À l’ombre des tours du château. Les gestionnaires du domaine de Rhuys à la fin du Moyen Âge
p. 65-107
Texte intégral
1Pas de château sans gestionnaires, chargés d’en assurer la défense mais aussi de l’entretenir et de mettre en scène la vie quotidienne de ses maîtres. Celui de Suscinio, situé dans « l’isle de Rhuys […], pays d’aussi beau et bon sejour, fertil et agreable que nul autre en Bretaigne1 », aux portes de Vannes, capitale administrative du duché aux XIVe et XVe siècles, n’échappe pas à la règle. Sauf exception, les textes ne donnent pas à la châtellenie le nom de la forteresse2, ils préfèrent généralement la qualifier de domaine de Rhuys, car les administrateurs locaux civils, à la différence du capitaine, n’officient pas dans ses murs, mais au bourg proche de Sarzeau. La présence du château n’en marque pas moins fortement le paysage de la presqu’île, et elle contribue à expliquer le comportement des gens qui travaillent dans l’ombre de ses tours et entretiennent des rapports privilégiés avec le prince, plus souvent présent ici que dans ses autres seigneuries rurales3.
2Dans ce microcosme de serviteurs princiers, j’ai choisi de privilégier le groupe des gens de finances, les mieux documentés. Pour les replacer dans leur cadre de travail et de vie, il me paraît nécessaire de commencer par présenter un domaine dont la richesse et l’attention que lui portent les ducs, soucieux d’en ralentir l’inexorable dégradation au XVe siècle, expliquent que les officiers aient pu tirer les plus grands avantages de leur position. Riche en blé, en sel et en vin, pourvu de vastes forêts propices au « déduit de chasse » aux « bestes a pié fourché et autres4 », il est menacé par toute une série de prédateurs parmi lesquels les administrateurs ducaux figurent en bon rang, ce qui justifie des mesures de protection et de sauvegarde, précieuses pour la connaissance du pays et de ses habitants. Les archives qui en perpétuent la mémoire présentent la particularité, assez rare pour la Bretagne du temps des ducs, d’associer des documents publics aujourd’hui dispersés à Vannes, Nantes et même Besançon où sont conservés une partie des fonds de la maison d’Orange usufruitière de la châtellenie pendant une trentaine d’années, et de très beaux chartriers privés déposés aux archives départementales du Morbihan, celui de Kerlevenan, remarquablement inventorié par Mme Yolaine Forget5, et celui de Truscat6. Les uns et les autres permettent de mieux connaître le groupe d’hommes qui ont géré le domaine ducal au dernier siècle du Moyen Âge, dont je tenterai ensuite de présenter un portrait collectif. Cette démarche prosopographique, qui conduit à faire passer le groupe avant l’individu, sera complétée, pour finir, par l’analyse de la destinée exemplaire d’un lignage fort bien documenté, celui des Cardun-Droillart dont on peut suivre l’histoire familiale sur plus de cinq générations.
UN RICHE DOMAINE, BIEN TENU EN MAINS, MAIS MENACÉ DE DÉGRADATION
3Depuis le XIe siècle, la châtellenie de Rhuys n’a pas connu d’aliénation jusqu’en 1450, année où elle est affectée au douaire de la duchesse Ysabeau d’Écosse, veuve du duc François Ier7. Il est difficile de dire dans quelle mesure la douairière en jouit effectivement puisque sous Pierre II (1450-1457) la recette est « atornee a poyer les clercs de la chapelle du duc8 », mais il est certain que sous François II (1458-1488) la duchesse réside au château où elle vit encore au moment de l’invasion française qui menace la place en 14879. L’année suivante, le duc en transporte la jouissance à Jean de Chalon, prince d’Orange, son neveu et conseiller, pour le dédommager des avances qu’il lui a faites pendant la guerre, ce qui permet à la famille du donataire de la conserver, contre vents et marées, jusqu’en 151010.
4L’intérêt du domaine tient à l’importance de la directe seigneuriale dans la presqu’île (fig. 1). En dehors de quelques terres tenues « noblement a foy, homaige et rachapt et autres debvoirs », énumérées dans le livre rentier de 151011, premier document de ce genre conservé pour la châtellenie12, et de « ce que a esté baillé en fondacion par les princes et ducs de ce pays aux abbé et couvent de Saint Guedas dudit lieu de Reuys, au mynistre de Sarzau et aux priourez du Hezo, d’Arz et d’Arzon et Loglenec », « tout le sourplus des terres et heritaiges estant en l’isle et seigneurie de Reuys […] sont entierement et totallement les fons et demaine desdits seigneur et dame (le roi et la reine-duchesse), sans que autre n’y ait aucune chose pour heritaige13 ». L’essentiel des terres de la châtellenie étant tenu à titre de convenant congéable, à l’usement de Broérech14, il est difficile d’y établir de nouvelles seigneuries particulières, même quand on bénéficie de la faveur du prince15. Aucun sujet, sauf l’abbé de Saint-Gildas, ne peut y prétendre juridiction, aucun ne peut y détenir de moulin banal, à l’exception de l’abbé et des prieurs déjà cités ou des seigneurs de Caden et du Trest, aucun ne peut y exercer le droit de chasse, sans le « congé et permission » du duc16.
5Cette forte domination de la seigneurie ducale ne présente pas que des inconvénients. Depuis le règne de Jean IV, les paroissiens de Sarzeau et d’Arzon sont exempts de fouage, exception faite des habitants des seigneuries ecclésiastiques ; quant aux marchands, ils jouissent de l’exemption de la taxe sur la vente en détail des vins (billot)17 En contrepartie de ce traitement apparemment favorable, les gens d’Arzon et de Sarzeau doivent entretenir la muraille du « parc de Quelescouet » (aujourd’hui Cliscouët), et les marchands celle du « Petit-Parc » de Suscinio. De plus, outre les redevances associées au statut de convenant, les tenanciers du duc sont également contraints de contribuer à la « gerbe des murs », c’est-à-dire d’acquitter une gerbe de blé par an, dont le prix est affecté sous François II à l’entretien de la muraille du « Grand-Parc »18 Tout est donc fait pour tenter de maintenir en état une recette que son rapport classe au quatrième rang des domaines ducaux de Bretagne, après Nantes, Rennes et Fougères, soit en tête des châtellenies purement rurales, ce qui offre de réelles perspectives de profit aux officiers chargés de sa gestion19.
6L’essentiel des recettes (fig. 2), affermées pour la plupart, provient en effet des prélèvements, variables d’année en année, sur la production céréalière locale20. De 50 à 60 % des revenus domaniaux y trouvent leur origine, en y incluant le produit des fermes des moulins banaux21, ce qui fait de Rhuys un grenier à blé fort profitable pour le duc. Le domaine immuable, c’est-à-dire les rentes en deniers payables prioritairement à la Saint-Michel « Monte Gargane » (29 septembre), auxquelles s’ajoutent quelques versements symboliques ou folkloriques, compte pour 26 à 32 %22 Mis à part le vin – blanc, rouge, « claret » – des grandes pièces de vignes de Suscinio et de Banastère qui progressent au XVe siècle et dont le produit des baux au quart est vendu quand il ne sert pas à ravitailler les celliers du château23, les « taux » (amendes) infligés par la cour de justice24 et les ventes de bois, rares à la fin du siècle où s’impose la protection des espaces boisés de la presqu’île25, les autres revenus domaniaux sont fractionnés en fermes de montant souvent modeste, accessibles sans trop de risques aux petits spéculateurs locaux.
7Les principales de ces fermes concernent, dans un ordre décroissant d’importance : les droits de pâture et glandée dans les forêts et sur les friches ducales (90 à 110 livres par an pour le « grand pannage »), auxquels s’ajoutent la « poczon et petit pannage des porcs », la « poczon et glandee », parfois affermés ensemble, le « pannage de Penchastel en Arzon », l’ensemble variant de 7 à près de 50 livres ; les « maretz » ou salines de Suscinio (de 75 à 90 livres) ; les prés de la juridiction (Arzon, Gouzenteillo, Lennez, Failliz, Saezeau, pré du Roy), tantôt réunis dans une même ferme, tantôt séparés, le second procédé s’avérant beaucoup plus rentable (30 à 78 livres) ; les « ros » (joncs) des étangs domaniaux, affermés séparément ou globalement (étangs Bihan d’Arzon, étangs de Calsac, de Villeneuve, de Truscat, étangs Au Fauchours, Gueinnec ou Gaignec, Penhouet, Jocet, Kerredo ou Quaredec, Neuf, Marre, 20 livres environ pour l’ensemble) ; le « chauffaige de Reuys », soit 700 poules traditionnellement appréciées à six deniers chacune (17 livres) ; les sceaux et papiers (10 à 16 livres) ; le four et cohuage de Sarzeau (5 à 8 livres)26 Les autres fermes procurent des revenus symboliques mais contribuent à préciser l’étendue des droits du seigneur : passage de l’aber ou passage d’Arzon ; perrières d’Arzon ; miel et « avettes » ; avoines et « gelines » ; « ouaiseaux de ripviere » ; anguilles27. Leur rapport global est faible, tout comme celui des revenus casuels, en baisse au fil du temps28.
8Ce domaine précieux et profitable n’en est pas moins exposé à divers dangers et menaces qui en mettent la sauvegarde et le rapport en péril, et ce d’autant plus que le prince s’éloigne de son « isle » après 1460, quand François II tend à faire de Nantes et de la région nantaise son lieu de résidence privilégié. Ces périls, que soulignent les mandements et les règlements princiers, tout comme les remarques des officiers comptables ou les remontrances de la Chambre, concernent en priorité la pérennité des parcs ducaux dont les arbres et les friches excitent la convoitise de prédateurs multiples que n’arrêtent pas les murs construits dès le XIIIe siècle pour limiter les empiétements sur l’espace réservé29. Dans la seconde moitié du XVe siècle, les rapports faits au prince sur l’état des parcs ducaux sont accablants : le « parc de Bernon […] est tout ruyneux ainsi qu’il a esté rapporté au duc » ; « lesdits boays et forestz [de Rhuys] sont tres fort diminuez et degastez a l’occasion des usaiges desdites forestz » ; « sont lesdits boays comme destruitz, a la grant diminucion de la decoracion et entretenue d’icelle maison royalle et place et de toute la chose publicque30. »
9Plusieurs raisons à cette dégradation. On peut toujours incriminer la conjoncture désastreuse, la guerre d’indépendance et les destructions exceptionnelles qui l’accompagnent, mais le mal est à la fois plus ancien et plus profond31. La véritable explication se trouve plutôt dans les abus ordinaires, tellement habituels que personne ne paraît s’en soucier, dont se rendent quotidiennement coupables les résidants de la péninsule. Ils sont le fait des gardiens du temple eux-mêmes, les officiers de l’administration ducale, qui se servent en pierres sans payer dans les carrières d’Arzon, les fourniers de Sarzeau qui prennent du bois dans les forêts ducales sans le moindre contrôle, les meuniers qui laissent les moulins en « grande indigence de reparation » à l’issue de leur bail, les fermiers du « miel et des avettes » qui abattent des arbres « sous ombre » de leur ferme32, les forestiers qui abusent de leur charge à des fins privées33. Il y a aussi les habitants ou les riverains des parcs qui y coupent des arbres, y installent des clôtures clandestines pour accroître leurs biens ou y laissent divaguer leurs bêtes, imités par les éleveurs « forains » qui y mènent paître leurs troupeaux34.
10Mais le prince n’est pas exempt de toute responsabilité dans la dégradation de son domaine. Il accorde parfois sans discernement le droit d’exploiter la forêt « sans merc ne monstre », c’est-à-dire sans contrôle préalable de l’administration. L’abbaye de Saint-Gildas dispose d’un privilège de ce type justifié à la fois par des considérations pieuses et surtout par le souci des ducs de dédommager les religieux des pertes foncières que leur a causées la création des parcs autour du château de Suscinio35. Outre les fondations perpétuelles36 et les dons ponctuels assignés sur la châtellenie, inévitables car ils relèvent de la générosité politique dont les gouvernants de ce temps ne peuvent faire l’économie37, le duc n’hésite pas à créer, en faveur de ses gens, de véritables servitudes qui hypothèquent durablement la valeur du domaine38. Face au fait du prince, les gens des Comptes, gardiens traditionnels du Domaine, doivent s’incliner ou se contenter de mesures minimales ou conservatoires39. Le maître des lieux multiplie les dons de terres « frostes » et en particulier les « baules », terrains marécageux, en bordure de mer, propices à l’établissement de salines, qui constituent autant d’aliénations définitives de parcelles du domaine ducal ; concédées à foi et hommage, moyennant une redevance symbolique le plus souvent, elles contribuent à l’émergence de nouvelles seigneuries qui tendent à se développer aux dépens des terres domaniales40.
11Cette dernière initiative, inspirée par de nobles préoccupations puisqu’il s’agit dans l’esprit du pouvoir de stimuler l’activité économique de la péninsule en y mettant en valeur les terres incultes, montre toute la difficulté du maintien et de la gestion d’une immense réserve domaniale à une époque où le Domaine compte finalement pour peu de chose dans les finances de la principauté41. Face à la dégradation rampante qu’on observe à Rhuys, l’administration centrale ne reste pourtant pas sans réaction, et des mesures sont régulièrement prises pour tenter de l’enrayer. On s’efforce de limiter les effets pervers des privilèges ou des servitudes, en contraignant par exemple les religieux de Saint-Gildas à se soumettre au contrôle des officiers locaux, en dépit de la lettre même de leur fondation42, ou en restreignant l’importance des dons accordés par le duc, quitte à revenir sur des avantages acquis43. On s’oppose, au moins temporairement, aux usages dégradants des parcs et des forêts : les premiers sont interdits aux troupeaux, en particulier aux « bestes chevrines44 », et il arrive que l’on mette en défens les secondes en y prohibant toute coupe de bois pour une durée indéterminée45.
12D’autres dispositions attestent que le prince ne se contente pas de mesures défensives. Les comptes de P. Francheville et le « dial » du contrôleur (fig. 3) témoignent des efforts déployés pour remettre en état la châtellenie après la guerre d’indépendance : les bâtiments sont l’objet des attentions des agents du seigneur, le château bien sûr46, mais aussi la chapelle castrale, dédiée à saint Nicolas47, les moulins de Ludré et Sarzeau, les granges et les greniers de Suscinio et d’Arzon, le four à ban de Sarzeau, l’auditoire de la justice et le « cep »48 Les travaux de réparation, que mentionnent les comptes et dont on conserve parfois les devis, concernent encore les murs du Grand-Parc, les chaussées de l’étang de Truscat et des moulins de Ludré, les salines de Suscinio49. La présence quasi permanente des corps de métier sur les chantiers seigneuriaux explique qu’à Suscinio, comme ailleurs, pour la fête de la nuit et du jour de l’Assomption, le seigneur offre à ses ouvriers le mouton traditionnel et les « menestreulx50 ».
13De fait, pendant tout le siècle, le duc et son administration s’efforcent de maintenir en état le domaine et même d’en accroître la rentabilité. En 1467, une commission mixte, composée d’administrateurs locaux et de représentants de la Chambre des comptes, les auditeurs Pierre Le Bel et Gillet Kerboutier, est chargée de visiter le parc de Bernon et de vérifier si les mesures envisagées pour sa remise en état – enlèvement des bois morts, défrichement, labourage, ensemencement – peuvent être mises en œuvre par le conseil51. Périodiquement, les officiers locaux reçoivent l’ordre d’accenser les terres vides ou abandonnées que la crise des XIVe et XVe siècles a rendues plus nombreuses, et cette initiative s’avère on ne peut plus profitable52. Même si les concessions à des particuliers de friches et de terrains marécageux se sont à terme avérées préjudiciables, elles n’en procèdent pas moins d’une excellente intention, ouvertement affichée dans les lettres ducales : la pérennité du don est le plus souvent conditionnée par le respect de l’obligation de mise en culture du fonds dans un temps limité, pour accroître la valeur du domaine en particulier et pour le « bien de la chose publique » en général, le duc souhaitant « les choses frostes et inutilles de [son] pays faire valoir et aboenner et augmenter53 ». Mais comme il s’agit aussi de récompenser la fidélité et le zèle des proches, le contrôle a posteriori des concessions souffre d’un certain laisser-aller et les contrevenants parviennent même à obtenir les moratoires leur permettant de conserver la terre sans remplir leurs engagements54. À en croire les enquêteurs, les résidants de la presqu’île s’ingénient à accroître leur emprise foncière aux dépens de leur maître et « journellement […] sous ombre de quelques terres qu’ils disent tenir a feage et censie laissent pluseurs pieces de terre du domaine frostir et puis les veullent comprandre en leurs censies, les enclosent […], plantent vignes, font prés et pasturaulx55 », au grand préjudice de la directe ducale. Il en va de même des exploitants qui ont obtenu l’autorisation de labourer temporairement les parcs ; au lieu de rendre les terres « ensemencees en gland » au terme de leur bail, pour permettre le renouvellement de la forêt, ils les conservent sans même payer les champarts56. Les « réformations », accompagnées de la saisie des terres ainsi usurpées ou détenues sans titre patent et de leur nouvelle adjudication, n’aboutissent souvent qu’à régulariser une occupation indue57. Les rappels à l’ordre et la répétition des mêmes interdits visant à sauvegarder la propriété ducale en disent long sur la fugacité ou la relative efficacité des mesures prises. Elles limitent la déperdition d’un domaine qui conserve une flatteuse réputation à la fin du Moyen Âge58, mais n’empêchent pas les particuliers, notamment les officiers locaux, d’en partager les profits avec le prince.
LES OFFICIERS DU DOMAINE DE RHUYS
14Comme tout domaine ducal, celui de Rhuys dispose d’une équipe administrative complète – sénéchal, alloué, lieutenant, receveur ordinaire59, contrôleur, procureur, pourvus éventuellement de commis ou de lieutenants60 –, sans compter les auxiliaires dont les titres et sans doute les responsabilités n’ont pas tous la même fixité : sergents, forestiers, gardes des parcs ou « parquer », gardes des bois, des vignes, etc.61 Le château de Suscinio lui-même a ses propres responsables : capitaine, également rétribué pour la garde des jardins et du Petit-Parc, lieutenant, concierge, aussi chargé de la garde des granges62… Une des faiblesses de cette administration locale réside dans son manque d’indépendance par rapport à Vannes, chef-lieu de la baillie de Broérech, dont les officiers cumulent souvent leurs charges avec celles de Rhuys, comme c’est le cas pour le sénéchal et l’alloué63. Seuls les gens de finances – receveur et contrôleur –, et aussi le procureur fiscal qui doit veiller à la défense des intérêts du prince, sont toujours distincts, donc plus proches des réalités locales, bien que le contrôleur soit le plus souvent un homme de cour qui exerce sa fonction par l’intermédiaire d’un commis64. Ces cumuls, assortis d’une limitation des gages qui n’incite pas à l’excès de zèle, contribuent à expliquer le laisser-aller que nous avons entrevu dans la gestion de la châtellenie65.
15La liste de ceux qu’on appelle les receveurs « ordinaires », en charge du Domaine, pour les distinguer de leurs collègues du fisc (l’« Extraordinaire », c’est-à-dire le fouage et les impôts indirects), est assez bien connue depuis les années 1380, comme le montre le tableau 1. La première impression qui s’en dégage est celle d’une certaine instabilité, liée aux changements politiques, aux mouvements administratifs ou encore aux réformes de structure : trente et un exercices identifiés pour vingt-cinq individus en cent dix-huit ans, soit une durée moyenne de trois ans neuf mois (quatre ans huit mois par receveur66). Mais cette moyenne, comme toujours, ne reflète que partiellement la réalité. Dans la seconde moitié du XVe siècle, s’observe une nette tendance à la stabilisation de l’office, avec des exercices approchant ou dépassant les dix ans67 ; ensuite, pendant tout le siècle, existent des pratiques d’alternance, qui permettent à un officier de revenir plusieurs fois aux affaires, ce qui dénote de probables habitudes de partage des responsabilités et des profits entre les élites locales68. L’instabilité n’est donc qu’apparente.
Tableau 1 > Receveurs ordinaires du domaine ducal de Rhuys. Les chevauchements d’exercice peuvent s’expliquer par la confusion dans la source entre la date de nomination et celle de la prise effective de fonction. D’autres personnages avaient peut-être vocation à figurer sur cette liste : en février 1392 et en novembre 1393, au temps de J. du Boisdelasalle, Denis Baye, du pays de Guérande, est qualifié de « châtelain » de Rhuys (AD Loire-Atlantique, E 211/2), mais ce titre, généralement donné au receveur d’une châtellenie en Bretagne, désigne probablement ici le capitaine du château ; de même, au temps de J. Cardun, en 1446, Lucas Alanou est deux fois mentionné comme receveur, alors qu’il n’est peut-être que lieutenant de la recette, ce type de confusion des rôles n’étant pas rare dans les sources, AD Morbihan, 31 J 301/42 et 306/1. Enfin, sous P. Francheville, se produit un dédoublement de l’office : Étienne Prévostet, argentier du prince d’Orange, le détient à titre lucratif, le fermier le gérant effectivement, ibid., 93 J 3 et 12 ; l’exercice de Francheville est interrompu par la guerre, du 6 mai au 30 novembre 1491, le général des finances français Jean François de Cardonne nommant un nouveau receveur, Alain Jagoury, ibid., 93 J 3.
Receveur | Période d’exercice (Dates extrêmes connues) | Référence |
Jean Auffray | 1380 22 novembre 1386 15 juillet | Jones M., Recueil des actes de Jean IV, no 351 |
Jean de Rhuys | 1389 7 novembre | Ibid., B 4295, f° 208 |
Jean du Boisdelasalle | 1392 11 juin | Ibid. |
Perrot Le Charpentier | 1395 | Renaudin Yves, Les Domaines des ducs de Bretagne, leur administration du XIIIe au XVe siècle, thèse dactylographiée, École nationale des chartes, Paris, 1957. |
Jean Auffray | 1395 25 mai | AD Loire-Atlantique, E 89, no 10 |
Nicolas Laisné | 1401 17 mars | Ibid. |
Eon de Tréal | 1404 19 février | Ibid. |
Geffroy Torte | 1405 12 avril | Ibid. |
Alain Macéot | 1406 11 septembre | Ibid. |
Michel Durand | 1412 | Ibid., f° 209 |
Alain Macéot | 1416 18 janvier | Ibid. |
Jean Denaix | 1416 7 septembre | Ibid. |
Alain Macéot | 1418 23 mars | Ibid. |
Jean Denaix | 1419 27 septembre | Ibid. |
Pierre/Perrot Macé | 1424 15 avril | Ibid., |
Roland de Rosnarhou | 1431 29 juin | Ibid. |
Jean Cardun | 1435 | Ibid., |
Jean Gonaizon | 1441 1er août | Ibid. |
Jean Cardun | 1442 1er septembre | Ibid., f° 210v° |
Jacquet de Muzillac | 1450 31 juillet | Ibid., f° 210 v° |
Alain de Lescaroux | 1454 28 avril | Ibid. Ibid. |
Pierre Méhaud | 1455 7 décembre | Ibid., f° 211 |
Jamet Salmon | 1457 16 mai | Ibid. |
Jean Tubouc | 1458 1er avril | Ibid., f° 211 v° |
Jamet Salmon | 1459 13 janvier | Ibid. |
Jean Riou | 1459 2 octobre | Ibid. |
Jamet Salmon | 1460 26 juin | Ibid. |
Vincent de La Landelle | 1462 20 avril | Ibid., f° 212 |
Guillaume Houdry | 1473 25 octobre | Ibid., B 7, f° 142v° |
Guillaume Juzel | 1485 1er décembre | Ibid., B 10, f° 23 |
Charles Le Bozec | 1488 30 novembre | et f° 209 |
Pierre Francheville | 1488 1er décembre | AD Doubs, E 1215 |
16Identifier ces hommes n’est pas toujours chose simple. De certains nous ne savons que le nom, parfois probablement déformé par les sources tardives qui l’ont transmis, tels Laesné, Torte, Denaix, Gonaizon69. Mais la plupart appartiennent à des familles assez bien connues. Leur profil de carrière évolue sensiblement au cours du siècle et demi où nous les observons70. Avant 1450, sauf exception, on ne trouve pas d’autre charge de finances aux receveurs de Rhuys ; autant dire que l’office proprement dit ne représente qu’un moment de leur existence, précieux pour leur enrichissement ou leur notoriété locale, mais que leur vie professionnelle est ailleurs, sans que l’on puisse en savoir davantage71. Ensuite, vers le milieu du siècle, la professionnalisation s’accentue : apparaissent à Sarzeau des hommes connus pour leur engagement au service des finances ducales. Certains sont des gestionnaires domaniaux, comme Jacquet de Muzillac et Jean Riou, anciens receveurs ordinaires des châtellenies de Muzillac et de l’Isle, le second ayant aussi géré le domaine de Guérande, et Jean Tubouc, receveur de Quimperlé et Carnoët72. Au temps de François II, et même un peu avant dans le cas de Jean Cardun, les carrières s’allongent. Après quinze ans à Muzillac (1447-1462), Vincent de La Landelle s’installe pour onze années à Rhuys, une longévité qui lui permet de diversifier ses activités et ses sources de profit en spéculant sur les fermes générales du diocèse de Vannes et celles de certains seigneurs d’église73. Avec Guillaume Houdry, Charles Le Bozec et même Pierre Francheville, triomphent les commis de l’administration centrale, hommes de finances et d’affaires habitués à la manipulation des deniers du Domaine aussi bien que du fisc (fouage, emprunts, fermes générales). Il faut dire que depuis 1485 la recette de Rhuys, comme toutes ses homologues de Bretagne, est passée du régime de la régie à celui de la ferme, ce qui stimule la compétition entre les hommes d’argent74. Le plus célèbre des fermiers de Rhuys est incontestablement Guillaume Juzel, qui gravite dans les hautes sphères de l’administration financière bretonne : habitué des fermes fiscales (billot de Hennebont, dès 1464, ports et havres de l’évêché de Nantes, impôt des vins des diocèses de Nantes en 1477-1478, et de Rennes en 1479-1480) et domaniales (prévôté de Nantes, recettes de Guérande et Ingrandes de 1471 à 1474, de Guingamp et Rhuys de 1485 à 1488), il est aussi argentier de la duchesse Marguerite (depuis 1477 au moins et jusqu’en 1486) et de la duchesse douairière Ysabeau (1487), gestionnaire des deniers des princesses Anne et Ysabeau (1483) ; à deux reprises, en 1487 et en 1488-1489, il accède à la trésorerie et recette générale de Bretagne, sommet de l’administration comptable dans le duché ; seules les circonstances politiques l’ont empêché de terminer sa carrière comme « second président et premier auditeur » à la Chambre des comptes où François II l’a déjà fait entrer en 1486, mais où il ne peut finalement siéger faute de fauteuil vacant75.
17On relève donc de grandes différences d’envergure et de niveau entre les gestionnaires financiers du domaine de Rhuys, reflet de la montée du capitalisme en Bretagne comme ailleurs et du triomphe de la haute finance dans la gestion des domaines de la Couronne. Mais quels qu’ils soient, ces hommes ne doivent pas leur place au hasard et ils peuvent produire des titres ou des recommandations qui ont facilité leur recrutement.
18Plusieurs appartiennent à des familles habituées à servir le prince, dans l’administration financière ou ailleurs, comme les Le Charpentier, Du Boisdelasalle, Tréal, Salmon, La Landelle, Lescaroux, Le Bozec, et la présence du duc dans le Vannetais dont ils sont originaires les favorise76. D’autres peuvent invoquer de hauts patronages, celui des duchesses Marguerite ou Ysabeau, du sire de Rieux ou du prince d’Orange, dont ils sont les vassaux ou simplement les serviteurs77. D’autres encore se recommandent des fonctionnaires centraux dont ils sont les agents, comme les receveurs et fermiers déjà cités de la fin du siècle. Enfin, les relations familiales jouent dans la dévolution de l’office : les Du Boisdelasalle sont apparentés aux Macé, proches des Méhaud, et aux Tréal, eux-mêmes parents des Lescaroux ; Jean Cardun, également parent des Du Boisdelasalle, est lié aux Le Charpentier, Salmon, La Landelle78. Sans parler d’hérédité de l’office pour ce temps, on ne saurait écarter la volonté de tout mettre en œuvre pour le conserver dans le lignage ou dans la parenté élargie, première étape de sa patrimonialisation. Ces hommes, qui se connaissent bien, ont en outre l’habitude de travailler ensemble : Cardun a été fermier de Pierre Macé et il prend comme lieutenant Jean du Boisdelasalle, gendre du même Macé79.
19Enfin l’argent ne saurait être étranger à l’entrée dans l’office, puisque l’homme de finances doit être suffisamment « puissant » pour offrir les garanties nécessaires à son seigneur. Les pratiques rampantes d’une vénalité des charges, qui n’ose pas encore s’afficher ouvertement, sont courantes. C’est vrai pour le temps de l’affermage de la recette, quand Francheville, déjà créancier du prince au terme de sa recette du fouage de l’évêché de Vannes en 1487, doit avancer 1 000 livres au prince d’Orange pour obtenir son poste, mais bien avant également : le fait que Jean Cardun, associé à son gendre Laurent Droillart, sur le destin desquels nous revenons plus longuement ci-dessous, soit parvenu à solder le déficit comptable de son prédécesseur Pierre Macé – 700 livres tout de même – a certainement contribué à le faire prendre en considération par le duc80. On comprend donc comment la recette de Rhuys, avant l’arrivée des grands financiers de la fin du siècle, a pu être conservée dans un milieu relativement étroit.
20Ces hommes se recrutent en effet dans un espace géographique plutôt étriqué. Ils sont majoritairement originaires du pays de Rhuys même ou installés à demeure dans la péninsule81. D’autres viennent de Vannes ou des domaines ducaux satellites du chef-lieu du Broérech, Auray, Muzillac ou encore, sans sortir de la baillie, de celui d’Hennebont-Nostang82. Seul Houdry arrive de « loin », en l’occurrence du pays de Vitré, exception qui s’explique par le fait qu’il s’agit d’un collaborateur d’un Vitréen célèbre, le trésorier et receveur général de Bretagne Pierre Landais83. Quant à Francheville, le seul « étranger » de la recette, arrivé d’Écosse dans la suite de la duchesse Ysabeau au début des années 1440, il fait figure d’homme du cru après plus de quarante années passées à Vannes et à Sarzeau où il s’est finalement implanté84.
21À la cohérence géographique du milieu où se recrutent les receveurs répond celle de leurs origines sociales. La plupart de ceux que nous pouvons identifier appartiennent à une petite noblesse dont le blason a besoin des profits de l’office pour conserver son éclat, fait assez habituel dans l’administration domaniale bretonne85. Les non-nobles sont plutôt rares, tels les Durand, marchands de Vannes, ou les Macé, auxquels seul l’exercice de l’office permet d’éviter de payer le fouage86 ; il en va de même probablement de certains fermiers de la fin du siècle comme Charles Le Bozec ou même Pierre Francheville, dont la famille ne prétend pas encore à la particule et qui peine à démontrer l’origine aristocratique de ses ancêtres, d’autant que ses coparoissiens de Sarzeau dénoncent ses activités de marchand de vin87. À l’inverse, quelques receveurs appartiennent à des familles de noblesse reconnue depuis plusieurs générations comme les Du Boisdelasalle, Muzillac, Rosnarho, La Landelle, Tréal ou Juzel. Mais ce sont généralement des cadets, exclus de l’héritage familial et privés du titre seigneurial éponyme88.
22En fait, ils ne diffèrent guère de leurs collègues à la noblesse douteuse ou fraîchement acquise de fait, par la renommée ou le consensus social, ou de droit, par l’anoblissement89. Les enquêtes fiscales de 1427 témoignent de leurs difficultés à faire reconnaître leur rang privilégié : plus d’un « se dit noble », mais doit se battre en justice pour échapper à l’impôt ou encore faire pression sur ses concitoyens et arguer de son statut d’officier pour obtenir satisfaction90. Lorsqu’il est possible de le mesurer, grâce aux montres de gens d’armes des années 1460-1480 notamment, leur niveau de noblesse est généralement médiocre et se mesure le plus souvent en dizaines de livres de rente seulement91. Certains rechignent même à comparaître en armes, d’autres se présentent avec des équipements incomplets qui traduisent leur peu de goût pour les choses militaires et leur valent de se faire sèchement rappeler à l’ordre92.
23Dans ces conditions, le service du prince, et en particulier la gestion du Domaine, représente une source de revenus indispensable au maintien d’un rang insuffisamment justifié par les rentes nobles et compromis parfois par les activités marchandes ou spéculatives parallèles, qui assurent le maintien de leur crédit. Les gages comptent pourtant assez peu dans l’accumulation de la richesse : un receveur de Rhuys ne touche que 20 livres par an, somme modeste, bien qu’elle soit souvent supérieure à celle des seuls revenus nobles de l’officier. S’y ajoutent les « profits accoustumés » de l’office, impossibles à chiffrer, et surtout les perspectives d’enrichissement multiples offertes à ceux qui savent s’ouvrir la porte du prince pour obtenir des cumuls de charges, des cadeaux en espèces ou en nature, pour avoir accès à l’information et aux circuits de distribution de la cour, pour profiter des opportunités qu’offre la préemption des terres mises en adjudication93.
24Parce qu’il enrichit, l’office de finances réserve nécessairement des possibilités de promotion sociale. Certains officiers les saisissent mieux que d’autres, même s’il n’est pas souvent possible d’en suivre les étapes94. Tous n’y parviennent pas, le hasard biologique en décide parfois autrement et les échecs existent aussi95, mais la réussite des plus habiles peut se mesurer à la destinée des lignages qui abandonnent alors les fonctions de recette, assez peu respectables, pour des charges judiciaires, militaires ou ecclésiastiques plus honorables, ou encore pour la vie de rentier du sol96. Dès qu’ils le peuvent, ils investissent en effet les bénéfices de l’office dans l’immobilier, acquièrent des immeubles en ville ou des terres privilégiées sur lesquelles ils bâtissent les demeures sortant de l’ordinaire qui proclament et assoient leur réussite sociale. Le rentier de 1510 (fig. 4) permet de mesurer l’emprise des familles d’officiers, gens de finances et autres – Droillart, Le Charpentier, Macé, Francheville, Du Boisdelasalle, Cadoret (dont Jean, lieutenant de Rhuys en 1470), Sébille, Maubec (dont Jean, procureur de Rhuys en 1479-1488, alloué en 1496-1498), Salmon, Le Bozec – sur le domaine ducal97. Quant aux manoirs qui s’élèvent au XVe et au début du XVIe siècle dans la presqu’île de Rhuys, ils peuvent être, pour partie d’entre eux, attribués sinon aux officiers qui accumulent la fortune, du moins à leurs héritiers directs : il en est ainsi de Calsac, aux Macéot puis aux Du Quirissec, alliés aux Cardun-Droillart, de Lannoédic (aujourd’hui Lan Hoédic), aux Du Boisdelasalle, de La Ville-Jégu, aux Macé puis aux Francheville, de Truscat, à ces derniers, de Caden aux La Landelle, enfin de Kerlen (auj. Kerlin), Kerhart (auj. Kerhars) et Lenden (auj. Lindin), aux Cardun-Droillart98.
25Pour pousser plus loin l’analyse de ce processus de promotion, en passant du général au particulier, du groupe socio-professionnel au groupe familial, il suffit de prendre l’exemple d’un lignage d’officiers remarquablement documenté, celui des Cardun-Droillart.
UN MODÈLE DE RÉUSSITE PROFESSIONNELLE ET SOCIALE : LES CARDUN-DROILLART
26Le fait même qu’il ait été possible de renseigner sur cinq générations un tableau généalogique (tableau 2) donne une première idée de l’apport du fonds de Kerlevenan à la connaissance d’un lignage qui fonde largement sa réussite sur le maniement des deniers ducaux. En dépit de cette « abondance », les origines de la famille sont obscures. Rien de sûr du côté des Droillart avant Laurent, le véritable bâtisseur de la réussite familiale. Les indices qui les situent dans le pays nantais ou encore dans la région de Carnac et Ploéren sont trop minces pour être retenus et les informations données par les généalogistes manquent de références précises99. C’est à peine mieux pour les Cardun, dont l’histoire familiale commence avec les parents du receveur de Rhuys, Olivier Cardun et Marion Vitré. L’origine du père n’est pas établie, mais la mère est noble, fille de Guillaume Vitré et de Jouhannette Lodic, fille de Sylvestre100 ; en 1403, elle apporte à son époux, qui vient d’acheter la « maison de la Fontaine » dans le bourg, des terres à Sarzeau, probablement le domaine de Lenden101. La rencontre entre les deux familles se fait – en 1434 (?) – avec l’union de Jeanne, seule fille et héritière de Jean Cardun, fils aîné d’Olivier, et de Laurent Droillart102, et l’on suit leur descendance pendant plus d’un siècle et demi, sans solution de continuité, jusqu’à l’extinction du nom103.
27La gestion des offices de finances n’est qu’un élément d’explication de la réussite du lignage, mais elle est certainement fondamentale. Elle provoque peut-être la rencontre des futurs époux, Jean Cardun s’étant intéressé précocement à la gestion du domaine de Rhuys, à une époque où Laurent Droillart commençait à fréquenter le milieu de l’administration centrale des finances. Mais leur destin est bien différent. À la relative discrétion de Cardun, dont toute la carrière s’inscrit dans le cadre de la châtellenie, comme fermier au temps du receveur Pierre Macé d’abord (1424-1431), comme receveur titulaire ensuite, pendant près d’une quinzaine d’années au total, un record à Rhuys pour le XVe siècle (voir supra tableau 1), s’oppose la brillante réussite professionnelle de son gendre104.
28Disposant de fonds dont on ignore les origines, il se met au service des officiers centraux du duché que le fréquent séjour des ducs à Vannes appelle souvent dans le secteur. Dans les années 1440, il est commis des trésoriers des gages Guillaume Chauvin (1447) puis Henry Tromelin (1448) ; Chauvin le reprend à son service quand il est promu à la trésorerie générale de Bretagne (1449), puis à celle des guerres (1450), ce qui lui vaut de remplir l’exercice fructueux de receveur du fouage dans le diocèse de Cornouaille et de lever l’aide des villes exemptes (1448-1449). Pour maintenir son crédit, il spécule sur l’importante ferme de la prévôté de Nantes (1450-1451), et son zèle est récompensé, en 1452 au plus tard, par un office de secrétaire ducal, qui lui ouvre la porte de la chancellerie. La protection de Chauvin, promu premier président de la Chambre des comptes par Pierre II en 1450, a pu se révéler déterminante dans l’accès de Laurent à la haute cour : clerc des comptes en 1454, auditeur l’année suivante, il travaille en 1455 à la rédaction du livre-rentier de la ville de Vannes. Le changement de présidence et de règne en 1457, puis l’arrivée au pouvoir de François II l’éloignent peut-être de la Chambre, sinon on ne sait comment il parvient à concilier ses fonctions de contrôleur et celles de comptable et commis de finances avec lesquelles il renoue dans les années 1460 : recette de l’aide des villes (1462), commis d’Olivier Baud, trésorier des guerres (1466), pour lequel il lève les deniers de la « croisee » (croisade) en l’évêché de Cornouaille, puis de Guillaume Chauvin, trésorier intérimaire de l’épargne, son mentor en quelque sorte (1469-1472)105 Peut-être revenu à la Chambre, il participe à l’audition des comptes de Nantes (1471, 1473) et de Rennes (1480), ce qui ne l’empêche pas d’appartenir aussi à la chambre des comptes du maréchal de Rieux (depuis 1472), dont il est vassal et qu’il sert encore en juin 1480, un an avant sa mort106.
29Le flambeau des offices est repris par son fils aîné Jean, clerc des Comptes en 1485, auditeur en 1505, après avoir été victime comme plusieurs de ses collègues d’un long blocage de carrière. Il conserve jusqu’à sa mort (1524) cette charge qu’il cumule, au moins depuis 1496, avec celle de procureur de Rhuys, manière de conserver un lien administratif avec son terroir d’origine107 ; en dehors de lui, seul son frère cadet Vincent continue de se mêler de fonctions comptables108.
30Trois générations d’officiers de finances, exercés jusqu’au plus haut niveau de l’administration – les commissions centrales et la Chambre des comptes – ont largement contribué à asseoir la fortune familiale. À la génération suivante, les descendants de Jean Cardun et de Laurent Droillart se tournent vers d’autres horizons : l’héritier principal, Guillaume Droillart, se contente de la fonction temporaire mais respectable de lieutenant de la garde-côte dans le diocèse de Vannes109 ; les cadets, on le verra par la suite, optent pour des carrières d’Église.
31La réussite professionnelle s’accompagne d’une montée en puissance de la famille qui s’implante solidement dans la presqu’île de Rhuys. Cette ascension s’opère en trois étapes. C’est d’abord le temps de l’accumulation de la fortune, celui de Jean Cardun et Laurent Droillart, très largement dépendants de leurs offices ; l’union du beau-père et du gendre permet au premier de s’emparer de la recette ordinaire après avoir soldé le passif de Perrot Macé. L’apport de Laurent est peut-être essentiel, comme semble l’indiquer le règlement de la succession de Cardun, mort débiteur à l’égard de son gendre, mais celui de l’épouse n’est sans doute pas négligeable et lui permet de jouer un rôle actif pendant toute la vie de son mari aux contrats duquel elle est souvent associée110. Vient ensuite le temps de la consolidation, celui de Jean Droillart, toujours dépendant de l’office, mais sans fonctions comptables. On passe enfin au temps de la jouissance ou de la consommation, celui où Guillaume Droillart, héritier principal de la fortune, peut vivre en seigneur et prendre le risque de compter sur ses rentes seules, en se passant de l’argent des offices qui a fait la fortune de ses prédécesseurs. La famille est alors devenue l’une des plus puissantes de la péninsule de Rhuys.
32Pour en arriver là, elle a mené un patient et méthodique travail de conquête et de rassemblement des terres, dont les archives de Kerlevenan permettent de reconstituer les moyens et la progression. Elle s’appuie d’abord sur une habile politique d’unions matrimoniales, observable dès les origines : c’est d’abord le mariage d’Olivier Cardun et de Marion Vitré qui apporte au couple les premiers biens fonciers connus de la famille, des terres, maisons et terrains à bâtir dans plusieurs villages de Sarzeau111 ; l’alliance de Jeanne Cardun et de Laurent Droillart permet à l’époux, dont on ignore tout à ce moment de la fortune personnelle, de recueillir la totalité de la succession des Cardun ; enfin, l’union de Jean Droillart et de Marguerite du Quirissec prélude à terme au rattachement du domaine et manoir de Calsac aux biens des Droillart112. D’autres héritages viennent arrondir le patrimoine : Jeanne Cardun recueille ainsi les biens de son oncle, le prêtre Olivier Cardun, et une partie de ceux des Salmon, famille de sa mère113.
33Aux dots et héritages s’ajoutent les dons et les faveurs que le prince réserve à ses « bien amez et feaux » officiers, compensation aux gages trop peu élevés. Ils se traduisent en espèces sonnantes, cadeaux ou dédommagements divers114, en concessions de terres115 ou encore en cadeaux fiscaux telles les dispenses ou modérations de taxes – lods et ventes, rachat –, et ce malgré l’opposition des gens de la Chambre des comptes qui dénoncent les effets néfastes pour le Domaine de pareilles faveurs116. Il en est ainsi de la cession en 1449, contre une rente symbolique, de la terre de Botengrennec, à l’est du grand parc de Bernon, première pierre de la future seigneurie de Kerlen ; elle soulève de telles difficultés que le donataire doit en abandonner une partie et accepter une augmentation de la rente due à la seigneurie117. S’ajoutent également des privilèges honorifiques ou judiciaires et autres priorités qui amplifient la fortune en même temps qu’ils renforcent la position sociale des bénéficiaires118.
34Enfin, il y a l’art d’exploiter les opportunités, en particulier les difficultés financières des voisins, des collaborateurs ou des collègues pour se faire valoir auprès du duc et s’emparer de nouveaux héritages. Jean Cardun solde les dettes de ses collaborateurs ou de ses sous-fermiers en prenant une option sur leurs biens119, et Jean Droillart contraint Alain Le Turmer, collecteur de taxes, à lui céder une maison et un pré en échange des 100 livres qu’il lui doit120. Le plus bel exemple de cette attitude, qui traduit une absence totale d’état d’âme face aux problèmes ou à l’incurie des autres, réside dans le règlement de la succession du receveur Perrot Macé, déjà évoqué, mort redevable de 700 livres au duc, déficit acquitté par Jean Cardun et Laurent Droillart : dans la vingtaine d’années suivant la sortie de charge de Perrot (1431), au terme d’un long combat judiciaire qui entraîne les parties jusqu’au parlement de Paris – sans succès pour les Macé –, ses créanciers finissent par mettre la main, non seulement sur la recette ordinaire, mais sur la quasi-totalité de ses biens et de ceux de ses héritiers, incapables de rembourser autrement qu’en cédant des rentes et des terres121.
35Les remarques qui précèdent témoignent d’une capacité du lignage à mobiliser des fonds importants que l’accès à l’administration et à la personne du prince ne fait que démultiplier. Car la fortune ne vient certainement pas seulement de l’office et de ses dérivés, l’enrichissement préalable étant indispensable à l’entrée dans le monde des manieurs d’argent de l’État. Faute d’informations documentaires précises, en particulier en l’absence de journaux ou de comptabilités privées, il est difficile de se faire une idée des « affaires » qui ont permis la première accumulation du capital. Tout juste sait-on que, à l’instar d’autres officiers de Rhuys, les Cardun-Droillart ne renoncent jamais complètement à tirer profit des activités commerciales, voire bancaires, que l’accroissement de leur patrimoine permet de développer : ils vendent du vin, du sel, des chevaux qu’ils se font parfois payer en rentes constituées ou même en biens fonciers, quand l’acheteur manque de liquidités122 ; ils achètent des créances123. Ces pratiques demeurent cependant modestes et restent dans les limites tolérées par la coutume qui permet à un noble de vendre la production de ses terres sans pour autant être accusé de « marchander » ni tomber dans la dérogeance. Il y a là une nette différence avec le comportement d’un Pierre Francheville, dont le statut nobiliaire est remis en cause par ses voisins de Sarzeau bien au fait de ses activités marchandes124 ; mais il est vrai que ce dernier, à la différence des Droillart, n’est qu’à la première génération de la fortune.
36Quelle que soit l’origine de l’argent, il est employé de façon judicieuse, générant un phénomène d’accumulation de la richesse qui apparaît en pleine lumière au début du XVIe siècle. Principal procédé utilisé à cette fin, l’achat de rentes constituées, plus discret et plus « respectable » que le prêt sur gages auquel on recourt aussi parfois125. La méthode est simple et bien connue : le bailleur de fonds avance au demandeur un capital – de quelques livres à quelques dizaines de livres dans la plupart des cas observables – en échange duquel le preneur s’engage à payer une rente à perpétuité. Le profit du placement est modeste – en général 5 %, parfois davantage dans le cas de rentes en céréales ou en vin, dont la valeur s’élève avec le temps et peut même connaître de fortes hausses certaines années126 –, la rente est rachetable par remboursement du capital au terme de trois à neuf ans la plupart du temps, mais personne n’est dupe : rares sont les débiteurs capables de rembourser un capital qui leur sert souvent à acquitter des dettes ou à payer des fournisseurs, en l’occurrence les bailleurs eux-mêmes127. Comme le paiement de la rente est assis sur un bien immobilier, maison, terre, saline, il suffit de laisser s’accumuler les arriérés, parfois pendant des années, voire des dizaines d’années, volontairement ou non, pour contraindre le débiteur, le dos au mur, à céder au bout du compte le bien qui sert de caution. Les seuls contrats de ce type conservés dans les archives des Cardun-Droillart – une quarantaine au total – montrent que des sommes importantes sont ainsi investies : 270 livres pour Jean Cardun, 308 pour Laurent Droillart et 60 pour son épouse agissant seule, 530 pour Jean Droillart et jusqu’à 2 022 livres pour maître Guillaume Droillart, second fils de Jean, qui tire parti des difficultés de son frère aîné. Et encore ces documents conservés ne représentent-ils qu’une partie des transactions réellement opérées puisqu’un acte de François II, enregistré le 1er mai 1473, en mentionne plusieurs autres qui ne se retrouvent pas en original et représentent à eux seuls 135 livres d’investissement supplémentaire128.
37Parallèlement à cette démarche, les Cardun-Droillart développent, chaque fois que l’occasion s’en présente, une politique systématique d’acquisitions de biens immobiliers. Dès le temps d’Olivier Cardun, au début du XVe siècle, et jusqu’au milieu du suivant, maisons et terrains à bâtir, courtils et jardins, labours et terres en friche, vignes, prés, salines et marais, parts de récolte, que viennent arrondir les saisies pour rentes impayées, s’accumulent entre leurs mains129. Rentes constituées et achats immobiliers, le plus souvent de modeste ou même très modeste importance, permettent à la famille de procéder au fil du siècle, parcelle après parcelle, clos après clos, pâture après pâture, œillet après œillet, à un véritable « mitage » du domaine de Rhuys, même s’ils tendent à se concentrer dans les lieux économiquement les plus rentables. Toutes les possessions ne sont pas faciles à localiser, compte tenu des habitudes de repérage utilisées dans les contrats qui privilégient les voies de circulation majeures, les bâtiments remarquables et plus souvent les confins, en l’occurrence les terres des voisins, voire les éléments paysagers130. Néanmoins il est patent que, outre le bourg où ils ont pignon sur rue, ils recherchent particulièrement la zone côtière de la frairie de Duer, au bord du golfe du Morbihan, ainsi que la côte méridionale de la presqu’île, de Saint-Jacques à l’étang de Calsac, à Landrezac et à Banastère, c’est-à-dire non loin de Suscinio, sites propices à l’aménagement de marais salants ; ils affectionnent aussi les environs du moulin à vent ducal et les terres à blé à l’ouest du bourg. Ils s’installent en fait un peu partout, à Bernon, Brillac, au Tour-du-Parc, à Saint-Colombier, privilégiant les terres nobles quand ils le peuvent, mais pas seulement elles à en juger par le minu du rachat de Jean Cardun en 1461 et le règlement de la succession de Laurent Droillart131. Leur appétit ne se limite pas à la presqu’île, mais leurs investissements demeurent assez timides en général au-delà du domaine ducal : on les trouve installés dans les juridictions de Vannes (Vannes et Surzur), d’Auray et de Muzillac, dans les domaines de Rieux, à Saint-Marcel et Questembert. À la fin du siècle, ils sont également propriétaires à Nantes132.
38Ce que l’on entrevoit de la gestion de leur patrimoine, aux trois premières générations, traduit un souci de rationalisation des achats, mais aussi une attention constante à la défense de leurs droits133, une volonté permanente d’accroître les profits sans s’encombrer d’états d’âme ni de scrupules. Ils pratiquent une habile politique d’échanges pour renforcer leur emprise foncière dans le bourg de Sarzeau ou concentrer leurs rentes et leurs terres autour des sites susceptibles de servir de base à l’érection de futures seigneuries, dans les lieux-dits Kerlen, à l’ouest du bourg de Sarzeau, et Kerhart, au nord-est, non loin des marais de Duer134. Ils libèrent leurs biens des rentes dues à des tiers ou négocient pour réduire les prélèvements opérés par les seigneurs d’Église135. La mise en valeur des terres elles-mêmes ne présente pas de grande originalité ; ils recourent aux baux à « convenant viager au survivant des preneurs », à ferme, à cens, à « feage » ou encore à domaine congéable, ce qui permet d’ajuster périodiquement les loyers quand le besoin s’en fait sentir136. Mais leur état d’esprit et leur comportement vis-à-vis de leurs partenaires ou de leurs locataires dénotent une âpreté et une raideur caractéristiques des parvenus de la fortune. Les contrats précisent fermement les obligations et les limites de la liberté de leurs dépendants, et chaque fois que leurs intérêts sont menacés, ils se pourvoient en justice, utilisant les services d’avocats d’autant plus dévoués qu’ils appartiennent comme eux à l’administration domaniale ou même à leur parentèle137. Négociateurs sans scrupule, ils ne sont pas avares de promesses orales pour parvenir à leurs fins, mais ne reconnaissent de valeur qu’à l’écrit quand surviennent des problèmes ou quand les choses les arrangent138. Alors qu’ils ne se soucient pas toujours de payer les rentes pesant sur leurs propres terres139, ils savent exiger le paiement immédiat d’une dette arrivée à terme ou mettre fin plus ou moins brutalement à l’accumulation des arrérages140. Congédier un domanier, en contestant au besoin l’obligation contractuelle de rembourser les édifices et les superfices, ou faire saisir les biens d’un fermier ne leur pose apparemment pas de problème, quelle que soit la situation de l’exploitant brutalement privé d’une tenure possédée depuis des lustres, sous prétexte qu’il est trop âgé pour maintenir en état l’exploitation ou tout simplement parce qu’ils « disent n’avoir plus agreable » qu’il en conserve la jouissance141. Pour atteindre leur but, il leur arrive même de recourir à des subterfuges juridiques, à la limite de la légalité, comme Jean Droillart qui s’accorde avec Guillaume de La Landelle pour conclure un bail de ferme fictif destiné à dissuader d’éventuels concurrents de lui disputer le domaine de Kermartin et ses salines, à « Porzcazdre », au Grand-Parc de Suscinio142. Ces comportements violents ou cyniques n’excluent pas des transactions, que les archives conservent en grand nombre, tantôt pour obtenir la régularisation de contrats anciens et parfois douteux et se faire payer leur dû, quitte à réduire la dette contestée, tantôt pour tenir compte de la situation précaire des personnes mises en péril par les procédures, preuve que l’arrogance du riche n’étouffe pas forcément tout sentiment d’humanité143.
39Cette politique d’enracinement dans la presqu’île aboutit à ses fins. Dès le dernier tiers du XVe siècle, les Droillart ont obtenu la consécration sociale recherchée. Leur promotion n’est pas douteuse, ils figurent aux tout premiers rangs de la société locale.
40Ils ont les titres, qui apparaissent à la génération de Laurent Droillart. Le statut privilégié de leurs terres, reconnu par le duc puis le roi qui reçoit leurs aveux et à qui ils payent le devoir de rachat à chaque succession, leur permet de s’intituler seigneur de Béhellec (Laurent), de Kerlen et de Calsac (Jean), de Kerlen, Calsac, Lenden, Lambray et autres lieux (Guillaume l’aîné), de Kerhart et de Kerhouarin (Guillaume le cadet). Ils se disent « noble homme », « écuyer » (Jean, Guillaume), ils comparaissent aux montres de la noblesse, en équipement de gens d’armes accompagnés de plusieurs chevaux144. Leurs épouses et leurs filles sont appelées « dames » ou « damoiselles » : Jeanne Cardun est dame de Béhellec, comme sa petite-fille Jeanne ; Perrine Droillart, fille de Laurent, dame du Bot145 ; Jeanne, fille de Guillaume, devient dame de Kerlen à la mort de son père et dame de Kerhart quand elle hérite de son oncle l’archidiacre, titres auxquels elle ajoute ceux de douairière de Bovrel, à la mort de son premier époux, et de dame de Cardelan, lorsqu’elle se remarie à Jean de Cardelan146 ; Perrine, sa sœur, devient dame de Montigny, alors que la cadette Jeanne, moins bien pourvue, se contente du titre de « jouveigneure » de Kerlen147. Il est loin le temps où Jean Cardun devait prouver sa noblesse et batailler avec les frairiens de Coeterscouffle pour faire reconnaître l’exemption fiscale de ses métayers de Lenden148. À ces titres seigneuriaux s’ajoutent, à partir de la troisième génération, les qualificatifs révélateurs d’un niveau intellectuel supérieur, voire d’une formation universitaire : « sage et pourveü » Jean Droillart porte le titre de « maître », comme ses fils cadets Guillaume et Guy149.
41Ils ont les privilèges concédés par les ducs, comme celui de moudre prioritairement leur blé aux moulins domaniaux de Rhuys ou encore d’avoir un colombier (fig. 5) sur leur domaine principal de Kerlen150. Ils ont des droits honorifiques et des prééminences dans l’église de Sarzeau où, depuis le temps de Laurent Droillart, ils possèdent une chapelle, moyennant 30 sous de rente annuelle à la fabrique151, et où Jeanne, son arrière-petite-fille, fonde un obit annuel pour le repos de l’âme de son oncle Guillaume dont elle vient d’hériter et qui a souhaité que son cœur, amené de Nantes dans un reliquaire de plomb, y soit déposé152.
42Ils ont assuré l’avenir de leurs enfants, garçons et filles, écartés de l’héritage principal. De même que les aînés des Droillart ont pu prétendre à des épouses plus titrées qu’eux-mêmes et de noblesse plus ancienne, comme Marguerite du Quirissec ou Anne de Guité153, ils ont fait entrer leurs filles dans les familles de bonne noblesse, enrichies ou non par le service du prince154. La cadette de Jean épouse même un Montigny, gouverneur du château de Suscinio155. Les unions ainsi conclues ne sont pas forcément harmonieuses, si l’on en juge par celle de Jeanne Droillart, à laquelle son époux Jean de Salarun n’assure pas un « entretenement » suffisant, si bien qu’elle porte plainte contre lui en 1513, mais là n’est pas le problème156. Quant à leurs cadets, ils les ont placés dans l’Église, à un niveau relativement élevé. La tendance s’observe dès la première génération, avec dom Olivier Cardun, qui n’est encore que simple prêtre. Deux générations plus tard, la réussite des petits-enfants de Laurent est patente. Maître Guy Droillart, prévôt de la collégiale de Saint-Aubin de Guérande, prieur d’Ambon (1520), est promu en 1537 abbé commendataire de Prières par résignation en sa faveur de Jean de Rieux, évêque de Saint-Brieuc157, nouvel exemple des liens entre sa famille et les grands seigneurs du Vannetais. Quant à maître Guillaume Droillart, son frère, surtout connu comme archidiacre de Nantes, il cumule de nombreux bénéfices dont la liste témoigne de la volonté de garder un lien avec le terroir familial : chanoine de Nantes, Vannes et Cornouaille, scolastique de Vannes, doyen de La Roche-Bernard, prieur de Saint-Gildas d’Auray et du Loroux-Bottereau (diocèse de Nantes), il est aussi recteur de Sarzeau, prieur d’Arzon et de Loglenec, alors en Sarzeau158.
43Enfin, ils disposent d’un train de vie à la hauteur de leurs ambitions sociales. Qu’elle vienne de la terre, des offices ou des bénéfices, leur richesse est considérable. Comme on n’en connaît pas le niveau précis, on serait parfois tenté d’en relativiser l’importance, ou du moins d’en mettre en doute la solidité. À sa mort, Jean Cardun laisse des dettes, ce qui incite sa fille et son gendre à se porter héritiers sous bénéfice d’inventaire159. De même, Jean Droillart affirme qu’il lui a fallu couvrir les dettes de son père Laurent, à hauteur de quelque 2 000 livres monnoie160. Enfin, Guillaume Droillart, qui a adopté un style de vie seigneurial et qui se trouve aussi impliqué dans de graves affaires judiciaires depuis plusieurs années, doit solliciter le crédit de son frère l’archidiacre, fort de ses revenus ecclésiastiques, et lui vendre, dès 1524, 58 livres 6 sous 8 deniers de rente sur le gage de ses salines de Duer, pour l’importante somme de 1 166 livres 13 sous huit deniers. Incapable de payer la rente, il finit par lui en céder la propriété en 1549, pour être quitte des arrérages qui se sont accumulés pendant plus de 24 ans161. Il est donc possible qu’à certains moments de leur histoire les Cardun-Droillart, pour avoir d’abord trop largement investi dans les achats de créances ou de biens immobiliers ou pour avoir renoncé ensuite aux profits divers des offices et choisi de vivre de leurs rentes, aient dû affronter quelques problèmes de trésorerie.
44Mais on ne saurait exagérer ces difficultés qui sont facilement surmontées au temps de Laurent et de Jean et ne touchent pas toutes les branches de la famille par la suite. Les Droillart sont des gens fortunés. On a vu qu’ils sont capables d’avancer de fortes sommes au duc, et l’on sait qu’ils disposent d’assez de liquidités et même d’espèces variées dans leurs coffres pour acheter de multiples rentes ou payer comptant un certain nombre de leurs acquisitions162. La rumeur publique comme la chronique familiale se font l’écho de cette aisance. De l’aveu de sa propre fille Perrine, qui conteste le partage établi par son frère Jean, Laurent Droillart serait mort riche de 1 000 livres de rentes et de 10 000 livres de biens meubles163, affirmations que l’héritier principal rejette en soulignant les dettes du défunt. Alors, exagération dans les deux sens, c’est probable, d’autant que Laurent ne reconnaît que 140 livres de rentes nobles lors des montres de l’arrière-ban, et son fils Jean, 200 livres164. Une génération plus tard, maître Guillaume Droillart, l’archidiacre, a la « reputation notoire » d’être mort « riche a la montance de cinquante mille livres », et c’est» commun bruict et chose notoire du grant nombre d’or et d’argent que avoit ledit deffunt en (sadite) chambre, a la montance de plus de dix mil livres », même si l’on n’en trouve pas la preuve matérielle en faisant l’inventaire de ses biens à Kerhart165.
45De fait, les aveux et les déclarations de biens, utiles en dépit de leurs limites, attestent la progression de la fortune familiale166. Celle de Jean Cardun et de Jamette Salmon, en 1461, s’appuie essentiellement sur les deux cent vingt œillets de salines de la frairie de Duer, dont la moitié a été édifiée par le couple et sont encore improductifs ; s’y ajoutent quelques parcelles de terre souvent partagées avec d’autres propriétaires et quelques terres en dehors de la presqu’île, ainsi que les biens roturiers, en particulier la maison neuve de Sarzeau167. Quant à Laurent Droillart et Jamette Cardun, seigneur et dame de Kerlen, ils ont accru le patrimoine familial de 100 livres de rentes nobles au minimum, de l’aveu même de leur héritier Jean168. Le rentier de Rhuys estriche d’enseignements sur la fortune de ce dernier, qui s’y trouve mentionné une douzaine de fois et dont l’aveu couvre cinq pages : il décrit le manoir et domaine de Kerlen, « o ses appartenances tout en ung tenant sans interposition d’autres terres », qui couvre cent journaux (cinquante hectares), le tout tenu à foi, hommage et rachat « quant le cas y escheet », auquel s’ajoutent cinquante-cinq journaux de terres, un pré de deux journaux, et trois cent trente-huit œillets de marais salants à Duer et près de Suscinio, formant deux grands ensembles compacts, sans compter le manoir de Calsac, que les enquêteurs n’ont pas encore fait estimer169. Trois maisons au bourg, avec dépendances, des prés, des vignes, un pressoir apparaissent aussi dans le document, chargées ou non de rentes à la seigneurie. Jean Droillart possède également des biens dans la seigneurie de Rieux, pour lesquels son héritier paye 166 livres 13 sous 4 deniers de rachat, correspondant à une année de revenu170. Il est enfin propriétaire d’une riche maison, rue des Caves à Nantes, c’est-à-dire près de son lieu de travail, la Chambre des comptes171.
46Avec le dernier des héritiers mâles des Droillart, l’archidiacre Guillaume, seigneur de Kerhart, une étape est encore franchie dans l’accumulation de la fortune172. Il réside ordinairement à Nantes, dans sa maison prébendiale, mais sa demeure de campagne préférée reste le manoir de Kerhart. Il s’agit à l’origine d’un simple domaine congéable reçu en héritage, sur lequel il a « faict bastir et construire grans ediffices, oultre l’estat acoustumé et permis faire es domaines congeables dudit seigneur (le roi), sans son congé ne licence », ce qui ne l’empêche pas, après avoir été menacé de saisie, de contester le statut primitif de la terre, en déclarant qu’il n’a jamais payé la rente due pour ce type de tenure, et d’obtenir l’érection de son bien en fief noble dont le roi accepte l’aveu173. Ce dernier document mentionne, en plus des terres de Kerhart et de Kerhouarin, des immeubles, des jardins et des parcelles de terre en labour, vigne ou pré à Sarzeau, un pré à Calsac, et l’île de Ligance dans le golfe du Morbihan, « contenante envyron quart de journal pres ledit mannoir, quelle ne sert a pasturaige ne autre aucune chose, fors qu’il y abonde des oyseaulx par aulcunes saizon de l’an174 ». L’inventaire du manoir de Kerhart, avec ses « boys, jardrins, prés, vignes, dommaines, coulombier, garennes, terres labourables et non labourables, maroys », est dressé peu après son décès en présence de Jeanne Droillart, dame de Béhellec, qui en revendique la propriété en raison de la donation que lui en a faite le défunt en novembre 1551175. Il révèle une demeure cossue, à « grant corps de logeix », avec salle, chambre, garde-robe, cuisine et annexes au rez-de-chaussée, plusieurs chambres, dont celle du maître à l’étage, greniers, une chapelle difficile à localiser ; dans la basse-cour se trouvent une maison annexe à étage et la maison du four ; le pressoir est au village voisin. La maison manoriale dispose d’un mobilier abondant et recherché (horloge, « chapelle a distiller les eaux », plusieurs dressoirs, coffres, dont « un grant coffre de Portugal », lit à baldaquin et à couettes de plume, tables, bancs, chaises, chaise percée, des pièces de tapisserie et même une arquebuse, des piques et vingt-quatre arbalètes). Comme c’est souvent le cas dans ce genre de document, les objets précieux, probablement enlevés avant la visite des hommes de loi, se limitent à quelques pièces de vaisselle en argent, auxquelles s’ajoutent un intéressant mobilier liturgique (calice, six tableaux) et nombre d’habits sacerdotaux taillés dans des étoffes fines et luxueuses (velours brodé d’or, damas). Les réserves sont bien fournies en lard salé, jambon, céréales, et vin breton, nantais, d’Anjou et de Gascogne176.
47Au début du XVIe siècle, les Droillart de Rhuys sont donc devenus de riches notables. On les respecte et on sollicite leur soutien ou leur protection dans les moments difficiles : pendant la guerre d’indépendance, c’est le crédit – à tous les sens du terme – de Jean Droillart qui permet à la population de la presqu’île d’échapper aux pillages des « Françoys, lors ennemys de ce pays et duché de Bretaigne et y feisans la guerre », intervention généreuse mais non gratuite puisqu’il se fait ensuite largement dédommager par le nouveau pouvoir177. Mais on les jalouse aussi autant qu’on craint leur morgue de parvenu et leur violence. Ils ont leurs « ennemis cappitaux », ceux de l’archidiacre Guillaume, recteur de Sarzeau, qui n’hésite pas à excommunier les paroissiens en procès avec lui, ceux de son frère Guillaume, doublement compromis dans une sinistre affaire à rebondissement où s’enchaînent meurtre et voies de fait décrits dans une procédure de 1533 : l’aîné des Droillart y est accusé d’avoir assassiné quinze ans plus tôt, pour une raison non précisée dans l’acte, maître Jean du Boisdelasalle, sénéchal de Rhuys, en lui tendant un véritable guet-apens pendant les plaids généraux de la juridiction, et d’avoir produit de faux témoins pour dissimuler « la vérité dudit meurtre » ; grâcié par la reine Claude « entrant a Chartres », il récidive en janvier 1532, assisté de « ses gens », et s’en prend à maître Jean Salmon, un parent du défunt, sur la maison duquel il fait tirer au « canon et artillerie », au risque de provoquer la mort du propriétaire déjà malade ; après plusieurs refus de comparaître en justice, il obtient une seconde lettre de grâce de la reine Éléonore de Habsbourg « entrant a Angers178 ». Même si l’accusé doit subir l’incarcération dans l’attente de la publication de sa grâce, cette affaire, qu’il faut peut-être mettre en relation avec les problèmes financiers qu’il paraît rencontrer depuis les années 1520179, et les deux rémissions qui la ponctuent soulignent à la fois la crispation des relations entre certains lignages de la Presqu’île et l’existence de véritables « clans » opposés par des haines solides ; elles attestent aussi la puissance des Droillart qui profitent de leur crédit et de leur audience au plus haut niveau de l’État pour échapper aux foudres de la justice.
CONCLUSION
48Guillaume Droillart, descendant du receveur de Rhuys Jean Cardun, assassin d’un Du Boisdelasalle, homonyme d’un receveur, et tirant au canon sur Jean Salmon, parent d’un autre receveur du lieu… On ne sort pas du microcosme dans lequel ont vécu et grandi les officiers de la presqu’île de Rhuys. Ils ont prospéré, avec des fortunes diverses, car tous ne sont pas des Droillart, au cœur d’un riche domaine qu’ils ont servi et qui le leur a bien rendu. Ce domaine, ils l’ont décoré des maisons neuves et des manoirs bâtis, sous la protection des murs de Suscinio, au cœur des parcs ducaux où ils sont parvenus pour certains à ériger de belles seigneuries, faisant parfois fi du statut primitif des terres et des règlements. Lorsque commence à s’estomper l’ombre du château, avec le départ des ducs pour Nantes puis l’extinction de la lignée des Montforts, source de leur promotion, leurs descendants, qui ont pour la plupart tourné la page des offices de recette, et ont même adopté pour certains un style de vie seigneurial, se soucient moins de l’avenir du domaine que du maintien de leur propre rang.
PIÈCES JUSTIFICATIVES
- 1 -
4917 octobre 1493
Ordonnance de Charles VIII pour la protection des bois et forêts du domaine de Rhuys
AD Morbihan, 1 A 7
50Charles, par la grace de Dieu roy de France, a noz seneschaulx, allouez et lieutenants de Vennes et de Reuys, salut. De la part de nostre bien amé et feal conseiller maistre Jehan Gibon, nostre procureur en la chambre de noz comptes en Bretaigne, nous a esté exposé que, en ladite juridicion de Reuys le chasteau et place de Subsenyo est situé, qu’est l’une des maisons royalles et lieux de nostredit païs ou noz prediccesseurs ducs et princes de Bretaigne ont fait souvent residence pour raison des beaulx deduitz de chasse entre autres choses qui sont oudit terrouer qui est avironné de mer, decoré de pluseurs grans demaines, estancgs, moulins a mer, salines, vignes, grand numbre de blez et autres choses de bon et grant revenu. Et entre lesdites choses singulieres oudit terrouer et appartenances desdits chasteau et place, y a forestet boys de haulte fustaille, parcs cernez et clos de muraille ou y a bestes a pié fourché et aultres, en grant aise du deduyt et esbat de chace a toutes bestes, et aussi pres de la mer est chose moult espicialle que de trouver forestz et boys de haulte fustaille comme il est oudit terrouer ; et que, durant le temps des guerres qui par cy devant ont eu cours en nostredit pays, grant partie desdits boys ont esté prins, demolitz et abbatuz, tant par aucun de noz subgectz des environs disans y avoir aucuns droitz de usaige que aultres furtivement, les aucuns et les autres de leur auctorité, sans merch ne monstre, tellement que a present sont lesdits boays comme destruitz, a la grant diminucion de la decoracion et entretenue d’icelle maison royalle et place et de toute la chose publicque. Et de jour en aultre, par icelles abatues et prinses, se depert et diminue et plus fera pour l’avenir si par nous n’y est donné provision, trés humblement nous le requerant. Pourquoy nous, lesdites choses considerees, ne voullans par telz abus, usaiges ne autres voyes la destruction d’icelle place ne desdits boais et forestz qui sont chose tant singuliere en tel terrouer et endroit qu’ilz sont situez, mais desirans y obvier et les repeuppler et acroistre, pour celles et autres causes a ce nous mouvans, avons aujourduy prohibé et deffendu, prohibons et deffendons par ces presentes a touz et chacun noz subgitz, tant habitans es environs d’iceulx lieux que autres quelxconques, de non en l’avenir prandre, faire prandre, couper, demolir ne abatre nulz ne aucuns desdits boais et forestz dudit terouer de Reuys ne des parcs et appartenances d’icelui, soit soubz umbre d’usaige ou autres droitz quelx qu’ilz soint, jusques a ce que autrement y aions pourveü et que par nous en ait esté ordonné, sur paine, ceulx qui en seront reprins, de admission de tel droit et usaige qu’ilz y pouroint avoir et d’estre pugniz sellon l’exigence du cas. Si vous mandons et commandons et a chacun de vous si comme a luy appartendra cestes noz presentes faire banir et publier tellement que nul n’en puisse ignorence pretendre, et a icelle faire tenir et garder estat sans enfraindre. Et si aucuns sont trouvez faire au controere, y faire la justice telle que au cas apartendra. De ce faire vous avons et a chacun donné plain povoir et commission. Donné a Vennes, en noz chancelerie et conseil de Bretaigne, le XVIIe jour d’octobre l’an mil IIIIc IIIIxxx III. Par le roy, en sondit conseil. Minec.
-2 -
5128 décembre 1466
Don a François de La Landelle de terres vagues au Grand-Parc de Rhuys, pour y établir des salines
AD Loire-Atlantique, B 5, f° 48v°-49, registre de la chancellerie de Bretagne pour 1467
52Une lettre de baillee de baules pour François des Landelles dont la teneur ensuit. François, etc., a touz ceulx qui ces presentes lettres verront, salut. Comme en nostre terrouer de Reuys soient et nous apartiennent pluseurs terres frostes, baules et paluz a faire salines et maroys, quelx desoncques sont comme inutilles sans nous porter ne valoir aucun prouffit, lesquelles, si elles estoint mises en deü estat de reparacion, pourroint porter a nous et a la chose publique de grans biens et prouffiz, savoir faisons que nous, desirans icelles terres et queque soit partie d’icelles estre aboennees et mises en estat a ce que aucun fruit en puisse tourner et les bailler a gens qui soient puissans et solvables de les povoir faire degaster, mectre en point et prouffiter, a ce que les choses inutilles puissent par bonne industrie d’edifficacion et reparacion tourner a utilité, valeur et amelioracion tant pour le bien des preneurs que aussi de nous et de toute la chose publique, et entre autres une baule froste situee en nostredit terrouer es parties du Grant Parc, entre le mur dudit Grant Parc d’un costé, et d’autre costé a l’estier de mer qui vient de Pennerf aux moulins de Caden, et d’un bout entre ung busson et veille chaussee apellé Botenduc, et d’autre bout au foussé des maroys du prieuré de Loglenec, avec quinze journeulx ou environ de terre froste estant oudit parc entre une vasiere nommee Stanc en Eil d’un costé, et d’autre ou mur dudit parc, comme l’on va de ladite baule a Kerdre, et d’un et autre bout ledit mur et le bois dudit parc. Quelle baule et quinze journeulx de terre froste par nostre amé et feal escuïer, François de La Landelle nous ont esté demandees a lui estre baillees, se nostre plaisir estoit, a tiltre heritel ou autrement, ainsi que bon nous sembleroit, a ce qu’il puisse icelles faire degaster et mectre en bon estat de porter fruit, offrant nous en faire tel devoir que par nous seroit raisonnablement avisé. Pour ce est-il que nous, ce consideré, avons aujourduy, pour lesdites causes, en consideracion mesmes des bons et agreables services que Vincent de La Landelle, nostre escuïer, pere dudit François, et ses predicesseurs, ont fait a nous et aux nostres, esperant qu’ilz y continuent ou temps avenir, icelle baulle et quinze journeaulx de terre situez comme dessus baillez, livrez et transportez, et par ces presentes baillons, livrons et transportons a jamais en perpetuel, par heritaige, audit François pour lui, ses hoirs et cause ayans, avec tout et tel droit que y avons et nous appartient, pour icelles tenir noblement de nous, a foy et rachat quant le cas y avendra, o povoir audit François de la faire mectre en valeur et de y faire teulx ediffices et reparacions comme il verra l’avoir a faire, par ainsi que ledit François, ses hoirs, successeurs et cause ayans nous seront tenuz a nous et aux nostres d’en faire les foy et hommaige et poïer les rachatz quant le cas y avendra. Et partant, pour nous et noz sucesseurs, nous sommes desaisiz et departiz desdites terres et en avons saisi et vestu ledit François, et baillé et baillons par ces presentes la droicture, proprieté, pocession et saisine reelle et corporelle, par la tradicion et octroy de cestes pour en jouir avec des fruiz et levees, a jamais en perpetuel ou temps avenir, pour lui, ses hoirs et cause ayans, pourveü qu’il ediffie lesdites choses dedans six ans prouchains venans. Si mandons et commandons a noz presidens, seneschaulx, alouez, prevostz, procureurs et receveurs ordinaires de Reuys, leurs lieutenants, presens et a venir, et a touz autres justiciers et officiers de nostre duchié a qui de ce appartendra, que, chacun en son temps, facent, souffrent et laissent ledit François, nostre escuïer, ses hoirs et cause ayans, joïr et user des fruiz, levees et revenues desdites terres situees es mectes dessusdites, plainement et paisiblement, sans sur ce lui mectre ne souffrir estre fait, mis ou donné enuy, destourbier ne impeschement ne a ses hoirs et cause ayans en aucune maniere. En tesmoign de ce et a ce que ce soit chose ferme et estable, a durer et valoir en perpetuel audit François de La Landelle, ses hoirs, sucesseurs et cause ayans, nous lui en avons baillé ces presentes signees de nostre main et icelles fait seeller de nostre seel en laz de soye et cire vert. Et au vidimus de cestes, fait soubz seel autentique de l’une de noz cours, voulons plaine foy y estre adjouxtee comme a ce present original. Donné en nostre ville de Nantes, le vignt ouitieme jour de decembre l’an mil IIIIc LXVI.
53Et voulons ces presentes valoir pour la baillee desdites baules convenables a estre converties en salines et maroys seulement. Et au regart de la baillee desdits quinze journaulx de terre estans oudit parc, nous les cassons et anullons et sont de nul effeict et valeur. Donné comme dessur. Ainsi signé : François, par le duc, de son commandement. G. Richart.
-3 -
5419 mars 1498
Devis de réfection des murs du Grand-Parc de Suscinio
AD Morbihan, 93 J 13, f° 64 v°-65, « dial » (registre) du contrôleur du domaine de Rhuys
55Le dix neuffiesme jour de mars l’an mil IIIIc IIIIxx dix sept, presentz par nostre court de Reuys Eonnet Olivier, Eonnet Sampson, Jehan Le Termizec et Jehan Guilloré dit Gaignart, quelx ont prins de maistre Jehan Mahé, ou nom et comme procureur et stipulant pour Alain de Kernerrec, recepveur ordinaire de nostredite court, savoir est le feur de faire et construire sur environ les murs du grant parc du Succenio jusques a la valleur de trois tonneaulx et neuff perrees fourment restez du debvoir de la gerbe des murs de l’an derroin et ordonnez pour la radiffication d’iceulx. Quelx murs lesdits nommez ont promis faire en la forme et maniere qui ensuilt, savoir de quatre piez de hault hors terre sans avanmur, et saeze piez de long pour taize, et de la laise des autres murs a present estans oudit parc. Et besoigneront la part ou leur sera commandé par les officiers de mondit seigneur, et, es endroitz ou sera celuy mur ainsi fait par lesdits nommez, doivent et sont tenuz le coupvrir de terre a la haulteur d’un pié en faczon d’avanmur, tellement que la pluy n’y puise entrer pour l’endommager. Et ne prendront lesdits nommez nulles des matieres des vieulx murs estans sur ledit parc pour les employer de l’un lieu en l’autre, fors es endroitz qu’ilz besoigneront et feront lesdits murs. Et fourniront lesdits nommez de touz atroictz a leurs despens fors d’iceulx qu’ilz trouveront sur les lieulx, desquelx ilz se pouront ayder a servir ainsi que dit est. Et commenceront a besoigner oudit feur le lundi prochain aprés Quasimodo prochain venant et continuront jucques a parfournissement dudit numbre et les rendront renables dedans la feste de Toussainctz prochaine venante, etc180.
56Et pour ce faire doit, a promis et s’est obligé ledit Mahé oudit nom poayer et faire avoir esdits nommez ledit numbre de fourment. Et pour celuy numbre doyvent, ont promis et se sont obligez lesdits nommez faire pour chacune perree fourment trois taises de mur dudit devis, quelle muraille lesdits nommez ont promis et se sont obligez, l’un d’eulx pour l’autre, chacun pour le tout, sans division et hostaige, etc. Et au regart dudit poyement, ledit Mahé oudit nom a promis et s’est obligé poayer et faire avoir esdits nommez le tiers d’iceluy au commanzement dudit feur, le tiers a my eupvre et le tiers en la fin, rendant lesdits nommez ledit feur avant le tiers poayement tout premier renable a l’esgart d’oupvriers.
57Quel feur a esté baillé esdits nommez, o les solempnitez pertinantes, a la chandelle alumee en l’auditoire et lieu tribunal de nostredite court, en presence de Jehan Maubec, alloué d’icelle, Guillaume Salmon, lieutenant, et ledit Mahé ou nom et comme lieutenant de maistre Jehan Droillart, procureur et commis de Guillaume de Bodean, contrerolle dudit lieu, et Jehan Sebille, lieutenant du chastel du Sucenio et plusieurs aultres. Et greé en maire fourme de contracto toutes liaesons, renunciacions, sermentz, et greé oudit auditoire les jour et an que dessus. Pour contrerolle, J. Mahé. J. Jocet, passe181.
-4 -
581er juin 1469 Privilège de colombier accordé par François II à Laurent Droillart AD Morbihan, 31 J 301, no 29
59François, par la grace de Dieu duc de Bretaigne, conte de Montfort, de Richemont, d’Estampes et de Vertus, a tous ceulx qui ces presentes lectres verront, salut. Savoir faisons avoir aujourduy, de grace espicial, donné et octroyé, donnons et octroyons par ces presentes a Lorens Droillart, nostre secretaire, congié et licence de faire faire et ediffier ung columbier pres sa maison ou il demeure a present en nostre terrouer de Ruys, hors ou dedans sadicte maison, ainsi que bon luy semblera. Si mandons a noz cappitaine, senneschal, aloué et procureur de Ruys, leurs lieuxtenants et a tous autres a qui de ce pourroit appartenir, laisser et souffrir ledit Lorens ediffier ledit columbier, sans impeschement lui faire ou souffrir estre fait en aucune maniere. Et ces presentes ou le vidimus d’icelles en vauldront garant a qui mestier en aura. Car il nous plaist. Donné en nostre ville de Nantes, le premier jour de juing l’an mil CCCC soixante neuf. Françoys. Par le duc, de son commandement. G. Richart
-5 -
6010 octobre 1461
Rachat de Jean Cardun
AD Loire-Atlantique, B 2232
61Ensuilt le minu que Lorens Droillart, heritier soubz beneffice d’inventoire de feuz Jehan Cardun et Jamecte Salmon, sa femme, par cause de Jehanne Cardun, sa femme, fille et seulle heritiere des dessurdits soubz ledit beneffice, rend a messeigneurs des comptes, des terres et heritages que, a la cause dessurdite, il posside et tient noblement a foy et a rachat du duc, mon souverain seigneur, en sa seigneurie et juridicion de Reuys. O protestacion d’y acroistre ou diminuer, corriger, interpreter a l’esgart de la court182.
62Premier
63Les salines estant en la paroisse de Sarzau et en la fraerie de Duer, entre le village de Saint Colombier et le bourg de Sarzau, costeant la mer de Morbihan, et quelles salines autreffois furent a feu Perrot Macé et depuis ausdits Cardun et ladite Jamecte, sa femme, contenant CVIII eilletz de marays saunans appartenancés de vasieres et autres choses ainsi que appartient. Item, XII eilletz de marays o leurs appartenances que ledit Cardun au joignant desdites salines fist ediffier, quelx doze eilletz sont de nulle valeur et n’a peü les faire sauner.
64Item, ung parc et clos a pastre, contenant environ XVIII journelx de terre, nommé Lanmarrou, pour cause duquel est deü a mondit seigneur, oultre le rachat, un paire d’esprons.
65Ou village de Lenden
66La XIIme partie des estages estant oudit village et ou demeurent Morice Brebiz, Jehan Raoul et Olivier Raoul.
67Item, la VIme partie d’environ neuff journelz de terre chaude des appartenances dudit village de Lenden.
68La XIIme partie d’environ iii journelz d’autre terre chaude des appartenances dudit village.
69Item, ung petit jardrin estant oudit village, que l’en dit appartenir du tout audit Cardun et contient environ VIIIxxViii verges.
70Ce fait le Xe jour d’octobre l’an mil IIIIc soixante ung.Droillart (et une autre signature illisible).
-6 -
712 août 1489
Aux origines de la seigneurie de Kerhart. Congément de domanier à Sarzeau
AD Morbihan, 31 J 304, no 49
72Comme ainsi soit que Jehan Hazo et Ysabeau Hazo, sa femme, tenseissent a demaine et convenant de Jehan Droillart et Jehanne Cardun, sa mere, seigneur et damme de Kerlen, la tenue de Kerhartz, o toutes et chacune ses appartenances, tant en fons, aires, jardrins, vignes, prés, pastures, terres arrables et non arrables que autres appartenances d’icelle, au devoir de cinq perrees seille, deux perrees froment, quarante ouyct soulz, une corvee de bastre et un chappon de convenant, qu’ilz devoint auxdits Droillart et sa mere par moitié au terme de la Saint Michel en Monte Garganne par chacun an ; et que iceulx Hazo et sa femme sont a present vieulx, malades, indisposez et impotens d’icelle labourer et coetiver, et espoir que le temps avenir le pourroint mains faire, par quoy ne pourroint poïer leurdit convenant auxdits Droillart et sa mere, et que, pour lesdites et autres causes raisonnables ad ce les movans, disoiont ne voulloir plus tenir ladite tenue o ses appartenances desdits Droillart et sa mere et leur en voulloir faire le deleix.
73Sachent touz que, en nostre court de Reuÿs, furent en droit presents par devant nous et personnellement establiz ledit Jehan Droillart de sa part et ledit Jehan Hazo et sa femme, icelle et a sa requeste bien et sufizeaument auctorizee de sondit mari quant a tout le contenu en cestes greer, tenir, fournir et acomplir d’autre part, lesquelx mariez et o ladite auctorité, passerent pour tout congnu les choses et chacune cy dessus supposees et icelles chacune estre vroyes, furent et sont congnoissan et confessans et par ces presentes congnoessent et confessent avoir des le jour d’yer deleissé, baillé cedé et transporté, et uncores du jourduy lesdits mariez, o ladite auctorité, par ces presentes deleissent, cedent, baillent et transportent audit Droillart ce acceptant ladite tenue de Kerhartz o toutes et chacune ses appartenances et gennerallement tout et tel droit qui auxdits mariez peult et doit compecter et appartenir en icelle tenue et sesdites appartenances, tant en fons et ediffices, superfices, reparacions, amendemens que autrement, gennerallement, le tout pour le tout, sans aucune chose en retenir ne reserver a eulx, fors seullement les choses dont ilz doivent joïr par la transaction contenue en la fin de cestes, la levee de blez et faigns et vins estant a present es terres d’icelle tenue et leurs manevres et engrees estant a present es terres garrectees d’icelle tenue, quelles lesdits mariez pourront ensemencer pour cestan seullement se ilz voient l’avoir a faire, et poïront a l’aoustprochain mil IIIIC IIIIXX et dix le numbre de cinq perrees seille et deux perrees froment bon et marchant, pour leur laisser lesdites terres garrectees pour cet an seullement, comme dit est ; et pour cest aoustet an present, lesdits mariez doivent poïer le tout dudit convenant, tant blez, argent que autres choses dessus nommees pour ce qu’ilz pevent joïr de la levee estant a present en ladite tenue ainsi que dit est, et poïeront semblablement les arreaiges dudit convenant du temps precedent par autant qu’il en reste ; et partant, du tout d’icelle tenue o sesdites appartenances se sont lesdits mariez desunez, desvestuz, dessaesiz et deppartiz, et audit Droillart, ses heirs et cause ayans, des a present en ont baillé et transporté tout et tel droit tant de pocession et joïssance qu’ilz y avoint et povoint avoir, en voullant et veullent que ledit Droillart, de soy mesmes et sans autre moyen, des a present en praigne et accuille reaument et de fait la pocession et joïssance, qu’il y ediffie et en face et dispose au temps avenir comme de sa propre chose et ainsi qu’il luy plera et verra l’avoir a faire et sans aucun reproche a cause de celuy en povoir faire. Et au parssus, sur le different qui estoit et qui plus grant peüstensuyr entre lesdites parties sur le fait du prisaige des ediffices, superfices, reparations, manevres, engrees, amandemens, boays de ediffices et autres choses que lesdits mariez disoint avoir en ladite tenue et ses appartenances a la valleur de cent livres monnoie ou dedans, dont ilz demandoint a jouir, ledit Droillart ne confessant lesdits mariez avoir fait en ladite tenue ne y avoir amandemens a ladite valleur, et, supposé qu’ilz y auroint fait des amandemens, disoit ou povet dire celui Droillart par la prinse que lesdits mariez avoint fait de ladite tenue de feu Lorens Droillart, dont ledit Jehan Droillart est filz aesné, principal heritier et noble, fut conditionnné et dit que lesdits mariez ne eussent fait aucun ediffice ne amandemens en ladite tenue a peine de perdre ce qu’ilz y en eussent fait, par quoy disoit ledit Droillart n’estre tenu poïer lesdits amandemens. Sur le fait desquelles choses peüssent lesdites parties tourner sur grant [forme] de procés, a leur grant ennuy et domaige. Et pour y obvier, a esté entre lesdites parties transigé et appointé par forme que, pour estre celui Droillart quicte vers lesdits mariez tant de touz ediffices, superfices, reparations, manevres, engrees, amandemens, boays de ediffice que de toutes autres choses que lesdits mariez povaint avoir et demander en ladite tenue et ses appartenances, et pour estre celui Droillart des a present subrogé en tout et tel droit que lesdits mariez y avoint ou povaint y avoir, sauffet reservé ung pressouer et ung neff, que durant la vie du sourvivant desdits mariez seullement ilz jouiront des levees d’une petite vigne estant au devant de la maison au Bleveunec et sa femme, pourveü qu’ilz et checun d’eulx l’entretiennent bien et deüment plantee, labouree et close de fossé ou mur et non autrement, de trois petite planches de terre soubz jardrin, situees entre le grant jardrin de ladite tenue, et certaine quantité de jardrin appartenant a P […] et sa femme, avecques d’une parcelle de pré situee assez prés de la meson Perrot Nyo. Et d’icelles pieces, qui sont des appartenances de ladite tenue et dont la proprieté appartient audit Droillart, celui Droillart pourra de soy mesme et sans congnoessance de cause ne autre moyen, s’ensesiner et joïr incontinent aprés le deceix du sourvivant desdits mariez, sans aucun reprouche lui en povoir faire en aucune maniere. Et, oultre ce, que ledit Droillart poïera et de fait poïa audits mariez, la somme de cent soulz monnoie, savoir aujourduy en noz presences la somme de cinquante soulz et au jour de yer autres cinquante soulz. Et partant, du tout d’icelle somme de cent soulz monnoie lesdits mariez se tindrent et se tiennent acomptez et bien poïez dudit Droillart et l’en quicterent et quictent. Et ovecques ce, que ledit Droillart leur en quicteroit et de fait leur quicta et rabatit une perree seille du numbre de cinq perrees seille que lesdits mariez lui doivent a cause de ladite tenue pour le terme de Saint Michel et an present.
74Et lesdites choses et checune dessusdites promisdrent, greerent, jurrerent et s’obligerent lesdites parties et checune pour ce que lui touche, sur l’obligation de touz et checun leurs biens et par leurs sermens, tenir, fournir et acomplir l’une a l’autre respectivement, sans jamés encontre venir, en renunçant et renuncent a querir, avoir ne demander terme de parler, jour jugé, a eulx exoiner, exoine mander, pleger ne opposer a la relaxacion de sermens, inibition de court d’Eglise, relievement de prince, saufrespit ne autre grace impetrer ne s’en aider, a decepte, dol, fraude, sourprinse, plus dit et mains escrit alleger et generallement a toutes autres dillacions, raisons, aides et deffenses contre ou en impeschant ou retardant le devis, fourme et substance, execution et enterinance de cestes, leurs sequelles, appendances et deppendances, qui porroint este dictes, obicees ou opposees en aucune maniere. Et, pour ce que lesdites parties et checune respectivement le voullurent, promisdrent, greerent et jurerent, sur l’obligation predicte et par leurs sermentz ainsi tenir, fournir et acomplir, sans jamés encontre venir, comme dit est, y furent de leur assentement et a leurs resquestes par nous condempnez et coÒndamnons. Donné, tesmoin le seau establi aux contraz de nostredite court. Ce fut ainsi fait et greé ou bas de la maison Jehan Mahé et sa femme ou bourgc de Sarzau et estat de Jehan Droillart, le second jour d’aoust l’an mil IIIIC IIIIXX et neuf.
75Constat en superligne : « a demaine et convenant », et d’interligne : « sur le differant qui estoit, jurrerent, relievement de prince, contre » ; et de cancelle : « deleissent, de maisons, qui estoit, estoit, parties, de diff, lesdits mariez, lesdites parties, checun, greerent183. » Donné comme dessus. Jehan Gourden, passe. Guillaume Coet, passe.
Notes de bas de page
1 D’Argentré Bertrand, L’Histoire de Bretaigne des rois, ducs et princes d’icelle…, 1re édition, s. l., 1583, p. 55.
2 En 1360, Charles de Blois mandate un paiement de 40 livres de rente due à l’abbaye de Saint-Gildas de Rhuys « sur la recepte de nostre chastellenie de Succeniou, a leur estre païez par la main dou recepvour dou leu », AD Morbihan, 4 H 3, acte publié dans Jones Michael, Recueil des actes de Charles de Blois et de Jeanne de Penthièvre, duc et duchesse de Bretagne (1341-1364), suivi des actes de Jeanne de Penthièvre (1364-1384), Rennes, PUR, 1996, no 241. Il arrive aussi, assez rarement toutefois, que le duc adresse ses mandements à ses officiers de « Suceniou » : « chastellain, seneschal, receveur procureur, fourester et tous noz officiers en la partie presenz et avenir », la priorité donnée ici au capitaine du château expliquant sans doute l’appellation du domaine, AD Loire-Atlantique, E 89, no 10, publié, d’après une copie fautive, dans Jones Michael, Recueil des actes de Jean IV, duc de Bretagne [infra, Jones M., Recueil, no], Paris, Klincksieck, 1982-1984, acte no 1166, 4 mars 1399 ; voir aussi ibid., no 95 (1367), 117 (1368), 644 (1387), 917 (1393). Exceptionnellement le receveur de Rhuys est appelé receveur de Suscinio, AD Loire-Atlantique, B 5, f° 102v° (1467), AD Morbihan, 93 J 3, f° 1v°, ou encore receveur de Rhuys et Suscinio, Jones M., Recueil, n° 329 (1379).
3 On ne surestimera pourtant pas la présence ducale au château, les ducs préférant résider ou séjourner dans leurs châteaux et manoirs urbains ou suburbains de Vannes ou du pays nantais ; on ne connaît que six actes de Jean IV donnés à Suscinio, Jones M., Recueil, op. cit., p. 55-73 ; leur nombre s’élève à vingt-huit pour Jean V, qui attestent de dix-huit séjours au château entre 1402 et 1442, Blanchard René, Lettres et mandements de Jean V, duc de Bretagne, de 1402 à 1442 [infra, Blanchard R., no], Nantes, Société des bibliophiles bretons, 1889-1895, p. cxix-cxxxiv.
4 AD Morbihan, 1 A 7. Les rares comptes de la châtellenie enregistrent les séjours à Suscinio, en hiver, du maître des lieux et de ses équipages de chasse (veneurs, fauconniers, chiens, notamment des « espaigneuls »), et les fortes dépenses générées par cette activité ; le prince d’Orange y réside en février 1489, du 7 janvier au 11 février 1490 et en février 1491, ibid., 93 J 3, f° 1v°, 2, 3, 4v° ; 93 J 12, compte de 1491, f° 6v°, 7 bis v°.
5 Ibid., 31 J. Voir en particulier 31 J 299-321 ; Forget Yolaine, Les Archives du château de Kerlevenan (XIVe -XIXe siècle), mémoire de maîtrise dactylographié, Paris, 1979.
6 AD Morbihan, 93 J, fonds de Truscat, archives de Pierre Francheville, dernier receveur médiéval de Rhuys.
7 Dès le 14 mars 1431, Jean V inclut le domaine dans le douaire de la duchesse Yolande d’Anjou, première femme de son héritier François, décédée prématurément, Blanchard M., no 1940 ; les dispositions de son douaire sont reprises en faveur de la nouvelle épouse du prince dans le contrat de mariage du 29 septembre 1440, ibid., no 2512, que François Ier commande d’appliquer par testament, Morice Pierre Hyacinthe, Mémoires pour servir de preuves à l’histoire ecclésiastique et civile de Bretagne [infra Preuves], Paris, 1742-1746, t. II, col. 1519.
8 Ibid., II, 1684.
9 Lobineau Guy Alexis, Histoire de Bretagne, Paris, 1707, t. I, p. 777. Dès le 14 novembre 1487, Ysabeau enlève ses meubles de Suscinio et se retire à Guérande avec ses gens, AD Loire-Atlantique, B 11, f° 31 ; cette châtellenie lui a été attribuée « en rescompance des terres et seigneuries de Succenio et de Ruys », mais elle conteste que sa valeur soit équivalente à celle de ces dernières, ibid., f° 228v°, B 13, f° 56.
10 Mandement aux fermiers de Rhuys de verser le revenu de la châtellenie au prince d’Orange à compter du 12 avril 1488, ibid., B 11, f° 216 ; le 7 avril 14288, le prince reçoit en don les « chastel, terres et seigneuries de Succenio et de Reuys o leurs appartenances et deppendances, sa vie durant, o pouvoir de y instituer et destituer officiers tant de justice que de recepte ou autres », ibid., B 11, f° 216v°. Le titre de propriété auquel l’acte précédent fait allusion sans le détailler s’étant perdu, la duchesse Anne lui en confirme le don (AD Doubs, E 1335, Morice P.-H., Preuves, III, 664), suivie par Charles VIII le 27 octobre 1491, AD Doubs, E 1327. Pour les démêlés du prince d’Orange avec l’administration ducale (Chambre des comptes, chancellerie), qui remettent en cause la validité et l’opportunité de l’abandon d’un tel domaine, dont son fils Philibert est finalement dépouillé en 1510, voir Le Page Dominique, Finances et politique en Bretagne au début des temps modernes. 1491-1547, Paris, CHéFF, 1997, p. 456.
11 AD Loire-Atlantique, B 2233, f° 423-434. Les plus importants feudataires sont Jean Droillart, sr de Kerlen, Vincent du Boisdelasalle, sr de Lannoédic, et Jean de Rymezon, sr du Trest ; les autres personnages mentionnés tiennent à foi et à hommage un manoir, une métairie ou quelques œillets de marais, tels Jean Maubec, Michelle de Lohan, veuve d’Amaury de Saint-Ducar, Étienne Francheville, Guillaume Champion et Jeanne Vitré, sa femme, Jean Le Vaillant, Jean Cadoret, Jean Bot, Louis de Salarun et Jeanne du Plessix, sa femme, Guillaume Le Becre, Alain de Lescouble, Rollande Malenfant et Jeanne Loret, sa mère, François Le Pennec, sr de Caden, Jacques du Boudoul et Vincente du Boisdelasalle, sa femme, Guillemette Roty, dame du Grazigo, Antoine du Len et Perrine Chauczon, sa femme, Olive Deynal, dame de Kerhalvez, le prieur d’Arz, Jean Gibon, sr du Grisso, Jean Guillemot et Jeanne du Clérigo, Silvestre Lorveloux et Henriette Deynal, sa femme, Michel Étienne et sa femme, Jean Sebille, maître Guy Redoret, veuf de Jeanne Cambout, et ses enfants, maître François de Peillac et Jeanne Chaudet, sa femme ; certains domaines sont tenus collectivement à féage par plusieurs vassaux : Jean Le Charpentier et Jean Cadoret pour la métairie de Lenden ; Jean Le Charpentier, Jean Robert, Michel Estienne, pour une partie des marais du Net ; Jean de La Porte, Jean de Talhouet, Jean Ripvière, les enfants et héritiers de Guillaume Salmon le jeune, Pierre Guymarch, Étienne Francheville, Yvon Tanguy et Silvestre Le Moel pour les marais de Luhandre, avec un emplacement de maison et salorge.
12 AD Loire-Atlantique, B 2233. L’inventaire après décès de Pierre Francheville, receveur ordinaire, fait expressément référence à un rentier ou un extrait de rentier de la recette de Rhuys, fait en octobre 1485. Un autre rentier sert d’instrument de travail à l’officier en 1493, AD Morbihan, 93 J 38.
13 AD Loire-Atlantique, B 2233, f° 434. L’un des buts de la réformation du domaine en 1510 est précisément d’identifier les terres usurpées par les particuliers, de les saisir et d’en faire de nouvelles baillées sous le régime du domaine congéable.
14 Sur ce type de statut foncier, voir Gallet Jean, La Seigneurie bretonne (1450-1680), Paris, Publications de la Sorbonne, 1983, p. 211-214.
15 « Don, baill et transport du duc à Mathelin de Besit, son pannetier, d’une piece et quantité de terre en baulle, maroys et palut, en laquelle on pourroit faire environ xlv ou cinquante oelletz de salline o leurs appartenances […], pour lui, ses hoirs et cause aians, a la tenir du duc a foy et rachat, quand le cas de rachat y escherra, et ce pourveü que ladite baulle demourra et sera tousjours en fié proche du duc, sans ce que on en puisse faire autre fié que le fié du duc proche », AD Loire-Atlantique, B 8, f° 4v° (24 décembre 1476).
16 AD Loire-Atlantique, B 2233, f° 438v°.
17 Ibid., f° 438 v°-439. La première exemption de fouage connue remonte à 1397-1399, Jones M., Recueil, no 1183 ; confirmation le 7 mars 1401, ibid. ; l’exemption n’est pas permanente, elle estre nouvelée en janvier 1406, mais paraît remise en cause l’année suivante, et le duc doit la réactiver le 20 février 1440, en mettant en avant les charges particulières de ses sujets proches (corvées, charrois), les mauvaises récoltes des trois dernières années, la volonté d’éviter la fuite des contribuables et… le cadeau de 240 saluts d’or que les paroissiens de Sarzeau, Arzon et Saint-Gildas lui ont fait, Blanchard M., no 203, 542, 715, 2401.
18 AD Loire-Atlantique, B 2233, f° 439. Pour les parcs ducaux de la presqu’île (Grand-Parc, Petit-Parc, parc de Cliscouët, parc de Bernon), dont l’appellation et la délimitation continuent de faire débat, voir le site Internet de l’association La Maison forte, qui œuvre au repérage et à la conservation des murs de ces parcs [http://www.lamaisonforte.org] et a réalisé une édition commentée du rentier de 1510 : Rhuys, ses familles, ses terres sous le signe d’Anne de Bretagne, à paraître au début de 2013.
19 Avec un revenu de 4 415 livres en 1548, AD Loire-Atlantique, B 12 871, f° 16 sq., cf., Kerhervé Jean, L’État breton aux 14e et 15e siècles. Les ducs, l’argent et les hommes, Paris, Maloine, 1987, p. 528-529. En 1488, la recette est estimée à quelque 2 000 livres monnaie de Bretagne, AD Doubs, E 1215. Les baux trisannuels et les comptes très sommaires fournis par les fermiers du début du XVIe siècle enregistrent une dégradation de la situation : en 1500, le domaine est adjugé pour 1 733 livres, 6 sous, 8 deniers monnaie de Bretagne (5 200 livres pour les trois ans), ibid., E 1327 ; il est patent que les fermiers ont su jouer sur la différence des monnaies pour faire passer la diminution sensible du bail, qui s’établit en 1503 et 1507 à 2 000 livres tournois, soit 1 666 livres, 13 sous, 4 deniers monnaie de Bretagne seulement, une perte de plus de 16 % pour le seigneur, ibid., E 1212.
20 Les données chiffrées qui suivent sont établies à partir de trois sources d’inégal intérêt. Les comptes de P. Francheville couvrent les années 1488-1490, 1491-1493, 1494-1497, AD Morbihan, 93 J 3 et 12 ; seul le registre en parchemin de 1491-1493 – un original annoté par les contrôleurs de la chambre des comptes princière – détaille la totalité de la « charge » du receveur et renseigne sur la valeur en espèces des revenus en céréales, mais son exploitation est compliquée par la coexistence de deux systèmes monétaires (monnaie tournois et monnaie de Bretagne) sur lesquels l’officier tente parfois de jouer ; les autres sont des doubles en papier, plus ou moins mutilés et en partie dépourvus de données chiffrées. Le « dial de la conterollerie de Reuys », c’est-à-dire le livre du contrôleur de la recette ordinaire, concerne les années 1491-1498, ibid., 93 J 13, cahier en papier de 94 feuillets ; double du compte du receveur ordinaire dont il ne suit cependant pas l’ordre, il enregistre le montant réel des fermes, en argent ou en nature, sans donner la valeur en monnaie de ces dernières ; la plume y est tenue par Jean Mahé, commis du contrôleur en titre Morice Reverdy, auquel succède en 1495 Guillaume de Bodéan ; sur ce document, voir Kerhervé J., « Le contrôleur et le receveur en Bretagne à la fin du Moyen Âge. Étude du « dial de la conterollerie » du domaine de Rhuys pour les années 1491-1499 », dans Leveleux-Teixeira Corinne, Rousselet-Pimont Anne, Bonin Pierre, Garnier Florent (dir.), Le Gouvernement des communautés politiques à la fin du Moyen Âge. Entre puissance et négociation : villes, finances, État, Actes du colloque en l’honneur d’Albert Rigaudière, Paris, éditions Panthéon-Assas, 2011, p. 395-420. Troisième source, l’état général des revenus du roi en Bretagne, dressé en 1583, fournit pour chaque domaine le détail des recettes, estimées en argent, et des charges, au début du règne d’Henri II, pour l’année 1548, AD Loire-Atlantique, B 12871. La comparaison avec les documents précédents est difficile en raison de l’écart chronologique et de l’inflation du cours des denrées agricoles en particulier ; de plus le domaine a été réformé en 1510, ce qui a permis au seigneur de réactualiser les loyers de la terre et de procéder à de nouvelles adjudications.
21 Moulins à mer de Ludré, moulins à vent de Sarzeau, de Saint-Jacques et du Tour-du-Parc ; les baux quadriennaux sont exclusivement en froment (environ 30 tonneaux par an) ; même chose pour la « gerbe des murs » des parcs de Bernon et du Grand-Parc, alors que celle du clos Penbeuff s’acquitte le plus souvent en seigle ; l’essentiel des rentrées vient de la « grande ferme des champs et des parcs » (140 à 200 tonneaux par an, froment, seigle et avoine par parties égales), des dîmes et de la « petite gerbe » du parc de Bernon (près de 40 tonneaux par an).
22 Ces chiffres proviennent du compte de 1491-1493 et de l’état de 1548, la différence s’expliquant par les nouvelles baillées de 1510 ; le « dial » du contrôleur ne s’intéresse qu’au domaine muable et aux charges payées par le receveur pour l’entretien des édifices de la recette. Les versements complémentaires concernent deux gros d’or, deux paires de gants, une paire de mitaines, quelques paires d’éperons, trois roseaux d’or et un roseau d’argent, un « esteuf » (balle de jeu de paume), AD Loire-Atlantique, B 12871, f° 16.
23 La progression du vignoble dans la presqu’île au début du XVe siècle est attestée par la plainte des trinitaires de Sarzeau protestant contre la perte des dîmes qu’ils percevaient sur les terres où « on avoit acoustumé labbourer blez paravant les vignes y plantees de nouvel », juin 1442, Blanchard M., n° 2588 ; de semblables doléances émanent des religieux de Prières, 3 juillet 1437, ibid., n° 2274. En revanche, la petite vigne des jardins du château, peu rentable, est» desplantee » vers 1494, AD Morbihan, 93 J 12, compte de 1494, f° 5 v°.
24 Non mentionnés dans le registre du contrôleur, ils s’élèvent après apurement à 86 livres en 1492, 90 livres en 1493, 61 livres en 1495 ; comme partout, la différence est grande entre le montant brut des amendes et les sommes revenant à la seigneurie après déduction des impayés, des frais de perception (« septième » des sergents) et du prélèvement opéré par le sénéchal, AD Morbihan, 93 J 12, compte de 1491, f° 2v° ; compte de 1494, f° 4.
25 Ibid., f° 4v°; 93 J 13, f° 41v°-42 ; AD Loire-Atlantique, B 12871, f° 17v°.
26 Les valeurs indiquées sont celles des années 1490, AD Morbihan, 93 J 3, 12, 13.
27 AD Loire-Atlantique, B 2233, f° 465v°-466. Le rentier ne donne pas d’indications chiffrées, que j’emprunte au « dial » déjà cité.
28 « Brefs de mer », lods et ventes, taux et amendes, « poissons » royaux, c’est-à-dire les cétacés qui s’échouent sur la côte ou que l’on pêche, comme les « morhos » ou marsouins, sur lesquels la seigneurie prend 5 sous par tête, ibid., B 2233, f° 466 ; B 12871, f° 17-17v°.
29 Sur l’origine des parcs ducaux de la presqu’île, voir la lettre des exécuteurs testamentaires de Jean Ier (1237-1286) au duc Jean II (128-1305), pour qu’il laisse jouir les religieux de Saint-Gildas-de-Rhuys de « la posesion de lour usaige en vouz boys de Ruis qui leur estoit empesché par les pars et les clostures que nostre seigneur vostre pere […] fit faire en Ruys » (1295), AD Morbihan, 4 H 3.
30 AD Loire-Atlantique, B 5, f° 103 (1467); B 8, f° 130v° (1473); AD Morbihan, 1 A 7 (1493), voir supra PJ 1.
31 Le domaine de Rhuys est occupé par le roi, qui y nomme un nouveau receveur le 6 mai 1491, AD Morbihan, 93 J 3, f° 7. Les comptes des années 1491 à 1497 mentionnent les dégradations nombreuses dues à la guerre, en particulier le forçage des ouvertures des bâtiments domaniaux, ibid., 93 J 12, passim.
32 Ibid., 93 J 13, f° 21, 23, 30. La réputation des fermiers des « avettes », qui ne prennent cette micro-ferme que « pour estre garentiz de abatre deux ou troys arbres en la forest et font plus de dommage troys foys que la ferme ne monte », est telle que les officiers conseillent au seigneur d’y renoncer, 93 J 12, compte de 1491, f° 5v°, compte de 1494, f° 11.
33 AD Loire-Atlantique, B 4, f° 81v°, 21 juin 1466.
34 AD Morbihan, 93 J 13, f° 26, 39, 70.
35 Ce privilège, que les moines prétendent détenir de temps immémorial, leur permet de « prendre, avoir et faire mener par eulx, leurs gens et officiers, en charrestes et autrement, des bois, tant de vert que de sec [des] parcs et forestz de Succeniou, sens merc ne monstre d’aucuns de noz officiers, a toutes leurs necessitez », c’est-à-dire « pour les ediffices et repparacions de ladicte abbeye et pour leurs molins et chauffaiges », 4 mars 1399, AD Loire-Atlantique, E 89, n° 10. Son application pose des problèmes récurrents, l’administration locale tendant à restreindre le droit des moines, qui se retournent vers le prince pour en obtenir confirmation à de nombreuses reprises, cf. AD Morbihan, 4 H 3 et 4, en particulier la confirmation de la duchesse Constance en 1187 (publiée dans Everard Judith, Jones Michael, The Charters of Duchess Constance of Brittany and her Family, 1171-1221, Woodbrige, The Boydell Press, 1999, p. 50-51), qui sert de référence aux ducs Charles de Blois et Jean IV, et la pièce justificative à la fin des conclusions du présent ouvrage.
36 Outre l’abbaye de Saint-Gildas, les franciscains de Bernon et les carmélites des Couëts (Bouguenais, Loire-Atlantique) bénéficient de ces fondations auxquelles s’ajoutent des aumônes annuelles en vin et en céréales, AD Morbihan, 93 J 3, f° 2 et 3 ; 93 J 12, compte de 1491, f° 4, 5, 7, 12, 15.
37 AD Loire-Atlantique, B 4, f° 155, don à Guion Richart, secrétaire du duc, « de deux tonneaux de vin, deux tonneaux froment et deux tonneaulx avoine du creü et revenu de la recepte de Reuys de ceste presente annee » (28 mars 1465) ; ibid., B 5, f° 102v°, « Mandement a Vincent Landelle, receveur de Succenio, de tenir quicte Loys Sorbier, escuïer de l’escuierie de monseigneur de Normandie, et sa compaigne, de la somme de lxx livres v sous qu’ilz lui doivent pour plusieurs parties de vins, blez et autres choses qu’ilz ont eues dudit receveur pour soustenir partie de leur estat, laquelle somme […] le duc leur a donné » (20 juillet 1467) ; ibid., B 11, f° 65, « Don a missire Pierres Raoul, prebstre, du numbre de ouict arbres morts a estre prins en la forest de Reuys pour le chauffaige dudit messire Pierres » (26 novembre 1487). D’autres dons aux officiers locaux et aux familiers du prince d’Orange figurent dans les comptes de P. Francheville.
38 Un mandement de François II rappelle que « feu le duc Jehan, par ses lectres, donna a feu Jehan Cardun, lors son serviteur, son chauffaige es boays de Reuys pour luy et ses hoirs en perpetuité […] », don confirmé par Pierre II à Laurent Droillart, gendre et héritier de Cardun dans la limite de « dix livres monnoie par chacun an durant la vie dudit Lorans, pour laquelle somme l’on avoit acoustumé lui mercher chacun an lx charretes de boys sur pié », AD Loire-Atlantique, B 8, f° 133v°.
39 Le bail de la terre de Botengrennec à Laurent Droillart en est un excellent exemple : le procureur de Rhuys, relayé par la Chambre, précise que ce type d’aliénation domaniale doit être soumis à l’accord des états de Bretagne, mais Pierre II le confirme, après estimation de sa valeur, et se contente d’exiger du donataire, outre la paire de gants blancs prévue par le bail initial, le versement de deux gros de « vieil or », ibid., B 700.
40 AD Morbihan, 31 J 300, n° 3 (1417, Pierre Macé) ; on en trouve plusieurs exemples dans les registres de la chancellerie, AD Loire-Atlantique, B 2, f° 51 v° (1461, Pierre du Boisdelasalle) ; B 5, f° 48v°-49 (1466, François de La Landelle, voir supra PJ 2) ; B 6, f° 110 (1468, Jean Maubec), 131 (1468, Mathelin du Beisit) ; B 8, f° 14v° (1476, Mathelin du Beisit) ; B 9, f° 46 v°-47 (1479, François Avignon), 178 v°-179 (consorts Derien et consorts Rolando, 1480) ; B 13, f° 14 (1490, Jean Gibon).
41 Dans les années 1480, la part du domaine ducal ne représente pas plus de 4 % dans le budget de l’État, Kerhervé J., L’État breton…, op. cit., p. 162.
42 En 1473, la confirmation des privilèges de Saint-Gildas précise que désormais ils jouiront de leurs droits « par la delivrance que leur en feront les officiers desdits boays selon les necessitez dudit couvent », et non plus sans contrôle, « pourtant que lesdits boays et forestz sont trés fort diminuez et degastez a l’occasion des usaiges desdites forestz », AD Loire-Atlantique, B 7, f° 130v°.
43 Le droit de prendre du bois de chauffage dans la forêt de Rhuys, accordé au temps de Jean V à Jean Cardun puis à sa fille et son gendre Laurent Droillart, fixé par l’administration à 60 charretées annuelles, est réduit à 40 charretées jusqu’à la mort du couple, puis à 30 pour leur héritier principal, AD Loire-Atlantique, B 8, f° 133v° ; les terres labourables incluses primitivement dans le don à François de La Landelle en sont finalement exclues, ibid., B 5, f° 49, voir supra PJ 2.
44 AD Morbihan, 93 J 13, f° 39.
45 AD Loire-Atlantique, B 7, f° 137; B 8, f° 130v° ; AD Morbihan, 1 A 7, voir supra PJ 1.
46 Entre décembre 1494 et novembre 1497, la plus grosse réparation touche une des tours que l’on doit « rediffier et habiller » ; on remplace aussi la chaîne du pont-levis, le « sommier de taille » de la cheminée de la salle, on répare les fenêtres, les ferrures, les serrures des portes, ibid., 93 J 13, f° 46-49. D’autres travaux concernent les logis, les ponts dormants ou encore l’horloge de la forteresse, ibid., 93 J 12, compte de 1491, f° 8 bis, 11v°, 14v°.
47 Ibid., 93 J 3, f° 3.
48 Il s’agit surtout de travaux de couverture ou d’huisserie, ibid., 93 J 12, compte de 1491, f° 10, 10v°, 11, 14. Les moulins de Ludré nécessitent des interventions plus coûteuses : remplacement des meules de Brie et de Champagne, réparation des chaussées et des écluses, ibid., 93 J 3, f° 3 ; 93 J 12, f° 8v°, 8 bis, 13 v°, 11 v°.
49 Pour un exemple de devis de réfection des murs du Grand-Parc, voir supra PJ, n° 3.
50 Ibid., 93 J 12, compte de 1491, f° 11 (Assomption 1493). Les auditeurs des comptes refusent malgré tout d’accorder les 50 sous demandés par le receveur pour ce type de dépense qu’ils déclarent inhabituelle. La date de l’Assomption pose problème car la fête des ouvriers (les maçons en particulier) se célébrait plutôt à l’Ascension en Bretagne comme en Normandie, cf. Leguay Jean-Pierre, Un réseau urbain au Moyen Âge. Les villes du duché de Bretagne aux XIVe et XVe siècles, Paris, Maloine, 1981, p. 280 ; pour la Normandie, l’information m’a été donnée par Philippe Lardin que je remercie.
51 11 août 1467, AD Loire-Atlantique, B 5, f° 103.
52 AD Morbihan, 31 J 300, n° 5-7, commission à Jean Périou, capitaine de Suscinio, de bailler à cens les terres du domaine de Rhuys (12 janvier 1427). Les « nouvelles baillées » inscrites dans le compte de G. Houdry fait en 1481 ont accru de 25 % le montant des rentes perçues par la seigneurie ; à elles seules, elles représentent 20 % du domaine immuable, ibid., 93 J 12, compte de 1491, f° 1 ; pour les « baillées » des années 1490, voir ibid., 93 J 13, f° 53-58v°. En 1547, la somme des rentes inscrites dans l’état des revenus de Rhuys, ramenée de la monnaie tournois à la monnaie bretonne, a doublé, résultat des adjudications opérées dans l’intervalle, AD Loire-Atlantique, B 12871 f° 16.
53 Ibid., B 9, f° 46v° ; voir aussi supra PJ 2.
54 Ibid., B 6, f° 64, nouveau délai de six ans accordé à Laurent Droillart pour mettre en valeur une baule non aménagée dans les sept ans imposés par la concession primitive.
55 AD Morbihan, 93 J 13, f° 70.
56 Ibid., 93 J 12, compte de 1491, f° 4.
57 C’est l’objet même de la réformation du domaine de Rhuys en 1510, AD Loire-Atlantique, B 2233 ; voir aussi AD Morbihan, 93 J 13, f° 53-58v°.
58 Une requête de la Chambre des comptes à Louis XII, vers 1500, présente en termes élogieux, pour en dénoncer l’aliénation au prince d’Orange depuis le temps de François II, la « terre et seigneurie de Reuys et du Succenio […], circuye et avironnee de mer, apartenancee de chasteau et forteresse, forestz, buissons et parcs, ou y a habondance de bestes a chasses, grant nombre de beaux et bons estangs, molins, salines, vignes, demaines, abbayes et autres embellissementz a merveillez, de grant emolument et revenu », AD Loire-Atlantique, E 128/17, f° 2v°.
59 Exceptionnellement qualifié de châtelain, Jones M., Recueil, no 117 (1368), à ne pas confondre avec le capitaine du château qui porte parfois aussi ce titre.
60 En 1452, Guillaume Le Charpentier est lieutenant du procureur, AD Morbihan, 31 J 300, no 21.
61 Jones M., Recueil, no 661, 1038 ; AD Loire-Atlantique, B 6, f° 159, B 10, f° 202.
62 AD Morbihan, 93 J 12, compte de 1491, f° 7v°, 8.
63 Dès le règne de Jean IV, les mandements ducaux concernant la presqu’île sont adressés au sénéchal de Broérech, Jones M., Recueil, no 95, 99, 214, 1005 ; en 1473, le sénéchal de Vannes mène une enquête à Rhuys, AD Loire-Atlantique, B 7, f° 74. Il existe des exceptions : le sénéchal de « Suscinio » est mentionné en 1387 et 1399, Jones M., Recueil, no 644, 1166, celui de « Rhuys » en 1432, 1437, 1441, Blanchard R., no 2038, 2040, 2274, 2514, et encore en 1461, AD Loire-Atlantique, B 2, f° 56v°, mais l’absence de désignation nominative de l’officier ne signifie pas forcément qu’il soit différent de celui de Broérech. Pour les alloués, parmi bien d’autres, on peut citer l’exemple de Jean du Celier, alloué de Vannes, Auray, Muzillac et Rhuys en 1467, ibid., B 5, f° 11, ou celui de Pierre Kerboutier, qui exerce les mêmes fonctions en 1477, ibid., B 8, f° 134. Sur ces cumuls, voir Planiol Marcel, Histoire des institutions de la Bretagne, Mayenne, Joseph Floch, 1981, t. III, p. 434-436.
64 Il en va ainsi de M. Reverdy ou de G. de Bodéan, déjà cités, supra note 20 ; J. Malaisie, institué le 20 avril 1488, est premier valet de chambre de François II, AD Loire-Atlantique, B 11, f° 170v°. Les offices secondaires de forestier ou de garde des parcs sont eux-mêmes volontiers confiés à des familiers du duc, ibid., B 5, f° 120, B 10, f° 202.
65 Les gages annuels du sénéchal ne se montent qu’à 8 livres, ceux de l’alloué et du procureur à 5, contre 15 au contrôleur et 30 au receveur ; le capitaine du château perçoit 25 livres au titre de la garde des jardins et 8 pour le Petit-Parc, le concierge 25 livres, les forestiers (quatre en 1491), 8 livres chacun ; capitaine et concierge reçoivent en outre une rémunération en nature, un tonneau de céréales (moitié froment, moitié seigle) pour le premier, deux tonneaux de seigle pour le second, AD Morbihan, 93 J 12, f° 7v°, 8, 15, 15v°.
66 Les changements de règne apparaissent nettement sur le tableau 1 (1404, règne personnel de Jean V ; 1442, avènement de François Ier ; 1450, Pierre II ; 1459, François II) ; dans le détail on peut trouver des correspondances entre la nomination d’un nouveau trésorier et receveur général de Bretagne et celle d’un receveur : la date d’entrée en fonction de P. Macé en février 1424 coïncide avec celle du début d’un compte du trésorier J. Droniou, celle de J. Gonaizon, avec l’accession à la trésorerie de M. Hervé, celle de P. Méhaud, avec le retour aux affaires de J. du Boais, celle de J. Salmon en juin 1460 avec l’arrivée de P. Landais, cf. Kerhervé J., Les Gens de finances des ducs de Bretagne. 1365-1491. Catalogue prosopographique [infra Catalogue], thèse dactylographiée, Paris, 1986, t. I, passim ; enfin, la réforme du 1er décembre 1485, qui généralise la pratique de l’affermage triennal des recettes ordinaires en Bretagne, se traduit aussi par le renouvellement du personnel financier local, cf. Id., L’État breton…, op. cit., p. 156-158.
67 Houdry, 7 ans, Francheville, 9, La Landelle, 11.
68 Deux exercices pour Auffray (10 ans), Denaix (plus de 6 ans), Cardun (près de 15 ans) ; trois pour Macéot (plus de 7 ans) et Salmon (près de 4 ans).
69 La seule information les concernant provient du registre des comptes de receveurs ordinaires conservés à la Chambre de Nantes, rédigé au XVIIe siècle sous la direction de L. Béchameil de Nointel ; la source est le plus souvent fiable, mais les erreurs de lecture des patronymes médiévaux ne sont pas rares, AD Loire-Atlantique, B 4295. On n’ose lire Laesec pour Laisné, Daynar pour Denaix, ce qui apparenterait ces hommes à des familles attestées dans la péninsule.
70 On trouvera les notices individuelles des receveurs dans Kerhervé J., Catalogue, p. 185-194, ce qui nous dispense d’entrer dans le détail de chacune des références relatives à leurs carrières.
71 Seuls A. Macéot et P. Macé sont attestés comme receveurs du fouage, le premier en 1407, dans le diocèse de Vannes, le second en 1427 dans la châtellenie de Rhuys, en association avec Jean Daniélo, receveur ordinaire de Vannes, Blanchard R., no 542, AD Morbihan, 31 J 300, no 8. Quant à Cardun, il a été fermier de certains revenus casuels de la seigneurie sous Pierre Macé avant d’accéder à la recette ordinaire.
72 Riou est aussi receveur de la régale de l’évêché de Nantes au terroir de Guérande entre 1462 et 1468 au moins, et travaille pour le compte du sire de Rieux, comme châtelain et receveur de Rieux entre 1466 et 1472 ; Tubouc, mort en fonction à Quimperlé, après seize ans d’exercice, au cours de l’année 1479-1480, cumule sa recette avec les fermes des ports et havres de Quimperlé, et lève l’impôt des vins à Quimper et Quimperlé en 1465, voir Kerhervé J., Catalogue, p. 171, 173, 278-279.
73 Il est fermier des ports et havres de l’évêché de Vannes en 1468, fermier du prieuré d’Arzon (relevant de l’abbaye de Redon) et des dîmes de l’évêque de Vannes (vers 1461), AD Morbihan, B 3473 ; après la fin de son exercice à Rhuys, il s’engage dans l’association fermière en charge de l’impôt des vins des diocèses de Vannes et de Dol (1476-1479), AD Loire-Atlantique, E 212/11, tout en restant lieutenant du capitaine du château de Suscinio, AD Morbihan, 4 H 3.
74 Houdry, commis de Pierre Landais, trésorier et receveur général de Bretagne, est receveur de Hennebont entre 1467 et 1470, lève l’emprunt de 1468 dans le diocèse de Tréguier puis l’emprunt de guerre à Rennes et le fouage de l’évêché de Vannes en 1472 ; il meurt en fonction à Rhuys. Le Bozec, commis de Landais « a tenir le compte de la dépense du sire de Rohan [alors prisonnier du duc] et de ses gardes » entre 1481 et 1484, passe de la ferme de Rhuys à celle de Vannes en 1488. Jusqu’à la fin du siècle, il continue de spéculer sur les revenus affermés du domaine de Rhuys, le four à ban, le cohuage, l’ancienne coutume de Sarzeau en 1491, le « clos Penbeuff » en 1499, AD Morbihan, 93 J 13, f° 17, 23. Quant à Francheville, qui emporte la recette de Rhuys au prix d’une avance de 1 000 livres au prince d’Orange, il est commis du trésorier général Juzel, son prédécesseur à Rhuys ; fermier général des ports et havres de l’évêché de Vannes (1477, 1479, 1480), sous-fermier de l’impôt des vins à Vannes (1478), receveur du fouage dans le diocèse (1487, 1489) et dans celui de Rennes (1490), il travaille aussi pour le chapitre diocésain (1480) et s’intéresse aux fermes de Rhuys après sa sortie de charge (four à ban, cohuage et ancienne coutume de Sarzeau en 1497, blés des champs et des parcs, sceaux et papiers, impôt des vins de la juridiction en 1498, prés domaniaux, impôt des vins en 1504 et 1505, ibid., 93 J passim.
75 Voir Kerhervé J., Catalogue, p. 49-50.
76 Les Le Charpentier ont donné des lieutenants de justice à la juridiction et ont continué au XVe siècle à briguer les fermes locales, AD Morbihan, 31 J 300, 93 J ; AD Loire-Atlantique, B 2985. Les Du Boisdelasalle ont produit des receveurs de Muzillac et de l’Isle ainsi que plusieurs officiers de justice du domaine de Rhuys, ibid., J 300 et 307. Un Tréal est argentier de Pierre de Bretagne, fils de Jean V, AD Côtes-d’Armor, E 79, compte de 1422-1423, f° 70, Blanchard R., n° 1958 ; la famille, bien en cour, a donné au XIVe siècle un évêque de Rennes et un abbé de Redon, La Bigne-Villeneuve Paul de, La Borderie Arthur de, Mélanges d’histoire et d’archéologie bretonnes, Rennes-Paris, 1855-1858, t. I, p. 266, t. II, p. 36. D’autres Salmon sont officiers de finances, dont un receveur de l’Isle, ou hommes de lois, secrétaires ducaux, AD Morbihan, 31 J 321 ; AD Loire-Atlantique, B 13, f° 80 ; plusieurs hommes de finances du même nom, dont on ignore les liens de parenté avec le receveur de Rhuys, sont attestés dans les diocèses de Saint-Brieuc et Saint-Malo, AD Côtes-d’Armor, E 664 ; AD Loire-Atlantique, B 4, f° 132v°, B 4296, f° 87. Alain de Lescaroux a pour parent Robinet (son père probablement), contrôleur de Nantes (1419-1421), également établi à Vannes, Blanchard R., no 946 ; AD Loire-Atlantique, B 1892, f° 41-42. Vincent de La Landelle est frère de Jean, secrétaire et premier huissier de chambre de Jean V, de Martin, capitaine du Croisic sous Pierre II, et de Guillaume, abbé de Prières (1439-1452), Rosmorduc Georges de, La Noblesse bretonne devant la Chambre de Réformation (1668-1671). Arrêts de maintenue de noblesse, Saint-Brieuc, 1896-1905, t. I, p. 334-337. Les Le Bozec ont produit un receveur de Vannes, un receveur du fouage (Hervé, 1438-1442), AD Loire-Atlantique, B 128/197, B 4295, f° 167, et un fermier des ports et havres de l’évêché (Jean, vers 1457-1460), ibid., B 2, f° 37v°, 44v° ; E 131, f° 69.
77 Les Méhaud, seigneurs de la Ville-Boury à Rochefort-en-Terre, sont vassaux des Rieux, comme les Salmon ; Jean Riou est aussi receveur de Rieux pour le sire de Rieux en 1466 et 1472, AD Morbihan, E 55 ; Alain de Lescaroux, secrétaire du duc, maître d’hôtel et garde de la vaisselle de la duchesse Marguerite de Bretagne (1464-1468), est commis au paiement des gages des serviteurs des duchesses Françoise d’Amboise et Ysabeau d’Écosse, et au paiement des dettes de Pierre II (1469-1471), AD Côtes-d’Armor, E 907 ; AD Loire-Atlantique, E 25/14, E 205/1, f° 95v°, E 210/18, B 4, f° 119v° ; Pierre Francheville, familier et échanson de la duchesse Ysabeau d’Écosse, est en outre serviteur du prince d’Orange, AD Morbihan, 93 J 2, 29, 39.
78 Outre les relations familiales locales, d’autres alliances peuvent aider à la réussite des carrières financières. Jamet Salmon, frère de Jamette épouse de Jean Cardun, son prédécesseur à Rhuys et donc son beau-frère, est marié à Jeanne de Crésolles, d’une famille dont sont issus : un receveur de Hennebont (Jean, 1407-1410), devenu contrôleur de l’hôtel du duc (1410-1414), Morice P.-H., Preuves, II 831, 875 ; un pourvoyeur de l’hôtel du comte de Montfort, héritier de Jean V, chargé aussi d’assumer la « mise » du manoir de Plaisance, propriété du prince (Jean), AD Côtes-d’Armor, E 80, compte de 1434-1436, f° 49, compte de 1437-1440, f° 44 ; un secrétaire ducal, receveur de Lannion (Gilles ou Gillet, 1473-1482), qui fait même un passage à la Chambre des comptes (1468), AD Loire-Atlantique, B 6, f° 91v°, B 4295, f° 151v°. Jeanne, fille de Jamette et de Jean Cardun, épouse Laurent Droillart, auditeur des comptes.
79 Parmi les enquêteurs chargés en 1466 de s’informer sur un vol de sel commis au préjudice de Laurent Droillart, gendre de feu Jean Cardun, on trouve un Le Charpentier et Vincent de La Landelle, ibid., B 4, f° 81.
80 AD Morbihan, 31J 315.
81 C’est le cas des Auffray, Du Boisdelasalle, seigneurs de Lannoédic, Le Charpentier, propriétaires de plusieurs métairies à Sarzeau, Macé, détenteurs de salines à Duer, de terres et de maisons à Sarzeau. On trouve de nombreuses références à ces familles dans Laigue René de, La Noblesse bretonne aux XVe et XVIe siècles. Réformations et montres, t. I. évêché de Vannes (seul paru), Rennes, Plihon, 1902.
82 Durand habite Vannes à l’époque où il gère la recette de Rhuys, AD Loire-Atlantique, B 2339, f° 2, 26 ; de même pour les Macéot, qui sont aussi installés à Erdeven, ibid., f° 7 v°, B 3003 ; Alain Macéot y possède une maison noble et un autre domaine à Calsac en Sarzeau, exploité par trois familles de métayers, Laigue R. de, La Noblesse…, op. cit., p. 196, 757. La famille de Muzillac a son berceau dans la châtellenie du même nom, AD Loire-Atlantique, B 2326, Laigue R. de, La Noblesse…, op. cit., p. 16-19, 32, 403, 405, 421-423, 425. Les Le Bozec sont également attestés à Vannes, AD Loire-Atlantique, B 2339, f° 1. Roland de Rosnarho est propriétaire à Vannes et à Surzur, ibid., f° 3, Laigue R. de, La Noblesse…, op. cit., p. 178, 814, 815. Jean de Rhuys, dont le nom évoque sans doute les origines familiales, vit à Arzal en 1427 et possède une métairie à Marzan, ibid., p. 31, 349. Les Juzel sont originaires de Nostang et Hennebont. Les Tréal portent le nom de leur paroisse d’origine, dans l’est du Vannetais.
83 Guillotin de Corson Amédée, Pouillé historique de l’archevêché de Rennes, Rennes-Paris, 1880-1885, t. IV, p. 583.
84 AD Morbihan, 93 J 29, procédure du 13 octobre 1489 qui rappelle les antécédents du personnage. Possesseur d’une maison à Vannes, il réside à la fin de sa vie dans sa maison de la Ville-Jégu à Sarzeau.
85 Kerhervé J., L’État breton…, op. cit., p. 730-734 ; dans les deux tiers des cas, lorsque leur statut social est connu, les receveurs de Rhuys sont nobles.
86 Michel Durand détient quatre maisons et un appentis à Vannes, dans le quartier du port, en 1413, AD Loire-Atlantique, B 2339, f° 2, 26. Les enquêteurs de Rhuys en 1427 admettent que Pierre Macé demeure « exempt (de fouage) durant qu’il sera recepveur », Laigue R. de, La Noblesse…, op. cit., p. 757.
87 AD Morbihan, 93 J 29. Le nom à particule, « de » Francheville, apparaît en 1509, dans une procédure de la cour de Rhuys qui concerne Étienne de Francheville et curieusement Pierre « de » Francheville, ibid., 93 J 40.
88 La famille Du Boisdelasalle, déjà attestée dans l’administration ducale au milieu du XIVe siècle (Jones M., Recueil des actes de Charles de Blois…, op. cit., n° 160, 243), est originaire de la seigneurie du même nom en Péaule, que ne possède pas la lignée des officiers de Rhuys ; il en va de même pour éon de Tréal, issu d’un lignage de la paroisse du même nom, et Vincent de La Landelle, dont les ancêtres sont issus du manoir du même nom en Guer (diocèse de Saint-Malo) ; le manoir éponyme de la famille Rosnarho se trouve en Crach, alors que le receveur n’est propriétaire qu’à Surzur et Vannes, voir Laigue R. de, La Noblesse…, op. cit., passim.
89 D’une manière générale, il est rarement possible de remonter au-delà de la réformation de 1427 pour prouver la gentillesse des familles d’officiers de Rhuys. Le seul cas d’anoblissement patent est celui de Pierre Francheville, qui, arguant de ses origines étrangères, essaie de se faire passer pour noble d’ancienneté, alors qu’il est connu en 1455 comme « espicier » sur la place de Vannes, AD Loire-Atlantique, B 2339, f° 21 ; en 1489, en procès avec les habitants de Sarzeau pour avoir refusé de se soumettre à l’impôt, il produit une lettre d’anoblissement de François II, datée du 19 janvier 1478, AD Morbihan, 93 J 2, 29.
90 C’est le cas des Le Charpentier. En 1427, Laurent « se dit noble et n’a point accoustumé payer », et le métayer de Jean dans la frairie de Coeterscoufle réussit à échapper à l’impôt « par le support doudict Jehan, officier esdictes parties [car] les habitants ne l’osent mettre en contribution », Laigue R. de, La Noblesse…, op. cit., p. 758, 760. La fille et le gendre de Lucas Alanou, en procès contre les paroissiens de Grand-Champ la même année, bénéficient du soutien de leur père sur l’intervention duquel les demandeurs « se sont delaissez du plect », ibid., p. 210.
91 10 à 40 livres pour les Le Charpentier, 20 pour les Alanou, 25 pour les Salmon ; en revanche, les différents membres de la famille La Landelle font état de 60 à 120 livres de rente ; Pierre Francheville, mort en 1506, dispose au moment de sa mort à plus de 70 ans, en 1506, d’une « fortune » estimée à 136 livres de rente, et les Du Boisdelasalle en avouent de 60 à 300 livres, ce qui classe certains de leurs membres dans les strates inférieures de la moyenne noblesse à la fin du siècle. Voir aussi les revenus de J. Cardun, infra note 167 et supra PJ 5.
92 Les Macéot, Le Charpentier, Tubouc, et même certains Du Boisdelasalle subissent de telles injonctions, pour des armes ou armures incomplètes ou inadaptées à leur niveau de ressources, Laigue R. de, La Noblesse…, op. cit., p. 122, 197, 738, 762, 763, passim.
93 Outre les cumuls naturels des grands commis de l’administration centrale à la fin du siècle déjà évoqués, ceux d’A. de Lescaroux, J. Riou, P. Francheville ; V. de La Landelle est lieutenant du capitaine du château de Suscinio, ibid., 4 H 3 ; sa longue carrière est récompensée en 1482 par une pension annuelle de 60 livres, trois fois les gages d’un receveur de Rhuys, AD Loire-Atlantique, E 212, f. 16. Le duc donne à G. Juzel en 1486 une pension de 200 livres sur la recette de Rhuys, en attendant qu’il soit reçu à la Chambre des comptes, ibid., B 11, f° 195. Le prince sait à l’occasion dispenser les héritiers des officiers du paiement des dettes de leur père, comme c’est le cas pour les Francheville en 1512, AD Morbihan, 93 J 5. Les officiers et leurs parents figurent en bonne place parmi les bénéficiaires des dons de terres « frostes » du domaine, cf. supra note 40 et PJ 2.
94 Cette promotion emprunte parfois les chemins classiques de l’hypermariage : P. Macé, dont on a vu les origines plutôt obscures, est capable de payer les dettes de la future épouse de son fils Jean, Jeanne Philippot, dame de la Gracionnaye, AD Morbihan, 31 J 315 ; P. Francheville épouse Marguerite de Trélan, fille de Jean, capitaine de Suscinio et grand veneur de François II, ibid., 93 J 2, p. 9. Elle passe aussi par la pratique des fondations pieuses dans l’église locale, à l’image de celles des Droillart ou de P. Francheville (1497), ibid., 93 J 38.
95 Jean Auffray qui possède une maison à Sarzeau « decebda sans hoirs de son corps », AD Loire-Atlantique, B 2233, f° 378-378 v°. Voir aussi les difficultés de fin d’exercice de P. Macé, et la captation de ses biens par les Cardun-Droillart, AD Morbihan, 31 J 315.
96 C’est le cas des Le Charpentier, Du Boisdelasalle qui fournissent des lieutenants de justice à la cour, ibid., 31 J 300, no 21 ; AD Loire-Atlantique, B 2985.
97 Ibid., B 2239, passim, notamment f° 423-434 ; le nom d’Étienne, fils aîné et héritier de Pierre, est cité une dizaine de fois dans le rentier, f° 67, 109v°, 112v°, 375, 379, 380v°, 382, 426 (minu).
98 Sur les manoirs et terres nobles de Rhuys, dont l’histoire reste à faire, voir Forget Y., Les Archives…, op. cit., passim, et Beunon Pierre, « Les terres nobles de Rhuys » [http://www.lamaisonforte.org], 17 mai 2007. Les acquisitions des officiers ne se limitent pas à la presqu’île de Rhuys, comme le montre l’exemple des Cardun-Droillart ; P. Francheville possède, outre deux maisons à Sarzeau, des salines et des vignes au Tour-du-Parc, des vignes à Sené et la seigneurie de Trémelgon à Ambon, AD Morbihan, 93 J 38.
99 En 1427, les registres de la réformation générale mentionnent à Carnac un Guillo Droillart, noble homme, dans la frairie de Kerlan, et à Ploeren, un (autre ?) Guillo Droillart, « vieil et ancien », et son fils Jean, Laigue R. de, La Noblesse…, op. cit., p. 148, 509. Même si les prénoms de Jean et Guillaume se retrouvent dans la descendance de Laurent, ils sont trop communs pour soutenir l’hypothèse d’un lien assuré avec la famille de Sarzeau. Les Drouillard ou Droillart cités sans références par René Kerviler, Répertoire général de biobliographie bretonne, t. VI, Rennes, 1899, p. 357, à savoir Guillaume, donataire de la terre de Saint-Laurent près de Vannes (1349), Jean, capitaine de compagnie (1356), Jean, seigneur de Saint-Gilles (1356), fondateur de chapellenie, n’ont été retrouvés ni dans les lettres de Charles de Blois et Jeanne de Penthièvre, ni dans les Preuves de P.-H. Morice. D’autres Droillart existent dans le pays nantais, mais plus tard : dans l’aveu rendu par Gillet Barbe pour ses terres de Thoaré (Loire-Atlantique), on mentionne la terre qui fut à Perrot Droillart, ainsi que Pierre Droillart, agissant au nom des héritiers de Jean Droillart, AD Loire-Atlantique, B 1882. Un dom Jean Droillart est prêtre à Vertou en 1481, ibid., B 11, f° 128v°. Les liens avec la famille de Rhuys sont impossibles à établir dans l’état actuel de la documentation.
100 Les Lodic ont produit au moins un officier de finances au XVe siècle (Olivier, receveur du fouage de l’évêché de Vannes de 1447 à 1450, ibid., B 4296, f° 166). On trouve les Vitré, de noblesse douteuse, en 1427 à Sarzeau, et surtout parmi les nobles de Carnac dans les décennies suivantes, Laigue R. de, La Noblesse…, op. cit., p. 39, 152-155.
101 AD Morbihan, 31 J 300, no 1 et 2. Pour l’identification de la terre, voir Laigue R. de, La Noblesse…, op. cit., p. 760. Des Cardun figurent parmi les anoblis de Persquen au milieu du siècle ; leurs liens avec ceux de Rhuys nous échappent, ibid., p. 448, 449.
102 Cette date, transmise par un inventaire tardif, AD Morbihan, 31 J 299, f° 3, s’accorde mal avec l’âge de Jean, son père, 36 ans en 1442, selon une enquête authentique concernant les droits des trinitaires de Sarzeau, AD Loire-Atlantique, B 2985. L’épouse devait être très jeune puisqu’elle vit jusqu’en 1497 ; elle achète encore une part de récolte d’un clos de vigne le 17 juillet 1497, mais elle agit alors par procuration, probablement en raison de sa grande vieillesse, AD Morbihan, 31 J 301, no 41.
103 Les trois fils de Jean Droillart, dont deux sont clercs, meurent sans héritier mâle, de même que leur sœur aînée Jeanne. L’ensemble des biens de la famille échoit à Jeanne, fille aînée de Guillaume, qui les transmet aux enfants issus de son premier mariage avec Bonabès de Quistinic.
104 Pour ne pas multiplier les références, nous renvoyons à la notice du personnage dans Kerhervé J., Catalogue, p. 706-708.
105 Chauvin, alors chancelier de Bretagne, cumule exceptionnellement sa fonction avec la charge de commis à l’épargne en l’absence de trésorier, AD Loire-Atlantique, E 205/1.
106 C’est au titre de commis du maréchal, capitaine de la ville, qu’il auditionne les comptes de Rennes, AM Rennes, CC 835/1, f° 1.
107 BnF, ms fr 11549, f° 145; AD Loire-Atlantique, B 51, f° 59. Son prédécesseur Jean Maubec, en charge au moins depuis 1479, est promu alloué au début d’avril 1496, en remplacement de Pierre Kerboutier ; Droillart, contraint de résider à Nantes une bonne partie de l’année, fait remplir son office par un lieutenant, l’avocat Jean Mahé, également procureur des paroissiens de Sarzeau (1489) et commis du contrôleur de la recette (1489-1496), AD Morbihan, 93 J 12, compte de 1494, 6vo, 93 J 13, AD Doubs, E 1212.
108 Il est fermier des papiers et sceaux de Rhuys en 1491-1493, des « ros de l’estang de Marre » en 1492-1493, et des anguilles de 1492 à 1498, AD Morbihan, 93 J 12, compte de 1491, f° 2, 3v° ; 5 ; 93 J 13, f° 13, 25.
109 Il porte ce titre en 1531 et 1539, ibid., 31 J 299, f° 14 et 15.
110 Ibid., 31 J 303, no 21. Le règlement de succession entre Jean Droillart et sa sœur Perrine précise que les biens de leurs parents ont été pour l’essentiel acquis par le couple, ibid., 31 J 306, no 9 (1495).
111 Outre la dot de Marion, il s’agit de l’ensemble des biens dévolus à Jouhannette Lodic dans la succession de son père Sylvestre, soit 100 sous de rentes nobles, un début en quelque sorte. L’acte de la cour de Rhuys (25 septembre 1403) montre que les époux ont déjà des relations sur place : passé par le notaire Guillaume du Boisdelasalle, il est validé, à leur demande, par le sceau de Jean Auffray, ancien receveur ordinaire, AD Morbihan, 31 J 300, no 2.
112 Le transfert de Calsac des Du Quirissec aux Droillart ne paraît pas s’être effectué sans difficulté ; en 1495, un procès oppose Jean du Quirissec et Jean Droillart à son sujet, le premier en obtenant la jouissance provisoire, sans préjudice des droits du second, dans l’attente des résultats d’un arbitrage ; le rentier de Rhuys montre que les Droillart ont finalement obtenu gain de cause, mais l’affaire a peut-être traîné en longueur car l’étendue et la valeur du bien restent encore à préciser lors de sa rédaction ; qualifié de « pièce » en 1495, Calsac est devenu « manoir et demaine, le tout en seul tenant, situé et assiis sur l’estangc de Calsac » en 1510, AD Morbihan, 31 J 306, no 8, AD Loire-Atlantique, B 2233, f° 424.
113 AD Morbihan, 31 J 304, no 46; 31 J 321 (1478).
114 Dédommagements à L. Droillart, pour les frais supportés dans l’exercice de ses fonctions ou les tâches supplémentaires qu’elles lui occasionnent, AD Loire-Atlantique, B 3, f° 49 (50 écus, 1464), B 4, f° 112v° (120 écus, 1466), E 201, f° 167 (40 livres, 1472) ; Arch. mun. Nantes, CC 95, f° 16v° (15 livres, 1471) ; don de trois tonneaux d’avoine de la recette de Rhuys, AD Loire-Atlantique, B 4, f° 6v° (1466).
115 Concession de baules à L. Droillart, ibid., B 6, f° 64 (1460) ; bail d’une terre à Kerhart, frairie de Duer, AD Morbihan, 31 J 301, no 32 (1472).
116 J. Cardun et L. Droillart sont autorisés à « composer » avec le chancelier Jean de La Rivière, donataire des lods et ventes dus au duc par eux pour l’acquisition des biens des Macé, sans qu’ils puissent « estre ou temps avenir […] contrains a apparoir ne exhiber les contraz des acquestz qu’ils et chacun d’eux ont fait le temps passé ne que aucune demande ou vexation leur en soit aucunement faicte ne donnee » ; la composition s’est faite de gré à gré avec le chancelier « a certaine somme de pecune convenue » entre eux, ibid., 31 J 305, no 2 (1452). Laurent bénéficie encore en 1473 de la franchise totale de lods et ventes pour des contrats, dont certains remontent à plus de six ans et qui s’élèvent à plus de 340 livres ; ce droit s’élevant ordinairement au huitième (12,5 %), le cadeau se monte donc à 42 livres 10 sous, plus d’une fois et demie les gages annuels d’un receveur de Rhuys, AD Loire-Atlantique, B 7, f° 74v°. Autre exemple de cadeau fiscal, le don à Jean Droillart de 35 livres sur le rachat dû à la mort de son père, AD Morbihan, 31 J 306, no 7 (1481).
117 AD Loire-Atlantique, B 700 ; AD Morbihan, 31 J 300, no 18, 316, 321 (don de François Ier, 1449, confirmé par Pierre II, 1452).
118 Confirmation de l’exemption de la métairie de Lenden, en faveur de J. Cardun, AD Morbihan, 31 J 300, no 8 (1430) ; délais supplémentaires pour mettre en valeur les friches données par le duc, AD Loire-Atlantique, B 6, f. 64 (1467), B 7, f° 165v° (1473) ; don de bois de chauffage dans les forêts de Rhuys fait par Jean V à J. Cardun, confirmé à L. Droillart, B 8, f° 133v° (1477), voir supra note 43 ; droit de mouture prioritaire au moulin ducal de Ludré et au moulin à vent, don de Jean V, confirmé par François II, AD Morbihan, 31 J 299, f° 3 (1434, date douteuse, l’original, inscrit à l’inventaire, manque dans la liasse, 31 J 300, no 10) ; AD Loire-Atlantique, B 4, f° 114 (1466) ; droit de colombier pour L. Droillart, AD Morbihan, 31 J 301, no 29 (1459) ; cf. PJ 4 ; assistance de l’administration judiciaire dans la défense de ses intérêts, AD Loire-Atlantique, B 4, f° 81 ; relèvements d’appel au conseil ducal, ibid., f° 166, 168v° ; sauvegarde pour J. Droillart et J. Cardun, veuve de L. Droillart, 1487, ibid., B 11, f° 67v° ; AD Morbihan, 31 J 300, no 5 et 18 ; 31 J 316.
119 Dettes de Jean Turscat et Jocelin Le Doriol, pour « la grant ferme de Rhuys », ibid., 31 J 305, no 68 ; celles d’Olivier Calvez, pour la même ferme, ibid., 31 J 303, no 19 ; celles de Jean du Boisdelasalle, lieutenant de Cardun ; ces dernières s’ajoutent aux sommes dues par son épouse Jeanne pour la succession de Perrot Macé, ibid., 31 J 300, no 2.
120 AD Morbihan, 31 J 301, no 38.
121 Il est probable que Droillart a joué un rôle essentiel dans le rachat de la dette de Macé, puisqu’à la mort de Cardun il se dit créancier de son beau-père pour un montant supérieur à la valeur des biens du défunt, ibid., 31 J 303, no 21. Pour suivre le déroulement des transactions et des procédures générées par cette affaire, voir ibid., 31 J 300, no 17, 19, 20, 21, 22 ; 31 J 301, no 23, 24 ; 31 J 315. Le transfert de propriété concerne en particulier des salines à Duer – « la grant saline » qui fut à Perrot Macé –, des terres et une maison à Sarzeau.
122 Vente de vin breton, ibid., 31 J 304, no 43 (1477), 46 (1480), 48 (1487) ; vente de sel, 31 J 304, no 51 (1494) ; vente de chevaux, 31 J 300, no 16 (1447), 31 J 303, no 22 (1452). C’est à la « dame de Kerlen » que le receveur achète (6 livres) une pipe de vin en juillet 1492, pour l’usage de Picot, grand fauconnier du prince d’Orange, qui séjourne au château de Suscinio, ibid., 93 J 12, compte de 1491, f° 9v°.
123 Ibid., 31 J 303, no 22 (1466).
124 Ibid., 93 J 29.
125 Pour un exemple patent de mort-gage, c’est-à-dire de prêt d’une durée limitée, garanti par la cession du revenu d’un bien foncier ou immobilier, dont le paiement constitue l’intérêt, sans venir en diminution du capital à rembourser, ibid., 31 J 303, no 2 (1409). À terme, quand le gage est un immeuble ou une terre, le résultat est bien souvent le même que celui du système de la rente constituée, le bailleur entrant en possession du bien dont il percevait les fruits si le débiteur est incapable de rembourser à la date convenue. La dette de P. Macé envers J. Cardun est garantie par la cession de 59 œillets de salines à Duer, ibid., 31 J 300, no 17.
126 AD Morbihan, 31 J 301, no 34 (1451); 31 J 303, no 12 (1451), no 20 (1462), no 22 (1466); 31 J 304, no 38 (1472), 41 (1475), 44 (1478), 54 (avant 1497) ; 31 J 305, no 68 (1451). Achat d’une rente en vin, 31 J 302, no 69.
127 Contrats mentionnant tantôt les achats, tantôt les impayés de rentes constituées, les dates d’acquisition n’étant pas alors toujours rappelées avec précision, ibid., 31 J 299, f° 1 (avant 1458), 36 (1446) ; 31 J 300, no 18 (1456) ; 31 J 303, no 4 (avant 1412), 5 (1441), 7 (1445), 8 (1448), 10 (1450), 11 (1451), 15 (1451), 19 (1458), 22 (1453, 1466), 24 (1464), 25 (1469), 26 (vers 1409 et 1469), 35 (vers 1440), 36 (1438, 1441, 1444) ; 31 J 304, no 38 (1472), 41/1 (1475), 42, 43, 44 (1477), 45 (1479), 48 (1487), 51 (1497), 56 (vers 1440), 58 (1503), 59 (1481), 62 (1523) ; 31 J 305, no 63 (1525), 65 (1514), 69 (1552), 72 (1553) ; 31 J 306, no 11 (1514). Il arrive que certaines soient racquittées dans les délais, 31 J 301, no 34. Voir aussi note précédente.
128 AD Loire-Atlantique, B 7, f° 74v° : la somme des seuls contrats rappelés dans la lettre ducale s’élève à plus de 328 livres. Elle mentionne une partie de ceux que nous avons retrouvés en original et comptabilisés, passés en 1469 avec Pierre Josso, pour 100 livres, AD Morbihan, 31 J 303, no 25 ; la veuve et la fille de Jehan Bron, en 1466, pour 33 livres, ibid., no 22 ; Jehan Hazo, en 1469, pour 4 livres, et Olivier Coezelez, pour 56 livres 8 sous 6 deniers, 31 J 301, no 27, 31 J 303, no 26, 32, 33. Elle en ajoute deux, non retrouvés, pour 135 livres : 115 livres payées à Pierre du Boisdelasalle, pour 115 sous de rente, et 20 livres à « un nommé Kerguelauff », pour deux perrées de froment (S’ajoutent 10 livres versées à dom Olivier Cardun pour l’achat d’une part de la « tenue de Kergroes », également dispensées de lods et ventes).
129 AD Morbihan, 31 J 300, no 1 (maison de la Fontaine et terrain à Sarzeau, 1403), 8, métairie franche de Lenden (1430), 12 et 15 (courtil, rue de la Fontaine, 1441), 13 (pré, 1463), 17 et 19 (59 et 12 œillets de marais à Duer, 1448), 20 (clos Lagadic, 9 journaux de terre, 1451) ; 31 J 301, no 25 (vigne ; jardin à Sarzeau près de la maison et du pressoir des Droillart, 1468), 31 et 32 (tenue de Kerhart, 1470), 33 (maison, jardin et terre à Kerlevenan, 1478), 35 et 36 (terre et vigne à Duer, 1490), 37 (terre à Duer, 1497), 39 (vigne à la Ville-Jégu, 1498), 41 (part de récolte d’une vigne, près de la chapelle Saint-Martin, 1497), 42 (terre à Duer, 1497), 48 (domaine de Kermartin, avec 120 œillets de salines au Grand-Parc de Rhuys, 1500), 44 (prés à Couetmourault, frairie de Saint-Jacques, 1520), 50 (vigne, 1521), 52 (terre en friche près de la Fontaine, 1446) ; 31 J 302, no 68 (idem, 1520), 69 (part de récolte de vigne près d’un jardin à dom O. Cardun, 1483) ; 31 J 306, no 1 (terre en friche, attenante au jardin de J. Cardun sur le chemin de la Fontaine, 1446). Les achats se poursuivent après la mort de J. Droillart, à un rythme bien moindre, jusqu’à l’extinction du nom, cf. les acquisitions à Duer de Jeanne Droillart, dame de Kerlen et de Kerhart, 31 J 302, no 70, 71, 72 (1584, 1587).
130 Cas exemplaire d’une baillée faite à L. Droillart à Kerhart, près du grand chemin de Saint-Colombier à Sarzeau, touchant à la vigne de J. Hazo et à un « buisson de ronces » qui la sépare des autres terres de Hazo et Droillart, ibid., 31 J 301, no 32.
131 Voir PJ 5. Seuls les biens nobles relevant du fief ducal y apparaissent, ce qui représente encore assez peu de chose à cette date. De même, J. Droillart, pressé par sa sœur Perrine de régler le partage de leur père et celui à venir de leur mère, reconnaît que le couple a acquis pendant son mariage des rentes « tant en fié noble que partable », AD Morbihan, 31 J 306, no 9.
132 Biens sous la juridiction d’Auray, ibid., 31 J 301, no 30 (1469) ; maison et courtil à Muzillac, 31 J 303, no 33 (1442) ; métairie à Muzillac, 31 J 306, no 5 (1477) ; deux tenues baillées à domaine congéable à Questembert, (avant 1501), grande tenue et rente à Surzur (1514), 31 J 306, no 10 et 11 ; maison à Nantes, 31 J 317 (1504) ; maison à Vannes, 31 J 321 (1478). Le domaine de Béhellec (aujourd’hui Béhélec) en Saint-Marcel, près de Malestroit, relevant du sire de Rieux, dont L. Droillart porte le titre, est acquis avant 1472, AD Morbihan, 20 J 327 ; qualifié d’« hebergement […] ouquel a metayrie entienne franche et exempte », il appartient en 1427 à Marguerite, veuve d’éon de La Salle ; en 1514, on parle de « maison et metairie […], noble de ansesorie », Laigue R. de, La Noblesse…, op. cit., p. 727, 728.
133 Protection de la « maison neuve » des Droillart à Sarzeau, menacée par la construction mitoyenne des Botrel. Les premiers obligent les seconds à reconnaître que le mur ne leur appartient pas et que l’écoulement des eaux de gouttières provenant de la maison nouvellement bâtie sur le toit des Droillart ne constitue pas une servitude, AD Morbihan, 31 J 306, no 6 (1479).
134 Ibid., 31 J 300, no 14, échange d’une rente à Bourg-Paul (Muzillac) contre une terre à Sarzeau, mitoyenne de celle de J. Cardun (1447) ; 31 J 301, no 30, échange de terres à Auray contre des maisons et des terres à Rhuys (1469), 31 et 32, échange d’une rente contre la tenue Kerhart à Duer (1470), 40, échange de terres à Duer (1497), 46, échange de la terre de Kermartin contre des marais et salines au Grand-Parc de Rhuys (1504). Achat de rente sur une tenure mitoyenne, 31 J 303, no 25 (1469) ; de terres attenantes aux leurs : 31 J 301, no 37, un tiers de journal dans le marais de Duer (1497), 42, la moitié d’un pré dans le même secteur (1497), 50, un clos de vigne (1521), 54 et 55, un pré à Sarzeau, (1541, 1542).
135 Ibid., 31 J 303, no 25, rachat des rentes dues à Pierre Josso et Marguerite Le Baron, sa femme, sur la tenure de Kerhart (1469) ; autres exemples du même type, 31 J 304, no 37 (1472), 46 (1480), 53 et 54 (1497). Réduction de la quinzième (6,66 %) à la trentième (3,33 %) gerbe de la dîme due aux trinitaires de Sarzeau sur les terres nouvellement acquises par L. Droillart dans le parc de Bernon, 31 J 299, p. 43 (cf. 31 J 306, no 3, pièce manquante, 1453).
136 Bail au dernier vivant, ibid., 31 J 304, no 39 (1474) ; le contrat cité est assorti de l’obligation pour le couple preneur de mettre en valeur la partie en friche de la tenure en y plantant des vignes sous deux ans et d’« entretenir ledit clos en bonne et deue reparacion de labeurs, de plantaisons, de fossez et de haies et de touz aultres labeurs neccessaires durant le temps qu’ilz tendront ladite vigne, tellement que a leur deceix ladite piece soit bien planctee et labouree ». Ibid., 31 J 306, no 5, reconduction pour neuf ans d’un bail de ferme pour la métairie de la rue Guillouat à Muzillac (1477). Baux à cens : ibid., 31 J 301, no 4 (maison, 1503), 31 J 303, no 14 (1458), 16 (1454); 31 J 305, no 76 (1480). Un seul exemple tardif de bail à féage dans les archives des Droillart, ibid., 31 J 305, no 61 (1517). Pour des baux à domaine congéable, ibid., 31 J 301, no 38 (terre cédée par un débiteur et reprise par le même à titre de domaine congéable, 1496), et infra note 141.
137 Par exemple Jean Maubec, procureur (attesté de 1479 à 1488), puis alloué de Rhuys (1496-1497), qui plaide pour Laurent Droillart en 1470, 1471, 1480, AD Morbihan, 31 J 303, no 28, 35, 31 J 304, no 47 ; ou encore Eonnet Salmon, parent de Jeanne Cardun et d’un receveur de Rhuys, fermier lui-même des guets de Suscinio (AD Loire-Atlantique, B 8, f° 74v°, 1477), plaidant pour Laurent en 1471, AD Morbihan, 31 J 303, no 4.
138 À en croire Olivier de Rosnarho, incapable de s’acquitter de ses dettes envers L. Droillart, ce dernier a promis de lui accorder un « terme de racquit » plus long que celui contenu dans les contrats passés entre eux, ce qui n’empêche pas le créancier d’exiger le remboursement à la date prévue par les actes, AD Morbihan, 31 J 303, no 22 (1466).
139 Ibid., 31 J 302, no 75; voir infra note 173.
140 Ibid., 31 J 304, no 47 (1480).
141 La formule citée est extraite du congément des frères Le Roux, ibid., 31 J 304, no 60 (1514). Voir aussi la saisie des biens d’Olivier Guilloux, l’un des deux fermiers des Droillart à Muzillac, deux ans après le renouvellement de son bail, sans doute pour n’avoir pas acquitté les arrérages du précédent, ibid., 31 J 306, no 5v° (1479). Pour un exemple de congément de domanier, voir supra PJ 6 ; l’affaire est présentée comme la requête d’un couple âgé, se déclarant incapable d’entretenir l’exploitation et souhaitant s’en libérer rapidement ; la vérité n’est peut être pas si simple si l’on en juge par l’âpreté du marchandage préalable à la conclusion de la transaction finale. J. Droillart, après avoir contesté la valeur des édifices et superfices et même le droit qu’avaient les preneurs de les aménager, finit par leur laisser le bénéfice du délai légal d’un an pour tirer profit des friches engraissées et labourées et par leur accorder, outre une modeste indemnité – le vingtième de ce qu’ils demandaient – et un rabais sur la prochaine échéance de leur loyer, la jouissance viagère d’une petite vigne, d’un petit jardin et d’une parcelle de pré, sous réserve qu’ils les maintiennent en bon état. À ces conditions les domaniers doivent libérer les terres cultivées immédiatement après la récolte et le paiement de leur convenant, c’est-à-dire sous quelques jours, au mieux quelques semaines, l’acte étant daté du 2 août, ibid., 31 J 304 no 49.
142 Un billet, de la main du preneur, attaché au contrat de ferme précise sans ambages : « Ceste ferme n’est pas a tenir et fut faicte pour garder de avoir impeschement de me approprier de Kermartin et des sallines par plegement ou aultres impeschemens, affin de monstrer ladite ferme pour leur oster l’imaginacion de avoir contrat a titre heritier. Et sera cancellee et rompue lorsque je seroy approprié desdites maison et sallines. Et ne y a personne qui ayt ladite ferme par escript que moy, ne merche », ibid., 31 J 306, no 13. Le lendemain, 23 décembre 1500, l’acte de vente est signé pour la somme respectable de 425 livres « bonne monnoie », suivi le 30 décembre de la prise de possession de la maison, le rituel impliquant l’expulsion du locataire de l’ancien propriétaire et sa réinstallation au titre de son nouveau maître, ibid., 31 J 301, no 43.
143 Transaction avec réduction de dette, AD Morbihan, 31 J 303, no 26 (1469) ; 31 J 304, no 50 (1494). Voir aussi la note précédente et le texte de la pièce justificative.
144 Deux chevaux pour Laurent en 1464 et 1477, de même pour Jean en 1481, Laigue R. de, La Noblesse…, op. cit., p. 763-764.
145 Manoir à l’est de Sarzeau, AD Morbihan, 31 J 306, no 9 (1495).
146 Ibid., 31 J 301 no 58, 59.
147 Supra, tableau 2. Les titres cités se retrouvent dans les actes cités en référence dans les notes précédentes, ce qui nous dispense de les répéter.
148 Laigue R. de, La Noblesse…, op. cit., p. 760.
149 AD Morbihan, H Sarzeau 1 (1519).
150 Ibid., 31 J 301, no 29, voir PJ 4.
151 Elle est attestée depuis 1475 par les quittances du procureur de la fabrique, ibid., 31 J 304, no 41 (2) ; 31 J 306, no 15 et 18.
152 Fondation du 6 juillet 1556 ; il lui en coûte 35 livres, ibid., 31 J 299, p. 23 ; pour le dépôt du cœur, 31 J 306, no 20.
153 La première – Du Quirissec ou Du Quirisoet – appartient à un lignage originaire de Crach (56), qui a fourni aux Montforts des officiers parvenus dès la première moitié du XVe siècle à un rang supérieur à celui des Cardun et Droillart, tel Olivier du Quirissec, sénéchal de Cornouaille et auditeur des Comptes, Kerhervé J., Catalogue, p. 732 ; la seconde se rattache à une famille du diocèse de Saint-Malo, attestée depuis le XIIIe siècle, Potier de Courcy Pol, Nobiliaire et armorial de Bretagne, 5e édition, Mayenne, Joseph Floch, 1976, t. I, p. 513.
154 Un Jean du Bot fait partie en 1477 de la garde du corps ducale ; il est possible qu’il ait appartenu à la famille des seigneurs de Kerbot en Sarzeau, ibid., p. 126. Les Cardelan (Rolland de Cardelan, à Baden) gravitent dans la haute administration financière dès la première moitié du XVe siècle, Kerhervé J., Catalogue, p. 728-729, 742-743, mais ni les Salarun de Theix, ni les Quistinic de Péaule, de noblesse ancienne, ne se sont particulièrement illustrés dans l’administration ducale.
155 Guy (ou Guillaume) de Montigny, originaire de Champagne, Potier de Courcy P., Nobiliaire…, op. cit., t. II, p. 295.
156 AD Loire-Atlantique, B 20, f° 286 (19 déc. 1513). On ignore les raisons exactes de la plainte et les suites de l’enquête.
157 AD Morbihan, 31 J 302, no 68 ; Taillandier Charles, Histoire ecclésiastique et civile de Bretagne, Paris, 1756, t. 2, p. clvi.
158 Il est chanoine de Vannes dès 1515, AD Morbihan, 56 G 1 ; pour ses autres bénéfices, ibid., 31 J 301, no 44, 50, 54, 55 ; 31 J 306, no 40. L’ancien prieuré de Loglenec se trouve aujourd’hui dans la commune du Tour-du-Parc.
159 Ibid., 31 J 303, no 6 (2). À en croire un acte du 9 juin 1463, Cardun « estoit debteur a pluseurs personnes, tant audit Droillart que a autres, en pluseurs diverses sommes heritieres et mobilieres a la montance de plus que la valleur des biens muebles et heritages de [sa] succession. A cause desquelles debtes, touz et chacun les biens muebles et heritages de la succession d’icelui Cardun avoient esté prins et executez », ibid., no 21. Le bénéfice d’inventaire est une précaution qui permet de connaître l’état de la succession avant de s’en porter héritier ; Jeanne Cardun recourt au même procédé avant d’entrer en possession des biens de son oncle Jamet Salmon, ibid., 31 J 304, no 46 (1480).
160 Ibid., 31 J 306, no 9. La liste des créanciers, dont les titres seraient supérieurs à la valeur totale des meubles du défunt, est gardée secrète à sa demande ; seuls sa veuve et son aîné en ont eu connaissance, ce qui arrange bien le second, dispensé ainsi de rendre des comptes précis à sa sœur.
161 Ibid., 31 J 302, no 57. De fait, les archives de Kerlevenan ne mentionnent pas de nouvelles acquisitions de rentes par le seigneur de Kerlen, qui vit donc des acquis de ses prédécesseurs. Pour ses ennuis judiciaires, voir infra note 178.
162 En témoignent les espèces dont dispose l’archidiacre Guillaume pour payer comptant 1 000 livres à son frère : monnaies d’or, 160 écus au soleil à 33 sous 4 deniers pièce, 33 écus couronne à 32 sous 6 deniers, 4 écus à l’aigle à 30 sous, 27 phelippus à 22 sous 6 deniers, 40 ducats à 34 sous 7 deniers, 7 angelots à 52 sous 6 deniers ; monnaies d’argent et de billon : 176 livres 4 sous 6 deniers en douzains à 10 deniers, 152 livres 3 sous 4 deniers en treizains à 11 deniers, 25 livres en testons à 16 deniers, 25 livres en carolus, 53 sous 4 deniers en demi-douzains à 5 deniers, 19 sous en liars, AD Morbihan, 31 J 305, no 63 (1525).
163 Ibid., 31 J 306, no 9 (1495). La demande de Perrine vise à la fois la succession de son père et celle à venir de sa mère.
164 En 1480, AD Loire-Atlantique, B 3477 ; 120 livres en 1464 et 1477, pour Laurent, 200 livres pour Jean et sa mère en 1481, Laigue R. de, La Noblesse…, op. cit., p. 763-764.
165 AD Morbihan, 31 J 306, no 20.
166 Les aveux ne concernent que les biens détenus dans le fief ducal de Rhuys ; ils passent donc sous silence l’appréciation des terres relevant d’autres seigneurs, que seul le hasard nous a parfois conservée, et l’ensemble des biens roturiers.
167 La seule pièce de terre notable est un « clos a pastre » de 18 journaux, nommé Lanmarou, AD Loire-Atlantique, B 2332, (voir PJ 5). D’autres textes mentionnent la métairie de Lenden et des biens à Bourg-Paul, AD Morbihan, 31 J 300, no 8 et 14.
168 Ibid., 31 J 306, no 9.
169 AD Loire-Atlantique, B 2233, f° 423-425. La seigneurie dispose aussi d’un pressoir, ibid., f. 389. Ces biens ne supportent que de modestes chef-rentes : deux gros d’or et une paire de gants blancs pour Kerlen ; une paire de gants blancs, une paire d’éperons blancs et 24 sous au total pour le reste. La saline de Kermartin bordée en partie par la muraille du Grand-Parc d’un côté, et par des talus ailleurs, compte 128 œillets ; celle de Duer, 210. Pour les autres mentions de J. Droillart dans le rentier, ibid., f° 185v°, 390, 391v°, 394v°, 395v°, 396, 397, 398v°, 406, 416v°.
170 AD Morbihan, 31 J 305, no 63.
171 Elle est capable de supporter en 1504 une rente de 50 livres, dont bénéficient maître Guillaume Droillart, puis Ymbert Garreau, ibid., 31 J 317. Cette maison, passée par héritage à l’archidiacre, est vendue en 1543 pour agrandir la Chambre ; elle est alors estimée à 1 200 livres tournois, Le Page D., Finances et politique…, op. cit., p. 364, note 38.
172 Il hérite en 1552 des biens de son frère Guy, sur lesquels nous n’avons pas trouvé d’information et dont la propriété lui a été contestée, AD Morbihan, 31 J 299, f° 19.
173 Probablement en 1536, la date du document étant partiellement rognée, ibid., 31 J 302 no 75. Menacé de saisie, Droillart, après avoir déclaré qu’il n’a jamais payé de rente et prétendu que Kerhart est le « propre heritage et patrimoine » de son père et non une dépendance de la Couronne, change de stratégie et, s’appuyant sur le statut de domaine congéable, qu’il contestait, réclame le remboursement des édifices, estimés à quelque 2 000 livres, ce qui a pour vertu de faire reculer d’éventuels compétiteurs et d’entraîner la décision royale de le maintenir en possession. Le 4 mai 1538, ibid., 31 J 306, no 16, puis le 10 juin 1541, le roi accepte son aveu pour les « terres et seigneuries de Kerhart et Kerhouarin dit Quintin », moyennant reconnaissance des rentes dues à la seigneurie, soit 106 sous 10 deniers pour les deux domaines, une somme que Guillaume s’était dispensé de payer depuis la mort de Jean. Pour le statut primitif de la terre de Kerhart, authentique domaine congéable, voir PJ 6. Le « manoir de Kerhart », où l’archidiacre fait dresser ses contrats, est mentionné dès 1523, AD Morbihan, 31 J 305, no 62.
174 AD Loire-Atlantique, B 2331 (10 juin 1541) ; on peut identifier cette île avec l’actuelle île aux Oiseaux, proche de Kerhart.
175 AD Morbihan, 31 J 306, no 19.
176 Ibid., 31 J 306, no 20 (mai 1555). Les coffres de la chambre du prélat, fermée à clef mais aux fenêtres béantes, ont été trouvés ouverts pour la plupart et ne contiennent que des lettres et du linge. Plusieurs autres coffres fermés à clef n’ont pas été ouverts, ce qui laisse le lecteur sur sa faim.
177 Il obtient 300 livres monnoie, qu’Alain Le Turmer reçoit charge de lever sur les habitants de la presqu’île, ibid., 31 J 301, no 38 (1496).
178 L’affaire est connue par une procédure du 9 mai 1533, insinuée par Jean Salmon, appuyé par le procureur du roi à Rennes, contre l’aîné des Droillart ; elle se termine par un renvoi en cour de Vannes, AD Morbihan, 31 J 307 ; édition partielle du texte et commentaire dans Kerhervé J., « Meurtre, règlement de compte au canon et rémissions en Bretagne au début du XVIe siècle », dans Claustre Julie, Mattéoni Olivier, Offenstadt Nicolas (dir.), Un Moyen Âge pour aujourd’hui. Mélanges offerts à Claude Gauvard, Paris, PUF, 2010, p. 432-446.
179 Supra, note 161.
180 Le contrôleur ne recopie pas la totalité des formules des contrats.
181 Suit la quittance d’Éonnet Olivier, en son nom et pour ses associés, d’avoir été bien payé par J. Mahé de la somme convenue au devis ci-dessus, le 19 juin 1498.
182 En interligne après cette introduction, d’une autre plume : « Ladite Jamecte deceda a Noel l’an LX. Ledit Cardun a la Saint Jehan LXI. »
183 Il s’agit ici de l’habituel « constat » de « superligne », « d’interligne » et de « cancelle », c’est-à-dire la mention des mots rajoutés au-dessus des lignes ou en interligne, ou supprimés dans le texte.
Auteur
Professeur émérite. Université de Bretagne occidentale (Brest)
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Châteaux et modes de vie au temps des ducs de Bretagne
XIIIe-XVIe siècle
Gérard Danet, Jean Kerhervé et Alain Salamagne (dir.)
2012
La construction en pan de bois
Au Moyen Âge et à la Renaissance
Clément Alix et Frédéric Épaud (dir.)
2013
Le cardinal Jean Du Bellay
Diplomatie et culture dans l’Europe de la Renaissance
Cédric Michon et Loris Petris (dir.)
2013
Construire à la Renaissance
Les engins de chantier de Léonard de Vinci
Andrea Bernardoni et Alexander Neuwahl
2014
Un seul corps
La Vierge, Madeleine et Jean dans les Lamentations italiennes, ca. 1272- 1578
Amélie Bernazzani
2014