Les maisons en pan de bois d’Angers. L’apport de la dendrochronologie et des sources documentaires1
p. 181-199
Texte intégral
1 Très développée dans l’habitat marchand des XVe et XVIe siècles, la construction en pan de bois2 ne compte plus à Angers qu’une quarantaine d’édifices. Enrichi à une centaine grâce à une abondante iconographie (fig. 1), ce corpus avait fait l’objet en 1986 d’une synthèse typo-chronologique, replacée en 1992 dans une approche morphologique plus large de l’habitat3. La réflexion est relancée aujourd’hui grâce à un programme de dendrochronologie (une douzaine de sites à ce jour4) et quelques apports documentaires (marchés et censifs) qui autorisent de nouvelles hypothèses sur les questions de diachronie/synchronie entre les différents encorbellements et formes de colombage rassemblés dans cette ville. Les prélèvements ayant surtout été opérés – pour des raisons d’efficacité – sur les planchers, cloisons intérieures et charpentes de toit5 solidaires de la façade, les visites intérieures indispensables ont parfois amené à quelques découvertes inédites.
2Précisons auparavant la faiblesse des sources angevines en matière de réglementation afférant à ce mode de construction. Si le grand incendie de la Madeleine à Bourges en 1487 est aussitôt rapporté à Angers, il n’est pas suivi de prescriptions restrictives sur l’usage du matériau6. Néanmoins, les encorbellements, faibles à Angers, entre 20 et 35 cm, pourraient être implicitement évoqués par une règle d’alignement rappelée en 1480 dans les délibérations municipales à l’occasion d’une construction non conforme, à savoir que : « selon la costume et anxienne ordonnance, quant on besongne en ediffice, […] on se retire de demy pié et troys doitz7… ». Ce faible retrait d’environ 25 cm a-t-il un rapport avec le débord, comparable, des étages supérieurs sur l’espace public ? Le débat reste ouvert. Seule, l’interdiction des saillies sur la rue en 1541 est clairement édictée dans les délibérations du corps de ville8. Quant au pignon sur rue comme signe de notabilité (selon le fameux dicton), il est indirectement confirmé par l’exemption du droit de prévôté dont jouissaient, à partir de 1600, les marchands et habitants de la ville (par opposition aux marchands forains) : « pourvû qu’ils ayent maison en ville qui soit à festet pour le moins treize couples de chevrons9 », soit environ un développement bâti d’une dizaine de mètres qui – sur les étroites parcelles du cœur de ville (5-6 m en moyenne sur rue) – imposait le petit côté ou pignon sur rue.
LE COUPLE « SOLIVES – CROIX DE SAINT-ANDRÉ » : UN HÉRITAGE DU XIVe SIÈCLE
Le plus ancien témoin d’une ossature bois : une petite maison de la Cité épiscopale
3Datée de l’automne-hiver 1399-1400d, la maison située 17 rue Saint-Aignan (fig. 2), dans la Cité épiscopale, fournit à ce jour le premier chaînon entre un pan de bois médiéval inconnu et celui des temps modernes auxquels on peut rattacher un XVe siècle désormais mieux connu. Restauré dans les années 1970 avec un parti de restitution minimal (sous réserve du premier niveau de façade) et récemment relevé par le SDAML10, ce logis est un précieux conservatoire de formes et de mises en œuvre médiévales, sans compter une distribution intérieure inédite. Il s’agit d’un petit gabarit à une pièce par niveau – 5,30 m de façade sur 8 m de profondeur – auquel s’ajoute au revers un corps de latrines en maçonnerie. Les niveaux sont sensiblement plus bas que la moyenne au XVe siècle, entre 2,10 m sous solives au rez-de-chaussée et 2,48 m au premier étage, au lieu des 3 m habituels au XVe siècle. Le système distributif était probablement des plus simples : dans l’axe de la porte (d’origine) prenait place rapidement, dans l’unique pièce du rez-de-chaussée, un escalier droit, type échelle de meunier11.
Fig. 2 > Maison de la chapelle de Landemore, 17 rue Saint-Aignan (Cl. P. Giraud, Inventaire général).
4Ce logis en pan de bois avait été pressenti comme l’un des plus anciens du fait d’une ossature entièrement en bois, portée au rez-de-chaussée par une ceinture de murs latéraux et postérieurs en schiste (fig. 3) : les poutres de plancher transversales reposent sur des poteaux renforcés de liens, entre lesquels s’élèvent les parois de colombage et le massif de cheminée. Marque d’ancienneté également, les solives d’un seul tenant (portée de 8 m) sont posées sans assemblage sur les poutres, tout comme les planchers sur les solives, faits de larges planches de 2-3 cm d’épaisseur.
Fig. 3 > Maison de la chapelle de Landemore, 17 rue Saint-Aignan : élévation et coupe sur face nord ; détail de l’encorbellement du premier étage (Relevés Jean-Yves Hunot et Emmanuel Litoux, SDAML, 2011).
5Contrainte par son étroitesse, la façade définit le modèle des maisons ultérieures sur parcellaire étroit. Il s’agit ici exclusivement de bois courts à la différence d’une maison orléanaise récemment étudiée, de cinq ans antérieure12 : à chaque étage, deux grands panneaux de colombage identiques encadrent symétriquement une ouverture centrale qui, répétée sur toute la hauteur de l’élévation, forme une travée bien alignée. La mise en œuvre est élémentaire : encorbellement sur solives (présents de manière assez exceptionnelle sur la face postérieure également13) et grands panneaux de colombages à croix de Saint-André. Les solives de plancher, qui font saillie en façade et portent le niveau supérieur, sont accompagnées par des poteaux corniers qui s’élargissent pour porter la sablière de chambrée, sans pour autant remettre en cause le principe de base, qui reste essentiellement horizontal. Il se présente ici encore avec une certaine maladresse : les poteaux corniers d’étage reposent sur les solives de rive au lieu de s’appuyer sur les sablières de chambrée, comme on l’observera dès le premier quart du XVe siècle. L’insuffisante zone de contact entre sablière et solive de rive révèle un système fragile. Le contreventement des parois montre aussi un certain archaïsme avec ses décharges croisées grossièrement équarries à large intersection qui atteint presque l’angle droit au deuxième étage, moins élevé.
6La lucarne passante qui éclaire aujourd’hui deux niveaux différents – le second étage et un étage de comble dont le plancher passe à hauteur de la traverse de la baie – traduit la présence d’une salle haute sous charpente, qui s’avère une découverte majeure pour l’habitat urbain médiéval à Angers. Cette disposition est bien confirmée par le plancher de comble, dont la partie antérieure (ouest) au-dessus de la pièce principale est faite de remplois de bois de bateaux ou « déchires » selon une pratique connue aux XVIIIe et XIXe siècles. En revanche dans la partie postérieure du volume, à l’est de la cheminée, le solivage est ancien bien que remanié ; il est connecté à une grosse poutre médiane (située à l’aplomb du faîtage) qui porte la cloison en pan de bois d’une petite pièce haute logée entre les deux niveaux d’entraits. La cloison datée par dendrochronologie de l’automne-hiver 1399-1400 confirme cette cohérence structurelle. On peut ainsi restituer une salle haute en forme de « botte », équipée d’une chambre « suspendue » nécessairement accessible par une échelle. La salle s’élevait à 4,50 m sous les faux-entraits, dotée d’une cheminée à double corbeaux bien caractéristiques de cette fin du XIVe siècle et toujours en place, bien que sectionnée par le plancher ouest. Celui-ci n’était pas encore installé selon une description sommaire de 179114, qui évoque pour ce niveau « une chambre en dératelis » (en surcroît) et « grenier au surplus », au lieu de l’usuel « grenier sur le tout ». La formulation ici choisie trahit bien une difficulté à qualifier, au XVIIIe siècle, un espace évidemment atypique.
7Une interrogation subsiste sur l’aspect extérieur du premier niveau. La hiérarchie des niveaux (une pièce basse non chauffée, une salle d’étage plus soignée avec ses poutres chanfreinées, puis la salle sous charpente) indique une certaine aisance, celle d’un chapelain attesté dans les lieux peu avant la reconstruction. En effet, ce logis est connu dès 1392 sous le nom de maison de la chapelle de Landemore, dont prend possession en 1398 le prêtre Jehan Montatoriis [ou Mercatoriis]15. De ce fait, on peut imaginer un premier niveau domestique largement éclairé, et non une devanture de boutique qui serait surprenante dans ce quartier ecclésiastique. Les retours de mouluration de la sablière basse – assurés – du premier étage justifient la grande baie restituée, qui fut sans doute subdivisée à la manière d’une claire-voie comme aujourd’hui16, mais avec une surface éclairante plus réduite par les châssis bas de menuiserie17. À titre de comparaison, la maison canoniale Sainte-Croix (en pierre, XIIe siècle), toute proche, présentait aussi une grande fenêtre sur la rue pour éclairer un rez-de-chaussée de service. On note avec intérêt que la maison de chapelain voisine dite du Salve au no 15, de même gabarit et un peu plus tardive dans le XVe siècle, comprenait également un premier niveau à structure bois, très définitoire par ailleurs de l’habitat marchand18.
Un grand logis seigneurial à l’orée du XVe siècle
8Quasi-contemporain puisque daté de 1405-1406d, l’hôtel Sabart19 (fig. 4) est situé sur la grande artère marchande du quartier de la Doutre (11-17 place de la Laiterie). Ce grand logis urbain où se situait originellement une dépendance de l’abbaye voisine du Ronceray sous le nom de « Pierre-Notre-Dame » est signalé en 1385 comme une ancienne demeure de la puissante famille de Brie, seigneur de Serrant, mais qui ne la détient apparemment plus lors de la reconstruction20. À la pointe d’un îlot, plusieurs corps de bâtiments s’étendent entre la voie publique et une cour intérieure desservie par un vaste porche. Le logis sud, maçonné, garde des traces importantes du XIIe siècle, tandis que deux autres logis jointifs s’élèvent en colombage au-dessus d’un rez-de-chaussée et d’un entresol en moellon de schiste, à usage de service ou plus probablement de commerce (comme aujourd’hui). Seul a été daté le corps principal traversé par le porche, au centre du complexe. Sa position d’angle dégage deux façades dont un pignon à ferme débordante selon un dessin caractéristique (jambettes et aisseliers courbes) qui sera repris jusqu’à la disparition des surplombs. Les encorbellements puissants sur solives renforcés à l’angle de solides pigeâtres (et non de poteaux élargis) portent les colombages à croix de Saint-André : désormais plus verticales, celles-ci sont complétées de décharges et/ou d’une grille de poteaux (exclusive à hauteur des combles). Ici comme sur le logis de chapelain, l’encorbellement présent sur les deux faces du bâtiment, la section plus large que haute des solives soulignées en base d’une fine rainure, l’absence de toute mouluration en dépit de la qualité architecturale, sont des critères complémentaires d’ancienneté. Le rapprochement le plus inattendu réside intérieurement dans la présence d’un grand volume sous charpente incluant le second étage et le comble, d’une hauteur de 5,50 m sous les faux-entraits, à l’origine lambrissé. La qualité de cette salle dotée d’une cheminée monumentale (restaurée) est sensible dans la finesse et la mouluration des bois – sablières moulurées en sifflet, entraits et poinçons chanfreinés.
Fig. 4 > Hôtel Sabart, 11-17 place de la Laiterie (Cl. F. Lasa, Inventaire général).
9Ainsi observe-t-on dans ces deux logis de notables, de taille et de statut aussi dissemblables, des parentés constructives mais aussi distributives – les premières (surplomb sur solives, grandes croix de Saint-André) promises à un bel essor au XVe siècle, tandis que les secondes (salles hautes sous charpente) sont les derniers témoins, à Angers, d’un mode d’habiter révolu.
Un exemple de maison marchande au début du XVe siècle
10Un nouveau repère un peu plus tardif de cette grande famille structurelle – 1423-1424d – est fourni par une maison d’angle, 59 rue Beaurepaire (fig. 5) : prototype de la maison marchande avec parcelle étroite et profonde, boutique reportant l’escalier en vis à l’arrière, deux étages d’habitation sous un niveau de comble. La fonction est confirmée par un censif contemporain de la construction qui permet de l’attribuer à un certain Jean Chaillou, épicier21.
11On retrouve, avec la position d’angle, le dégagement de deux façades dont la plus étroite affiche un pignon sur la rue forte. Telle qu’elle a pu être restituée grâce aux observations intérieures, cette élévation principale montrait comme la maison du chapelain, une travée médiane bien constituée22, à deux croix de Saint-André encadrant une fenêtre centrale à chaque étage. La fenêtre supérieure dans le pignon est divisée par un meneau constitué par le poinçon de tête de la charpente, selon une formule qui deviendra récurrente : « ou quel pignon aura une croisée qui sera des deux coustez du poinczon » est-il stipulé dans un marché de 1532 concernant une maison en pan de bois au 6 rue Saint-Aubin23. Ce premier exemple de pignon montre déjà, du côté du mitoyen, un retour de toiture en appentis greffé par une noue sur la toiture principale pour diriger les eaux vers la rue. Du fait de la situation d’angle, le versant principal opposé assure, à lui seul, cette fonction sur la rue secondaire. Mais dans le cas d’une double mitoyenneté, deux appentis encadrent le pignon. Il s’agit d’un parti systématique à Angers, évoqué par exemple dans un marché de 1549 : « ung pignon carré à derrière de ladicte maison avecques deulx noes aux deulx coustez de ladicte maison pour tyrer les eaux de ladicte maison en la rue24 ». Comme à l’hôtel Sabart, l’élévation secondaire associe croix de Saint-André d’étages et grille de poteaux renforcés ponctuellement d’une décharge.
Fig. 5 > Maison Chaillou, 59 rue Beaurepaire : états actuel et restitué (Cl. P. Giraud, Inventaire général, et relevé par J. Mastrolorenzo, archéologue en architecture, 2010).
12L’étroitesse du logis et la configuration particulière d’angle se traduisent intérieurement par l’absence de poutre au profit d’un double cours de solives en débord sur les deux élévations, assemblé dans un coyer, en saillie sur l’angle du poteau cornier. Par ailleurs, on observe une évolution notable dans la mixité des matériaux, car la ceinture de schiste – latérale et postérieure – inclut le premier étage. Mais cette apparente évolution du bois vers la pierre doit être relativisée et ne semble pas si linéaire à Angers25 qui n’a pas connu, comme à Bourges, une réglementation renforcée par un grand sinistre (l’incendie de 148726), ni l’usage constructif généralisé des hauts mitoyens maçonnés d’Orléans27.
Une version plus simple et tardive : la maison Taiget à double unité de la rue Lionnaise
13Une modeste maison à deux unités d’habitation de taille inégale, 3-5 rue Lionnaise (fig. 6), a pu être datée entre 1473 et 1477d ; seule la partie no 3 bien conservée a été retenue pour l’étude, l’autre ayant été surélevée au XIXe siècle. Un censif des années 1460-1470 confirme ce petit lotissement de « deux mesons […] joignant ensemble […] nouvelement ediffiées » au bas de la rue Lionnaise28. Au bout du grand axe commerçant de la Doutre, cette maison à gouttereau sur rue et comble éclairé, ne présente plus qu’un étage carré au-dessus d’une double devanture de boutique29. La façade de bois habille une structure désormais entièrement maçonnée, à l’exception de la paroi séparative mitoyenne au revers des poteaux médians – communs – de façade : une évolution chronologique, à nuancer aussi par le paramètre géographique d’un milieu quasi faubourien où la pierre prend le pas. La datation dans la seconde moitié du XVe siècle a remis en cause l’hypothèse initiale d’un logis plus tardif, fondée sur l’aspect du colombage exclusif à grille et décharge qui se généralisera avec l’aplomb des façades. Le couple structurel de base ici appauvri traduit ainsi plutôt une modestie sociale qu’une transition chronologique. D’autres datations seraient nécessaires pour approcher le terminus de cet encorbellement primitif à solives, grande famille décimée, dont nous pensons qu’elle a pu se poursuivre au XVIe siècle jusqu’au passage à l’aplomb. Mais les sites subsistants sont rares et malheureusement bien remaniés.
Fig. 6 > Maison Taiget, 3-5 rue Lionnaise (Cl. P. Giraud, Inventaire général).
LE SURPLOMB À ENTRETOISES : UNE TECHNIQUE MARGINALE À ANGERS
Le logis du Croissant au milieu du XVe siècle
14Le surplomb plus élaboré « à entretoises » est introduit à Angers au milieu du XVe siècle, en 1459-1460d précisément, par le remarquable logis du Croissant (fig. 7) situé dans la Cité épiscopale, 7 rue des Filles-Dieu. Cette très étroite maison d’angle, de plan trapézoïdal, est flanquée par une vis de pierre monumentale axée sur la rue principale (Saint-Aignan), lui valant aussi le surnom de maison de la Tour30. Par chance, la dendrochronologie est corroborée par les archives de la Maison d’Anjou, dont relevait ce rare logis laïc de la Cité : en 1457, le juge d’Anjou enjoint le propriétaire et charpentier Jean Touschart d’abattre et de reconstruire sa maison « tellement ruyneuse », située seulement à quelques dizaines de mètres du château princier31. Or ce charpentier n’est autre que celui du duc René d’Anjou, œuvrant au château même dans ces mêmes années32. Fut-il le commanditaire ou à tout le moins le maître d’œuvre de cette reconstruction, peut-être utilisée par le duc pour le logement de l’un de ses officiers, membre de son ordre du Croissant. On note en effet que, dans les mêmes années, « Croissant » était le surnom du Poursuivant d’armes de cet ordre de chevalerie, qui occupait alors la fonction de concierge du château33.
15La façade en pan de bois s’élève latéralement sur deux étages carrés au-dessus d’un rez-de-chaussée en tuffeau, probablement repris34. Si le contreventement des parois garde le vieux système à croix de Saint-André, l’encorbellement évolue car les solives porteuses, moins nombreuses, sont soutenues chacune par un poteau élargi et étrésillonnées par des entretoises plaquées sur les solives intermédiaires. Ce système mixte plus élaboré de supports horizontaux/verticaux s’accompagne de nouvelles recherches esthétiques : une mouluration continue en sifflet unifie les sablières de plancher, entretoises et sablières de chambrée ; de même la partie élargie des poteaux dessine des consoles à base de moulurations prismatiques et de trompes miniatures. Mais le hourdis décoratif de brique, qui s’est substitué au torchis, est un apport de la dernière restauration.
Fig. 7 > Logis du Croissant, 7 rue des Filles-Dieu : élévation latérale sur la rue Saint-Aignan et détail de l’encorbellement du second étage (Cl. F. Lasa, Inventaire général).
L’évolution esthétique au tournant du siècle
16Les effets décoratifs associés à ce type de surplomb sont confirmés ultérieurement par deux maisons, 57 rue Beaurepaire (1490-1491d) et 14 rue Saint-Aignan (1515-1516d). Le motif de colombage offre une variété inconnue auparavant, caractéristique d’une richesse nouvelle du pan de bois angevin à la charnière des XVe et XVIe siècles. Ainsi, au 57 rue Beaurepaire (fig. 8), les deux étages carrés s’ornent de motifs en chevrons, tandis qu’au 14 rue Saint-Aignan (fig. 9), chaque étage reçoit une formule différente, croix de Saint-André superposées en deux registres au premier étage et chevrons au second. Par contre le décor sculpté reste discret. Seule, la maison la plus tardive expose une ornementation plus élaborée : les poteaux élargis se complexifient avec un changement de plan du demi-octogone au demi-carré, et de petits masques-culots ponctuent la base des poteaux de fenêtre ; ceux-ci sont traités comme des troncs d’arbres noueux, motifs directement inspirés des plus riches maisons angevines contemporaines, qui donnent de toute évidence le ton de l’époque.
17Élémentaire ou étrésillonné d’entretoises, le système d’encorbellement horizontal est aussi ancien en Anjou qu’en Bretagne, car attesté aussi à Guérande en 1399-1400d (2-4 rue Saint-Michel35). Une comparaison avec la ville, proche, de Laval est également instructive36. Les maisons du Pou-Volant (26 et 28 Grande-Rue), datées entre 1423 et 143237, sont de la génération de notre maison Chaillou de 1423-1424, à ceci près que le contreventement des parois est uniquement à grille et décharges, dans une tradition du grand ouest. Quant au perfectionnement technique que constitue l’entretoise, il apparaît tôt à Rennes – 3 rue du Chapitre – en 1436-1440d, et s’observe au même moment dans les décennies suivantes à Angers et Laval (9-11 Grande-Rue, en 1461-1462d). Mais à Angers, cette formule est restée très marginale, contrairement au Maine et à la Bretagne, où elle constitue le type le plus riche de la maison en pan de bois, et de ce fait s’accompagne éventuellement d’un abondant décor figuré38.
Fig. 8 > 57 rue Beaurepaire (Cl. P. Giraud, Inventaire général).
Fig. 9 > 14 rue Saint-Aignan : détail sur la partie centrale de lélévation (Cl. F. Lasa, Inventaire général).
LA BELLE FORTUNE DU POTEAUÉLARGI
La première maison datée : La Petite Notre-Dame, 1451-1452d
18Si le poteau élargi est bien présent en renfort des surplombs horizontaux sur solives (sans ou avec entretoises) et ce dès 1400 à Angers, il est aussi attesté précocement comme seul support, en 1451-1452d, avec la maison dite la Petite Notre-Dame, 8 rue Corneille, un logis de caractère résidentiel (fig. 10). Le motif de colombage à croix de Saint-André n’évolue toujours pas, alors même que la structure de l’encorbellement change. Mais celle-ci est désormais verticale, constituée de poteaux d’angle et de fenêtre portant des sablières cette fois jointives. Celle de chambrée en débord et masquant l’about des solives, est soulignée d’un double chanfrein, unique mouluration de la façade. Une seconde maison, 65 rue Beaurepaire, quelque vingt-six ans plus tardive (1478d), présente les mêmes caractéristiques d’encorbellement et de colombage, un poteau élargi de fenêtre venant en plus compléter la structure de l’encorbellement ; la mouluration reste tout aussi sobre, sinon l’apport d’une double accolade de la baie d’étage (fig. 11).
Fig. 10 > Maison dite la Petite Notre-Dame, 8 rue Corneille (Cl. F. Lasa, Inventaire général).
Fig. 11 > 65 rue Beaurepaire (Cl. P. Giraud, Inventaire général).
19Ce principe structurel s’accompagne parfois de colombages diversifiés39 et de plus larges chanfreins. Il nous semble y voir une recherche esthétique, à l’image des maisons à entretoises, qui pourrait s’inscrire dans une évolution chronologique mais qui demanderait à être vérifiée : les « faux losanges » du 9 rue de l’Oisellerie (fig. 12) n’annonceraient-ils pas le riche pan de bois de la fin du XVe siècle ? Ce type essentiellement ligérien qu’on observe (souvent avec des corps de moulures plus importants) à Chinon, Tours, Blois ou Bourges, plus éloigné, mais aussi au Mans40, semble plus spécifique à l’après-guerre de Cent Ans et connaître un beau développement à la charnière des XVe et XVIe siècles. Mais avec la datation du 8 rue Corneille, on peut désormais le faire remonter au milieu du XVe siècle. Le référentiel chronologique demanderait à être enrichi pour mieux appréhender la longévité de ce corpus comparativement à celle des riches maisons sculptées de la même zone culturelle qui, à Angers, apparaissent à la fin du XVe siècle avec la maison d’Adam ; mais aussi en regard des maisons à encorbellements avec entretoises, les deux formules se manifestant concomitamment à Rennes et à Angers dès le 2e quart/milieu du XVe siècle.
Fig. 12 > 5 à 9 rue de l’Oisellerie (Cl. P. Giraud, Inventaire général).
Un âge d’or du pan de bois angevin, 1491-1532 : le couple poteau élargi et « louzanges »
20Quatre des six maisons datées à Angers pour cette période dessinent un nouveau modèle, sur les grands axes commerçants : le duo encorbellement à poteaux élargis et colombages à losanges, qui marque l’aboutissement de formules techniques et esthétiques déjà à l’œuvre depuis le milieu du XVe siècle. Les « pans de boys assemblez à louzanges41 » font leur apparition avec la célèbre maison d’Adam datée de 1491d, construite selon toute vraisemblance pour un apothicaire42. Ce panneautage solide et esthétique, gourmand en bois, constitue dès lors un signe de reconnaissance des plus belles maisons de la ville (et ce jusqu’à la fin de la Renaissance). Les deux autres maisons datées, 7 rue de l’Oisellerie (1513-1515d, fig. 11) et 21 rue Saint-Laud (décennie 1510d) confirment les nouveautés de la maison d’Adam. L’encorbellement est assuré par des poteaux élargis « en escalier » qui enveloppent et portent les sablières jointives amplement moulurées : la mouluration haute de la sablière de plancher à forte section en équerre est parfois confondue à tort avec celle d’une entretoise43. Un riche traitement ornemental et figuré accompagne les panneaux losangés. L’ensemble est indissociable du pignon sur rue ou de sa variante spectaculaire, la lucarne monumentale. Avec la maison d’Adam, le traditionnel torchis fait place à un hourdis décoratif de brique, repris au 21 rue Saint-Laud, utilisé seulement durant cette période « gothique » : un phénomène observable également à Tours dans des proportions plus importantes, à rapprocher peut-être du goût pour l’usage de la brique et de la polychromie en maçonnerie sur nombre de châteaux et quelques hôtels de Touraine, de l’Orléanais et du Berry. Ce motif losangé lui-même ne serait-t-il pas l’équivalent ornemental des losanges de briques noires émaillées propres à ces édifices ? Peut-être faut-il y voir une mode proprement ligérienne tant pour l’architecture de bois que de maçonnerie, car ces pans de bois à losanges ne se retrouvent pas en Bretagne ou en Normandie, en Ile-de-France ou en Bourgogne. Les riches maisons sculptées d’Angers trouvent leurs semblables à Luynes (maison, 4 rue Paul-Louis Courier), Tours (maison, 26 rue de la Monnaie ; maison dite du Dauphin), Blois (maison dite des Acrobates ; maison, détruite, de la rue Saint-Lubin), Bourges (maison des Raisins, maison dite de la Reine Blanche, 1488-1489d), Aubigny-sur-Nère (maison dite du Bailli), etc44.
21Connu par l’iconographie et un marché de charpenterie de 153245, le logis de Guillaume Richard, sieur du Ruisseau Doré, 6 rue Saint-Aubin, fournit notre dernier repère daté. Ici, la structure gothique des poteaux élargis ornés de figures en pied et des sablières profondes est associée à un décor d’une première Renaissance composite avec ses pilastres à motifs feuillagés ou géométriques (sur les poteaux de fenêtre) mais encore ponctués à leurs extrémités de petites figures pittoresques, humaines ou animalières. Cette maison de transition, comme les précédentes des années 1510, où apparaissent très ponctuellement des motifs italianisants (coquilles ou rais de cœur stylisés sur les poteaux corniers), reste malgré tout fortement attachée à l’esthétique de la maison d’Adam.
LE PASSAGE À L’APLOMB
La poursuite d’un pan de bois savant à losanges durant les deux Renaissances angevines
22Le passage à l’aplomb concorde avec une nouvelle écriture Renaissance qui se fait pleinement dès la décennie suivante. Datée entre 1531 et 1550d, la maison 62 rue Baudrière (fig. 13) nous semble des années 1540 par son décor de colonnettes et pilastres cannelés aux chapiteaux malheureusement bûchés. Sa façade plate apparaît donc comme une résultante rapide de l’interdiction municipale des encorbellements en 1541. Un marché de 1552 confirme bien l’aplomb dans le milieu du siècle en la maison du poêlier Pierre Aveline46 (fig. 14), dans la rue éponyme : la façade reste encore attachée à un décor archaïsant de pilastres François Ier à motifs géométriques, sommés de chapiteaux ioniques et corinthiens qui dénotent une connaissance des ordres classiques (le troisième étage carré, par son décor maniériste, est manifestement une surélévation). Dans les deux cas, le passage des étages est assuré par une sablière unique (dans laquelle s’encastrent les solives de plancher) dont le débord supérieur coiffe et protège les chapiteaux sous forme d’une corniche moulurée (62 rue Baudrière) ou d’un larmier (24 rue des Poêliers). Mis à part l’archaïsme des pilastres François Ier, les charpentiers semblent bien en phase avec la culture artistique du moment. On aimerait vérifier si l’ordonnance classique d’une tierce maison, 15 rue Saint-Laud, avec ses ordres superposés et ses pilastres sophistiqués (cannelés et rudentés), fournit un autre jalon plus tardif durant les vingt ans qui précédent le grand engouement maniériste.
Fig. 13 > 62 et 60 rue Baudrière (Cl. P. Giraud, Inventaire général).
Fig. 14 > Maison Pierre Aveline, 24 rue des Poêliers (au 1er plan) : élévation détruite en 1912 (Médiathèque de l’architecture et du patrimoine, 209. Cl. F. Lasa, Inventaire général).
23Angers possédait en effet un corpus homogène de riches maisons sculptées de la seconde Renaissance, uniques dans le Val de Loire et mieux connues grâce aux nombreuses dates portées qui s’affichent sur les façades entre 1572 et 1596. Nous ne nous attardons pas sur ce second âge d’or du pan de bois angevin, sinon pour confirmer l’unité de la période à travers deux marchés retrouvés : l’un de 1573 donne une nouvelle maison rue Saint-Aubin47 ; l’autre de 1595 concerne l’emblématique logis Girard, place Romain, construit pour le marchand poêlier Mathurin Aveline48. Ce dernier texte qui décrit précisément les bois de structure reste malheureusement muet sur le décor, comme tous les autres marchés de charpente.
24Une nouveauté distributive observable sur l’une de ces maisons a pu être également précisée par la dendrochronologie : l’« escalier-galerie » à balustres, à cage ouverte sur la cour entre deux corps, au 5 rue de l’Oisellerie, a été daté entre 1595 et 1621d, soit au plus tôt quelques années après l’achèvement du logis dans la décennie 1580 (fig. 11). On a donc rapidement remplacé un système ancien de distribution (vis et galerie) par cette forme plus commode et spectaculaire qui se généralise ensuite dans la ville et dont on situe désormais la première apparition de façon certaine à la charnière des XVIe et XVIIe siècles.
La question des maisons sans décor et le problème connexe d’un pan de bois tardif
25Les quelques maisons subsistantes à l’aplomb, d’un aspect appauvri avec leur unique colombage à grille et décharges, resteront difficiles à dater ; en effet, les remaniements ou les masques intérieurs n’assurent pas de la bonne connexion entre charpente intérieure et extérieure (60 rue Baudrière, fig. 13), ou montrent une dichotomie, à l’exemple des 20-22 et 61-63 rue Beaurepaire dont les charpentes – incomplètes côté rue – attestent un alignement de façade.
Fig. 15 > Maison de la chapelle du Pin, 6 rue des Filles-Dieu-rue Saint-Aignan (Cl. P. Giraud, Inventaire général).
26La construction en pan de bois se poursuit à Angers aux XVIIe et XVIIIe siècles par des reprises partielles de colombage (6 rue Pocquet-de-Livonnières) ou des surélévations comme l’attestent souvent les combles (15 et 19 rue Saint-Laud). Mais il peut s’agir aussi d’interventions plus lourdes, à l’image d’une grosse maison de la Cité, à l’angle de la rue des Filles-Dieu et de la rue Saint-Aignan (fig. 15) : deux expertises de travaux datées de 1769 et 177149 font état d’une totale reconstruction des élévations. Celle-ci fut confiée à un charpentier sommé de refaire son travail en supprimant les encorbellements qu’il avait rétablis fidèlement ; probablement étaient-ils sur solives d’après les témoins apparents entre les deux sablières qui divisent les deux étages actuels bien à l’aplomb.
27Par ailleurs, l’usage du bois sur des élévations secondaires (côté cour) ou cachées (mitoyens) a pu être pratiqué à l’époque classique, d’après le marché de construction et « portrait » d’une maison datée de 1699 sur sa belle façade en tuffeau, 40 rue du Cornet50. Un autre exemple en est donné à la fin du XVIIe siècle au Logis Barrault dont l’ancienne galerie, transformée en cellules pour le Grand séminaire, est doublée d’une ossature de couloirs en pan de bois enduit. Malgré tout, ces exemples ne semblent pas remettre en cause la prépondérance de la pierre sur le bois à partir du XVIIe siècle (contrairement à d’autres villes comme Paris, Rouen ou Rennes) et notamment du tuffeau qui se généralise sur les grands axes commerçants.
28Le référentiel de dates disponible à ce jour met en valeur l’ancienneté des maisons en pan de bois d’Angers, tout au long d’un XVe siècle auparavant bien mal cerné et permet déjà d’étayer une chronologie comparée des structures, en particulier des types d’encorbellements (fig. 16). Mais leur pérennité au siècle suivant (à l’exception du système savant) n’est pas encore avérée. La mise en perspective de ce nouveau référentiel angevin avec d’autres dates connues sur un axe ligérien élargi entre, Bretagne et Berry, pourrait suggérer une progression diachronique entre systèmes horizontal et vertical, sous réserve de nouvelles découvertes. Il est certain en tous cas que deux zones culturelles – un foyer Bretagne/Maine dominé par l’entretoise et un foyer Val de Loire par le poteau élargi – coexistent dès le milieu du XVe siècle. La singularité d’Angers tient à cette double appartenance, mais le tropisme ligérien est largement prépondérant, surtout à la charnière des XVe et XVIe siècles lorsque, dans le terreau des expérimentations propres à cette région, la capitale angevine y produit ses plus brillantes manifestations.
Fig. 16 > Essai de chronologie comparée des encorbellements entre Bretagne et Berry (D. Letellier, O. Biguet, 2011).
Bibliographie
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Notes de bas de page
1 Que soient remerciés Jean-Yves Hunot, Emmanuel Litoux, Yannick Le Digol, Yann Couturier, Axel Marais, Clément Alix, Julien Noblet, Joseph Mastrolorenzo, Christian Cussonneau, François Comte, Marie-Luce Fabre, pour leur aimable collaboration.
2 Bois de chêne exclusivement, bien signalé par ailleurs dans les marchés de charpente.
3 Biguet, Letellier, 1986, p. 38-51 ; 1992, p. 32-51. Résultats d’un inventaire topographique (qui demandera des mises à jour) consultable sur : http://www.angers.fr/decouvrir-angers/patrimoine-architecture/atlas-du-patrimoine/index.html et http://www.patrimoine.paysdelaloire.fr.
4 Dans le cadre d’une convention de partenariat région-ville pour les travaux d’Inventaire du patrimoine. Interventions assurées par l’entreprise Dendrotech, dont la base de données nous a été bien utile pour établir des comparaisons : http://www.dendrotech.fr/fr/Dendrabase/recherche-site.php.
5 Le propos portant surtout sur les parois en pan de bois, les charpentes angevines observées ne sont pas décrites, mais signalons leur homogénéité, du type chevrons-formant-fermes, à deux niveaux d’entraits et contreventement généralement en croix de Saint-André.
6 Archives municipales d’Angers, BB 5, f° 47, 27 juillet 1487.
7 Archives municipales d’Angers, BB 1, f° 72, 17 août 1480.
8 Archives municipales d’Angers, BB 22, fos 32-33, 2 décembre 1541.
9 Robert 1748 : p. 385, cité par Guéry 1913 : p. 164-165.
10 Service départemental d’archéologie de Maine-et-Loire. Relevés effectués par Jean-Yves Hunot et Emmanuel Litoux, à qui nous devons largement l’analyse de l’édifice.
11 Selon Jean-Yves Hunot, pour qui la cage actuelle d’escalier a été aménagée ultérieurement.
12 Orléans, maison 25 rue de la Poterne/rue de la Charpenterie, datée de 1395d (voir infra Clément Alix).
13 Les rares élévations postérieures en pan de bois, conservées, sont toujours à l’aplomb (7 ou 9 rue de l’Oisellerie), disposition plus adaptée pour accueillir un escalier hors-œuvre.
14 Archives départementales de Maine-et-Loire : 1 Q 144, art. 325.
15 Bibliothèque municipale d’Angers : ms. 714 (644), f° 11. S’agit-il de Johannes Montanerii (Montanier), alors secrétaire du chapitre cathédral, promu chanoine en 1401 ? Voir sa notice dans : Matz, Comte 2003 : p. 284.
16 Un poteau central est attesté par la mortaise et les trous de cheville qui subsistent dans la solive supérieure. De plus, la mouluration de la sablière s’interrompt au droit du poteau (visible côté sud). Ces deux constats font pencher pour une partition en deux ouvertures, elles-mêmes subdivisées par un meneau.
17 Poulain 2010 : p. 39.
18 D’après la sablière qui a fléchi, et un poteau médian noyé dans la maçonnerie.
19 À la fin du XVe siècle, propriété de Jehan Sabart, officier de la Monnaie et maire de la ville en 1499 (Port 1996 : p. 1).
20 Bibliothèque municipale d’Angers : ms. 852 (765).
21 Archives départementales de Maine-et-Loire : 254 H 50.
22 Travée probablement modifiée au XVIIIe siècle, époque de reprises intérieures (cheminées).
23 Archives départementales de Maine-et-Loire : 5E2 225, 16 juillet 1532.
24 Archives départementales de Maine-et-Loire : 5E121, notaire Huot, 12 août 1549. Cette structure originale se remarque pour toutes les maisons à pignon, en pierre comme en bois, voir : Biguet, Letellier 1986 : p. 43.
25 La maison maniériste Simon Poisson en 1582 (67 rue Beaurepaire) garde encore une ossature bois majoritaire.
26 Chazelle 1997 : p. 26.
27 Alix 2002 : vol. 1, p. 84.
28 Bibliothèque municipale d’Angers : ms. 853 (765).
29 L’étal et sa porte centrale desservant la boutique étaient encore parfaitement lisibles avant les transformations. Même disposition reconstituée à Bourges pour une maison rue Bourbonnoux, selon un marché de 1423 : dessin par Jean-Paul Chazelles, dans Toulier 1991 : p. 205.
30 Cette double appellation apparaît conjointement dans un censif du chapitre cathédral du XVIIe siècle (Archives départementales de Maine-et-Loire : G 405).
31 Beautemps-Beaupré 1890-1897 : p. 231-232, cité par Comte 2011 : p. 186.
32 Lecoy de la Marche 1873 : p. 3, 6, 10, 11, 17, 23, 24.
33 Farcy, Houdebine 1926 : vol. 4, p. 104, 108, 165, 167 ; Lecoy de la Marche 1873 : p. 15 (mention en 1463 de « Croissant, concierge de nostre chasteau d’Angiers »).
34 La faible paroi en tuffeau (28 cm d’épaisseur) semblait en place avant l’importante restauration d’Henri Enguehard en 1962 et peut correspondre au remaniement ancien d’une structure bois.
35 Notice par F. Dufrêche et G. Vincent, Société Atemporelle : http://www.patrimoine.paysdelaloire.fr/inventaire-du-patrimoine/?tx_oxcspatrimoines_pi1[showUid]=9859.
36 Éraud 1983 : p. 47-69.
37 Le Digol, Bernard 2003 : p. 138-157.
38 Morlaix (9 Grande-Rue et 33 rue du Mur), Nantes (maison dite des Enfants nantais détruite), Rennes (3 rue Saint-Guillaume), Laval (maison de Clermont).
39 Décharges couplées affrontées (1 rue Lenepveu), décharges croisées formant un losange central (9 rue de l’Oisellerie), décharges couplées ou chevrons selon les niveaux (maison détruite à l’angle de la rue Baudrière et de la rue du Chanoine-Urseau).
40 Chinon (22 rue du Commerce, 9 rue Jean-Jacques Rousseau), Tours (6 et 10 rue du Grand-Marché, 19 rue de la Monnaie, etc.), Blois (15 rue Saint-Lubin, détruite), Bourges (rue du Commerce/rue des Arènes, 1 rue d’Auron, 12 rue Mirebeau, etc.), Le Mans (8 rue Saint-Flaceau).
41 Archives départementales de Maine-et-Loire : 5E1 32, 6 novembre 1552.
42 Archives départementales de Maine-et-Loire, 1 Mi 14, f° 85.
43 Leloup 2007 : p. 36.
44 Alix 2002 : vol. 1, p. 91, fait le même constat d’une mouvance Val de Loire à laquelle échappe Orléans.
45 Archives départementales de Maine-et-Loire : 5E2 225, 16 juillet 1532.
46 Archives départementales de Maine-et-Loire : 5E1 32, 6 novembre 1552.
47 Maison de l’apothicaire Symon Brillet, rue Saint-Aubin, sur l’emplacement de l’actuel no 12 (Archives départementales de Maine-et-Loire : 5E121, notaire Lory, 27 juin 1573).
48 Cette maison détruite en 1871 portait la date 1596 et les initiales de son propriétaire (Archives départementales de Maine-et-Loire : 5E121, notaire Deillé, 12 octobre 1595).
49 Archives départementales de Maine-et-Loire : 1 B 987 (29) et 1 B 989 (18).
50 Archives départementales de Maine-et-Loire : 5E4 244, 23 février 1699.
Auteurs
Conservateur municipal de la ville d’Angers
Chercheur, service du patrimoine de la région des Pays de la Loire
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