baffray » ne sont plus mentionnés passé cette date. En revanche, il est certain que la naissance du dauphin en 1470, puis l’avènement de Charles VIII en 1483 et son départ pour l’Italie dès 1494, laissant le dauphin Charles-Orland à Amboise, expliquent le maintien des structures défensives (fig. 38 et 39 CC).
45La localisation des éléments postés sur les ponts reste hypothétique ; on aura compris la difficulté d’appréhender les comptes qui changent d’auteur presque tous les ans, auteurs qui semblent avoir chacun une vision bien personnelle de la ville et qui n’hésitent pas à rebaptiser un lieu. Ce qui importe est la succession des éléments. Ils peuvent être de qualité médiocre et leur efficacité relative − on ne rencontre jamais de heurtoir et peu d’ouvertures de tir par exemple − mais tout le monde se sentant surveillé, les risques de trahison s’effacent. La même accumulation d’obstacles se retrouve à Tours et il semble que ce fût là le meilleur moyen pour une ville de se prémunir d’une agression.
L’ENCEINTE
46Dès le Haut Moyen Âge, la ville se développe dans une zone quasi-insubmersible, au pied du château ; la Masse sert alors de douves aux fortifications (fig. 6 et 40 CC). Le tracé du bras appelé couramment « bras principal » est atypique. L’angle droit marqué par le ruisseau pour couler parallèlement à la Loire résulte du bourrelet de galets formé après l’étranglement de la Loire qui ne mesure que 700 m de large au niveau d’Amboise contre plus de 1 km en amont. Cette configuration naturelle fut accentuée de main d’homme pour construire un moulin. Le tracé du bras secondaire de la Masse, correspond aux dispositions d’un bras de dérivation et d’un bief ainsi aménagés pour contrôler le débit du moulin157. Le bras secondaire, qui sert par la suite de douves à la seconde enceinte, serait donc une création bien antérieure à la fin du XIVe siècle. Les deux bras ayant permis le contrôle du débit du ruisseau et l’assèchement de son lit majeur, la population s’installa dans le secteur. Une extension de l’enceinte fut alors élevée pour la protéger. L’occupation précoce de cette zone est confirmée par l’hôtel de la rue du Petit Soleil dont la charpente qui date des XVe-XVIe siècles couvre un logis du XIIIe siècle158 (fig. 161 et 162).
47En 1421, Pierre II d’Amboise et les édiles renforcent la fortification de la ville, ce qui prouve bien l’existence d’une enceinte antérieure. D’après une lettre de 1417 citée par l’abbé Louis-Auguste Bossebœuf159, la remise en état de l’enceinte serait motivée par l’approche des Anglais. La mise en défense de la ville d’Amboise remonterait donc vraisemblablement à la seconde moitié du XIVe siècle. Cependant, au cours du XVe siècle, l’armement − dont l’essor est accéléré d’abord par le contexte de la guerre de Cent Ans, puis par les guerres de Louis XI en Normandie, Picardie, Catalogne et Bretagne −, voit la diffusion plus ou moins rapide des nouvelles technologies que constituent les armes à feu. Entre 1430 et 1435, celles-ci induisent à Amboise comme ailleurs des mutations de l’architecture et de ses organes de défense, ainsi qu’en témoignent les lettres patentes d’octroi de l’apetissement du vin réservé à la mise en défense de la ville160 ; entre 1465 et 1467, d’autres travaux sont entrepris161 ; ils se poursuivent, à partir de 1470, pour la garde du dauphin Charles, puis sous Charles VIII, pour préserver la sécurité du dauphin Charles-Orland au château.
48À Amboise, l’enceinte a quasiment disparu, mais son tracé apparaît sur le plan cadastral de 1808 (fig. 6 CC). La tour Féalan et la tour de l’Horloge restent les seuls vestiges encore visibles (fig. 6, 163 et 164) ; la tour Cormeray existe toujours, mais n’est plus accessible (fig. 165 et 166).
49Les archives de la ville rassemblent la documentation la plus substantielle. Les élus de la ville préfèrent souvent le travail en régie, choisissant ceux à qui ils confient les travaux plutôt que de déléguer cette tâche à des entrepreneurs ; les chantiers sont ainsi placés sous la direction des maîtres-ouvriers. Toutefois, certains contrats sont passés « par marché ». Dans ce cas, les ouvriers fournissent les matériaux, et divers aspects de leur déroulement nous échappent.
Description
50L’enceinte d’Amboise (fig. 40 CC), qui s’étire sur 1 200 m, suit sur 600 m le cours de la Masse. Au sud-est, l’enceinte se raccorde au promontoire du château puis ouvre sur une porte essentielle, la porte Heurtault qui donne accès à la route de Montrichard. Longée d’une douve sèche, elle gagne ensuite la Masse qu’elle suit jusqu’à la porte Titery (ouverte en 1454-1455) desservant le secteur des Marais par une chaussée sur pilotis. Puis le ruisseau marque un premier angle droit et se divise en deux bras. Faisant office de douve pour la seconde enceinte, le bras secondaire rejoint la porte Neuve créée en 1489, longe la tour Boulacre et la porte Galaffre – ou Saint-Denis − avant de se jeter dans la Loire. Cette dernière et la porte du Portail du pont, sont les deux plus importantes d’Amboise, car toutes deux établies sur la route d’Espagne. Le long de la Loire, se succèdent ensuite les tours Féalan, Argot et Cormeray puis les portes Trippière et Saint-Simon. Enfin, en bordure du Petit Fort, au pied du château, suivent le portail du Pont, la porte du Port et la porte des Bons Hommes. Le guichet Errart sépare la ville du Petit Fort. La Masse est en outre barrée par trois grilles de bois ou de fer qui évitent que l’on puisse s’introduire dans la ville en remontant son cours : l’une à l’embouchure de la Masse, la seconde au niveau du moulin de l’Aumosne et la dernière en amont de la porte Titery.
L’enceinte du Petit Fort
51Le quartier du Petit Fort (fig. 37 CC) était hérité de l’organisation féodale. Au milieu du XIe siècle, alors que la ville est divisée entre Lisois de Basougers – qui détient le territoire allant de Saint-Denis au Carroir − et Foulques Nerra – qui occupe le château −, le quartier qui s’étend le long de la Loire, depuis le pont jusqu’à l’extrémité orientale du promontoire du château, et qui devient au XVe siècle le Petit Fort, relève quant à lui du fief angevin du château. Ce quartier qui jouxte le port et la tête de pont aurait été très exposé lors d’un éventuel assaut. Il dut se fortifier tôt, mais nous ne savons pas précisément quand. Au début du XIIe siècle, alors que la ville est unifiée par Hugues Ier d’Amboise, le Petit Fort conserve un statut indépendant. Ainsi comprend-on qu’entre 1431 et 1469 l’enceinte de ce quartier, mise en place sans doute à la demande du seigneur puis, par la suite, entretenue par les habitants, reste encore autonome et autogérée, et bénéficie d’une exemption d’impôts162.
52Le Petit Fort est séparé de la ville par une douve et une palissade (« paliz »)163, remplacés ensuite par un mur164. Dès 1465, sur ordre de Louis XI, la douve est remise en état ; lors de la délibération du conseil de ville sur le renfort de la défense de la ville, on décide :
Que on face hordeys au long des murailles de la ville ou il appartiendra et oultre que la douve d’entre la ville et le Petit Fort ne soit point encores faictes mais soit faicte une grant porte à la porte du Petit Fort et visiteront lesdictes muraille les esleuz Jean Morin, Pierre Pelle avecques eulx les charpentiers pour faire faire.165
53Longeant côté ville la douve du Petit Fort, le « paliz166 » est remplacé en 1472 par un mur s’étirant jusqu’au rocher du château, dans lequel s’ouvre le guichet Errart. Cette portion de mur nous est connue par un mandement de mai 1457 qui la décrit ainsi :
Redresse[r] et fai[re] un pan de mur estant ou Petit Fort, entre la porte du Petit Fort et le chasteau, lequel fait partie de la clousture du Petit Fort ; lequel mur contient huit toises de long et troys toises de haulteur et deux grans piez et demy de large par les fondemens et deux grans piez de large pour le hault.167
54Le 7 février 1469 (n. st.)168, le Petit Fort et la ville sont réunis par décision du conseil de ville ; pourtant, le mur et le portail qui les séparent l’un de l’autre sont maintenus jusqu’en 1473. Avant 1469, les deux entités ont leur propre gestion des deniers communs, et entretiennent chacun leurs portes, leurs douves et leurs murs, ce qui multiplie les structures défensives dans ce secteur.
55Le guichet Errart qui marque l’extrémité ouest du Petit Fort se situe en travers de l’ancienne rue « Blesienne » (fig. 4 et 5 CC) − actuelle rue de la Concorde169. Il est remplacé dès 1480 par des halles, elles-mêmes remplacées en 1485 par la maison de ville. Celle-ci apparaît encore en tant que mairie sur le plan no 10 d’alignement de 1834 et se trouvait rue Charles VIII170 (fig. 22).
56La première mention du guichet remonte à septembre 1446, lorsque la ville demande à Macé Mohier, « d’appareille[r] la chesne du pont leveys du guichet Erart171 ». Le pont-levis s’actionne côté ville, le Petit Fort étant considéré comme un simple faubourg. En outre, de grandes portes de bois renforcées d’une barre de bois le clôturent172. Comme toute porte fermée par un pont-levis, elle est précédée d’une garde-porte et d’une barrière qui se trouvent, de fait, au Petit Fort173.
57En 1452, le conseil de ville débat du statut financier du Petit Fort mais l’équipement du guichet Errart − demeurant porte de ville − continue à être pris en charge par la ville.
58Par voie de conséquence, avant l’union des deux parties de la ville en 1469, et même encore après cet événement, le développement de la défense au pied du château établit un sas entre le pont et la ville, et un lieu de vigilance accrue où l’on poste en août 1475 « une gardeporte au pres du puiz qui est entre la ville et Petit Fort pour y faire la porte pour les gentilz hommes de Touraine qui de present y sont pour la garde de mondit seigneur174 » − « mondit seigneur » étant ici le dauphin, futur Charles VIII. En outre, l’arrivée par le port au Petit Fort nécessite que ce quartier soit à la fois fortifié mais aussi accueillant − il conviendra d’y revenir (cf. p. 214 et 253).
La porte sur le port
59La porte sur le port s’élevait sur la grève de Loire, côté Petit Fort (fig. 1, 37 et 40 CC). En février 1469 (n. st.), sa création est décidée pour rejoindre le port :
Sur le débat qui est entre les gens de la ville et ceulx du Petit Fort a esté appoincté que depuis la maison Julian Lopin jusques a la maison Collas Lepaige sera fait un bon gros mur fort et ung portal pour aller au port aux despens de la ville et des deniers communs d’icelle. Et pour ce faisant les habitans dudit Petit Fort, icellui mur fait, seront tenuz clourrer leurs huys et trillisser de fer leurs fenestres.175
60La porte sur le port ouvre donc à proximité de la palissade qui sépare la ville du Petit Fort. La maison de Jullian Lopin touche la palissade176 ; celle de Jean Aucheron vient ensuite, puis celle de La Marriere (fig. 37 CC). Entre les parcelles de La Marriere et d’Aucheron (parcelle no 1613 et emplacement de la future rue Desaix du plan cadastral de 1808, actuelle rue Charles VIII), est ménagée une ruelle177 au bout de laquelle la poterne du Petit Fort débouche sur le port. Dans un premier temps, la poterne et la porte sur le port sont un seul et même ouvrage. Dans les comptes, petites portes et poternes sont souvent assimilées178. On commande le 22 août 1472 « une serrure a bosse garnie d’une clef […] mise et cousue […] a fermer la porte du guichet dudit Petit Fort qui est entre la maison Jean Aucheron et La Marriere a yssir dudit Petit Fort sur la riviere179 ». La poterne ferme donc la ruelle permettant de gagner, au plus court, la grève depuis le Petit Fort. En septembre 1475, une garde-porte est installée pour surveiller l’entrée de ce passage180.
61En 1480, les dispositions de la garde-porte sont modifiées ; alors qu’elle formait un décrochement au sein du rempart du Petit Fort, côté Loire, on mure son accès et le rempart retrouve son intégrité181. La garde-porte devient alors une simple maison. En 1485, elle est déplacée et remplace celle où se tenaient les gentilshommes de Touraine probablement vétuste :
Pour avoir faict abatre et relever une garde porte qui avoit autreffoiz est é mise hors le Petit Fort pres la porte du port et mise a present pres le puitz du Petit Fort ou lieu ou elle souloit est re icelle, faict recouvrir et bricquer de moison tout alentour et faict une cheminee comme autreffoiz y avoit est é et rendu laditte maison toute preste de son mestier.182
62En juillet et août 1479, on entreprend de construire à neuf, sur le port, un véritable portail :
Creuzer et faire le pertuys et jecter les viudanges ou a esté faict le fondement du portal faict de neuf ou Petit Fort dudit Amboise devers la riviere de Loire.183
63L’entrée principale de la ville se faisant par la rue du Pont, le portail donnant accès de cette voie au port doit être positionné perpendiculairement à cette rue184. Cette proposition est d’autant mieux fondée que la vue du Pont d’Amboise traversant la Loire de Lambert Doomer vers 1646185 (fig. 4), montre que le portail est percé dans le rempart longeant la rue du Pont.
64Les travaux de ce portail ne se déroulent pas en régie comme dans la plupart des cas mais « par pris faict avecque noble homme Raoulin Cauchinart186 » − capitaine de la ville en 1479 − ; notre connaissance du chantier reste donc limitée. En juin 1479, le chantier débute par le creusement des fondations des piliers. Jeannot Le Pelletier, maçon, élève « huit toises en carré de gros mur par lui fait tant ou fondement que ou dessus d’iceluy en deux gros pilliers de mur pour faire ung portal en la place d’entre la ville et le Petit Fort sur le port de la riviere de Loire187 ». Puis Henri De Montrichart, également maçon, se joint à lui pour « parachev[er] le portal du Petit Fort devers la riviere auquel ilz ont faict la voulte de pierre de taille et l’arc d’icelle de devers la riviere de pierre du Bas Lussault et le dedans de pierre de Saumeur et ont levé et anduit le coing de pierre de taille ainsi qu’il estoit encommencé188 ». Enfin, on pose :
Sur ledit portal, un avant mur d’ung pié et demy d’espoix et de cinq piez et demy de haulteur a deux creneaux couvert, ledit avant mur de pierres de taille et au meilleu dudit portal devers la riviere ont faict les armes du roy a deux angelotz qui les tiennent et ung larmier par dessus en une belle pierre de Saint Aignan.189
65Dès le mois d’octobre suivant, « deux grans vantaux de boys gros et bien barretz pour servir a fermer le portal faictneuf ou Petit Fort » sont commandés à Estienne Lostellier, charpentier. Au total, l’ouvrage coûta 70 ℓ. t.190.
66Au vu des travaux qui y furent entrepris, le portail avait pour but d’accueillir le visiteur arrivant par le fleuve ; du reste, si le trafic par eau s’était développé au point d’élever un portail, on comprend le souci du roi de contrôler cette entrée de la ville en plaçant à proximité la nouvelle garde-porte des « nobles du Pays de Touraine » qui veillaient à la sécurité du dauphin.
Typologie des organes de défense et accès
Murs et courtines
67Ni vestige ni document iconographique ne permettent de concevoir le profil complet des remparts de la ville. D’après le plan cadastral de 1808, le périmètre de l’enceinte s’étend sur 1 200 m dont 400 m appartiennent à la seconde enceinte. À titre comparatif, l’enceinte de Montreuil-Bellay atteint 2 000 m au XVe et celle de Douai approche 5 300 m au début du XIVe siècle191. Sur le terrain, les seuls murs qui pourraient avoir fait partie de l’enceinte se situent au Petit Fort et sont accessibles par la rue de la Concorde192. Leur épaisseur est d’environ 1,50 m. En 1472, lorsque l’on construit le mur de séparation du Petit Fort et de la ville, les dimensions données par les comptabilités sont loin d’être aussi élevées : 2,5 pieds à la base (soit environ 80 cm) et 2 pieds en haut (65 cm) ; mais nous sommes là à l’intérieur de l’enceinte et les murs périphériques peuvent être plus épais. La hauteur donnée en 1472 est de 3 toises (6 m), ce qui est comparable aux murs de Montreuil-Bellay193, ville équivalente à Amboise, où les remparts se dressent sur 7 à 8 m de haut pour 1,70 à 1,90 m d’épaisseur. Aucune fondation n’est plus observable. Plutôt que des fondations sur arcades propres aux milieux humides, comme à Tours, au XIVe siècle194, il semble qu’à Amboise la construction sur pilotis ait plutôt été privilégiée, suivant la technique employée pour les fondations des piles de pont. Ce que conforte un achat de la ville en 1506 formulé ainsi :
Une rortee et demye de boys a compter de cueur de chesne […] pour servir a faire pilotys soubz les fondemens du pan de mur estant au bout des ponts de bois, pres la croix du cousté devers Negron.195
68Avant les directives de Louis XI en 1465 qui prescrivent que l’on peut emprunter les murs de la ville pour faire le guet196, les remparts n’étaient pas vraiment pourvus de chemin de ronde. Entre 1465 et 1469, l’équipement en garde-corps (« tienmains ») se développe au-dessus de toutes les portes et aux sommets des murs. Le 27 août 1467, Colin Nepveu, marchand de bois, vend à la ville la quantité non négligeable de « 329 toises de menu boys carré pour les tiensmains sur les murs de la ville197 ». On ne sait toutefois s’il est possible de parcourir toute l’enceinte sans descendre de la courtine. Les accès au chemin de ronde sont nombreux : huit escaliers de pierre montent au rempart – un à chaque ouvrage défensif − et quatre échelles de bois pallient les lacunes notamment au Petit Fort. L’étude de Jacques Mallet sur l’enceinte d’Angers conclut à la rareté des systèmes de communication verticaux maçonnés198. À Beaune, l’accès au chemin de ronde était assuré par des échelles de bois qui desservaient également les tours de l’enceinte, ce qui permettait de réserver la circulation aux gardes et de l’interdire aux habitants de la ville. À Amboise, l’interdiction est formellement énoncée dans le compte de 1467, lorsque l’on ferme les accès aux escaliers pour « garder qu’on ne montoit sur ledit mur199 ». Sont ainsi pourvus d’échelles la tour Boileau, le guichet Errart et la tour du Pont. En outre, des hourds sont installés en 1465200. Enfin, peu de logis-porte équipent les entrées puisqu’en 1465 il est nécessaire de : « Faire certaines loges de boys sur les murs de ladite ville et Petit Fort esquelles loges les guetz se tiennent de nuyt201 ». Seules les portes Galaffre et Heurtault ainsi que la tour du Pont comportent un vrai logement202. En 1494, à son départ pour l’Italie, Charles VIII laisse même pour instruction qu’une partie des gardes écossais venus défendre le dauphin à Amboise soient logés « es portaulx de la ville d’Amboise203 ».
69Du côté du Petit Fort, il semble qu’il soit impossible de marcher au sommet des murs puisque les habitations individuelles forment l’enceinte. Toutefois, certaines demeures sont utilisées pour leur emplacement stratégique, comme celle de Marie Pellee où les guetteurs assurent la garde204. À Cordes, où aucune circulation au pied de la muraille n’était possible, chaque maison assumait la défense de son propre secteur de l’enceinte205. À Amboise, en particulier au Petit Fort, la circulation se fait chez les particuliers mais l’on ignore si des habitants se chargent du guet. Les délibérations du conseil de ville du 27 juin 1465 stipulent :
Item, il faut que la fenestre de la cuisine de l’ostel Jean Morin regardant sur la riviere soit muree et [il] fera allee par sur les murs a aller devers l’ostel Jean Forget.206
70Enfin, des créneaux sont parfois réparés sans que l’on juge utile de les localiser ; cette lacune implique soit qu’il n’y en a qu’à un endroit bien défini soit, plus probablement, qu’il y en a partout dans la mesure où ils sont signalés en 1466 à la porte Titery207, et en 1467 près de la porte Saint-Simon208, deux portes secondaires.
Tours et portes de ville
71L’enceinte et les ponts sont fermés par les sept portes principales gardées par un pont-levis, des vantaux et une barrière, elle-même surveillée par une garde-porte : il en est ainsi de la porte des Ponts de bois, de la tour du Pont, du guichet Errart et des portes Heurtault, Titery et Galaffre (fig. 40 CC). Le guichet Errart possède en outre une herse et des contre-vantaux209. Les portes Galaffre, Heurtault et du Pont, les plus importantes, consistent en une tour-porte210. On peut s’interroger sur le plan de ces portes et leur équipement en ouvertures de tir. Bien que les « portes-châtelets à deux tours semi-circulaires211 » soient le type le plus répandu des enceintes urbaines françaises, à Amboise aucun élément ne laisse penser que ce soit-là le modèle architectural. À la fin du XVe siècle, ce type va en général de pair avec l’équipement des tours en ouvertures de tir adaptées aux armes à feu. Or, les archives sont muettes sur ces ouvertures ce qui, sans constituer de preuve formelle, permet d’en supposer l’absence. De plus les portes Heurtault et Galaffre sont parfois appelées « la tour du portau », toujours au singulier.
72Les seules portes dont on connaît l’aspect, voire le plan, sont celles du Pont (fig. 4) et de l’Horloge (fig. 6). La première, placée à la tête du pont, apparaît comme une grosse tour polygonale d’un diamètre approchant 8 à 10 m, percée du passage de la rue du Pont. La seconde, détachée de l’enceinte et transformée en tour de l’Horloge à la fin du XVe siècle se réclame également des tour-portes. Ce type amboisien est un modèle assez rare au XVe siècle, quelque peu désuet ; mais rappelons que les tours du Pont et de l’Horloge appartiennent à la première enceinte urbaine des seigneurs d’Amboise et que même la seconde enceinte était sans doute antérieure à 1421. Finalement, au XVe siècle, on ne fit que les rafraîchir par quelques travaux d’appoint. Loches, Bastogne, Parthenay ou les « petits ouvrages d’entrée » d’Aigues-Mortes offrent d’autres exemples de tour-porte des XIIIe ou XIVe siècles212.
73Quatre autres portes − du Milieu des Ponts, Saint-Simon, Tripière et Neufve − sont des portails, simples passages précédés d’une douve, enjambée par un pont dormant et fermés de vantaux de bois. Enfin, cinq tours sont réparties le long des remparts et marquent les angles de l’enceinte : les tours Boilleau, Boulacre, Féalan, Cormeray et Argot. Puisqu’il ne subsiste que deux tours (Féalan et Cormeray) et que l’iconographie ne se substitue pas à ce manque, il serait abusif de proposer un profil type de tours. Celles qui subsistent sont de plan circulaire, de 6 m de diamètre et d’une quinzaine de mètres de haut. Une carte postale du milieu du XXe siècle montre, côté Loire, une tour analogue mais non identifiée (fig. 167). Sur un cliché des années 1960 de la tour Cormeray aucune ouverture n’est visible et un parapet crénelé garde le chemin de ronde qui dispose de mâchicoulis (fig. 164 et 166).
Barrières
74Théoriquement, la barrière était postée en avant de la porte, à l’extérieur de l’enceinte, au niveau de la garde-porte, règle qui fut adaptée à la situation particulière du Petit Fort et de l’entrée du Pont. Quatre modèles de barrière peuvent être identifiés dans les comptabilités sans que l’on puisse leur définir d’emploi particulier : « volans », « tourneresses », « roulantes » et « coulisses », toutes réalisées par les charpentiers. Les barrières « volans » sont toutefois les plus nombreuses, placées aux portes Galaffre, Heurtault et au guichet Errart. Elles fonctionnent avec un système de contrepoids appelé « bascule213 », celle-ci étant maintenue une fois levée par une chaîne214. Cinq autres installées par Est ienne Lostellier hors les murs, aux sorties des faubourgs, lui sont réglées le 6 avril 1485 : la première près de la maison de Guillot Girart au faubourg Saint-Denis, la seconde près de la maison de Saint-Ladre, la troisième sur le chemin de Bléré, la quatrième sur le chemin de Dierre et la cinquième sur le chemin de Montrichart215.
Garde-portes
75La garde-porte, toujours accompagnée d’une barrière, est une construction légère en pan-de-bois et moellon de tuffeau ou brique que charpentiers et maçons démontent au gré des besoins et remontent à un endroit plus approprié216. Les couvreurs vérifient et remplacent régulièrement les tuiles des couvertures217. La garde-porte de la porte du Milieu des Ponts, sans doute la plus petite, mesure une toise de large pour une toise et demie de long (2 x 3 m)218. Celles de la porte Galaffre ou de la tour du Pont, dotées d’une cheminée, de dressoir, selles et tables219, doivent être plus confortables. En mai 1471, lors d’un conseil de ville, à l’issue d’un débat sur la garde-porte du pilier de la « braye » des ponts de bois, il est spécifié que :
Ledit charpentier doit une chambre pour garde porte pour les ponts. Laquelle aura troys toises de longueur, une toise troys quars de largeur. Les euvres comprins en tout, laquelle sera a fest et solives par-dessus et chascun soliveau portera son comble de chevrons et sera colombee d’un pié entre les colombes et y doit faire une croisee au devant, au devant avec ung acodoer bien honneste et une huisserie chanfrainee et deux veues aux deux boutz avec ung manteau de chemynee fait a chambrenle ; et la doit faire de tout boys bon et honneste et doit la rendre preste et assise sur le pillier marcif devers le vent d’aval, dedans la Penthecouste prochaine venant, pour la somme de dix livres dix solz tournois.220
76Il s’agit donc d’une construction de 21 m2, élevée sur un niveau, en pan-de-bois à grille, dont les colombes sont espacées d’une trentaine de centimètres les unes des autres et qui est couverte d’une charpente à chevrons formant fermes. L’intérieur est agrémenté d’une cheminée de bois et éclairé de trois baies dont une ayant vue sur la Loire.
Ponts-levis
77Des ponts-levis desservent quatre portes de la ville : la tour du Pont, les portes Galaffre et Heurtault et le guichet Errart. Les ponts-levis à flèches (« verges ») fonctionnent par un système de contrepoids ou « bascule221 ». Ils sont l’œuvre des charpentiers, qui assurent aussi leur entretien, et des maréchaux qui y contribuent amplement en fournissant les pièces de rotation et de renfort. Les contrepoids sont en général des « ais » issus de bois de récupération222. Des chaînes relient le tablier du pont aux flèches portant le contrepoids. Bien équilibré, le pont-levis à flèches peut être actionné par un homme seul. Aussi, une troisième chaîne liée au tablier et fixée par un crochet dans la maçonnerie évite-t-elle que le pont, une fois fermé, puisse retomber223.
78Parmi les travaux des serruriers et des tailleurs de pierre sont décrits des corbeaux de pierre creux renforcés par des pièces de fer appelées « crapaudeaux » ou « quouete224 », dans lesquelles repose l’axe du pont-levis − le « pivot225 ». Le tablier du pont, constitué de « traines » et de planches clouées, est fixé sur l’axe. Les ponts-levis de la porte Galaffre et des ponts, qui demeurent les plus empruntés, sont régulièrement renforcés de bandes226 ou de barres de fer227 pouvant atteindre une quinzaine de kilogrammes. Ces ponts adaptés au passage des charrois mesurent 2 toises de large sont bordés de « tiensmains228 ». Le passage piéton de la porte Galaffre encore appelé « planchete » est un petit pont-levis229, dont le système dit à « volan » fonctionne avec une flèche et un contrepoids230.
Huis
79Ces ouvrages de bois et de fer que réalisent de concert charpentiers, menuisiers, maréchaux et serruriers clôturent la ville et ferment les bâtiments annexes, notamment les garde-portes. Les portes de dimensions réduites, telles celle de la poterne du Petit Fort, sont montées sur de simples gonds, renforcées de pentures (« bandes flamandes ») et toujours de barres231. Pour remédier aux réparations récurrentes du point d’ancrage du gond dans la maçonnerie, scellé au plâtre, les portes lourdes sont montées sur pivot232. Les vantaux sont barrés d’une traverse de bois233, prenant appui sur de puissantes chevilles234. Elles sont largement renforcées de barres de fer235, ainsi que de bandes de fer et de clous faisant d’elles des portes quasiment blindées236. Elles sont doublées au guichet Errart de contre-portes en tous points semblables237. Portes, contre-portes et barres ainsi que les nombreuses chaînes utilisées pour les consolider, les tirer ou les fermer comportent une serrure individuelle, ce qui explique la multiplicité des achats de clefs238.
Fossés et douves
80Deux types de fossés cernent l’enceinte (fig. 40 CC) : des fossés secs et les douves où coule la Masse dont la largeur correspond à celle du lit du ruisseau, soit 3 à 5 m. L’implantation d’un rempart sur les berges d’un ruisseau dont les crues sont fréquentes impose certains aménagements239, notamment le maçonnage de la berge et la canalisation de la Masse240. Il est très fréquent de devoir combler une « fousse » ou une « bresche » le long des murs, comme si le terrain lâchait sous la force des eaux. On se contente alors d’y déverser quantité de « terriers » et de « sablon » (sable) : en 1507, par exemple, Julian Bourreau, charretier, est rémunéré « pour quatre vings dix tours de terrier par lui mené au long des murailles de laditte ville pres la porte Trippiere pour combler une fousse qui y estoit241 ». Si certains endroits sont maçonnés, en particulier les abords des ponts et portes242, ce n’est pas le cas de la totalité des douves de l’enceinte.
81Au Petit Fort, les fossés qui longent le pied du rempart du château sont secs. Sur le plan cadastral de 1808, ils mesurent entre 2 et 6 m de large selon les endroits, sachant que dès le début du XIXe siècle les habitations ont empiété sur leur tracé. Ceux qui sont situés entre la tour Boilleau et la porte Heurtault ne peuvent être en eau, compte tenu de la déclivité du terrain. Les bords du fossé sont maintenus francs grâce à des pieux plantés tout du long243.
82Le 5 mai 1465, Louis XI rassemble au château les élus pour organiser la mise en défense de la ville durant son absence244. L’une des mesures prises est le creusement de fossés secs à la porte du Petit Fort vers Chargé tout comme le long de la Loire245. Les douves longeant la Loire sont creusées « depuis le Petit Fort jusques a la tour Cormeraye246 » ; après lesquelles la Masse prend le relais (fig. 164). Les comptes signalent le Petit Fort comme limite à ces douves − il faut entendre par là les abords de sa limite ouest. Entre les deux extrémités du Petit Fort, la présence d’une douve aurait mis en péril la tour du Pont et la chaussée (« bateys247 ») construite selon le désir de Louis XI en 1463. Le « bateys » avait vocation à demeurer puisqu’il est bien précisé « que on mette des pavés qui viennent du chastel au long dudit bateys pour y faire une belle allee248 ». Pour ce faire, on élargit la chaussée longeant la Loire en élevant, sur son emprise, une sorte de levée avec les « terriers » provenant du château.
Boulevards
83Le 16 novembre 1467, Louis XI ordonne l’édification de trois boulevards :
Mondit seigneur le cappitaine Phillipes Lullier a dit que le roy l’a chargé dire aux gens de la ville qu’ilz facent faire troys boulouars, l’un a la porte des ponts, l’autre a la porte Saint Denis et l’autre a la porte Hurtault et oultre que l’on rempare la ville et les murs d’icelle en ce que mestier sera et qu’ilz advisent quelle reponse ilz vouldront faire affin de faire savoir au roy. A esté dit et respondu a mondit seigneur le capitaine par Julian Lopin, esleu, que ceulx de la ville observeront voulentiers au bon plaisir du roy mes qu’ilz n’ont point d’argent et voulentiers ilz feront lesdits boulouars au plaisir du roy au mieux que possible leur sera et que s’il plaistau roy nostre sire actendre jusques au temps nouveau que l’on fera lesdits boulouars de pierre et durant l’iver on fera les provisions.249
84Une semaine plus tard, le conseil de ville délibère sur les exigences du roi :
Le plaisir du roy est qu’on face des boulouars aux portes de ceste ville et une bastille sur les ponts et que si on ne peut faire lesdits boulouars de pierre pour la saison de l’iver qui est de present, que hastivement on face les foussez la ou l’on fera lesdits boulouars et que on mecte des pippes plaines de terre sur bout au long desdits foussez et la bastille et ung pont leveys sur lesdits ponts.250
85Le 14 février 1468 (n. st.), à la demande du roi, la construction en est finalement suspendue car il préfère en superviser l’édification :
Au regard des boulouars, foussez et bastille que le roy avoit commandé estre faictes audit lieu d’Amboise, que le roy vieult que on les cesse jusques a ce qu’il soit venu en ceste ville et qu’il n’entend point que lesdits bastilles et boulouart couste plus de 80 a 100 s. t.251
86Les comptes de la ville évoquent quatre boulevards : un sur le pont, un à la douve du Petit Fort du côté de Chargé, un à la porte Heurtault et un à la porte Galaffre. On définit communément un boulevard comme un « ouvrage avancé possédant une plate-forme à l’aire libre252 ». Si trois des boulevards, construits à l’extérieur de l’enceinte, devant les portes, devaient en effet répondre à cette description, on imagine mal celui du pont, sans doute placé au niveau de l’emprise des ponts de bois sur l’île (fig. 38 CC), fallait-il le contourner, ou bien était-il traversé par un passage ménagé au travers de celui-ci ? À l’exception du boulevard de la porte Galaffre qui fut le plus abouti, les boulevards semblent avoir consisté en de simples buttes de terre tenues par un pâlis de pieux253. En novembre 1467, à l’injonction du roi, l’on se contente, dans un premier temps, de mettre des pippes remplies de terre au devant des portes254.
87Pour se fortifier au Moyen Âge, il est courant que les villes aient d’abord recours à la terre ; issues des fossés fraîchement creusés, les terrées permettent de fermer l’enceinte provisoirement, mais rapidement, pour étaler ensuite la construction des murs sur plusieurs années. On rencontre cette technique dans le Nord255, et à Orléans256, ville plus proche d’Amboise. Alors que les boulevards maçonnés sont attestés pour l’ouest de la France dans nombre de châteaux comme à Montreuil-Bellay, les premiers boulevards d’Amboise ne relèvent pas de ce type et s’apparentent à ceux d’Orléans « constitués de pieux sur lesquels vinrent s’appuyer de forts remblais de terre, percés d’ouvertures pour armes à feu et armes mécaniques257 ». À Amboise, la présence d’embrasures de tir n’est en rien prouvée. Il y a tout lieu de croire que les boulevards se présentent comme de simples esplanades où doivent être montées les pièces d’artillerie les plus lourdes, posées sur leur essieu.
88Alors même que la ville se montre entièrement dévouée à la volonté du roi258, les archives amboisiennes ne nous livrent pas toutes les besognes effectuées dans l’urgence sans lesquelles les boulevards n’auraient jamais pu voir le jour ; aussi n’est-il pas impossible que leur construction ait été consignée dans un registre à part259. Le boulevard de la porte Galaffre est le seul entretenu au-delà des années 1470. Le 6 janvier 1468 (n. st.), on abat « le mur du jardrin de Bertheran Legay ou lieu ou l’on vieult faire le boulouart a ladite porte Galaffre » pour amender le terrain260. En janvier 1472 et jusqu’en 1484 (n. st.), il est souvent mentionné indirectement dans les comptabilités261. Ainsi, le 18 juillet 1472, Regnault Pean pave « 46 toizes ou boulouart de la porte Galaffre262 ». Le 11 octobre 1472, les élus confèrent sur « la demolicion faicte par Thomas Filiault en la chaussee de pierre estant hors ladite ville joignant la porte Saint Denis et pres le boulouart retenant l’eaue des foussez de ladicte ville263 ». Le 6 août 1475, le registre des délibérations rapporte qu’il faut « que les portaulx et boulouars de ladicte ville feussent habillez264 ». En décembre 1481, Pierre Doreriviere perçoit 60 s. t. pour, entre autres tâches, « avoir faict 5 toizes de pavés a l’un des boutz du boulouart de la porte Saint Denis265 ». Enfin, le 9 février 1485 (n. st.), on achète encore de la chaux de Rillé pour le boulevard266.
89On ne peut néanmoins discerner avec certitude si, depuis tant d’années, les travaux visent à édifier en dur l’ouvrage primitif ou s’il s’agit de l’entretenir. Le 8 août 1485, l’assemblée discute du mode de financement de la maison commune, dénonçant la quantité non négligeable de matériaux de construction amassés par la ville qui sont en passe de se perdre. À cette date le boulevard semble donc à l’abandon :
Pour traicter et advisez ensemble de la maniere et comment on pourra trouver deniers pour parachever le bastiment de la maison que les habitants de ladite ville et les freres et la fraierie de la concepcion Notre Dame et Monseigneur Saint Nicollas fondee en l’eglise Saint Florentin d’Amboise on commancés a faire ensemblement es place dudit Petit Fort que le roy nostre sire a donnees a ladite ville pour faire le grenier a sel et autres choses necessaires pour servir a ladite ville et fraierie ainsi que autreffoiz a est é ordonné par ce que de present les esleuz de ladite ville ont faict commancer ung boulouart a la porte Galaffre de laditte ville pour lesquelles choses faire les deniers communs de ladite ville ne sauroient suffire sans faire emprunt de par ladite ville et pour surtout est readvisé et donné tel appoincté que de raison. Tous les dessus nomméz concordablement aprés que les commis et ordonner a faire le bastiment et ediffice de ladite maison ont dit et remonstré que sur la place d’icelle y a grant nombre et quantité de pierre de taille tant de Saint Aignen, Saumeur, Lussault et autres lieux, chaulx, sablon et autres matieres qui ont cousté grant somme de deniers qui seroient en voie d’estre perdues s’ilz n’estoient employees oudits bastiments ou vendues.267
90Les élus décident d’achever la maison de ville qui sert aussi de grenier à sel, plutôt que de finir le boulevard :
Que ladite maison serait parachevee tous autres ediffices cessans et mesmement ledit boulouart lequel sera razé pour employer les matieres qui y sont s’il est trouvé qu’il soit bien commancé et pour y veoir et savoir avant que plus y besoigner seront mener sur le lieu Mondit seigneur le cappitaine ou son lieutenant et autres gens expers a ce congnoissans et pour trouver les deniers que comment mettre et employer au bastiment de ladite maison a esté appoincté que Pierre Goussart a présent receveur des deniers communs de ladite ville fournira de deniers […] et si ledit l’a coutumé et coutume pour l’année advenir affin qu’il se puissent rembourser des deniers qu’ilz lui pourroit estre duez a cause de ce et s’il advenoit que les esleuz de ceste presente annee feissent difficulté et ne voulsissent signez les mandements audit receveur […] et pour ce que de present fault recouvrer et bailler deniers pour ledit bastiment a esté appoincté que ledit receveur fera dilligence d’en trouver par emprunt ou autrement jusques a la somme de cens livres tournois.268
91La destruction du boulevard serait d’autant plus souhaitable qu’il est fort mal conçu :
Le capitaine declaire […] icellui boulouart n’est pas bien commancé en l’estat qu’il est et qu’il deust estre estroit par devant et large par darriere aussi comme en triangle et qu’il est trop loing de la porte.269
92Mais l’on peut supposer que l’on a éloigné le boulevard de la porte pour faciliter le passage de la route d’Espagne à cet endroit.
93Le boulevard dut pourtant être achevé puisque des matériaux y sont encore acheminés en septembre 1485 : Jean Bernard effectue « un tour de charroy […] depuis la forest dudit Amboise jusques audit boulouart pour emmener des perches a chauffaulder audit boulouart270 ». On commande ensuite « une pierre a faire une gargouille audit boulouart271 ». Six maçons et cinq manœuvres reçoivent le 26 juillet 1485, 10 ℓ. 6 s. 3 d. « pour besoigner au boulouart nouvelement encommancé a la porte Saint Denis272 ». Et, en septembre 1485, un charretier accompli « 135 tours de charroiz […] a oster partie des terriers du boulouart encommancé a faire a la porte Galaffre273 ».
Ouvertures de tirs et artillerie
94Le nombre, même approximatif, des ouvertures de tir de l’enceinte d’Amboise est difficile à évaluer. Les comptabilités situent de façon certaine plusieurs canonnières : deux dans le talus de la tour du Pont274, une près de la tour Féalan275, une à la garde-porte de la porte Galaffre276, et plusieurs autres vers la porte Titery277. Les emplacements sont signalés dans les comptes, lors de paiements des menuisiers et des serruriers, ou lors des achats d’artillerie. Ces achats ainsi que les travaux de remise en état ou de mise en place des armes à feu sont plus fréquents au cours de la période de fortification dictée par Louis XI, concomitamment aux constructions des boulevards, soit entre 1465 et 1468. Le 22 octobre 1457 est scellé « ung grant crampon a tenir le courail de l’uys de la canonniere du mur neuf pres la tour Fealan278 ». Si la phrase est trop concise pour permettre de proposer le type d’armes à feu employées à cette date, en 1465, la ville s’acquitte d’« ung quarteron de tapons […] pour les canons et coleuvrines279 », sans que l’on sache où sont placées ces armes. Mais en 1467, Guillot Barrier, menuisier, est rétribué à hauteur de 20 s. t. pour avoir réalisé en 1465 :
Quatre chevalez de boys pour soustenir les canons, […] avoir enfusté le canon de la porte Galaffre et y cellui enchassé […] pour une piece de boys de laquelle est enfusté le canon qui est sur les ponts, pour avoir fait les rouelles dudit canon.280
95En juillet 1465, un maçon est chargé de « faire des canonnieres281 », et le même mois Jaquet Ygneau, serrurier, doit « ferrer ung canon moyen et faire les liens tous neufz, defferer et referrer le gros canon sous le pont282 ».
96En 1469, le conseil de ville examine le statut des maisons appuyées contre l’enceinte et les élus décrètent que les canonnières donnant chez des particuliers seront murées :
Et oultre a est é appoincté que on dira a Thomas Pancletz qui fait de present faire une maison contre les murs de la ville et prent les canonnieres des murs de ladite ville, qu’il cloue et bouche lesdictes canonnieres de telle espesseur que sont les murs d’icelle ville. Et semblablement le diran l’en a tous ceulx qui ont canonnieres en leurs maisons.283
97Cette condamnation des canonnières, alors même que la ville se fortifie, prouve que l’adaptation de l’enceinte aux armes à feu a eu lieu bien avant les années 1460, puisque des maisons sont déjà venues recouvrir le chemin de circulation du pied du rempart. L’enceinte des seigneurs d’Amboise a vraisemblablement été modernisée dès le début du XVe siècle, lors de la guerre de Cent Ans en Touraine (1417-1430), tandis qu’à l’arrivée de Louis XI à Amboise, en 1463, la croissance démographique a incité la population à annexer l’espace de circulation jusque-là réservé à la défense de la ville.
98En 1473, la ville fait l’acquisition d’un « gros canon perrier et ung autre canon a queue et une serpentine tout de fer284 ». Le matériau − « tout de fer » − indiqué pour calculer le prix de l’arme au poids, révèle implicitement que tel n’est pas le cas de toutes les armes à feu. Peut-être la ville possède-t-elle des armes en cuivre ou en bronze285. En 1474, Jamet Tessier, serrurier, fabrique « quatre grans liens de fer a double charniere mises a lier ung gros canon perrier au boys qui le porte et […] quatre grans clavetes de fer pour tenir lesdits liens poisant 43 lbz286 ». Si les comptabilités amboisiennes sont exhaustives, il semble que les pièces les plus imposantes de l’arsenal de la ville, à cette date, soient des canons projetant des pierres, certains étant qualifiés de gros. La ville renouvelle massivement son artillerie autour de 1485, et n’hésite pas à faire appel à des canonniers extérieurs à Amboise ou à envoyer ses serruriers et ses charpentiers à Tours pour se perfectionner. En 1484, quatre canonniers de Loches vérifient l’artillerie d’Amboise et quelques travaux sont initiés à la suite de leur passage. Le 12 octobre 1485, Lancement, canonnier, perçoit la somme de 7 ℓ. 10 s. t., « par le commandement de monseigneur le cappitaine dudit lieu pour avoir servy ung moys entier pour abiller les canons, couleuvrines et autre artillerie de ladite ville pour la fortifficacion d’icelle287 ». À la même date, la veuve de Jean Coustely reçoit le salaire de son feu époux qui avait logé un canonnier288. Le 6 octobre 1485, Estienne Lostellier et Bernard Boutet, charpentiers demeurant à Amboise, sont appointés pour diverses tâches parmi lesquelles : « Avoir fourny de boys pour monter les deux granx canons perriers […] et pour autre boys a faire deux chevalletz pour porter les petiz canons perriers289 » mais aussi pour une journée passée à Tours « pour veoir et savoir comment l’artillerie est montee290 ». L’armement de la ville se poursuit cette même année, avec le travail de Martin Mennau, serrurier, qui forge « troys pièces d’artillerie » et les « garnyes de ce qui y appartient avec ses deux crampons mis a une autre291 ». Dans le même temps, Jean Desorges, charron, livre à la ville « une paire de roue et troys essieux […] pour monter partie de l’artillerie292 ». Ces essieux sont probablement destinés à des pièces relativement lourdes, qui ne peuvent être maniées à force d’hommes mais dont le poids peut être supporté par un essieu unique. On considère qu’un cheval et un essieu transportent par traction environ une tonne dans de bonnes conditions. Une pièce d’artillerie lourde pouvait facilement atteindre ce poids, et même le dépasser largement : en 1475, la pièce du château d’Amboise menée à Dieppe approche 2 000 kg293.
99En 1486, il est nécessaire d’acheter « cent livres de plomb […] pour faire des plombees pour l’artillerie de ladite ville pour la garde et deffensse d’icelle294 ». Une commande de plomb aussi dérisoire induit que ces plommées correspondent aux munitions des armes légères portatives et anti-personnelles, pouvant être des canons à mains. Mais ces petits canons tirant des plommées se rencontrent plutôt dans les années 1430, à moins que celles-ci ne soient destinées à des arquebuses, pourtant jamais mentionnées.
100En 1487, la ville doit participer, comme elle l’a fait 20 ans plus tôt pour Louis XI, aux guerres de Charles VIII en Bretagne. Mathelin Rutart est désigné « pour conduire et mener les charretiers que les habitans de ceste dite ville envoyent presentement a l’oust du roy est ant a Messac ou pays de Bertaigne pour mener partie de l’artillerie dudit seigneur295 ». Mais il ne semble pas que ce soient les pièces d’artillerie de la ville que l’on déménage ainsi ; on réquisitionne seulement les hommes et leurs attelages pour l’artillerie royale. Déjà sous Louis XI, en 1475, quand il avait fallu transporter la pièce d’artillerie du château jusqu’à Dieppe296, les charretiers s’étaient faits rembourser le prix de leurs chevaux et de leur harnois ; en d’autres occasions, la ville concéda de nombreux chevaux mobilisés pour l’artillerie et les guerres du roi297.
101De l’analyse des comptabilités, il ressort qu’entre 1460-1490, la ville s’équipe d’au moins trois types d’armes à feu. Or, cette triple décennie coïncide avec la période de mutation de l’artillerie où les perfectionnements et la maîtrise de la poudre, la généralisation des armes coulées en bronze et le choix de la matière du projectile − de plomb ou de pierre − aboutissent à une grande diversité d’armes298. Comme dans toute période de transition, il est malaisé de distinguer, à travers les textes, les nouveautés des archaïsmes tant le vocabulaire et la terminologie varient peu. L’arsenal de la ville comprend ainsi des couleuvrines, armes mobiles plus ou moins portatives de calibre très variable allant de quelques dizaines à plusieurs centaines, voire milliers de livres. D’autres armes mobiles, montées sur chevalet ou sur essieu ne sont qualifiées que de canons. Si certaines couleuvrines pouvaient être montées sur chevalet, c’était plus couramment pour les serpentines que l’on usait de ces supports. Il compte aussi des canons enfûtés moyens et gros, destinés à un emplacement donné et qui ne devaient être déplacés qu’exceptionnellement : sans doute des veuglaires ou des bombardes.
102En 1525299, un achat de salpêtre peut être rattaché aux débuts de la réglementation de la production de la poudre sous François Ier qui aboutit, en 1538, à la constitution de véritables stocks pour le pays300. Enfin, en juin 1525, Mery Berthereau, maître-maçon, fut rétribué « pour avoir reffait une grant canonniere est ant en la muraille de ville sur la riviere de la Masse joignant le jardrin Pierre de Rigny301 », mais, à nouveau, nous sommes dans l’incapacité de localiser cette canonnière.
103Les premières armes à feu, qui lançaient des projectiles incendiaires, ne remplacèrent que progressivement les anciennes armes mécaniques302. À Amboise, l’usage de celles-ci reste avéré jusqu’en 1467. En décembre 1464 et janvier 1465 (n. st.), on achète à Jean Forget, marchand demeurant à Amboise, « six botes de fil d’arbalestes […] pour faire les cordes aux arbalestes de ladite ville303 ». En 1465, un menuisier confectionne « deux rateaux de boys […] a la garde porte des ponts d’Amboise pour pendre les brigandines, arbalestes et autres harnoys des portiers304 ». Enfin, le dernier jour de janvier 1467 (n. st.), on règle Jean Randoyn, serrurier demeurant à Amboise, pour « avoir appareillé ung des braz des tignolles des arbalestes de la ville305 ». Mais, les archives de la ville n’évoquent qu’une seule fois une « arbalestriere306 ».
104La ville est donc pourvue en armes à feu mais son arsenal est-il vraiment efficace ? Que ce soit sous Louis XI ou sous Charles VIII, l’héritier du trône est particulièrement bien protégé à Amboise, et sans doute considère-t-on qu’une escouade de guetteurs suffit à maîtriser le périmètre défendu avant tout par le château lui-même. Le dernier jour de janvier 1483 (n. st.), Jean Ladoube, portier du château, est ainsi dédommagé :
Pour avoir mis par l’ordonnance et commandement de monseigneur le cappitaine dudit Amboise depuis la my septembre ença jusques a ce dernier jour de janvier, sept vings quatorce guetz de nuyt sur la porte de Saint-Denis pour faire ouvrir la porte aux postes et chevaulx de l’escuerye du roy nostre sire qui sont allez et venuz durant ledit temps en ceste ville d’Amboise devers messeigneurs qui y sont pour la garde de monseigneur le daulphin. Et est assavoir que la nuytee de Noel, il y en avoit mis cinq tant a garder de nuyt la porte des ponts que celle de saint Denis pour les gens qui alloient a matines celle nuytee, et par neuf journees que les ambassadeurs de Flandre ont esté en ceste ville en ce present moys de janvier y a mis par 9 nuitees et 18 hommes qui sont pour chacune nuyt d’eulx sur ladicte porte Saint-Denis, pour ce que a toutes heures gens et postes alloient en venoient en ceste dite ville devers messeigneurs de Beaujeu et de Dunoys et autres gens grans seigneurs qui y estoient pour cause de ladite embassade.307
105Émergent ainsi trois aspects essentiels à la compréhension de l’organisation amboisienne : en premier lieu, les élus réalisèrent toujours docilement les directives « observant voulentiers au bon plaisir du roy308 » ; en deuxième lieu, bien que les Amboisiens ne disposassent pas de moyens financiers confortables – en témoignent les délibérations du conseil de ville traitant constamment des soucis de trésorerie de la ville − ils trouvèrent toujours des solutions pour exécuter les volontés du roi, allant jusqu’à charger le receveur de la ville de se procurer les deniers nécessaires, quitte à ce que ce fût sur ses propres fonds309 ; en troisième lieu, en matière de défense, leurs connaissances étaient très limitées, comme le prouvent le développement réduit de l’enceinte (1 200 m), l’appel à des canonniers de Loches et la malfaçon aberrante du boulevard Galaffre. Mais, là encore, ils ne rechignèrent pas à se perfectionner, en envoyant des charpentiers en formation à Tours.
106Malgré leur bonne volonté, auraient-ils su manipuler les canons si l’occasion s’en était présentée ? Au vu des déploiements d’hommes dont étaient capables les rois pour protéger leur dauphin − aussi bien Louis XI avec le futur Charles VIII310, que ce dernier avec Charles-Orland311 − on imagine que dans une telle situation le roi aurait dépêché des renforts entrainés. On pourrait même se demander comment fonctionnait l’artillerie, et même si elle fonctionna un jour, les achats de poudre étant plus que rares dans les comptabilités de la ville. En 1431, année charnière où Amboise fut confisquée par la couronne, une commande de poudre et de traits fait exception : ce fut un achat assez important de 71 ℓ. t.312. Mais la ville devenue royale, ce fut peut-être le roi qui fournit la précieuse matière.
LES CHANTIERS CIVILS
107La prise de conscience progressive par la ville de son identité se manifeste par l’érection d’édifices édilitaires (fig. 37 CC). Les impératifs économiques primèrent sur la logique administrative : virent d’abord le jour les halles, la maison de ville et le grenier à sel, puis le « Portal du Pont » et la tour de l’Horloge à fonction purement décorative tandis que l’on veillait à l’entretien des ponts, des ports, au pavage des rues et à l’installation des puits et retraits.
Les halles
108Le chantier des halles est le premier commun à la ville et au Petit Fort. Après la réunion des deux entités en 1469, le Petit Fort qui est jusque-là une partie détachée de la ville devient le quartier de tous les rassemblements. Dès 1480, Raoulin Cochinart, capitaine de la ville, ordonne leur construction. Pour approprier l’endroit, des manœuvres sont employés à « curer et nectoier les places estant au Petit Fort es lieux ou ledit cappitaine veult faire faire des appentilz pour maniere de petites halles313 ». Diverses mentions permettent de les localiser. Elles sont situées entre le guichet Errart314 et la maison de feu Julian Lopin315, à l’emplacement de l’ancienne douve qui séparait la ville du Petit Fort316 (fig. 37 CC). Leur construction est simple317 : des piliers en maçonnerie de moellon couverts portent un toit couvert de bardeaux de bois et de tuiles abritant treize étals318. Il s’agit selon les termes du XVe siècle « d’unes galleries pour y tenir le marché de la ville pour chacun jour » qui prend place de part et d’autre de la rue de la Concorde319. Côté Loire, elle va de la rue de la Concorde au mur d’enceinte et, du côté de la chaussée, elle s’étend jusqu’au pied du château320. Sous cette dernière partie de la halle se trouve une chambre qui ferme à clef321, où l’on entrepose les « besongnes de la ville322 ».
109Les halles restèrent peu de temps en usage. Dès 1486, elles sont démontées et, au mois de mai, la ville vend pour 9 ℓ. 5 s. t. à Pierre Aucheron « l’appentiz des halles estant oudit Petit Fort du cousté devers le chastel323 ». Nous ignorons comment elles furent remplacées.
La maison de ville et le grenier à sel
110Jusqu’en 1483, Amboise dépend du grenier à sel de Montrichard, ce dont les habitants se plaignent au roi324. À cette date, peu de temps après son avènement, Charles VIII crée un grenier propre à Amboise encore rattaché à celui de Montrichard dont le grenetier tient le « compte des descentes et ventes de sel qui seront faictes en ladicte chambre à sel d’Amboise325 ». À partir de 1494, la ville gère elle-même la vente de son sel et bénéficie de ces nouveaux revenus326. On ne sait rien du premier grenier détruit en août 1485, date à laquelle Martin Mennau, serrurier, récupère les matériaux « dudit grenier quand on a desmoly la maison d’icelluy327 ».
111Avant 1485, les élus s’assemblaient en divers endroits. Le registre des délibérations cite parfois les lieux de réunion : de 1451 à 1463, elles se tiennent à l’« Anonnerie », c’est-à-dire dans le magasin à blé ; de 1467 à 1471, le conseil se rassemble en l’auditoire ; en mai 1465, l’assemblée se déroule exceptionnellement au « chastel d’Amboise en la sale du moyen est age de la maison neufve faicte en icelui ».
112En 1485, le roi cède à la ville un terrain au Petit Fort pour y asseoir une maison de ville et un nouveau grenier à sel328. Alixandre Blandin − qui tient le compte du château entre 1492 et 1498 −, Jean Gandion Laisné et Pierre Joussier sont chargés de la direction des œuvres329, avec un salaire de 3 ℓ. t.330. Mais le chantier se heurte aux difficultés financières de la ville et en 1487 la confrérie Saint-Nicolas participe aux travaux à hauteur de 163 ℓ. 12 s. 1 d. t. La totalité des travaux n’est malheureusement pas consignée dans les comptabilités de la ville.
113Quel que soit l’état de leurs finances, les Amboisiens tiennent à affirmer leur capacité à gérer la cité à travers ce monument. La maison de ville d’Amboise s’inscrit dans le mouvement d’émulation qui touche durant un siècle la plupart des villes du royaume, et en particulier les bonnes villes, et aboutit au XVe siècle à la généralisation des échevinages331. Amboise n’est pas en retard, cependant l’accord avec le roi est tacite et le statut de maire n’est créé qu’en 1557332. À Tours, la mise en place des institutions municipales remonte à l’année 1357, mais la ville n’obtient « le privilège de former corps et collège » qu’en 1462333. L’achat d’une maison pour se rassembler suit en 1467 ; en 1472, la ville en acquiert une autre dont la façade est tournée sur la Grande rue et fait construire un symbolique « portal neuf334 ».
114La localisation de la maison de ville et du grenier à sel a été entachée d’erreurs dont on peut tenter de reconstituer l’enchainement. En 1854, Étienne Cartier père place le quartier du Petit Fort entre la rue dite des Quatre Portes (actuelle rue Louis XII), soit l’ancienne rue du Pont (fig. 5 CC) et le couvent des Minimes. En 1897, l’abbé Louis-Auguste Bossebœuf cherche un édifice dont les caractéristiques architecturales pourraient correspondre avec la date de création du grenier et avec une description fournie par les archives de la ville qui précise que le sel se trouve « soubz la voulte de la grant maison du Petit Fort335 ». Pour lui :
Cette grant maison à voulte doit subsister encore dans le vieux quartier du Petit-Fort, au pied du château. Nous pensons l’avoir retrouvée dans l’habitation de Madame Auger, rue de la Concorde.336
115À la suite, il décrit le voûtement d’ogives du rez-de-chaussée et les peintures murales qui sont aujourd’hui répertoriées au 25 quai Charles Guinot (fig. 168 et 169). Mais l’abbé Bossebœuf néglige le fait que le grenier à sel se trouvait à l’ancien emplacement du mur de clôture du quartier du Petit Fort et non en face de la tour des Minimes où sont situés les 18 rue de la Concorde et 25 quai Charles Guinot. À la même époque, Alfred Gabeau identifie également l’actuel 18 rue de la Concorde comme le grenier à sel (fig. 170)337, prenant pour preuve qu’il s’agit de la demeure du seigneur des Arpentiz au Petit Fort – ce qui est exact. En réalité, le sel n’y fut stocké que durant 11 mois, pendant la construction de la maison de ville338. En 1972, Jacqueline Melet-Samson reprend cette hypothèse, qui a pourtant dû lui paraître curieuse puisqu’elle écrit : « C’est sous cette dernière que le sel est entreposé, en dépit de la décoration dont la voûte et les murs sont revêtus339. » Elle reconnait clairement le bâtiment comme « le no 15 rue de la Concorde », la numérotation de la rue ayant depuis légèrement varié. Enfin, en 1989, le service de l’Inventaire de la région Centre inventorie l’édifice pour ses peintures, sa charpente et l’escalier à balustres tournés, en reprenant l’appellation « grenier à sel340 ».
116En réalité, à la lumière des sources d’archives, il apparaît que la maison de ville a été édifiée à côté, ou à la place du mur de séparation de la ville et du Petit Fort. Il est même possible que l’on ait bouché les douves et remployé le mur pour faire des économies. La localisation est confirmée par plusieurs éléments. Robert Goulet fait construire sa maison sur la parcelle attenante à la maison de ville (les deux bâtiments ont un chéneau en commun341) et à la maison des hoirs Loppin. Or, le « portal du Petit Fort » − ou guichet Errart − et « la maison des hoirs feu Jullian Loppin » sont bien localisés (fig. 37 CC). S’appuyant sur les comptabilités de la ville du XVIIIe siècle342, Étienne Cartier rapporte que « l’hôtel de ville, commencé en 1485, subsista, sauf quelques modifications successives, jusqu’à sa reconstruction, sur les mêmes fondements, dans l’année 1776343 ». Il ne reste donc rien de cet édifice qui se serait dressé au 17 rue de la Concorde, le long de la rue Charles VIII, et apparaît comme mairie sur un plan d’alignement de 1834344 (fig. 171). Une gravure du XIXe siècle confirme bien cet emplacement345 (fig. 172).
117La maison de ville est construite rapidement, au cours des années 1486-1487. Le gros œuvre se termine en fin d’année puisque l’on rétribue Estienne Lostellier « pour avoir fait le devis de la charpenterie de la maison de la ville et pour avoir visité ladicte charpenterie apres qu’elle a esté levee346 ». En complément des 163 ℓ. t. consignées dans un registre particulier, les comptes de la ville enregistrent quelques 135 ℓ. t. consacrées aux dépenses pour la maison de ville. Elle est élevée en pierre de taille de Saumur et les claveaux de cheminée ainsi que les linteaux de porte en pierre de Saint-Aignan347. La pierre de Limeray est employée à faire quatorze corbeaux et une gargouille348.
118Œuvrent à la tâche sept maçons parmi lesquels : Gacian Fordebraz et Colin Biart, assistés de trois manœuvres349.
119Au mois de janvier 1488 (n. st.), Jean De Benoist, « bozilleux », réalise le torchis des plafonds350. En mai, les lucarnes sont posées351. Enfin, on rémunère Anthoine Briant peintre et sculpteur (« faiseur d’ymaiges352 ») pour avoir :
Fait et paint ung ymaige saint Michel qui est assis au bout du pignon de la maison de ladite ville […] et fourny la pierre dont a est é faict ledit ymaige et toutes autres mataires necessaire a ladicte painture, tant or, azur, huilles que autres choses.353
120La statue de saint Michel vient ainsi orner le pignon donnant sur la Loire. En mettant la ville sous le patronage de saint Michel peint dans les couleurs héraldiques d’azur et d’or, la ville rendait hommage de façon ostensible à son roi. Hommage d’autant plus éclatant que l’ordre de Saint-Michel avait été créé par Louis XI en août 1469 à Amboise.
121En février 1490 (n. st.), Martin Mennau, serrurier ajuste 20 vergettes de baies354. Les vitres losangées sont posées en mars par Prothays De Portenille355, et peu de temps après on s’acquitte, auprès de Thibault Chassenay, de la moitié des meubles dont l’autre moitié comme pour les fenêtres, est prise en charge par la confrérie356. Les vitres demandent un entretien constant. Mathurin Gouellon, vitrier, est chargé de les nettoyer, de les réparer et de refondre au besoin les plombs sertissant les vitres357. En 1494, on prend le soin d’acheter à Jean De Maslines du drap rouge à poser sous les ferrures des huisseries pour mettre en valeur le dessin des platines358.
122La maison en pierre de taille359, à pignon sur rue et couverte d’ardoises s’élève sur quatre niveaux360. Le rez-de-chaussée voûté accueille le grenier à sel. Au premier étage se trouve la salle et à côté une cuisine361, donnant sur la Loire. En 1494, les 6 fenêtres sont fermées de grilles ou de barreaux − « trillicees » − sans doute pour éviter les vols362. La « galerie » de la maison est souvent restaurée363, mais on ne connaît pas ses dispositions exactes : joue-t-elle le rôle de balcon ou d’oriel employé pour les harangues publiques tels qu’on en connaît des exemples à Arras ou à Luxeuil-les-Bains364 ? Au deuxième étage365, prend place un logis avec des chambres et une garde-robe366. Enfin, au-dessus s’élève le comble. En novembre 1488, Jean Chereau, couvreur, recouvre « ou les maçons avoient descouvert tant a faire passez les chemynees de ladicte maison et retraiz d’icelle que a chaffauder pour faire lesdites choses367 ». Le terme de « retraiz » désigne ici les latrines de la maison qui sont aménagés dans le comble habitable368 ; on ne sait toutefois pas où elles se déversent369.
123Apparemment, une malfaçon apparaît dans le plancher du dernier niveau dès 1500 car il est nécessaire de retailler 6 corbeaux de pierre et de refaire un plancher370. En 1508, le grenier à blé prend aussi place dans la maison de ville371, peut-être dans le comble ?
124La maison de ville d’Amboise s’apparentait à la plupart des édifices construits pour représenter le pouvoir édilitaire. Suivant un mouvement qui affecta l’ensemble de l’architecture civile, « ils répudièrent tout appareil défensif, préférant confier à l’ampleur et au décor de leurs vaisseaux de pierre, le soin d’annoncer l’opulence de la ville372 ».
La « reedificacion du portal du Pont »
125La reconstruction du « portal du Pont » fait partie des chantiers civils et non militaires, car il procède d’avantage de l’embellissement de la ville que de sa fortification. Le roi est à l’origine du projet (fig. 4). Déjà en 1473, lorsque l’on dépose la couverture, il est bien précisé que c’est « par le commandement du roy373 ». Bien que le projet ne soit jamais clairement énoncé dans les comptes de la ville, il semble qu’on veuille doter la tour-porte placée en tête des ponts de deux tourelles d’escalier et d’aménager deux chambres mitoyennes au-dessus de la porte. Aucune destruction préalable aux travaux n’est rapportée mais auparavant une chambre de guet sous charpente se tenait au-dessus de la porte. Le chantier débute en 1494374.
126Le paiement de trois maçons et quatre manœuvres qui besognent en avril et de mai 1494 « a la reedifficacion et reparacion du portal des ponts de dessus la riviere Loire » marque le début du chantier375. D’après les commandes de matériaux, le parement extérieur des tourelles est en pierre de taille de Bourré et les parements intérieurs en brique. Ainsi, 17 000 grosses briques sont livrées cette année-là. L’année suivante, travaillent à l’ouvrage 7 maçons et 5 manœuvres. La ville fait régulièrement appel aux services d’un charretier, Pierre Poysier, pour acheminer les matériaux, notamment la pierre de Bourré depuis Bléré. Un « seillier », Philipoin Pitroye, fournit les seaux, deux marchands, Jean Breguin et Colin Asselin, les pelles, et un maréchal, Pierre Prinçay, forge principalement les pointes de marteaux des maçons.
127À la fin de l’année 1494, la toiture est en travaux. On ignore quel maître-charpentier conduit le chantier, mais il s’agit sans doute d’Estienne Lostellier ou de Robin Rousseau, les deux principaux charpentiers d’Amboise qui sont payés cette année-là 46 ℓ. 18 s. t. « pour boys, journees et autres choses par eulx, leurs gens et serviteurs faictes et baillees pour le faict de la reparacion de ladite ville et ponts d’Amboise » sans plus de précision376. À la tour de l’Horloge, la charpente revient à plus de 140 ℓ. t. ; ici la somme de 46 ℓ. 18 s. t. est dérisoire et l’on peut se demander si l’ancienne charpente n’est pas remployée puisqu’aucun ouvrage neuf n’est mentionné. Entre octobre et décembre 1494, Pierre Hardyon, cloutier, fournit pour couvrir les tourelles « 4 600 clous a lathe et ardoise, […] deux cens clous palastrerez et demy cent clou bec d’asne377 ». Au mois de janvier 1496 (n. st.), Jean Aucheron, couvreur et plombeur, fabrique et pose sur le toit un épi de plomb378, ornement qui n’est pas une nouveauté. Déjà en juillet 1473, Gilles Martin, plombeur, était rémunéré pour « avoir faict deux espitz de plomb sur la tour du pont et les avoir garniz de boys par dedans, les espitz de fer dessus les deux panonceaux379 ».
128À l’été 1495, le gros œuvre est en passe de s’achever car Berthelot Crestien, quatre autres enduiseurs et cinq manœuvres réalisent les enduits380. Cette nouvelle équipe achève le chantier de la tour du Pont et doit remplacer l’ancienne sur le chantier de la future tour de l’Horloge où on la retrouve à la tâche381.
129Au cours des mois de juin et juillet 1495382, Estienne Perrin réalise les travaux de menuiserie. À présent, une tourelle monte au premier étage où les deux chambres sont séparées par une cloison de bois. Les deux pièces communiquent, un tambour encore dit « hostevent » permettant de passer de l’une à l’autre. Tandis que la « viz d’abas » met en communication le pont avec les chambres, une seconde vis − « la viz a entrer sur la terrasse » − prend le relais au niveau des chambres et donne accès au sommet de la tour. Les chambres sont ensuite carrelées, leur plafond enduit, et l’on couvre la terrasse de 3,75 toises de pavé large de Limeray383. À cette même époque, la ville doit encore régler, de l’année passée, un reliquat de 1 800 ardoises fines « pour emploier a couvrir deux tourelles du portal de dessus lesdits ponts384 ». Enfin, en août 1497, Anthoine Briant, peintre et « ymaigier », émarge dans les comptes pour avoir « taillé et est ophé les armes du roy mises sur le portal de dessus les ponts de ceste ville ou moys d’aoustl’an de ce compte et fourny de toutes choses a ce necessaires ». Ce n’est pas la ville qui lui remet son dû, mais les maîtres-maçons en charge du chantier du château385. En exposant ainsi les armes du roi à l’entrée d’Amboise, les édiles, comme ils l’ont déjà fait à la maison de ville en se mettant sous la protection de saint Michel, affirment le statut royal de la ville.
130Sur le chantier de la tour du Pont, ont été utilisés des quartiers de pierre de Bourré, de Limeray, du moellon de Malvau, un minimum de 20 pippes de chaux et 17 000 grosses briques. La pierre de Saint-Aignan est employée à faire les gargouilles, les corbeaux et des parpaings. La perrière de Beaulieu près de Loches ne fournit que 16 marches, auxquelles il faut sans doute ajouter les 18 marches achetées en juin 1495 dont la destination n’estpas précisée386. Quant aux 7 000 carreaux fournis pour le sol des deux chambres387, ils correspondraient, en considérant que la surface totale ne devait pas excéder 50 m2, à des pièces de terre-cuites de 10 cm de côté environ.
La tour de l’Horloge
131Rappelons que la tour de l’Horloge (fig. 6, 173, 174 et 175) fut édifiée à l’aplomb d’une porte de la première enceinte urbaine, l’ancien « moulin de l’Aumosne ». Encore debout aujourd’hui, elle répond communément au nom de beffroi. Sa construction relève de la même volonté d’affirmer le pouvoir urbain que la maison de ville. Au XVe siècle, l’érection de beffrois devient courante dans les villes, le monument perdant toute fonction défensive pour devenir un élément d’apparat388. En remployant ainsi une ancienne tour de l’enceinte, la ville d’Amboise reprend à son compte la symbolique de la tour seigneuriale.
132Jusqu’en 1494, peu de travaux sont menés à la tour de l’Horloge qui répond alors au nom de « portal de la Boucherie » ou « de l’Aumosne ». En 1471, un marché est passé avec Jean et Estienne Allaire, couvreurs, pour la pose de tuiles neuves389. La reconstruction du bâtiment est entreprise plus de 20 ans après, en mars 1495 (n. st.), avec l’achat de 12,5 pippes de chaux, en partie destinées à la tour390. Le chantier étant contemporain de la réédification du « portal du Pont », les matériaux sont souvent achetés conjointement. Il dure jusqu’en décembre 1502 et l’horloge y est posée un an plus tard391.
133Les travaux visent à conserver la base de la tour, c’est-à-dire la porte couverte d’une voûte en berceau brisé, et à élever deux niveaux de chambres et un comble desservis par une tourelle d’escalier. L’édifice perd ainsi son caractère défensif pour devenir un repère dans le paysage urbain. Le projet d’ensemble a été pensé dès le début des travaux : en 1494, les comptabilités soulignent que « la ville a l’intencion faire mectre une grosse orloge392 ». Aussi, la charpente en pavillon a-t-elle été conçue avec un espace central sur poteaux qui permet de hisser la cloche dans le lanternon.
134Les pierres de Bourré, Lussault et Malvau sont employées pour les parements et mises en œuvre en moyen appareil. Les 42 marches de la tourelle provenant de la carrière de Beaulieu près de Loches sont achetées à Jacques De Bonnevie393, celui-là même que l’on voit livrer au château la pierre de La Ronde employée aux marches394 (cf. p. 153). Les marches arrivent en blocs de pierre bruts. En mai 1495395, 5 maçons travaillent à tailler des « marches de viz » et au mois de juin, on commande au même « perrier », une marche aux dimensions spéciales, pour faire un palier396 (« patin »). Deux « perriers » de Saint-Aignan fournissent à la même date, « ung appareil de chemynee, cinq pierres de parpains et cinq blotz et demi397 ».
135En juillet et en août, l’étiage de la Loire doit être particulièrement bas car on va chercher en charroi 100 quartiers de pierre de Bourré à Bléré398, ce qui coûte pour le seul transport 4 ℓ. 3 s. 4 d. t. soit près de la moitié du prix de la pierre dont le cours est , cette année-là, à 9 ℓ. 5 s. t. Cette dépense explique peut-être que jusqu’à la fin de l’été, l’on a recours à la pierre de Malvau ou de Lussault399, dont les carrières ne sont qu’à 5 km d’Amboise400 (fig. 35 CC). Le cent de quartiers y est de surcroît bien meilleur marché revenant, transport inclus, à 6 ℓ. t. pour l’une contre 7 ℓ. 13 s. 4 d. t. pour l’autre. En septembre, on augmente la vis de 27 autres marches de pierre provenant de Beaulieu près de Loches401. Durant l’été, la brique fait son apparition sur le chantier402. Aujourd’hui encore, on constate qu’elle a été employée pour les hottes des cheminées des chambres (fig. 176). Les 13 dernières marches de la vis arrivent en novembre 1495403. Enfin, en 1496404, les dernières commandes de pierres se répartissent, à nouveau, entre Bourré, Malvau et Lussault.
136Le paiement de la charpente de l’édifice est accompagné d’une description précise mais ne comporte pas de date. Pierre Cathe, charpentier, perçoit ainsi :
140 ℓ. t. pour avoir fait en l’annee de ce present compte la charpenterie mise sur le portal estant pres le molin de l’Aumosne en cete dite ville, pour mectre une orloge que les habitans d’icelle ont intencion faire, laquelle charpenterie est a deux estaiges de soliveaux portans sur corbeletz et longiés et le comble fait a sept quartiers portant les chevrons sur les soliveaux dudit segond estaige a doubles sablieres garny d’entrez, jambetes et esseliers avecques la lenterne a mectre la cloche faicte sur six posteaux de chascun XXIIII piez de long garniz de croix Saint André et clervoys. Et aussi pour avoir fait la charpenterie du pavillon de la viz faicte pour monter aux chambres dudit portal […]. Ledit Cathe sera tenu de lever la cloche de ladicte orloge et asseoir les monstres d’icelle aux deux lucanes qui pour ce ont esté faictes a la charpenterie et parachever le tout selon le marché et devis fait avecques luy.405
137Le lanternon sommital ne reçoit toutefois sa couverture qu’en 1500406 (fig. 177). Durant l’année 1497, des travaux de menuiserie sont réalisés par Estienne Perrin. La commande d’« ung huis fort mis ou hault dudit portal pour entrer ou sera mise l’orloge » pourrait correspondre à l’une des portes particulièrement épaisses qui existent encore aujourd’hui et qui se trouvent pourvues de grosses serrures et de verrous forts407 (fig. 178).
138Si le gros-œuvre semble achevé dès la fin de l’année 1496, briques, carreaux et pierres sont encore commandés en 1497-1498408. La grosse brique est employée, comme précédemment, aux cheminées, et la pierre de Saint-Aignan aux croisées409. Enfin, le comble est isolé par un torchis, puis enduit et carrelé410. Le toit est décoré au cours de l’été 1498 par quatre épis peints et blanchis411, que l’on scelle à l’étain412, et « quatre banieres esquelles sont imprimees les armes du roy mises es espiz de la tour ou l’on veult faire l’orloge de ladite ville413 ». Les épis de faîtage ont une âme en bois et l’un d’entre eux doit être renforcé par trois barres de fer car il « estoit trop gresle414 ». Enfin la cloche est posée en 1501415 et, en 1503, l’on finit les ajustements du marteau416.
139Cas assez rare pour être noté, les comptes mentionnent quelques outils et du matériel. Hormis les 959 pointes de marteaux forgées sur ce chantier417, les ouvriers ont à leur disposition une « roue418 », sans doute un écureuil qui sert à monter les pierres, qui est remplacée en juin 1495. Durant l’été suivant, en juin 1496, Pierre Poisier, charretier, est chargé d’aller à « Suiray querir ung angin pour monter les pierres sur la tour dudit portal419 » ; l’ouvrage a pris de la hauteur et l’équipement ordinaire de la ville doit être insuffisant pour hisser les pierres. Certaines longueurs de corde achetées en 1495 ainsi que le gros câble commandé au début de l’automne suivant sont employées à la tour de l’Horloge420. En juin 1495, Jean Prunelle, menuisier, confectionne 6 gabarits pour les maçons421. En août, Estienne Perrin, également menuisier, fournit aux maçons trois autres gabarits ainsi qu’un niveau (« lyveau ») et une fausse équerre (« sauterelle »)422. Dans le même temps, Martin Mennau, serrurier, fabrique « six serres de fer pour rompre les murailles de la veille tour pres le molin de l’Aumosne423 ».
140Le chantier de la tour de l’Horloge est sous la direction de Berthelot Crestien, qualifié de maître-maçon d’août à novembre 1495. De quatre à dix maçons424 et cinq à six manœuvres travaillent sous ses ordres. Après novembre 1495, il n’est pas suppléé comme maître-maçon, l’équipe demeurant la même. Aussi, peut-on se demander si son intervention ne s’est pas limitée à la conception d’ensemble du projet et au tracé des gabarits pour les moulures et modénatures. En 1496, il n’apparaît plus dans les comptes de la ville et certains des ouvriers sont remplacés. On ne compte plus que huit maçons et cinq manœuvres, mais le renouvellement de la main-d’œuvre est plus important qu’auparavant425. Il est probable qu’à partir de l’hiver 1495, le chantier soit suffisamment avancé pour ne plus avoir besoin de la présence du maître-maçon qui doit œuvrer sur un autre chantier426.
L’URBANISME : LES PORTS, LE PAVAGE, LES RETRAITS, LES PONTS ET LES PUITS
141L’étude des comptabilités consacrées aux travaux d’urbanisme et de voirie à Amboise apporte peu de détails techniques mais, à travers eux, transparaissent l’enrichissement de la ville et ses nouvelles préoccupations face à la croissance de sa population.
La Loire et ses grèves : ports et ateliers
142L’essentiel du trafic défilait, nous l’avons vu, sous l’arche batelière des ponts de pierre427 (fig. 4). D’après les comptes de la ville et du château, les matériaux arrivant par voie fluviale sont livrés au port d’Amboise, sans autre précision (fig. 41 CC). Les berges de la Loire sont favorables à l’implantation de ports ; ainsi, quelques ports privés428, ceux de nautoniers tels Éveillard et Leguenays sont signalés sur l’île429. Lorsque les ouvriers travaillent aux ponts, les matériaux peuvent être déchargés sur les berges de l’île ou sur la rive droite, au Bout-des-Ponts. De même sur la rive gauche, en novembre 1464, à l’extrémité du Petit Fort, du côté de Chargé430, un charretier transporte « du pavé de Rochecorbon […] du port de la riviere pres le jardin du sieur de Nazelles ou Petit Fort jusques a la porte Hurtault431 ». Or, la maison de Jean de Pocé, sieur de Nazelles, est souvent prise comme point de repère pour localiser l’extrémité orientale du Petit Fort432, soit sa limite avec le faubourg des Violettes.
143Un autre port, en amont du pont est cité en 1448-1449433. En 1458, lors du pavage de la porte Galaffre, on affrète les matériaux au « port de la porte Galaffre434 », en aval du pont. En 1471, les matériaux déchargés sur l’île Saint-Sauveur sont ensuite menés jusque sur les ponts435. La grève doit donc constituer un grand port dont on dispose au gré des besoins.
144D’après les délibérations du conseil de ville de 1463, la levée (« batey ») commandée par Louis XI s’étend depuis l’aplomb de la maison du sieur de Nazelles jusqu’au pont (fig. 37 CC). Le nombre de pieux (« paulx ») achetés pour la levée corrobore la longueur de cet ouvrage436. Après sa construction, il n’est plus possible de remonter directement sur la berge depuis le port placé en contrebas ; il faut le contourner soit en passant de l’autre côté du pont, en aval, soit en allant jusqu’à l’aplomb du faubourg des Violettes. Le port du « batey » ou « du Petit Fort » est donc un port de défrétage des chalands, sentines, gabarres437… C’est là, au pied de la maison de ville, face au château et au plus près du lieu de déchargement, que se sont établis les chantiers. Ainsi en novembre 1471, un nautonier apporte « en sa santine depuis Malevau jusques es greves ou estoit l’atellier desdits pilliers, six grosses pierres par la riviere de Loire pour emploier a la reparacion d’iceulx438 ». En somme, la grève sert d’atelier pour débiter la pierre et stocker temporairement les matériaux, car même en dehors de la belle saison on y jouit d’une place importante, tandis que les crues ont l’avantage de débarrasser le lieu de tous les déchets issus de la taille des pierres notamment439. L’équipement de la berge, en 1497-1498, se limite à poser de « grans boucles mises es murailles au long du port pour aider aux notonniers a monter leurs chalans440 », ce qui prouve que les sentines sont échouées sur la grève et qu’aucune cale n’est aménagée. En 1507, à l’occasion du pavage du carrefour de Nazelles, les comptes localisent le port du Bout-des-Ponts441. Enfin, pour ce qui est du port piéton, celui où descendent les voyageurs, il se situe à hauteur de la jonction du Petit Fort et de la ville puisqu’on y élève le portail du Port en 1479 (fig. 4).
145Entre 1421 et 1525, la spécialisation des ports transparaît rarement dans les archives. En 1482, il est fait mention du « port de la pierre » lors de la venue des ambassadeurs de Flandres442. Le nettoyage des abords des voies empruntées par la délégation confirme que le port réservé aux matériaux de construction se trouve bien à côté et en amont du pont. Progressivement le port Saint-Simon prend de l’importance dans la ville car on peut le gagner au plus vite en venant du château. En novembre 1473, trois manœuvres passent 11 journées à :
Curer et netir les ponts de pierre de laditte ville et la ruelle de saint Simon pour la venue du roy qui est venu audit Amboise et qui devoit aller par laditte ruelle saint Simon pour monter en son chalan et aller contrebas la riviere de Loire.443
146En 1500444, on individualise le port Saint-Simon par où « le roy passoit la riviere et alloit de Bloys a Nantes avecques la royne » du « port de la riviere de Loire pres la maison de la ville445 ». À partir de l’année 1473, où le port Saint-Simon est régulièrement curé, en particulier à la venue d’hôtes de marque, il est possible qu’un ponton y soit construit, mais il n’y en pas de trace dans les archives.
Les ponts sur la Masse
147En dehors des portes de la ville, d’autres ponts traversaient la Masse (fig. 179 et fig. 40 CC). Entre 1487 et 1489, période de relative accalmie pour la ville d’Amboise, deux ponts de bois permettent de franchir la Masse, l’un à l’angle de la tour Boileau, l’autre vers les tanneries446. Placés à l’extérieur de l’enceinte, ils pouvaient toutefois être démontés rapidement en cas de menace.
148En mai 1479, un pont de bois piéton est construit à l’embouchure de la Masse, vers la porte Galaffre, par ordre de Raoulin Cauchinart447. Ce pont évite aux étrangers empruntant la route d’Espagne de traverser la ville : ils passent donc sur la grève, à l’extérieur des murs, et rejoignent le Carroir Saint-Denis.
149Entre la porte Tripière et l’église « neufve » Notre-Dame-et-Saint-Florentin-en-Grèves, un pont aux premières mentions tardives rejoint la grève : du 1er février au dernier jour de mai 1502, charpentier et manœuvres y clouent des planches448.
150Enfin, conformément aux instructions royales, en 1489-1490449, lors de l’évacuation des déblais provenant des travaux du château, deux ponts sont construits sur la Masse, pour traverser et « aler par les marays au grant marché450 ». S’ils n’étaient situés en la ville, à hauteur de l’actuelle rue Newton, il aurait fallu percer l’enceinte (fig. 4 CC) ; ils doivent donc correspondre au pont de la porte Neufve et à un pont en moellon qui, aujourd’hui encore, traverse la Masse entre le 14 et le 16 rue Newton, et sur lequel est bâti un mur de jardin (fig. 180 et 181). Par ce pont, il est en effet aisé d’aller vider les déblais du château aux marais sans encombrer la Grande rue Saint-Denis.
Le pavage des voies
151Les voies furent progressivement pavées (fig. 41 CC), ce qui participa à l’assainissement de la ville. Amboise compte ainsi parmi les villes qui mettent en place, dès la fin du Moyen Âge, des mesures de propreté et « un urbanisme naissant451 ». La première mention rencontrée dans les comptabilités amboisiennes remonte à 1421 et concerne l’achat de « 16 toises de pavement pour metre darriere la chancre de la porte Galaffre452 ». Le pavé se mesure soit en toises, soit en pippes. En 1458453, 25 pippes de pavé sont achetées pour poser « sept toises et demye pavé soubz le portal de la Boucherie dudit lieu d’Amboise454 ». Ainsi, une pippe permettait de paver environ un tiers de toise.
152Le pavé est simplement ajusté sur un lit de sable, aussi dans les endroits de passage intensif, tels que les ponts, il est nécessaire de le caler au bord de la chaussée, comme en 1473, avec de la maçonnerie455, et en 1479 avec de grandes barres de bois ou, en 1507, de fer456.
153À partir de 1472, les chantiers de pavage prennent de l’importance. Aux abords des portes Heurtault et Saint-Denis le pavé est « relevé457 » et l’on pose 120 toises au boulevard de la porte Galaffre et 3 toises à la porte Tripière qui commence seulement à en être pourvue458. À compter de l’année 1480, les ouvriers travaillent régulièrement à « relever et rassoir » le pavé, c’est-à-dire dépaver puis repaver. La fréquence est variable, mais la durée moyenne de vie du pavé semble s’élever à une quinzaine d’années. En février 1491 (n. st.), le pavage s’étend hors les murs et, pour la première fois, 17 toises sont posées « au bout des ponts de la ville459 », au faubourg éponyme460. En 1495, vient le tour de la porte Neufve, percée 6 ans auparavant461. À partir de cette année-là, le lieu d’approvisionnement change, le pavé de Rochecorbon s’effaçant peu à peu devant le « pavé large du hault Lussault462 ». Sur un plan pratique, on note qu’en février 1504 (n. st.), pour satisfaire aux besoins de la ville 10 manœuvres vont « descouvrir la perriere de Lussault pour tirer du pavé463 ». Durant l’hiver la carrière est donc couverte. On évite ainsi qu’elle ne se remplisse d’eau et que la pierre ne gèle.
154En février 1503 (n. st.), Pierre Patin, « perrier de Lussault », livre à la ville 24 tombereaux de pavé de la carrière de Paintré pour le « carrefour d’avant saint Denis464 ». Le pavage du Carroir Saint-Denis s’impose comme le chantier le plus important réalisé en une unique campagne. Au cours de l’année, les paveurs posent plus de 80 toises de pavé. Même le chemin montant à l’église Saint-Denis, le long du cimetière est recouvert465. Cet exemple illustre bien que la ville privilégie le pavement de l’intérieur de l’enceinte sur celui des faubourgs. En effet, le faubourg Saint-Denis est depuis toujours aussi peuplé que la ville et le passage y est aussi intensif que sur les ponts puisque la route d’Espagne le traverse. Sans doute, comme pour le curage des voies, la priorité de ces travaux est -elle donnée aux voies qui mènent au château466 (tableau 26).
Les égouts
155Le pavage n’aurait pas de réelle efficacité sur l’assainissement de la ville s’il n’était doublé par un réseau d’égouts (fig. 41 CC). Aussi, dans la mesure du possible, les chantiers sont-ils jumelés. En 1449, la première mention d’un « tou et agout de eaues » apparait lors de la réparation de la brèche Cormeray467. Il semble que le mur jouxtant la tour Cormeray soit victime de l’humidité car la pose d’une pierre à égouts pallie le problème. On prend de plus le soin de renforcer les pierres d’écoulement par plusieurs crampons de fer468.
156Au cours de la décennie 1470, les égouts reviennent à plusieurs reprises dans les comptes-rendus des assemblées de la ville. Les élus défendent formellement que l’on empiète sur la chaussée, et cette interdiction est toujours motivée par le bon écoulement des égouts469. Si les lieux d’implantation des égouts ne peuvent être clairement identifiés par les descriptions − celles-ci prenant des maisons particulières pour seuls points de repère − on comprend bien qu’ils se trouvent dans les ruelles reliant la rue de la porte Heurtault (actuelle place Michel Debré), située en contrehaut, à la Masse, ce que conforte en 1834 le plan d’alignement no 10 où le bas de la rue Newton est encore légendé comme « égout de la ville » (fig. 22). Ainsi, en décembre 1474, coïncidant avec les travaux de pavage, la mise en place des égouts permet de conduire les eaux de la chaussée de la porte Heurtault à la Masse, dans laquelle elles se déversent à côté de la porte Titery470. On ne peut pourtant déterminer s’il s’agissait de rigoles sur la chaussée ou de canalisations souterraines, ces dernières se généralisant au XVe siècle.
157En 1489, lorsqu’est percée la porte Neufve, qui donne sur les marais, on en profite pour mettre en place un égout qui rejette les eaux de la rue − actuelle rue d’Orange − dans la Masse471. On comprend à travers ce chantier l’impact de l’enceinte sur la vie quotidienne de la cité : même pour assainir la ville on n’aurait jamais pris le risque de ménager une brèche dans le rempart et d’en altérer l’intégrité. De la même manière, en 1490, lors d’une restauration de la porte Galaffre, il est prévu de faire « ung grant eschenau de pierre dure soubz la porte neufve pour faire agouter les eaues de la rue d’icelle porte472 ». De fait, la ville est victime de son assiette en milieu marécageux, des eaux pluviales, mais aussi des eaux usées que la population ne prend pas le soin d’évacuer à l’écart. Combien de mentions d’immondices, de fumiers ou de « terriers » accumulés le long des murs de la ville sont ainsi relevées dans les comptabilités473 ! Aux premières pluies les tas de déchets se répandent dans les rues. Le fait s’observe sur l’ensemble du territoire français et fait dire à Jean-Pierre Leguay :
Une situation préoccupante existe donc partout ; les immondices, les eaux usées engorgent la voirie et condamnent les populations à vivre au milieu de « l’excrémentiel ».474
158Seule une poignée de grandes villes arrivaient à gérer les problèmes d’hygiène, telles Nice, Douai ou Nantes, et Amboise figurait parmi ces précurseurs.
Les retraits publics (ou latrines)
159Aucune mention de latrines (fig. 1 CC) n’apparaît avant 1465, sans que l’on puisse affirmer qu’il n’y en avait pas avant cette date. Cette année-là, il est fait mention des « retraiz de nouvel faiz es ponts de pierre pres la porte du Pont475 ». La même année, alors que l’on s’assure de l’intégrité de l’enceinte, le sieur de Maulny, qui habite le long de la Masse, côté Loire476, est prié de condamner ses retraits477. Jean Poinçon, qui reçoit la même intimation, possède également de retraits donnant dans le ruisseau. Il semble donc que les Amboisiens les plus chanceux, peut-être les plus fortunés aussi, qui demeurent à proximité des remparts disposaient de ce privilège. Mais, à l’évidence, ce n’est pas le cas de la majorité puisque les latrines de la ville sont régulièrement réparées. Outre celles situées à côté de la tour du Pont, à l’entrée des ponts de pierre, il y en a trois autres le long de la Masse. Certaines sont situées à l’emplacement de la porte Neufve, si bien qu’il est nécessaire de les déplacer à l’ouverture de cette porte478. On les réinstalle toujours sur la Masse mais vers les tanneurs. Le quartier de la Boucherie479, tout comme l’embouchure de la Masse sont également équipés de retraits480.
160Les emplacements énumérés ici sont conformes à ce que Jean-Pierre Leguay constate à l’échelle du royaume ; il écrit : « L’eau courante attire les sièges d’aisances481. » Amboise bénéficie d’une grande surface d’eau vive cernant une surface habitable assez restreinte, ce qui permet d’aménager des latrines tout autour de la ville. C’est assez rare pour être souligné, car l’auteur conclut tout à l’inverse : « Ces lieux publics sont concentrés dans des endroits privilégiés, rarement dispersés dans l’espace urbain482. » Il est à remarquer qu’aucune plainte à ce propos n’est enregistrée dans les archives durant 100 ans. La ville devient toutefois très vigilante sur les retraits privés. Lorsqu’elle accorde la construction d’une maison en 1498 à Gillet Frogier483 ou à Jean Boynin, il est bien stipulé qu’il ne ferait « aucuns retraiz en sadicte maison sur la riviere de la Masse484 ». De cette manière il est possible de surveiller, tant bien que mal, la propreté des lieux et de veiller à leur état.
161D’après les commandes de matériaux pour l’édification ou la réparation des retraits, ils sont couverts de tuiles485, construits en encorbellement sur des corbeaux de pierre dure486 et constitués de colombages487 ainsi que de planches.
Les puits
162Au XVe siècle, Amboise ne compte pas moins de neuf puits (fig. 1 CC). Pourtant, écrit Jean-Pierre Leguay : « La plupart des petites villes continuent de se contenter d’un unique point d’eau et de l’entretenir régulièrement ; de grandes agglomérations se contentent d’une dizaine au grand maximum488. » Lorsqu’on sait que Lyon compte 70 000 habitants au XVe siècle, on comprend qu’avec 9 puits pour environ 2 500 habitants Amboise demeure fort bien lotie. Les puits sont régulièrement répartis dans la ville et ses faubourgs : au Petit Fort à proximité des halles et de la maison de ville, derrière la porte des Bons Hommes à l’extérieur du Petit Fort, au Carroir, à la porte Titery, au faubourg Heurtault, à la Boucherie, à la porte Galaffre, à la place Saint-Denis et vers la Madeleine au faubourg Saint-François. Rien ne laisse entendre la création récente de l’un d’entre eux et ils paraissent aménagés de longue date. Leur entretien est constant et porte sur le curage489, la couverture ou le type de treuil. Ils se présentent comme de petits édifices construits en pierre de taille de tuffeau490, couverts d’un toit à quatre pans en ardoise491. Ils sont équipés de chaînes ou de cordes492, d’une roue à bras493, d’une margelle et d’un « thabut494 » – terme resté obscur, désignant peut-être un tambour ou enrouleur. Parmi les six types de puits ordinairement mis en œuvre au Moyen Âge, il semble que ce soit « le puits à barre horizontale et à tambour enrouleur entre deux montants verticaux » mû à la roue qui soit utilisé à Amboise, alors que nous n’avons pas rencontré les systèmes à poulies qui demeurent les plus usités495. Le puits de la Boucherie pouvait peut-être fonctionner avec un système de bascule, ce qui est rare en ville en raison de son encombrement. Il est désigné, dans les comptabilités amboisiennes comme « la grue au puiz de la boucherie496 ».
163Les puits étaient de véritables petits monuments qui faisaient la fierté des habitants au même titre que la tour de l’Horloge ou la maison de ville. En juillet 1471, Gilles Martin réalise pour le puits du Petit Fort, un épi de plomb qui est surmonté d’une bannière de fer pesant 16 livres. L’ensemble est peint là encore aux couleurs du roi, or et azur497. En juillet 1501, Estienne Charenton, menuisier, fournit « ung moule de boys pour servir aux maçons a faire l’escarrye du puiz du carroué de cestedite ville498 ». Ces puits ornés pour lesquels on va jusqu’à faire dessiner la moulure de la margelle au maître-maçon « comptent d’avantage dans l’esthétique de la rue et de la place publique que les arbres et les statues, très rares, font la gloire d’une cité, sont les témoins de sa prospérité499 ».
Notes de bas de page
1 Jean-Philippe Aubert, La ville d’Amboise au XVe siècle (1421-1498), mémoire d’études supérieures d’histoire, Bernard Chevalier (dir.), université de Tours, 1967, p. 168.
2 ACA, CC 72, fo 6vo.
3 ACA, CC 1, 13 février 1432 (n. st.).
4 J.-P. Aubert, La ville d’Amboise au XVe…, op. cit., p. 190-197.
5 ACA, BB 1, fo 14ro, 2 décembre 1464.
6 Id.
7 Ibid., fo 67ro.
8 ACA, AA 2, vidimus des lettres patentes d’octobre 1482 : « Chacun d’eulx demourans en ladite ville, soient doresnavant a toujours, mais pendant qu’ilz demeureront en ladite ville, francs, quictes et exempts de toutes et chacune tailles, aides, subsides et impositions, et generallement aux aides, empruncts, impositions, impots et autres charges quelconques ».
9 ACA, BB 1, fos 2vo-3ro, délibération de février 1452 (n. st.) : « C’est assavoir qu’il a esté appoincté et a ceux rendus que l’apettissement du vin qui se vendra doresnavant en ladicte ville, fausbours et Petit Fort d’Amboise sera commis et mis sans difficulté es reparacions des ponts et ausdictes affaires de ladicte ville et aussi es reparacions necessaires pour la fortifficacion dudit Petit Fort, tout ainsi et en la maniere que si ladicte ville et Petit Fort estoit une mesme chose, fors et excepté que si le cas advenoit que lesdits manans et habitans de la ville faisoient ou temps a moins sur eulx une taille pour la reparacion de ladcite ville d’Amboise que iceuls dudit Petit Fort ne seroient point a ce commuable a paier aucune chose desdictes taille par ce que lesdicts du Petit Fort si pour fortiffier a leurs despens ou ilz ont dependus et frayés grant argent sans ce que ceulx de ladicte ville y aient contribués. Et aussi a esté dit et conclut que quant on vouldra faire estaz, lesdicts du Petit Fort pour le fait de ladite ville que ce qui sera, ilz seront appoinctez et y aura ung d’eulx manans qui sera esleuz ou receveur tant de ladicte ville que dudit Petit Fort en apors ce fait Pierre Pele et Jean Morin, ont esté mis et commis esleuz de ladicte ville et Petit Fort d’Amboise et Jean Marrier demourant audit Petit Fort d’Amboise, receveur des deniers commis de ladite ville et Petit Fort d’Amboise. Fait les jours III et IIII septembre en l’année dessudictes [1452]. »
10 ACA, CC 96, 1er février 1473 – dernier jour de janvier 1474 (n. st.).
11 Jacqueline Melet-Samson, Le développement historique de la ville d’Amboise des origines à la fin du XVIIIe siècle, thèse de l’École des chartes, 1972, p. 145-148.
12 Il manque dans les comptes les années : 1434 à 1448, 1453, 1454 à 1457, 1459 à 1462, 1478, 1484, 1486, 1488, 1489, 1492 à 1493, 1509 et 1512 à 1522. Les liasses de quittances et de mandements documentent les années : 1443, 1446 à 1448, 1458, 1464, 1466, 1480, 1481, 1482 à 1485, 1486 à 1491, 1498, 1499, 1500, 1501 et 1502, 1503, 1504, 1505, 1507 et 1508.
13 J.-P. Aubert, La ville d’Amboise au XVe…, op. cit., et J. Melet-Samson, Le développement historique…, op. cit.
14 Alain Salamagne, « Archères, mâchicoulis et tours dans l’architecture du Moyen Âge (XIIIe-XVe siècles) : éléments fonctionnels ou symboliques ? » dans « Aux marches du palais » Qu’est-ce qu’un palais médiéval ?, Actes du VIIe congrès international d’archéologie médiévale au Mans (9-11 septembre 1999), sous la direction d’Annie Renoux, Le Mans, 2001, p. 77-85.
15 Bernard Chevalier, « Le paysage urbain à la fin du Moyen Âge : imaginations et réalités », dans Le Paysage urbain, Actes du XIe congrès des historiens médiévistes de l’enseignement supérieur, Lyon, 1981, p. 7-21. D. Boisseuil, Le pont de Tours…, op. cit., p. 76.
16 ACA, CC 101, fos 13vo-14ro (6 août 1479) ; CC 110, fo 21ro (janvier 1494) et CC 112, fo 25vo (août 1497).
17 ACA, CC 106, fo 38ro, 22 août 1497.
18 Ce mur était peut-être une croupe.
19 ACA, CC 200, pièce 6, juillet 1498 : « Quatre banieres esquelles sont imprimees les armes du roy mises es espiz, […] quatre épis paints et blanchis et quatre livres d’estain par luy livrees pour mectre et emploier a la plomberie des espiz ».
20 ACA, CC 110, fo 22vo.
21 ACA, CC 118, fo 29vo.
22 ACA, CC 110, fo 22ro, 1495.
23 ACA, BB 1, fo 56ro.
24 J.-P. Leguay, La rue au Moyen Âge, op. cit., p. 104.
25 ACA, CC 94, fos 7vo-8ro, juillet 1471.
26 Les exemples ne manquent pas : « Oster et mener les fanges et ordures du Carroir durant que le roy a esté en ladicte ville » (ACA, CC 113, fo 37vo, 13 mars-28 mai 1498).
27 Le pont d’Amboise fut reconstruit en juillet 1951, à la suite des bombardements de la seconde guerre mondiale. L’ancien pont datait de 1846. Édifié en pierre de Lussault, l’architecte Bernard Vitry précisait que c’était une pierre de qualité médiocre n’étant plus utilisée depuis longtemps. Ainsi, en 1940, disparut le pont joignant l’île à la rive gauche, puis en 1944, le pont allant de l’île à la rive droite. Dans les rapports, l’architecte indique que les dispositions de l’ancien pont devaient être conservées mais que l’on projetait, dans un premier temps, d’employer comme matériau du béton revêtu de ciment pierre à la place des pierres de taille et des moellons qui constituaient l’ouvrage détruit. Bernard Vitry estima toutefois que leur aspect ne serait pas « heureux » et finalement les parties visibles furent refaites à l’ancienne avec des moellons et des pierres de taille. Le nouveau parapet fut plus élevé que l’ancien et la chaussée moins bombée (Médiathèque de l’architecture et du patrimoine, 0081037003 – ville).
28 Bibliothèque municipale de Saumur, ms. 21, fo 36 : Nicolas Poictevin, Veue et plan géométral des ponts de la ville d’Amboise situés sur la rivière de Loire, dessins, 1696, publiés dans : Desseins des plans et élévations des ponts situez sur la rivière de Loire et autres adjacentes… ; ou AN, F14 10198-2-3.
29 AN, F14 10198, Plan géométral du pont d’Amboise en 1712 par Nicolas Poictevin.
30 Jean Mesqui, Le pont en France avant le temps des ingénieurs, Paris, 1986, 303 p.
31 Musée des Beaux Arts de Tours, Pierre Lenfant, Vue de la ville d’Amboise, 1762, no inventaire 1794-1-42, plume, encre noire, lavis, gauche et crayon sur papier bistre collé sur toile, (1,02 x 1,04 m), signé et daté en bas à gauche de « L’enfant, me ficit, 1762 ».
32 Jean Mesqui, Chemins et ponts. Liens entre les hommes, Cahors, 1994, p. 109-110.
33 ACA, CC 191, (pièce non numérotée), mandement du 31 décembre 1448.
34 ACA, CC 197, pièce 33.
35 J. Mesqui, Chemins et ponts…, op. cit., p. 81.
36 D. Boisseuil, « Le pont sur la Loire… », op. cit.
37 ACA, CC 82, fo 17vo, 1458.
38 Ibid., fo 19vo, août à octobre 1458. ACA, CC 95 fo 22vo, 28 janvier 1472.
39 ACA, CC 111, fo 27vo, 24 octobre-6 novrembre 1496.
40 ACA, CC 97, fo 17, septembre 1474.
41 ACA, CC 108, fo 37ro, juillet-octobre 1491.
42 ACA, CC 123, fo 49ro, 5 septembre 1508.
43 ACA, CC 124, fo 40ro : 8 mai-dernier jour de juillet 1511.
44 ACA, CC 92, fo 16vo, 31 janvier 1470.
45 ACA, CC 193, (pièce non numérotée), 18 octobre 1464.
46 ACA, CC 197, pièce 43, 20 décembre 1481.
47 ACA, CC 123, fo 57ro, août-octobre 1508.
48 ACA, CC 104, fo 32vo, 11 décembre 1482.
49 ACA, CC 86, fo 13vo, 26 octobre 1466.
50 Jean Mesqui, Chemins et ponts…, op. cit., p. 80-81.
51 ACA, CC 99, fo 13vo, avril 1476 (n. st.).
52 ACA, CC 111, fo 34vo, été 1496.
53 ACA, CC 106, fo 37ro, 7 novembre 1487 : « Prendre les chaffaulx pour armoisez et en chappelez iceulx pichons ».
54 ACA, CC 197, pièce 43, 20 décembre 1481.
55 ACA, CC 120, fo 29vo, août-septembre 1501.
56 D. Boisseuil, « Le pont sur la Loire… », op. cit., p. 31.
57 ACA, CC 93, fo 24ro, 26 janvier 1472 (n. st.).
58 ACA, CC 111, fo 31vo.
59 ACA, CC 108, fos 36vo-37ro, juillet-octobre 1508.
60 ACA, CC 77, 1451.
61 ACA, CC 84, fo 14ro, septembre 1464.
62 ACA, CC 78, fo 20vo, 21 août 1452.
63 ACA, CC 87, fo 18ro, 6 septembre 1467.
64 ACA, CC 78, fo 14ro, semaine du 24 juillet.
65 ACA, CC 78, fo 15ro, 1452.
66 ACA, CC 82, fo 17ro, 1458.
67 Ibid., fo 14ro : 1458.
68 ACA, CC 98, fo 13ro : « A André Lores, maçon demourant Amboise, la somme de vingt et une livre tournois pour avoir fait le cintrage de l’arche des ponts de pierre audroit du grant molin pour refaire ladicte arche que l’on refait de present et pour avoir fourny de boys et charpenterie ace necessaires, lequel cintrage lui est demouré. »
69 Sur la compétence des maîtres-charpentiers en matière de direction d’ouvrage de maçonnerie : Philippe Plagnieux, « Robert de Helbuterne : un charpentier devenu maître des œuvres de maçonnerie de la ville de Paris et général maître des œuvres de Jean sans Peur, duc de Bourgogne », Bulletin de la Société national des Antiquaires de France, 1994-1996, p. 153-164.
70 ACA, CC 111, fo 31vo, de la fête Notre-Dame Chandeleure au 10 janvier 1497 (n. st.).
71 ACA, CC 124, fo 32ro, juin 1500.
72 ACA, CC 100, fo 16ro-vo, 1er août 1477 : « Un cent de fer prins et acheté de Pierre Pasquier, élu de la ville dont il a fait plusieurs grosses chevilles de fer pour tenir les armoises des chevaletz faiz neufz es ponts de boys de ladite ville qui ont esté appareillez es moys de juing et juillet dernier passez […]. Aussi a faictun grant lien de fer pour tenir les vieilles armoises dudit pont qui estoient entre ouvertes et pour avoir faicts les fers aux pointes des pichons mis a la reparacion d’iceulx ponts et plusieurs chevilles et clouz tant pour clouer lesdits fers aux pointes desdits pichons que pour les poulies et goupilles de l’angin qui a servy a batre lesdits pichons. »
73 ACA, CC 86, fo 14ro, dernier jour d’octobre 1466.
74 ACA, CC 84, fo 12vo, 4 juillet 1464.
75 Id.
76 ACA, CC 193, (pièce non numérotée), 4 juillet 1464.
77 ACA, CC 110, fo 40ro. Les planches sont nommées « aie » ou « aye ».
78 ACA, CC 102, fo 21ro, mai-décembre 1480 : « Pour avoir appareillé et soubpendu lesdits ponts dernierement que l’artillerye du roy notre sire passa en ceste ville ».
79 ACA, CC 120, fo 36ro, 1505.
80 ACA, CC 108, fo 23vo, 1491.
81 ACA, CC 75, fo 11ro, 1448-1449.
82 ACA, CC 97, fo 17ro, 3 octobre 1474.
83 ACA, CC 205, pièce 29, 12 décembre 1504.
84 ACA, CC 193, 4 juillet 1464.
85 ACA, CC 194, pièce 17, pénultieme jour d’octobre 1466.
86 ACA, CC 84, fo 12vo (4 juillet 1464) et CC 85, fo 15ro (22 mai 1465).
87 ACA, CC 124, fo 32ro-vo, juin 1511.
88 ACA, CC 85, fo 9ro, 6 février 1465 (n. st.).
89 ACA, CC 208, pièce 11, 11 octobre 1507.
90 ACA, CC 108, fo 23vo, 1491.
91 ACA, CC 86, fo 11ro-vo, juin-juillet 1466.
92 ACA, CC 194, pièce 15, 9 octobre 1466.
93 ACA, CC 206, pièce 44, 15 janvier 1505.
94 Ibid., fo 47 : 16 janvier 1505.
95 ACA, CC 87, fo 11vo, fête Saint Jean-Baptiste, 4 août 1465.
96 ACA, CC 104, fo 38ro-vo, 1er mai 1482.
97 En 1579, Jacques Androuet du Cerceau signale « le pont de pierre sur lequel sont basties quelques maisons particulières » : F. Boudon et C. Mignot, Jacques Androuet du Cerceau…, op. cit., p. 150.
98 ACA, CC 92, fo 5vo, 1470.
99 ACA, CC 113, fo 34ro-vo, 10 juillet 1498-21 janvier 1499.
100 Contrairement à Angers : Olivier Biguet, François Comte, Hugues Courant, Christian Cussonneau, Dominique Letellier, Jean Mesqui et Georges Reverdy, Le pont d’Angers, Olivier Biguet et Dominique Letellier (dir.), Paris, 1998, 270 p.
101 Christophe de Tassin, « La ville d’Amboise » dans Les plans et profils de toutes les principales villes et lieux considérables de France, Paris, 1636, 39 p.
102 ACA, CC 205, pièce 12, juillet 1504.
103 ACA, BB 1, fo 80ro, dernier jour d’août : « A laquelle assemblee Estienne Adnemat, escuyer de cuisine du roy nostre sire, a dit que vendredi dernier entre huit jours, le roy estant a terranne ou pais d’Artoys, lui chargea dire a ceulx qui ont la charge et garde de la ville et ponts d’Amboise, qu’il avoit entendu que la riviere ne passoit plus devers la ville ainsi qu’elle avoit acoustumee et que ses molins et pescherie ne valloient plus riens. Et qu’il leur fist appareiller le bateys qui estoit en la riviere en maniere que les molins et pescherie vaulsissent requis ausdits habitans lui en faire reponce. »
104 Christian Cussonneau, « Farine de Loire… Meuniers du port… Moulins-bâteaux en Anjou », 303, Arts, recherches et créations, la revue des pays de la Loire, no XLIX, 2e trimestre 1996, p. 23-28.
105 ACA, CC 205, pièce 69, août 1504 : « La grant arche par ou passent les challans allans et venans par la riviere de Loire. »
106 ACA, CC 198, pièce 48, 27 octobre 1485.
107 J. Mesqui, Le pont en France…, op. cit., p. 102.
108 ACA, CC 190, (pièce non numérotée), mars 1445.
109 Ibid., 8 mai 1446 (pièce non numérotée).
110 ACA, CC 191, (pièce non numérotée).
111 ACA, CC 85, fos 10vo-11ro, 28 mars 1465 (n. st.).
112 ACA, CC 84, fo 7vo, 1464.
113 ACA, CC 89, fo 10ro, 13 mai 1468.
114 ACA, CC 85, fo 13ro-vo, 22 mai 1465 : le pont-levis est dit « naguères fait ». Et CC 99, fo 17vo, 13 juillet 1476 : le pont-levis est appelé « le pont-levis pres la Meyte ». Et CC 118, fo 31ro, mai 1503 : la Meyte est nommée chapelle Saint-Mamer.
115 ACA, CC 85, fo 15ro, 8 juillet 1465. Et CC 87, fo 18vo, aux alentours de la fête de la Madeleine 1465.
116 ACA, CC 85, fos 10vo-11ro, semaine du 18 mars 1465. Cette « barrière tourneresse » n’est mentionnée qu’une fois.
117 ACA, CC 85, fos 10vo-11ro, semaine du 18 mars 1465. Et CC 89, fo 11ro, 18 octobre 1468.
118 ACA, CC 110, fo 22vo, 1495.
119 ACA, CC 91, fos 9-10, pénultième jour de mars 1468.
120 ACA, CC 199, pièce 34, semaine commençant le dernier jour de février 1486 (n. st.).
121 ADIL, 1 Q 2, Procès-verbal d’estimation des biens nationaux assis dans les paroisses de Saint-Denis et de Saint-Florentin de la ville d’Amboise des 30, 31 décembre 1790, 1er, 2, 3, 4 et 6 janvier 1791, fo 11ro-vo.
122 ACA, CC 207, pièce 49, 2 décembre 1506.
123 ACA, CC 118, fo 6vo, 1503.
124 J. Mesqui, Chemins et ponts…, op. cit., p. 104-106.
125 ACA, CC 84, fo 10vo, semaine de Pâques fleuri 1465 (n. st.).
126 D. Boisseuil, « Le pont sur la Loire… », op. cit., p. 82.
127 ACA, CC 85, fo 14vo, 22 mai 1465.
128 ACA, CC 97, fo 11vo, 12 mai 1474.
129 Le 22 novembre 1467, le roi demanda à la ville de construire une bastille sur les ponts (ACA, BB 1, fo 34vo). Le 21 mai 1421, une bastille est déjà mentionnée dans les comptabilités de la ville mais il est probable que cet ouvrage datait de la mise en défense du pont et de la ville lors des guerres de Touraine (1417-1430) (ACA, CC 71, fo 3ro).
130 ACA, CC 93, fo 6vo, 1471 et fo 10vo, travail d’avril-mai, quittance du 1er juin 1471.
131 ACA, CC 104, fo 22vo, 5 octobre 1482.
132 ACA, CC 83, fo 10vo, 24 septembre 1463 : « Batre les paulx de l’argeau du pillier d’entre la petite braye et la grant braye des ponts dudit Amboise. »
133 ACA, CC 96, fo 23ro, dernier jour de janvier 1474 (n. st.) et CC 99, fo 20vo, octobre 1476.
134 ACA, CC 92, fo 16vo, dernier jour de janvier 1471 (n. st.).
135 Ibid., fo 11ro, travail de juillet et août, quittance du 18 septembre 1470. Et, BB 1, fo 80ro, assemblée du dernier jour d’août 1477. Et CC 123, fo 60ro, 1508.
136 É. Hamon, Un chantier flamboyant…, op. cit., p. 238-239.
137 Jean-Claude Boursier, « Les pêcheries de l’estuaire », dans 303, Arts, recherches et Création, no XLIX, 2e semestre 1996, p. 153-168.
138 ACA, CC 91, fo 13ro, 23 janvier 1470 (n. st.).
139 ACA, CC 123, fos 43vo-44ro, 1508. Et CC 107, fo 6vo, 1490.
140 ACA, CC 104, fo 22vo, 5 octobre 1482.
141 Ibid., fo 26vo, travail en septembre et quittance du 29 octobre 1482.
142 Ibid., fo 23ro, 5 octobre 1482.
143 ACA, CC 97, fo 13ro, 26 juin 1474.
144 ACA, CC 106, fo 24vo, 28 août 1487.
145 ACA, CC 114, fo 27vo, mars 1500 (n. st.).
146 ACA, CC 120, fo 36ro, 1505.
147 ACA, CC 103, fo 17ro-vo, septembre 1481.
148 ACA, BB 1, fo 26ro, 22 septembre 1466.
149 BnF, est., Va 431 (a).
150 ACA, CC 190, (pièce non numérotée), 3 mars 1445.
151 ACA, CC 72, fo 5ro, 7-22 juin 1422 ; CC 190 (pièce non numérotée), avril 1445 ; et CC 191, (pièce non numérotée), 15 septembre 1448.
152 Ce pont-levis apparaît parfois sous le nom de « pont leveys de la braye ».
153 ACA, CC 191 (pièce non numérotée), 31 décembre 1448.
154 ACA, CC 100, fo 14ro-vo, 18 juillet 1477.
155 ACA, CC 92, fo 11vo, pénultième jour d’octobre 1470.
156 ACA, CC 93, fo 22vo, 28 janvier 1472 (n. st.).
157 Voir Raoul Guichané, Le savoir des constructeurs de moulins hydrauliques et l’équipement des cours d’eau en Touraine du Moyen Âge à l’époque subcontemporaine, thèse de doctorat sous la direction d’Élisabeth Zadora-Rio à l’université de Tours, 2002, 5 vol.
158 Alain Salamagne, Les villes fortes au Moyen Âge, Paris, 2002, 128 p.
159 L.-A. Bosseboeuf, Amboise, le château, la ville…, op. cit., p. 56.
160 ACA, CC 1, 13 février 1432 (n. st.) et CC 2, 19 janvier 1435 (n. st.).
161 ACA, BB 1, fos 16-34, assemblées de 1465 à 1467.
162 ACA, BB 1, fo 39vo, 7 février 1469 (n. st.) : « Et par ce faisant les habitans dudit Petit Fort, iceluy mur fait seront tenuz clourer leurs huys et trillisser de fer leurs fenestres et aussi les habitans de la ville seront tenuz ouster les portes du portail du guichet Errart et ainsi demourront tous uniz et en une mesme fortifficacion. »
163 Ibid., fo 12vo, assemblée du 29 janvier 1464 (n. st.) « Pour savoir comment les terriers venuz du derompement du chastel en la douve d’entre la ville et le Petit Fort, se ousteront. »
164 Ibid., fo 54vo, assemblée du 14 février 1473 (n. st.) : « Lesdits esleuz ont dit qu’il est necessité de besongner a la reparacion des ponts de la ville et que pour ce que autreffoiz avoit esté appert que ou lieu ou est le paliz entre la ville et le mur seroit fait ung mur ; ont requis qu’il soit advisé la ou l’on besongnera le premier. »
165 Ibid., fo 16vo, 15 mai 1465.
166 ACA, CC 87, fo 16ro, octobre 1467 ; nombreuses réparations du « paliz » en 1467.
167 ACA, CC 81, fo 10vo, 25 mai 1457.
168 ACA, BB 1, fo 39vo.
169 Il convient de préciser que dans les archives de la ville la dénomination Petit Fort recouvre diverses réalités : elle peut aussi bien faire référence au quartier lui-même que désigner une proximité avec le quartier. Ainsi, entre 1466 et 1468, lorsque les terres issues des fondations de la tour Garçonnet, alors appelée « tour neufve », sont mentionnées dans les comptes de la ville en vue de leur déblaiement, il est toujours précisé qu’elles se trouvent au Petit Fort ou « en la rue du pont depuis le guichet jusques davant la maison Jean Forget, marchand d’Amboise venuz du fondement de la tour que l’on fait de present ou chastel d’Amboise devers la maison Olivier Tionne » (ACA, BB 1, fo 23ro, assemblée du 4 mai 1466).
170 ACA, Plan d’alignement no 10, dressé par Chasteigné, architecte de la ville d’Amboise, le 1er novembre 1834 à Saint-Denis-Hors. Correspond à la parcelle no 1614 du plan cadastral de 1808, section A, 2e partie, ADIL, 3P2 003.
171 ACA, CC 190, (pièce non numérotée).
172 ACA, CC 84, fo 14vo, 16 octobre 1464. Et CC 85, fo 18ro, 10 septembre 1465.
173 ACA, CC 81, fo 17vo, 25 novembre 1457.
174 ACA, BB 1, fo 63vo, 7 août 1475.
175 Ibid., fo 39ro-vo, assemblée du 7 février 1469 (n. st.).
176 ACA, CC 85, fo 12vo, fête Notre-Dame-de-mars (dimanche 12 mai 1465).
177 ACA, CC 113, fo 36ro, septembre 1498.
178 ACA, CC 86, fo 14ro, pénultième jour d’octobre 1466.
179 ACA, CC 94, fo 10.
180 ACA, CC 98, fos 20vo-21ro, 1er septembre 1465 ; et CC 99, fo 19ro, pénultième jour d’octobre 1476.
181 ACA, CC 102, fo 20vo : « Pour avoir faict boucher de massonerie la maison qui estoit en la place du Petit Fort pres les halles laquelle a esté remise hors la porte dudit Petit Fort vers la riviere de Loire et en icelle avoir faictune cheminee et carrelé et avoir appareillé et reffaict la marelle du puiz qui esten laditte place pres les halles ».
182 ACA, CC 105, fo 19vo, 18 juin 1485.
183 ACA, CC 101, fo 14ro, 2 août 1479.
184 Ibid., fo 19ro, 6 janvier 1480 (n. st.).
185 Il faut toutefois noter que Lambert Doomer représente la vue selon un effet miroir. Musée de l’Hermitage à Saint-Pétersbourg, Lambert Doomer, Pont d’Amboise traversant la Loire, vers 1646, crayon et gouache marron et grise, 23,1 x 41,1 cm, (avant 1797 ancienne collection de Dionis Muilman à Amsterdam) [http://hermitagemuseum.org/fcgi-bin/db2www/quickSearch.mac/gallery?selLang=English&tmCond=doomer&go.x=0&go.y=0].
186 ACA, CC 101, fo 13vo, 18 juillet 1479.
187 Id.
188 Id.
189 Id.
190 ACA, CC 101, fo 16vo, 7 octobre 1479.
191 Ronand Durandière, L’enceinte urbaine médiévale de Montreuil-Bellay, mémoire de DEA, Alain Salamagne (dir.), université François-Rabelais de Tours, CESR, 2001-2003, p. 47. A. Salamagne, Construire au Moyen Âge…, op. cit., p. 24.
192 Les 14 et 16 rue Newton sont sans doute assis sur le mur de la première enceinte.
193 R. Durandière, L’enceinte urbaine…, op. cit., p. 47.
194 Bernard Toulier, « Contribution à l’étude du tracé de l’enceinte du XIVe siècle à Tours (angle nord-ouest) », Bulletin trimestriel de la Société archéologique de Touraine, tome XXXVII, 1974, p. 351-371.
195 ACA, CC 121, fo 29ro, 1506.
196 ACA, BB 1, fos 16vo-17, 21 juin 1465.
197 ACA, CC 87, fo 15ro.
198 Jacques Mallet, « Les enceintes urbaines d’Angers », Annales de Bretagne, tome LXXII, 1965, p. 238-262.
199 ACA, CC 87, fo 9vo, mai 1467.
200 ACA, BB 1, fo 16vo, 21 juin 1465 : « Que on face hordeys au long des murailles de la ville ».
201 ACA, CC87, fo 15vo, travail de la semaine du 13 mai 1465, quittance du 27 août 1467.
202 ACA, CC 83, fo 9vo, 24 avril 1463.
203 BnF, ms. NAF 7644 fos 14-19, publié dans J. Vatout, Souvenirs historiques…, vol. 2, p. 396-401, 27 août 1494.
204 ACA, CC 103, fo 25ro-vo, décembre 1481-février 1482 (n. st.) : « Pour avoir commis et fourny du boys qui a esté brulé de nuyt en l’ostel de Marie Pelee, amboisienne demeurant au pied du château, côté Petit Fort estant pres le chastel durant que ceulx de la ville faisoient le guet toute nuyt par ladite ville depuis le premier jour de decembre dernier passé jusques au IIIe de ce present moys de feuvrier ledit guet fait par le commandement de monseigneur le cappitaine et par l’ordonance de messires qui sont au chastel a la garde de monseigneur le dauphin ». Et fo 23ro-vo, décembre 1481.
205 Gilles Séraphin, « L’enceinte de Cordes », dans les Actes du 121e congrès des Sociétés historiques et scientifiques tenu à Nice du 26 au 31 octobre 1996, Les enceintes urbaines (XIIe-XVIe siècle), Gilles Blieck, Philippe Contamine, Nicolas Faucherre et Jean Mesqui (dir.), Paris, 1999, p. 53-72.
206 ACA, BB 1, fo 17ro, 21 juin 1465.
207 ACA, CC 86, 14ro, pénultième jour d’octobre 1466.
208 ACA, CC 87, fo 23vo, 6 janvier 1468 (n. st.).
209 ACA, CC 85, fos 9vo et 18ro, 20 mars et 10 septembre 1465 (n. st.).
210 Ibid., fo 9ro, 9 mars 1465 (n. st.). Et CC 200, pièce 32, 15 janvier 1499 (n. st.).
211 R. Durandière, Enceinte urbaine médiévale…, op. cit. Et A. Salamagne, Construire au Moyen Âge…, op. cit., 320 p.
212 Maria Cavaillès et Marie-Pierre Baudry, « L’enceinte urbaine de Parthenay », dans Les enceintes urbaines…, op. cit., p. 15-31.
213 ACA, CC 97, fo 13vo, 26 juin 1474 et 23vo, 26 janvier 1475 (n. st.).
214 ACA, CC 97, fo 13vo, 26 juin 1474.
215 ACA, CC 105, fo 16.
216 ACA, CC 84, fo 10vo, semaine d’avant et d’après pâques, avril 1464 (n. st.).
217 ACA, CC 125, fos 80vo-81ro, 1523.
218 ACA, CC 104, fo 20, 26 juillet 1482.
219 ACA, CC 124, fo 40ro-vo, 1511 ; CC 101, fo 18ro, 10 novembre 1479 et fo 18vo, 23 novembre 1479 ; et CC 95, fo 14vo, 17 août 1472.
220 ACA, BB 1, fo 48vo, 13 mai 1471.
221 ACA, CC 97, fo 23vo, 26 janvier 1475 (n. st.).
222 Ibid., fo 13vo, 26 juin 1474. Et CC 85, fo 9vo, 22 mars 1465 (n. st.).
223 ACA, CC 194, pièce 16, 26 octobre 1466 ; CC 91, fo 12vo, dernier jour de janvier 1470 (n. st.) ; et CC 86, fo 13ro, 26 octobre 1471.
224 ACA, CC 96, fo 22ro, 29 janvier 1474 (n. st.). Et CC 203, pièce 50, 12 janvier 1502 (n. st.). Dictionnaire Encyclopédique Quillet, Paris 1950, tome I (A-C), art. « couette » p. 1035 : « Pièce de fer creuse dans laquelle tourne le pivot d’une porte ou l’arbre d’une machine. »
225 ACA, CC 82, pièce 10vo, 1458.
226 ACA, CC 208, pièce 36, 19 janvier 1508 (n. st.).
227 ACA, CC 106, fo 33vo, dernier jour de janvier 1488 (n. st.).
228 ACA, CC 107, fo 21vo, mars 1490 (n. st.).
229 ACA, CC 104, fo 34vo, 18 janvier 1483 (n. st.).
230 Ibid., fo 36vo, 15 janvier 1483 (n. st.).
231 ACA, CC 198, pièce 55, 19 novembre 1485.
232 ACA, CC 94, fo 2vo, 10 juillet 1469.
233 ACA, CC 101, fo 16vo, 7 octobre 1479.
234 ACA, CC 85, fo 18ro, 10 septembre 1465.
235 ACA, CC 204, pièce 24, 13 juillet 1503.
236 ACA, CC 203, pièce 13, dernier jour de janvier 1501 (n. st.).
237 ACA, CC 85, fo 18ro, 10 septembre 1465.
238 ACA, CC 198, pièce 55, 19 novembre 1485.
239 ACA, CC 75, fo 14vo, 12 septembre 1449 : l’une des grilles de la Masse fut emportée par le courant et les glaces.
240 ACA, CC 190, (pièce non numérotée). CC 199, pièce 21, 23 juin 1486.
241 ACA, CC 208, pièce 34 : 19 janvier 1508 (n. st.).
242 ACA, CC 190, (pièce non numérotée), 12 août 1446. Et BB 1, fo 54ro, 11 octobre 1472.
243 ACA, CC 89, fo 10vo, 20 juin 1468.
244 ACA, BB 1, fos 16ro-17vo.
245 ACA, CC 85, fo 13vo, 22 mai 1465.
246 ACA, BB 1, fo 17ro, 21 juin 1465.
247 Ibid., fo 12ro, 21 août 1463 : « Pour ce que le roy a mandé aux gens de laditte ville par maistre Jean Bourré et autres qui l’ont dit de bouche qu’ilz facent ung bateys tout au long de la rivière et au long du Petit Fort a prendre du coing du mur du courtil du seigneur de Nazelles jusques au pont et que ledit bateys sera fait aux depens d’icelle ville. Tous ont esté d’oppinion que puisqu’il plaistau roy nostre sire que ledit bateys soit fait aux despens de la ville et que on mecte des terriers qui viennent du chastel au long dudit bateys pour y faire une belle allee. »
248 Id.
249 ACA, BB 1, fo 34ro.
250 Ibid., fo 34vo, le 22 novembre 1467.
251 Ibid., fo 37ro.
252 Alain Salamagne, Construire au Moyen Âge…, op. cit., p. 211. Pour Jean-Marie Pérouse de Montclos : « Ouvrage destiné à porter de l’artillerie ajouté en avant d’une fortification plus ancienne qui n’avait pas été prévu pour le tir des canons » (Architecture, méthode et vocabulaire, Paris, 2004, p. 490).
253 ACA, CC 85, fo 13vo, quittance du 22 mai 1465.
254 ACA, BB 1, fo 34vo, 22 novembre 1467.
255 A. Salamagne, Construire au Moyen Âge…, op. cit., p. 68.
256 Clément Alix et Ronan Durandière, « La dernière enceinte d’Orléans (fin du XVe – 1re moitié du XVIe siècle) », Bulletin de la Société archéologique et historique de l’Orléanais, nouvelle série, tome XVII-no 139-1er trimestre 2004, p. 30.
257 C. Alix et R. Durandière, « La dernière enceinte d’Orléans… », op. cit., p. 49.
258 ACA, BB 1, fo 34vo, 22 novembre 1467 : « Tous ont esté d’oppinion de faire les choses dessusdictes puisqu’il plaist au roy nostresire. Et que si hastivement ne le pourroient sans faire sans son aide. Et a esté appoincté que demain sera mis bessons es portes pour faire les foulsez des boulouars ainsi que par mondit seigneur le capitaine sera ordonné. »
259 On rencontre cela pour la maison de ville mais le registre extraordinaire est clairement cité dans la marge, ce qui n’est pas le cas ici.
260 ACA, CC 87, fo 23vo.
261 ACA, CC 93, fo 10ro, 27 mai 1471.
262 ACA, CC 95, fo 11ro, 18 juillet 1472.
263 ACA, BB 1, fo 54ro.
264 Ibid., fo 63vo.
265 ACA, CC 197, pièce 38, 19 décembre 1481.
266 ACA, CC 105, fo 15ro.
267 ACA, CC 198, pièce 74.
268 Id.
269 Id. : « Comme en triangle et qu’il est trop loin de la porte et aussi a dit que selon son advis le roy sera par de ca environ la fin de ce present moys d’aoust avecques lequel y a plusieurs gens congnoissans en telz ediffices auquelz il sera bon de parler et avoir leur conseil et advis de la maniere comment ledit boulouart sera bien fait pour la fortifficacion de ladite ville et que il conseilleroit et estson oppinion que jusques a ce on doit cesser de plus y besoigner ».
270 Ibid., fo 38, 28 septembre 1485.
271 Ibid., fo 67, 15 juillet 1485.
272 Ibid., fo 72, 26 juillet 1485.
273 Ibid., fo 38, 28 septembre 1485.
274 ACA, CC 85, fo 15ro, 8 juillet 1465.
275 ACA, CC 81, fo 16 vo, 2 octobre 1457.
276 ACA, CC 102, fo 19ro, 20 juin 1480.
277 ACA, CC 96, fo 22ro, le penultieme jour de janvier 1474 (n. st.) : « André Lores, maître-maçon, maçon demourant Amboise, et son homme » furent payés « pour avoir faict la maçonerie, fenestres et canonieres de la maison de la garde porte de la porte Galaffre ».
278 ACA, CC 81, fo 16vo, 2 octobre 1457.
279 ACA, CC 88, fo 1vo, 1465.
280 ACA, CC 87, fo 19vo, travail en 1465, quittance du 22 octobre1467.
281 ACA, CC 88, fo 2vo, 1465.
282 Id.
283 ACA, BB 1, fo 40, pénultième jour de septembre 1469.
284 ACA, CC 97, fo 10ro-vo, 20 mars 1474 (n. st.).
285 Alain Salamagne, « Le canon et la fortification, 1380-1430 » dans Du métier des armes à la vie de cour, de la forteresse au château de séjour : famille et demeures aux XIVe-XVIe siècles, Jean-Marie Cauchies et Jacqueline Guisset (dir.), fondation Van der Burck au château d’Ecaussines-Lalaing, p. 17-35.
286 ACA, CC 97, fo 13vo, travail en février 1474 (n. st.), quittance du 26 juin 1474.
287 ACA, CC 198, pièce 43.
288 Id.
289 Ibid., pièce 41, 6 octobre 1485.
290 Id.
291 Ibid., fo 27, 26 août 1485.
292 Ibid., fo 25, travail en juillet 1485 et quittance du 13 août 1485. Et CC 105, fo 22vo, 13 août 1485.
293 ACA, BB 1, fo 60vo, 19 juin 1475 : « Il [le roi] mande ausdits habitans que incontinament ilz facent mener une piece d’artillerie en deux pieces qui estou chasteau dudit Amboise jusques a Dieppe ainsi que les lettres font mencions. » Et CC 98, fo 16ro-vo, 20 juin 1475 : « Les esleuz sur le fait de la fortifficacion et emparemens de la ville et ponts d’Amboise, a Jean Prevost, receveur illec, salut le roy nostre sire par ses lectres esciptes a Rouen le XIIIe jour de ce present moys de juing signé de sa main apporttés par un nommé Philippe De Lalande, écuyer de cuisine du roi, son escuier de cuisine, desquelles la teneur s’ensuit : de par le roy, chiers et bien amez, nous avons donné charge a nostre cher et bien amé escuier de cuisine, Philippe de Lalande, de amener une piece d’artillerie qui esten nostre chasteau d’Amboise jusques en nostre ville de Dieppe. Et pour ce qu’il y fauldra chevaulx et charroy pour aider a ce faire et sanz cella elle n’y pourroit estre menee au jour que nous avons ordonné. Nous vous mandons et expressement enjoignant sur tant que vous doubtez nous osbeir et de plaire et sur tant que vous craignez encourir nostre indignacion et estre reportez rebelles et desobeissans envers nous que vous lui faites bailler charroy et chevaulx le nombre qui y sera necessaire ainsi qu’il vous dira en maniere qu’elle y soit menee au jour que avons ordonné comme dit estet comment qu’il soit qu’il n’y ait point difficulté. […] la somme de trente livres tournois c’estassavoir audit Thomas Charles la somme de vingt livres tournois pour mener du chasteau dudit Amboise ladite piece d’artillerie qui esten deux pieces poisant quatre milliers ou environ jusques a Nogent le Roy et audit Philippes De Lalande, charretier la somme de dix livres tournois pour mener et conduire ladite artillerie depuis ledit lieu de Nogent jusques en la ville de Dieppe. »
294 ACA, CC 199, pièce 13, 24 septembre 1485.
295 ACA, CC 106, fo 41ro, 16 août 1487.
296 Il n’y eut aucun siège en 1475 dans la ville de Dieppe et la destination exacte de la pièce d’artillerie n’apparaît pas dans les archives ; on peut donc supposer qu’elle fut vouée à une simple mise en défense, à la formation d’une bande d’artillerie, voire à un armement de navire.
297 ACA, BB 1, fo 46ro, 27 janvier 1471 (n. st.) ; fo 49ro-vo, 12 février 1472 (n. st.) ; et fo 62vo, 23 juillet 1475 : « [...] Par mandement donné par le roy nostre sire […] faire mener grant nombre de chevaulx pour conduire et mener son artillerie et son parc a Creil et y avoit lettre adressee au lieutenant de monseigneur le bailly d’Amboise presentees audit Robert ad ce que lesdits habitans envoyassent jusques audit lieu XXX chevaulx pour mener l’artillerie et parc. »
298 Emmanuel de Crouy-Chanel, Canons médiévaux, puissance du feu, Lassay-les-châteaux, 2010, 128 p.
299 ACA, CC 127, fo 94vo, 12 mai 1525 et fo 96ro, 21 juin 1525.
300 E. de Crouy-Chanel, Canons médiévaux, puissance…, op. cit., p. 31-32.
301 ACA, CC 127, fo 89ro-vo, mandement du 28 et quittance du 29 juin 1525.
302 Alain Salamagne, « Les fonctions militaires des châteaux en Hainaut du XIIIe au début du XVIe siècle » dans Châteaux et chevaliers en Hainaut au Moyen Âge, Bruxelles, 1995, p. 45-57.
303 ACA, CC 91, fo 14ro : Jean ForgetForget Jean, marchand d'Amboise ne fut réglé que le dernier jour de janvier 1470 (n. st.).
304 ACA, CC 85, fos 15vo-16ro, 18 août 1465.
305 ACA, CC 86, fo 17vo. Alain Salamagne, « À propos de l’adaptation de la fortification à l’artillerie vers les années 1400 : quelques remarques sur les problèmes de vocabulaire, de typologie et de méthode », La revue du nord, tome LXXV, no 303, octobre-novembre 1993, p. 809-846.
306 ACA, CC 191, (pièce non numérotée), mandement et quittance du 27 mai 1447.
307 ACA, CC 104, fo 36ro-vo.
308 ACA, BB 1, fo 34vo, 22 novembre 1467.
309 ACA, CC 198, pièce 74, 8 août 1485.
310 ACA, CC 197, pièce 8, 28 août 1481 : « Pour plusieurs chaliz, huys et fenestres qu’il fist faire en plusieurs maisons estant au gran chastel dudit Amboise esquels estoient logez Hervé Duquenelle cappitaine des deux cens archier francs du roy nostre sire et ses gens dernierement qui furent audit chastel pour la garde de monseigneur le daulphin ».
311 BnF, ms. NAF 7644, fos 14-19, publié dans J. Vatout, Souvenirs historiques…, op. cit., vol. 2, p. 396-401 ; 27 août 1494 : « Premièrement, du nombre de cent escossoys dont a la charge Godebert Carve, en charge des cent écossais gardant Amboise en l’absence du roi, en logera partie telle qu’il verra estre à faire és tours et portaulx du chastel d’Amboise pour la garde d’icellui, par l’advis et conseil de messeigneurs les gouverneurs de Thouraine : Guyot Pot, Bouchaige, Lasselleguenant, Boisy, et Jean Guérin. Plus en logera une autre partie es portaulx de la ville d’Amboise, telle qu’il sera advisé estre requis, tant à la porte du pont, à la porte de Chaumont, que à celle qui vient devers Tours et à celle de Montrichart. […] Et s’ilz avoient besoing de plus grant renfort, les dessusdits se pourront ayder des nobles de Thouraine et des francs archers dudit pay, et aussi des nobles de Berry, pour la garde de la ville et chasteau, auxquelz le roy mande se tenir pretz en leurs maisons. »
312 ACA, CC 73, fo 3vo : « A Jamet Macquain, receveur de la ville d’Amboise, pour pouldre de canon, trait et autres abillement de guerre pour feu de ladicte garnison de ladicte ville pour la defense d’icelle et du commandement de la justice et des gens de ladicte ville, 71 ℓ. t. ».
313 ACA, CC 102, fo 15vo, 1er avril 1480.
314 Id.
315 Ibid., fo 16ro, 12 avril 1480.
316 Ibid., fo 16ro, 1480 : « Il a besongné a recombler une fosse pres le mur du Petit Fort pour dresser les halles ».
317 Ibid., fos 16vo-17ro, juin 1480 ; fo 18ro-vo, juin 1480 ; fo 27vo, juin 1480.
318 Ibid., fo 19vo, 12 août 1480 ; fo 21vo, 1481.
319 Ibid., fo 16.
320 Ibid., fo 18ro-vo.
321 ACA, CC 197, pièce 48. Et, fo 57, 10 octobre 1481. CC 198, pièce 9, 4 mai 1485.
322 ACA, CC 104, fo 23ro, 5 octobre 1482.
323 ACA, CC 199, pièce 34, 2 mai 1486.
324 J. Melet Samson, Le développement historique…, op. cit., p. 243. Citons celle du 1er juillet 1470 : « Oultre que on lui [le roi] demande chambre de grenier a sel en ceste ville pour ceste chastellenie et que la ville soit marchande dudit grenier. »
325 Id. Dans le compte de construction du château de 1495-1496, la liste des greniers à sel du royaume, comprend celui de « Montrichard et chambre à sel d’Amboise ». Finalement, Amboise dépendit toujours de Montrichard.
326 En 1494, pour la première fois la recette du sel apparaît dans les comptes de la ville : ACA, CC 109, fo 20vo.
327 ACA, CC 198, pièce 25, 16 août 1485.
328 ACA, CC 105, fo 13vo : « Au receveur de la recette ordinaire d’Amboise pour la place nouvellement prinse du roy ou de present est la maison de la ville en laquelle est le grenier a sel et aussi la maison Robert Goullet ».
329 Ibid., fo 18vo, 6 juin 1485.
330 Ibid., fo 22ro, 1er août 1485.
331 Bernard Chevalier, Les bonnes villes de France du XIVe au XVIe siècle, Paris, 1982, 346 p.
332 Éric Cron, La ville de Saumur…, op. cit., p. 74-76.
333 Bernard Chevalier, Tours ville royale : 1356-1520 : origine et développement d'une capitale à la fin du Moyen Âge, Chambrayles-Tours, 1983, p. 55-60.
334 Ibid., p. 311.
335 ACA, AA 130, fos 47-49, 1483.
336 L.-A. Bosseboeuf, Amboise, le château, la ville…, op. cit., p. 401.
337 Alfred Gabeau, Bulletin de la Société Archéologique de Touraine, tome XI, 1897-1898, p. 416-417.
338 ACA, CC 106, fo 41ro, 25 janvier 1488 (n. st.) : « A Henry Bonnecte, la somme de huit livres cinq solz tournois a luy deue pour le louaige de unze moys du grenier ou quel a esté le sel en la grant maison du Petit Fort, appartenant a monseigneur des Arpentiz, c’est assavoir depuis le feste Notre-Dame Chandelleur IIIIcIIIIxx six jusque a Noel IIIIcIIIIxx sept […] ».
339 J. Melet-Samson, Le développement historique…, op. cit., p. 243.
340 Service de l’Inventaire de la région Centre, à Orléans, dossier de pré-inventaire normalisé dressé par Christine Toulier en 1989.
341 ACA, CC 106, fo 6vo, 1487-1488.
342 ACA, BB 24, fo 4 (1716-1717), BB 30, fo 5 (1730), BB 33 à 35, fo 13 (1738-1739), BB 40, fos 17-18 (1751), BB 53, fo 18 (1770), BB 54, fo 124 (1774). Et DD 32 à 36 (1728-1777).
343 É. Cartier père, « Notice sur la mairie… », op. cit., p. 148-168.
344 ADIL, 3P2 003, section A, 2e partie, parcelle no 1614. Et ACA, Plan d’alignement no 10, dressé par Chasteigné, architecte de la ville d’Amboise, le 1er novembre 1834 à Saint-Denis-Hors.
345 BnF, Est. Va-37(1)-Fol, microfilm H125737, Vue du château d’Amboise, lithographie, XIXe siècle.
346 ACA, CC 106, fo 29vo, 19 septembre 1487.
347 Ibid., fo 19vo, avril et mai payé le 21 juin 1487.
348 Ibid., fo 17vo, mars 1487.
349 Ibid., fo 43ro, 1487.
350 Ibid., fo 32ro, dernier jour d’octobre 1487.
351 Ibid., fos 24vo-25ro, mai 1487.
352 Jean-Marie Guillouët a bien montré « la polyvalence des ymagiers de la fin du Moyen Âge qui peuvent, dans certains centres artistiques, exercer simultanément en tant que peintre et sculpteur ». « La sculpture en France (vers 1440-vers 1520) », dans L’art du Moyen Âge en France, Philippe Plagnieux (dir.), Paris, 2010, p. 471-497, et plus particulièrement p. 496.
353 Ibid., fos 30vo-31ro.
354 ACA, CC 107, fo 21vo, février 1490.
355 Ibid., fo 17vo.
356 Ibid., fo 18ro : « Pour la moitié des sieges faiz de meneuserie en la salle de la maison de ladite ville a doussiers darriere lesdits sieges garniz de marchepiez […], ung comptouer et ung banc a revers sur ledit comptouer, ung grant dressouer de salle, une table garnie de treteaux ».
357 ACA, CC 206, pièce 42, 14 janvier 1505.
358 ACA, CC 113, fo 39ro.
359 Comme le prouve les commandes de quartiers de pierre : ACA, CC 106-107.
360 ACA, CC 122, fo 38ro, 1506 : réparation de la couverture.
361 Salle où la confrérie Saint-Nicolas avait le droit de se rassembler.
362 ACA, CC 109, fo 31ro, 1494.
363 ACA, CC 110, fo 38ro, entre juin 1494 et janvier 1495 (n. st.).
364 Pierre Garrigou-Grandchamp, « L’architecture civile urbaine » dans Art et société en France au XVe siècle, Christiane Prigent (dir.), Paris, 1999, p. 59-80, et plus particulièrement p. 73.
365 ACA, CC 112, fo 31vo, juin 1497.
366 ACA, CC 113, fo 32ro, février 1498.
367 ACA, CC 107, fo 25ro.
368 ACA, CC 124, fo 44ro, septembre 1511.
369 Les latrines semblent emprunter un conduit ménagé dans le mur comme celui des cheminées. Au manoir de la Tousche (Nantes), les conduits de latrines sont installés dans les murs de refend : Nicolas Faucherre, « Nantes. Le manoir de la Tousche et l’hygiène au logis », Bulletin monumental, tome 168-II, 2010, p. 179-182.
370 ACA, CC 115, fo 13vo-14ro, mai-juin 1500.
371 ACA, CC 123, fo 56vo ; octobre 1508.
372 P. Garrigou-Grandchamp, « L’architecture civile urbaine », op. cit., p. 73.
373 ACA, CC 96, fo 11ro, 17 juillet 1473.
374 ACA, CC 109.
375 ACA, CC 109, fo 24vo : 14 avril au 27 mai 1494.
376 ACA, CC 109, fo 30ro, entre le 25 septembre 1494 et le 20 janvier 1495 (n. st.).
377 Ibid., fo 30vo.
378 ACA, CC 110, fo 21ro.
379 ACA, CC 96, fo 11ro.
380 ACA, 110, fos 26vo-27ro ; 1er juin-juillet 1495.
381 ACA, CC 110, fos 25ro-vo et 27ro ; 1er juin-juillet 1495.
382 ACA, CC 110, fo 27ro-vo, 23 juin 1495.
383 Id.
384 ACA, CC 110, fo 30ro, novembre et décembre 1494, payé en 1495.
385 ACA, CC 112, fo 25vo.
386 ACA, CC 110, fo 6ro.
387 ACA, CC CC 110, fo 27vo (achats en plusieurs fois).
388 Laure Delrue, Beffrois et hôtels de ville de la fin du Moyen Âge en Flandre française : les chantiers du pouvoir, thèse de l’École des chartes, 2001, 2 vol.
389 ACA, CC 93, fo 20vo ; juin 1471.
390 ACA, CC 110, fo 22vo.
391 ACA, CC 118, fo 29vo, novembre 1503.
392 ACA, CC 110, fo 22vo.
393 Ibid., fos 24vo-25ro, mars-avril 1494.
394 FSL, Compte 1495-1496, fo 119vo.
395 ACA, CC 110, fo 25ro-vo : Berthelin Crestien, Jean De Venes, Guyon De Guymené, Estienne Baudoyn, Mathurin Riviere.
396 Ibid., fo 26ro, juin 1495.
397 ACA, CC 110, fo 30vo, 10 juillet 1495.
398 Id., juillet et août 1495.
399 Id.
400 Ibid., fo 33vo, octobre 1495.
401 Ibid, fos 31ro-32ro.
402 Ibid, fo 35vo, juillet à septembre 1495 : « Sept milliers et demy de grosses bricques ».
403 Ibid, fo 36vo.
404 ACA, CC 111, fos 22-35.
405 ACA, CC 112, fos 23vo-24ro.
406 ACA, CC 115, fo 13ro, mai 1500.
407 ACA, CC 200, pièce 34, fo 1ro, entre février 1498 et janvier 1499 (n. st.).
408 Ibid, pièce 3, avril 1498.
409 Ibid, pièce 2, 28 mai 1498.
410 Ibid., pièce 4, avril-juin 1498.
411 Ibid., pièce 7, juillet 1498.
412 Ibid., pièce 8, juillet 1498.
413 Ibid., pièce 6, juillet 1498.
414 Ibid., pièce 32, fo 2vo, entre février 1498 et janvier 1499 (n. st.).
415 ACA, CC 116, fo 39ro, en novembre 1501, on paya 100 ℓ. t. Chripofle De Montdoré, venant d’Orléans, pour « la façon de la cloche de l’orloge et pour le metal ».
416 ACA, CC 118, fo 32vo, août 1503 : « Abiller le marteau de l’orloge qui estoit trop poinctu et gastoit la cloche […] ».
417 ACA, CC 110, fos 38vo-39ro, entre août 1495 et janvier 1496 (n. st.).
418 Ibid., fo 37vo, 1495.
419 ACA, CC 111, fo 27ro, juin 1496.
420 Ibid., fo 28vo, février 1496 (n. st.).
421 ACA, CC 110, fo 34ro-vo : « Six paneaulx de boys pour servir a faire les moules pour les maçons pour besoigner a ladite tour dont en y a quatre d’un pié de large et ung pié de long et deux de deux doies de large et de deux piez de long […] ».
422 Ibid., fo 38ro, entre juin 1495 et janvier 1496 (n. st.).
423 Ibid., fo 38vo, entre août 1495 et janvier 1496 (n. st.).
424 Ibid : les maçons : Mathurin Riviere, Estienne Baudoyn, Jean De Venes, Guyon De Guymené, Jean Bongars, Jean De Digane, Michau Content, Michau Vessiere, Michau Rousseau, Gillet Bonneau, Philipoin Roullet, grant Jean Girard, Estienne Perrier, et Estiene Barron. Les manœuvres : Yvon Peneglou, Anthoine Querart, Thomas Ciquault, Jean Mariau, Estienne Meslier, Jean Duboys.
425 ACA, CC 111, 1496 : les maçons : Mathurin Riviere, Mathurin Brenyn, Jean Bellot, Jean Chenet, Jean Trouzillon, Pierre Duboys, Berthran Lefevre, Macé Lefevre. Les manœuvres : Yvon Peneglou, Anthoine Querart, Jean D’Auvergne, Guillaume Duvert, Pierre Petit.
426 É. Hamon, Un chantier flamboyant…, op. cit., p. 290-300.
427 ACA, CC 205, pièce 69, 3 août 1504.
428 ACA, CC 91, fo 18vo, dernier jour de janvier 1469.
429 ACA, CC 93, fo 12ro, 1471.
430 ACA, CC 197, 1481.
431 ACA, CC 84, fo 16vo, 2 novembre 1464.
432 ACA, CC 85, fo 13vo, 22 mai 1465.
433 ACA, CC 75, fo 13vo, 3 août 1449.
434 ACA, CC 82, fo 10ro.
435 ACA, CC 93, fo 20ro, 28 décembre 1471.
436 ACA, CC 83, fo 14vo, 1463 : avec 325 « paulx », plus 14 autres « paulx » plus gros de 14 pieds de longs achetés pour le « bateys », on peut estimer, en considérant des pieux de 15 à 20 cm de diamètre tels que l’on en retrouve en fouilles archéologiques, espacés d’une vingtaine de centimètres car des planches complétèrent l’ouvrage, qu’ils couvrirent un périmètre de 75 à 100 m. Or 150 m sépare l’emplacement de la maison du sieur de Nazelles de celui de l’ancien pont.
437 ACA, CC 117, fo 30vo, entre Notre-Dame-Chandeleur et novembre 1502.
438 ACA, CC 96, fo 18vo, 2 décembre 1473. CC 191 (pièce non numérotée), dernière semaine de juin 1448. CC 93, fo 15vo, 9 novembre 1471. Ibid., fo 23vo, 18 janvier 1471. CC 103, fo 21ro, 11 octobre 1481.
439 ACA, CC 203, pièce 52, 1502.
440 ACA, CC 113, fo 39ro, entre 1494 et 1499 (n. st.).
441 ACA, CC 122, fo 1vo, 1507.
442 ACA, CC 104, fo 45vo, janvier 1482.
443 ACA, CC 96, fo 18, 2 décembre 1473.
444 ACA, CC 202, pièce 38, 20 octobre 1500 ; CC 115, fos 15vo-16ro, 1500.
445 Id.
446 ACA, CC 106, fo 29ro, 19 septembre 1487.
447 ACA, CC 101, fo 12ro, 21 mai 1479.
448 ACA, CC 203, pièce 6.
449 ACA, CC 107, fos 20vo-21ro, juillet-août 1489 : Jean Françoys, Gacian Fordebraz, Jean Sampon, Pierre Tatineau, Petit Jean De Bonnefoy, Gillet Dupont, André Collet, Hervé Ruau, Jean Gonnet, Pierre Tulane, Martin Françoys.
450 Ibid., fo 20ro.
451 Jean-Pierre Leguay, La rue au Moyen Âge, Rennes, 1984, p. 64-91.
452 ACA, CC 71, fo 3ro, dernier jour de mai 1421.
453 ACA, CC 82, fo 10ro.
454 Ibid., fo 11vo.
455 ACA, CC 97, fo 25, mars 1473.
456 ACA, CC 122, fo 33vo, novembre 1507.
457 ACA, CC 95, fo 9ro, 11 juin 1472.
458 Ibid., fo 11ro-vo, juillet 1472.
459 ACA, CC 108, fo 24ro : Jean Le Breton et Jean Barron, paveurs.
460 ACA, CC 113, fos 30vo et 38vo, en 1498.
461 ACA, CC 111, fo 22ro.
462 ACA, CC 110, fo 25vo, octobre-novembre 1495.
463 ACA, CC 119, fos 30vo-30bisro : Mathurin Poupault, Heliot Griffier, Macé Guerineau, Jean Cartin, Philipoin Pacton, Macé Cochon, Martin Michel, Jean Quantin, Martin Le Sellier, Jean Desouches, Jean De Berry, tous manœuvres.
464 Ibid., fos 25ro, 30vo et 30bisro.
465 Ibid., fo 33ro, février 1503.
466 ACA, CC 104, fo 45vo, janvier 1482.
467 ACA, CC 75, fos 19vo-20ro, 29 novembre 1449. Et fo 20vo.
468 Ibid, fos 20vo et 22vo.
469 ACA, BB 1, fo 61vo, 25 juin 1475 : « Yvon de Carminien, escuier pannectier de la royne qui estoit, qu’on lui permist et souffre faire maisonnage sur une allee ou ruelle de la ville entre sa maison et celle de Jean Chereau et qu’il n’y mectroit chose qui portast preiudice au cours de l’eaue qui descend de la grant rue en la Masse, ne aussi a monter sur les murs de la ville […]. Ledit pannectier ainsi qu’il a dit et advisé pourra faire maisonner sur ladicte ruelle ou allee et y faire garde robe ou ce que bon lui semblera, a l’estage de unze piez de haulteur pourveu, qu’il n’empeschera la montee a aller sur lesdits murs ne aprouchera ses euvres pres les murs de ladicte ville en maniere qu’il empeche ladicte montee. Aussi ne fera clousture ou dessoubz, ne en ladicte ruelle, ne chose qui empesche les agoutz ne allee de ladicte ville et le tout sans prendre des droiz de ladicte ville et de faire en temps et lieu quant le temps le requiera abatre ou faire abatre l’ediffice qu’il fera sur ladicte allee si elle esttrouvee nuysible ou preiudiciable a ladicte ville. »
470 ACA, CC 97, fos 20vo 22ro, 29 décembre 1474.
471 ACA, CC 108, fo 32ro-vo, février 1491 (n. st.).
472 ACA, CC 108, fo 32ro-vo.
473 ACA, CC 119, fo 19ro-vo, 1503-1504 : « Pour le louaige d’une place vague et alee pour aller par dessoubz la maison Estienne De Sanliz, queux du roi sur les murs de ladite ville, fait clorre puis nagueres par ladite ville pour obvier aux imondicitez que l’on gectoit en ladicte place ».
474 J.-P. Leguay, La rue au Moyen Âge, op. cit., p. 82-83.
475 ACA, CC 85, fo 16ro, 18 août 1465.
476 ACA, BB 1, fo 16vo, délibérations du 5 mai 1465.
477 Ibid., fo 17ro.
478 ACA, CC 108, fo 36ro, octobre 1490.
479 ACA, CC 205, pièce 67, avril 1504.
480 ACA, CC 106, fo 25ro, le 28 août 1487.
481 J.-P. Leguay, L’eau dans la ville…, op. cit., p. 260.
482 Id.
483 ACA, CC 113, fo 6vo, 22 février 1498 (n. st.).
484 Ibid., fo 7ro, 22 juin 1498.
485 ACA, CC 110, fo 35ro, 1er octobre-31 janvier 1495.
486 ACA, CC 87, fos 12vo-13ro, 18 août 1467.
487 ACA, CC 108, fo 38ro, février 1491 (n. st.).
488 J.-P. Leguay, L’eau dans la ville…., op. cit., p. 177.
489 ACA, CC 93, fo 12ro, juillet 1471.
490 ACA, CC 94, fo 6vo, 24 mai 1471.
491 Ibid., fo 6vo, juin 1471.
492 Ibid., fo 7ro, juin 1471.
493 ACA, CC 96, fo 17vo, septembre 1473.
494 ACA, CC 100, fo 1vo, janvier 1477 ; et CC 106, fo 34ro, janvier 1487.
495 Danièle Alexandre-Bidon, « Archéo-iconographie du puits au Moyen Âge (XIIe-XVe siècle) », dans les Mélanges de l’École française de Rome, Moyen Âge, tome CIV-2, 1992, p. 519-543.
496 ACA, CC 93, fo 9vo, mars 1470. Et fo 11ro, 28 juin 1471.
497 ACA, CC 94, fos 7vo-8ro.
498 ACA, CC 116, fo 32ro.
499 J.-P. Leguay, L’eau dans la ville…, op. cit., p. 204.
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