Conception, industrie du pan de bois : questions posées
p. 111-125
Texte intégral
1Il est proposé ici un retour sur les sources constituées, d’une part par les témoignages des hommes de l’art d’aujourd’hui, d’autre part par les « traités » de charpenterie modernes, qui aident à approcher les questions à poser quant à la conception et la réalisation des pans de bois anciens.
SOURCES CONTEMPORAINES : LES TÂCHES DU CHARPENTIER
2Ne seront citées ici que des sources bien connues, aisées d’accès, pour rappeler à tous une base de discussion commune. Jean-Jacques Soulas (devenu architecte – de bâtiments en bois – depuis 1991) a d’abord été Compagnon du Devoir du Tour de France. À l’occasion de la campagne de réhabilitation des maisons en pans de bois de Dinan, il a publié en 1986 un ouvrage où il livre un certain nombre de données de base (choisies), pour que le « public » comprenne quelques principes de cette technique élaborée1. Par ailleurs, pour le domaine large des travaux de charpente, incluant donc le pan de bois, chacun connaît le site web du ministère de la Culture ordonnancé par l’ethnologue-charpentier François Calame « Charpentiers d’Europe et d’ailleurs », sous-titré « les savoir-faire préindustriels du bois2 ». On peut y consulter en particulier un ensemble de témoignages filmés de charpentiers de France, Tchéquie, Roumanie, Suède, Japon…
3Le projet gouverne le chantier, de la commande de matériaux au coup de marteau sur la dernière cheville, quitte à être adapté tout au long de l’exécution selon les moyens disponibles (le débit de bois) et les vœux du commanditaire. Ce projet passe donc par une représentation, une image mentale, éventuellement matérialisée par des dessins, relevant de la pensée, l’intelligence ouvrière. Et tous les commentateurs contemporains soulignent l’importance de la géométrie, en l’occurrence dite descriptive (comment effectuer des projections), qui fait partie de la formation du charpentier3.
4Reprenons le témoignage de J.-J. Soulas4. Par rapport au projet à réaliser, les bois reçoivent chacun une affectation selon leurs qualités. On peut résumer comme suit la répartition en deux grandes catégories de tâches. Sur l’épure, ont lieu les opérations de traçage, comprenant l’amorce de l’établissage (qui consiste à façonner des zones témoins de la section exacte de la pièce, dites « plumées de devers »), et le « piquage » des assemblages (repérage de leur emplacement très précis). Puis le taillage comprend le façonnage même de chaque pièce : établissage sur toute la longueur selon la section donnée par les zones témoins, et réalisation des formes nécessaires aux assemblages (comme les tenons et les mortaises). Les marques de levage sont apposées. Toutes les vérifications nécessaires sont faites sur l’épure, avant le rangement ordonné pour le transport.
5Le travail est rationalisé de manière à éviter le plus possible la manutention. Ce qui se comprend aisément quand on pense au poids des bois, aux difficultés du maniement des grandes longueurs (même si les entures en limitent certaines). On notera que ces phases essentielles peuvent être effectuées à distance du chantier à pied d’œuvre. Il faut un endroit adéquat pour l’épure, ou plutôt les épures, qui servent pour exécution et vérification-finition.
SOURCES MODERNES : QUELLE PART POUR LA STANDARDISATION ?
6Et les sources plus anciennes ? Pour notre sujet les données sont rares. On dispose de contrats et comptes5 qui donnent des indications sur les matériaux et les coûts. Si l’on se reporte aux séries conservées de contrats entre maître d’ouvrage et maître d’œuvre, on voit qu’il n’est pas rare qu’un ouvrage soit commandé « à la ressemblance » d’un autre. Souvent aussi un schéma indicatif est joint au contrat, petite pièce volante destinée au maître d’œuvre et qui n’est donc pas archivée. Il est possible qu’un exemplaire anglais soit exceptionnellement conservé : les chercheurs anglais font état d’un parchemin du XVIe siècle, portant schéma d’une maison à boutiques et deux étages de pans de bois, qui eut peut-être cette fonction6. Il est alors intéressant de voir que la maison est représentée en élévation et en profil (avec deux encorbellements), et que l’élévation de sa façade longue est manifestement représentée dans sa silhouette à proportion ; en revanche, la représentation détaillée de la disposition des bois ne remplit qu’une partie du dessin, modèle pour le reste.
7P. Roudié a étudié un très intéressant cas à Bordeaux7, à partir du livre de raison de Fortaney Dupuy, bourgeois-marchand qui construit une maison entre 1513 et 1514. Elle comporte « trois planchers » (étages), un « galatas à solyvaux passans » (comble logeable) ; elle est faite de « tot pans de boys quy sera besonh » ; il y a des « croisées à pilles a filhole » (croisées à pinacles) en façade. Le soubassement est de pierre, le hourdis de brique. Le toit est» à la mode de France », c’est-à-dire un comble à pignon sur rue et fortes pentes, pour des tuiles plates, qui se singularise par rapport aux toitures « à la guise de Bordeaux », peu pentues, faites de tuiles-canal. Fortaney Dupuy a commandé aussi un décor faîtier de plomb étamé peint, portant les armes de France. Une manière pour lui de prendre position ouvertement par rapport au passé anglais de la ville. Si cette source donne peu d’informations techniques, en revanche la manière dont le propriétaire conçoit sa maison, en voulant la singulariser par un pignon pentu, parmi les maisons bordelaises à toit bas, introduit une caractérisation stylistique intéressante, porteuse de sens. Et en effet le voyageur Thomas Platter, à la fin du XVIe siècle, remarque à Bordeaux ces silhouettes « basses » de maisons « bâties à l’anglaise8 ».
8Parmi les sources, en tant que commentaires des manières de faire, pouvons-nous compter sur ce qu’il est convenu d’appeler les « traités » de charpenterie ?
9Pour s’en tenir à la période la plus ancienne ainsi documentée, c’est-à-dire le début du XVIIe siècle, on se reporte communément à Jousse et Le Muet, très souvent cités, mais peu commentés9. Ces traités anciens ont tous deux été publiés dans les années 20 du XVIIe siècle. En fait, ils concernent beaucoup plus essentiellement la charpente de comble que le pan de bois, expédié en très peu de pages. Mais il est intéressant de voir ce qu’ils retiennent comme informations.
10Mathurin Jousse (ca. 1575-1645) n’était pas charpentier mais maître serrurier, à La Flèche. Il a publié aussi sur la stéréotomie de la pierre. C’était un homme curieux de nombreux domaines, un « savant » ; sa bibliothèque était très fournie, notamment en livres d’arithmétique, géométrie, astronomie ; non seulement il usait de nombre d’instruments de précision mais manifestement il en fabriquait10. Le point commun entre serrurerie, charpenterie, stéréotomie de la pierre, c’est bien la maîtrise de la géométrie descriptive, qui permet l’indispensable précision. La première édition du Théâtre de l’art de charpentier date de 1627. On notera au début du livre l’importance soulignée des apprentis, qui doivent être jeunes et forts pour la difficile manutention des bois. Puis vient, passage obligé de tous les traités modernes, la nomenclature des outils, les règles pour les affûter, avec les difficultés particulières posées par les scies… Jousse ne cherche pas ensuite à commenter les opérations dans l’ordre de leur exécution.
11Retenons : l’abattage des bois se fera – c’est attendu –, en époque de sève descendante. Les bois seront mis en chantier pour ôter l’écorce, les ligner. À propos du sciage en long : le bois « tirant à cœur », on disposera au final la face de sciage dessous et non dessus. Des entailles sont faites tous les 3 ou 4 pieds, qui seront réunies par l’« établissage11 ». Attention : le travail ne doit surtout pas se faire face par face, parce que le bois se voilerait ; donc on retourne le bois à l’équerre pour l’établir sur au moins deux faces en même temps. Pour la suite, Jousse ne parle pas d’épure. La mise à niveau se fait au plomb et à l’équerre, et à la règle éventuellement « ès endroits et espaces comme vous voudrez » ; puis sont piqués mortaises, embrèvements, tenons. On notera que les termes d’« établissage » et « piquage » sont dès lors attestés.
12Jousse insiste sur un point fondamental : que les éléments des assemblages soient complémentaires au millimètre près, ou plutôt à l’épaisseur du trait de repère près. Il est essentiel de jauger et « bien contre-jauger » ; le tenon doit être en correspondance parfaite avec sa mortaise12. La jauge, chez les Compagnons, c’est cette petite règle, qui fait à la fois étalon et gabarit. Il évoque aussi la fabrication des chevilles, la manière de marquer et façonner les mortaises, et les tenons. Il y aura quatre groupes de marques (de levage) pour un bâtiment, selon ses quatre côtés…
13On peut dès lors s’interroger. Compte tenu du laconisme de l’auteur, qui ne distingue pas un premier équarrissage et l’établissage censé être plus précis, à la section exacte des pièces, il semble que l’établissage soit poussé, exécuté, avant le piquage (ce qui n’est pas le cas chez les Compagnons). Après tout, en effet, la mise sur ligne est plus aisée, rapide, si les bois sont établis ? À moins que ce point dépasse sa compétence, ou sorte de son propos. Bref : sont évoquées les mêmes tâches que dans le commentaire de J.-J. Soulas, mais celui-ci précise une rationalisation du chantier propre aux Compagnons, par la « plumée de dévers », qui permet la répartition entre opérations de traçage, puis opérations de taillage.
14On a souvent aussi utilisé les figures qui accompagnent le texte de Jousse, mais sans plus de commentaires. Jousse illustre son propos avec les dessins d’un long côté, et d’un petit côté, d’une maison en pans de bois à grille. Une autre élévation rassemble les différentes dispositions du bois, « menues croisées » (croix de Saint-André), « brins de fougères » (chevrons), losanges, pour des structures dites plus fortes (fig. 1 et fig. 2) ; on notera la facture étonnante des losanges « entrelacés », en treillage alternativement dessus-dessous13. Licence du dessinateur ou trait réaliste ?
15Ce traité, portant rappelons-le très essentiellement sur la charpente de comble, connut un gros succès, avec plusieurs éditions tout au long du XVIIe siècle. Si bien qu’en 1702 le texte de Jousse fut repris et augmenté par Gabriel-Philippe de la Hire, qui n’était pas, lui non plus, charpentier, mais astronome et mathématicien14. Il ajoute en particulier des planches d’outils, elles-mêmes reprises, nous dit F. Lemerle, des gravures d’André Félibien pour ses Principes de l’architecture (1676). Il insiste aussi sur les machines (grues) pour transporter, hisser, mettre en place les pièces de bois. La modernisation passe par l’amélioration de la mécanisation de la manutention. Il complète le vocabulaire, et ses définitions serviront à d’autres manuels15.
16Quant à Pierre Le Muet, il était architecte et ingénieur du roi (1591-1669). Maniere de bastir pour toutes sortes de personnes… a paru en 1623. Cet ouvrage est encore plus laconique ; il porte essentiellement sur la meilleure façon de disposer en ville, c’est-à-dire à Paris et environs, des logis, de la petite maison à la belle demeure. Un ensemble de solutions pour construire sur de petites parcelles, palliant la contrainte de la surface au sol compte tenu des moyens financiers des commanditaires. C’est donc un « recueil de modèles », comme dit C. Mignot16, qui est proposé, la principale préoccupation étant la distribution.
17Il est intéressant de constater qu’il y a un seul et unique modèle en pan de bois, présenté en deux pages, une pour une figure (p. 101, souvent réutilisée depuis17), une pour son commentaire (fig. 3). Car non seulement le pan de bois sert au bâti ordinaire, mais il sert aussi quand la place est particulièrement comptée, ce qui peut concerner des demeures urbaines de nobles ou grands bourgeois. Le pan de bois en effet permet des murs peu épais, quoiqu’élevés de plusieurs étages18. Mais notons que la figure représente la façade d’une construction en série, en modules répétitifs à pignon sur rue.
18Le Muet énonce l’ordre de montage des sablières et poteaux. Il est sous-entendu que les supports de plancher sont parallèles à la façade, assemblés dans les longs-pans, qui sont souvent des murs de maçonnerie. Les» maîtres poteaux » (bois longs) situés à la mitoyenneté des bâtiments portent sur la première sablière (basse) ; les deuxième et troisième sablières correspondent aux planchers. Et il réserve une phrase sur le pan de bois quand il concerne le mur « d’esgout » (le mur gouttereau), donc le long côté, ce qui conduit à faire porter les poutres (sommiers ou solives maîtresses) sur les poteaux (puisque les supports du plancher sont parallèles à la façade étroite-pignon) ; on disposera alors des consoles « par le dedans ».
19Lui aussi passe très vite à la charpente de comble, et à tous ces dispositifs de surcroît qui permettent un gain de place (l’un est d’ailleurs montré sur la figure p. 101).
20La manière dont les illustrateurs du chapitre « Charpenterie » de L’Encyclopédie Diderot et d’Alembert reprennent ces schémas (fig. 4 et fig. 5), dans les années 60 du XVIIIe siècle, est très éclairante19. Le dessin de Le Muet est légendé en tant que « pan de bois à la moderne », et la figure, développée, insiste sur l’adaptation au caractère sériel. Les dessins de Jousse qui rassemblaient dispositions en grille, chevrons, croix de Saint-André, losanges, inspirent aussi une double figure, mais qui est censée montrer des « pans de bois anciens »… parce que cela ne se fait plus.
21Revenons aux années vingt du XVIIe siècle. L’ « œuvre » par excellence d’un maître charpentier, dès cette époque, ce n’est pas le pan de bois, c’est la charpente de comble, les référents des auteurs restant la région Ouest, et Paris. Ils ne décrivent pas d’encorbellements – ils sont alors interdits –, mais des façades d’aplomb, qui peuvent être construites en bois long.
22Les analyses de J.-J. Soulas à Dinan recoupent d’ailleurs plutôt bien ces traités. En effet à partir de la fin du XVIe siècle à Dinan, et jusqu’au XIXe siècle, la structure de base se simplifie : c’est une structure « à panneaux », où les poteaux sont assemblés dans les sablières (les assemblages, entre une verticale et une horizontale, sont « bi-directionnels ») ; les supports principaux des planchers sont généralement ancrés dans les murs latéraux ; mais ceux-ci apparaissent, en tranche, en façade. Et à Dinan il y a encore quelques encorbellements (très limités). Même le motif simple de valorisation qu’est le feuillage classique se retrouve à Dinan comme dans Jousse ou Le Muet, sorte de marque de fabrique de cette époque.
23Au début du XVIIe siècle, le maître serrurier et l’architecte-ingénieur avaient sous les yeux nombre d’ouvrages anciens, de qualité très élaborée. Jousse a retenu les dispositions générales des pièces de bois formant des motifs, mais ni lui ni Le Muet n’ont idée d’évoquer la complexité des assemblages, ou celle des modénatures ou sculptures figurées, tombées alors dans le mépris des Modernes pour le « gothique20 ». Jousse a d’ailleurs des remarques dépréciatives sur le travail des Anciens. Le Muet retient, en architecte, une version standardisée de la disposition en grille, utile.
24Au moins dans les régions qui viennent d’être évoquées (Ouest, région parisienne), à partir du tournant entre XVIe et XVIIe siècles, s’est mis en place un principe d’économie de la construction très répandu en ville, au cœur de régions où le bois est exploité rationnellement, les plus fortes longueurs et sections étant réservées ou aux charpentes de comble de bâtiments de prestige, ou à la Marine. Les formules techniques sont très bien rôdées, efficaces, combinant façades de pans de bois et murs mitoyens de pierre, mais incluent aussi la possibilité de longs côtés en pan de bois, comme le dit l’architecte-ingénieur Le Muet, où les poteaux s’assemblent avec sablières et sommiers (poutres de planchers), le tout solidarisé par console ou lien (ce sont des assemblages tri-directionnels, entre une verticale et deux perpendiculaires dans le plan horizontal, mais solidarisés par une pièce courte, qui fait lien). Ce qui peut être utile pour tout ce qui sort de la catégorie habitations mitoyennes : bâtiments de service, édifices ruraux21. Les formules des pans de bois neufs sont alors, dans les régions de référence pour ces auteurs, relativement simples.
25Au milieu du XVIIIe siècle, L’Encyclopédie retient comme « moderne » une manière standardisée et toujours utile de monter des habitats sériels, où la fabrication des bois, qui répète les formes, est économique ; manière reprise de l’ouvrage de Le Muet. L’économie est permise dès le stade des épures ; l’« image mentale » est plus aisée à mémoriser, à reproduire.
26Les raisons de l’adoption d’une certaine standardisation sont logiques, attendues. On construit à l’économie, par exemple, pour un habitat sériel lié à un lotissement en vue de la location22. Ou bien l’on veut reconstruire vite, notamment après une catastrophe ; les incendies émaillent la vie des quartiers en pans de bois (incendies de Bourges en 1487, de Troyes en 1527, de Joigny en 1530, etc.). En tout cas la construction en bois est courante. Et les vieilles idées qui généralisaient une pénurie du bois à partir du XVIe siècle sont obsolètes.
27Encore une remarque sur l’industrie du bois d’œuvre. Si, après l’abattage des bois, l’équarrissage peut être fait en forêt, pour faciliter le transport, il n’en va pas de même pour l’établissage, qui vise la section exacte de la pièce de bois, phase propre au chantier. Et la grande opération, difficile, coûteuse car longue, qu’est le sciage en long, commenté par tous les auteurs de traités (ainsi que les outils et équipements spécifiques nécessaires) : est-elle pratiquée en forêt, ou ensuite ? Équarrissage, établissage, refente ou sciage en long… posent la question du calibrage. À ce propos on peut soulever ici la question des scieries hydrauliques. M. Seiller a établi leur existence dès la fin du XIIIe siècle en Forêt Noire ; les attestations se multipliant au XIVe siècle23. Évidemment on ne peut que penser au fameux dessin de Villard de Honnecourt (XIIIe siècle24). Ajoutons cette mention, dans un passage rédigé en octobre 1580 par le secrétaire de Montaigne lors du voyage de son maître, de « moulins d’eau à scier bois », à Schaffhouse en Suisse25 ; ils sont notés comme une banalité.
28N’y eut-il pas liaison entre pratiques sylvicoles, scieries mécaniques et une certaine standardisation des calibres ? La forêt est un lieu du travail, la scierie éventuellement un autre, plus tôt que l’on ne pense ; il faudrait mieux connaître l’aire et le temps de diffusion des scieries mécaniques.
LE PAN DE BOIS DE HAUTE TECHNICITÉ : LES XVe-XVIe SIÈCLES
29Le pan de bois a fait l’objet d’une économie de la construction en fait extrêmement variée. Et, en contraste avec les formules efficaces mais simples évoquées supra, il y eut une époque et des lieux où la virtuosité, le savoir-faire du charpentier, se lisait bien dans le pan de bois, et non seulement dans la charpente de comble. Un savoir-faire complètement occulté par les Modernes. Témoins la haute technicité des maisons urbaines des XVe-XVIe siècles encore visibles dans nombre de villes-capitales des régions Centre et Ouest. Des bourgeois enrichis par un contexte économique prospère passent commandes à des maîtres-charpentiers qui sont eux-mêmes des personnages considérés, bourgeois.
30Pour nous aider à comprendre ces structures, il nous faut des relevés en éclaté, comme ceux de l’étude (parue en 1926) du commandant Quenedey, pionnier en la matière, qui a vu des maisons de Rouen en démolition ; ou l’irremplaçable série de relevés du CRMH, datant majoritairement des années 194026. Seuls les démontages permettent d’apprécier l’élaboration et l’intelligence des assemblages. Ne seront posées ici que quelques questions quant aux conceptions et réalisations à partir de cette documentation, pour amorcer des raisonnements qui méritent d’être approfondis.
31La question des épures reste très difficile. Pour les constructions maçonnées, des épures à échelle 1/1 d’éléments architecturaux réclamant une stéréotomie complexe sont conservées (voir le cas célèbre des terrasses de la cathédrale de Clermont-Ferrand). Le principe devait bien s’appliquer au pan de bois ; pour la disposition générale, par façade d’étage ; pour des détails complexes (les assemblages27).
32Prenons l’exemple de la belle maison rue de la Porte Mouton à Gallardon (Eure-et-Loir), bien documentée par des relevés du CRMH, et par une analyse dendrochronologique (qui placerait l’abattage des bois en 1521-1522). La façade d’étage, conservée, montre une disposition en quatre travées, symétrique, avec des bois qui se répètent de part et d’autre d’un axe central. S’il y eut peut-être une gestion facilitée des épures, en revanche est dispendieuse la quantité du bois, avec une disposition « tant-plein-que-vide » ; dispendieuse aussi la mise en valeur sculptée, avec des motifs tous différents, et l’appel à des éléments stylistiques alors nouveaux (italianisants28).
33On appréciera avec cette figure le travail de la tête élargie des poteaux, qui reçoivent les sommiers (la maison a gouttereau sur rue), mais sans que l’on en voit les abouts (fig. 6). L’assemblage tri-directionnel qui met en contact direct poteau, sommier, sablière, est particulièrement solide (le frottement est très limité). On peut, avec cette double figure qui donne un aperçu des profils à obtenir pour la tête élargie (fig. 7 et fig. 8), supposer un travail à la jauge (petite règle étalonnée), et aux « gabarits » : on peut supposer qu’autant de fois qu’il en fut besoin, un patron en bois découpé a donné le contour à obtenir.
34Pour cette autre figure reprise d’un relevé du CRMH (fig. 9) concernant une façade de maison à Beaugency (Loiret), on notera que malgré l’effet esthétique des losanges (qui ne sont pas « entrelacés »…), les assemblages sont bi-directionnels, moins élaborés qu’à Gallardon. On remarquera aussi la découpe très particulière de la sablière, de débitage « trois-quarts ». Si le sciage en long est parfaitement attesté par les textes comme par les images au Moyen Âge, on voit ici qu’il a dû exister d’autres modes de débitage (demandant une gradation très maîtrisée de la refente ? ou par enlèvements à l’herminette ?). En tout cas la pièce tire à cœur intelligemment.
35Les traits techniques qui caractérisent les formules ne sont pas répertoriés. Pour exemple, la maison du Pilier rue Jean-Cousin à Sens (Yonne), comme son nom l’indique, arbore un poteau cornier d’une qualité toute particulière (fig. 10). Outre son traitement ornemental, sa facture destinée à accueillir la rencontre en angle des deux sablières superposées est étonnamment sophistiquée29. L’assemblage entre les doubles sablières se fait en effet essentiellement en coupe d’onglet, réservant néanmoins d’un côté un tenon à plat, moisé par les deux sablières de retour. Cette disposition a priori sensible à la pénétration des eaux de pluie est protégée par la découpe en escalier de la tête élargie du poteau ; une découpe, pour cette tête cornière, qui nécessite en fait la taille de deux escaliers perpendiculaires, se rencontrant essentiellement en onglet… Il est intéressant de constater que ce principe d’assemblage, dit par Storck « assemblage d’onglet à travers champ », sera réservé ensuite aux fins bâtis des menuisiers30.
36On notera aussi à quel point moulures et sculpture compliquaient l’établissage. Regardons pour exemple ce détail de la maison 2 rue du Change à Tours (fig. 11) : la moulure de la tête élargie est prolongée par une partie en flottement qui faisait joint avec la moulure de la sablière. La même manière de faire est notable à l’assemblage entre linteau et piédroits moulurés des baies de la maison de Sens. Un même procédé technique pour deux maisons aux vocabulaires ornementaux radicalement différents31.
37Jauger et contre-jauger… Les ajustements entre parties complémentaires doivent être parfaits. Un atelier capable d’un travail de haute qualité détiendra des gabarits réutilisables, pour des assemblages (invisibles une fois montés) relevant des « secrets » du maître charpentier…
38À l’issue de ces quelques réflexions très ponctuelles, on peut poser la question de l’ordre des tâches. Jusqu’où vont les finitions avant levage ? Considérons au final les sculptures figurées, en restant sur l’exemple du 2 rue du Change à Tours (fig. 12). Des sculptures d’aussi grande qualité ont relevé du savoir-faire des « ymaigiers », qui œuvrent aussi, à la même époque, aux stalles des églises. À quel moment, sur quel « chantier » interviennent-ils ? Étant donné que le levage de bois finement sculptés, avec des parties détachées du fond, fragiles, est très difficile, peut-on envisager un travail de sculpture à partir d’échafaudages, sur des parties juste épannelées avant levage ?
39En tout état de cause, la stéréotomie du bois devrait faire l’objet de plus d’attention. Celle de la pierre aux Temps modernes a fait l’objet de savantes études32. L’intelligence de la stéréotomie médiévale a été mésestimée. Et ses applications au bois sont pourtant tout particulièrement intéressantes.
EN GUISE DE CONCLUSION
40Le pan de bois, ses diverses techniques, ses modes de valorisation, sont enfin devenus sujet d’étude à part entière. La diffusion en temps et lieux, et aussi selon les milieux sociaux, des différentes formules est en cours d’évaluation. On sait que les réalisations urbaines de grande qualité, pan de bois et de haute technicité, et figuratif, de la Bourgogne au Grand Ouest en passant par la région Centre, cessent au cours de la deuxième moitié du XVIe siècle. En revanche, la grande élaboration des pans de bois morlaisiens analysée par D. Leloup perdure aux Temps modernes. On peut s’interroger sur le pan de bois « à l’anglaise » en Angleterre comme en France anglaise33. Et sur l’évolution et la diffusion des formules germaniques (Est) en butte à l’invasion d’une architecture tardive « à la française », marquée par la standardisation34. Le Midi ou plutôt les Midis constituant d’autres aires culturelles de diffusion du pan de bois…
41Un beau chantier d’étude pourrait rassembler représentants de diverses disciplines – archéologie, histoire de l’art, ethnologie, histoire… – et de diverses institutions : services du Patrimoine, souvent pionniers dans l’étude des pans de bois (Service des Monuments historiques, Inventaire35), INRAP, collectivités territoriales, CNRS, universités… sans oublier l’indispensable conseil des hommes de l’art. Il est temps de faire aussi l’Europe des chercheurs36 sur ces techniques de l’ossature en bois qui ont occupé une bonne part de l’industrie de la construction médiévale et moderne.
Bibliographie
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Quenedey Raymond – L’habitation rouennaise. Étude d’histoire, de géographie et d’archéologie urbaine [1926], Gérard Monfort, Brionne, 1977.
Quiney 2003
Quiney Anthony – Town Houses in Medieval Britain, Yale University Press, London, 2003.
Roudié 1987
Roudié Paul – « Construction d’une maison bordelaise au début du XVIe siècle », dans Barral i Altet Xavier (éd.), Artistes, artisans et production artistique au Moyen Âge, colloque Rennes 2 1983, vol. II, Picard, Paris, 1987, p. 421-428.
Roux 1973
Roux Simone – « La construction courante à Paris du milieu du XIVe siècle à la fin du XVe siècle », dans La construction au Moyen Âge, Histoire et archéologie, actes du congrès de la Société des historiens médiévistes de l’enseignement supérieur public tenu à Besançon en 1972, Annales littéraires de l’université de Besançon, Les Belles Lettres, Paris, 1973, p. 175-189.
Seiller 2007
Seiller Maurice – « De la grume à la charpente et au pan de bois : techniques et outillage », L’Outre-Forêt, Revue du cercle d’histoire et d’archéologie de l’Alsace du nord, III-2007, no 139, p. 11-16.
Soulas 1986
Soulas Jean-Jacques – Dinan. Guide de découverte des maisons à pans de bois, Éditions Jaher, Paris, 1986.
Storck 1900
Storck Justin – Dictionnaire pratique de Menuiserie – Ébénisterie – Charpente, [1900], Éditions Vial, Dourdan, 2002.
Storck s.d.
Storck Justin – Complément du Dictionnaire pratique de Menuiserie – Ébénisterie – Charpente, J. Storck éditions, Lardy, s.d.
Werlé 1999
Werlé Maxime – « La fondation d’une maison de pauvres au milieu du XVIe siècle à Strasbourg : histoire et archéologie des “zwölf Prechterhäuschen” », Cahiers alsaciens d’archéologie, d’art et d’histoire, t. XLII, 1999, p. 141-166.
Notes de bas de page
1 Soulas 1986.
2 F. Calame est conseiller pour l’ethnologie à la DRAC Haute-Normandie. F. Calame (dir.), Charpentiers d’Europe et d’ailleurs. Les savoir-faire pré-industriels du bois (http://www.charpentiers.culture.fr).
3 Exemple parmi beaucoup d’autres, le manuel Roret Nouveau manuel complet du charpentier ou traité simplifié de cet art…, écrit par V. Biston et P.-A. Hanus, réédité et enrichi plusieurs fois depuis 1837, inclut un traité de géométrie descriptive. Ainsi sur le site web dirigé par F. Calame peut-on suivre le film de l’exécution commentée d’une lucarne complexe, qui est un bel exercice de géométrie, où l’on apprend aussi l’importance de « l’orient » des bois, de la perception de leur centre de gravité…
4 J.-J. Soulas n’évoque pas la conception-invention d’un projet, parce qu’il agit dans une logique de restauration, et donc de reproduction, de l’existant. Il ne commente pas par conséquent plans et coupes, dessins préalables en tant que représentation réduite, ce que fait en revanche, pour les constructions de son époque, le colonel du génie Amand Rose Emy, dans son Traité de l’art de la charpenterie (2 vol. publiés à Liège en 1841) : cf. le vol. 1 à partir de la p. 303.
5 Voir les études pionnières des contrats, pour la construction des maisons parisiennes en pan de bois et plâtre, de S. Roux (Roux 1973 : p. 175-189). Et ses notices sur Paris dans Esquieu, Pesez (dir.) 1998.
6 Le parchemin fut trouvé remployé dans la reliure d’un registre appartenant à l’évêque de Worcester. Voir sa reproduction par exemple dans Quiney 2003 : p. 114.
7 Roudié 1987.
8 Le Roy Ladurie (éd.) 2000 : p. 564.
9 Aujourd’hui mis en ligne par le Centre d’études supérieures de la Renaissance, et le CNAM pour sa bibliothèque numérique. La recherche serait à poursuivre, pour découvrir d’autres traités ; pour voir aussi ce qui se fit dans des pays de pan de bois comme l’Angleterre ou l’Allemagne…
10 Le Bœuf 2001.
11 Dans les films d’ethnologues, le premier équarrissage à partir de la grume est ainsi fait.
12 Signification encore admise au début du XXe siècle (Storck s.d. : p. 222).
13 F. Aubanton et L. Mazuy en rapprochent les « treillages » d’Orléans, mais si le motif est le même, la disposition ne l’est pas (Alix, Aubanton, Mazuy 2006 : p. 25).
14 Cf. F. Lemerle, notice de présentation du traité mis en ligne sur le site du CESR, 2007.
15 Comme le manuel de Storck 1900.
16 C. Mignot, notice de présentation du traité sur le site du CESR.
17 Figure reprise dans Rondelet Jean, Traité théorique et pratique de l’art de bâtir, 1830, t. III, pl. LXXXIV, fig. 4 ; c’est sous le nom de Rondelet qu’elle illustre le Vocabulaire de J.-M. Pérouse de Montclos, Principes d’analyse scientifique. Architecture, méthode et vocabulaire, Ministère des Affaires culturelles, Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France, Paris, Imprimerie nationale, 1972, IV, 10 ; cf. aussi Storck 1900, fig. 2911 ; etc.
18 Charles-Étienne Briseux un siècle plus tard œuvre dans la suite de Le Muet : Architecture moderne ou l’art de bien bâtir pour toutes sortes de personnes, tant pour les maisons de particuliers que pour les palais…, Paris, 1728. Il recommande expressément à Paris la construction maçonnée, au mieux de pierre de taille, par rapport au pan de bois, prisé encore « en province » parce qu’économisant de la place, ce qui est pour lui un argument fallacieux. On le voit surtout sur cour. Il le faut renforcer de fer… (administrativement il sera occasion d’une réglementation particulière parce qu’il est propice aux incendies) : cf. le traité 1, De la construction et de l’emploi des matériaux, p. 78-79. Pour un exemple d’hôtel parisien partie en pan de bois, voir celui de Maubuisson rue des Barres à Paris dans le 4e arrondissement.
19 [Diderot et d’Alembert] Recueil de planches sur les sciences, les arts libéraux et les arts mécaniques avec leur explication, 1762-1772, « Charpente », pl. III, fig. 33 et 32 « pans de bois anciens » ; pl. IV fig. 34 « pans de bois à la moderne ».
20 L’adjectif qualifie alors sans distinction l’art médiéval digne des barbares, des Goths.
21 Ou ces églises comme celles des paroisses de l’Aube, aux environs de Troyes. Reste que dans ces églises on voit bien que l’élément spectaculaire, la démonstration de virtuosité du charpentier, tient dans la flèche, et non dans les murs.
22 Fray 1998 : p. 269, pour une disposition répétitive. Chazelle 1997, pour une reconstruction symétrique de deux maisons après incendie. Le « couple de festes » est remarqué par Chaix 2005 : p. 350. Même disposition notée par Houbrechts 2007. Cf. aussi Werlé 1999, pour une construction en modules répétitifs.
23 Seiller 2007.
24 Cf. la présentation du carnet sur le site de la BnF : f° 44 (http://classes.bnf.fr/villard/feuillet/index.htm).
25 Garavini (éd.) 1983 : p. 106.
26 Quenedey 1926. Cf. les volumes intitulés Maisons à pans de bois. Études de structures, Centre de recherches sur les Monuments historiques, Paris, s.d.
27 J.-J. Soulas évoque l’épure supplémentaire nécessitée par la structure en portiques où s’assemblent poteaux, sommiers et sablières, solidarisant trois directions pour les pièces.
28 Moinard 2007 et 2008. Pour cette maison est largement utilisé entre autres le motif moderne des grotesques. On cite facilement en Histoire de l’art, comme repère pour la diffusion de ce type de motif, l’ouvrage de Jacques Androuet du Cerceau (actif en région Centre), Le livre des grotesques, édité en 1566. Si la datation dendrochronologique est fiable, la maison l’anticipe de beaucoup.
29 Centre de recherches sur les Monuments historiques, Maisons à pans de bois. Études de structures, vol. 2 : Sens, Yonne, maison rue Jean-Cousin, no 50, façades nord et ouest du poteau cornier, pl. X et XI, dessins Jean Rocard, 27 déc. 1944.
30 Storck 1900 : p. 42 ; Gerner 2005 : p. 64-65.
31 Journot 2010.
32 Les commentaires sur la stéréotomie du bois aux Temps modernes passent par le traité de Nicolas Fourneau, L’art du trait de charpenterie, Rouen, Laurent Dumesnil, 1767-1770, et ses rééditions.
33 Avec ce point intéressant de l’utilisation de bois courbes.
34 Visible dans les notices de Storck 1900.
35 On doit tout particulièrement rendre hommage aux pionniers de l’étude de maisons urbaines en pans de bois de Tours et sa région : Martine Bonnin, Christine Toulier, Daniel Bontemps, Bernard Toulier…, qui ont œuvré dès les années 1970-1980 ; l’exposition de 1980 en particulier, fut un événement fondateur pour tous ceux qui s’intéressent à la maison médiévale urbaine : cf. L’architecture civile à Tours des origines à la Renaissance 1980.
36 Cf. à paraître, le glossaire du bâti en ossature de bois rassemblant les termes en français, anglais, néerlandais, allemand, norvégien, suédois, polonais, tchèque : L. Volmer, W. Haio Zimmermann (Hersg.), Glossary of prehistoric and historic timber buildings. Glossar zum prähistorischen und historischen Holzbau, Niedersaechsisches Institut für historische Kuestenforschung, Wilhelmshaven.
Auteur
Maître de conférences HDR
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
UMR 7041 Arscan, équipe Archéologies environnementales
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