Les ducs de la maison de Dreux et le château de Suscinio
p. 109-120
Texte intégral
1Au XIIIe siècle, le pouvoir ducal breton a des habitudes « vannetaises » et pour points d’appui Vannes, Ploërmel, Muzillac, Rhuys et Suscinio. Froissart (mort après 1404) évoque cette dernière demeure comme un « moult biau chastel et maison de déduit pour le duc1 ». Que ce soit l’allure générale de la bâtisse, la hauteur et la puissance de ses murs, le luxe de l’habitat et des décors, la présence d’une riche chapelle, on ne peut qu’être d’accord avec le commentaire du chroniqueur. Alors que les bâtiments que l’on voit maintenant sont caractéristiques de la fin du Moyen Âge, il est important de rappeler que l’édifice a été voulu par les ducs de la maison de Dreux. C’est probablement Pierre Mauclerc (1213-1237) qui est l’initiateur de la construction, mais ce sont surtout son fils Jean le Roux (1237-1286) et son petit-fils Jean II (1286-1305) qui y résident le plus. Il semble ensuite être en partie délaissé par Arthur II (1305-1312) et la présence de Jean III (1312-1341) y apparaît épisodique.
2En faire l’histoire consiste à puiser dans les sources héritées de cette époque. On note des périodes où elles sont relativement abondantes (milieu du règne de Jean le Roux, années 1300-1310) et des trous documentaires qui doivent correspondre aux moments où les ducs se tournent vers d’autres lieux de résidence. Il faut cependant se méfier des lacunes de la documentation. Souvent, l’information dépend d’un seul type de texte et sa présence ou son absence faussent les conclusions. Cela oblige à croiser les sources et à aller chercher des informations là où l’on s’y attend peu. C’est ainsi que la Chronique de Rhuys, malgré sa maigreur, nous apporte quelques détails intéressants sur les séjours de la famille ducale à Suscinio2. On notera enfin que pour un monument aussi important, la bibliographie est assez pauvre à l’exception des travaux de Patrick André.
FONDATION
3La fondation du château de Suscinio reste obscure. La première mention précise figure dans un acte de Pierre de Dreux par lequel le duc renonce à tous ses droits sur l’élection de l’évêque de Quimper : la lettre ducale est donnée à Suscinio3. Hélas, rien n’indique la raison de sa présence ni précisément l’endroit où il réside. À l’époque où Jean le Roux arrive au pouvoir, la bâtisse est suffisamment importante pour servir de prison. Au sujet de la guerre de Lanvaux en 1238, l’Anonyme de la Chronique de Saint-Brieuc rappelle qu’après le conflit le seigneur de Lanvaux est détenu « dans le manoir ou maison de Suscinio, récemment commencée et édifiée par ledit duc4 ». C’est manifestement ce duc qui donne une impulsion fondamentale à la construction ou à l’extension du château, à tel point que l’Anonyme écrit, sans doute en toute bonne foi : « Le comte Jean, dit le Roux, a édifié le premier manoir de Suscinio5. » Albert Le Grand reprend cette tradition mais embrouille un peu l’affaire en y ajoutant le duc Geoffroy Ier qui aurait, dès 1001, acquis Suscinio de Félix, abbé de Rhuys6. Comme le dominicain a tendance à adapter l’histoire, il faut se montrer prudent mais on ne peut pas non plus rejeter cette information d’un revers de main.
4Avant d’entrer dans le vif du sujet, il faut souligner à quel point le duché manque de résidences ducales dignes de ce nom au début du XIIIe siècle. Le duc possède à Nantes un vieux château qui ne lui plaît manifestement pas, ce qui motive la construction de la Tour-Neuve. On peut facilement imaginer qu’il décide d’aménager d’autres demeures de qualité pour héberger sa famille et son hôtel. D’Argentré mentionne Suscinio, « un pays d’aussi beau et bon séjour, fertil et aggreable que nul autre en Bretagne7 ». Les atouts climatiques des abords du golfe du Morbihan sont une des raisons de la construction du château (fig. 1). Rappelons que la courbe d’ensoleillement du sud de la Bretagne correspondant à la limite nord de la vigne s’arrête du côté de Nantes pour venir faire une boucle autour du Golfe. Les ducs peuvent de plus profiter là d’une zone giboyeuse où le grand gibier côtoie celui d’eau qu’attirent les marais du voisinage. En outre, à partir de la fin du XIIIe siècle (et peut-être même plus tôt), la proximité d’une partie de l’administration ducale installée à Vannes explique aussi ce choix.
5On ne peut non plus rayer d’un trait de plume les aspects stratégiques. On sait que Pierre de Dreux ne construit pas ses forteresses au hasard8. S’il est bien à l’origine de la place, il faut aussi y voir une raison militaire : le château protège la presqu’île (côté mer) et Vannes ; d’une certaine façon il surveille aussi la cité toute proche, exactement comme la Tour-Neuve de Nantes. Dans la cité réside aussi un prélat et Albert Le Grand rappelle que les rapports entre les ducs de la maison de Dreux et les évêques n’ont pas toujours été au beau fixe. L’évêque Robert (1224-1236) fait partie des prélats qui s’opposent à Pierre de Dreux, comme Cadioc (1251-1254), un de ses successeurs, s’oppose à Jean le Roux ; quant à Alain (1254-1267), il fait le voyage à Rome pour se plaindre au pape des exactions du duc9. Pierre et Jean le Roux ont donc de bonnes raisons politiques de se méfier de la cité voisine. Il ne faut pas négliger non plus le caractère symbolique du bâtiment : un duc digne de ce nom ne saurait résider habituellement dans un simple manoir. Dans une société où le luxe, la taille et la force de l’habitat trahissent le rang social, il faut montrer sa puissance par des murs hauts et solides, signes évidents de pouvoir. Cela contribue à expliquer Suscinio.
6Rappelons enfin que nous sommes au cœur du domaine ducal des Dreux, regroupé pour l’essentiel dans le sud de la péninsule. La région de Vannes et la presqu’île de Rhuys sont au cœur des préoccupations de Jean le Roux. Ses fondations pieuses en donnent une bonne illustration. Dans les années 1250-1260, le duc ou ses proches participent à la fondation de plusieurs établissements religieux comme Prières (1250), La Joie (1252), le couvent des Franciscains de Vannes (vers 1260) ou encore celui des Carmes de Ploërmel10. Par ailleurs, quand le douaire de la duchesse Blanche est défini, il comprend un bel ensemble de terres prélevées sur le domaine ducal dans le sud de la Bretagne, à l’exception de la presqu’île de Rhuys que le duc se réserve11. Il faut donc, à mon sens, se garder d’une analyse trop sommaire du type vocation à servir pavillon de chasse ou de lieu de déduit par beau temps pour expliquer la genèse de ce château.
JEAN Ier LE ROUX (1237-1286)
7Une étude précise des naissances mentionnées dans le Chronicon Ruyense permet de se faire une idée assez nette de la première phase de résidence de la famille ducale à Suscinio12. En effet, alors que seules les principales naissances sont mentionnées avant 1238 (1187 : Arthur de Bretagne ; 1217 : Jean le Roux), les mentions de naissances dans la famille ducale se multiplient à partir de la fin des années 1230 et les dates se font très précises à partir de 1245, au jour près, ce qui trahit la proximité entre la duchesse et les moines de Rhuys, que l’on peut interpréter, sans grand risque, comme la preuve d’une présence de la famille ducale à Suscinio. En 1239, le chroniqueur mentionne la venue au monde de Jean, fils de Jean Ier et de Blanche de Champagne, le 3 des nones de janvier13 ; l’enfant est baptisé par Cadioc, évêque de Vannes. L’année suivante, Pierre naît à Châteaulin, puis Alix en 1243, sans plus de précision. La précision revient pour Thibaud, né le 10 des calendes d’août 1245, mort le 8 des calendes de novembre et enterré à Rhuys. Viennent ensuite au monde un autre Thibaud (1246), Aliénor (1248), Nicolas (1249), Robert (1250). La dernière date précise correspond au décès de Nicolas (19 des calendes de septembre 1251)14. Il faut ensuite attendre 1268 pour voir mentionner le décès de Pierre de Bretagne. On peut donc penser que Jean le Roux et sa famille résident régulièrement à Suscinio entre 1245 et 1251, et qu’ensuite leur présence se fait plus épisodique, le duc préférant une autre demeure à sa résidence de la presqu’île de Rhuys. Comme on l’a vu plus haut, cette fourchette chronologique correspond d’ailleurs à celle des grandes fondations religieuses, sans compter d’autres interventions locales comme la création de l’atelier monétaire de Vannes en 1249. Les années 1250 passées, la documentation, sans être très précise, laisse penser que le duc séjourne épisodiquement à Suscinio. Par exemple, des comptes y sont rendus en 1262, 1266 et 1267, signes probables de la présence ducale15. Rappelons aussi que c’est de Suscinio que Jean Ier part en croisade le 17 avril 1270, le jeudi de la semaine de Pâques16. Il n’est pas seul à partir pour Tunis puisque son fils Jean, comte de Richemont, et plusieurs seigneurs bretons l’accompagnent. Enfin, Arthur de La Borderie mentionne que le duc Jean meurt en octobre 1286, probablement à Vannes ou à Suscinio, mais sans plus de précisions17.
8Au vu de la documentation parvenue jusqu’à nous, il ne faut donc pas imaginer que Jean le Roux et sa famille aient passé l’essentiel du règne à Suscinio. Ils y ont résidé régulièrement dans les années 1240-1250, épisodiquement par la suite. Jean le Roux s’est tout de même attaché à embellir sa demeure. Les études architecturale et archéologique permettent de lui attribuer un certain nombre d’éléments de la bâtisse telle qu’elle apparaît aujourd’hui. C’est certainement à son initiative qu’il faut attribuer la courtine du XIIIe siècle, qui est construite sur le modèle des enceintes urbaines contemporaines de Rennes, Vannes et Nantes, et qui n’est pas non plus sans rappeler celle du Louvre. D’ailleurs, si l’on fait abstraction des remaniements de l’époque moderne, l’ensemble possède un plan philippien assez original en Bretagne. Quant à la mosaïque du chœur de la chapelle de Suscinio, on peut la rapprocher de modèles parisiens (Saint-Denis) du milieu du XIIIe siècle, ce qui n’est absolument pas surprenant. Le Vieux-Logis, à l’ouest, est une construction massive, aveugle au rez-de-chaussée, ouvrant au-dessus par d’étroites ouvertures, mais sans archères ni cheminées. Un escalier en vis dessert des salles voûtées (dont celle du trésor ?). Patrick André relève que la construction est archaïque18. Si l’on en croit les travaux effectués sous le règne de Jean II, on peut penser que Jean le Roux laisse une construction déjà imposante mais pour l’heure encore inachevée. Il s’attache aussi à étendre le domaine qui en dépend au point d’usurper et d’envahir les terres de ses voisins, même celles de Saint-Gildas-de-Rhuys, et dote le château d’un parc. Ces exactions, assez habituelles chez les Dreux, sont en partie réparées par ses exécuteurs testamentaires19.
L’ÉPOQUE DE JEAN II ET DE SES SUCCESSEURS
9La seconde période bien documentée est celle de la fin du règne de Jean II et le début de celui de son fils Arthur II. La mort du duc à Lyon en 1305, le testament rédigé deux ans auparavant et la liquidation de ses dettes apportent un éclairage discret mais très intéressant sur le château. Quelques éléments épars viennent compléter cette documentation.
10La vie quotidienne est difficile à cerner. Tout au plus peut-on dire que le duc n’est pas seul. Jean II dans son testament (1302) nomme soixante-dix-sept personnes qui forment manifestement son environnement journalier, l’hôtel ducal. Le compte d’Auberi de Baudement permet d’allonger la liste d’une quinzaine de personnes. Au quotidien, on peut y ajouter la famille ducale : la duchesse, les enfants et éventuellement quelques oncles et tantes, neveux et cousins, plus quelques hôtes de passage. Au début du XIVe siècle, on peut légitimement imaginer que cent à cent vingt personnes vivent à Suscinio quand le duc s’y trouve. Des comptes rendus à Muzillac par Geoffroy de Kerdreis en 1300 et en 1303 permettent d’entrevoir l’approvisionnement de la cour20. On trouve mention dans le premier de plusieurs boisseaux de céréales (seigle, orge, avoine…), mesure d’Auray, ainsi que de fortes quantités de vin21. Trois ans plus tard, le document signale des quartiers de froment, de seigle, de fèves, un tonneau de vin de Jarnac (sans doute pour l’entourage ducal) et une pipe de vin nantais (pour les serviteurs). Il pourrait s’agir de la consommation de la cour. La mention de la mesure d’Auray indique en tout cas qu’il s’agit de ravitailler la cour en Vannetais, probablement à Suscinio.
11L’hôtel se charge du service quotidien de la cour et du duc. Ses métiers sont traditionnels : bouteillerie, paneterie, cuisine, vénerie, chapelle, chambre. On peut y ajouter les chapelains, quelques fous et des serviteurs divers (pêcheur, veneur, barbier, chirurgien, lavandier, messager, vielleur…). Ils ont aussi sans le savoir un rôle de représentation, le nombre des serviteurs et des valets reflète en effet la puissance du maître. Quand le prince est absent, il reste le gardien, Rivaut puis Brient « de la porte », sans doute un chapelain, quelques domestiques, les gardes du château et surtout du trésor ducal qu’on imagine mal laissé sans protection… En septembre 1302, Jean II prévoit dans son testament un legs de 10 livres à « Rivaut de la porte de Suche (Suscinio) ». La somme est versée trois ans plus tard mais « à Brient de la porte de Sacunyo ». On peut expliquer la différence des noms de deux façons. La première est que Rivaut est mort et Brient a pris sa place. Il peut s’agir de son fils, mais il s’agit plus probablement d’un anthroponyme de fonction, ce qui n’implique pas nécessairement de filiation. La deuxième hypothèse est une erreur de lecture ou d’impression, ou un surnom. Il est impossible de trancher en l’état22. Brient figure encore sous les ordres du châtelain de Suscinio, Geoffroy de Kerdreis, en 1306-130723.
12Jean II fait faire des travaux considérables, en particulier la courtine nord (fig. 2) et la tour de l’angle nord-est. Ces travaux sont documentés par quelques éléments de comptabilité et l’exécution du testament ducal. Au second semestre 1305, le compte d’Auberi de Baudement fait apparaître des versements aux ouvriers qui travaillent sur le chantier24. Le même document fait état des liaisons qui unissent les différentes résidences comme ce « mesagé envoïez à Succiniou par 3 foïez et un autre envoïé au Gavre25 ». Le 28 janvier 1307, Alain de Tressay, Guillaume de Porzou et Jean, fils de Conan Le Floch, donnent quittance de 50 livres de bois fourni aux ouvriers qui travaillent au château de Suscinio. Le 9 avril 1307, Jean Le Maçon donne quittance de 25 livres pour des travaux effectués au château de Suscinio, « pour fere un pignon de nefz en la garderobe26 ». On trouve par ailleurs dans un compte de 1307 la somme de 16 livres 18 sous bonne monnaie (50 livres 14 sous en monnaie dévaluée) « pour despens fait envers le evres envoïées a Succinio », une dépense de 45 sous « pour portage de venaison dou Gavre a Succinio », ainsi que de nombreux versements faits à Geoffroy de Kerdreis pour les œuvres de Suscinio, pour un total de 681 livres 15 sous 5 deniers27. La somme est d’importance, nettement supérieure à l’argent versé à la même époque aux carmes de Ploërmel. Le versement du 28 avril 1307 est assez détaillé : des « merreins et chevrons » achetés à « Donnouant d’o le seigneur de Kadoudal28 » sont payés en deux temps, 20 livres de faible monnaie par Rolland Le Lombard et 30 livres par Geoffroy de Kerdreis, châtelain de Suscinio. Une partie des sommes est prélevée sur le produit des rentes du domaine de Muzillac, mais une lacune du document ne permet pas de savoir sur quels biens. Il faut se garder d’envisager ces travaux isolément : La Borderie rappelle à juste titre que Jean II s’attache à entretenir ses forteresses en bon état et reconstruit en partie le château de Suscinio mais aussi les murs de Vannes, Auray, Hédé29. Arthur II se contente de finir les travaux, signe qu’il réside probablement peu au château. On peut tout de même noter que, le 19 mai 1309, c’est de Suscinio qu’il donne à l’abbaye de La Joie plusieurs mesures de froment valant 67 livres à percevoir sur la châtellenie d’Auray30. Le 5 février 1311, c’est toujours de là qu’il établit 430 livres de rente en blé et en argent sur les fermes d’Auray et divers autres biens pour l’entretien de l’abbaye31. On note plus tard, le 26 décembre 1326, qu’un acte de Jean III est signé à Suscinio, mais cela ne nous renseigne guère sur le temps que le duc passe effectivement dans sa résidence vannetaise32.
LA CHÂTELLENIE
13Suscinio est le centre d’une châtellenie, ce qui sous-entend un certain nombre de droits de justice, de recettes et de dépenses de l’argent public, mais nous sommes très mal renseignés sur ces aspects à l’époque des ducs de la maison de Dreux. Quelques documents plus tardifs donnent une idée de ce que pouvait être le fonctionnement quotidien de cette circonscription. Un acte de 1367 et un autre de 1401 rappellent que les moines de Rhuys, contrairement aux habitants de la presqu’île, ne sont pas astreints aux corvées d’entretien du château de Suscinio mais rien n’indique que cela valait déjà avant la guerre de Succession33. Jean III institue un versement d’argent en faveur des trinitaires de Sarzeau : la somme est sans doute prélevée sur la recette de Suscinio. Il faut croire que la guerre de Succession vient modifier cette situation, Charles de Blois, le 26 février 1360, demande à Éon de Evel, capitaine de Suscinio, de payer certaines sommes (dîmes et rentes dans la paroisse de Sarzeau) dues aux trinitaires suivant les termes de leur fondation par le duc Jean III ; le 18 avril 1360, un nouveau mandement ducal au capitaine de Suscinio insiste pour qu’il paye une rente de 40 livres donnée à Saint-Gildas de Rhuys par ses prédécesseurs, et deux jours plus tard, il demande à Pierre du Bois de La Salle de faire une enquête sur les plaintes des trinitaires. Les gens du duc qui sont à Suscinio ont donc accaparé des rentes et les religieux de Sarzeau demandent qu’on les leur rende34. Manifestement, les officiers de Jean IV ne mettent pas plus d’enthousiasme à respecter les droits des religieux de la région comme l’attestent plusieurs mandements ducaux35. Enfin, dans la donation de ses biens à son mari Charles de Blois, Jeanne de Penthièvre détaillait en 1343 les biens ducaux dans le Vannetais, dans un acte qui montre l’étendue des biens du duc dans la région et la variété des droits qui s’y attachent :
mes chastellenies de Susceniou, de Benestier, de Pemur, de Lille, Lille de Ruys, la ville et chastellenie de Vannes, les seneschaussees de Ploermel et de Brouareuc, ensemble o tous les droiz, destroiz (juridiction), feautez, hommages, hautes et basses seigneuries, feuz nobles et non noble ou roturiers, fammes, drois, o les villes, chasteaulx, manoeir, forez, boez, estanz, eves (eaux), moulins, fours, salines, emolumenz, rachaz, obvencions et quelconques autres.36
14Les ducs conservent aussi à Suscinio une partie de leur argent. Le trésor de Jean II est partagé entre la Tour-Neuve (Nantes), Suscinio et Longjumeau37. Après son décès, on trouve à Suscinio, « en la vouste » du château, 29 482 livres, 336 marcs d’argent, contre 117 534 livres à la Tour-Neuve et 3 500 livres à Longjumeau. Ces chiffres donnent une bonne idée du rôle des trois résidences dans la vie du duc : les 3 500 livres de Longjumeau sont de l’« argent de poche » afin de payer ses dépenses parisiennes38 ! Un autre trésor se trouve partagé entre plusieurs châteaux, les archives ducales. Dans un acte du 8 octobre 1364, Jean IV précise avoir trouvé à Suscinio une lettre royale confirmant le don par Jean III à Guy de Penthièvre de la terre de Limoges et du Penthièvre (1314), et d’autres lettres concernant la pairie (1297). Ce document confirme le rôle de Suscinio comme centre d’archives39. Ce n’est pas surprenant quand on sait le rôle important qu’a joué le château chez les Dreux. On sait aussi que Charles de Blois conserve une partie de ses archives à Suscinio où elles sont détruites en 1363, lors de la prise du château et de son pillage40.
15Les Dreux possèdent dans la presqu’île de Rhuys des maisons de plaisance plus agréables à vivre, par exemple Bernon à l’extrémité nord-ouest de la presqu’île41, ou Benestier, à l’est de la forteresse. Au Bois-lès-Suscinio, ils possèdent un relais de chasse (« un pavillon champêtre », selon A. de La Borderie, « où nos ducs ne dédaignaient pas de venir dîner »). Au moment de son départ vers Lyon, Jean II passe une partie du mois d’août dans la presqu’île de Rhuys : au soir du 5 août, il couche à Bernon et y reste jusqu’au 15 inclus ; le 16, il se met en route vers Benestier et fait halte pour dîner à mi-chemin, au Bois-lès-Suscinio, « un grant meingier » d’après le compte d’Auberi. Il couche à Benestier et y demeure jusqu’au samedi 21 août. De là, il fait partir Jean d’Arradon comme messager pour prévenir le pape de son voyage. Le 21, après avoir donné un « grant mangier », il quitte Benestier pour aller dormir non loin de là, au prieuré d’Ambon, puis gagne deux jours plus tard le château de l’Île à La Roche-Bernard et de là poursuit son voyage fatal vers Lyon42. Même si le contexte est tout à fait particulier, cela doit nous rappeler l’itinérance du pouvoir médiéval, assez peu habitué à rester longtemps au même endroit tant pour des raisons pratiques que d’exercice du pouvoir.
LA CHAPELLE
16Même si le sujet relève plus de l’archéologie que de l’histoire, il est difficile de parler de Suscinio à l’époque des Dreux sans évoquer la chapelle (fig. 3). Au milieu du XIIIe siècle, Jean le Roux fait aménager un terrain vierge pour la construction d’une chapelle hors les murs. Le plan est alors « définitif » puisque l’ensemble est construit d’un bloc. C’est à cette époque qu’est posé le premier pavement armorié. Au début du XIVe siècle, la chapelle fait l’objet d’une réfection, peut-être en lien avec les travaux effectués à la même époque au château. La toiture est rénovée au niveau du chœur, des reprises sont faites au même endroit dans les murs (ouvertures murées, niveau du sol surélevé). À l’extérieur, un vestibule est construit sur un lit d’ardoises provenant de la réfection de la toiture. La présence de sépultures détruites, dont une d’enfant, n’est pas sans rappeler la présence des tombes des enfants ducaux à l’abbaye Saint-Gildas43.
17Un nouveau carrelage est mis en place dans l’avant-chœur et le chœur, datable des années 1330 d’après des monnaies44. L’ancien pavement aux armes des ducs de Bretagne de la maison de Dreux est remplacé et jeté dans la douve. Peut-être faut-il y voir un des effets collatéraux du changement armorial des années 1310. La découverte d’une monnaie de Charles IV sous le second pavement montre que les travaux de mise en place de cet ensemble décoré date des dix dernières années du règne de Jean III, ce qui est cohérent avec le remplacement armorial. Il n’est pas dit que celui qui a réalisé le pavement aux armes de Dreux-Bretagne ait été de la région pour avoir placé à senestre le franc-quartier d’hermine. Plutôt qu’un effet de la maladresse de l’artisan, je serais plutôt tenté d’y voir le reflet d’une méconnaissance des armoiries bretonnes. Par contre, la présence de carreaux décorés de fleurs de lis sur le second pavement semble indiquer que Jean III ne renonce pas à ses origines capétiennes, à moins qu’il ne s’agisse d’un décor passe-partout réalisé dans l’atelier qui en possédait les motifs en stock (une possible origine angevine renforce cette hypothèse). Cependant, la présence de fleurs de lis dans les marges d’un des vitraux de la chapelle (du XIIIe siècle) est tout de même révélatrice…
18Dans les carreaux isolés, on note quelques figurations armoriales curieuses, comme celui sur lequel on voit nettement des macles, disposées comme sur les sceaux des Rohan à cette époque (3 3 1), ainsi que des armoiries au chef plain, caractéristiques du « premier âge armorial » breton, d’argent à trois pal d’azur au chef de sinople45. On trouve enfin comme thème décoratif des lettres de l’alphabet, des feuilles, des fleurs, des armoiries, un dragon, etc.46 Il faut, avant de conclure, souligner le luxe ostentatoire du décor de la chapelle. L’impression colorée ressentie en entrant dans l’édifice, accentuée par l’éclairage provenant des vitraux, devait d’autant plus marquer les esprits que ce genre de décor était peu répandu en Bretagne à cette époque. Nous insisterons encore sur l’aspect novateur de l’utilisation de carreaux de faïence, marque d’une volonté d’originalité dans le milieu ambiant et, si c’était nécessaire, de l’ouverture du duché sur des nouveautés venues de l’Orient par l’intermédiaire de la péninsule ibérique47.
19La destruction de la chapelle, accompagnée d’un incendie, date des années 1350, probablement en lien avec la guerre de Succession. Il faut y voir la conclusion de la première époque de Suscinio. Sous les Montforts, la demeure ducale connaît une nouvelle jeunesse et redevient l’un des séjours favoris des ducs de Bretagne. Les Dreux ont au moins pour mérite d’avoir discerné les côtés exceptionnels de l’endroit en matière de résidence de chasse et de plaisir. Ils ont aménagé un château fort où ils ont vécu, sans doute plusieurs années pour Jean Ier et Jean II, plus rarement pour les autres. Au-delà de la chasse et des loisirs, le nom de Suscinio est aussi attaché au départ en croisade de 1270. Peut-être moins remanié que d’autres châteaux de la même époque48, la chapelle fossilisée par un incendie, on peut assez facilement l’imaginer tel qu’il était au XIIIe siècle, habité par le duc et peuplé de ses très nombreux serviteurs, servant d’écrin au pouvoir des princes bretons. Il reste tout de même assez frustrant de travailler sur Suscinio au temps des Dreux. Les sources sont minces et il est impossible d’être précis, de mesurer exactement le rôle de Suscinio dans la vie des environs, les droits et devoirs qui s’y attachent, le personnel qui y vit, la disposition des lieux… Seuls quelques documents permettent d’apporter un peu de lumière sur telle ou telle période. Avec la documentation qui s’étoffe, le château apparaît plus nettement sous les Montforts mais ceci est une autre histoire.
Notes de bas de page
1 Cité par André Patrick, « Le pavement médiéval de Suscinio », Archéologia, no 97, août 1976, p. 42-49. Je remercie Patrick André, Gérard Danet, Sophie Le Goff, Jacques Quéinnec et Carole Vigouroux pour leur aide précieuse.
2 La Chronique de Rhuys, qui couvre la période 1008-1291, fait partie des petites chroniques éditées sous l’Ancien Régime par les Mauristes d’après un manuscrit conservé par l’église de Nantes. Il s’agit en réalité d’annales un peu sèches qui relatent essentiellement des événements qui concernent la famille ducale et la vie religieuse du duché. Morice Hyacinthe, Mémoires pour servir de preuves à l’histoire ecclésiastique et civile de Bretagne [infra, Preuves], Paris, 1742-1746, t. I, col. 150-153.
3 1218 (Suscinio) : Pierre de Dreux et Alix, duc et duchesse de Bretagne, font abandon de leur droit dans la désignation d’un évêque de Quimper lors de la mort du titulaire, désignation réservée au choix du chapitre, Morice P.-H., Preuves, t. I, col. 839 ; Peyron Paul, Cartulaire de l’église de Quimper, Quimper, 1909, acte 58.
4 … in manerio seu domo de Suceniou noviter incepta et edificata per ipsum ducem, Chronicon Briocense, f° 107, l’auteur anonyme reprend sur ce sujet ce que disent les Chroniques annaux, mais il est plus loquace (transcription de S. Le Goffet C. Vigouroux).
5 Comes Iohannes vocatus Rufus aedificavit primo manerium de Succeniou, Chronicon Briocense, dans Morice P.-H., Preuves, t. I, col. 41.
6 [Jean Ier le Roux a édifié le château de Suscinio,] « place que ce prince avait bastie, et fermé le parc que le duc Geffroy premier avait acquis de S. Félix, abbé de Rhuis, dès l’an 1001 », Le Grand Albert, Les Vies des saints de la Bretagne Armorique, nouv. éd., Quimper, Salaün, 1901, p. 109* et 302*.
7 D’Argentré Bertrand, Histoire de Bretaigne, 2e éd., Paris, Jacques du Puys, 1588, f° 57v°.
8 Qu’on pense en particulier à la forteresse de Saint-Aubin-du-Cormier, construite pour contrôler un des accès au duché et théâtre de la dernière grande bataille de la Bretagne ducale.
9 Le Grand A., Les Vies des saints…, op. cit., p. 108*-112*.
10 Morice Hyacinthe, Taillandier Charles, Histoire ecclésiastique et civile de la Bretagne, Paris, Delaguette, 1750-1756, t. I, p. 189-192 ; Le Grand A., Les Vies des saints…, op. cit., p. 109* et 302*.
11 Juillet 1263, Morice H., Taillandier C., Histoire ecclésiastique…, op. cit., t. I, p. 193 ; Morice P.-H., Preuves…, t. I, col. 987-988.
12 Chronicon Ruyense, ibid., col. 150-153.
13 1238 ancien style, ibid., col. 152.
14 On peut encore voir à Saint-Gildas les tombes de Nicolas, peut-être le fils de Jean Ier et de Blanche, tenu sur les fonts baptismaux en 1249 à Paris par Louis, fils de Louis IX, mort en 1251 ; Thibaut, né en 1245 ; Aliénor, née et morte à Rhuys en 1248 ; Thibaut, né en 1246. Les quatre plaques tombales ont été commandées en même temps : la similitude des thèmes, le traitement des vêtements, le matériau employé (granit local) indiquent une commande groupée. Le schéma iconographique est emprunté à la statuaire des grandes cathédrales françaises. La représentation des mains jointes est particulièrement précoce. Nicolas de Bretagne tient un livre dans les mains, possible influence chartraine ou champenoise, voir Copy Jean-Yves, Art, société et politique au temps des ducs de Bretagne. Les gisants haut-bretons, Paris, Aux amateurs de livres, 1986, p. 33, 39, et Croix Alain (dir.), La Bretagne d’après l’Itinéraire de monsieur Dubuisson-Aubenay, Rennes, PUR-SHAB, 2006, p. 487-488.
15 Pocquet-du-Haut-Jussé Barthélémy-Amédée, « Le plus ancien rôle de comptes du duché, 1262. Document inédit », Mémoires de la Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, t. XXVI, 1946, p. 49-68, notamment p. 59 : art. 29, jeudi avant la Saint-Michel, de Suscinio ; art. 40, vendredi après l’octave de l’Épiphanie, année 1266 (ancien style), compte d’Even de Muzillac, de Suscinio, 360 livres 46 sous 6 deniers d’arrêt (reste du précédent compte), de la ferme de Muzillac, du cens de Muzillac, terminé à la saint Michel, 34 livres ; somme totale des recettes, 396 livres, 6 sous, 6 deniers ; total des mises, 154 livres, 16 sous ; il doit 240 livres, 30 sous, sans compter le chômage des moulins ; art. 41, Thomas, fils Corgan, fermier du domaine de Vannes, rend aussi ses comptes à Suscinio…, 1262-1267 : payé par le sénéchal de Nantes « à un certain Séverin Tuti, à Suscinio, 20 sous »… Le mercredi suivant à Suscinio, a compté Guillaume de Quimperlé… Le jeudi avant la fête de Saint-Michel, à Suscinio… Le (14 janvier 1267) à Suscinio, Even de Muzillac a compté…
16 Bouchart Alain, Grandes chroniques de Bretaigne, Auger Marie-Louise, Jeanneau Gustave (dir.), Paris, Éditions du CNRS, 1986, t. II, p. 3 ; Lobineau Guy-Alexis, Histoire de Bretagne, Paris, Veuve François Muguet, 1707, t. I, p. 257 ; Morice P.-H., Preuves, t. I, col. 1007-1008 ; La Borderie A. de, Histoire de Bretagne…, op. cit., t. III, p. 352.
17 Ibid., p. 358.
18 André Patrick, « Le château de Suscinio, XIIIe-XVe siècles », Congrès archéologique de France. Morbihan, 1983, Paris, Société française d’archéologie, 1986, p. 254-266.
19 La Borderie A. de, Histoire de Bretagne…, op. cit., t. III, p. 357 et 365, et Recueil d’actes inédits des ducs et princes de Bretagne. XIe, XIIe, XIIIe siècles, Rennes, Imp. C. Catel, 1888, no165, p. 280-282.
20 1300 (10 avril) et 1303 (7 avril), La Borderie A. de, Recueil d’actes inédits…, op. cit., p. 84-85, art. 96-101. Kerdreis est peut-être déjà châtelain de Suscinio, mais ce n’est pas sûr.
21 Douze tonneaux et une pipe de vin breton ; on mentionne des ancres, trois à Suscinio, deux à Houat, une à Benestier.
22 Morice P.-H., Preuves, t. I, col. 1188 et 1195.
23 La Borderie A. de, Nouveau recueil d’actes inédits des ducs et princes de Bretagne. XIIIe et XIVe siècles, Rennes, Imp. E. Prost, 1902, p. 198, acte XXXVII, Geoffroy de Kerdreis a été châtelain d’Auray avant de devenir châtelain de Suscinio (cf. p. 195, art. XXXIII, 13 décembre 1306 : « Geoffrey de Kerdreys, chatelain au temps de Auray »).
24 Compte d’Auberi de Baudement, 1305 (août-décembre) : « aus ovriers de Succeniou dou commandement Monsr 2 sous », La Borderie A. de, Nouveau recueil…, op. cit., p. 111, art. 16.
25 1305 (août-décembre), ibid., p. 113, art. 26.
26 Suscinio. Renaissance d’un château fort, Vannes, AD Morbihan, 1976, p. 12 et 15.
27 La Borderie A. de, Nouveau recueil…, op. cit., acte XXVII ; Rosenzweig Louis, Cartulaire général du Morbihan, Vannes, Lafolye, 1893, actes 461-473 ; Le Corre Kevin, Arthur II (1305-1312), duc de Bretagne, mémoire de maîtrise dactylographié, Brest, 2007, p. 174.
28 Un Olivier Cadoudal est conseiller de Jean III en 1340, Potier de Courcy Pol, Nobiliaire et armorial de Bretagne, rééd. Mayenne, Imp. de la manutention, 1986, art. Cadoudal.
29 La Borderie A. de, Nouveau recueil…, op. cit., actes no XXVII, XXVIII, XXXVII, XLV, p. 190, 191, 198, 205, et Id., Histoire de Bretagne, op. cit., t. III, p. 363.
30 Cette somme sera déduite des 100 livres de rente qu’il doit à cette abbaye, Rosenzweig L., Cartulaire général…, acte 479 ; Jones Michael, Recueil des actes de Jean IV, duc de Bretagne, Paris, Klincksieck, 1980-1983, t. I, p. 329, acte no 409 note.
31 1311 ns, Rosenzweig L., Cartulaire général…, op. cit., acte 483 ; Jones M., Recueil des actes de Jean IV…, op. cit., t. II, p. 602 et 650, actes no1032 et 1094.
32 Il s’agit d’une rente de 40 livres annuelles à vie pour Geoffroy Le Voyer, à prendre sur la ferme des recettes de Dinan, Morice P.-H., Preuves, t. I, col. 1344 ; Jones M., Recueil des actes de Charles de Blois et de Jeanne de Penthièvre, duc et duchesse de Bretagne (1341-1364), suivi des actes de Jeanne de Penthièvre (1364-1384), Rennes, PUR, 1996, acte no11, p. 63-64.
33 Jones M., Recueil des actes de Jean IV…, op. cit., acte no 95, p. 138.
34 Id., Recueil des actes de Charles de Blois…, op. cit., actes no 239, 241 et 243, p. 194-199.
35 Comme ceux de 1395 et 1399, Id., Recueil des actes de Jean IV…, op. cit., actes no 1005 et 1166, p. 588 et 690-691.
36 1343 (8 octobre, Jugon), Id., Recueil des actes de Charles de Blois…, op. cit., acte no 19.
37 Chef-lieu de canton, arr. de Palaiseau (Essonne).
38 Morice P.-H., Preuves, t. I, col. 1203 ; La Borderie A. de, Histoire de Bretagne…, op. cit., t. III, p. 378-379.
39 Jones M., Recueil des actes de Jean IV…, op. cit., acte no 37, p. 95 ; il s’agit sans doute de la lettre de septembre 1297 de Philippe le Bel portant érection de la Bretagne en duché-pairie (Courtrai), Morice P.-H., Preuves, t. I, col. 1122-1123, et de celle datée de mars 1314, qui ratifie un partage (Limoges et le Penthièvre) donné par Jean III à Guy de Bretagne, ibid., col. 1248.
40 D’après un témoin de l’enquête de canonisation de Charles de Blois, les Anglais auraient détruit à Suscinio un dépôt d’archives. Jones M., Recueil des actes de Charles de Blois…, op. cit., p. 32, et Cassard Jean-Christophe, « Arthur de La Borderie, historien de la guerre de Succession », Bulletin et mémoires de la Société archéologique du département d’Ille-et-Vilaine, t. CVI, 2002, p. 107-138, en particulier p. 109.
41 François II y installe bien plus tard un petit couvent de cordeliers.
42 Compte d’Auberi de Baudement, La Borderie A. de, Nouveau recueil…, op. cit., p. 111-114, art. 17 à 28, et La Borderie A. de, Histoire de Bretagne…, t. III, p. 371-372.
43 André P., Les Pavements médiévaux du château de Suscinio, Vannes, Conseil général du Morbihan, 2001, p. 22.
44 Ibid., p. 13, 47 et 53 ; Id., « Le château de Suscinio. Fouilles de 1982 », Archéologie en Bretagne, no 36, 1982, p. 60-62.
45 Id., Les pavements médiévaux…, op. cit., p. 51.
46 Id., « Le pavement médiéval… », art. cit., p. 42-49. Vers la même époque, l’évêque de Vannes dote une de ses résidences du même type de pavement, signe du rayonnement artistique (au moins local) de la résidence ducale.
47 Dans un registre proche, on peut souligner la proximité entre le décor du sceau de Jeanne de Bretagne (1326) et celui des pavements de Suscinio.
48 En particulier le château des ducs à Nantes qui n’a plus grand-chose à voir avec ce qu’a pu être la Tour-Neuve des Dreux.
Auteur
Maître de conférences. Université de Bretagne occidentale. Centre de recherche bretonne et celtique
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