Suscinio et les chasses des ducs de Bretagne
p. 121-149
Texte intégral
La terre de la moindre Bretagne a air serein, champs fructiferes, grandes forests, eauës et poissons, et est pleine d’oiseaux, de bestes sauvages et privees ; et de tres agreable situation, convenable aux laboureurs, veneurs et aux volleurs.
Pierre Le Baud, adaptant le Livre des faits d’Arthur.
1Lorsqu’il s’apprête à découvrir Suscinio, le visiteur aperçoit, haut sculptés sur les pierres d’ornement du massif d’entrée, encadrant une amazone aux contours aussi émoussés que ceux de son cheval, deux cerfs aux bois magnifiques, couchés symétriquement chacun devant un arbre gigantesque, qui lui remémorent la fonction première de l’endroit, un rendez-vous de chasse devenu au XIIIe siècle la résidence favorite des princes bretons : « Suseniot, un moult biau chastiel et maison de deduit pour le duch1 » (fig. 1). Si les deux blasons qui couronnaient l’entrée sont effacés à jamais, la découverte, en 1975, du carrelage de la chapelle située hors les murs vint confirmer cette vocation cynégétique et de loisir : dans l’avant-chœur, là où le duc prenait place pour entendre la messe, de rares pavés au décor peint, datables des années 1330-1340, présentent des animaux au naturel, un oiseau posé, deux autres prêts à l’envol, un lièvre bondissant, deux chiens, une hure de sanglier, et même une chouette2. Prérogative royale des Pippinides jusqu’à Louis XI et longtemps après encore (les chasses présidentielles ont été supprimées par M. Jacques Chirac en 1995), l’activité cynégétique révèle la noblesse de ceux qui s’y adonnent, leur supériorité sur le commun s’illustre par la traque de certains animaux réservés3, le cerf surclassant le sanglier au siècle de saint Louis (vers 1170, Chrétien de Troyes substitue déjà, au début d’Érec et Énide, le « blanc cerf » à la laie blanche qu’Arthur sacrifiait dans les contes gallois). La mort de Philippe IV le Bel des suites d’un accident de cheval provoqué par un sanglier dans la forêt de Compiègne acheva de sceller le destin du cochon sauvage – le sanglier des origines celtiques, très apprécié des Romains aussi –, qui s’efface irrémédiablement devant le cerf désormais perçu comme un animal christique4. Place au cerf donc ! À Suscinio plus qu’ailleurs, peut-être.
2Si, aux dires des hagiographes carolingiens, le comte Guérec5 ou le « roi » Nominoë6 s’adonnaient déjà à ce loisir qualifiant qu’est la chasse – aux origines de certaines dispositions parmi les plus originales des anciennes lois bretonnes encore attestées au IXe siècle (la pâtée des chiens et l’entretien des chevaux – loch, ius avene ou cibus canum7) – Salomon fit adresser, en 871, trente peaux de cerf au pape Hadrien II par Jérémie, évêque de Vannes8, les preuves documentaires manquent ensuite longtemps pour leurs successeurs9. Comme beaucoup des composantes de la vie de cour, leurs chasses ne sont guère documentées avant le XVe siècle : à défaut de récits spécifiques, on perçoit l’organisation du service curial de la vénerie comme l’importance que lui prête le prince dans la gestion tant symbolique que pratique de ses États. Le château de Suscinio10, servi par son environnement paysager, offrait un cadre remarquable que limite cependant sous François II son relatif éloignement des lieux de pouvoir.
SUSCINIO EN PARC DE CHASSE
3La résidence ducale ne domine pas comme beaucoup de châteaux érigés sur une éminence le plat-pays, mais est établie en bordure de littoral, en un lieu cerné de marais, de forêts, loin de toute ville (fig. 2). Le château n’a pas été conçu afin de protéger ou de contrôler le rivage proche : ses murailles sécurisent un logis princier dévolu, dès ses débuts, au plaisir de la vie rurale dans un environnement se prêtant à la chasse et permettant la création d’un parc11.
Les hauts murs de la presqu’île de Rhuys
4À l’époque carolingienne le mot latin foresta distinguait, par opposition à silva le terrain boisé, un espace public ségrégé, une terre du fisc réservée aux chasses des puissants12 : il en demeure quelques attestations dans la toponymie du duché vers la fin du Moyen Âge, sans que l’on puisse assurer que les lieux aient conservé leur destination première au fil des siècles médiévaux13. Autres réserves de chasse, les « parcs au duc ». Les plus nombreux se situent à Rhuys même : « le petit parc » de Bernon, « lequel est tout ruyneux ainsi qu’il a esté rapporté au duc » en 1467, au point que les juges locaux et deux auditeurs des Comptes reçoivent mandat de s’y transporter pour voir « si besoign est que iceluy parc soit deffriché et desraciné de plusieurs arbres inutilles et autres boys mort, et le faire labourer de nouvel et y mectre de la semance14 » ; la garenne de Quéralan15, ou dans sa proximité avec « les parcs et estangs de Lanvaux16 » dont Jean IV s’était réservé l’usage quand il avait doté Saint-Michel-du-Champ du reste de ce domaine17, « le parc de Vannes18 », Séné19.
5À l’identique de ce qu’il rapporte de l’initiative prise d’établir Suscinio, l’auteur anonyme de la Chronique de Saint-Brieuc impute à Jean Ier le Roux, fils de Pierre Mauclerc, la création des parcs bretons – Châteaulin, Duault, Carnoët et l’Isle près de La Roche-Bernard20 –, par ailleurs mentionnés dans un compte de 1306, avec mention en sus de Morlaix21 et de Coatloch, près de Scaër22. Ces espaces sont si grands et si bien clos qu’il arrive que des animaux domestiques, porcs ou juments, y retrouvent le goût de la liberté en compagnie de leurs congénères sauvages et soient perdus pour leurs propriétaires légitimes… que le duc rembourse de leur perte sèche23 ! C’est là une application de la procédure du « restour », qui garantit aussi le défraiement des chevaux perdus à la guerre.
6En tout, en effet, le parc de Rhuys enferme 2 600 ha derrière un mur de cinq pieds de hauteur, ce qui représenterait un cubage de pierres d’environ 50 000 m324 ! Ce qui ne suffit pas à dissuader complètement les intrus, à vrai dire moins intéressés par les animaux que par le bois, d’où en 1473 un
mandement par lequel le duc deffent a touz et chacun ses subgiz tous usaiges et coppes de boais, soit de merrain, boais mort, mortboais et boais de revenu, ne autres quelxconques es boais et forestz de Rouys ; et aux officiers d’icelle de non en mercher ne bailler, sur paine, aux gens séculiers, de confiscacion de corps et de biens et de la hart, et aux gens d’Eglise, de bannissement perpetuel et de prinse de leur temporel, si aucun en ont. Nonobstant quelques usaiges ou preveleges qu’ilz dyent y pretendre, sauffau cappitaine dudit lieu ou son lieutenant a s’y ayder du boais mort desdites forestz pour leur chaffaige seulement. Et oultre, mandement aux officiers dudit lieu de Rouys de mectre et faire mectre lesdites paines a execucion vers les transgresseurs desdites deffenses, en faczon que tous autres y prennent exemple.25
7Le périmètre impressionnant de Rhuys, pourtant exceptionnel26, n’est cependant pas limitatif du circuit des activités cynégétiques : le 4 septembre 1441, à la demande de son fils le comte de Montfort, Jean V exempte de fouage
pour la recompensse de pluseurs services et plesirs que nostre subgit Guillaume Eonnet, de la paroesse de Herbignac ou diocese [de Nantes] nous a faiz ou temps passé, tant à noz esbaz de chaces que aultrement, et fait incessament […] durant le cours de sa vie tant seulement.27
8Un peu plus loin encore, on signale la garenne28 et les salines de Guérande29. À l’occasion même, le duc Jean et son fils François Ier ont pu aussi utiliser le château de La Bretesche, toujours dans la même région, comme rendez-vous de chasse mis gracieusement à leur disposition par son propriétaire, le comte de Laval30. À l’inverse, « la garenne de Goëlo », d’une origine quelque peu embarrassante puisque résultant de la confiscation des biens des Penthièvre après 1420, sans doute mal placée aussi car trop éloignée du Vannetais maritime, se trouve menacée d’une rapide disparition par acensement de ses parcelles à des paysans défricheurs31 comme à des serviteurs de la personne du duc32, celle d’Erquy, déjà emblavée, se voit cédée à un familier en 143033, celle de Ploërmel n’est plus désormais qu’un souvenir34, le parc de Duault est afféagé dès le début du XIVe siècle35, tandis que le « parc au duc » de Carnoët, ceint d’un haut mur de sept lieues de tour, élevé du temps de Jean Ier, tombe lentement en ruine36. Celui de Pontcallec, encore clos au début du XVIIIe siècle par un « mur au duc » sur environ sept lieues, est donné en 1440 à dame Perrette de L’Argentaye, veuve d’Hervé de Malestroit, avant de passer aux Guer37. Le parc de Châteaulin abrite derrière une muraille de trente-deux kilomètres de tour des forêts, un vaste haras, mais aussi des friches et même des champs donnés en culture qui gagnent peu à peu sur les défens (bois sur lequel le pâturage est interdit) puisque les réformateurs du Domaine au milieu du XVIe siècle remarquent l’existence d’un « mur du vieil parc » en limite des terres désormais afféagées38. « Les garennes, hayes et places frostez appartenant au duc a cause de sa seigneurie de Foulgeres » sont scindées en deux blocs après avis d’une commission sur place : « ce que en trouveront estre utile pour garennes ediffier, le faire incontinant faire par les officiers desdits bois et garennes », le reste « le bailler et accenser par heritaige a rente perpetuelle, au plus proufitablement que estre pourra, a ceulx qui vouldront en avoir39 ».
9La chasse du duc apparaît donc essentiellement comme une réalité vannetaise, liée à leurs nombreux séjours de plaisance à Suscinio, du moins jusqu’à François II qui ne s’interdit pas de s’y adonner plus volontiers à l’entour de ses manoirs périurbains de la banlieue nantaise – dont les terres ne reçoivent pas pour autant le qualificatif de parcs – ou durant ses fréquents séjours à Clisson la giboyeuse, cette campagne à mi-route entre Nantes et Cholet où réside souvent sa maîtresse attitrée, Antoinette de Maignelais, dame du lieu40… D’autant que la châtellenie de Rhuys avait été cédée en douaire à Ysabeau d’Écosse, veuve de son cousin le duc François Ier (mort en 1450), laquelle la tint près d’un demi-siècle, avant que Jean de Chalon, prince d’Orange, ne la reçoive dans le contexte dramatique des guerres d’indépendance41.
Suscinio, chasse gardée
10Sur place dans la presqu’île, les gardes et le personnel d’entretien sont placés sous la responsabilité du « maistre de la venerie », un haut officier qui suit la cour et prend le titre de grand veneur à compter de la seconde moitié du XVe siècle : choisi au sein d’une famille d’excellente noblesse, il commande à dix ou quinze hommes42. Les gardes sont engagés par lui, payés par le Trésor et régulièrement remplacés dès que l’un d’eux meurt en charge ou se retire. En dehors de quelques avantages liés à la fonction, dont le logement et le bois de chauffe gratuits, leurs gages sont modestes et nous demeurent d’ailleurs inconnus car ils sont toujours dits « acoustumez », sans plus de précisions, dans les actes d’institution les concernant43 ; au besoin, le duc peut ordonner un don gracieux à l’heure où la retraite sonne pour l’un de ces bons serviteurs ou si le prince a motif de s’en montrer plus spécialement satisfait. À eux revient le devoir de veiller à la faisabilité des chasses princières en s’assurant que les gens de la presqu’île ne braconnent pas en portant « arcs, arbalestres es parcs, boys et forestz dudict Reuys et Susynio, et d’iceulx tirer en intencion de tuer aucunes des bestes estantes en iceulx44 ». Le duc veille à faire rappeler que les délinquants risquent gros :
Mandement aux juges et procureurs de Vennes et cappitaines dudit lieu et leurs lieuxtenans, de prohiber et deffendre à touz de non courir, chaczer ni prendre o chiens, oaiseaux, resseurs et autres fillés [filets], ne autrement de jour ne de nuyt, nulz gibiers en la parroesse de Sené ne à demy lieue prés, sur paine de la chartre [prison] et de 60 livres d’amende et autres paines arbitrales, et ladite deffense faire bannir deüment.45
11Le 1er juillet 1473 François II doit prendre des dispositions draconiennes contre le laxisme constaté de la part de ses administrateurs forestiers
pour ce que nous est venu à notice que pluseurs nos subgiz ont par cy devant pillé et destruict noz boais et forestz de bestes rouxes et noyres, lièvres, connilz et autres gibiers tant de jour que de nuyt, avecques tezures, arcs, arbalestres et autrement, clandestinement, au desceü de noz officiers des boais et forestz, et uncores le font cothidiennement et plus le pourroient faire si provision n’y estoit donnee, ce que est neccessité de faire,46
12d’où l’interdiction formelle d’emmener n’importe quelle arme ou engin de chasse dans les bois et forêts, avec menace de saisie du corps et des biens des délinquants obstinés et même ouverture d’enquêtes rétroactives sur les abus constatés. Bien sûr les peines venant à s’abattre sur les roturiers risquent d’être sévères, d’autant que le pardon ne joue pas dans ces affaires relativement subalternes (un seul cas nous est parvenu, celui d’un certain « Jehan Hémon, de Surzur, qui a tué des animaux dans le parc au duc47 »), la grâce ducale s’appliquant pour l’essentiel aux seuls cas de meurtres par « chaude cole » ou de larcin48.
13Les réserves de chasse les plus occidentales ne voient plus jamais venir le duc, et rien ne contrecarre cet abandon de fait, qu’accélèrent encore les événements politiques à la faveur de l’amenuisement de l’autorité centrale vers la fin du règne, puis la période de l’union du duché au royaume qui paraît avoir été propice à bien des débordements que le prince, éloigné désormais, peine à contenir dans des domaines armoricains qu’il ne fréquente plus49. Il faut attendre le rattachement définitif du duché au royaume pour qu’une réformation du Domaine soit ordonnée et des enquêteurs dépêchés sur place après 1538 afin de dresser un état des lieux, qui s’avère peu brillant – « audit Chasteaulin une forest appellee Deruzec, aultreffoiz belle et grande, close et cernee de murailles, de present toute ou la plus grant partie destruicte, depopullee et sans boys », partout les murs croulent et les cultures envahissent de façon subreptice les anciennes réserves de chasse50 – et de proposer des mesures.
Une chasse pour chaque gibier
14L’exercice curial de la chasse suppose d’abord le rejet de certaines pratiques certes efficaces mais jugées par trop vulgaires : les « engins », autrement dit les pièges, se trouvent bannis en toutes circonstances. L’emploi de filets n’est pas en soi prohibé : Jean V y fait même directement référence lorsqu’il récompense, le 12 octobre 1441, d’une exemption de fouage transmissible à son fils aîné, un certain Alain Le Moulnier, paroissien de Saint-Malo-de-Phily, « conduiseur des raez et fillez de nostre chace ès lieux où nous allons pour nostre esbat, où il a eu et enduré de graves paines et travaills sans avoir eu de nous que bien po de rescompence51 », mais c’est bien là une des rares allusions à cette technique52, une allusion provenant, qui plus est, d’un prince déjà âgé ! La « volerie » se déduit des mentions d’oiseaux de proie tenus à la disposition du duc53, dont un officier spécialisé, le « maistre de la fauconnerie », reçoit la garde54. On se procure ces précieux oiseaux soit grâce à un don provenant d’un sujet zélé (« Décharge du 27 novembre 1459 à un gentilhomme de Basse-Bretaigne nommé Guion Le Chemerell, pour récompense d’ung oayseau de proye qu’il donna au duc à l’Estrenic55 ») ou d’un noble régnicole aux motivations inconnues (« à messire Michel de Lascarin, chevalier des parties de Bresse, en reconnoissance de trois hacquenées et trois gerfaux blancs, 500 escus56 »), soit auprès de marchands spécialisés car leur reproduction est alors impossible en captivité, puis ils sont remis à un spécialiste pour l’affaitage57. Jean II disposait, déjà l’été précédant sa mort accidentelle, en 1305, d’un « pedriour », un certain Geoffroy qui levait les perdrix avec son chien, puis les effrayait avec son « oisel » pour qu’elles se jetassent dans ses filets58. Enfin, trois dames du XIIIe siècle, dont deux princesses de Bretagne, se sont fait représenter sur leur sceau personnel avec un oiseau posé sur leur poing gauche, suggérant par là que ce genre de chasse au vol leur était plutôt dévolu59 !
15En définitive, la courre au gros gibier apparaît comme la reine des chasses, la seule qui permette de venir à bout de ces bêtes nobles entre toutes que sont cerfs (fig. 3) et sangliers (fig. 4), au terme d’une traque loyale : cette compétition se déroule au grand jour, à cheval, avec des chiens, au son du cor, dans la presse des cavaliers comme des rabatteurs. Toutefois les détails circonstanciés manquent sur ces chevauchées et, faute d’indications comptables précises, les mentions de chevaux ou de chiens demeurent ambiguës puisqu’un lévrier serait plutôt à l’époque un animal de compagnie (l’un d’eux est dérobé en Léon durant l’hiver de 1476-1477 alors qu’il était « nourri » pour le duc, ce qui entraîne l’ouverture d’une enquête par le procureur général60). Le nombre comme la race, donc la destination ultime des chiens élevés pour le prince demeurent également incertains au fil des règnes61 (on sait seulement qu’en 1419 le « maistre de la vennerie de Monsieur tiendra à la vennerie, sur ses gages, douze lepvriers, vingt-quatre chiens communs, quatre varlez à cheval et deux à pied62 »), tout comme il se révèle impossible de reconnaître le cheval réservé à la chasse d’un autre réservé à la promenade63.
16Il reste que la renommée des élevages canins bretons était suffisante au témoignage de Commynes pour qu’en 1483 Louis XI, presque moribond pourtant, « des chiens, en envoyoit quérir partout : en Espagne, des allans ; de petites levrettes en Bretagne, levriers, espagneuls, et les achetoit cher ; en Vallence, de petits chiens velus, qu’il faisoit acheter plus cher que les gens ne les vouloient vendre64 », et vingt ans plus tôt, depuis Nantes, le duc faisait mener des chiens de chasse au comte du Maine, le fils du roi René65. Encore plus tôt, en 1406, dans son testament Olivier de Clisson léguait ses six meilleurs chiens au jeune duc Louis d’Orléans66. Jacques de Fouilloux confirme cette réputation au siècle suivant lorsqu’il écrit que Brutus et Turnus déjà « chassoient ordinairement avec une telle race de chiens que depuis qu’ils avoient trouvé un cerf, ils ne l’abandonnoient jamais que il ne fust mort67 ». Ainsi, même le meilleur ami de l’homme affecte une origine troyenne en Armorique !
17Chasse à courre, chasse au poing, chasse aux « rets » sont ainsi assurées au moins par intermittences ; la survie de la pratique de la chasse à l’arc paraît plus problématique. Et tout dépend en définitive du gibier visé : le portail de Suscinio souligne l’attrait pour le cerf, auquel on peut, sans prendre grand risque, ajouter le sanglier et le chevreuil toujours abondants à travers les espaces laissés en jachère comme parmi les formations arbustives naturelles des contrées atlantiques. Cinq bêtes à poil rouge (cerf, biche, daim, chevreuil, lièvre) et cinq bêtes à poil noir (sanglier, truie, loup, goupil et loutre) partagent la faune en deux clans d’égale attirance dans l’esprit du chasseur médiéval, dont la traque est réservée aux nobles68. « Cerfs, biches, chevreuils, fans, lievres, connils, regnards, faisans, perderies et tous autres gibiers69 » : le tableau de chasse des ducs ne se démarque d’aucune façon de ceux que l’on trouve couramment référencés à cette époque70. Si des animaux comme l’ours ont depuis longtemps disparu de l’Armorique, le loup y demeure tristement présent71 et pourrait à l’occasion aiguiser l’intérêt, mais ce fauve n’a aucune chance, sauf accident, de hanter les réserves de chasse qui sont closes de hauts murs préservant normalement leurs hôtes de ses intempestives intrusions.
LA CHASSE ET LA SYMBOLIQUE DU POUVOIR DUCAL
18À l’occasion la passion cynégétique peut se marier aux ambitions politiques : en 1419 le duc de Bourgogne Jean Sans Peur ne prétend-il pas avoir le droit de chasser ou de faire chasser à sa guise « dans toutes les garennes et forests du royaume de France », en tant que premier et doyen des pairs72 ? Si le duc de Bretagne n’a jamais émis pareille prétention à l’intérieur de son État73, il ajoute bien volontiers la chasse à la panoplie des souverainetés qui fondent et illustrent son statut de prince.
Les chasses des origines légendaires
19Un tragique accident de chasse scelle le destin de la branche occidentale des Troyens ayant fui l’antique cité tombée entre les mains des Grecs, du moins selon la légende savante popularisée par Geoffroy de Monmouth : à 15 ans, alors qu’il croyait viser un cerf, en décochant sa flèche, Brutus tue sur le coup son père Silvius74. Ce parricide contraint l’arrière-petit-fils d’Énée à quitter le Latium avec quelques compagnons seulement : établi en Gaule, Brutus s’adonne là aux plaisirs de la chasse « en de grandes forests qui contenoient de longueur depuis Tiffauges jusques auprès de Poitiers », selon Jacques du Fouilloux, auteur d’un ouvrage sur La Vénerie dédié au roi Charles IX en 1561. Ce petit seigneur de la Gâtine poitevine affirme avoir lu dans le duché d’anciennes chroniques où figuraient ces précisions topographiques75. On sait qu’après diverses aventures et errances, le dernier carré des descendants de Troie la Grande finit par s’établir sur l’île des Géants, à laquelle s’applique depuis lors le nom de leur chef, Brutannia devenue Britannia…
20Les Bretons n’en avaient pas fini pour autant avec le monde sauvage : Geoffroy de Monmouth rapporte dans son Histoire des rois de Bretagne que les insulaires, en proie aux invasions païennes vers la fin de l’empire de Rome, ont un temps régressé dans l’ordre de la civilité au point qu’ils n’eurent plus « pour dédommagement que leur habilité à la chasse », au témoignage pathétique de Guitelin, l’archevêque de Londres venu quémander du secours auprès d’Aldroenus, roi des Bretons d’Armorique76. Leurs prophéties se trouvent ensuite nourries d’épithètes multiples extraites du bestiaire, en résonance avec les traits distinctifs des mondes primitifs encore ignorants de l’agriculture ou retombés à ce stade premier d’avant les prémisses de la civilisation, tandis que Arthur, le plus grand de leurs rois, est parfois vu chassant avec sa suite à travers l’éther77… Le christianisme et l’établissement sur le continent emportent ces résidus archaïques, quoique les saints bretons puis les évêques médiévaux entretiennent encore des relations emblématiques avec le règne animal78.
21La chasse, elle, s’efface vite de l’histoire telle que rapportée par ses narrateurs : outre les deux épisodes hagiographiques déjà mentionnés, impliquant respectivement le comte Guérec et le « roi » Nominoë, on peut aussi mentionner le légendaire roi Gradlon fatigué de chasser sur les coteaux de Plomodiern, qui s’invite chez saint Corentin, lequel le sustente, ainsi que toute son escorte, de son poisson coutumier79. Je ne relève guère au fil des chroniques anciennes que l’assassinat, aux temps mérovingiens, de Jona, le détenteur légitime du trône, par l’usurpateur Comorus « ainsi qu’il chassoit es forestz aux bestes saulvaiges », ou, peu avant l’an mil, celui du comte de Nantes Hoël, fils d’Alain Barbe-Torte, par le traître Galuron au service de Conan de Rennes, un soir de chasse au cerf alors que la victime se trouvait isolée pour avoir envoyé ses serviteurs préparer son coucher80. Alain lui-même, en sa jeunesse passée en exil en Angleterre, dédaignait tuer sangliers et ours d’un fer ou d’un glaive ; à ses armes par trop vulgaires pour un prince destiné un jour à relever la patrie de ses pères, il préférait le bâton, l’épieu de bois81. Enfin, sur mode apaisé, la déposition de Jean de Rostrenen en 1479 quant aux droits et prééminences de la maison de Rohan, fait état de la poursuite d’un cerf par un certain vicomte (Alain III) en sa forêt de Quénécan : l’animal ayant été rejoint au moment où il traversait la rivière de Blavet,
ledit vicomte, se sentant lassé et travaillé à ladite poursuite, s’endormit au lieu où est à présent scituée ladite abbaye et, prenant son repos, en son dormir luy vint en vision en son esprit qu’il fonda illec une abbaye [d’où le nom de Bon-Repos imposé à cette fille de Cîteaux] pour ce qu’il s’y estoit très bien reposé et prit grand plaisir en cette vision et songe.82
22En soi l’activité cynégétique, banale dans le quotidien des princes, n’attire plus guère les regards avant la fin du Moyen Âge. Un identique constat de carence s’applique aux chasses imaginaires, pour ainsi dire pas documentées parmi les œuvres littéraires ni représentées sur les scènes figurées qui nous sont parvenues : seule pourrait faire exception une tapisserie, aujourd’hui conservée à New York au Metropolitan Museum of Arts, si effectivement cette Chasse à la licorne fut bien la propriété d’un duc. Elle montre une meute de chiens courants que des valets, armés de longues lances et de dagues, tiennent encore en laisse à l’heure du départ pour leur longue traque83.
Le duc en chasseur
23Tous les ducs ont-ils chassé ? C’est assez probable mais on ne saurait affirmer qu’ils le firent tous avec un égal enthousiasme : le fond de leur caractère, leurs goûts personnels comme leurs loisirs favoris nous échappent trop par-delà les portraits assez convenus qu’en laissent les chroniqueurs pour avancer quelque certitude que ce soit touchant leur vie privée84. Si le pape Sixte IV autorise, par une bulle datée du 21 mars 1479, les sujets de François II à commercer avec les Turcs afin de ramener vers leur prince « des faucons, des chiens de chasse, des chevaux et autres marchandises fort utiles aux Bretons85 », rien ne vient suggérer qu’aucun marin de la péninsule se risquât alors en ces parages aussi lointains que mal famés ! Par contre, un compte de 1460 mentionne un paiement à « un des gens de Saladin qui avoit apporté du pays de Provance un oiseau du duc86 ».
24Il est assuré que nul duc n’acquit la réputation ni la science d’un Gaston Phébus en ce domaine, que nul parmi leurs sujets non plus ne participa aux « Rèzes » organisées en Prusse orientale sous l’égide de l’Ordre teutonique, ces tournées de chasse fort dispendieuses ciblant les Lituaniens tout autant que les loups de leur pays, que pratiquait avec enthousiasme la jeunesse fortunée du XIVe siècle finissant87. Cependant leur environnement familier fait facilement référence à ce noble sport, jusque et y compris sur les livres de prière de certains de leurs proches : ainsi, en pleine moisson, un seigneur chasse à l’oiseau88, d’autres cavaliers et des dames traquent un cerf avec leurs chiens dans les marges colorées des Heures de Marguerite d’Orléans (vers 1430)89 Celles de Prigent de Coëtivy, l’amiral de France tué lors du siège de Cherbourg en 1450, donnent à voir plus de deux mille animaux, surtout des oiseaux, puisque des scènes de chasse occupent tous les bas de page illustrés, présentant des gibiers de toute sorte (lièvre, renard, cerf, sanglier) poursuivis par un chien, traduisant à la fois la passion naturaliste renaissante à cette époque et le goût des nobles cultivés pour les interprétations allégoriques, morales et religieuses du bestiaire90.
25L’office de la vénerie est l’un des plus anciens « métiers » de l’Hôtel : il figure dans le testament de Jean II daté de 1305 comme, exactement un siècle plus tard, dans l’état qu’établit le duc de Bourgogne devenu le tuteur des jeunes princes bretons après le remariage de Jeanne de Navarre, leur mère, avec le roi d’Angleterre91 – cette tutelle bourguignonne constituant au demeurant une étape clé pour la promotion d’un style de vie véritablement princier au sein d’une cour bretonne demeurée jusque-là assez rustique.
Eon Guillemet, maistre veneur […] Pages Beaumanoir, Rouseu, Chansot, Jehan Thomelin, l’Allemand, Chenuchez, le page Remonet, bouche à cour (entretenus à la cour) et autres necessitez acoustumées. Lorent Palefrenier, XXX livres par an. Huit valets de chevaux, chacun XXV livres par an hors tinel (salle basse où mangent les domestiques). Deux valets pour le queurre, chacun XV livres hors tinel. Jamet, valet des levriers, bouche à cour et XV livres par an. Trois fauconniers, CXX livres ou au meilleur marché que l’on pourra.92
26Soit pour le service un effectif de vingt-deux subalternes : sept pages, un palefrenier et huit valets des chevaux, deux veneurs, un valet des lévriers, trois fauconniers (parfois un bâtard de petite noblesse trouve dans cette spécialité un emploi honorable93). En 1486 les gages du grand veneur se montent à 1 500 livres, contre 300 pour le grand fauconnier94.
27L’ensemble de ce dispositif correspond dans son principe à ce que l’on repère dans les autres maisons de niveau équivalent, sans éclat particulier en Bretagne néanmoins car le faste de la cour ne s’y fait jamais tapageur même s’il représente un lourd fardeau pour le budget de l’État. Si rien ne permet d’affirmer que ce métier garda constamment l’importance numérique acquise en 1404, il survécut, comme la charge de grand veneur survit à l’union d’Anne avec le roi de France, après avoir traversé, comme l’ensemble des services curiaux, quelques turbulences quand son titulaire fit défection lors des guerres d’indépendance95…
28Auparavant, une fois ou deux seulement, la chasse s’était immiscée en frontière des affaires politiques du duché : d’abord en 1420, lorsque le trop confiant Jean V s’était laissé abuser par son cousin Penthièvre qui lui promettait qu’à Champtoceaux « là trouveroit de beaux esbatz et de belles chasses96 » ; puis à l’aube du 25 avril 1450, quand les geôliers de Gilles de Bretagne, le jeune frère du duc François Ier, pour l’heure détenu au château de La Hardouinaye,
se retirerent aux champs pour gibayer, comme acoustumé avoient. […] Ces compaignons gibayoient, XV ou XVI chevaux, depuis soleil levant jusque après mydy. Et en ces entrefaictes sourvint ung de leurs serviteurs tout fait à la main qui acourut au devant de Olyvier de Mes, Robert Rouxel et leurs complices qu’il trouva chassans en la compagnie de dix ou douze nobles hommes d’environ La Hardoynaye, et tout esploré leurs dist que monseigneur Gilles estoit trespassé n’avoit pas une heure, dont ces galans feignirent mener moult grant duel (deuil) ; et supplierent aux gentilz hommes qu’ilz vousissent venir veoir comment il en estoit allé.97
29Le stratagème se révèle cependant trop grossier pour leur assurer longtemps un alibi insoupçonnable98. Dans un tout autre registre, vers la fin de janvier 1354 le pape Innocent VI remercie la duchesse Jeanne de Penthièvre de son envoi de diverses venaisons99, comme quoi le gibier peut aussi servir de cadeau diplomatique !
Un prolongement : la ménagerie ducale100
30Si par exception se dévoile parfois la permission accordée à des montreurs d’ours de parcourir le duché afin de les y exhiber (une sauvegarde spéciale du duc en date du 28 juin 1466 pour Pierre Groefert et Baltazar Au Dieu d’Amours « qui entendent voyager par ce duché avecques certaines bestes sauvages qu’ilz ont101 »), ces ours prétendument savants ne doivent pas occulter la présence d’autres animaux d’exception à l’entour du duc. Comme chaque prince à cette époque102, celui-ci entretient en effet une ménagerie dans l’enceinte ou à proximité des murs du château de Nantes : en témoigne le mandement
de poïer à Jehan Lucas103, garde des lyons et lyonnes et aussi d’une unsce [once, un léopard] et d’une loucerve [loup-cervier ou lynx] estans en la ville de Nantes, sellon les ordonnances que par cy-devant lui ont esté faictes par feu le duc [François II], que Dieu absolle, sur ladite recepte, tant pour les gaiges dudit Lucas de ladicte garde, que pour la noureture desdictes bestes, et semblablement pour ung lion et une lionne dont avoit charge ung nommé Allain Drugeon, parce que ledit Drugeon l’a delaissee et icelles bestes baillees en garde audit Lucas.104
31François II « faisoit nourrir des sangliers d’Espagne » en janvier 1479105. Dans une certaine discrétion malgré tout : si deux lions et un possible dromadaire figurent sur les carreaux du pavage de l’avant-chœur de la chapelle de Suscinio106, il n’est jamais fait mention dans les chroniques bretonnes d’une exhibition particulière de la ménagerie princière, jamais non plus de combats plus ou moins artificiels opposant des animaux entre eux ou à des hommes comme cela se rencontre ailleurs. Quant aux oiseaux exotiques107, tels les perroquets africains, ils ne paraissent pas attestés en Bretagne sous le règne des Montforts.
32Au-delà de l’exotisme qui les caractérise en premier lieu, les curiosités rassemblées là doivent rendre évidents à tous le rang comme les disponibilités de leur possesseur ; elles s’intègrent à la symbolique du pouvoir avec le lion108, tout en participant à la gestion des alliances et à l’entretien des amitiés. Les puissants ont, de fait, une vie de relation constituée pour l’essentiel d’échanges de courriers par l’entremise des hérauts ou l’envoi d’ambassadeurs (encore itinérants au Moyen Âge), parfois de rencontres personnelles – quoique les ducs de Bretagne ne circulent jamais au dehors du royaume après Jean IV : l’étiquette comme la bienséance exigent qu’en ces circonstances soit remis au mandataire quelque objet de valeur afin de le remercier de ses peines selon son rang, et qu’il transmette en retour un cadeau à son maître si les échanges ont été fructueux. Il existe donc une circulation de présents diplomatiques, dont des animaux liés à la chasse109, que les archives dévoilent épisodiquement.
33On apprend ainsi qu’en 1397 un chevalier breton et son serviteur acheminent vers la cour du roi de Navarre un lévrier blanc que le duc offre à son beau-frère110 ; cinq ans auparavant, c’était 20 francs que Jean V avait donnés à l’écuyer du grand maître d’hôtel du roi venu à Nantes y chercher un faucon destiné à Charles VI111. Beaucoup plus tard dans le temps, en 1460, depuis la Provence il est apporté à François II un oiseau, sans doute offert par le roi de Sicile112, tandis qu’en septembre 1464 le duc gratifie d’un ours – arrivé on ne sait comment en Armorique – son oncle Charles d’Orléans113. Dès juin 1457, il avait aussi fait présenter un lévrier blanc à sa tante, la duchesse d’Orléans114. Partageant la même passion que le roi – et c’est bien sans nul doute leur seul trait commun ! – François II s’entretient avec Louis XI « de chasses, d’oiseaux et de ces sortes d’aménités », en attendant que les notaires aient fini de rédiger le procès-verbal de l’hommage que le duc vient de faire au roi115, avant de lui offrir à lui aussi un lévrier blanc en août 1463116. Ultime mondanité d’un duché au bord de l’épuisement, Pierre Ridou, Gilles Poiel et le bâtard de la Fontaine « serviteurs du roy des Romains », Maximilien d’Autriche, se voient récompensés en mars 1486 « pour avoir présenté au duc certains oayseaux de par le roy des Romains117 ».
LA POLICE DES CHASSES ET DES GARENNES
34Cet ultime volet des chasses du duc n’intéresse plus sa personne et s’occupe peu de son environnement aulique. Il n’en est pas moins lourd d’implications pour les relations qu’il entretient avec ses sujets : le duc intervient volontiers dans les différends les opposant entre eux, afin d’imposer le respect des règles en ce domaine comme en tant d’autres, ou bien il trouve dans la concession de privilèges cynégétiques nouveaux une façon de récompenser ceux qui le méritent, puisque le bon gouvernement de la chasse fait partie intégrante de ses prérogatives régaliennes118.
Querelles entre chasseurs
35Comme partout en Occident, l’Église réprouve discrètement ce loisir brutal, qui échauffe le sang et fait naître des passions : les clercs ne chassent pas. Si elle concède par tradition quelques miracles de protection pour les bêtes traquées, des cerfs toujours, qui trouvèrent refuge aux pieds d’un saint, elle demeure de marbre face au chasseur mis en péril ou accidenté. Aucun miracle de protection, aucun miracle de guérison après une chute de cheval ou un mauvais coup porté par un sanglier combatif ne figure dans un recueil de miracles ! Par exception toutefois – le contexte dramatique de l’époque l’explique – un certain Arnulf, serviteur laïc des moines de Vertou, auquel les Normands s’étaient « amusés » à couper les deux mains, put continuer à tuer de féroces sangliers grâce à ses moignons devenus habiles au maniement de l’épieu. Pourtant, même sa rééducation réussie n’est pas dite explicitement relever d’une intervention surnaturelle119 ! Cette réserve d’ensemble n’aboutit cependant à aucune condamnation morale définitive de cette pratique par les laïcs.
36La fréquence des chasses seigneuriales reste très difficile à apprécier faute d’une documentation positive : les comptabilités châtelaines fourniraient quelques indications éparses, telle celle établissant que le fils de Gérard de Machecoul dispose de faucons vers 1342120. Au service d’un maître autre que le duc, un fauconnier sort estropié d’une rixe survenue lors de la foire rurale tenue près du château de Bonnaban à Rennes vers 1407121. À tous les maîtres de chasse, Jean V rappelle la règle de base : « […] par la coustume de nostre païs, ou domainne de noble homme [a] garenne tellement que homme n’y puisse courir ne chasser sur le païs et contre la vollonté de luy122 ». La pratique peut s’avérer plus nuancée dans ses tenants et aboutissants. Un siècle plus tôt, les veneurs de Jean II, emportés par leur fougue à traquer un cerf débusqué dans la forêt ducale du Gâvre, avaient négligé ce précepte : enfreignant la propriété de Guillaume de Clisson, mineur, ils avaient suivi leurs chiens sur sa terre d’Héric, mais les gardes avaient saisi la meute et même tué un chien d’une flèche. Le tuteur du jeune seigneur doit reconnaître que ses hommes ont outrepassé leur devoir puisque le droit de suite est reconnu valide, et il s’engage le 22 juillet 1298 à payer au duc une amende en réparation de leur faute123. Une poignée d’années plus tard, en 1306, les gens du duc se font rembourser 60 sous « pour les despens aux chiens madame de Chastiau Brient qui furent pris en la forest dou Gavre tant comme ilz furent en prison124 ».
37Des dissensions ne manquent pas, en effet, de s’élever autour de certaines actions délictueuses, imputables à des rivalités entre seigneurs voisins qui se disputent une terre ou un bois à l’appartenance mal assurée125, outrepassent leur simple droit en allant chasser chez autrui sans excuses raisonnables126 ; d’autres, à l’inverse, incriminent les divagations des chiens de la partie adverse, quitte à les tuer ou à les capturer à titre de représailles127. Une garenne privée contestée128, son saccage intentionnel sert d’exutoire à un règlement de comptes entre les parties129. Même sans mauvaise intention à la base, l’incident menace toujours de dégénérer. À cause de son enthousiasme à traquer le cerf qu’il avait levé dans la forêt de Vitré mais qui s’était réfugié dans celle, adjacente, de Saint-Aubin appartenant au duc, l’équipage du comte de Laval engendre un incident grave avec les officiers du prince, l’affaire se soldant par l’arrestation de Jean du Choaisel, veneur du comte, la mise sous séquestre de son cheval et des chiens, la confiscation du cerf sacrifié : après enquête sur les bons usages traditionnels, Jean IV parvient à apaiser les choses avec son cousin en lui restituant son homme et sa meute, bonne occasion de rappeler à tous les règles de conduite ancestrales130.
38Je n’ai relevé qu’une affaire pour laquelle on puisse subodorer une probable rétorsion politique, en l’occurrence lorsque Jean V intervient en 1422 afin de maintenir son fidèle « amé cousin et feal le sire de Chasteaubrient et de Montaffillant » en ses droits de chasse en Plélo, droits qui dérivent de la confiscation puis de la réattribution des biens des Penthièvre saisis après l’attentat de 1420. D’où sans doute le fait que, depuis un an, Sylvestre de La Feillée, accompagné de neuf complices nommément désignés et d’autres trublions,
a descoupplé et fait descouppler chiens, couru et chacé ès boais dud. sires estans en lad. parroaisse, nommez les boais Billon et du Gainegouet, et en chascun, o chiens, y a tendu et fait tendre raiz et fillez environ et assez près desd. boais, la chace dud. de La Feillée estant esd. boais et l’un d’eux pour y debvoir et cuider prandre bestes sauvaiges, comme cerfs et biches, pors et aultres, en se efforsant et voullant y perturber led. sires sur la chace et coursse desd. boais, et y vouloir usurper ou aquerre aulcun joyssement de ainxin le poair fere.131
39D’une façon générale, lorsqu’ils sont en service à la cour ou à l’armée, tous les officiers se trouvent placés sous la sauvegarde du duc, leurs biens devenant alors insaisissables, leurs chasses inviolables132. Il arrive qu’un voisin, possédant « certaine quantité de boys de revenue » limitrophes, se croit autorisé à « faire hayes et plesses à prendre bestes » en lisière de chez autrui, d’où la colère du jeune La Hunaudaye, chambellan du duc, qui, sans plus de façons, « auroit fait desrompre et dilacerer » ces nouveautés implantées par Jean de La Morteraye à toucher la forêt de Saffré appartenant à sa mère : dès lors, il ne reste plus à Jean V qu’à désigner une commission pour aller enquêter sur place133. Ces clôtures légères et amovibles servent à protéger les jeunes pousses arbustives comme à soulager la pression de chasse : les juges de Fougères, après avoir rappelé que le braconnage est puni de 60 livres d’amende et de prison, décident en outre que « les gaiges ordinaires des garenniers desdites garennes pour ceste presente annee seront emploïez par le receveur dudit lieu a plexer et clorre lesdites garennes134 ».
40Car le braconnage, pas forcément spectaculaire dans sa forme, constitue bien le plus grand danger existant pour les propriétaires de chasses. Les délinquants s’en donnent parfois à cœur joie135, et si la victime s’avère être un mineur136 ou un établissement d’église137, cela rend le cas encore plus pendable. Même les hauts officiers de la Couronne ne sont pas à l’abri de mauvaises surprises : Guillaume de Penhoët, fils de l’ancien amiral de Bretagne, a dû s’étrangler d’indignation en découvrant le sort tragique ménagé à « ung grant cerff, quel avoit 20 cors » qui hantait sa forêt de Plouénan : il fait mobiliser tous les responsables du ressort de Morlaix afin d’enquêter sur les braconniers qui ont pénétré sur ses terres « avecques arbalestres, pieges et autres engins », et y ont tué « plusieurs bestes rouxes et noires138 ». La même année 1467, François II ordonne de « faire prohibicion et deffense a touz et chacun les subgitz du duc, gens roturiers et de bas estat, » de chasser et pêcher au fief de Guiheneuc et de La Roche en Nort-sur-Erdre139.
Des promotions à la main du duc
41La police de la chasse n’est pas seulement affaire de paisible gouvernement amenant les hommes à respecter les droits de propriété et d’usage d’autrui, elle s’étend bien au-delà de cette sphère somme toute limitée vers une gestion active du privilège octroyé. Pierre Landais, trésorier et receveur général du dernier duc, en profita lorsque son maître l’autorisa à agrandir son manoir de Briord, situé près du lac de Grandlieu, dans l’espoir, dit le prince, « que aulcunes fois nostre plaisir fut de y aller loger pour nos desduits et esbats de chace de toutes bestes rouxes, fauves et noires dont la partie est bien peuplée140 ».
42La géographie des garennes n’est pas figée en fonction des seules conditions écologiques prévalant, mais en apparence seulement, sur des terres réputées stériles à la culture, inutiles à toute autre industrie : des seigneurs peuvent demander à clore l’espace qu’ils désirent affecter à leur chasse ou, au contraire, agir afin d’accenser des parcelles à défricher ; des communautés paysannes peuvent obtenir semblable autorisation sur des garennes domaniales déclassées141. Parfois aussi, ce sont les gens du cru qui, de plus ou moins bonne foi, laissent divaguer leurs bêtes et se plaignent ensuite des amendes dont ils ont dû s’acquitter, d’où la nomination d’une commission chargée d’enquêter en la paroisse de Marcillé sur les bêtes prises en « pluseurs hayes et garennes desclos », avec comme solution fortement suggérée, d’ordonner la clôture de la garenne et l’acensement du reste, à savoir des prés et un point d’eau, contre une rente perpétuelle142.
43Le duc intervient de façon décisive dans tous ces changements de destination qui impliquent une mutation du statut légal d’un bien-fonds, que celui-ci rejoigne le lot commun des champs cultivés ou qu’il se trouve en quelque sorte anobli par sa nouvelle destination cynégétique puisque « à nous, entre nos autres droits […] souverainetés, soit et appartiegne ne non a autres en nostre duché donner et creer garennes deffensables143 », rappelle Jean IV, lorsqu’il accorde à son sergent d’armes Jehan dou Loquet l’autorisation d’établir une réserve fermée « de connins, de lievrez, perdriz et faisans » en son domaine des Touches, paroisse de Guer. Bien évidemment, les serviteurs de la personne du duc et de l’État sont les premiers bénéficiaires de ces mutations144, quitte pour le prince à sacrifier une fraction de son Domaine, la faveur l’emportant sur toute autre considération : ainsi, en anoblissant les terres de Jean Le Pennec, noble du terroir de Guérande, Jean V éteint les actions lancées par ses officiers contre celui qui « avoit clos et amuré certaines terres en nostred. terrouer nous appartenantes, esquelles celuy Pennec avoit et a fait garaine à connilz et autres ediffices145 ».
44Jean V se fait fort disert lorsqu’il autorise en 1413 son « bien amé et feal chevalier et chambellan Pierres Eder » à
faire et avoir, pour lui et pour ses hoirs ou temps avenir, garennes deffensables à conils, lievres, perdriz, fesans et autres volatures, en ses herbergemens, demeures et appartenances de la Haye et en ses terres, fiefs et seignouries qu’il a ès villages d’Averac, la Riviere et de Breveran et en leurs appartenances, tant en terres arables que non arables, boais, prés, landes, pastures que autres choses appartenantes ausd. herbergement et villages, celles choses situées et assises en la paroisse de Mirsillac en l’evesché de Nantes […] en oultre les garennes que lui et ses predecesseurs avoient anciennement en leursd. herbergement, demeures et appartenances de la Haye.146
45Le cas de figure le plus fréquent semble néanmoins avoir été l’autorisation donnée de clore une garenne nouvelle plutôt que d’agrandir l’existant. Jean V a été spécialement actif à ce point de vue, à l’aune peut-être de son engouement personnel pour ce loisir sportif qu’est la chasse147, mais son père comme ses successeurs ont su aussi favoriser tel ou tel de leurs sujets nobles. François II en use en faveur du procureur général du duché148 comme au bénéfice d’un simple propriétaire :
Congié et licence octroyés par le duc a maistre Jehan André de faire et ediffier faulx terriers et reffuges a connilz es domaines de La Guischardiere et de l’Astiac, situez en la juridiccion de Ploermel, prés et adjacens l’un de l’autre, o les appartenances en ceulx endroiz que bon luy semblera, de les tenir deffensables sans ce que les subgiz du duc y puissent courir ne chacer, et le leur est deffendu, avecques sauvegarde perpetuelle pour ledit André.149
46Ainsi mise en défens, la section promue se trouve interdite à toute activité vulgaire comme le ramassage du bois mort, la menée des animaux, la simple traversée des humains, et bien sûr la chasse non autorisée ; surtout, elle agrandit pour son bénéficiaire la surface de sa notoriété, s’ajoutant aux marques usuelles de noblesse. En l’absence des lettres solennelles de concession, au mieux conservées à présent dans les fonds familiaux, l’exposé des motifs de ces augmentations de prestige nous demeure inconnu dans sa littéralité rhétorique.
47L’ensemble de ces ajustements s’intègre au gouvernement par le privilège et la grâce, selon le bon plaisir du prince, au même titre que la création de foires ou l’accroissement du nombre des « postz » (poteaux) autorisés sur les gibets des justices seigneuriales. La garenne, avec le colombier et l’étang, signe l’emprise aristocratique sur les paysages campagnards médiévaux et fait partie intégrante du compendium féodal orchestré par le pouvoir souverain, dont la face négative serait l’ordre de faire raser les bois de haute futaie d’un vassal frappé d’infamie pour ses fautes et manquements.
CONCLUSION
48Créé pour la chasse, Suscinio n’a pas manqué de combler d’aise les ducs de la maison de Dreux : on sait l’attachement que lui porte Jean Ier le Roux pour le meilleur – le charme d’une résidence estivale à la fois champêtre et littorale – comme pour le pire – les tombeaux de ses enfants, ces petits princes et princesses enterrés dans la proche église abbatiale de Saint-Gildas de Rhuys. Mais assez vite Suscinio devient plus que cela : placé à l’écart des agitations urbaines, le château acquiert une place dans la machinerie financière en train de se mettre en place. Les receveurs ducaux y sont appelés à rendre leurs comptes dès le début du XIVe siècle. Les archives financières, plus généralement les archives du duché y sont entreposées : sa prise par les Anglais en 1360 et les destructions qui en résultèrent constituent une perte considérable, non seulement pour le parti de Blois mais pour la mémoire bretonne en général150. Après la guerre de Succession, la chambre des comptes s’installe à Vannes, sans pouvoir reconstituer la documentation détruite lors du sac de la forteresse : dès lors Suscinio renoue l’été avec sa vocation première de logis résidentiel pour le duc et sa famille, au risque de subir l’humeur changeante des princes successifs qui s’y plaisent ou le délaissent. Puis vient le temps de l’endormissement de ces vieilles pierres dans le temps où le duché se fondait dans le royaume…
Annexe
ANNEXE I. Les grands veneurs du duc de Bretagne au XVe siècle
– Jean de Chef-du-Bois de Brullé en 1419 (Morice P.-H., Preuves, op.cit., t. II, col. 898).
– Henry Le Parisy, exceptionnel par sa longévité dans le poste, maître de la vénerie ducale entre 1419 et 1433 (ibid., col. 898, 1084, 1223, 1259), après une première apparition en 1412-1414 (ibid., col. 876). Il se fait bâtir le manoir de Sainte-Geneviève à Inzinzac-Lochrist. Un certain Pierre Le Parisy, sans doute un parent, est donné comme fauconnier d’Arthur III.
– Jean d’Aulnaye, « mestre de nostre venerie », en 1441 (Blanchard R., Lettres et mandements…, op.cit., t. V, no 2515, p. 30), est le même homme que Jehan d’Auray signalé dans un compte de 1436-1437 (Morice P.-H., Preuves, op.cit., tome II, col. 1299).
– Guion de Mollac, « maistre de la vennerie et fauconnerie » en 1452 (ibid., col. 1614).
– Messire Jean Tournemine, sire de Botloy, chevalier, est institué « grand eneur et maistre de la venerie de Bretagne » le 3 octobre 1457 (ibid., col. 1710, 1725).
– Pierre de Maurre, grand veneur en 1474 (ibid., t. III, col. 280), a épousé la fille de feu Henry Le Parisy et obtient du duc l’annulation des droits dus à l’occasion de la succession de son père en 1483 (ibid., col. 429).
– Messire Amaury de La Moussaye en 1487 (ibid., col. 537), 1484 ?
ANNEXE II. Les grands fauconniers du duc de Bretagne au XVe siècle
– Messire Bertrand de Saint-Gilles en 1406 et 1407 (Blanchard R., Lettres et mandements…, op.cit., t. I, no 183, p. 73 ; t. II, no 414, page 2 [versement de 90 livres], et no 957, p. 88 [versement de 300 livres par an]).
– À Robert de Saint-Paul succède Jean de Coayteveneuc le 1er juillet 1419, toujours en place trois ans plus tard (Morice P.-H., Preuves, op.cit., t. II, col. 998 et 1084).
– Guillaume Le Vicomte, en 1426 (ibid., col. 1223).
– Gillequin Chauczon, « fauconnier de monseigneur » (Pocquet du Haut-Jussé B.-A., « Les comptes du duché… », art. cit., p. 107 [pour le remboursement d’un cheval]).
– Michel Ferron en 1487 (Morice P.-H., Preuves, op.cit., t. III, col. 537).
Notes de bas de page
1 Les Chroniques de Jean Froissart, t. VIII, éd. Raynaud Gaston, Paris, 1888, livre I, 727, p. 127.
2 André Patrick, Les Pavements médiévaux du château de Suscinio, Vannes, Conseil général du Morbihan, 2001, p. 30-35 et 48.
3 Guerreau Alain, « Chasse », dans Le Goff Jacques, Schmitt Jean-Claude (dir.), Dictionnaire raisonné de l’Occident médiéval, Paris, Fayard, 1999, p. 166-178. Bernard Merdrignac, Le Sport au Moyen Âge, Rennes, PUR, 2002, réserve son chapitre 4, p. 129-154, au thème « Chasse à courre, chasse au vol, sport et tradition ».
4 Pastoureau Michel, « Chasser le sanglier. Du gibier royal à la bête impure : histoire d’une dévalorisation », dans Une histoire symbolique du Moyen Âge occidental, Paris, Seuil, 2004, p. 65-77. Dans son Roman de Rou, Wace évoque la fontaine de Barenton en Brocéliande, riche jadis « de grant cers mult grant plenté,/ mais vilain ont tot deserté » (v. 6391-6392), en écho peut-être au jardin d’Eden où cerfs et tigres cohabitaient et s’abreuvaient à la même source, avant la faute originelle…
5 Morvannou Fañch, Saint Guénaël, Brest, CRBC/CIRDOMOC, 1997, p. 65 : l’épisode du cerf qui trouve refuge sous le manteau protecteur du saint d’après sa Vie. Charte de donation à sainte Ninnoc dans le Cartulaire de l’abbaye Sainte-Croix de Quimperlé, Maître Léon, Berthou Paul de (dir.), Rennes, Plihon et Hommay, p. 22-26 : Guérec chasse un cerf qui se réfugie dans l’église que le comte avait offerte trois ans auparavant à la fille du roi Brochan dans la paroisse de Plueumur, et les chiens n’osent pas franchir la rivière servant de limite à ce plou, encore moins pénétrer dans le monastère.
6 Selon la Vie de saint Magloire, Nominoë était à la chasse dans la région de Léhon « avec d’innombrables guerriers et des chiens sans nombre » lorsqu’il rencontra six moines efflanqués auxquels il suggéra de se procurer des reliques… Ingomar, dans sa Vie de saint Judicaël postérieure à 1024, rappelle que Judaël, son père, « estoit las du labeur de la chace » (pour reprendre les termes de Le Baud) lorsqu’il se retira avec la fille de l’un de ses « clients », Ausoch, à la suite d’un rêve prémonitoire qu’il avait eu, et engendra cette nuit-là précisément le futur saint de Dieu…
7 Loi A 62 des Excerpta de Libris Romanorum et Francorum ; Cartulaire […] de Quimperlé, op. cit., p. 22-26 : Guérec chasse le cerf qui se réfugie dans l’église, no LV, 82 et 91 ; Courson Aurélien de (dir.), Cartulaire de Redon, Paris, Imprimerie Impériale, 1863, chartes no 49 (exemption du droit de loch sur une terre donnée par Salomon en 866), 52 (866, sine tributu et pastu caballis), 78 (863, sine pastu caballis), 126 (858, don d’un manse par Hoiarscoit, sine pastu caballi vel canum), 241 (don de Salomon, 869, tam ex pastu caballorum et canum), 268 (don de Matbidoe en 895, sine loch) ; no 29 de l’Appendice (don de Uurthen en 851 ou 85, sine loch caballis). Hoël se réserve avenam quae de eadem tribu canibus comitis danda fuerat lors de sa donation de Loc-Amand à Quimperlé (Morice Pierre-Hyacinthe, Mémoires pour servir de preuves à l’histoire ecclésiastique et civile de Bretagne [infra, Preuves], Paris, Éditions du Palais, 1742-1746, t. I, col. 432) ; son fils Alain Fergant exempte Sainte-Croix en 1096 de « ce droit en avoine qui de cette terre (Kilnes) est dû pour mes chiens », disposition étendue en 1140 à tous les biens de l’abbaye par son successeur Conan, ibid., col. 580. En 1083 enfin, Gestin de Retz abandonne à Saint-Serge d’Angers pastus quos ex antiqua consuetudine habebat in Chameriaco, unum sibi, alterum canibus suis, ibid., col. 457.
8 Courson A. de, Cartulaire de Redon, op. cit., no 89, p. 67.
9 Hoël aurait ordonné, sous la responsabilité des maîtres de ses chasses à Fouesnant comme en pays vannetais, qu’à l’avenir toutes les peaux des cerfs abattus sur son domaine de Quiberon soient offertes aux chanoines de Quimper afin de les transformer en solides reliures pour leurs livres : Peyron Paul (dir.), Cartulaire de l’Église de Quimper, Quimper, 1909, p. 41. La situation ancienne est mieux éclairée par la documentation au Pays de Galles, cf. Jenkins D., « Hawk and Hound: Hunting in the Laws of the Court », dans Charles-Edwards T.M., Owen M. E., Russel P., The Welsh King and his Court, Cardiff, University of Wales Press, 2000, p. 268-273.
10 Bernard Tanguy, que je remercie de sa communication du 27 septembre 2007, me précise aimablement que les formes anciennes sont « Sussiniou », 1218 (Morice P.-H., Preuves, op. cit., t. I, col. 839) ; « Succenio », 1238 (ibid., col. 111) ; « Suceniou », XIIIe siècle (ibid., col. 141) ; « Suchinio », 1262 (Mémoires de la Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, 1946, p. 57) ; « Suchunyou », 1306, « Succeniou », « Succhenio », 1310, « Sussunio », 1367, « Sucenyo, Succenyo », 1474, Rosenzweig Louis, Dictionnaire topographique du département du Morbihan, Paris, Imprimerie Impériale, 1870, p. 263.
11 Les murs entourant une zone boisée ont aussi, à l’occasion, pour fonction de la « clorre pour la deffencze des bestes sauvaiges et privées » afin de les empêcher d’aller saccager les cultures au dehors : Jean V concède ainsi aux cisterciens de Boquen l’autorisation de mettre en valeur les espaces en friches insérés dans la forêt jadis cédée par ses prédécesseurs lors de la fondation de l’abbaye, Blanchard René, Lettres et mandements de Jean V, duc de Bretagne, Nantes, Société des bibliophiles bretons, 1889-1895, 5 vol. , t. III, no 1887, p. 271-272 (6 février 1430). Les autres réserves de chasse ducales seraient le parc de Coatloch (encore mentionné par Cambry à la fin du XVIIIe siècle), celui de Duault en Haute Cornouaille, le Parc-au-Duc sur la paroisse Saint-Mathieu de Morlaix, les bois et forêts de Châteaulin (victimes des chasses incontrôlées et destructives des Anglais de la garnison de Brest avant le 30 juin 1397, Jones Michael, Recueil des actes de Jean IV, duc de Bretagne, t. II, Paris, 1983, no 1100), la garenne de Vannes établie sur l’ancienne lagune située devant le château de l’Hermine. Approche globale dans Kerhervé Jean, L’État breton aux XIVe et XVe siècles. Les ducs, l’argent et les hommes, Paris, Maloine, 1987, t. I, p. 490-491, avec une carte de situation des parcs médiévaux.
12 Vers 1106, Raoul de Fougères expulse de sa forêt Bernard de Tiron dont les trop nombreux disciples menacent de dévaster l’espace qu’il entend réserver à ses chasses sous la forme d’une foresta, un espace écologique et juridique désormais approprié par les plus puissants seigneurs féodaux, Beck Bernard, Saint Bernard de Tiron. L’ermite, le moine, le monde, Cormelles-le-Royal, La Mandragore, 1998, § 62, p. 381.
13 Tanguy Bernard, Dictionnaire des noms de communes, trèves et paroisses du Finistère, Douarnenez, Chassemarée-Armen, 1990, p. 71 pour La Forest-Landerneau (Goelet Forest vers 1330), un ancien prieuré de l’abbaye Saint-Mathieu de Fineterre, proche de la Foresta de Plebebavoez (Guipavas) citée en 1337 (ibid., p. 82) ; et p. 72 pour La Forêt-Fouesnant (Forest de Fuesnant dans un acte daté 1022-1058). Hoël de Cornouaille dispose en 1069 de chasseurs professionnels à la Forêt-Fouesnant : Cartulaire […] de Quimperlé…, op. cit., no LIV.
14 AD Loire-Atlantique, B 5, f° 103, 11 août 1467. En sus, B 2, f° 58-58v° ; B 4, f° 81v°, 22 juin 1466 : enquête ordonnée sur les abus commis au « petit parc de Bernon » par le forestier Henri Estiennet, menacé de perdre son office.
15 Sur Quérelan : AD Loire-Atlantique, B 5, f° 15v°, 31 janvier 1467 : institution de Jean de Loyon comme « garde et gouverneur des isle, garennes et chastellenie de Querelan appartenant au duc », aux gages accoutumés. Carte dans ArMen, no 145, 2005, p. 39.
16 AD Loire-Atlantique, B 7, f° 72.
17 Jones M., Recueil des actes…, op. cit., t. II, no 552, 3 août 1385.
18 AD Loire-Atlantique, B 10, 28 septembre 1487 : institution de concierge du château de l’Hermine et de garde du parc de Vannes pour Brainde de Lagne en succession de son défunt père.
19 Ibid., B 9, f° 43v°.
20 Morice P.-H., Preuves, op. cit., t. I, col. 41 : Iste Comes Johannes vocatus Rufus […] aedificavit primo manerium de Succeniou, et etiam Parca de Castrolini Corisopitensis dioecesis, de Duaud, de Carnoet prope Kimperle, et de Insula prope Rocham Bernardi.
21 Mettant à profit la suspension de ses opérations contre Olivier de Clisson à La Roche-Derrien et Saint-Brieuc, Jean IV vient y chasser le sanglier et le cerf en 1394 avec seulement quelques courtisans, ibid., col. 71. Cette incursion d’un duc est la seule qui nous soit connue aussi à l’ouest !
22 AD Loire-Atlantique, E 215, dans Le Corre Kevin, Arthur II (1305-1312), duc de Bretagne, mémoire de master 1, Brest, 2007, p. 170-181. Sont approuvées à Auray des mises ou dépenses s’élevant à 279 livres 8 sous, afin de « soustenir le parc en l’estat en pluseurs lieux dedanz le parc » pour Carnoët, 21 livres pour Duault, 47 livres 6 sous pour Châteaulin, 36 livres 12 sous pour Morlaix (des dépenses concernant à la fois les moulins et le parc), 83 livres 19 sous 11 deniers pour Coatloch (à la fois pour des maisons et un four édifiés à proximité).
23 La Borderie Arthur de, Nouveau recueil d’actes inédits des ducs et princes de Bretagne (XIIIe et XIVe siècles), Rennes, 1902, pièce XXVI, Extraits du compte des dépenses de Roland le Lombard pour l’exécution du testament de Jean II, no 97, p. 180-181 (« A Alain Gandeluz, pour 11 pors qui estoient suens qui demourèrent o les porcs sauvages Monsr ou parc de Duaut, 55 sous »), no 106, p. 182 (« A Eon Dorelot, pour retour de porcs que il mistou parc de Duaut, et il alèrent o les porcs sauvages et onques puis ne les ot, 10 sous »), no 114, p. 183 (« A frere Rouaut, prior d’Arz, pour jumanz et leurs essues qui furent mises ou parc de Ruys, 100 sous »), no 141, p. 188 (« A Tangui Haclou, pour le restour de deux jumanz et deux poulains qui entrerent ou parc de Chastiaulin, dont il n’ot onques restour, 7 livres »).
24 Guillo André, « L’empreinte médiévale sur la presqu’île » (de Rhuys), Penn ar Bed, no 85, 1976, p. 337-345.
25 AD Loire-Atlantique, B 7, f° 137, 12 octobre 1473.
26 La comptabilité de l’État bourguignon, incomparablement mieux conservée que son homologue armoricaine, garde le souvenir du parc d’Hesdin, installé dès 1295, clos par un mur long de 13 kilomètres de long, qui enserre 940 ha, cf. Delort Robert, « Le prince et la bête », dans Verger Jacques, Paviot Jacques (dir.), Guerre, pouvoir et noblesse au Moyen Âge (Mélanges Philippe Contamine), Paris, 2000, p. 185-195 (p. 187). Beck Corinne, « Chasses et équipages de chasse en Bourgogne ducale (vers 1360-1410) », dans Paravicini Bagliani Agostino, Van den Abeele Baudouin (éd.), La Chasse au Moyen Âge. Société, traités, symboles, Florence, SISMEL, 2000, p. 151-174 ; Niedermann Christoph, « “Je ne fois que chassier”. La chasse à la cour de Philippe le Bon, duc de Bourgogne », dans ibid., p. 175-185.
27 Blanchard R., Lettres et mandements…, op. cit., t. V, no 2509, p. 26 (avec rabais d’un demi-feu pour les habitants d’Herbignac).
28 La garenne désigne un espace dévolu à l’élevage extensif de lapins, parfois de perdrix, en milieu naturel : ainsi, le receveur de La Guerche reçut l’ordre le 26 janvier 1386 d’expédier à Nantes deux cents lapins à capturer dans ses garennes. L’opération prit cinq jours et fut renouvelée le 26 juin de la même année : Jones M., Recueil des actes…, op. cit., t. II, no 572 et 591. À l’origine les garennes n’étaient pas closes, puis, sur plainte des riverains, elles furent entourées d’une levée de terre fossoyée (au XVIe siècle, Olivier de Serres conseille de les ceindre d’un fossé en eau de deux mètres de profondeur et de six de large) ou d’un mur, leur donnant l’apparence d’un parc de bien plus petites dimensions.
29 AD Loire-Atlantique, B 2, f° 84, 6 août 1462 : Bertrand Quilfen, « garde des garennes et salines de Guerrande ».
30 Ibid., B 4, f° 31v°-32v°. En retour, le jeune duc François lui accorde le 22 mars 1466 un don de 500 livres de fouage à prendre sur les paroisses d’alentour quatre années durant en vue de la reconstruction de son château.
31 Ibid., B 2, f° 6v°, 27 janvier 1462 : don de bois d’œuvre à tirer de la garenne de Goëlo à Jean Budes pour une valeur de 20 écus ; ibid., f° 120v°, 21 novembre 1462 : réclamation de bois de chauffage sur cette garenne par Geofroy de Covran, seigneur de La Morandaye ; ibid., B 6, acte du 13 mars 1468.
32 Ibid., B 4, f° 117v°, mandement au garde des bois et forêts du Goëlo de bailler à Geffroi de Couvran jusqu’à 50 livres de bois (18 septembre 1466) ; ibid., B 6, f° 50v°, 13 mars 1468 : Jean Podron, dit Madré, archer de la garde, reçoit contre une rente annuelle de 110 sous partie « d’une piece de terre froste et gaste de la Garenne du Gouelo, appartenant au duc, nommée le quartier de la Haultiere de Querenen, o ses boais et appartenances, situez entre ung tenement appartenant a Perrot Champdavene, ung tenement a Jehan le Holier, le Pré au Roux et autres terres ».
33 Blanchard R., Lettres et mandements…, op. cit., t. III, no 1885, p. 270-271 (5 février 1430). Membre de la seigneurie de Lamballe, sa propriété éminente reste incertaine entre le duc et le comte de Penthièvre : AD Loire-Atlantique, B 5, f° 103 (13 août 1467).
34 Blanchard R., Lettres et mandements…, op. cit., t. IV, no 2140, p. 79-80 : le duc liquide contre 25 écus et une rente perpétuelle de 60 sous son étang et une pièce de terre de 12 journaux nommée la « Garenne », à charge pour son acquéreur de la clôturer et mettre en valeur (14 mars 1434).
35 D’après les transcriptions de Marie Gaonach (Jean II, duc de Bretagne, 1286-1305, mémoire de master, Brest, 2009), les exécuteurs testamentaires de Jean II ont versé en 1308, 7 livres à Henri Cardinal, bourgeois de Carhaix, pour les pertes qu’il avait éprouvées sur la ferme de ce parc, et 30 sous à Alain Gandeluz en compensation d’une vache tuée par un loup à l’intérieur du parc (AD Loire-Atlantique, E 23/30).
36 Croix Alain (dir.), La Bretagne d’après l’Itinéraire de monsieur Dubuisson-Aubenay, Rennes, PUR-SHAB, 2006, plan p. 328-329.
37 Cornette Joël, Le Marquis et le Régent. Une conspiration bretonne à l’aube des Lumières, Paris, Éditions Taillandier, 2008, p. 98 (d’après l’historique reçu par le roi lors de l’érection de cette terre en marquisat en faveur d’Alain de Guer, en juin 1657).
38 Dreyer Jean-François, Le Rentier de Châteaulin (1543-1545), mémoire de DEA, Brest, 1995, d’après AD Loire-Atlantique, B 1159, f° 304 notamment.
39 AD Loire-Atlantique, B 6, f° 47vo-48, 8 mars 1468. Les lieux incriminés se situent dans la paroisse de Bazouges.
40 Jean Gaugé, dit Clisson Poursuivant, reçoit de François II le 21 juillet 1466 « la garde des eaux, bois et garennes de la seigneurie de Cliczon, aux gaiges de sept livres monnoie par chacun an », ibid., B 4, f° 99v°.
41 Kerhervé J., L’État breton…, op. cit., t. I, note 117, p. 64, et p. 74.
42 Ibid., t. I, p. 257-258.
43 AD Loire-Atlantique, B 5, f° 120, 10 octobre 1467 : institution de Robert Salmon comme garde des parcs de Rhuys à la suite du décès de Jean Le Fèvre ; ibid., B 6, f° 159, 27 septembre 1468 : institution d’Hervé Colin comme « forestier et garde des forest et parc de Sucenio, aux gaiges acoustumez » ; ibid., B 7, f° 72, 18 mai 1473 : « Institucion de garde des parcs et estangs de Lanvaux pour Jehan Kerbeynet, aux gaiges acoustumez ». Le 29 mai 1393, Jean IV versait 12 livres « a valoir sur ses gages du temps passé et avenir » à Michel, garennier du duc, Jones M., Recueil des actes…, op. cit., t. III, no 1356.
44 AD Loire-Atlantique, B 17, f° 74 : mandement du procureur général adressé aux juges de Rhuys le 16 juin 1508 ; ibid., B 5, f° 15v°, 31 janvier 1467 : mandement aux juges de Rhuys d’enquêter sur « certains gens qui se ingerent de chacer et prendre gibiers en ladite garenne » de Querelan.
45 Ibid., B 9, f° 43v°, 29 mars 1480.
46 Ibid., B 7, f° 91v°.
47 Ibid., B 10, 10 septembre 1487. Déjà sous Jean II on traquait les fraudeurs : Pierre de Bretagne donne quittance le 3 janvier 1306 des 50 livres reçues de Robin du Châtel pour les mises et dépenses de ceux qui poursuivaient les braconniers autour des étangs et des garennes de Moncontour, ibid., E 21/4.
48 Cassard Jean-Christophe, « La grâce du duc. Remède à la violence ou affirmation de sa souveraineté ? », Mémoires de la Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, t. LXXIII, 1995, p. 31-61.
49 Duval Michel, « Ruine et décadence : le domaine ducal de l’“isle de Rhuys” dans les derniers siècles de l’Ancien Régime », ibid., t. LXXXIII, 2005, p. 173-193.
50 La situation apparaît sous un jour un peu meilleur à Coatloch : le « boays de Coetlouch qui est boys ancien et de haulte fustaye, appartenant audit seigneur, lequel boays est pour la plupart clos et circuyt de muraille », mais pire à Châteaulin, voir De Dreyer Jean-François, « Le paysage de Basse-Bretagne d’après les rentiers et aveux des XVe et XVIe siècles », dans Gaël Milin (éd.), La Fabrication du paysage, Brest, CRBC, 1999, p. 67-106, en particulier notes 124 et 96.
51 Blanchard R., Lettres et mandements…, op. cit., t. V, no 2515, p. 30 (avec un rabat d’un demi feu pour les habitants de sa paroisse).
52 Outre des allusions ponctuelles aux filets ou « retz », on trouve dans le livre d’heures de Montberon (vers 1410-1420) la silhouette d’un chasseur au filet, reproduite dans Kerhervé Jean, « Livres peints du XVe siècle. II. Le monde des Grands et des petits », ArMen, no 46, p. 67. Attestation précoce, Éon Chrétien est remboursé par le versement de dix sous de la perte de son cheval, noyé dans un étang alors qu’il portait des filets (« tremail et raez ») à Nostang pour le duc Jean II, AD Loire-Atlantique, E 21/32.
53 Blanchard R., Lettres et mandements…, op. cit., t. II, no 1356, p. 255 (15 août 1419) : don de 8 aunes de drap à l’écuyer Jean de Carné, de 4 aunes de drap et de 5 aunes pour doublure à Me Guillaume de Bahunou en échange d’éperviers que le duc avait pris d’eux ; ibid., t. III, no 1476, p. 60, 15 décembre 1420 : « Don de l’île Gloriette à Nantes pour Jean Chauvin, moyennant la redevance chaque année à la Saint Laurent d’un espervier vollant garny de longes et gietz ; et en cas qu’il ne rendroit led. espervier aud. terme, il est tenu rendre led. espervier vollant, comme dit est garny, ou terme de me aoust, avecques un espaignoull » (cette obligation est ensuite supprimée par un mandement en date du 4 octobre 1426 : ibid., t. III, no 1685, p. 180-181) ; ibid., t. V, no 2685, p. 82 : « Item au varlet de Meschinot pour une robe en payement d’un espervier, LXXV sous. Item à Pierres Trobelin pour un tabart que mond. sgr avoit eu, quarante cinq sous » (quittance donnée au receveur de Guérande le 8 septembre 1430). « Une petite tour nommee la tour de Villaigne, avecques deux pants de mur de chacun costé de ladite tour, qui sont de l’ancienne closture de Rennes et de present ne servent a riens » sont concédés à Jean du Bois moyennant les droits et devoirs habituels, et de « poïer a la recepte ordinaire de Rennes au jour de Nouel ung gan de serffet a porter oyseau », AD Loire-Atlantique, B 3, f° 179v°, 21 mai 1463.
54 Kerhervé J., L’État breton…, op. cit., p. 257-258. Les fauconniers Antoine de La Maudaye (qui reçoit, sa vie durant, l’usage d’un pré de deux journaux en la paroisse de Piré, au diocèse de Rennes, surnommé « le pré au duc ») et Mathieu Bon sont signalés en 1466, AD Loire-Atlantique, B 4, f° 88v° et 116 ; Haynue, institué le 1er janvier 1467, B 5, f° 11v° ; Guillaume de Lasdeseur, dit Picaud, en décembre 1490, ibid., B 13, f° 80v° (« tant pour ses gaiges que pour lui aider a soy entretenir, oultre la somme de seix cens livres luy ordonné par une descharge ou mois d’avril l’an mil 480 huict, la somme de quatre vingtz livres »). Le maître fauconnier est aidé dans sa tâche par des hommes comme ce fauconnier institué le 23 janvier 1467 « aux gaiges qui lui seront ordonnés par l’estat des finances », ibid., B 5, f° 11v°.
55 Morice P.-H., Preuves, op. cit., t. II, col. 1746. Des « perches de boais » servent pour prandre oaiseaux comme « faulcons et autres », à Saint-Méen de Cancale par exemple, AD Loire-Atlantique, B 3, f° 104 (11 août 1464).
56 Morice P.-H., Preuves, t. III, col. 67.
57 Merdrignac B., Le Sport…, op. cit., p. 149-151 (on distingue la « haute volerie » d’essence aristocratique, pratiquée avec les différentes espèces de faucons, de la « basse volerie » des autours, émerillons et éperviers, à vocation utilitaire, à laquelle la bourgeoisie peut accéder).
58 De La Borderie A., Nouveau recueil…, op. cit., pièce XXV, Compte d’Auberi. Voyage à Lyon, mort et funérailles du duc Jean II (1305, du 1er août au 18 décembre), no 20, p. 112 ; no 34, p. 115 (« Au predriour venant de son païs o son chien et o son faucon, 12 sous – Pour l’affetement de ses rez à predriz, 4 sous ») ; no 101, p. 126 (« A Gieffrey le Pedriour qui vint avant à Lions o la veneison pour la conduire, pour luy, pour son valet, pour son chien et son oisel, parsomet 30 sous que il aveit poy eu, 30 sous »).
59 Morice P.-H., Preuves, t. I, planches IV, no XXX (Béatrice de Machecoul, 1214), VIII, no LXXIV (la duchesse Alix, épouse de Pierre Mauclerc, 1214), VIII, no LXXIX (Yolande de Bretagne, fille d’Alix et de Pierre de Dreux, dame de Penthièvre et comtesse d’Angoulême, mariée à Hugues de Lusignan, 1247). Pour la période d’avant 1341, on ne compte que neuf sceaux féminins parmi ceux reproduits par l’auteur.
60 AD Loire-Atlantique, B 8, f° 2 (6 janvier 1477) : l’affaire oppose Roland Kerléau au voleur nommément désigné, Hervé de Keranguen.
61 De La Borderie A., Nouveau recueil…, op. cit., Comptes d’Auberi, no 16, p. 111 (« Menuz gages aus valez des chens par 6 jourz, 5 sous […] A un mesagé envoié en Keberain [Quiberon] querre le levrier Mons., 2 sous 6 deniers. ») ; no 30, p. 114 (« Pour un valeit des chens alant dou Gavre à Chasteaulin, à Heliot pour ses despens de 6 chens et de 2 levriers et de luy meismes, 25 sous – Pour les petiz gages à 2 valez des chens par 12 jourz qui n’avoient pas esté comptez, 5 sous ») ; no 32, p. 114-115 (« Pour les gages petiz aus valez des chens Alein le Venour par 8 jourz, 5 sous ») ; Blanchard R., Lettres et mandements…, op. cit., t. II, no 174, p. 71 (décembre 1405) : « mandement de poyer à Henry le Parisy la somme de 80 livres mon. pour garder jusqu’à un an 18 chiens » ; ibid., t. III, no 1476, p. 60 : un épagneul. Jones M., Recueil des actes…, op. cit., t. II, no 721 : un lévrier blanc (15 novembre 1397).
62 Morice P.-H., Preuves, op. cit., t. II, col. 898.
63 AD Loire-Atlantique, B 4, f° 27, 21 mars 1466 : lettre de pas accordée à un marchand espagnol « envoyé de par le duc es parties d’Espaigne pour lui querir et amener deux chevaulx ».
64 De Commynes Philippe, Mémoires, livre VI, chap. VII, dans Pauphilet André, Pognon Edmond (dir.), Historiens et chroniqueurs du Moyen Âge, Paris, Gallimard, 1972, p. 1269.
65 Morice P.-H., Preuves, op. cit., t. II, col. 1757.
66 Ibid., t. II, col. 779. Son milan comme le cheval de son maître veneur devaient revenir, eux, à son gendre Rohan. Les membres de cette dernière famille étaient aussi de célèbres chasseurs, cf. Du Halgouët Hervé, « Notes et documents sur la chasse en Bretagne », Mémoires de la Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, t. I, 1920, p. 177-189.
67 Cité par Jusserand Jean-Jacques, Les Sports et les Jeux dans l’ancienne France, Paris, Plon, 1901, p. 222-224.
68 Contamine Philippe, La Noblesse au royaume de France de Philippe le Bel à Louis XII, Paris, PUF, 1997, p. 177-180.
69 Blanchard R., Lettres et mandements…, op. cit., t. IV, no 2355, p. 210 : cette énumération du 10 avril 1439 est extraite d’une lettre de privilège adressée à l’abbé de Redon autorisant l’extension de sa garenne à Brion et Langon. Autre allusion aux bêtes sauvages différenciées par la couleur de leur poil dans AD Loire-Atlantique, B 7, f° 91v° : « bestes rouxes et noyres, lievres, connilz et autres gibiers » (mandement de François II du 1er juillet 1473 réaffirmant la prohibition du braconnage dans les forêts ducales).
70 Beck Corinne, Beck Patrick, Duceppe-Lamarre François, « Parcs et jardins des ducs de Bourgogne au XIVe siècle », dans Renoux Annie (dir.), Aux marches du palais, Le Mans, LHAM/Université du Maine, 2001, p. 97-111.
71 D’après deux dépositions enregistrées lors du procès en canonisation de Charles de Blois (1371), des loups rodent dans la campagne du Trégor vers la fin de la guerre de Succession : textes cités dans Cassard Jean-Christophe, L’Hermine ensanglantée, Skol Vreizh, no 47, 2000, p. 55 (Plougasnou) et 58 (Squiffiec).
72 Prétention rappelée par Contamine Philippe, « Essai sur la place des. XII. pairs dans l’ordo de la royauté française à la fin du Moyen Âge », dans Carozzi Claude, Taviani Huguette (dir.), Hiérarchies et services au Moyen Âge, Aix-en-Provence, Publications de l’université de Provence, 2001, p. 53-70, en particulier p. 64.
73 Par courtoisie, un gibier exceptionnel peut être offert au prince par l’un de ses sujets, ainsi en 1455 : « A un poursuivant de Monsieur de Rohan, qui avoit présenté au Duc un grand sanglier de par mondit sieur de Rohan, trois saluz d’or », Morice P.-H., Preuves, op. cit., t. II, col. 1686.
74 Geoffroy de Monmouth. Histoire des rois de Bretagne, traduit et commenté par Mathey-Maille Laurence, Paris, 1992, chap. 6, p. 29. Cet épisode fondateur est repris par Le Baud Pierre, Compilation des Croniques et Ystoires des Bretons, British Library, Ms Harley, f° 18vo-b, puis par Bouchart Alain, Grandes Croniques de Bretaigne, I, 2, Auger Marie-Louise, Jeanneau Gustave (éd.), Paris, 1986, t. I, p. 83.
75 Cité par Merdrignac B., Le Sport…, op. cit., p. 144. Le prototype littéraire de cet épisode se trouve dans Geoffroy de Monmouth. Histoire…, op. cit., chap. 18 : le simple fait que Corineus se soit permis de chasser le gibier en Aquitaine sans avoir demandé l’autorisation du roi déclenche des hostilités entre les Troyens exilés et les Poitevins. Ces épisodes ne sont repris ni par Le Baud ni par Bouchart.
76 Geoffroy de Monmouth. Histoire…, op. cit., chap. 92, p. 134. Cet épisode est repris par l’auteur de la Chronique de Saint-Brieuc, Le Duc Gwénaël, Sterckx Claude (dir.), Rennes, 1972, p. 140, qui substitue Salomon à Aldroenus, mais il n’est repris ni par Le Baud ni par Bouchart. Notons aussi que plus tard, dans l’île, le tyran Mempricius meurt dévoré par une meute de loups après vingt ans d’un règne calamiteux, ibid., chap. 26, un épisode repris par Le Baud P., Compilation des Croniques…, op. cit., f° 21vo-b.
77 L’Anglais Gervais de Tilbury (vers 1170 - avant 1244) est le premier à lancer dans ses Otia Imperiala le motif de la « chasse Arthu ».
78 Fabre Martine, « Représentations emblématiques des évêchés bretons au Moyen Âge », Bulletin de la Société archéologique du Finistère, tome CXXXII, 2003, p. 165-180 ; Castel Yves-Pascal, « Petit bestiaire des saints bretons », Britannia Monastica, no 7, 2003, p. 65-74.
79 D’après le chapitre III de la Vie romane du fondateur de Quimper : Fawtier-Jones Ethel C., Oheix André, « La Vita ancienne de saint Corentin », Mémoires de la Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, t. VI, 1925/1, p. 1-56. L’épisode est repris par Bouchart A., Grandes Croniques…, op. cit., II, 5, p. 206.
80 Ibid., II, 139-10, p. 300. Merlet René, La Chronique de Nantes (570-environ 1049), Paris, 1896, p. 116-117. Les circonstances de l’assassinat sont signalées de façon elliptique par Bouchart A., Grandes Croniques…, op. cit., III, 32-1, p. 381.
81 Merlet R., La Chronique…, op. cit., p. 88.
82 Morice Pierre-Hyacinthe, Taillandier Charles, Histoire ecclésiastique et civile de Bretagne, Paris, Delaguette, 1750-1756, t. II, p. CCIX. Tandis que cette légende cynégétique colle de près à celles de saint Hubert et de saint Eustache, l’acte de fondation, muet sur ce point, est du 23 juin 1184 et les Rohan firent de cette abbaye cistercienne leur nécropole familiale tant qu’ils vécurent dans le duché.
83 Reproduction photographique dans Kozérawski Audrenne, Rosec Gwénaëlle, « Vivre à la cour des ducs de Bretagne », Skol Vreizh, no 27, 1993, p. 42.
84 Le seul itinéraire très détaillé dont nous disposons, est celui de Jean II en août et dans la première quinzaine de septembre 1305 : ses haltes suggèrent qu’elles sont motivées, en partie au moins, par son goût pour la chasse, La Borderie A. de, Nouveau recueil…, op. cit., page 157.
85 Pocquet du Haut-Jussé Barthélemy-Amédée, Les Papes et les Ducs de Bretagne. Essai sur les rapports du Saint-Siège avec un État, Spézet, Coop Breizh, 2000 (1re éd. 1928), p. 566.
86 Morice P.-H., Preuves, t. II, col. 1756-1758.
87 Rèze est bien sûr l’adaptation française de l’allemand Reise, « voyage », Paravicini Werner, « La Prusse et l’Europe occidentale : la participation de la noblesse d’Europe occidentale aux croisades de l’Ordre des chevaliers teutoniques contre la Lituanie », Cahiers de recherches médiévales, no 1, 1996, p. 177-191. Jean Froissart (Chroniques, op. cit., I, 143, t. II, p. 99-100) n’emporte pas la conviction lorsqu’il prétend que Jean de Montfort le vieil et Hervé de Léon ont fréquenté de concert Grenade et la Prusse avant que n’éclate la guerre de Succession.
88 Un noble cavalier tenant un faucon sur son poing incarne le mois de mars du calendrier des Heures de Montbéron (vers 1410-1420), image reproduite p. 89 du catalogue La Bretagne au temps des ducs, Daoulas et Nantes, 1991.
89 Miniatures reproduites dans Kerhervé J., « Livres peints… », op. cit., p. 68-69. Marguerite est la mère du futur duc François II.
90 Ce manuscrit provient selon toute vraisemblance de Troyes et date des années 1420, Guilleray Anne-Sophie, « Le livre d’heures de Prigent de Coëtivy », Annales de la Société d’histoire et d’archéologie de l’arrondissement de Saint-Malo, 2004, p. 191-201, en particulier p. 201.
91 Morice P.-H., Preuves, op. cit., t. I, col. 1185-1191 ; AD Loire-Atlantique, E 513, cité par Kerhervé J., L’État breton…, op. cit., t. I, p. 232. Il s’agit en 1407 d’un certain Éon Guillemet, Blanchard R., Lettres et mandements…, op. cit., t. II, no 414, p. 2, et no 962, p. 89.
92 Les pensions et ordonnances advisées et faites pour le gouvernement de Monseigneur de Bretaigne et de son païs : Morice P.-H., Preuves, op. cit., t. II, col. 738 (janvier 1404).
93 AD Loire-Atlantique, B 9, f° 4vo, 12 janvier 1479 : « Mandement au trésorier général de poier à Laurens Languedoc, frere de feu Guillaume, bastart de Villeneuffve, en son vivant faulconnier du duc, trois quartiers de ses gaiges a lui deuz ou temps de son deceix de l’an 1478, neamoins qu’il appartienne au duc en jouir par deserance ».
94 Morice P.-H., Preuves, op. cit., t. III, col. 537. On trouve quelques autres références aux gages des responsables de la vénerie et de la fauconnerie dans Planiol M., Histoire des institutions de la Bretagne, t. 3 : La Bretagne ducale, Mayenne, Éditions Floch, 1981, p. 41, notes 45 et 46.
95 Amaury de La Moussaye, grand veneur de François II, est destitué et remplacé par Arthur Lespervier, seigneur de la Bouvardière le 21 août 1488, AD Loire-Atlantique, B 11, f° 260 (La Bouvardière est mentionné comme grand veneur le 14 octobre 1490, ibid., B 13, f° 11) ; La Moussaye réclame encore 2 250 livres qu’il estime lui être dues en mars 1503, ibid., B 14, f° 37vo-38. Le veneur Philippe Desternes, « hoir de feu Gillet Estore », est mentionné en 1488 (ibid., B 11, f° 37). Autre indice des troubles contemporains, l’institution d’un « grant fauconnier de Bretaigne pour [blanc] en destituant touz autres » : B 12, f° 1 (1er octobre 1489).
96 Relation de la prise du duc aux ambassadeurs du régent Charles, dans Morice P.-H., Preuves, op. cit., t. II, col. 998.
97 Bouchart A., Grandes Croniques…, op. cit., IV, 228, t. II, p. 351 ; Le Baud P., Cronicques et ystoires des Bretons, III, 244, BnF, ms. fr 8266, f° 382vo, précise les intentions des criminels : « Et ce fait yssirent aux champs pour chacer aux lievres avec les gentilz hommes du pays d’environ qu’ilz avoient a ce jour inviter par subtilité pour couvrir leur malice. »
98 À la fin du duché, le 10 mars 1491 Alain d’Albret s’empare sans coup férir de Nantes en profitant du fait que le maréchal de Rieux, qui en avait la garde, s’en était éloigné le temps d’une chasse, La Borderie Arthur de, Pocquet B., Histoire de Bretagne, Rennes, 1906, t. IV, p. 576.
99 Jones Michael, Recueil des actes de Charles de Blois et de Jeanne de Penthièvre, duc et duchesse de Bretagne, Rennes, 1996, no 161, p. 148.
100 Kozérawski A., Rosec G., Vivre et mourir…, op. cit., p. 19-20.
101 AD Loire-Atlantique, B 4, f° 87vo, sauvegarde enregistrée le 2 juillet 1466.
102 Tour d’horizon européen par Delort R., « Le prince… », op. cit., qui développe entre autres l’exemple du « verger » où le souverain pontife entretient au XIVe siècle ses bêtes curieuses, et le cas de l’hôtel Saint-Pol aménagé à Paris pour Charles V ; Leroy Béatrice, « L’animation de la cour de Navarre (vers 1350-vers 1430) », dans Marchandisse Alain, Kupper Jean-Louis (dir.), À l’ombre du pouvoir, les entourages princiers au Moyen Âge, Liège, Université de Liège, 2003, p. 235-244, en fournit un autre exemple, p. 236, note 4 : sous les règnes de Charles II (1349-1387) et de son fils Charles III d’Évreux (1387-1425), dans la ménagerie royale d’Olite, un palais de plaine fortifié seulement pour le décor, on trouve en 1385 un lion, en 1387 un chameau et une autruche, une volière nombreuse avec des autours des Pyrénées et des vautours élevés à Pampelune, mentionnés dès 1352, une écurie célèbre pour l’excellence du dressage des chevaux qu’on y pratique.
103 Il avait été installé dans cet office le 25 novembre 1473, prenant la suite de feu Jean Guihenneuc et pour les mêmes gages, AD Loire-Atlantique, B 7, f° 155.
104 Ibid., B 12, f° 34v°, mandement au trésorier général Jean de Lespinay, en date du 1er décembre 1489 ; ibid., B 9, f° 85v°, 10 juin 1480 : une pension de 40 livres par an sera versée sur la recette de Nantes à Guillaume Le Breton « pour les services et paines qu’il a eues au pensement d’un lyon qui puis nagueres est mort » ; Guillaume était au service de la ménagerie depuis le 1er octobre 1466 (ibid., B 5, f° 23v° : mandement du 24 février à Pierre Landais de lui verser 105 livres par an comme garde de l’un des lions du duc, « et ce sera tant pour ses gaiges, bouche à court que pour le viatique dudit lyon »).
105 Morice P.-H., Preuves, op. cit., t. III, col. 391 ; en 1486, il salarie leur garde (ibid., col. 537).
106 André P., Les Pavements…, op. cit., p. 32-35 avec des reproductions photographiques de ces animaux.
107 Dans un compte de Jean Mauléon, garde du trésor de l’Épargne en 1424, figure la mention de « deux cagettes d’argent veirrées pour mettre oyseletz de Chypre » (Morice P.-H., Preuves, op. cit., t. II, col. 1161) : ces « oyseletz » sont en fait des blocs de parfum en forme d’oiseaux, que l’on mettait à brûler dans des cages présentoirs, cf. Ménage Gilles, Dictionnaire étymologique de la langue françoise, nouv. éd., Paris, 1750, t. II, p. 270, et Dufournier-Nyssens Florence, « Le manuscrit du Cogner, un réceptaire médiéval », dans Jacquart Danièle, James-Roul Danièle, Soutet Olivier (dir.), Par les mots et les textes. Mélanges de langue, de littérature et d’histoire des sciences médiévales offerts à Claude Thomasset, Paris, PUPS, 2005, qui donne la recette de fabrication, p. 283-284. Le 6 août 1487 est mentionnée « une cayge à garder le corbin [corbeau] blanc du Duc », Morice P.-H., Preuves, op. cit., t. III, col. 537.
108 Delort R., « Le prince… », art. cit., p. 188-190. Cet auteur souligne à la fois p. 192 la relative banalité des bêtes exposées dans les ménageries (très peu d’ours ou d’aurochs, aucun n’est répertorié en Bretagne) et p. 188-190 les motivations des princes à les collectionner.
109 Le comte de Savoie comme le duc de Bourgogne tirent quelque avantage des dispositions naturelles de leurs contrées, voir Morenzoni Franco, « La capture et le commerce des faucons dans les Alpes occidentales au XIVe siècle », et Beck Corinne, « Oiseaux et oiseleurs en Bourgogne aux XIVe et XVe siècles », dans Mornet Élisabeth, Morenzoni F. (dir.), Milieux naturels, espaces sociaux. Études offertes à Robert Delort, Paris, 1997, respectivement p. 287-298 et 299-312.
110 Jones M., Recueil des actes…, op. cit., t. II, no 721 (15 novembre 1397).
111 Ibid., no 1337, p. 111 (24 mars 1392).
112 Morice P.-H., Preuves, op. cit., t. II, col. 1757.
113 Contamine Philippe, « Les derniers mois de Charles d’Orléans, d’après un document inédit », dans De Jeanne d’Arc aux guerres d’Italie, Orléans-Caen, Paradigme, 1994, p. 193-204, en particulier p. 193.
114 Champion Pierre, Vie de Charles d’Orléans, Paris, Honoré Champion, 1911, p. 425.
115 « Subsequenter vero inter predictum Regem, Ducem et suos fuerunt plurima colloquia super venationibus, volatilibus et aliis amenitatibus suis, per aliqua tempora… », Morice P.-H., Preuves, op. cit., t. II, col. 1763. Cet interlude cynégétique se déroule à Tours le 18 décembre 1461.
116 Pocquet du Haut-Jussé Barthélemy-Amédée, François II, duc de Bretagne, et l’Angleterre (1458-1488), Paris, Éditions Champion, 1929, p. 71, note 4, d’après les archives de Lesquiffiou.
117 Morice P.-H., Preuves, op. cit., t. III, col. 463.
118 Preuve de leur importance dans la vie sociale, les scènes de chasse ne sont pas rares dans les espaces du sacré, liées alors à quelque épisode de la vie d’un saint ou figurées seulement pour le plaisir des yeux, notamment sur les sablières sculptées, voir Prigent Christiane, Pouvoir ducal, religion et production artistique en Basse-Bretagne (1350-1575), Paris, Maisonneuve et Larose, 1992, p. 549-553.
119 Miracles de saint Martin de Vertou, chap. I, 8, dans Acta Sanctorum, octobre X, p. 812 b.
120 Blanchard René, « Le pays de Rays et ses seigneurs pendant la guerre de Cent Ans (1341-1372) », Bulletin de la Société archéologique de Nantes et du département de la Loire-Inférieure, t. 37, 1897, p. 87-110, en particulier p. 90, note 1.
121 Id., Lettres et mandements…, op. cit., t. II, no 528, p. 19 (acte du 9 avril 1407). La victime demeurant au Plessis-Bertrand, elle était donc au service des seigneurs du lieu, les Du Guesclin.
122 Ibid., t. IV, no 2066, p. 45-46, 27 décembre 1432 : cette déclaration de principe fait suite aux plaintes de Morice de Comenan, chambellan du duc, contre les intrusions de ses voisins : le plaignant obtient de rendre sa garenne « deffensable » afin de les empêcher d’y « chasser à bestes rousses ne noires ».
123 La Borderie A. de, Nouveau recueil…, op. cit., pièce XIX, p. 75-76.
124 Le Corre K., Arthur II…, op. cit., p. 174.
125 AD Loire-Atlantique, B 2, f° 36v° : Robert Calon obtient, le 10 avril 1462, une sauvegarde spéciale sur son domaine de Leschet en Guérande contre Pierre de Carné « de non derompre ne dilacerer les faulx et fossez trassez estans en icelle garenne, a la paine de deux mil escuz d’or a appliquer au duc et a partie par moitié » ; B 21, f° 115 : évocation le 22 juin 1513 d’une affaire « touchant certaines chasses et prinse de pluseurs bestes noires et autres » en un lieu contesté par les parties, opposant Tanguy Sauvaige, chevalier, sire du Plessis-Gurry, et Jehan Galery, seigneur du Boisjouan, le demandeur étant absent lors des faits.
126 Ibid., B 8, f° 128v°, 27 juillet 1477 : évocation devant le conseil de l’affaire opposant François, bâtard du duc (le futur François d’Avaugour), aux seigneurs et dame de Betton et du Boaisgeffroy « touchans certains esploiz de chacze qu’ont faitz lesdits seigneur et dame es fiez de ladite seigneurie de Hedé ou prejudice dudit seigneur bastart et de ses droiz » ; ibid., B 9, f° 93v°, 22 juin 1480 : commission au juge et au procureur de Vannes « d’enquerir de la chasse et prinse d’un sanglier que a fait et fait fere Alain de La Chapelle, oultre le gré et volunté du sire de Rieux, en ses boais de Lars ».
127 Ibid., B 9, f° 43v° : évocation à la cour d’Hennebont contre Jean de Malestroit, seigneur d’Uzel, « touchant certains chiens de chacze qui ont esté tuez et prins par Pierre de Bavallan et autres serviteurs dudit de Mallestroit » (29 mars 1480).
128 Ibid., B 9, f° 138, 23 septembre 1480 : maintenue en faveur d’Olivier de La Chastegneraye, seigneur de Marzan, « de touz gibiers » en sa garenne close sise en la paroisse de Marzan ; ibid., B 21, f° 159v°, s’agissant en 1513 de la réintégration dans ses droits d’un possesseur de plusieurs fossés et refuges à lapins. En principe tout gentilhomme a le droit de transformer une partie de ses terres en garenne à lapins : art. 290 de La Très Ancienne Coutume de Bretagne, Planiol Marcel (dir.), Rennes, Plihon et Hervé, 1986, p. 270.
129 AD Loire-Atlantique, B 14, f° 22 : mandement du 16 février 1503 aux juges de Lamballe et Moncontour d’enquêter sur le pillage des garennes de Jean de Malestroit, seigneur d’Uzel, par Nicolas de La Roue et ses neveux.
130 Jones M., Recueil des actes…, op. cit., t. II, no 1163 (acte solennel daté du 27 février 1399).
131 Blanchard R., Lettres et mandements…, op. cit., t. III, no 1531, p. 90-91.
132 AD Loire-Atlantique, B 4, f° 113, 2 septembre 1466 : ajournement de cinq hommes appréhendés après avoir chassé dans les garennes et bois mis en défens de Jacques de Bourrigan, homme d’armes de la garde sous la sauvegarde du duc ; ibid., f° 124, 16 octobre : commission aux juges de Moncontour et du ressort de Goëlo d’enquêter sur les braconniers ayant opéré dans les garennes et étangs de Jean de La Ripvière et de Foulques de Rosmar, tous deux sous la sauvegarde du duc.
133 Blanchard R., Lettres et mandements…, op. cit., t. IV, no 2445, p. 258.
134 AD Loire-Atlantique, B 5, f° 149vo, 20 novembre 1467. La mise en défense s’entend pour deux années.
135 Blanchard R., Lettres et mandements…, op. cit., t. II, no 679, p. 47 : rémission le 28 mai 1407 pour Jean Rivière de la mort d’un certain Jean Labbé, coupable, entre autres choses, d’avoir volé dans sa garenne située en région nantaise.
136 AD Loire-Atlantique, B 9, f° 22, 24 février 1480 : commission aux sénéchaux, alloués et procureurs de Lamballe et Jugon de faire enquêter sur « ceux qui chassent o chiens et fillez es garennes et aultres lieux deffensables du sire de La Hunaudaye », lequel est en fait un mineur dont le curateur est Pierre Tournemine. Ibid., B 10, 2 octobre 1486 : commission d’informer aux juges de Rennes sur les suspects de cas de braconnage et d’abattage de bois en la seigneurie de Combourg appartenant à Françoise de Rieux, mineure.
137 Blanchard R., Lettres et mandements…, op. cit., t. II, no 1085, p. 130-131 : enquête ordonnée le 17 octobre 1409 sur les excès commis par Bertrand de Dinan « et plusieurs autres sathelittes et adherez en mal » aux dépens des religieux de Saint-Jacut et de leurs vassaux, y compris d’avoir pris les « connilz d’icelles [garennes] o chiens, levriers, furetz et filets » entre autres violences diverses. AD Loire-Atlantique, B 3, f° 74vo-75, 24 mai 1464 : mandement en faveur de l’abbé et du couvent de Savigné « de faire deffense à touz, sur paine de cent marcs d’argent… de non courir, chacer ne pescher leurs boays, garennes, estangs, viviers et autres choses deffensables ».
138 Ibid., B 5, f° 95, 15 juillet 1467. L’année précédente, le duc avait déjà dû ordonner une enquête sur les abus commis dans ses forêts de La Chapelle-Glain et de La Boessière, ibid., B 4, f° 46v°-47, acte enregistré le 7 mai 1466.
139 Ibid., f° 9, 21 janvier 1467.
140 Ibid., B 9, f° 128v°, 30 avril 1478. Briord est à Port-Saint-Père.
141 Ibid., B 10, 24 novembre 1486 : confirmation aux habitants de Minibriac de la conversion d’anciennes garennes en domaine congéable contre une rente de 68 livres.
142 Ibid., B 6, f° 190v° (22 décembre 1468).
143 Jones M., Recueil des actes…, op. cit., t. II, no 778 (14 avril 1391). Autres exemples de créations d’une garenne « deffensable » sur un domaine privé, à Pancé, en faveur de Pierre de La Marzelière ; pour Pierre Cordon, congé « pour y tenir et avoir garenne de connins et autre gibier et fuie à pigeons deffensable, combien que ès temps passez n’en avoit point eu » en Carquefou, Blanchard R., Lettres et mandements…, op. cit., t. IV, no 2069, p. 47 (28 janvier 1433), et no 2230, p. 137 (23 août 1436).
144 Pierre Avril, médecin du duc, voit son manoir du Bot en Nivillac anobli, avec droit d’y élever un colombier et « une garenne deffensable à conilz, liepvres, perdriz et fesans », Ibid., t. IV, no 2087, p. 55-56 (8 juillet 1433), avec une confirmation du privilège le 23 avril 1435 (ibid., no 2191, p. 113) ; Guillaume Bessard, valet de la chambre et de la garde-robe du duc, est autorisé à « ediffier en sesd. terres moulin à vant, garaine, reffuge à connins, et les tenir deffensables, ainsi que font les nobles de nostre païs » en son domaine de Cordemais le 26 décembre 1441 (ibid., t. V, no 2523, p. 33).
145 Ibid., t. IV, no 2077, p. 51-52 (15 avril 1433).
146 Ibid., t. IV, no 2656, p. 61.
147 Son trésorier consacre ainsi 20 livres en 1436 « à faire faire une garaine au petit château de Jugon, pour l’esbat et plaisance de madamme la contesse [de Montfort] », en l’occurrence sa belle-fille, Yolande d’Anjou, Pocquet du Haut-Jussé Barthélemy-Amédée, « Les comptes du duché de Bretagne en 1435-1436 », Bibliothèque de l’École des chartes, t. 77, 1916, p. 88-110 (rubrique 19, p. 96). Le château de Jugon, confisqué sur les Penthièvre, avait été donné par son père à François, comte de Montfort, en complément d’apanage en 1429.
148 AD Loire-Atlantique, B 9, f° 93, 20 juin 1480 : « Congié à maistre Guillaume de La Lande, procureur general, de faire garenne deffensable en deux costaux de terre a lui appartenant, savoir l’un en sadite terre de Bougon, nommee vulgamment le « Coustau de Rochefou », et l’autre en sa terre de la Chevaleraye, nommee la terre du Chauff. »
149 Ibid., B 7, f° 80, 2 juin 1473.
150 Monuments du procès de canonisation du Bienheureux Charles de Blois, Sérent Albert de (éd.), Saint-Brieuc, 1921, témoin XXI (Jean du Fournet), p. 63 : et audivit et fuit presens quando fuit sibi nunciata perdicio sui castri de Suzenioue, quod hostes sui per vim ceperant, in quo erant carte et littere tocius sui ducatus, prout credebat, licet in veritate alique dictarum litterarum erant in castro Meduane, quod pro tunc ignorabat dictus dominus Carolus… (« il était présent quand lui fut annoncée la perte de son château de Suscinio, que ses ennemis lui avaient enlevé par la force et dans lequel étaient conservées, à ce qu’il croyait, les lettres et chartes de tout son duché, alors qu’en fait quelques-unes de ces lettres se trouvaient au château de Mayenne, ce qu’ignorait alors le dit sire Charles… ».
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Châteaux et modes de vie au temps des ducs de Bretagne
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