L’architecture en pan de bois à Tours : nouvelles perspectives
p. 201-221
Texte intégral
1Tours, qui connaît à partir des années 1450 une croissance démographique, particulièrement soutenue dans les années 1470-1490, développe sa surface bâtie notamment par l’urbanisation de l’espace intermédiaire situé entre le quartier cathédrale à l’est, ancien bourg des Arcis, et le quartier de Châteauneuf à l’ouest lié à la collégiale Saint-Martin. Ville attractive en raison des séjours répétés de la cour, Tours, qui revêt durant quelques décennies l’allure d’une capitale sans toutefois jamais jouer ce rôle sur le plan économique ou culturel, draine une importante population, qui va chercher à se loger1. Les faubourgs s’étendent, en particulier ceux de La Riche regroupés autour de l’église Notre-Dame, de Sainte-Radegonde, au nord de la Loire, ou encore vers l’est du côté de Saint-Pierre-des-Corps (quartier Blanqui) : le milieu de la construction, tant en pierre qu’en bois, connaît une forte activité dont subsistent aujourd’hui, en dépit des destructions liées à l’incendie de juin 19402 et aux importants travaux d’urbanisme conduits par Jean Royer, maire de Tours entre 1959 et 1995, de nombreux témoins3. Toutefois, à l’inverse d’autres villes du val de Loire, comme Angers ou Orléans4, l’architecture en pan de bois tourangelle, comme son patrimoine en général, souffre d’un désintérêt certain de la part des autorités municipales, passées et actuelles : aussi, les rares maisons ayant réussi à échapper aux vagues successives de destructions du dernier demi-siècle sont-elles ravalées sans la moindre étude archéologique ou campagne dendrochronologique. Partant, le dernier bilan dressé sur l’habitat tourangeau à la fin des années 1970 reste malheureusement en grande partie d’actualité. Au recensement alors effectué par le service de l’Inventaire5 s’était greffé un travail de maîtrise, soutenu en 1979, sur Les maisons à Tours aux XVe et XVIe siècles6. Ces différents travaux avaient débouché sur la tenue d’une exposition organisée par la Société archéologique de Touraine et dont le catalogue, intitulé L’architecture civile à Tours des origines à la Renaissance, constitue la dernière publication d’envergure sur ce sujet7. Remontant aux mêmes années, un article de Jean Guillaume et Bernard Toulier, publié dans les actes du colloque tenu en 1977 à Tours sur « La maison de ville à la Renaissance », présentait le cas de cette même ville8. Depuis, alors que les campagnes de ravalement et les projets urbanistiques, aux lourdes conséquences pour « l’habitat ordinaire », ont prospéré, aucune étude archéologique du bâti n’a été conduite, à l’exception notable des quelques rapports réalisés par des étudiants au début des années 1990 dans le cadre de la maîtrise des sciences et techniques de l’université de Tours9.
2En 2010, la restauration de la façade antérieure d’une maison en pan de bois au 68 rue Colbert, l’ancienne « Grande Rue » reliant les deux noyaux primitifs de l’agglomération tourangelle, a permis de réaliser, grâce à la présence d’un échafaudage, des observations reportées sur un relevé archéologique au 1/20e et ainsi de proposer un phasage et d’illustrer les propositions de restitutions successives. En 2011, grâce à la mise à disposition d’un tachéomètre laser10, le relevé d’une seconde façade a pu être entrepris. La maison retenue, sise 1 rue de la Rôtisserie, est traditionnellement considérée, en raison de l’existence de deux niveaux d’encorbellement sur solives, comme la plus ancienne maison en pan de bois tourangelle. Les transformations subies par cette dernière au fil des siècles ont pu être analysées et ses différents états graphiquement restitués.
3Grâce à ces différentes observations sur le bâti, qui documentent un sujet laissé vierge depuis des décennies11, une réévaluation de l’architecture en pan de bois peut être amorcée, laquelle passe nécessairement par un bilan des démolitions-restaurations menées de l’après-guerre à nos jours, étape préalable à la redéfinition d’un corpus prenant en compte, grâce aux archives photographiques, à l’iconographie ancienne et aux dessins d’architectes, un habitat disparu ou trop transformé.
UN PATRIMOINE OUTRAGÉ
Depuis une quinzaine d’années, à Tours comme dans d’autres villes françaises, les opérations de démolition-restauration ont détruit plus d’informations sur l’architecture civile des XVe et XVIe siècles que les bombardements de la dernière guerre. L’importance des dégâts est comparable à ceux enregistrés par les archéologues dans le sous-sol. Mais si les responsables sont arrivés à une prise de conscience de la destruction inconsidérée des archives du sous-sol, ils n’ont pas encore manifesté le même intérêt pour les superstructures encore en place, alors qu’il serait indispensable de procéder à un inventaire systématique des édifices avant destruction ou “restauration”. Mais personne apparemment n’a jamais pensé à consacrer une part – pourtant infime – des crédits engagés dans ces opérations au paiement de chercheurs qualifiés, chargés de dresser cet inventaire… avant décès.12
4Sans revenir sur les nécessaires reconstructions d’après guerre sous les mandats de Jean Meunier puis Marcel Tribut, ce triste constat dressé au début des années 1980 faisait allusion aux nombreuses destructions en cours de quartiers historiques par Jean Royer, le « maire-bâtisseur » (fig. 1). Sous couvert de réhabiliter des quartiers populaires, ce dernier a entraîné la réduction à néant d’un habitat d’un grand intérêt patrimonial. Les bords de Loire, jadis occupés par les demeures des mariniers, tanneurs, poissonniers (fig. 2), qui à la différence de celles du quartier du Petit Saint-Martin ne présentaient pas un état de délabrement avancé, sont dans les années 1960 progressivement rasées pour laisser place dans un premier projet à des barres d’immeubles ponctuées de tours et dont la tour Étoile constitue aujourd’hui le seul élément réalisé. Dans un second temps, il est finalement décidé d’y installer, à partir de 1968-1969, les locaux de l’université de Tours, auxquels s’ajoutent néanmoins de très nombreux immeubles dont la construction s’étend jusqu’au chevet de l’église Notre-Dame La Riche (fig. 3 et 4). La détermination de Pierre Boille, architecte des bâtiments de France, aura pour mérite de réduire l’ampleur de la surface atteinte par les projets municipaux.
5Le prédécesseur de Jean Royer, conscient de la vétusté de certaines habitations du Vieux Tours, avait au contraire lancé dès le milieu des années 1950 des procédures municipales visant à encourager la réhabilitation de cet habitat, notamment celui bordant l’actuelle place Plumereau. Les maisons en front de rue présentaient alors un état avancé de délabrement et d’insalubrité, qui transparaît tant sur les photographies anciennes (fig. 5) qu’à la lecture de la correspondance entre le maire et le conservateur régional des Monuments Historiques, lesquels obligent tous les propriétaires à « prendre les mesures provisoires pour faire cesser le péril, à l’exclusion de la démolition (immeubles inscrits à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques), et ordonnant l’évacuation des occupants13 ». Quelques années plus tard, la promulgation en 1962 des lois Malraux va faciliter la mise en place de campagnes de restaurations, ainsi que de réaménagements, des quartiers historiques du Vieux Tours. Néanmoins, cette campagne initiée au début des années 1960 – et qui se prolongera jusqu’au milieu des années 1980 – s’accompagne de curetages d’îlots (cloître Saint-Pierre-le-Puellier, place de la Monnaie), occasionnant à nouveau une grande perte de bâtiments médiévaux14. Débutées au milieu des années 1960, les campagnes de restauration du front sud de la place Plumereau sont entreprises sous la direction de Pierre Boille. L’archéologie du bâti n’étant alors pas de mise, on sait gré à l’architecte d’avoir réalisé de trop rares campagnes photographiques des travaux qu’il a supervisés15. En effet, le remplacement systématique des hourdis nous prive de certitude quant à la véracité historique des motifs géométriques dessinés par les briques aux maisons 6, 8, 10 de la rue du Grand-Marché, l’allège du 10 portant même la date 1962. Quant au hourdis du 12, une vue ancienne de cette façade permet d’affirmer que les actuels agencements de briques entre les pièces de bois résultent d’une invention née de la volonté des restaurateurs et ne s’appuient nullement sur les vestiges visibles lors de la réfection. Seules les façades de la maison sise au 2 et faisant l’angle avec la rue du Change présentent aujourd’hui un hourdis dont les briques liées au mortier créent des motifs décoratifs d’une grande variété attestés par les anciennes cartes postales ou photographies, mais également relevés par les architectes Albert Laprade en 194216 et Albert Archambault en 1965 (fig. 6)17.
6Les restaurations de bâtiments en pan de bois classés, et non plus simplement inscrits, n’amenèrent pas forcément plus de retenue, en témoigne la maison au 11 rue Constantine, restaurée en 1965-1966. Le relevé en 1968 après travaux, en comparaison avec l’iconographie ancienne, témoigne de la lourdeur des restaurations, notamment pour le rez-de-chaussée, avec l’iconographie ancienne (fig. 7). Il s’agit d’un pan de bois en encorbellement reposant sur des corbeaux en pierre, qui à l’origine devait porter une sablière unique : au droit des poutres, des poteaux à tête élargie reçoivent par enfourchement les poutres de l’étage ; entre les poteaux de fenêtre – venant doubler les poteaux principaux – un décor de losanges, dont l’assemblage de chaque élément est renforcé par un chevillage, vient compléter l’ossature en bois. Au fil des années, les restaurations se sont étendues vers l’est, quartier cathédrale, quartier Blanqui, ainsi qu’à l’ouest en direction de La Riche, faisant alterner les restaurations a minima, comme pour la maison dite du Dauphin, où l’essentage d’ardoises anciennes, probablement posées au XVIIIe siècle, a été supprimé (fig. 8). Non loin de la maison du Dauphin, un ensemble en pan de bois rue Duchesne est ravalé concomitamment aux travaux de construction d’immeubles à partir de 1972. Parmi le trop rare bâti ancien conservé, seule la maison au 25 rue de la Hallebarde a bénéficié d’un réel suivi documentaire et d’une étude technique par Daniel Bontemps, lequel propose une restitution de l’état originel, accompagnée d’une étude des aménagements intérieurs18. Malheureusement, cette initiative n’a pas été reconduite lors de la restauration des maisons du quartier Blanqui, à la fin des années 1970 et au début des années 1980, qui ont donné lieu à la suppression des enduits cachant les pans de bois, dont les hourdis furent systématiquement repris, et de nombreuses pièces de bois changées.
7Dans les années 1990, les restaurations continuent sur la même lancée, le changement de génération d’architectes n’entraînant pas un changement de méthode, et surtout pas un intérêt pour l’archéologie. En témoignent celles menées en 1992 par Arnaud de Saint-Jouan aux 25-27 rue Colbert (fig. 9). Son étude préalable révèle qu’une seule figure en haut relief des poteaux corniers n’avait pas été bûchée – et qu’elle se trouvait sur la maison voisine au 23 –, que des sondages extérieurs avaient montré les vestiges de larmier mouluré sur la sablière de chaque étage et que le dégagement des cloisons intérieures avait mis au jour des schémas de pans de bois assez simples, à poteaux, à décharges et tournisses19. L’objectif de la restauration est alors le suivant : « Le résultat consiste à retrouver au maximum les dispositions d’origine, en remplaçant les pièces de bois très vétustes, en recréant la mouluration disparue : les fenêtres à croisillons, les larmiers, la sculpture des poteaux et des culots, les appuis des baies moulurées, etc. ». En définitive, la quasi totalité des bois changée, une iconographie inventée20 et une mise en couleurs qui repose non pas sur la trace de pigments observés, mais restituée « selon des traces que l’on retrouve sur diverses constructions médiévales en Touraine, qu’elles soient en bois ou en pierre21 ».
8Face à cette ancienne et longue vague de restaurations et à la raréfaction de façades en pan de bois encore dans « leur jus », on s’étonne de l’absence d’étude lors de la restauration récente de la maison à l’angle de la place et de la rue du Grand Marché en 2007, qui a révélé l’existence de petits jours triangulaires des XVIIe-XVIIIe, qui se retrouvent à Orléans, mais également dans d’autres maisons tourangelles comme l’atteste l’iconographie (34 rue Étienne-Marcel, 1-3 place Foire-le-Roi). Une belle opportunité manquée, même si la restauration a permis la mise en valeur du décor Renaissance du rez-de-chaussée. Et comment comprendre le choix de cacher sous un faux appareillage de tuffeau un pan de bois à grille du XVIe siècle, apparent et peint à l’origine, au 93 rue de la Scellerie alors qu’à l’aube des années 2000, de fausses façades en pan de bois étaient intégrées dans le projet urbanistique du parvis de la cathédrale22 ?
SPÉCIFICITÉS DU PAN DE BOIS TOURANGEAU
9Constituant l’essentiel de l’habitat tourangeau autour de 150023, les maisons en pan de bois se caractérisent par la prépondérance du pignon sur rue, à la différence de ce que l’on observe par exemple dans les villes ligériennes voisines d’Orléans ou Blois. Disposés sur des parcelles laniérées, c’est-à-dire étirées en profondeur, ces logis présentent un corps de bâtiment principal en front de rue suivi d’une cour sur laquelle donne un bâtiment postérieur, relié au premier par des coursières ou galeries communiquant également avec un escalier en vis dans ou hors-œuvre. Le parti de plan tout comme le système distributif s’apparentent à ceux des autres centres urbains. À Tours, la proportion de maison à la structure entièrement en bois24 – se distinguant ainsi du principe de la façade écran entre deux murs mitoyens maçonnés – est particulièrement élevée : l’étroitesse du parcellaire a peut-être conduit commanditaire et maître d’œuvre à privilégier les fines élévations latérales en pan de bois aux larges murs coupe-feu, afin de ne pas empiéter davantage sur la largeur de la façade et de conserver ainsi le maximum de surface utile pour l’habitation.
10Ces maisons présentent une ossature principale à poteaux courts, avec l’utilisation assez fréquente de l’enfourchement pour renforcer l’assemblage des sommiers à la tête des poteaux dans le cas de maison rive-sur-rue (20 rue Sainte-Radegonde, 61 rue Losserand, 40 rue Albert-Thomas, 11 rue Constantine ; fig. 7) ou pour les gouttereaux des maisons pignons sur rue (118 rue Colbert, façade sur le rue Auber, 5 rue Barbès). Elles offrent par ailleurs une grande diversité quant aux solutions déployées pour l’encorbellement des étages, en dépit de la promulgation de nombreux édits royaux pour interdire ce dispositif. Solution techniquement la plus simple, le surplomb repose sur les solives ou les poutres débordantes du plancher (rue du Cheval-Blanc, 1 rue des Balais, 1 rue de la Rôtisserie, 8 bis rue des Cerisiers ; fig. 13). Exigeant des assemblages plus complexes, et une plus grande maîtrise de charpenterie, une autre solution consiste à utiliser des corbeaux en pierre (61 rue Losserand ou 11 rue Constantine ; fig. 7), des aisseliers ou des consoles comme supports sur un (7 rue Montaigne, 11 rue de l’Hermitage ; fig. 10,) ou plusieurs étages (5 rue du Grand Marché). À Tours prédominent les poteaux à tête élargie, dont l’utilisation entraîne une multiplication des assemblages entre les pièces de bois25. En contrepartie, cette solution offre aux sculpteurs d’importants champs propices à la réalisation d’un décor figuré participant de programmes iconographiques parfois complexes (2 rue du Change26, 26 rue Courteline ; fig. 8). Quant au décor végétal, il associe tous les motifs propres à l’esthétique du gothique flamboyant comme les fins pinacles ou colonnettes, les accolades à crochets au-dessus des portes ornées de choux frisés, les engoulants aux extrémités des sablières. Par la suite, des ornements issus du vocabulaire de la première Renaissance apparaissent, comme les frises d’oves et de palmettes, les chapiteaux corinthisants, les pilastres à disques ou losanges (39 rue Colbert, 1 place du Grand-Marché/34 rue du Grand-Marché)27. À Tours, contrairement à Blois, on n’observe pas de superposition de pilastres sur plusieurs niveaux d’élévations : seuls le rez-de-chaussée ou les piédroits des baies aux étages reçoivent ce type de décor. Le rez-de-chaussée du 64 rue Losserand illustre parfaitement la manière dont les imagiers s’approprient la nouvelle syntaxe (fig. 11 et 12) : le poteau, dont la tête élargie est ornée d’une figure de sainte Catherine, présente un fût écoté sommé d’un chapiteau dont les angles de la corbeille – aux faces occupées par des motifs godronnés – sont puissamment marqués par des chimères ; le tailloir, largement échancré est quant à lui orné d’une fleur, en forme de tête de putto. Au-dessus de la figure de la sainte, des pattes arrières de griffon forment un dais dont la forme épouse la saillie de la console (fig. 12). Quant aux sablières, celle de plancher conserve des moulures aux profils effilés se terminant en congés, alors que celle de chambrée présente un motif de tresse surmontant d’un côté des feuilles de vigne et des grappes de raisin, de l’autre des feuilles de chêne et des glands, habités par différentes figures fantastiques ailées (licorne, chimère…), feuillages qui sourdent de la main d’un angelot, substitut de l’engoulant.
11Pour couvrir ces maisons, les charpentes de comble à chevrons-formant-fermes perdurent au-delà de 1500 (25 rue de la Hallebarde, 68 rue Colbert), alors qu’à la même époque des charpentes à pannes sont privilégiées dans les habitations d’Orléans ou d’Amboise28. Contrairement à d’autres grandes villes de la région, comme Bourges, une grande diversité s’observe dans les ossatures secondaires, qui appartiennent soit au type le plus simple et le plus économique, dit à grille associant des poteaux et des tournisses, raidis par des éléments obliques (23 et 41 rue Colbert ; 11-13 rue de l’Ermitage), système fréquemment utilisé pour les façades arrières, soit à des structures plus complexes à panneaux de croix de Saint-André (25 rue de la Hallebarde ; 12 rue du Grand-Marché ; 68 rue Colbert) ou à losanges au caractère hautement décoratif (32 rue Briçonnet ; 5 rue du Serpent Volant ; 32-34 rue Blanqui). Quant au hourdis, les textes mentionnent l’usage de torchis, notamment pour les cloisons intérieures ; il semble toutefois que les briques liées au mortier fussent particulièrement recherchées pour créer des réalisations décoratives, avec des motifs en épi (20 rue Jules Moineaux29, maison à l’angle de la rue du Change et du Grand-Marché ; fig. 6) ou des agencements plus complexes comme sur les façades bien exposées de la maison à l’angle de la rue du Change et de la rue du Grand-Marché. Peu d’exemples de hourdis en pierre de taille sont connus (impasse 85 rue Losserand, 11 rue Albert-Thomas30), même si la proximité de nombreuses carrières rend probable – mais non systématique – l’utilisation de blocs de tuffeau pour remplir les espaces créés par l’ossature en bois31. Quant aux percements, le rez-de-chaussée à fonction commerciale, était largement ouvert sur la rue ; aux étages, la paroi était munie de fenêtres dont le nombre et la répartition s’adaptaient à la largeur de la façade : croisée(s), demi-croisée(s) et parfois jour(s) rectangulaire(s) destinés aux espaces de circulation ou pièces de petites dimensions.
DEUX EXEMPLES D’ÉTUDE DU BÂTI
Maison 1 rue de la Rôtisserie (fig. 13)
12Actuellement réunie à la maison d’angle voisine, cette habitation à pignon sur rue comporte un rez-de-chaussée surmonté de deux niveaux avec encorbellement sur solives et un comble. Menacée par un premier plan d’alignement en 1818 (fig. 14) visant à agrandir vers le sud l’ancienne place aux Fruits (actuelle place Plumereau) en supprimant l’extrémité orientale de l’îlot d’habitations compris entre les rues du Grand-Marché et de la Rôtisserie32, la maison a finalement fait l’objet d’une restauration au début des années 1970. La comparaison avec l’iconographie ancienne, comme la vue de Clérambault33, souligne quelques modifications des percements et de l’organisation du rez-de-chaussée ainsi que la suppression de l’essentage présent sur certaines pièces de bois, modifications mineures en comparaison du remodelage intérieur de l’édifice entraîné par la suppression de l’escalier en vis et l’aménagement d’espaces de confort (fig. 15).
13Dans son premier état (fig. 16), la maison présentait déjà deux niveaux d’encorbellement, celui surplombant le premier étage étant cependant continu. Au rez-de-chaussée, occupé par les devantures de boutiques et l’accès à la vis dans-œuvre – qui figure sur le plan avant restauration – quatre aisseliers, assemblés dans des poteaux reposant sur des dés, supportaient la saillie des poutres sur lesquelles reposait la sablière de chambrée ; à l’étage, ce procédé était multiplié, puisque huit aisseliers, dont trois subsistent aujourd’hui, ont pu être au total restitués. Quatre demi-croisées ajouraient le premier étage ; leurs allèges étaient, comme en témoignent les trous de cheville repérées sur la sablière de chambrée, occupées par des croix de Saint-André ; un jour, à chaque extrémité, complétait les ouvertures, celui placé à l’est dispensant un éclairage direct dans la vis. Quant au deuxième étage, il comportait en son centre une large baie composée de trois ouvertures, tandis qu’à chaque extrémité une demi-croisée, auquel était accolé un jour, identifiable par le chanfrein présent sur la sablière de plancher le surmontant, amplifiait l’ajourement de la façade. Enfin, le niveau sous comble comptait deux jours.
14La première et plus importante modification concerne la reprise en sous-œuvre du premier étage afin de le rehausser et d’installer une claire-voie dans les deux-tiers ouest, la partie orientale de l’étage restant inchangée en raison de la présence de l’escalier en vis dans œuvre. Partant, l’allège de l’ouverture du second étage est modifiée, les croix cédant la place à des potelets.
15La seconde phase (fig. 16) concerne la réduction des ouvertures : outre la claire-voix du premier étage, qui est réduite à une simple croisée, de nombreux jours sont murés tandis que le hourdis du comble est percé d’une baie supplémentaire.
16La restitution de l’état originel de cette façade – à l’aspect aujourd’hui atypique en raison du décrochement de l’encorbelle ment au second étage expliqué par la conservation de la distribution verticale – permet de mieux la situer dans le panorama de l’architecture en pan de bois tourangelle. La présence d’encorbellements sur solives ne fait pas de cette maison un unicum, en témoigne la façade du 7 rue du Petit-Saint-Martin (fig. 17), détruite en 1977, qui présentait également un double encorbellement, le premier sur entretoises, le second sur solives34. Par ailleurs, l’encorbellement sur solives, solution la plus simple à mettre en œuvre techniquement, est toujours utilisé par les charpentiers à la fin du XVe siècle comme l’atteste une mention d’archives de 1491, année où Jean Hucher, « chappelier », et Jean Beaufou, maître charpentier, passe un marché pour la construction d’une maison paroisse Saint-Pierre-du-Boille, dans lequel il est stipulé que le second étage aura « ung pan de bois assis sur la teste des soliveaux35 » du premier. La principale particularité de cette maison est la grande recherche de diaphanie, la façade étant dès son premier état fortement ajourée, disposition qui sera accentuée lors de son remodelage. Cette spécificité, ainsi que l’existence des encorbellements, se retrouve dans une maison de Chinon, dénommée « Maison Rouge », vraisemblablement elle aussi du XVe siècle.
Maison 68 rue Colbert (fig. 18)
17Cette maison, qui a échappé aux mesures d’alignement, a fait l’objet d’une restauration dans les années 1980, qui a supprimé l’enduit ciment et fait réapparaître l’ossature en bois.
18De cette habitation, installée sur une parcelle laniérée, on possède une description de 1761 : « Pour une maison sittuée au nord de la Grande Rüe, pres la foire Le Roy, paroisse de Saint-Pierre du Boille, consistante deux corps de logis, l’un sur le devant de laditte rüe, est composé d’une cave voutée, un petit caveau au bout ou est la serche du puy ; une boutique, arrière boutique a cheminée, un couloir ou allée pavées, quate chambres hautes a cheminées aux 1er et 2e étages, grenier, aizances dedans comble dessus couvert d’ardoise. Le second logis au derreière la cour entre deux est composé d’une cave voutée, chambre basse a chemynée au dessus ou est un siège d’aisance, troys chambres a chemynée l’une sur l’autre, grenier, comble dessus couvert d’ardoize, escallier ; une cour entre lesd. deux logis commune ou est le puy36. »
19Possédant un premier corps de logis pignon sur rue, une cour et un second logis en fond de parcelle avec un escalier à mi-longueur, ce logis reprend un schéma fréquemment repéré à Tours37. Quant à la façade sur rue (fig. 19), elle est représentative de la maison polyvalente dont le rez-de-chaussée est occupé par une devanture de boutique et la porte d’accès au couloir qui conduit à l’escalier et à la cour : si cette disposition réduit la surface disponible au premier niveau, elle permet d’isoler l’espace commercial. Le second et troisième niveaux, délimités latéralement par des poteaux à tête non élargie, présentent aujourd’hui deux grandes fenêtres, le comble étant ajouré par deux baies que surmonte un jour. Cette façade à l’aplomb possède à chaque étage des poteaux corniers, supportant une sablière unique : l’ossature secondaire est constituée de croix de Saint-André au premier étage, associées à des poteaux au second. Le relevé archéologique de cette façade a permis de restituer les différents états38.
20À l’origine (fig. 20), les deux principaux niveaux d’habitation étaient percés d’une seule ouverture, une croisée, dont subsistent sur la sablière les chanfreins des jours hauts et la mortaise du meneau, et sur les poteaux l’encadrant, les mortaises pour accueillir la traverse ainsi que les traces de l’ancien appui. Par ailleurs, les poteaux de fenêtre du premier étage portent les traces d’un décor bûché : un corps de moulures, reposant sur deux bases, venait se retourner sur la sablière, côtoyant ainsi les moulures de la sablière (associant un quart-de-rond à une doucine que séparait un filet). Cette ornementation, unique, était centrée autour de la baie, qui n’occupait pas – comme à l’étage – le centre de la façade, selon une disposition fréquente. Ainsi, les compartiments de part et d’autre de la baie ne présentaient-ils pas la même largeur : à deux registres de croix de Saint-André superposés à l’ouest répondaient trois registres à l’est. À titre de comparaison, au 7 rue Auber, la façade à deux étages ajourés d’une travée de fenêtre possédait deux registres superposés de trois panneaux de croix de Saint-André à l’ouest contre quatre à l’est (fig. 21). Ce n’était pas la seule disparité qui caractérisait l’ossature secondaire : la dernière travée de croix à l’est, plus large, présentait des bras et demi-bras qui s’assemblaient non pas avec les pièces secondaires (les potelets séparés par l’entretoise) mais directement avec les sablières. Une différence de ce type existe au 25 rue de la Hallebarde, alors que parfois le changement de parti peut être plus visible encore, comme au 15 place du Grand-Marché où des losanges cohabitent avec des croix. Enfin, l’appui des croisées reprenait le motif des croix. Le comble était simplement percé de deux jours symétriquement disposés de part et d’autre du poinçon de la charpente. Celle-ci comportait une ferme débordante, dont subsistent les mortaises repérées dans la sablière haute et qui servaient à fixer un blochet reposant également sur une console fixée au sommet des poteaux corniers. Un dispositif similaire se retrouve sur des maisons voisines, comme au 39 rue Colbert (fig. 22). À noter l’existence d’autres solutions développées par les charpentiers, comme celle plus économique de faire reposer le blochet sur la saillie des solives placées aux extrémités (42 rue Blanqui, corps de logis arrière).
21Par la suite, la croisée de chaque étage est modifiée (fig. 20) : l’appui abaissé, le meneau et la traverse sont supprimés. Une seconde ouverture est également percée. Enfin, la croisée d’origine du second étage est rétrécie – comme en témoigne l’ancien piédroit toujours en place – ainsi que l’autre baie ; de même, l’ossature secondaire est reprise, des pièces en remploi remplacent les anciennes croix. Cette modification est contemporaine – ou antérieure – à l’application d’une couche de pigment ocre jaune sur les bois, coloration fréquemment utilisée aux XVIIe et XVIIIe siècles39. Au XIXe siècle, l’ensemble du pan de bois est caché sous un enduit à faux joint, imitant un appareil de pierre, à l’image de celui conservé sur la façade d’une maison voisine sise au 137 rue Colbert.
22La façade, dans son état originel, possédait donc un pan de bois à croix de Saint-André associé au premier étage à un décor sur les piédroits de la croisée, décor composé d’un corps de moulures se retournant sur la sablière, sur laquelle régnait un larmier à la modénature atténuée (un quart-derond et une doucine séparés par un filet). Ainsi, les poteaux de fenêtres, tout comme les sablières, ne possédaient ni élément du décor flamboyant, ni motifs issus de la première Renaissance. Cette relative retenue dans le décor, l’utilisation de poteaux à tête non élargie40 associée à l’utilisation d’une sablière unique incitent à placer la réalisation de cette maison dans le deuxième tiers du XVIe siècle (plus vraisemblablement dans les années 1535-1550).
23Partant, les études de bâti permettent de cerner les nombreux remaniements subis par les façades en pan de bois (modifications et ajouts de percements, suppression et reprise des différentes ossatures, pause d’un enduit ou d’un badigeon) et seule leur multiplication, couplée à des analyses dendrochronologiques, favorisera à l’avenir une perception nouvelle des maisons en pan de bois de Tours leur redonnera ainsi la place qu’elle mérite dans le renouveau du panorama de l’architecture civile en France.
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Bocquet, Mataouchek, Perroux 1991
Bocquet Anne, Mataouchek Victorine, Perroux Joëlle – Étude de bâti. 11, rue Albert Thomas à Tours, mémoire de maîtrise des sciences et techniques d’archéologie préventive, Ferdière Alain (dir.), Université de Tours, 1991, 2 vol.
Bonnin 1979
Bonnin Martine – Les maisons à Tours aux XVe et XVIe siècles, mémoire de maîtrise d’histoire de l’art, Guillaume Jean, Chevalier Bernard (dir.), CESR, Université de Tours, 1979, 2 vol.
Bonnin 1980
Bonnin Martine – « La maison à pan de bois » et « Le décor extérieur de la maison », dans L’architecture civile à Tours, 1980, p. 63-71 et 95-97.
Bonnin 1998
Bonnin Martine – « Tours (Indre-et-Loire). Fin du XVe siècle. Maison en pan-de-bois à trois corps de logis sur boutique. “À l’enseigne du Pélican”. 48 rue Colbert », dans Esquieu Yves, Pesez Jean-Marie (dir.), Cent maisons médiévales en France (du XIIe au milieu du XVIe siècle). Un corpus et une esquisse, CNRS Éditions, Paris, 1998, p. 297-303.
Bontemps 1980
Bontemps Daniel – « Un exemple de maison à pan de bois : le 25, rue de la Hallebarde », dans L’architecture civile à Tours, 1980, p. 72-77.
Chancel-Bardelot et alii 2012
Chancel-Bardelot Béatrice, Charron Pascale, Girault Pierre-Gilles, Guillouët Jean-Marie (dir.), Tours 1500. Capitale des Arts, Somogy/Musée des Beaux-Arts de Tours, Paris-Tours, 2012, 384 p.
Chevalier 1975
Chevalier Bernard – Tours ville royale (1356-1520), origine et développement d’une capitale à la fin du Moyen Âge, Publications de la Sorbonne, vol. 14, Vander/Nawelaerts, Paris-Louvain, 634 p.
Chevalier 2012
Chevalier Bernard – « Tours en 1500, une capitale inachevée », dans Chancel-Bardelot Béatrice et alii (dir.), Tours 1500. Capitale des Arts, Somogy/Musée des Beaux-Arts de Tours, Paris-Tours, 2012, p. 20-36.
Gatian de Clérambault 1910
Gatian de Clérambault Edouard, Tours qui disparaît, Péricat, Tours, 1912.
David, Jesset 1993
David Florence, Jesset Sébastien – Étude de bâti. 20, rue Jules Moibeaux, Tours (37), mémoire de maîtrise des sciences et techniques d’archéologie préventive, Ferdière Alain (dir.), Université de Tours, 1993, 2 vol.
Deberge, Martin 1995
Deberge Yann, Martin Sophie – Étude de bâti. La maison médiévale du 23, rue Colbert à Tours, mémoire de maîtrise des sciences et techniques d’archéologie préventive, Ferdière Alain (dir.), Université de Tours, 1995, 2 vol.
Garrigou Grandchamp 2007
Garrigou Grandchamp Pierre – « Considérations sur l’architecture domestiques des XIIe-XIVe siècles à Châteauneuf », dans Galinié Henri (éd.), Tours antique et médiéval : lieux de vie, temps de la ville : 40 ans d’archéologie urbaine, Supplément à la Revue archéologique du Centre de la France, FERACF, Tours, p. 261-274.
Goré 2004
Goré Pauline – Le décor sculpté des maisons à pans de bois de Tours, mémoire de maîtrise d’histoire de l’art, Journot Florence (dir.), Université de Paris I, 2004, 2 vol.
Guillaume, Toulier 1983
Guillaume Jean, Toulier Bernard – « Tissu urbain et types de demeure : le cas de Tours », dans Chastel André et Guillaume Jean (dir.), La Maison de ville à la Renaissance, actes du colloque organisé à Tours du 10 au 14 mai 1977, coll. « De Architectura », Picard, Paris, 1983, p. 9-23.
Jacquet-Cavalli 2005
Jacquet-Cavalli Gaëlle – « L’exploitation de la forêt de Bréchenay au Moyen Âge », Bulletin de la Société archéologique de Touraine, t. LI, 2005, p. 101-113.
Journot 2010a
Journot Florence – « Commande aux ymaigiers du bois (XVe-XVIe siècles). La maison au groupe de la Sainte-Famille à Tours (2 rue du Change) et l’affichage sur rue d’une culture bourgeoise en ville royale (ca. 1450-1470) », Communication à la journée d’étude consacrée à la Culture des commanditaires le 28 mai 2010 à l’Université de Paris I : http://hicsa.univparis1.fr/documents/pdf/MondeRomainMedieval/Journot-28mai-texte.pdf Journot 2010b
Journot Florence – « La haute technicité du pan-de-bois des maisons urbaines médiévales en région Centre (XVe-XVIe siècles) », dans Carvais Robert et alii (dir.), Édifice et artifice. Histoires constructives, Paris, Picard, 2010, p. 447-455.
L’architecture civile à tours 1980
L’architecture civile à Tours des origines à la Renaissance, Catalogue d’exposition, Hôtel Goüin, été-automne 1980, Mémoires de la Société archéologique de Touraine, série in-4o, t. X, Tours, 1980, 110 p.
Legeard et Giraud 1993
Légeard Catherine, Giraud Cécile – Étude de bâti. La maison à pan de bois 16, rue Jules Moineaux Tours, mémoire de maîtrise des sciences et techniques d’archéologie préventive, Ferdière Alain (dir.), Université de Tours, 1993, 1 vol.
Leloup 2007
Leloup Daniel – Maisons à colombages de France, Éditions du Chasse-Marée, Douarnenez, 2007, 191 p.
Moussi 2007
Moussi Maud – « Politiques publiques, aménagement et archéologie depuis 1960 », dans Galinié Henri (éd.), Tours antique et médiéval : lieux de vie, temps de la ville : 40 ans d’archéologie urbaine, Supplément à la Revue archéologique du Centre de la France, FERACF, Tours, p. 34-36.
Quenedey 1928
Quenedey Raymond – « Les maisons anciennes de Rouen », Congrès archéologique de France, Rouen, 89e session, Paris, 1928, p. 187-208.
Toulier 1991
Toulier Bernard – « La maison à pans de bois aux XVe et XVIe siècles dans quelques villes du Val de Loire et du Berry », dans Le bois et la ville du Moyen Âge au XXe siècle, Actes du colloque organisé à Saint-Cloud les 18 et 19 novembre 1988, École normale supérieure de Fontenay/Saint-Cloud, 1991, p. 203-222.
Toulier 1995
Toulier Bernard – « Le pan-de-bois dans les villes du Val-de-Loire et du Berry aux XVe et XVIe siècles », dans Le bois dans l’architecture, actes du colloque de Rouen en 1993, Direction du patrimoine, Paris, 1995, p. 61-66.
Notes de bas de page
1 Chevalier 1975 et Chevalier 2012 : p. 22-23.
2 Auvray 1938-1940.
3 « Dans les années 1950, puis dans les années 1970, les programmes de reconstruction puis de rénovation entraînèrent d’importantes destructions. 14 ha pour la reconstruction de part et d’autre de la rue Nationale, 15 ha pour la rénovation en front de Loire (rue des Tanneurs) et rue de la Victoire » (Moussi 2007 : p. 34). Soulignons juste que la surface des destructions imputables à la politique de Jean Royer pour les seuls bords de Loire et rue de la Victoire dépasse déjà celle occasionnée par les bombardements…
4 Cf. dans ce même volume les contributions de D. Lettelier et O. Biguet sur Angers et C. Alix sur Orléans.
5 Voir à ce sujet les nombreuses fiches remplies par les services de l’Inventaire, notamment au cours des destructions, disponibles sur la base Mémoire.
6 Bonnin 1979.
7 L’architecture civile à Tours 1980 ; une notice sur une maison en pan de bois de la rue Colbert a été rédigée par M. Bonnin dans l’ouvrage Cent maisons médiévales en France (Bonnin 1998).
8 Guillaume, Toulier 1983 ; deux synthèses ont également été publiées par B. Toulier (Toulier 1991 et Toulier 1995).
9 Bocquet, Mataouchek, Perroux 1991 ; David, Jesset 1993 ; Legeard, Giraud 1993 ; Deberge, Martin 1995. Signalons également la soutenance en 2004 d’un travail universitaire portant sur le décor sculpté des maisons en pans de bois tourangelles (Goré 2004).
10 Je tiens à remercier le Laboratoire archéologie et territoires de l’université de Tours, et tout particulièrement F. Épaud, pour la mise à disposition du matériel.
11 Signalons néanmoins deux articles récents : le premier analyse le programme iconographique d’une demeure 2 rue du Change (Journot 2010a) et le second propose une synthèse actualisée sur le pan de bois tourangeau (Alix, Noblet 2012).
12 Guillaume, Toulier 1983 : p. 20.
13 Archives départementales du Loiret, dossier 37261-124, lettre du 1er avril 1955.
14 Comme l’a encore récemment souligné P. Garrigou Grandchamp (Garrigou Grandchamp 2007 : p. 263-264).
15 Archives départementales d’Indre-et-Loire, 30 J (fonds Boille).
16 Par ailleurs, Albert Laprade n’a pas relevé en détail le hourdis du 12 rue du Grand-Marché, ce qui confirme le caractère banal de ce dernier. Des photographies de cette même maison avant et après restauration se trouvent aux Archives municipales de Tours, fonds Goarnisson, album no 7.
17 Sur l’une des miniatures des « Heures du Tilliot » est figurée à l’avant-plan une architecture en pan de bois : l’ossature à losanges de l’étage comporte un hourdis dont les briques sont placées obliquement, avec un jeu d’alternance quant à leur orientation (Londre, British Library, Ms. Yates Thompson 5, f° 70v° ; publié dans Chancel-Bardelot et alii 2012 : p. 287).
18 Bontemps 1980.
19 Direction régionale des affaires culturelles, dossier MH 37261 ; Archives départementales du Loiret, versement no 453 (avril 2005), projet de restauration (30 mai 1991).
20 Œuvre de M. Gabriel Réau, sculpteur des environs de Tours (Archives départementales du Loiret, versement no 453, devis de sculpture du 3 juin 1991, s’élevant à la somme de 48 863, 20 F TTC), ces sculptures ont réussi à tromper l’œil averti d’historiens de l’art (Leloup 2007 : p. 69).
21 Archives départementales du Loiret, versement no 453 (avril 2005), projet de restauration (30 mai 1991).
22 Signalons encore la nouvelle mode de peindre certains pans de bois sans aucune étude préalable pour donner un fondement archéologique à ces pseudo-restitutions, tel le pan de bois médiéval 11 place du Grand-Marché peint en gris foncé ou son homologue du XVIIIe siècle au no 5 rue Rapin qui arbore un rouge sang de bœuf. La même couleur a été retenue au no 34 rue Étienne Marcel, pan de bois de la fin du XVe ou du début du XVIe siècle : si la couleur correspond au ton employé généralement à cette époque, elle ne s’accorde en aucun cas avec l’essentage d’ardoises beaucoup plus tardif, un non-sens de plus !
23 Les environs de Tours offrent de notables ressources forestières, qui aliment un commerce du bois d’œuvre florissant (Chevalier 1975, p. 141-142 et Jacquet 2005, p. 111-112).
24 Cette structure se rapproche de la « maison cage » définie pour Rouen par R. Quenedey, à l’exception toutefois de l’utilisation de poteaux de fond (Quenedey 1926).
25 Journot 2010b.
26 Sur ce décor, Journot 2010a.
27 Sur le décor des maisons en pans de bois tourangelles, Goré 2004.
28 Alix, Noblet 2009.
29 Maison détruite dans les années 1990, cf. dossier photographique David, Jesset 1993 : fig. 53.
30 Bocquet, Mataouchek, Perroux 1991.
31 À Chinon, sur un corpus de 35 maisons en pan de bois, C. Toulier a recensé seulement deux hourdis en moellons calcaire, Toulier 1979 : p. 382.
32 Les maisons occupant la partie occidentale de l’actuelle place Plumereau et bordant la rue du Grand-Marché seront les seules à être détruites.
33 Gatian de Clérambault 1912 : p. 46-47, pl. LXXV.
34 Gatian de Clérambault 1912 : p. 40, pl. LXIII ainsi que les nombreuses photographies réalisées par le service de l’Inventaire au moment de la destruction de la maison.
35 Archives départementales d’Indre-et-Loire, 3 E1 4, marché passé le 13 décembre 1491 devant le notaire Jaloignes.
36 Archives départementales d’Indre-et-Loire, H 528, plan terrier de Saint-Julien de Tours (XVIIIe siècle).
37 Bonnin 1980 : p. 54-55.
38 Le rez-de-chaussée a été lourdement repris, seul subsiste le piédroit de la porte d’accès au couloir.
39 Alix 2007.
40 Le système à bois courts et poteaux à tête non élargie semble se généraliser en région Centre dans les années 1530-1540, Toulier 1991 : p. 212.
Auteur
Docteur en histoire de l’art
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