Le bois dans l’architecture civile à Provins XIIe-XVIIe siècle
p. 99-109
Texte intégral
1Vers 1230, lorsque Thibault IV, comte de Champagne et de Brie augmente l’espace de la ville en établissant l’emplacement d’une troisième enceinte, Provins est au faîte de son développement économique. Cependant, l’urbanisation, loin de coloniser tout l’espace intra-muros, se limite aux grands axes malgré la création de plusieurs lotissements. Au bas Moyen Âge, contrairement à la plupart des villes médiévales, Provins n’a pas connu une forte pression urbaine. Elle s’est fossilisée avec peu de nouvelles constructions, si ce n’est une reconstruction faisant suite aux ravages de la guerre de Cent Ans. Au Châtel, autour de l’ancien castrum, centre historique où siège le pouvoir, la pression du bâti est en constant affaissement au profit du Val où la ville se recentre à partir de la fin du XVIe siècle. Or, aujourd’hui, l’analyse des moyens mis en œuvre pour la construction civile médiévale, ne laisse pas apparaître de maisons dont le bois est la constituante majeure de la structure. Le phénomène s’inverse au début de l’époque moderne avec l’abandon de la pierre, seuls deux édifices sont repérés pour la première moitié du XVIe siècle1. Des plans d’alignement de la fin du XIXe siècle2 renseignent sur la densité du pan de bois pour des rues gravitant autour du prieuré Saint-Ayoul en ville basse.
2Doit-on imputer ce constat d’évolution radical dans l’emploi de matériaux à un « effet de source », considérant que le bois, moins pérenne que la pierre, aurait disparu ? L’observation du bâti médiéval dément cette assertion autour des grands axes. Des maisons mitoyennes en pierre ne laissent pas la place au pan de bois3. La ressource de calcaire en sous-sol, localement abondant justifie le choix de pierre pour la construction, dont témoigne l’emploi généralisé de la voûte au détriment du plancher. De nombreuses bâtisses solides, devenant le symbole de la pérennité du commerce, furent érigées dans le courant du XIIe et XIIIe siècle, en concomitance des fameuses foires de Champagne. La préférence pour la construction en pierre est-elle motivée par les nombreux incendies urbains4 dont l’économie des foires champenoises veut se prémunir ? Enfin, les troubles des années 1370 et 1433 semblent être responsables de l’état dégradé du bâti5.
3Après avoir présenté le corpus et quelques caractéristiques des maisons en pan de bois de Provins, nous esquisserons quelques hypothèses conduisant à une mutation dans l’emploi des matériaux.
DE RARES TÉMOINS DE STRUCTURE BOIS DANS LA CONSTRUCTION MÉDIÉVALE
4Dans l’état actuel des connaissances sur les maisons provinoises en bois, aucune structure datant de l’époque médiévale antérieure à la guerre de Cent Ans n’est encore en élévation à ce jour6. En effet, si le milieu du XIVe siècle a marqué une période de déclin économique pour la ville, en France, d’une manière générale, cette période est celle d’une transition dans l’architecture civile. Toutefois, de nombreux indices témoignent de maisons ou de parties de bâtiment édifiées en bois. Lors d’un lotissement de tiroirs7 en 1243 en ville basse, les baux font expressément mention qu’en cas d’incendie des chambres, le locataire serait tenu de les remplacer8. Cependant, une fouille d’évaluation archéologique menée en 1997 dans un parcellaire en lanière, montre en front de rue, un bâti associé aux fossés, édifié en pierre9. À la fin du XIVe siècle, avec le déclin de l’industrie drapière, des jardins se substituent aux anciens tiroirs10.
5Dans les sources écrites provinoises de la fin du XIIe siècle, il est fait mention lorsque l’on construit en pierre (domibus novis lapideis quas fecit Petrus Lingonensis11) mais jamais lorsque l’on emploie le bois (lignea), contrairement à ce que l’on peut trouver à Rouen12, néanmoins les métiers de charpentier et de torcheur apparaissent à plusieurs reprises13.
6Cependant des traces archéologiques attestent la présence de panneaux en pan de bois dans des façades du XIIIe siècle. Les maisons, rue Saint-Jean (en 1, fig. 1), ruelle de la Citadelle (en 2, fig. 1), place Saint-Quiriace (en 3, fig. 1)14 conservent la trace de fantômes de pan de bois insérés dans des piédroits ou têtes de murs en chaîne d’angle. Une maison tour « la Buffette », du milieu du XIIe siècle15 (en 4, fig. 1), ne pouvait fonctionner au niveau de ses distributions verticales sans une galerie, voire tout un bâtiment accolé en bois. Cet aménagement aurait disparu lorsqu’une extension à la tour a été reconstruite en pierre dans le courant du XIIIe siècle. Bien d’autres structures en bois sont repérables sur les façades des maisons. Des auvents protégeant les étals en devanture de halles de commerces sont repérables grâce à des trous d’empochements, des corbeaux et des larmiers. Aussi, plusieurs galeries de circulation étaient accrochées au pignon de la maison des Barbeaux16 (en 2, fig. 1), à l’une des maisons canoniales de Saint-Quiriace17 (en 5, fig. 1), et probablement sur la maison des Petits Plaids (en 6, fig. 1).
7Pour conclure sur le Moyen Âge central, si aucun pan de bois ne subsiste, de nombreuses traces témoignent de l’usage d’ouvrages annexes en charpente et fréquemment accrochés en façade extérieure. Toutefois, ceux-ci ne restent qu’auxiliaires à une bâtisse en pierre. On le voit également avec l’emploi prédominant de la voûte au détriment des planchers. Cependant à l’écart des grands axes et des belles demeures, un bâti plus sommaire a dû desservir les quartiers d’artisans situés en périphérie de la ville. Mais la carence de fouille sédimentaire ne permet pas d’en esquisser la moindre architecture. Une seule maison (fig. 2 et en 7, fig. 1) pourrait appartenir à la période précédant la guerre de Cent Ans18. Surmontant une salle excavée, voûtée sur chapiteaux du XIIe siècle, la structure du pan de bois se caractérise par l’emploi très modéré de poteaux et de décharges.
LA MAISON DE LA FIN DU MOYEN ÂGE
8Les exemples de maisons datables de la fin du XIVe et du XVe siècle sont rares et des marqueurs chronologiques font défaut.
9Cependant, les grandes croix de Saint-André, inscrites dans un carré d’une longue façade qui s’étire le long de la rue aux Porcelets, datent probablement de l’époque gothique19. Ses petites baies jumelles, aux moulures médiévales garantissent la datation. La construction sérielle de la structure pourrait en faire un lotissement.
10Deux maisons20 (fig. 3 et 4) datées de 1460d font usage de bois de forte section, les poteaux sont contreventés par des guettes. Le décor se limite à de simples chanfreins aux sablières de chambrées. Des fenêtres à meneau et traverse s’intercalent dans la structure principale. Des rainures sur les poteaux de baies limitées aux compartiments bas permettent de restituer des panneaux coulissant verticalement dans l’allège (fig. 3) alors qu’en imposte, des feuillures permettent, dans un premier temps, la pose de panneaux vitrés fixes. Des modifications apportées à la partie supérieure de la baie ont permis la pose d’un châssis ouvrant.
LA MAISON EN BOIS DE LA RENAISSANCE
11L’étude des maisons à pan de bois de la fin du Moyen Âge à l’époque moderne, pour les quelques maisons bien datées, montre une évolution technique et un accroissement décoratif au cours de la période.
12La maison 7 rue Couverte21, datée de 1506d, emploie une structure à grille (colombes et tournisses) contreventée de guettes. Les bois de la façade sur rue avaient été replacés d’une manière quelconque lors du recul à l’aplomb sur le rez-de-chaussée, mais il est possible de restituer le colombage dont seuls les encadrements de baies sont pourvus de moulures en double cavet, terminées par de petits congés en cœurs.
13Au milieu du XVIe siècle, la tendance s’oriente vers une diminution des longueurs de bois, pour remplir généralement deux registres de panneaux par niveau. Deux cas datés par la dendrochronologie en sont représentatifs : la maison B, rue Saint-Thibault22 (fig. 5) et la maison des Quatre Pignons23. Pour le second cas, des potelets scandent les deux façades de cette maison d’angle. Alors qu’à la maison B rue Saint-Thibault, une organisation plus ornementale fait son apparition en combinant croix de-Saint-André, panneaux losangés et ailes de moulin, auxquels de nombreuses moulures et sculptures renforcent l’impact ostentatoire. De nombreux autres exemples peuvent être rattachés à cette période. Des panneautages en croix de Saint-André en deux registres sont associés à des décors caractéristiques de la Renaissance (médaillons, pilastres). C’est à la même époque que l’on voit apparaître quelques exemples de motifs en feuille de fougère. Enfin, le XVIe siècle se caractérise par une forte densité des pièces de bois qui peuvent occuper jusqu’à 50 % de la surface de la façade comme on peut le remarquer à la maison B, 6 rue Saint-Thibault.
LES PANS DE BOIS DES XVIIe ET XVIIIe SIÈCLES
14À la fin de l’Ancien Régime, la structure du pan de bois tend à se simplifier et se limiter à de simples grilles. Le décor disparaît et l’enduit recouvre probablement la structure, à cette époque le remploi de matériaux avec des mortaises orphelines ou des rainures en élévation extérieure est fréquent. Les plans des anciens bâtiments sont fréquemment modifiés. Une maison24 datable du milieu du XVIe siècle est agglomérée de rajouts successifs. Des surcroîts de combles haussent les édifices de bois ou de pierre, augmentant l’espace sous le comble. Les baies sont fréquemment agrandies, voire déplacées dans la composition de la façade.
15À cette époque, le pan de bois apparaît comme une solution technique pour adapter les bâtiments anciens à de nouveaux conforts et de nouvelles organisations. Dans la ville haute devenue agricole, des petites exploitations investissent d’anciennes maisons médiévales en partie ruinées. Rue de Jouy25, trois parcelles en lanières sont réunies en une seule pour reconstruire sur des substructions en maçonnerie médiévale, une façade en pan de bois présentant son mur gouttereau sur la rue principale (en 10, fig. 1). En ville basse, à la suite de nombreuses inondations, le niveau du sol a été constamment exhaussé. Plusieurs cas de bâtiments médiévaux en pierre furent partiellement reconstruits en bois sur des maçonneries plus anciennes. La maison 10 rue aux Aulx26, illustre bien cette reprise, quand les traces de baies médiévales attestent de la redistribution des niveaux de planchers.
16En somme, le bois est employé pour ses facultés d’adaptation lors de restructuration de bâti. Dans une ville en évolution, dans l’adaptation de programme architectural, la charpente s’avère d’une technique plus flexible que la maçonnerie en pierre. Toutefois, le retour à la construction en pierre marque le XVIIe et le début du XVIIIe siècle, dans l’édification de beaux hôtels particuliers au pied de la ville haute.
QUELQUES ASPECTS TECHNIQUES DES MAISONS PROVINOISES
17La construction en pan de bois autorise de multiples possibilités dans l’agencement des pièces de bois, répondant à des spécificités et des technicités locales. Si les principaux traits de l’architecture en bois furent largement répandus sur le territoire, il n’en demeure pas moins que des spécificités marquent un territoire.
18Ainsi, à Provins, la majorité des élévations présentent leurs rives en front de rue, mais dans le cas où le pignon occupe l’élévation sur la voie, une ferme débordante peut y prendre place (rue de la Friperie27, maison des Quatre Pignons28).
19Peu de cas d’étages en porte-à-faux subsistent et la saillie en est généralement peu prononcée. Dans les rares cas où la maison s’élève au-delà d’un étage, le porte-à-faux ne s’exerce qu’une fois, au plancher haut du rez-de-chaussée. Toutefois, les plans d’alignement29 indiquent souvent des saillies de l’étage sur la rue. Ces maisons ont bien souvent été mises à l’aplomb ou bien reconstruites. En effet, de nombreuses mises à l’aplomb s’observent sur un grand nombre d’élévations (mortaises orphelines, embouts de poutres abattus grossièrement, sablières de plancher entaillées d’encoches répétées). Les moyens mis en œuvre pour réaliser les porte-à-faux diffèrent selon l’organisation du solivage de plancher. Dans le cas de solives perpendiculaires au pan de bois, celles-ci s’avancent en extérieur, logées dans les entailles de la sablière de plancher (assemblage en queue-d’aronde) et éventuellement raidies par des aisseliers dans le cas où le porte-à-faux prend de l’importance. Quand c’est la poutre de plancher qui se prolonge au-delà du rez-de-chaussée, des poteaux élargis ou de vigoureux aisseliers, les entretoises y prennent place et font souvent l’objet de décors moulurés. Lorsque les deux murs latéraux en maçonnerie portent en façade un pan de bois écran, la solution devient plus simple avec un puissant encorbellement en pierre de taille. Ce dernier cas se rencontre fréquemment dès la fin du Moyen Âge.
20Dans la structure secondaire, les sections des pièces de bois semblent dans l’ensemble constantes et tendent à s’amenuiser au fil du temps. La maison A, 6 rue Saint-Thibault datée de 1460 emploie des bois débités dans des largeurs de 16 cm en moyenne. Plus tard, sur des maisons du XVIe siècle, elles ne font plus que 12 cm en moyenne. L’économie et surtout l’emploi raisonné des sections aux efforts de charges ont été mis en évidence dans la maison des Quatre pignons où les pièces de bois sont de plus faibles sections au fur et à mesure que l’on progresse dans les niveaux (fig. 6).
RESSOURCES ET APPROVISIONNEMENT EN BOIS D’ŒUVRE
21Les bâtiments conservés en élévation font largement appel à des ressources en matériaux de construction, dont il convient de déterminer la provenance et le marché. Comme la pierre, le bois est une ressource abondante autour de Provins. Les textes anciens citent continuellement deux grandes forêts : à 12 km au nord-ouest, Jouy et à l’est, à même distance, Sourdun, auxquelles il convient de rajouter plusieurs bois difficilement localisables dans les sources. Les forêts appartiennent au comte et aux plus grandes institutions religieuses (cisterciens). Ces forêts constituent des réserves de bois pour des constructions ou des réparations. Ainsi, Henri le Libéral précise, dans des chartes de 1165, que nul ne peut prendre du bois dans ses forêts de Sourdun et de Jouy (chêne, hêtre, pommier, poirier, rouvre, alisier et cormier) à moins que le bois lui ait appartenu, il peut alors s’en servir pour leur habitation30. Encore en 1391, après la destruction par la foudre d’une partie de l’abbaye Saint-Jacques et des maisons attenantes, les moines puisent dans la forêt de Jouy le matériau nécessaire aux réparations31.
22Les études dendrologiques mettent en évidence l’usage exclusif du chêne, tant en charpente de toit qu’en structure de maison32. L’analyse des bois du XIIIe siècle, mis en œuvre en charpente de toit, avec de larges cernes, fait apparaître une croissance rapide des arbres cultivés probablement après une coupe à blanc (CEDRE).
23Cependant, l’approvisionnement par flottage n’est pas à exclure. Des trous percés en oblique sur des bois mis en œuvre ont été repérés dans les maisons rue Couverte ou de la rue Saint-Thibault33. Il est possible d’envisager un approvisionnement par un affluent de la Seine, avec une éventuelle remontée de la Voulzie34 jusqu’à Provins, accompagnée ou non d’une rupture de charge.
24En ville, le stock de bois avec son marché semble apparaître dès le milieu du XVe siècle. En effet, la maison A de la rue Saint-Thibault fait usage de bois coupés sur trois années entre l’automne 1455 et l’hiver 145935. Plus tard, un marchand de bois, Louis Bidault est cité en 1608, pour fournir la charpente de l’église Notre-Dame-du-Val, moyennant 1 990 livres36. Mais aussi, le bois est constamment remployé comme à la maison des Quatre Pignons37 ou en 1687 au profit de l’abbé de Montier-la-Celle38.
LE DÉCOR SCULPTÉ SUR LES PIÈCES DE BOIS
25À Provins, plus que la pierre39, le bois se prête davantage à la sculpture. Cependant de nombreux décors ont été bûchés avant la pose d’enduits. À part quelques façades épargnées, seul un examen attentif lors d’une intervention archéologique permet d’en saisir les contours. La documentation écrite et les observations des érudits des XVIIIe et XIXe siècles complètent le corpus avec de fréquentes mentions de décor sur des édifices actuellement disparus. Enfin, le musée de Provins, pour sa part, préserve dans ses collections quelques épaves de bois sculptés de maisons provinoises détruites.
26Félix Bourquelot mentionne, rue aux Aulx sur les poteaux de l’hôtel du Grand-Mouton cité en 1418, un décor circonstancié. Il semble être en bois d’après la mention de saillie des étages40. Un mouton, un berger, un chien, un loup et les armes de France, de Bavière et d’Angleterre évoqueraient le passage d’Isabeau de Bavière en cette maison vers 142641. Edmond Ditsch mentionne quelques sculptures sur une maison qu’il date du XIIIe siècle42. Une maison à l’angle de deux rues avait une huisserie en bois avec un linteau en accolade au-dessus duquel étaient sculptés Adam et Ève, l’Arbre de la Science du Bien et du Mal avec l’inscription : « Honni soit qui mal y pense43. » Les descriptions présentes dans les divers catalogues du musée de Provins ou dans plusieurs notices archéologiques foisonnent de mentions d’importants décors qui ornaient des édifices aujourd’hui détruits.
27Parfois, des décalages stylistiques apparaissent dans le décor en fonction des matériaux employés au sein d’un même édifice. À l’étage en pan de bois, d’une maison rue du Val, un décor d’encadrement de fenêtre empruntant les motifs au gothique tardif, se mêle à un pilastre Renaissance du rez-de-chaussée en pierre44.
28Différent d’un décor, mais il participe à l’animation de la façade du 5 rue Couverte, une exceptionnelle inscription réalisée en rond-de-bosse occupe le milieu de la sablière de chambrée (fig. 7). On peut y lire « Jan Tristan Bolot mist son entente à faire cest oustal. »
CONCLUSION
29Au travers de ce corpus, on s’aperçoit à quel point l’usage du bois prend son essor dans l’architecture civile lors des reconstructions de la fin de la guerre de Cent Ans. La Renaissance marque une période d’apogée dans un emploi systématique du bois d’œuvre dans la construction et d’épanouissement dans le décor sculpté, puis tout en maintenant le recours aux ouvrages charpentés, les époques plus récentes reviennent à la pierre.
30Les ressources en bois, tout autant disponibles que celles de la pierre, se substituent les unes aux autres au fil des siècles. Mais, ce sont bien les spécificités qu’offre le bois, tant dans ses capacités d’adaptation à des maçonneries existantes que dans ses possibilités ornementales, qui l’ont fait prévaloir sur la pierre. Ce constat ne concerne pas uniquement Provins, mais est transposable à d’autres régions de France. Il s’explique notamment grâce aux progrès technologiques, tels que les a démontrés Franz Verhaeghe, comme l’adoption systématique de la sablière basse, le développement des murs bahuts ou le perfectionnement des assemblages avec l’emploi courant du tenon et mortaise45. Par ailleurs, la généralisation de la technique de charpenterie aux alentours de Provins comme par exemple à Bray-sur-Seine, où la ressource en pierre de qualité fait défaut, a probablement contribué au choix de l’emploi du bois par les commanditaires et constructeurs.
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Notes de bas de page
1 Deforge 2009 : p. 85-86.
2 Archives municipales de Provins, cotes 1 O 111-115.
3 L’exemple de la rue de la Table ronde (en 1, sur le plan fig. 1) où sont conservées sur plus de 80 m sept maisons en pierre du XIIIe siècle. D’autres exemples dans la ville confirment ce fait.
4 Chapin 1937 : p. 108.
5 Les chroniques du chanoine Beudet mentionnent de nombreuses maisons en état de ruine. Mémoire pour servir l’histoire de l’abbaye Saint-Jacques de Provins, Bibliothèque municipale de Provins, ms. 235-236. Il s’agit d’un ouvrage en deux tomes portant sur l’origine de l’abbaye jusqu’à l’année 1730, fini d’écrire le 16 juin 1747 par un chanoine de la maison de Saint-Jacques et composé par Beudet.
6 Une campagne systématique de datation par dendrochronologie permettrait d’avancer sur cette question.
7 Étendoirs à draps, voir Mesqui 1989.
8 Mesqui 1989 : p. 42, Archives départementales de Seine-et-Marne, H sup, A 12 et A 13, Cartulaire de l’Hôtel-Dieu, publié par P. Dupraz, thèse de l’école des Chartes, 1973, Archives départementales de Seine-et-Marne, Mdz 1268.
9 Tasman, Chavy 1999 : p. 30.
10 En 1398, censier de l’Hôtel-Dieu, Archives départementales de Seine-et-Marne, 11 HDT 181b, cité par Mesqui 1989 : note 13.
11 Mentionné dans H. d’Arbois de Jubainville, cat. No 297, cité dans Chapin 1937 : p. 108, note 11.
12 Pitte 1994.
13 En 1239 : maître Raoul de Paluau, charpentier, Archives départementales de Seine-et-Marne, 100 J 265/1-3, acte 414 ; en 1358, Jean dit de Venouse charpentier (acte no 82), en 1362, Odin Pittois, charpentier (acte no 100), Bibliothèque municipale de Provins, ms. 220, Livre Pelu de Saint-Quiriace, transcrit par Jean Mesqui (Mesqui 1993). Le chapitre de Saint-Quiriace pensionnait un torcheur et un charpentier pour entretenir les pans de bois dans la seconde moitié du XIVe siècle (Liber Pilosus Sancti Quiriaci, Bibliothèque municipale de Provins, ms. 220, voir Mesqui 1993). Le recensement du milieu du XIVe siècle mentionne 9 charpentiers sur 1845 noms de Provins, et fait mention de 42 personnes du bâtiment (Terrasse 2005 : p. 128).
14 Pour la maison A, voir Garrigou Grandchamp 1991 : p. 80 et note 55. Actuellement le pan de bois à grille faisant une cloison avec une maison mitoyenne disparue demanderait à être daté.
15 Deforge, Garrigou Grandchamp, Mesqui 2002 : p. 34.
16 Maison de ville des moines cisterciens de Barbeaux. La maison est datable du début du XIIIe siècle.
17 Garrigou Grandchamp 1991 : p. 91.
18 Maison à l’angle de la rue de Jouy et de la rue de la Nasse (parcelle AS 132). Elle n’a pas fait l’objet d’une étude du bâti, ni de datation archéométrique. Le pan de bois pourrait dater de la fin du XIVe siècle.
19 Maison 1 rue des Porcelets, parcelle AN 67, en 13, fig. 1.
20 Maison A, 6 rue Saint-Thibault en 8, fig. 1 (parcelle AO 378) et 5 rue Couverte en 9, fig. 1 (parcelle AS 154). Dendrochronologie réalisée par Christophe Perrault (CEDRE).
21 Parcelle AS 154 ; Dendrochronologie réalisée par Christophe Perrault (CEDRE).
22 Façade B sur la rue, 6 rue Saint-Thibault, parcelle AO 378, en 8, fig. 1. Les arbres ont été abattus à l’automne – hivers 1532-1533, étude réalisée par Christophe Perrault (CEDRE).
23 18 place du Châtel, parcelle AS 160. Datée par Archéolabs de 1560d.
24 Maison 16 place du Châtel, parcelle AS 408. Ce cas se présente dans de nombreux autres endroits de la ville.
25 Maison 37 rue de Jouy, parcelle AS 117.
26 En 11, fig. 1 ; parcelle AN 97. Dans la maison voisine au sud, un remblai, dans la salle voûtée datable du milieu du XIIIe siècle, est estimé à plus d’un mètre par rapport au niveau de sol extérieur, Edmond Ditsch évalue dans ses observations menées en 1899, un remblai de la rue estimé à 1,80 de hauteur (Ditsch 1900).
27 En 12, fig. 1, maison, 10 rue de la Friperie, parcelle AN 356.
28 Note 22.
29 Archives municipales de Provins, plans de l’Ancien Régime, provenance Direction départementale de l’équipement. Non côté.
30 Benton, Bur 2009 : chartes 227 et 228, p. 298-300.
31 Chroniques du chanoine Beudet de 1744, Mémoire pour servir l’histoire de l’abbaye Saint-Jacques de Provins, Bibliothèque municipale de Provins, ms. 235-236.
32 Identifications réalisées le CEDRE de Besançon.
33 5 rue Couverte et maison B, 6 rue Saint-Thibault.
34 Petit affluent de la Seine, de 19 km, réputée non navigable. À de nombreuses reprises des tentatives de travaux sont envisagés, mais en 1665, elle n’est toujours pas navigable (Archives nationales, E* 1729, f° 271-272 ; cité par Guerout 1996 : p. 48).
35 Étude d’Olivier Girardclos (CEDRE).
36 Bibliothèque municipale de Provins, Ythier, ms. 123, p. 476.
37 Étude préalable de Louis Prieur, architecte, conservée aux Archives départementales de Seine-et-Marne.
38 Remploi de bois de démolition de la halle de Saint-Ayoul (Bibliothèque municipale de Provins, Rivot, ms. 101, p. 585).
39 La pierre employée dans la construction est le calcaire de Brie, ferme et hétérogène peu propice à la sculpture. Pour la période médiévale classique, seul quelques modillons, engoulants et gargouilles sont connus pour le décor des façades. Le seul bâtiment de la renaissance connu, l’ancien hôtel de ville construit sous François Ier utilise un calcaire lutétien, importé de la région parisienne.
40 Lefèvre 1868 : p. 23-24.
41 Bourqulot 1840 : p. 72-73.
42 Maison, 11, rue Victor Arnoul parcelle AK, 022, date de la fin du Moyen Âge, Ditsch 1908, p. 9, citée aussi dans Rogeron.
43 Lefèvre 1868.
44 La maison ayant été fortement restaurée, un examen critique de contemporanéité entre rez-de-chaussée et étage ne peut plus être fait. Cependant, plusieurs critères permettent de ne pas la remettre en cause.
45 Verhaeghe 1994.
Auteur
Archéologue
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