Chapitre 4. Le château de Louis XI
p. 69-93
Texte intégral
1 Les travaux de Louis XI semblent être initiés autour de 1463, date à laquelle les archives de la ville commencent à en rendre compte, et s’être poursuivis jusqu’à la mort du roi. Tout en conservant la forteresse des Amboise, le chantier commence par la démolition de bâtiments, sans doute trop vétustes, ou du moins inadaptés à la vie des souverains, la transformation de la fonction résidentielle et le renforcement de la défense (fig. 25 CC). Entre 1463 et 1468, le chantier se déplace entre « la douve d’entre la ville et le Petit Fort » et « la rue de la porte Heurtault », c’est-à-dire entre le flanc nord du rempart – qui surplombe le quartier nommé Petit Fort – et le flanc sud. Louis XI fait ainsi construire la tour Garçonnet située à l’angle nord-ouest de la forteresse puis, le long du rempart sud, un logis et la chapelle du Saint-Sépulcre (fig. 2 et 26 CC). À l’aplomb du rempart ouest, prenaient vraisemblablement place les cuisines et, au nord, la plate-forme et sa galerie ayant vue sur la Loire. Dans le même temps, le roi fait compléter le système défensif, notamment par l’ajout de ponts-levis dans la rampe d’accès, et par la construction de la porte des Lions, alors désignée comme « poterne ».
2Louis XI et Charlotte de Savoie s’installèrent à Amboise, d’abord épisodiquement vers 1463, puis de manière plus fréquente pour le roi jusque vers 1471 et de façon continue pour la reine jusqu’à sa mort en 1483. Les biographies qui leur ont été consacrées n’ont jamais réussi à éclaircir la réalité quotidienne de leur vie1. Entre 1461 et 1483, les journées de présence du roi à Amboise recensées d’après sa correspondance et les diverses pièces comptables sont très variables, mais beaucoup plus nombreuses entre 1468 et 1473, l’année 1470 enregistrant 143 journées2.
3Dans les années 1460, la France sortait de la guerre de Cent Ans ; les institutions et le cérémonial en usage sous Charles V avaient été bouleversés par cette guerre qui obligea Charles VII à quitter Paris pour ses provinces ligériennes. À l’issue du conflit franco-anglais, il incombait à Louis XI de renouer avec le faste de la cour de France mais le roi demeura peu sensible à ces obligations. À travers Amboise, qui fut l’une de ses principales réalisations, transparaît cette distance que le roi conserva toujours vis-à-vis de la vie de cour.
LES ÉLÉMENTS CONSERVÉS
4Connaître le déroulement d’un chantier aussi démesuré que celui du château d’Amboise de Louis XI constituerait une avancée incontestable dans l’histoire de l’architecture castrale de la fin du Moyen Âge. L’ampleur des démolitions et les multiples restaurations des rares vestiges compliquent l’analyse qui ne peut s’exercer que sur les deux bâtiments encore debout : la porte des Lions et la tour Garçonnet.
La porte des Lions
5La porte des champs, dite des Lions (fig. 56), était l’un des deux accès au promontoire lorsque Louis XI hérita la place. La photographie a largement été utilisée avant la campagne de restauration menée en 2002 et l’on constate qu’un grand nombre de pierres d’origine a été conservé3.
6Au nord de la porte, la tour pentagonale dite « tour ruinée » sur le plan de 1708 et datant probablement du XIIIe siècle fut intégrée dans le dernier tiers du XVe siècle au nouveau système défensif (fig. 39 ; fig. 17 CC). La porte des Lions fut donc insérée dans le rempart oriental du château, qui cependant ne présente plus tout à fait son aspect du XVe siècle. Le mur méridional a entièrement été repris au XVIIe siècle lors de la construction de la demi-lune, comme en témoigne le cordon mouluré en tore qui court au niveau supérieur du mur et son alignement parfait avec le flanc sud de la même demi-lune. Au nord, contre « la tour ruinée », est collé le rempart au tracé en crémaillère dont les différents décrochements sont parfaitement chaînés les uns aux autres. Un arrachement visible sur le rempart correspond à l’emplacement d’une batterie qui ne peut guère prendre en enfilade la face nord de la demi-lune ce qui prouve son antériorité4. Elle devait être alignée sur la face nord d’un ouvrage avancé antérieur. Il y a donc tout lieu de croire que Louis XI fit élever cette courtine en crémaillère qui fonctionnait avec l’ouvrage avancé primitif. Pour renforcer le système défensif de la « tour ruinée » devenu obsolète, on éleva devant la porte un tambour. Aujourd’hui il n’en demeure que les arrachements, mais c’est bien ce que représente Jacques Androuet du Cerceau sur ses Vues dessinées et gravées (1579) et Léonard de Vinci sur son esquisse (v. 1516 ; fig. 57 et 58 ; fig. 9 et 11 CC), ce que confirme par ailleurs une description de 17755.
Fig. 56 > Emplacement de la porte des Lions [© L. Gaugain].
Fig. 57 > Vue du château d’Amboise depuis le clos-Lucé, Léonard de Vinci (vers 1517) [reproduit dans J.-P. Babelon, Le château d’Amboise, op. cit., p. 116].
Fig. 58 > Vue du costé de la rivière de Loire, Jacques Androuet du Cerceau, détail de la basse-cour (1560-1570) [reproduit dans F. Bourbon et C. Mignot, Jacques Androuet du Cerceau…, op. cit., p. 151].
7Les ponts-levis – charretier et piéton − à flèches de cette porte ne sauraient être antérieurs au début du XVe siècle. Le profil très austère des consoles de mâchicoulis s’explique par la présence du tambour qui les masquait. Un système de tambour comparable, postérieur à 1479 et antérieur à la mort de Louis XI en 1483, se retrouve à la porte vers la ville de Dijon6.
8Les comptes de la ville rapportent la réfection du chemin menant de la poterne du chastel (actuelle porte des Lions) au Clos Lucé, en 1482, et l’on peut supposer que ces travaux font immédiatement suite à ceux de la porte7. Bien que l’on pourrait en effet supposer que les principaux travaux de fortifications de Louis XI – s’étant déroulés dans la première décennie de son règne conjointement aux travaux résidentiels – concernaient également la porte des champs, ce qui la daterait de la décennie 1460, une quittance de 1481 remet en question cette supposition : elle mentionne la très importante « somme de trois cens livres qu’il a mise et emploiee aux pillers de pierre et pont de ladite poterne […] en ceste presente annee8 ». La porte avec ses ponts et tambour daterait donc de 1481.
Fig. 59 > Emplacement de la tour Garçonnet [© L. Gaugain].
Fig. 60 > Vue de la tour Garçonnet depuis la rue de la Concorde [© Région Centre, Inventaire général, M. Hermanovicsz].
Fig. 61 > Vue du sommet de la grande vis de la tour Garçonnet avec sa crevée, et dans le mur de cage, l'une des trois encoches [© L. Gaugain].
La tour Garçonnet
9La tour Garçonnet (fig. 59 ; fig. 31 CC) reste le principal bâtiment encore observable pour approcher le chantier de Louis XI, mais mal documenté sinon par les comptes de la ville qui rapportent le déblaiement des terres provenant des fondations de la tour en décembre 14649 (fig. 60).
10En temps de paix et dans la vie quotidienne, accéder à la porte des Lions, lorsque l’on se trouvait en ville, signifiait concrètement faire un détour de près de 3 km en passant par le bord de Loire et Malvau, et d’un peu moins de 2 km en prenant l’ancienne rue de la porte Heurtault jusqu’au Clos-Lucé puis en revenant vers la porte (fig. 5 CC). La solution apportée à ce problème d’accès fut la construction de la tour Garçonnet, élevée entre 1464 et 1468, date à laquelle elle est qualifiée de « tour nefve10 », soit peu après l’avènement de Louis XI. Elle fut arasée après 1579, année où Jacques Androuet du Cerceau la représente dans son intégrité11 (fig. 54 et 55), et avant 1620-1630, date à laquelle elle est qualifiée de « tour rasée12 ». Dans son état d’origine, la tour possédait, en effet, deux niveaux supplémentaires. Entre 1892 et 1896, elle fut étudiée par Gabriel Ruprich-Robert en vue de restaurations13 (fig. 31).
11Construction circulaire de 10 m de diamètre sur 26 m de haut, accolée au promontoire rocheux, et contre laquelle descend au nord, sur le tiers supérieur de sa hauteur, un conduit de latrines, la tour est renforcée à sa naissance et sur 2,50 m par un fort talus. La construction allie la pierre de taille de tuffeau et la brique. Les restaurations des parements extérieurs interdisent toute analyse mais, à l’intérieur, il demeure quelques vestiges ténus (fig. 61). L’appareil brique et pierre, qui apparaît aujourd’hui dénué de tout souci esthétique – résultat des modifications dont la tour fut l’objet au XVIIe siècle – présentait au contraire une mise en œuvre soignée. La pierre de taille de tuffeau est réservée aux encadrements des baies et aux cheminées, et la brique utilisée pour les parements des cages d’escaliers et les voûtes. Outre le goût bien connu de Louis XI pour la brique qui lui vint sans doute de ses séjours à la cour de Charles le Téméraire14, une telle mise en œuvre présente en effet des avantages non négligeables : premièrement, les briqueteries sont nombreuses autour d’Amboise et le transport par eau n’augmente pas réellement le prix de revient du matériau15. Deuxièmement, les briques sont employées pour les parements incurvés telles que les vis et la coupole de la chambre, ce qui évite une taille délicate et lente de la pierre, qui pèse sur le coût de l’ouvrage.
12Les fentes et les ouvertures de tir, réparties dans les deux tiers inférieurs de la tour, correspondent à l’emplacement d’une grande vis (2,50 m de large) à noyau circulaire (1 m de diamètre) et aux murs épais de 2 m. Le tiers supérieur était occupé par deux pièces habitables. Couverte d’une voûte annulaire, la grande vis possède de longues marches − de 0,80 m pour 0,15 m −, qui montent, avec une faible pente (19,5 degrés) (fig. 61), depuis la porte d’accès (2,20 x 1,10 m), percée rue de la Concorde dans la ville, jusqu’à une porte ouvrant sur une petite vis (0,70 m de large). La petite vis dessert une ancienne cave réhabilitée, actuellement appelée « salle des Lys », surmontée de deux pièces sommitales superposées. De plan circulaire et éclairée de trois fenêtres-canonnières, la première pièce est couverte d’une coupole, dotée d’une cheminée et pourvue de latrines (fig. 62 et 63). La seconde, couverte d’un plafond abaissé à 1,60 m du sol, prend place sous la terrasse de la tour : de plan pentagonal, elle conserve les vestiges d’une cheminée, d’ouvertures et d’un accès aux latrines. Enfin, le départ d’un troisième conduit de latrines atteste la présence d’un niveau sommital à présent disparu.
Fig. 62 > Planche de relevés de la tour Garçonnet par Ruprich-Robert, plan de la salle sous coupole avant restauration, figure 3 (1892) [© Région Centre, Inventaire général, M. Hermanovicsz].
Fig. 63 > Planche de relevés de la tour Garçonnet par Ruprich-Robert, projet de restauration de la salle sous coupole, figure 10 (1892) [©Région Centre, Inventaire général, M. Hermanovicsz].
13Actuellement, les niveaux des marches palières de la grande vis correspondent mal avec les niveaux de sol des ébrasements des ouvertures de tir qui ont été abaissés ; en outre, les jours sont disposés de manière aberrante de telle sorte qu’ils n’assurent plus leur fonction d’éclairage. Sur le mur de la cage d’escalier, apparaissent aujourd’hui trois encoches réparties régulièrement (fig. 61). Aucun document ne précise l’origine de ces encoches mais notre relevé en développé du mur de la cage permet de montrer que lors de sa restauration, Ruprich-Robert a restitué les angles de la cage originelle de plan carré (4,30 m de côté). Des transformations, qu’il qualifie de « modernes » sur ses planches, avaient donc arrondi le plan primitivement carré de la cage en bûchant ainsi la maçonnerie du noyau et du mur de la cage pour élargir le passage (fig. 64). Notre relevé permet également de vérifier qu’en supprimant une révolution, on restitue la pente d’origine de la vis à 28 degrés, les marches correspondant ainsi aux niveaux de palier originels des ébrasements des ouvertures de tir (fig. 65). Par ailleurs, dans ces ébrasements se trouvent d’anciennes feuillures marquant les emplacements des volets qui séparaient les ouvertures de la cage de plan carré16.
14Si le passage fut élargi et la pente de la vis réduite, on peut supposer que ce fut pour faciliter l’ascension de chargements volumineux. De fait, il y a tout lieu de croire que la « crevée » apparaissant encore aujourd’hui dans le sol qui sépare la grande vis de la salle sous coupole est contemporaine de cette adaptation grossière que l’on fit de l’ouvrage sous Louis XIII et n’est pas due à une dégradation des maçonneries (fig. 61). Tout en condamnant la petite vis, on conservait ainsi l’accès à la salle sous coupole, qui constituait un lieu de stockage, et l’on relia cette dernière à la salle des lys par un escalier droit passant à travers la cage de l’ancienne petite vis et le conduit de latrines (fig. 62 et 63). En somme, Gabriel Ruprich-Robert a pris le parti de restituer un état qui n’a jamais existé où la grande vis conserve son plan circulaire et sa percée communiquant avec la salle sous coupole tout en débouchant sur une petite vis étroite qui dessert les niveaux supérieurs remaniés.
15À l’étage, la pièce de plan pentagonal aux dimensions réduites devait être dévolue aux gardes (fig. 66). Au nord-est, un couloir desservant la pièce menait vers le chemin de ronde qui longeait le flanc septentrional du promontoire. Les deux ouvrages devaient partager le même bloc de latrines, ce qui expliquerait les dimensions imposantes de celui-ci. Les murs minces (30 cm), en retrait du nu du mur extérieur de la tour, étaient ceints d’un chemin de ronde (1,50 à 2 m de large) sur mâchicoulis aujourd’hui disparus. Les premiers relevés de l’architecte, tout comme les clichés photographiques, présentent le profil des consoles à trois quarts de rond superposés, reliées entre elles par des arcs en plein cintre17 (fig. 32 CC).
16On ne connaît rien de la pièce sommitale dont la présence est attestée par le troisième conduit de latrines et qui, se superposant à la pièce pentagonale, devait présenter un plan et un équipement similaires (fig. 66). On y accédait par la petite vis qui permettait la communication avec le chemin de ronde. Cette pièce constituait donc une sorte de guette.
17On a supposé que la tour Garçonnet constituait le prototype des tours cavalières18, des Minimes et Heurtault construites par Charles VIII. Nous pensons au contraire que le grand escalier devint une rampe d’artillerie lors du dérasement de la tour dans les années 1620. Il s’agirait donc d’une fortification commandée par Louis XIII, contemporaine de l’édification de la demi-lune orientale. La tour Garçonnet aurait ainsi perdu sa fonction de tour d’escalier pour devenir une tour d’artillerie, sur la terrasse de laquelle il était désormais possible de disposer des pièces de gros calibre.
18Louis XI avait donc fait construire une imposante « tour-poterne19 ». Le terme paraît paradoxal au vu de la monumentalité de l’ouvrage, mais il semble bien que le roi se soit ménagé un accès relativement discret, avec sa petite porte ouvrant dans l’ancienne rue « Blesienne » (rue de la Concorde) et sa grande vis indiscernable depuis l’extérieur. Par ailleurs, dans son état primitif, la disposition de la grande vis piétonne de plan carré, relayée par la petite vis circulaire, est étrange et l’on peut se demander pourquoi la vis carrée ne fut pas continuée jusqu’au niveau du promontoire. En réalité, en bâtissant la salle sous coupole sur la grande vis, on disposait d’un niveau défensif supplémentaire en mesure de prendre sous ses feux les approches du château, ce qui, renforçant encore d’avantage l’apparence défensive de la tour, masquait d’autant la présence de la vis. Cet accès interroge directement sur les rapports entretenus entre la ville et le château (fig. 1 CC). La tour Garçonnet était édifiée au Petit Fort, lieu stratégique faisant office d’espace tampon entre la ville et le pont. Ce fut là qu’en 1475, Louis XI demanda à Maillé qui avait la garde du dauphin de faire installer les gentilshommes de Touraine. Les archives de la ville témoignent d’une garde-porte au Petit Fort qui leur était affectée20. Si la construction de la tour Garçonnet de dix ans antérieure ne put être motivée par cet aménagement, on peut toutefois supposer que l’ouvrage servait d’accès à ces hommes d’armes pour monter au château, ce qui explique sans doute l’autographe de Jacques de Saint-Benoît, seigneur de Brétigny, conseiller et chambellan de Louis XI, gouverneur d’Arras, mort avant 148521.
Fig. 64 > Relevé de la première archère-canonnière de la tour Garçonnet [© L. Gaugain].
Fig. 65 > Relevé en développé du mur en cage de la grande vis avec restitution de l’ancienne pente [© L. Gaugain].
19Les ouvertures de tir de la tour Garçonnet constituent un ensemble homogène et complémentaire. En 1892, dans la salle sous coupole, Gabriel Ruprich-Robert prévoyait de remplacer les baies existantes par des archères et de supprimer les encoches pour les barres de blocage des joues des ébrasements, les jugeant « modernes ». Pourtant, si l’on considère la position de la tour face à la Loire à quelques dizaines de mètres de la tête de pont (fig. 6 CC), l’état avant restauration que présentent les clichés anciens et le plan circulaire de la pièce sous coupole (fig. 62), il y a tout lieu de croire que le niveau sous coupole était bien pourvu de fenêtres-canonnières avec des niches anti-recul pour des barres de calage. L’architecte a dû prendre pour modèle les ouvertures authentiques de la grande vis qui ne présentent en effet aucun système anti-recul (fig. 64 et 67). Mais tandis que celles-ci avaient été conçues pour des armes sur affût, les ouvertures de la salle sous coupole le furent pour des veuglaires, armes de gros calibre nécessitant d’être enchâssées et posées au sol. Le relevé de Ruprich-Robert montre des bouches de 30 cm de diamètre dont la barre de recul se situait à environ 1,50 m (fig. 62). La largeur (90 cm) et la profondeur des niches de calage (50 cm) prouvent bien qu’il s’agissait de retraits destinés aux servants. Ces retraits étaient d’autant plus utiles que les louches étaient surmontées de fenêtres exposant encore d’avantage les servants aux tirs ennemis. On retrouve des exemples d’ouvertures et de dispositifs de calage similaires dans l’architecture bretonne. Les ouvertures de tir situées dans la grande vis de plan carré appellent les mêmes comparaisons (fig. 64). Les joues des ébrasements dépourvues de système contrôlant le recul de l’arme, la base de la louche (30 cm) à 70 cm du niveau du sol d’origine et la fente de 90 cm de haut assez large (16 cm) sont autant de caractéristiques qui permettent de les rapprocher de celles de la tour Solidor à Saint-Servan par exemple22. Ces embrasures, parfaitement adaptées aux tirs des armes à feu et très bien datées (peu après 1466), constituent des jalons essentiels pour l’histoire de la fortification.
Fig. 66 > Planche de relevés de la tour Garçonnet par Ruprich-Robert, plan du niveau sommital, figure 4 (1892) [© Région Centre, Inventaire général, M. Hermanovicsz].
Fig. 67 > Vue de la seconde archère-canonnière de la grande vis de la tour Garçonnet [© L. Gaugain].
LES PARTIES DISPARUES
20Le château disparu de Louis XI peut être approché grâce à la correspondance du roi et aux comptes qui renseignent sur les secteurs de la ville où tombent les déblais, ou « terriers », provenant du château, hormis le front occidental.
21Dès août 1463, les comptes font état de déblaiements de « terriers » non localisés23 et une lettre de Louis XI à Jean Bourré, datée du 25 mai de la même année, indique que « messire Pierre Artault […] ne peut pas bien estre payé de Briçonnet de ce qu’il lui a esté assigné pour les euvres d’Amboise24 ». Le 21 décembre 1464, les gens de la ville se chargent d’« abesser les terriers du pié de la tour du chasteau qui estoient yssuz dudit chasteau du derompement des bastimens dudit chasteau le jour que le roy vint derrenierement oudit chasteau qui a esté en es moys de decembre25 ». Une des tours du château est prise comme point de repère, pourtant la tour Garçonnet n’est pas encore bâtie. Deux explications sont alors possibles : soit il est question de l’hypothétique tour antérieure à la tour Garçonnet (1466), soit il s’agit de la tour Pleine, supposition la plus vraisemblable. En effet, en mars et avril 1465 (n. st.)26, on déblaye des « terriers » au Petit Fort. De 1466 à 146827, les déblais sont encore jetés, selon les mentions, « au Petit Fort », dans « la douve du Petit Fort » ou « au pié de la tour neufve », qui ne peut être que la tour Garçonnet. Outre « les terriers » relatifs à la construction de la tour Garçonnet, « il y en a[vait] d’autres en la rue de la porte Heurtault28 » − qui ne peuvent se rapporter qu’à la tour Pleine, la rue de la porte Heurtault s’étendant le long du rempart sud (fig. 2 CC).
22Parallèlement à la construction de la tour Garçonnet, le roi fait édifier un logis. Dans une lettre du 27 août 1467, Louis XI parle d’une « petite maison » en cours de transformation29. Nous considérons qu’il s’agit du logis sud, situé côté ville, à l’est de la tour Pleine (fig. 68 ; fig. 2 CC) et que c’est là que se déroula le 5 mai 1465 la réunion du conseil de ville et non, comme cela a pu être écrit, dans le logis ouest abritant selon nous les cuisines30 (fig. 69), qui ne pouvait admettre une salle à l’étage31 – nous y reviendrons. Le logis de Louis XI devait donc s’étendre dans son état primitif jusqu’à la chapelle pour atteindre une emprise au sol de 28 m sur 10 et accueillir des logis (chambre et garde-robe) ainsi qu’une « grande chambre » faisant aussi office de salle32 (fig. 25 et 26 CC33). Les dimensions de la « petite maison » sont par ailleurs confirmées par les différentes sources iconographiques qui s’accordent à placer à l’aplomb de la chapelle le mur pignon oriental primitif du logis (fig. 70 et 71).
Fig. 68 > Emplacement du logis de Louis XI [© L. Gaugain].
Fig. 69 > Emplacement du logis de la tour Pleine [© L. Gaugain].
Fig. 70 >Troisième Vüe, Jacques Rigaud, détail du logis de Louis XI (vers 1730) [© L. Gaugain].
Fig. 71 > Vue du costé de la forest, Jacques Androuet du Cerceau, détail du logis de Louis XI (1560-1570) [reproduit dans F. Boudon et C. Mignot, Jacques Androuet du Cerceau…, op. cit., p. 157].
Fig. 72 > Plan, Jacques Androuet du Cerceau, détail du logis de Louis XI au niveau R (1560-1570) [reproduit dans F. Boudon et C. Mignot, Jacques Androuet du Cerceau…, op. cit., p. 153].
23Cette première construction, appelée « petite maison » en août 1467, aurait été agrandie dès 1468, en témoigne « le derompement du fondement du chastel [estant] en la rue de la porte Heurtault » qui correspond au creusement de nouvelles fondations34. Le plan dessiné de Jacques Androuet du Cerceau montre d’ailleurs, à l’ouest, dans l’épaisseur des murs du logis de Louis XI, des baies apparemment murées, comme si l’on avait doté a posteriori les façades de galeries et d’avant-corps (fig. 72). En 1470, une lettre de Louis XI mentionne « la grande maison pieça faicte », ce qui s’appliquerait donc à la petite maison agrandie jusqu’au droit de la tour des Barons35, soit la partie sud du logis de Louis XI36. Par ailleurs, une lettre de Jean Bourré à Louis XI, que l’on peut dater de 1471 ou 1472 (puisqu’il y est question du dauphin qui souffrait de troubles liés à la pousse de ses dents et qu’il était donc âgé de moins de 2 ans37), fait allusion à un « bastiment nouveau » qui pourrait être l’extension du logis de Louis XI vers l’est38. Cette extension aurait ainsi permis de pourvoir le château d’une salle, différant de la « grant chambre » du roi. De plus, elle pourrait répondre à des paiements opérés cette même année, pour des travaux non localisés au château d’Amboise39. Dans les années suivantes et jusqu’en 1474, des déblais provenant du château continuent à s’accumuler en moins grande quantité au Petit Fort40, « entre la ville et le Petit Fort41 » et « rue de la porte Heurtault42 » : ils pourraient être liés à la construction de la plate-forme ayant vue sur la Loire réalisée dans un second temps, car constituant un espace d’agrément (fig. 2, 9 et 33 CC).
La chapelle du Saint-Sépulcre
24En 1474, Étienne Leloup reçoit 100 ℓ. t. : « Pour convertir en l’edifice d’une chapelle que le roy faictfaire au chastel d’Amboise43. » Cette chapelle est l’ancienne chapelle du Saint-Sépulcre qui prenait place dans l’actuel soubassement de la chapelle Saint-Hubert (fig. 30, 73a et 73b). Il est admis que la chapelle Saint-Hubert a été édifiée avant 1493 puisqu’il semble être question de son ameublement cette année là44 Or, si Charles VIII attend l’année 1493 pour meubler le logis et la chapelle, c’est bien qu’il a déjà ordonné la construction de cette dernière à cette date et qu’il a en outre rénové certaines chambres45. Par ailleurs, dans les comptes de l’argenterie de Charlotte de Savoie qui incluent ses obsèques en décembre 1483, la chambre de la reine et la « chappelle du donjon du chastel dudit lieu d’Amboize » sont dûment mentionnées46. Puisqu’est précisé le transport du corps de la défunte reine de sa chambre vers la chapelle, il ne peut s’agir d’un simple oratoire privatif dans la chambre mais bien d’un autre bâtiment. Force est donc d’admettre que la chapelle du donjon évoquée en 1483 désigne celle du Saint-Sépulcre à laquelle on accédait par un escalier droit, depuis la chambre de la reine (fig. 25 et 17 CC). Les fondations creusées pour l’édification de la chapelle Saint-Hubert ont donc dû produire un volume de déblai d’autant plus limité.
25La chapelle du Saint-Sépulcre constitue donc le soubassement en croix latine de la chapelle Saint-Hubert (fig. 30). À l’extérieur, les restaurations ont été si radicales que les deux ouvrages semblent issus d’une même campagne. Le parement du soubassement présente un appareil de tuffeau normalisé typique des restaurations des XIXe et XXe siècles. La technique adoptée pour construire le chevet de la chapelle du Saint-Sépulcre en avant du promontoire est digne d’intérêt. Alors que l’ensemble des bâtiments prend appui sur le promontoire rocheux, les fondations de la chapelle reposent dans la ville. Le soubassement creux monte sur une hauteur de 20 m ; l’épaisseur des murs atteint en moyenne 1,50 m, dégageant un espace vide d’à peine 3 m de côté au centre. Le parement intérieur du noyau demeuré intact sur toute la hauteur de l’escalier livre une construction soignée en moyen appareil de tuffeau, dressé à la laye et assemblée au mortier de chaux. Cette technique de soubassement n’aurait pu soutenir le poids d’un édifice plus important. Si la chapelle du Saint-Sépulcre a disparu, son emplacement existe encore, au-dessus d’une vis de bois montant de fond, où les restaurations ont effacé toutes traces de la construction d’origine. Les restaurateurs ont reparementé sous la chapelle Saint-Hubert un espace en brique, sans doute d’après des vestiges significatifs.
Fig. 73a > Emplacement des chapelles [© L. Gaugain].
Fig. 73b > Vue de la chapelle Saint-Hubert [© Région Centre, Inventaire général, H. Bouvet].
Le logis de Louis XI : de la « petite » à la « grande » maison
26Situé le long du rempart sud, les plans anciens et les états des lieux présentent un bâtiment dans son état final de 10 m de large pour 50 de long construit sur trois niveaux : un rez-de-chaussée, un étage et des galetas (fig. 68, 70, 71 et 74 ; fig. 9, 11, 25 et 26 CC). Comme nous l’avons vu, le logis a été construit en deux campagnes : dans un premier temps, il ne mesurait que 28 m de long. Sa largeur était alors peut-être limitée à 7 m, comme pourrait l’indiquer la Vue du costé de la forêt dessinée de Jacques Androuet du Cerceau où des baies murées apparaissent dans les murs gouttereaux des pièces occidentales, comme si l’on avait élargi le logis par une galerie au nord et un avant-corps au sud (fig. 72).
27La distribution du logis de Louis XI n’est pas connue sous son règne ; les comptes de l’argenterie de Charlotte de Savoie lors des obsèques de la reine distinguent la chambre dans laquelle « trepassa ladicte dame » et la « grande chambre » où fut exposé son corps, avant son transport à la chapelle47. De même, l’Inventaire après décès distingue « la chambre de lad. Feue dame où elle trespassa » de sa « seconde chambre48 ». Mais ce sont là les seuls renseignements dont nous bénéficions sous Louis XI ; le compte d’ameublement de 1493-1494 en livre un état sous Charles VIII. La difficulté consiste donc à déterminer la distribution d’origine et par conséquent, à choisir une terminologie appropriée. D’après Jacques Androuet du Cerceau, le logis de Louis XI présentait une succession de quatre pièces de taille décroissante d’esten ouest, doublées en profondeur, au sud, de trois petites pièces (fig. 72). L’étude de textes datés des années 1450-1490 – tels que les comptes et inventaires des châteaux du roi René (surtout Angers), de Thouars, du Plessis-lès-Tours et de la famille Rolin49 – laisse entendre que le modèle du logis princier comporte au minimum trois pièces principales : « chambre de parement » ou « grande chambre » et « chambre du seigneur, […] ou couche le seigneur » ou « chambre de monseigneur » et garde-robe. Les annexes situées à proximité immédiate sont nommées « estude » et retrait. La grande salle et la salle du conseil ne se rencontrent que chez les princes de très haut rang ; seules les archives du roi René nous éclairent sur ce point. Il est donc hasardeux d’en déduire une règle. Cependant, à Angers, ces deux pièces se trouvaient assez éloignées du logis – édifié face aux jardins autour de 1450 –, car elles étaient sans doute héritées du château du XIIIe siècle. En ce qui concerne le logis de Madame, les textes sont plus rares. À Angers, l’épouse du roi René (Isabelle de Loraine [† 1453] puis Jeanne de Laval) ne semble disposer que de cinq pièces (« chambre de la reine », « chambre de retrait de la reine », « chambre de la garde-robe de la reine », « retrait de la garde-robe de la reine » et garde-robe) contre au moins treize pour René d’Anjou (« chambre du roi », « chambre de retrait », « chambre du haut-retrait », « chambre du petit retrait », « chambre de la garde-robe du roi », « premiere salette sur la garde-robe du roi », « étude », « comptoir » et « garde-robe du roi » ; « grande salle », « salle de parement » ou « grant chambre de parement », « chambre du conseil » et « grande salle basse du jeu de paume »), sans compter les chapelles, oratoires et étuves qui leur étaient peut-être communs. Notons que les termes « chambre » et « salle » semblent être employés assez indifféremment pour les pièces appartenant au logis mais dans lesquelles on peut recevoir ; ainsi parle-t-on de « chambre de parement » ou de « salle de parement » alors que la chambre où l’on dort est toujours désignée comme telle, de même que la salle, la grande salle ou la salle du conseil.
28Compte tenu de ce constat, la distribution du logis de Louis XI pourrait se définir ainsi. Les dispositions du rez-de-chaussée répondent à celles du premier étage, chaque niveau accueillant un logis : en partant de l’est, « grande chambre » (118 m2), chambre (60 m2) puis, garde-robe (45 m2). Le compte d’ameublement de 1493-1494 atteste que Charles VIII et Anne de Bretagne avaient hérité le logis de Louis XI50, le logis de la reine occupant le rez-de-chaussée et celui du roi le premier étage, distribution qui correspondait au modèle du Louvre de Charles V51.
29Au rez-de-chaussée, la « grande chambre » de la reine avait le privilège de communiquer par quelques marches avec la chapelle du Saint-Sépulcre. Le logis était desservi par une vis octogonale hors-œuvre, située côté cour, au centre du logis, au droit du mur de refend qui séparait la « grande chambre » de la chambre, et qui ouvrait à chaque niveau dans l’une comme dans l’autre. Un tambour de porte devait protéger cet accès52. En outre, les logis étaient isolés de la cour par des « galeries » chauffées ainsi que nous l’apprend le compte de 1493-1994 qui mentionne deux « contrefeux » pour les galeries hautes et basse du roi et de la reine (cf. p. 97 et 151) ; galeries sur lesquelles s’ouvraient les garde-robes. La vis octogonale commandait la distribution du logis.
Fig. 74 > Vue du costé de la riviere de Loire, Jacques Androuet du Cerceau, détail du logis de Louis XI (1560-1570) [reproduit dans F. Boudon et C. Mignot, Jacques Androuet du Cerceau…, op. cit., p. 151].
30Dans une salle, la cheminée placée à l’opposé de la porte d’entrée principale définit le haut-bout. Nous restituons, en concordance avec la Vue du costé de la rivière de Loire du Jacques Androuet du Cerceau (fig. 74 ; fig. 9 CC), une cheminée au revers du mur pignon oriental de la grande chambre et reconnaissons le haut-bout de la salle53. Reste à déterminer si cette salle existait au rez-de-chaussée et au 1er étage – nous allons y revenir. Enfin, deux petits retraits de 10 m2 maximum marquaient un décrochement dans la façade sud et se trouvaient accessibles depuis les chambres. On connaît mal la communication de la tour Pleine avec ces logis, mais il n’est pas interdit de penser que des études y avaient été aménagées à chaque niveau, à l’extrémité de la garde-robe. Par ailleurs, une petite vis enserrée à la jonction de la tour dite Pleine et du logis de Louis XI assurait la liaison verticale entre les pièces des extrémités les plus privées des appartements du roi et de la reine. Une liaison similaire des appartements royaux se retrouve à Loches54.
Fig. 75 > Plan du château d’Amboise en 1708, détail du logis de Louis XI au niveau R [© L. Gaugain].
31Comme nous l’avons vu, lors de la seconde campagne, le logis fut allongé de 15 à 20 m jusqu’au droit de la tour des Barons par une pièce supplémentaire à l’est des « grandes chambres ». Si l’on en croit la Vue du costé de la rivière de Loire, dessinée et gravée, des portiques durent prolonger les « galeries » dans le même temps (fig. 74 et 71 ; fig. 9 et 11 CC). Les sources textuelles et iconographiques sont cependant en désaccord pour l’élévation : les procès-verbaux de 1630 et 1761, les Plans, dessinés et gravés, de Jacques Androuet du Cerceau, les deux Vües de Jacques Rigaud ainsi que les plans de 1708 montrent que la partie orientale du logis, prise entre la chapelle et la tour des Barons, s’élevait sur deux niveaux et un galetas (fig. 70 à 76 ; fig. 9, 11, 15, 17, 18 et 19 CC). En revanche, la Vue du costé de la forest de Jacques Androuet du Cerceau présente à cet endroit un unique niveau éclairé par trois croisées surmontées de deux lucarnes de galetas. Il est alors tentant de confronter cette ordonnance à une mention plus tardive du compte de construction qui indique, à l’automne 1495, la remise en état des « victres des troys grans croissees estant en la sallee pres la chappelle du donjon dudit chastel55 ». Mais dans ce cas de figure, au 1er étage, le roi n’aurait pas eu d’accès direct à cette salle depuis sa « grande chambre ». Au contraire, s’il y avait bien deux niveaux sous le galetas, au 1er étage, la pièce se situait devant la « grande chambre » et son accès, depuis celle-ci, restait réservé au roi qui pouvait gagner au plus vite le haut-bout, puisque l’on avait dû adosser une cheminée au mur pignon oriental qui portait déjà au revers celle de la « grande chambre » (fig. 74). Ainsi que le mentionne le compte de 1495, nous pouvons voir dans cette pièce une salle ou une grande salle de 95 à 100 m2, commandée par la vis orientale accolée à la tour des Barons, qui présentait les mêmes dimensions que la vis occidentale (1,30 m de rayon interne). En mars 1491 (n. st.), est évoquée « la salle ou se tient ledit conseil56 ». À cette date Charles VIII habite encore le château hérité de son père, et l’on peut donc se demander si cette pièce n’a pas accueilli le conseil.
Fig. 76 > Plan du château d’Amboise en 1708, détail du logis de Louis XI au niveau R+I [© L. Gaugain].
Le logis ouest
32Ainsi que nous le voyons à travers l’étude du château de Louis XI, une nouvelle lecture des documents est possible ; mais il manque encore dans cette approche du château un certain nombre de dépendances pourtant essentielles à un ensemble castral telles que les cuisines. L’ensemble des sources confirme que le logis de Louis XI n’intégrait pas de cuisines, or les différents procès-verbaux indiquent un puits dans la cour du donjon, juste devant le bâtiment ouest57 (fig. 69 et 76 ; fig. 17 CC). Situer les cuisines entre la tour Garçonnet, qui offre également un parti résidentiel, et le logis de Louis XI paraît une hypothèse plausible d’autant que les procès-verbaux de 1630 – bien tardifs il est vrai − décrivent à cet emplacement des « fours et boulangeries58 ». Ils notent de plus leur couverture de tuiles et non d’ardoises, ce qui indique leur statut secondaire. Enfin, ce bâtiment est le seul à être déjà ruiné autour de 1630, ce qui pourrait signifier qu’il était peut-être antérieur au règne de Louis XI.
33Comme cette construction a disparu avant 1708, son plan n’est connu que par les dessins et gravures de Jacques Androuet du Cerceau. Le plan dessiné diffère du plan gravé, peut-être parce que le dessin représente le rez-de-chaussée et la gravure le premier étage (fig. 77 et 78 ; fig. 8 et 12 CC). Si tel est le cas, les cuisines auraient pris place sur le petit côté ouest du promontoire entre les tours Pleine et Garçonnet, dans les quatre pièces principales, dont deux équipées de cheminées au centre, commandées par un couloir − disposition que l’on retrouve dans les offices du logis des Sept Vertus et du nouveau logis de Charles VIII sur les jardins. Elles étaient desservies par les deux pièces triangulaires des extrémités, qui pourraient être des garde-manger.
Fig. 77 > Plan dessiné, Jacques Androuet du Cerceau, détail du logis de la tour Pleine au niveau R (1560-1570) [reproduit dans F. Boudon et C. Mignot, Jacques Androuet du Cerceau…, op. cit., p. 153 et 155].
Fig. 78 > Plan gravé, Jacques Androuet du Cerceau, détail du logis de la tour Pleine au niveau R+I (1579) [reproduit dans J.-P. Babelon, Le château d’Amboise, op. cit., p. 170].
34À l’étage, l’enfilade de trois pièces de taille décroissante pourrait correspondre à un logis composé d’une salle, d’une chambre et d’une garde-robe, précédé, côté cour, par un couloir jusqu’au droit de la plate-forme nord.
La plate-forme et le logis du Donjon
35La plate-forme (fig. 79), qui n’est représentée que par Jacques Androuet du Cerceau, semble être un espace d’agrément (fig. 80, 81 et 82 ; fig. 9 CC). Au rez-de-chaussée, une pièce de 25 m de long sur 6 à 8 m de large, couverte d’une terrasse et chauffée par une cheminée (fig. 80 ; fig. 9 CC), prenait place entre la tour Garçonnet et le logis du Donjon. En 1499, elle apparaît dans un fragment de compte sous les termes de « la gallerie a terrasse ou donjon dudit chastel59 ». Deux éléments étayent l’appartenance de la galerie et de sa plate-forme au château de Louis XI : d’une part, la forme prismatique des bases de jambages des baies arasées dans le rempart nord, bien différente de celle des constructions de Charles VIII (fig. 83 ; fig. 33 CC), d’autre part, une mention de mars 1491 (n. st.), donc du règne de Charles VIII mais avant ses grands travaux au château, où l’on lit « Item, pour une grant eschelle garnye de rollons platz, mise pres la grosse tour dudit chasteau pour monter d’icelle sur une terrasse, 35 s. t.60 ». À cette date, seule la tour Garçonnet peut être qualifiée de « grosse tour ».
36Le sol de la terrasse surplombait le niveau de la tour Garçonnet donnant sur la cour et les deux ouvrages devaient partager le même bloc de latrines61 (cf. p. 73). La galerie, encaissée dans le promontoire, communiquait avec le rez-de-chaussée du logis du Donjon qui appartenait sans doute au château seigneurial, et avait une fonction résidentielle si l’on en croit l’état des lieux du XVIIe siècle tout comme les Vues de Jacques Androuet du Cerceau (fig. 80, 81 et 82 ; fig. 8, 9 et 12 CC).
37Faisant office de chemin de ronde et de lieu de promenade, cette plate-forme exprime bien la dualité de chacune des parties du château d’Amboise. La terrasse témoigne de la volonté d’ouvrir l’édifice sur le paysage, que l’on constate dès la seconde moitié du XIVe siècle au Louvre de Charles V, et qu’illustrent les Très riches Heures du duc de Berry62. En somme, ce lieu répondait aux critères de la galerie mis en évidence par Jean Guillaume63 : un espace d’agrément, chauffé et lumineux qui assure à la fois la communication et la continuité des logis tout en demeurant un espace privé.
38Elle ne se situait toutefois pas à proximité immédiate du logis royal comme dans la plupart des cas ; mais le château d’Amboise est issu de campagnes successives qui ont absorbé, à chaque fois, des constructions antérieures.
Fig. 79 > Emplacement de la plate-forme et des logis nord [© L. Gaugain].
Fig. 80 > Vue du costé de la riviere de Loire, Jacques Androuet du Cerceau, détail du logis de la tour Pleine (1560-1570) [reproduit dans F. Boudon et C. Mignot, Jacques Androuet du Cerceau…, op. cit., p. 151].
Fig. 81 > Plan dessiné, Jacques Androuet du Cerceau, détail de la plate-forme et du logis du Donjon (1579) [reproduit dans F. Boudon et C. Mignot, Jacques Androuet du Cerceau…, op. cit., p. 153].
Fig. 82 > Plan gravé de Jacques Androuet du Cerceau, détail de la plateforme et du logis du Donjon (1579) [reproduit dans J.-P. Babelon, Le château d’Amboise, op. cit., p. 170].
Fig. 83 > Vue d’une des baies arasées sous l’ancienne plate-forme [© L. Gaugain].
Les logements des Enfants et du personnel des hôtels royaux
39De 1463 à 1483, Charlotte de Savoie et ses enfants demeurent continuellement à Amboise. L’inventaire après décès de la reine en décembre 1483 et son testament font état d’un hôtel de 134 personnes64 ; quant au roi qui n’habitait pas en permanence au château, son hôtel comptait dès le début du règne plus de 230 personnes65. Les enfants de France bénéficiaient eux aussi d’un hôtel, certes de moindre importance, mais qui venait gonfler le nombre de personnes résidant au château. Celui des gardes et des archers qui protégeaient l’héritier de la couronne n’était pas négligeable non plus. Une compilation tardive d’extraits de la chambre des comptes sous Louis XI décompte une vingtaine d’« hommes de guerre » en poste au château dans les années 1470 et de 200 en 148166.
40Où habitaient Anne de France, Jeanne de France, et le dauphin Charles ? Le nom de « pavillon du roy Charles » que le pavillon de Penthièvre reçoit dans l’état des lieux de 1630 a été interprété comme une preuve de la présence de la chambre du futur Charles VIII dans cette petite tour carrée des seigneurs d’Amboise (fig. 33 CC). En outre, le compte de construction de 1495-1496 précise que la chambre de « monseigneur le daulphin » − Charles-Orland − se tenait non loin du logis longeant le fossé67, ce qui peut correspondre au même emplacement.
41Certains privilégiés disposaient d’une chambre attitrée. On n’en connaît pas le nombre. Avant la naissance du dauphin, en 1470, il est seulement fait mention de travaux à la chambre de madame de Combronde68. À partir de 1470, ce nombre devait être très réduit car Jean Bourré avait pour ordre de ne laisser pénétrer personne au château69, ses propres serviteurs et ses parents ayant même du mal à le rencontrer70, comme le montre une lettre du beau-frère de Jean Bourré :
Mon frère, je me recommande bien fort à vous. Je suis aujourd’huy arrivé en ceste ville de Tours, et principalement pour parler a vous. Toutefois, j’ay sceu qu’il n’est possible d’avoir logis a Amboyse.71
42Le dauphin était donc particulièrement protégé à Amboise où, de fait, logeait la garde royale. De plus, nombre de pièces étaient réservées aux offices tels que l’échansonnerie, la taillerie, l’armurerie, l’artillerie, la fourrière ou la fauconnerie, dont on ne connaît pas la répartition dans le château ou la basse-cour72. Quant au personnel de la chapelle du roi, il était sans doute installé à proximité de l’église Saint-Florentin, à laquelle Louis XI fit de nombreuses offrandes73, et ne venait à la chapelle que pour les offices. Enfin, en mars 1468 (n. st.)74 l’achat de « quatre paillasses pour coucher lesdits officiers les nuitz quant ilz font guet et garde a l’entour » confirme que les officiers du guet étaient couchés à même le sol comme l’écrit au siècle suivant Sebastiano Serlio75.
Fig. 84 > Plan gravé, Jacques Androuet du Cerceau, détail du logis du Fossé au niveau R (1579) [reproduit dans J.-P. Babelon, Le château d’Amboise, op. cit., p. 170].
43Hance Harlebac apparaît à plusieurs reprises dans les comptes de l’argenterie de Louis XI puis dans ceux de Charles VIII. Alors qu’il commença sa carrière comme palefrenier des mules de Louis XI76, il la finit comme garde de Charles VIII ; en 1493, il reçut 6 florins pour ses étrennes en tant que « capitaine des galeries du chastel d’Amboise » et il laissa son nom à l’un des portiques longeant le fossé où le jeu de paume avait été installé77, rendu célèbre par Philippe de Commynes dans son récit de la mort accidentelle de Charles VIII :
Estant le roy en cette grande gloire, quant au monde, et en bon vouloir quant à Dieu, le septieme jour d’avril, l’an mil quatre cens quatre-vingt dix-huit, veille de Pasques flories, il partit de la chambre de la reine Anne de Bretagne, sa femme, et la mena avec luy, pour voir joüer à la paume ceux qui joüoient aux fossez du chasteau, où entrerent ensemble en une galerie, qu’on appelloit la galerie Haquelebac l’avoit euë autrefois en garde, et estoit le plus deshonneste lieu de leans : car tout le monde y pissoit, et estoit rompuë à l’entrée, s’y heurta le roy, du front, contre l’huys, combien qu’il fut bien petit, et puis regarda longtemps les joüeurs, et devisoit à tout le monde.78
44Le premier portier du château, Fouquet Hannart79, resta près de 30 ans en service. D’après le compte de construction80, il devait occuper le logis-porte du bâtiment de la herse et plus tard, au début du XVIe comme au XVIIe siècle, on retrouve toujours à cet emplacement le logement du concierge et le garde-meuble81 (fig. 84, 85 et 86 ; fig. 8, 9, 10, 11, 12 CC). Enfin, si nous avons peu de renseignements sur le logis longeant le fossé oriental du donjon, on peut penser qu’il devait exister sous Louis XI, car il clôt la cour et relie, à couvert par l’intermédiaire de portiques, le logis du roi à celui du dauphin. Soulignons avec prudence que sur les Vues de Jacques Androuet du Cerceau, l’ensemble des portiques et galeries du donjon, indispensables à la circulation, présentent un profil similaire.
Fig. 85 > Plan dessiné, Jacques Androuet du Cerceau, détail du logis du Fossé au niveau R+I (1560-1570) [reproduit dans F. Boudon et C. Mignot, Jacques Androuet du Cerceau…, op. cit., p. 153].
45L’achat, à la demande du roi, de 30 pippes de vin de Bordeaux, effectué par Pierre De Castello, pourrait donner une idée approximative du nombre de personnes nourries au château en 1473 car, en général, le vin qui ne se gardait pas était acheté tous les ans. L’acheminer était long et coûteux : il fut voituré par eau de Bordeaux à Marans et, « par terre », de Marans à Niort. Puis, des charretiers transportèrent le vin de Niort à Saint-Martin de Candes d’où il fut confié à des bateliers. Enfin, on mobilisa des charretiers et tonneliers d’Amboise pour charrier « lesdits vins du port au chasteau et iceulx en cavez82 ». Au total, 509 ℓ. 11 s. 8 d. t. furent dépensées dont 172 ℓ. t. pour le transport, soit près d’un tiers. La région de la Loire produisant du vin en grande quantité, cet achat révèle un goût particulier du roi ou de la reine pour le « vin du creu et territoire de Graves », plus particulièrement du « creu de la Faye Montsan » qui n’était pas la boisson commune du château. En considérant des pippes de 500 litres, la commande de vin revient à 15 000 litres. Ainsi au cours de cette année 1473, où le roi passe 46 jours à Amboise (cf. p. 286), 40 litres de vin de Bordeaux sont consommés en moyenne chaque jour au château ce qui n’est guère important.
Fig. 86 > Vue du costé de la riviere de Loire, Jacques Androuet du Cerceau, détail du logis du Fossé (1560-1570) [reproduit dans F. Boudon et C. Mignot, Jacques Androuet du Cerceau…, op. cit., p. 151].
46La passion de Louis XI pour la chasse se traduit aussi dans la qualification du personnel à son service ainsi que dans des constructions auxiliaires. Les mentions concernant « les gardes des oyseaulx d’Amboise » sont abondantes83. En 1470, Fouquet Hannart en reçoit la charge. Mais on rencontre aussi Gilles De Nefves, Matthieu Framery, fauconniers, ou Estienne Dormay, louvetier, et pléthore de sommes affectées aux chiens et lévriers du roi84, parmi lesquels on distingue les chiens de meute de ceux de la chambre du roi vivant avec lui. Nous ne savons où étaient gardés les chiens et les oiseaux. On peut supposer qu’un bâtiment leur avait été attribué dans la basse-cour ou le jardin, bien que nous n’ayons aucune information à cet égard. Les chiens pouvaient tout aussi bien être gardés chez l’habitant85.
LE DÉCOR
47Avant les années 1470, la documentation liée au décor reste indigente. Louis XI avait fait orner une chapelle de peintures, information rapportée par un Extrait d’un registre de la chambre des Comptes non daté mais sans doute rédigé vers 1469 : Pierre André reçut « 27 ℓ. t. 10 s. pour les images de saint Martin, saint Marc et saint François peintes d’or et d’azur et autres couleurs mises en la chapelle du chastel d’Amboise86 ». Il s’agit très probablement du peintre de Dunois à Châteaudun en 146987, à qui le roi commanda pour la chapelle du Plessis un grand retable pour le maître-autel et une Nativité de la Vierge88. La localisation des peintures demeure imprécise : s’agissait-il de la chapelle du Saint-Sépulcre89 ? Rien n’est moins sûr, car deux témoignages des XVIIe et XVIIIe siècles décrivent le décor de cette chapelle sans faire allusion à ces sujets. En 1642, le dessinateur Schellinks rapporte dans son journal :
On voit alors une représentation du Christ mort, couché dans une cavité. À ses pieds et à sa tête se tient un ange, tenant des instruments de la Passion. Il y a en outre quinze angelots et chérubins qui font une action différente de grande tristesse et de deuil ; d’une façon particulièrement réussie et frappante. Ils ont tous été sculptés dans un marbre blanc et peints. Au-dessus de cette imitation de la tombe, on voyait les portraits de Pilate et Hérode.90
48Quant au procès-verbal de 176191, il décrit, en concordance avec le témoignage précédent, « une petite chapelle lambrissée par les costé et hault et lequel lambris peint de figure de martirs et anges portant les attributs de la passion ». Peut-être Pierre André a-t-il décoré l’une des chapelles de Saint-Florentin car, en 1470, année suivant la fondation de l’ordre de Saint-Michel à Amboise (août 1469), la chapelle Saint-Michel de la collégiale reçoit un décor92. En février, le tabernacle accueillant la statue de l’archange est exécuté pour 13 s. 9 d. t., par Jean Aubeny, menuisier de Tours, qui vient pour :
Prendre la mesure et la longueur et largeur d’un tabernacle lequel le roy nostre seigneur a ordonné estre fait et icellui mis et assis dessus l’image de monseigneur saint Michel estant en une chapelle en l’eglise saint Florentin ou chastel d’Amboise.93
L’Inventaire après décès de Charlotte de Savoie
49L’Inventaire après décès de Charlotte de Savoie dressé en 1483 évoque le décor de son logis. Toutes les pièces énumérées dans l’inventaire semblent avoir été rangées dans treize coffres. À la fin du Moyen Âge, le coffre était encore le meuble de rangement presque unique et pouvait servir à des usages multiples.
50Le premier coffre contient des livres, alors même que la reine est installée depuis des années à Amboise et qu’elle voyage bien rarement. L’iconographie médiévale fournit pourtant des exemples de bibliothèque dressoir94, comprenant des étagères95, ou de roues à lire (fig. 87). Les ouvrages étaient-ils conservés dans une librairie ou une étude ? Ces pièces intimes, si appréciées à partir de la fin du XIVe siècle et que l’on retrouve dans tous les grands châteaux du siècle suivant, sont mal connues à Amboise. Le plan dessiné de Jacques Androuet du Cerceau représente au bout du logis de la reine, communiquant avec sa garde-robe, trois petites pièces qui pourraient répondre à cet usage et il y a tout lieu de croire que ces pièces existaient aussi à l’étage du roi (fig. 71 ; fig. 11 CC). Le roi René qui fut l’un des contemporains du roi disposait dans ses diverses résidences de tels retraits, placés à proximité de son logis96.
51Un second coffre appelé « le coffre de l’oratoire » de la reine rassemble un grand nombre d’œuvres et objets disparates : boîtes, pots, flacons, tableaux, statuettes, ou encore croix, crucifix, livres… qui réaffirment la grande dévotion de la reine97. Des vêtements et tissus sont gardés dans un troisième coffre. Pour la plupart de couleurs chatoyantes, les étoffes sont souvent importées. Une partie doit être destinée à l’ameublement car on trouve pêle-mêle, et à la suite des robes de la reine, un pavillon de lit et diverses autres pièces. L’inventaire donne une idée des couleurs (fleur de pêcher, violet, cramoisi, blanc, noir, tanné et or), des matières (taffetas, velours, velours sur fond or et soie) et de la provenance des étoffes ; fabriquées en Allemagne, à Chypre, à Milan ou à Venise, la reine commande ce qui se fait de mieux dans chaque province. Les étoffes achetées à Amboise ne font que pâle figure et semblent portées au quotidien, non lors des grandes occasions. La destination de ces pièces de dimensions variables, allant de 2 aulnes de Flandres ou de Paris (soit environ 1 m2) à 30 aulnes (15 m2), reste à imaginer98. Il est parfois précisé que des étoffes de luxe ont été achetées pour le plaisir de la reine et seules 59 aulnes de toiles de lin ordinaires sont recensées au milieu de celles-ci. La reine s’était constituée un assortiment des plus beaux tissus pour en faire faire des robes, des rideaux, des chambres ou des garnitures de chaire exhibés lors d’occasions exceptionnelles. Pour ses funérailles en décembre 1483, l’on habilla le château de noir : tandis que l’église Saint-Florentin fut enveloppée de bougran, la chambre et la « grande chambre » où l’on exposa son corps en furent tapissées99.
52Le terme de chambre désigne aussi bien la pièce en elle-même que l’ameublement de la pièce et du lit, composé d’un pavillon, de pentes, ciel, « douciel », rideaux, tour de lit, gouttières et pièces murales. On créait ainsi un décor homogène et amovible. Trois chambres étaient rangées dans le coffre : une première de serge blanche, rouge et verte, contenant cinq pièces, et deux autres en tapisserie de verdure. Complétaient ces trois chambres, cinq tentures de tapisserie (à personnages, à lévriers et rosiers, à l’Histoire de Troie, à la fontaine de Jouvence et aux armes de Louis XI100), une couverture de tapisserie, quelques carreaux de tapisserie et quatre tapis101 En outre, la reine possédait une garniture de lit d’apparat (« lit de camp ») : ciel, gouttière, « douciel », rideau de taffetas rouge d’une seule pièce dont les gouttières étaient frangées de fil d’or et de soie, couverture du lit et son surplus de satin « rouge fort ».
53Les autres coffres renferment d’autres objets similaires, ainsi que des bijoux. Enfin, un certain nombre de tapis étaient même posés à même le sol : « [Un] gros tappiz velu aux armes de la royne, ung tappis velu, ung grant tapis à fleurs de lix tout pertuiré, ung grant demy tapiz a mectre par terre102 ».
Les volières
54Les cages à oiseaux et les volières sont les ornements favoris de Louis XI ; toutes les cours d’Europe partagent alors cet engouement et le roi René peuple ses jardins de toutes sortes d’animaux. Souvent, il envoie en présent des oiseaux, de chasse ou d’agrément, à ses contemporains, entre autres à Louis XI103. Le 13 août 1470, Jean Alain, serviteur du roi de Sicile, reçoit de Louis XI 13 ℓ. 15 s. t. « en faveur de ce qu’il a apporté de Prouvenence, de part ledictroy de Cecille son maistre, des torterelles en la ville d’Amboise104 ». À l’instar du décor du palais des Papes en Avignon ou des intérieurs des châteaux de la cour d’Anjou-Provence, « de grandes cages pendues dans les chambres, des volières surtout, égayent les appartements105 ». En 1470-1471, le 5e compte de l’argenterie de Guillaume Briçonnet fait état du remboursement de 9 ℓ. 12 s. 6 d. t. à Pierre Fauchet « pour une caige de boys que ledit seigneur a fait faire pour mectre ses pies estant en son chastel d’Amboise106 ». Or, les pies ne sont pas des oiseaux ravissants mais de merveilleuses imitatrices, en somme d’excellents animaux de compagnie. Si rien ne prouve que les pies vivent dans le château et non au jardin, les oiseaux aux couleurs chatoyantes constituent bien le décor animé des pièces : le 6 février 1470 (n. st.), Jaque Le Courraux demeurant à Paris reçoit la somme de 4 ℓ. 2 s. 6 d. t. « tant pour le paiement de 30 petits oiseaulx de plusieurs estaiges de lui achectez le 1er jour dudit mois de février pour iceulx estre portez au chasteau d’Amboise pour mectre en la caige de la salle dudit lieu d’Amboise107 ». Plus tard, la jeune princesse Marguerite possède un perroquet108.
Fig. 87 > « Roues » (XV e siècle) [reproduit dans N. de Reyniès, Mobilier domestique…, op. cit., tome I, p. 373].
Notes de bas de page
1 Jacques Heers, Louis XI, Paris, 2003, 430 p.
2 Nous avons suivi l’itinéraire publié par Joseph Vaesen et Étienne Charavay, Lettres de Louis XI, roi de France, Tomes I à VII, publiées d’après les originaux pour la société de l’Histoire de France, Paris, 1883. Les mentions ont été recoupées avec celles qui apparaissent dans les comptabilités. Nous restons toutefois prudent à l’égard de cette méthode ; les chiffres avancés ne sont que des ordres de grandeur car le lieu d’envoi du courrier signale la présence de la chancellerie mais pas forcément celle du roi.
3 MAP, Etu 0602 : « Étude pour la restauration de la porte des Lions au château d’Amboise (1990) » et DOE 2004 : « Restaurations de la porte des Lions au château d’Amboise (1990-1991) ».
4 Celle-ci est enfilée par l’extrémité nord-est du promontoire.
5 ADIL, A7, fo 365 : « La seconde, nommée la Porte aux Lions à-cause de deux figures de Lion qui sont audessus, s’étend sur un terrein qui formoit autrefois les avenües du château, du côté oposé à la ville, et sert principalement d’entrée pour les voitures : elle communique à la plaine et à la ville par les faubourgs de la Porte Hurtault et par celui de Violette. Cette entrée est composée, dans la première partie en dehors, d’un pont sur le premier fossé creusé dans le roc, d’une ouverture en arc et d’une porte ouvrant et fermant, aux côtés de laquelle règne le fossé et sont des cassemates et demie-lunes, et, dans la seconde, de deux ponts-levis, qui n’existent plus, sous lesquels règnent deux grands fossés, qui précèdent le grand mur de clôture, et qui s’étendent autour dudit château jusqu’à l’escarpement du roc, du côté des faubourgs de la Porte Hurtault et de Violette, entre les deux ponts-levis et la seconde porte d’entrée, qui s’ouvre et ferme, ainsi que le précédente, et un corps de garde spacieux et bien bâti. »
6 N. Faucherre, Les citadelles du roi…, op. cit., tome II, p. 101.
7 ACA, CC 104, fos 25, 30ro et 37.
8 ACA, CC 197, pièces 63, 64 et 66 et plus particulièrement 65, dernier jour de juillet 1481.
9 Lucie Gaugain, « Indre-et-Loire, Amboise, Le château : la tour Garçonnet, une “tour-poterne” », Actualité du Bulletin Monumental, tome 169-I, 2011, p. 68-72. ACA, CC 86, fo 10vo, 28 mai 1466 et fo 9.
10 ACA, CC 89, fo 10vo, 26 juillet 1468.
11 British Museum de Londres, U 854 : Plan du château d’Amboise. U 855 : Le château d’Amboise, du costé de la rivière de Loire. U 856 : L’élévation du chasteau d’Amboise du costé de la ville. U 857 : Projet en plan du château d’Amboise.
12 ADIL, C 655, doc. 4 fo 3vo.
13 AN, 300 AP (I) 1417 (1892). Et MAP, 1991/025/0007, 81/37/0003 (1002), 0082/037/1001, 0082/037/2007 (1892 à 1896).
14 Charles le Téméraire est duc de Bourgogne et épouse la sœur de Louis XI, Catherine de France (1428-1446). Et Alain Salamagne, Construire au Moyen Âge, les chantiers de fortification de Douai, Lille, 2001, p. 168.
15 Dès 1471 pour la ville et en 1495-1496 pour le château venant de Montlouis ou de Chargé.
16 Évelyne Thomas propose quant à elle l’existence de pièces de plan carré ce que notre relevé en développé du mur de cage réfute (« Les énigmes de la tour “rasée” au château d’Amboise », Mémoires de la Société archéologique de Touraine, tome LXVII, 2011, p. 157-166).
17 É. Thomas, « Les énigmes de la tour… », op. cit., p. 157-166. Pour Ruprich-Robert, architectes, les consoles furent reprises lors du dérasement de la tour, mais il n’argumente pas sa datation. Au XVIIe siècle, on remit probablement en état un chemin de ronde antérieur.
18 J.-P. Babelon, Le château d’Amboise, op. cit., p. 40-42. S. Cassagnes-Brouquet, Louis XI ou le mécénat…, op. cit., p. 92-94.
19 L. Gaugain, « Indre-et-Loire, Amboise, Le château… », op. cit., p. 68-72.
20 ACA, BB 1, fo 63vo, 6 août 1475.
21 Sa présence n’est toutefois pas attestée à Amboise. Évelyne Thomas a établi sa biographie (« Les énigmes de la tour… », op. cit.).
22 Alain Salamagne, « La tour Solidor à Saint-Servan : maîtres-maçons et canonniers en Bretagne ducale dans la première moitié du XVe siècle », Mémoires de la Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, tome LXXX, 2002, p. 605-632.
23 ACA, CC 83, fos 8vo-9, 1er avril 1463 (n. st.).
24 BnF, ms. fr. 20484 : lettre de Louis XI à Jean Bourré.
25 ACA, CC 84, fos 17vo-18ro, 21 décembre 1464.
26 ACA, CC 85, fos 10 à 12, 25 mars, 6 et 22 avril 1465.
27 ACA, CC 86 à 89, 1466 à 1469.
28 ACA, CC 91, fo 10, 29 avril 1469 (n. st.).
29 BnF, ms. fr. 6602, fo 31 : « Bourré, incontinant ces lectres veues, transportez-vous en nostre chastel d’Amboise et menez avec vous le Vicomte d’Evreux et faictes que la petite maison et les galeries que nostre maistre d’euvres a faicta sa tache, soient eslargies, haulcees et refaictes en la maniere que autrefoiz en ay escript audit Vicomte d’Evreux. Si n’y faictes faulte. Donné à la Motte des Giy le XXVIIe jour d’aoust. [signatures] Loys. Toustain. »
30 ACA, BB 1, fo 15ro : « Le Ve jour de may mil IIIIC soixante et cinq par devant monseigneur Jean Desquartes, licencié en loi, lieutenant du bailli d’Amboise licencé en loiz, lieutenant de monseigneur le bailly d’Amboise et Regné Farrineau, procureur du roi procureur du roy nostre sire auditlieu se sont trouvez et comparuz ou chastel d’Amboise en la sale du moyen estage de la maison neufve faicte en icelui. »
31 Le logis ouest semble avoir été dépourvu d’accès adapté à une fonction de représentation. Les plans dessinés et gravés de Jacques Androuet du Cerceau montrent qu’il était refendu longitudinalement par un mur qui isolait ainsi un couloir côté cour desservi indirectement par deux vis : l’une attenante aux pièces privatives du logis de Louis XI, vers la tour Pleine, et l’autre commandant la galerie à terrasse longeant le rempart nord. Par ailleurs, la proximité de la tour Garçonnet qui ouvrait sur la pièce septentrionale soutient l’hypothèse d’une fonction secondaire et de service de ce logis. Il est donc peu probable qu’il ait pu accueillir une salle à l’étage.
32 Ces dimensions sont calculées à partir du report des points de repère donnés par Jacques Androuet du Cerceau et par le plan de 1708 sur le plan actuel du site.
33 Nous reprendrons plus loin la terminologie.
34 ACA, CC 91, fo 10 : 29 avril 1469.
35 J.-P. Babelon, Le château d’Amboise, op. cit., p. 42.
36 Le qualificatif « grande » ne peut s’appliquer au logis ouest, situé entre les tours Pleine et Garçonnet, qui ne fait que 20 m de long puisque le logis de Louis XI s’étend, dans son premier état, sur 28 m (mesure prise depuis le mur pignon à l’ouest de la chapelle jusqu’à la tour Pleine).
37 BnF, ms. fr. 20428, fo 49, (s. d.).
38 Id.
39 BnF, ms. fr. 20685, fo 5 : pour l’année finie en septembre 1472.
40 ACA, CC 91, fo 18vo, dernier jour de janvier 1470 (n. st.).
41 ACA, CC 96, fo 10, 4 juillet 1473. Et CC 96, fo11 : 12 août 1473, BB 1, fo 56ro, juin 1473.
42 ACA, CC 97, fos 18-19, septembre 1474.
43 BnF, ms. fr. 20685, pour l’année finie en septembre 1474, fo 601. ADIL, C 633, Registres des redevances (XVIIe-XVIIIe siècles), fo 1.
44 AN, KK 332, 1493-1494, publié par Charles Loiseau de Grandmaison, « Compotus particularis pagamenti ornamentorum et aliorum ustensilium castri Ambasie », Bulletin de la Société archéologique de Touraine, tome I, 1868-1870, p. 253-304 : « Tenir le compte et faire les payemens de tous les aournemens et paremens d’eglise, pour les chapelles du chastel d’Amboyse. »
45 AN, KK 76, fos 72vo-73ro, mars 1491 (n. st.) : « Item, pour huit toises et demye de syaige pour faire une grant cloison pour despartir une petite salle pres les chambres neufves pour faire l’office de la fourriere, vallant a 7 s. 6 d. t. la toise, 63 s. 9 d. t. ».
46 AN, KK 69, fo 138vo, 15 décembre 1483 : « Pour le sallaire de huit chappellains qui ont par l’espace de quatre nuitz veillé le corps de ladicte feue dame en la chambre et chappelle du donjon du chastel dudit lieu d’Amboize. Et pour dire le psaultier, vigilles et croisons pour ladicte feue dame en laquelle chappelle le corps de ladicte feue dame repousa par l’espace de quatre jours et quatre nuictz apres sondit trespaz. » Et fo 156 : « Pour servir a porter le corps de ladicte dame de la chambre ou il avoit reposé depuis le trepas jusques en la chappelle du donjon du chastel d’Amboize. »
47 A. Tuetey, « Inventaire après décès… », op. cit., p. 353 : « Un ciel et douciel de taffetas noir, doublé de toille noyre, six pièces de drap noir, dont il en y a cinq pièces de troys lez et une pièce de deux lez, de laquelle tappicerye estoit tendue la chambre de ladicte feue dame où elle trepassa. Item, une chambre de sarge noyre, contenant quatorze pièces c’est assavoir : le ciel, doussiel, les deux couvertures, et les troys rideaulx et sept pièces de murailles, tant grandes que petites, qui estoient en la grande chambre de ladicte feue dame. »
48 Tuetey Alexandre, « Inventaire des biens de Carlotte de Savoie » [premier article], Bibliothèque de l’École des chartes, 1865, tome 26, p. 353 ; doi : 10.3406/bec. 1865.446003, http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_03736237_1865_num_26_1_44603.
49 Emmanuel Litoux, « La structuration des programmes résidentiels dans les châteaux et les manoirs angevins du roi René entre 1434 et 1480 », dans La demeure seigneuriale dans l’espace Plantagenêt : salles, chambres et tours, Rennes, 2013, p. 315-326. A. Lecoy de La Marche, Extraits des comptes et mémoriaux du roi René pour servir à l’histoire des arts au XVe siècle, Paris, 1873. G. Arnaud d’Agnel, Les comptes du roi René publiés d’après les originaux inédits conservés aux Archives des Bouches-du-Rhône, 3 vol., Paris, 1908-1910. Brigitte Maurice-Chabart (dir.), « Trois inventaires de mobilier inédits de la famille Rolin », dans La splendeur des Rolin. Un mécénat privé à la cour de Bourgogne, Table ronde des 27-28 février 1995, Paris, 1999, p. 305-319. Bélisaire Ledain, « L’inventaire du château de Thouars du 2 mars 1470 », Mémoires de la Société des statistiques, sciences et arts du département des Deux-Sèvres, 3e série, tome II, 1885, p. 339-360. Céline Lefebvre, La culture matérielle à la cour de Louis XI (1481-1483), mémoire de master 2, Benoist Pierre (dir.), 2 vol., 2012-2013 [ADIL, A. 10 : Compte de l’hôtel de Louis XI].
50 AN, KK 332.
51 Alain Salamagne, « Le Louvre de Charles V » dans les actes d’un colloque organisé dans le cadre de l’université européenne d’été tenue à Bourges et à Tours du 5 au 10 juillet 2004, Le Palais et son décor au temps de Jean de Berry, Alain Salamagne (dir.), Tours, 2010, p. 89-90. Évelyne Thomas, « Les logis Royaux d’Amboise », Revue de l’art, no 100, 1993, p. 44-57.
52 Les procès-verbaux de 1630 mentionnent des réparations de porte d’« ostevent » dans ce logis. On peut en restituer un certain nombre dans le logis Charles VIII-François Ier. En 1495-1496, le compte rapporte la pose de « deux huis estans en la chambre du roy et l’autre a l’oustevient de ladicte chambre » (FSL, Compte 1495-1496, fo 162vo). La dénomination des pièces correspond à celle du logis de Louis XI et non à celle du logis des Sept Vertus.
53 Jacques Androuet du Cerceau figure bien des souches de cheminées sur la Vue du costé de la rivière de Loire (fig. 74).
54 Monique Chatenet, La cour de France au XVIe siècle. Vie sociale et architecture, Paris, 2002, p. 198.
55 FSL, Compte 1495-1496, fo 95vo.
56 AN, KK 76, fo 73vo et fo 74ro-vo.
57 ADIL, C 950, fo 4vo.
58 ADIL, C 655, doc. 3, fo 16ro.
59 L.-A. Bosseboeuf, « Compte de Louis XI, Louis XII… », op. cit., p. 10-11.
60 AN, KK 76, fo 73vo.
61 Des latrines accessibles depuis le rempart sont évoquées dans le compte de construction : « A Martin Mennau, aussi arrurier, pour la penture d’un huys estant a entré sur les murs du danjon dudit chastel pour aller aux retraictz, fournir de deux gonds […] » (FSL, fos 160vo-161ro).
62 Jean Guillaume, « Le legs du XIVe siècle », dans Le Palais et son décor au temps de Jean de Berry, op. cit., p. 215-218.
63 Jean Guillaume, « La galerie dans le château français : place et fonction », Revue de l’Art, tome CII, 1993, p. 33-42.
64 Fonds Saint-Germain-Harlay, vol. 308, Bibliothèque de l’École des chartes, 26e année, tome I, 6e série, 1865, p. 338-366 : 1483 décembre : « Inventaire après décès de Charlotte de Savoie ». BnF, ms. fr. 15538, 1er décembre 1483 : testament de Charlotte de Savoie.
65 Sophie Cassagnes-Brouquet, Louis XI ou le mécénat bien tempéré, Rennes, 2007, p. 15.
66 BnF, 20685, fo 501 : paiement de « Mery de Coué, escuyer seigneur de Fontenailles, capitaine d’Amboise pour 20 hommes de guerre audit chastel 740 ℓ. t. ». Il tint cet office autour de l’année 1469 (ACA, BB 1, fo 42ro). ACA, CC 197, pièce 8, 28 août 1481 : « Pour plusieurs chaliz, huys et fenestres qu’il fist faire en plusieurs maisons estant au gran chastel dudit Amboise esquels estoient logez Hervé Duquenelle, cappitaine des deux cens archier francs du roy nostre sire et ses gens, dernierement qui furent audit chastel pour la garde de monseigneur le daulphin [...] ».
67 FSL, Compte 1495-1496, fo 95vo.
68 AN, KK 62, fo 25. Françoise Dauphine de l’Espinasse, dame de Combronde, fille de Béraud Dauphin de l’Espinasse et d’Antoinette de Polignac, épouse en 1475 Guy d’Amboise, seigneur de Ravel.
69 Georges Bricard, Jean Bourré, seigneur du Plessis (1424-1506), Paris, 1893, p. 213-214 : « Monsieur du Plessis, j’envoye demain monsieur de Saint Villier a Amboise. Je vous prie que vous descendez en bas en la ville pour lui donner a disner, et apres disner menez le veoir monseigneur le dauphin affin qu’il s’en retourne incontinent. Et Adieu » (d’après BnF, ms. fr. 6602, fo 37).
70 Ibid., p. 215.
71 Ibid., p. 214. Jean Prevost, son clerc et serviteur lui écrit : « J’eusse voulontier passé oultre, n’eust été que nul n’entre a Amboise, comme on dit » (d’après BnF, ms. fr. 20487, fo 25).
72 AN, KK 76, fos 72vo-73ro, mars 1491 (n. st.).
73 AN, KK 62, fo 19, 1469-1470.
74 AN, KK 61, fo 8.
75 M. Chatenet, La cour de France…, op. cit., p. 70 (d’après Sebastiano Serlio, Sebastiano Serlio on Domestic architecture. Different Dwellings from the Meanest Hovel to the Most Ornate Palace: the sixteen-Century Manuscript of Book VI in the Avery Library of Columbia University, Cambridge et Londres, 1978, pl. XXVII).
76 AN, KK 64, 1464 : « A Hance Harlebac, palefrenier des mules du roi, garde du roi du pays d’Alemaigne, palefrenier des mules du roy nostredit sire, la somme de sept vingt seize livre tournois que ledit seigneur lui a nouvellement ordonnee pour ses gaiges et entretennement en sa compaignie et escurie. »
77 BnF, Pièces Originales 2163 : 929 (ms. fr. 28647).
78 FSL, Compte 1495-1496, fo 163vo : « Levé les nates des galleries dudit chastel esquelles est le serf et aussi celle de la gallerie du jeu de paulme que tient Hacquelebart et celles de la chambre et garde robe de feu monseigneur le daulphin » ; P. de Commynes, Mémoires, op. cit.
79 AN, KK 62, fo 94vo, 1470.
80 FSL, Compte 1495-1496, fo 202ro.
81 ADIL, C 655, doc. 5, fo 2vo. Et BnF, ms. fr. 22335, fos 147-191.
82 AN, KK 63, fo 56, 1473.
83 AN, KK 62, fo 94vo, 1470.
84 Ibid.
85 Ibid., fo 122vo, septembre 1470.
86 BnF, ms. fr. 20685, fo 553 (s. d.).
87 Monique Martin-Demézil (Chatenet), Le château de Châteaudun, mémoire de maîtrise, Jean Guillaume (dir.), CESR Tours, 1970, 2 vol., 228 p. et ill. et plus particulièrement tome II p. 3 (après ADIL, E 2742, fo 162, 16 août 1469).
88 S. Cassagnes-Brouquet, Louis XI, le mécénat…, op. cit., p. 103.
89 Ibid., p. 104.
90 Stijn Alsteens et Hans Buijs, Paysages de France dessinés…, op. cit., p. 363.
91 ADIL, C 950, fo 6.
92 BnF, ms. fr. 6758, fo 19vo.
93 Id.
94 Henry Havard écrit que le coffre bibliothèque précéde ce meuble, mais en prenant pour exemple l’inventaire étudié ici, ce qui pose un problème de recoupement des sources (Henry Havard, Dictionnaire de l’ameublement et de la décoration depuis le XIIIe siècle jusqu’à nos jours, Paris, 1887-1889, tome I/IV, p. 896).
95 Nicole de Reyniès, Mobilier domestique, vocabulaire, typologie, Paris, 2003, tome I, p. 572.
96 F. Robin, La cour d’Anjou…, op. cit., p. 107.
97 N. de Reyniès, Mobilier domestique…, op. cit., tome I, p. 444.
98 Hubert Delesalle, « Aunes de France et aunes de Flandres. Notes sur le mesurage des anciennes tapisseries de Beauvais », Revue d’histoire des sciences et de leurs application, 1965, vol. 18, no 18-3, p. 305-308. Et P. Charbonnier et A. Poitrineau, Les anciennes mesures locales…, op. cit., p. 106.
99 A. Tuetey, « Inventaire après décès… », op. cit., p. 353 : « Un ciel et douciel de taffetas noir, doublé de toille noyre, six pièces de drap noir, dont il en y a cinq pièces de troys lez et une pièce de deux lez, de laquelle tappicerye estoit tendue la chambre de ladicte feue dame où elle trepassa. Item, une chambre de sarge noyre, contenant quatorze pièces c’est assavoir : le ciel, doussiel, les deux couvertures, et les troys rideaulx et sept pièces de murailles, tant grandes que petites, qui estoient en la grande chambre de ladicte feue dame. »
100 Louis XI fait venir à Amboise une pièce du château d’Angers à l’automne 1470 (BnF, ms. fr. 15551, fo 110ro).
101 Les carreaux sont des coussins recouvrant les chaires ou posés à terre (F. Robin, La cour d’Anjou…, op. cit., p. 152).
102 On note que sont listés les effets personnels de la reine et non l’ensemble de l’ameublement du château.
103 F. Robin, La cour d’Anjou…, op. cit., p. 119.
104 AN, KK 62, fo 118vo.
105 F. Robin, La cour d’Anjou…, op. cit., p. 119.
106 BnF, ms. fr. 6759, fo 79vo.
107 BnF, ms. fr. 15551, fo 82vo.
108 AN, KK 80, fos 146ro-vo et 154ro, mars et juin 1485.
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