Information et identité dans la production de la connaissance : représentation métaphorique dans un réseau de recherche
p. 263-279
Résumés
De nos jours, les nouvelles technologies rendent viables des situations ambivalentes car, permettant l’usage de langages naturels, elles permettent aussi la communication entre des cultures assez distinctes, apportant toute sorte de difficultés pour les échanges informationnels, puisque le taux de rappel est très élevé dans les systèmes non-spécialisés de récupération d’information. Le contact avec des communautés culturelles différentes présuppose l’interaction avec les identités établies et basées sur la mémoire des acteurs sociaux impliqués. Partant de la présupposition théorique que la métaphore est une forme de représentation propre à la condition humaine, cette communication, dont la base empirique est une étude de cas, est focalisée sur la gestion de l’information et propose une discussion théorique sur la représentation et la quête d’information, spécialement tournée vers des groupes spécifiques structurés en réseau, en considérant l’identité du groupe comme élément orienteur du « faire » académique. Ce travail, basé sur des entrevues avec des membres de groupes de recherche, et les résultats obtenus jusqu’à présent indiquent la présence de métaphores partagées qui, si elles sont appliquées aux moteurs de recherche, peuvent augmenter la précision dans la récupération de l’information.
Nowadays new technologies make an ambivalent situation possible: they allow the use of natural languages, enabling the communication among very distinct cultures possible but making it difficult for there to be true informational exchanges, since recall is too high within non specialized systems of information retrieval. The contact with different cultures presupposes interacting with the established identities based on the memory of the social actors involved. Starting off from the theoretical standpoint that metaphor is a form of representation which is inherent to mankind, this piece of research which is empirically based upon a case study is focused on the information management and it presupposes a theoretical discussion about representation and information retrieval, especially geared towards specific groups structured as a network, taking the identity of the group as a guideline for academic research. This piece of research is based upon interviews with members of research groups and the results arrived at up until now point towards shared metaphors which, when applied to internet search machines, may increase the precision of information retrieval.
Entrées d’index
Mots-clés : information, métaphore, identité, représentation
Keywords : information, metaphor, identity, representation
Texte intégral
I. CONJONCTURE ACTUELLE ET NOUVELLES CONFIGURATIONS
1Actuellement les technologies de communication nous obligent à les penser comme des éléments de structuration dans le processus de constitution d’identités, de groupes et de nouvelles relations transnationales, pour ne citer que quelques cas. De même, c’est en fonction de cette centralité des technologies informatiques dans les sociétés trado-industrielles, selon Gianni Vattimo (1991, p. 25), qu’émerge la notion de contemporanéité du monde actuel. Du point de vue de cet auteur, la contemporanéité ne se fonde pas sur la proximité « chronologique historique », mais sur un « monde dans lequel s’esquisse et commence à se réaliser concrètement la tendance de la réduction de l’histoire au plan de la simultanéité » (Vattimo, 1991, p. 26), c’est-à-dire que ce qui est contemporain est ce qui est séculièrement plus proche, pris indépendamment de la période historique.
2Le xxe siècle est le seuil de ces évènements qui mettent l’homme face aux nouvelles formes d’interaction et qui rendent possible l’émergence d’une idée comme celle de la globalisation comme seul substrat possible pour les formes de vie dans l’avenir.
3Tel que nous le dit Canclini (2003, p. 7-11), la façon de penser la globalisation a changé depuis ces dernières années. De synonyme d’homogénéisation dans le passé, elle a commencé à être perçue actuellement comme représentant la complexité des mouvements globaux en ce qui concerne la diversité culturelle, les segments sociaux. Cela nous amène à considérer la constitution de nouvelles différences comme à l’opposé de la diversité. Nous pouvons paraphraser cet auteur en disant que la globalisation est un ensemble de processus de convergence et de compétence économiques, financières, de communication migrantes, qui accentuent l’interdépendance entre plusieurs sociétés et produisent de nouveaux flux et structures d’interrelations supranationales.
4Les interrelations supranationales englobent fortement les groupes de recherche et les aborder en fonction de la relation qu’ils maintiennent avec d’autres groupes, nous fait penser aux débuts de la communication scientifique. C’est au xviie siècle qu’a commencé à se configurer ce que nous appelons aujourd’hui diffusion : la publication des travaux scientifiques pour que d’autres en aient la connaissance, par l’intermédiaire de lettres, courrier échangé entre scientifiques, et entre ceux-ci et les éditeurs. (Sánchez Mora, 2003, p. 17).
5La période qui va du début de la Révolution Scientifique jusqu’au xixe siècle a été celle de la consolidation de la science. Cette consolidation a mené à l’approfondissement des secteurs de connaissance, créant les expertises. Celles-ci sont devenues de vraies « îles » avec des formes d’expression et de langage symbolique totalement particuliers. Le scientifique d’un certain secteur passe son temps à échanger et à lire des productions restreintes à son domaine d’expertise, ce qui crée un cercle étroit où l’on ne parle qu’aux pairs. Ainsi, si auparavant il y avait une difficulté de communication entre le scientifique et les autres à cause de l’absence d’un langage commun, désormais ce qui se produit c’est la difficulté d’informer les scientifiques sur des découvertes, des activités et des productions de scientifiques d’autres secteurs, alors qu’auparavant le scientifique passait son temps à « utiliser la diffusion pour découvrir d’autres branches ». (Sánchez Mora, 2003, p. 23).
6De nos jours, cette question du langage demeure encore un problème mais avec un autre contour, face aux formes de connectivité rendues disponibles par les technologies de communication qui donnent une autre dimension à la relation temps-espace : physiquement distants, les membres d’un groupe de recherche peuvent co-produire just in time, rapprochés par la technologie en réseau.
7Une telle facilité permet aux chercheurs le contact avec d’autres, de la même branche et de différentes, en même temps qu’elle favorise une interactivité qui place dans le cercle de la discussion les frontières entre les disciplines. Lorsque deux cultures prennent contact l’une avec l’autre, aucune ne demeure la même. Si, en occident, nous sommes aujourd’hui le fruit d’influences culturelles sans nombre, nous devons penser comment cette nouvelle configuration dispose les éléments pour la structuration de champs interdisciplinaires et pour la constitution de groupes de recherche différenciés, soit en ce qui concerne la formation, soit en ce qui concerne la conformation.
II. IDENTITÉ ET MÉMOIRE
8Penser aux confluences des champs interdisciplinaires c’est tourner le regard vers le champ des représentations, en essayant de comprendre l’impact des représentations métaphoriques comme des marques d’identité et de mémoire du groupe social pendant le processus de relations et d’échanges de contenu informationnel, surtout à l’interface entre deux cultures.
9Il faut établir un parallèle avec la constitution de groupes de recherche, de la même façon que s’établissent les délimitations socio-politiques, parce que le contexte actuel est celui de nouvelles formes de relation, qui reconfigurent les groupes et, même, les frontières nationales. Ainsi, l’on peut croire qu’au départ ce qui est en échec ce sont les limites qui précédemment entouraient et délimitaient notre monde : les pays, les groupes ethniques, les disciplines, les secteurs de connaissance, etc. De telles frontières ont été redimensionnées et il n’est pas possible de mettre de côté le rôle que les technologies de communication et d’information jouent lorsque l’on pense à cette problématique. Dans cette dynamique, les identités continuent à être structurantes, mais sur une autre base épistémologique. Penser, donc, l’identité des configurations académiques c’est comme penser à l’identité de segments sociaux plus vastes.
10Étant donné que nous établissons une relation entre des groupes de recherche et des segments sociaux plus vastes, nous nous sommes basés sur Castells (2002, p. 24) qui, au moment de penser la question de l’identité dans la société en réseau, nous propose trois classifications :
Identité de légitimation : « produite » par les acteurs des segments dominants dans une société, avec l’intention de domination ;
identité de résistance : créée par les acteurs qui se trouvent « dominés », c’est-à-dire, en action contre l’identité de légitimation ;
identité de projet : construite, par les acteurs, basée sur la communication, comme une nouvelle identité qui définira sa situation dans la société.
11Dans un monde globalisé, l’identité constitue un élément de débat et de lutte, d’affirmation et de configuration, de base pour la continuité du groupe. La classification de Castells permet de penser que le différentiel des technologies doit être considéré comme un facteur dans la constitution de ces nouvelles identités, puisqu’elle déplace de la base territoriale la fonction primordiale de constitution de l’identité du groupe, face à « l’ici et maintenant » que les NTIC nous imposent.
12Nous avons adopté la présupposition que mémoire et identité se constituent mutuellement, et que la relation entre identité et mémoire est structurée avec, comme base, le besoin de continuité et de permanence, non seulement de l’individu mais aussi du groupe. Dans ce processus de construction et d’affirmation d’identité, la mémoire est l’élément qui consolide nos constructions concernant ce que nous sommes, étant donné qu’elle fait émerger ce que nous avons été.
Le concept de représentation et sa relation avec le langage
13Depuis que Lakoff et Johnson (1980) ont présenté leur ouvrage pionnier sur le rôle fondamental de la métaphore pour la constitution de la pensée, plusieurs études ont commencé à s’intéresser à la métaphore dans ses aspects tant cognitifs qu’appliqués. Par ces derniers, nous voulons rapprocher les études qui cherchent à explorer le rôle de la métaphore en contexte d’usage et déterminer le rôle de la métaphore dans l’interaction humaine.
14Basés sur Cameron et Low (1999), nous avons décidé d’expliciter le champ où sont insérées nos études de métaphore. Pour ces auteurs, il y a trois niveaux de structures analytiques pour les études de métaphore :
niveau 1 – niveau de la théorie
niveau 2 – niveau du traitement
niveau 3 – niveau neuronal
15Le niveau 1 traiterait de questions rapportées à l’identification de la métaphore ; à la catégorisation des types de métaphore ; aux objectifs et à la logique de la production, à l’interprétation et à l’observation de la métaphore dans le discours en tant que tâches processuelles. Le niveau 2 serait lié à l’activation des concepts, tels que des constructions par l’interaction entre des individus et leurs milieux socio-culturels, dans le traitement du langage métaphorique dans le discours. Le niveau 3 se rapporterait à l’activité neuronale qui travaille avec le traitement métaphorique aux niveaux 2 et 1.
16Cette catégorisation nous permet de définir de façon plus objective le contexte de notre analyse – celui du traitement – étant donné que nous considérons, dans notre étude, les métaphores qui se produisent naturellement dans la production discursive et leur contexte d’utilisation et les participants du discours.
III. TABLEAU THÉORICO-MÉTHODOLOGIQUE
17De cette façon-là, pour identifier les ensembles métaphoriques qui circulent à travers différents groupes sociaux et qui représentent les caractéristiques d’identité et mémoire des groupes mentionnés il faut explorer les critères de textualité que les différents groupes sociaux produisent, avec l’intention de délimiter le corpus qui va être travaillé au moyen de l’Analyse du Discours.
18Pour atteindre l’objectif proposé, les étapes suivantes ont été entreprises :
sélection du groupe de recherche ;
application de questionnaires aux membres du groupe ;
réalisation d’entrevues avec les chercheurs qui ont répondu au questionnaire ;
édition des entrevues ;
analyse des entrevues.
Sélection du groupe de recherche
19La sélection a été faite en fonction de son intérêt pour approfondir une recherche commencée dans un projet antérieur. C’est pour cela que nous avons continué les études dans le secteur des transports. Nous avons préféré un groupe réunissant des membres de différentes expériences professionnelles et appartenant à différentes régions du Brésil et de l’extérieur. Ce soin dans le choix du groupe à étudier a, en effet, d’une part, minimisé les interférences de régionalismes dans le processus de représentation métaphorique, et d’autre part, permis d’analyser la construction de significations communes aux groupes venus de différents espaces géographiques et niveaux d’expérience.
20À partir de ces critères, nous avons opté pour le groupe RESET (Réseau d’Études de Génie et de Socio-économiques en Transports), déjà étudié dans un projet précédent, comme nous l’avons dit. À cause des différents niveaux d’expérience et d’engagement dans le groupe, ses membres ont été divisés en trois sous-groupes. Le noyau de chercheurs plus stables dans ce réseau est un groupe de sept membres effectifs (constitué surtout par les fondateurs du groupe). Le deuxième groupe, appelé membres en formation, est constitué d’étudiants, surtout ceux des niveaux Maîtrise et Doctorat, qui, au moment de la recherche, comptaient 17 chercheurs au total. Le troisième ensemble de membres, intitulé collaborateurs, est constitué des chercheurs qui se rattachent au réseau de recherche au fur et à mesure que les projets apparaissent, et qui, au moment de la collecte des données, comptaient 13 chercheurs. Tout compris, notre univers est donc constitué, donc, de 37 chercheurs.
IV. ANALYSE EMPIRIQUE
21Au départ, nous avons opéré un découpage en énoncés discursifs des entrevues de trois chercheurs qui ont répondu au questionnaire sur les projets développés, les secteurs d’intérêt de recherche et la formation du groupe. L’analyse des segments discursifs a pris en considération la construction du processus d’argumentation, de façon à identifier les métaphores choisies par le groupe pour représenter son objet. Nous avons cherché à sélectionner le sujet à partir duquel se développe l’argumentation qui peut être autant la recherche développée que les autres motivations pour réaliser le travail. Le comment et le pourquoi cherchent à montrer, du point de vue discursif, de quelle façon sont construites les représentations sur le « faire » dans chaque secteur.
ANALYSE CONCERNANT LE CHERCHEUR A
221) Formation - géographie
232) Objet - transport
243) Justification
25[1] « En particulier, le projet de doctorat porte sur la question des politiques de transports publics pour la ville post-industrielle. Je suis géographe. Quelle est l’idée ? Qu’est-ce que signifie l’idée ? L’idée basique est que chaque moment de l’économie, du cycle économique - l’économie se développe en cycles - est accompagné aussi par des changements dans la structure territoriale [...] C’est-à-dire, pour le transport urbain cela veut dire : pour chaque économie il y a un modèle de ville, une norme de ville. Alors, en ce moment nous avons un changement très fort, de réorganisation de l’économie mondiale. »
26[2] « Oui, pourquoi me suis-je intéressée aux transports alors que je suis géographe ? Parce que le transport est une interface d’articulation entre espace, économie et société... »
27[3] « Oui, c’est que justement la géographie est une discipline multidisciplinaire. Parce que la géographie est elle même un champ d’interconnexion, c’est-à-dire, que toutes les disciplines sociales ont en vérité quelque chose en commun, tout le monde le sait, mais chacune d’elles a une catégorie de travail en particulier. Moi, dans ce sens, je considère que l’histoire et la géographie travaillent sur les deux catégories fondamentales qui structurent toutes les sciences sociales, c’est-à-dire, l’espace et le temps [...] Sauf que l’histoire ne voit pas tellement les espaces, mais les processus de temps. Donc, la géographie prétend voir l’espace comme un produit temporel, puisque c’est un produit de construction sociale, ce n’est pas seulement un espace physique naturel, mais un espace construit comme produit d’un certain moment dans une certaine société. Un certain endroit, temps et espace. »
28[4] « Fondamentalement, j’utilise des outils théoriques et méthodologiques de l’économie -parce que c’est sans doute un problème économique - de la sociologie et de la géographie en grande partie, bien sûr (rires)... Et dans une plus petite échelle l’histoire, sauf que maintenant j’ai incorporé quelques questions relatives au travail, un apparat méthodologique nouveau dans l’histoire, appelé l’analyse en micro-échelle, qui m’a donné des résultats fort utiles, n’apparaissant que par hasard dans quelques articles. Et le fait d’utiliser une échelle d’analyse comme outil méthodologique, cela ouvre en termes d’histoire, ce qui était le récit chronologique des processus de temps long. »
294) Structure discursive-représentationnelle
30Dans [1] nous avons le sujet : « la question politique des transports publics pour la ville post-industrielle ».
31À partir de [1] et [2] nous avons le pourquoi, à partir d’une structure qui justifie la position de son problème d’investigation interdisciplinaire : « chaque moment de l’économie, du cycle économique [...] est accompagné par des changements dans la structure territoriale » et « parce que les transports sont une interface d’articulation entre espace, économie et société... »
32Transport articulé au cycle économique (temps),
à la ville (espace) et à la société
Étant
33Espace et temps comme des catégories présentes
en géographie et fondamentales en sciences sociales.
34À partir de [3] et [4] nous avons le comment :
35Outils théoriques de l’économie, sociologie et géographie
+
l’apparat méthodologique de l’histoire.
36La chercheuse A vient d’un secteur de connaissance/discipline qu’elle classe déjà comme multidisciplinaire, dans le sens d’être un champ d’interconnexion. Ses représentations sont articulées autour de cette idée d’interconnexion, soit par l’utilisation d’expressions telles qu’interface d’articulation, deux catégories fondamentales qui structurent toutes les sciences sociales, soit par la netteté d’insertion de son secteur de formation et de son problème dans un champ d’intersection. L’adoption d’outils méthodologiques de secteurs semblables apparaît manifestement comme nécessaire pour étudier un objet à facettes multiples, se rapprochant de l’idée d’interdisciplinarité. Son secteur, son problème, sa méthodologie sont hybrides et représentent une position qui n’est pas dans les limites de l’économie, de la géographie, de la sociologie ou de l’histoire ; il est, voie transport, à l’intersection de tels secteurs.
ANALYSE CONCERNANT LE CHERCHEUR E
371) Formation – Urbaniste/Architecte
382) Objet – transport
393) Justification –
40[1] « En réalité je suis en train de mener deux recherches en même temps, mais qui sont associées. Les deux traitent de la question de l’accessibilité aux secteurs historiques, centres historiques, de villes métropolitaines."
41[2] « [...] En réalité je suis du secteur de planification urbaine, mon insertion dans le transport a été récente – depuis une année – lors de mon entrée à l’université. Alors, dans ce concept de transport et d’entreprise, puisqu’il est travaillé dans une articulation des quatre universités – Natal, Recife, l’UnB et COPPE -, il a une complexité tellement grande que vous pouvez avoir des secteurs de travail, des champs spécifiques de travail, qui tout compte fait va donner un ensemble plus robuste. »
42[3] « Là, c’est ce que je dis, je dois marier la question de la planification avec la question du transport. Dans ce concept, je suis en train de travailler la façon par laquelle je dois rendre opérationnels les transports et les entreprises, puisqu’ils ont un impact très grand sur l’utilisation du sol. Alors, jusqu’à quel point la ville supporte-elle cet impact de l’utilisation d’instruments qui rendent opérationnel le concept ? Mais pour que cela arrive, quelqu’un doit être en train d’accompagner comment cela se développe dans le champ du transport, alors ce n’est pas isolé.
43[4] « Alors, je sais très peu de choses sur le moment de la formation du groupe, mais je trouve que l’intention de sa formation a été exactement celle de travailler en réseau dans un projet plus grand où l’on puisse diffuser plus largement la connaissance qui est en train d’être produite ; il ne se restreint pas à un noyau ou à un département ou à un petit groupe de chercheurs, mais pour que l’on puisse échanger des informations entre tous et cela nous rendra plus forts. Et je trouve que là il y a eu la coïncidence de personnes qui se connaissaient déjà et qui à un moment donné étaient plus proches, soit à cause de la Maîtrise1, soit à cause du Doctorat, ces personnes se sont identifiées avec un axe de l’étude des transports et ont décidé de se fortifier par la formation d’un réseau d’études dans le secteur. »
44[5] « la tendance aujourd’hui, si vous considérez les thématiques de financement de recherches du CNPq et Capes, ils ont de plus en plus ouvert des thématiques qui privilégient l’étude en réseau. C’est-à-dire, deux ou trois universités qui puissent promouvoir cet échange s’associent. Quelquefois l’une est spécialisée dans un secteur, ou est en train de former un groupe ; alors, une façon de fortifier ce groupe serait d’échanger des idées et des discussions sur une thématique, ce ne serait pas forcément la plus grande quantité parce qu’il serait même difficile de la rendre opérationnelle. À moins que vous ayez des variables dans un projet, que vous ayez des sous-thématiques – chaque sous-thématique vous associe à un noyau de connaissance d’une certaine université, un groupe de recherche d’une région – et que l’ensemble de tout cela vous donnait quelque chose d’intéressant, c’est-à-dire, des choses qui se complèteraient l’une l’autre au lieu d’établir une concurrence entre l’une et l’autre, là je pense qu’en réalité cela ne marche pas. Donc, je ne sais pas, je crois que cela dépend de la nature du projet ; peut-être ce n’est même pas la quantité de l’articulation, mais la qualité de l’articulation que vous réussissez à promouvoir, ce que je crois être plus intéressant que la quantité. »
45[6] « Et je trouve que c’est cela, ce qui vous fait vous insérer c’est que vous vous aligniez conceptuellement et en termes de principes avec le développement de la ligne du travail du RESET prétend. Je pense qu’il y a une préoccupation socio-économique très forte dans les thématiques des travaux du RESET ; la question de comment engager tous les citoyens dans cette discussion, de comment vous pouvez travailler avec les différences de revenu, les différences régionales ; c’est-à-dire, comment travailler la question de la mobilité du transport de la ville avec cette thématique. »
464) Structure discursive-représentationnelle
47Dans [1] nous avons le sujet : « deux recherches... [qui] traitent la question de l’accessibilité dans des secteurs historiques. »
48À partir de [2] et [3] nous avons le comment : « concept de transport et d’entreprise [...] qui est d’une complexité tellement grande que vous pouvez avoir des secteurs de travail [...] qui, tout compte fait, vont donner un ensemble plus robuste. » « [...] je dois donc marier la question de la planification avec la question du transport [...] parce qu’ils ont un impact très grand en ce qui concerne l’utilisation du sol [...] pour rendre opérationnel le concept, il faut que quelqu’un soit en train de voir comment cela se développe dans le champ du transport, alors ce n’est pas isolé. »
49Transport et entreprise comme concept complexe et englobant
50Embrasse des secteurs de travail spécifiques qui ajoutés les uns aux autres donnent un ensemble plus robuste.
51D’où la possibilité de marier :
52la question de la planification + la question du transport = impact dans le sol.
53Cela n’est pas isolé.
54Avec [4], [5] et [6] nous avons le pourquoi : « [...] l’intention de la formation a été exactement celle de travailler en réseau dans un projet plus grand [...] CNPq2 et Capes3 [...] ils ont de plus en plus ouvert des thématiques qui privilégient l’étude en réseau[...] Quelquefois l’un a une spécialité dans un secteur, ou a un groupe en train de se former ; alors, une façon de fortifier ce groupe serait celle d’échanger des idées et des discussions sur une thématique » ; « [...] et que l’ensemble de tout cela vous donnait quelque chose d’intéressant, c’est-à-dire, qu’elles se complétaient l’une l’autre au lieu d’établir une concurrence entre l’une et l’autre [...] » ; « [...] ce qui fait que vous vous insérez c’est que vous vous alignez conceptuellement et en termes de principes avec le développement de l’axe du travail [...] Je trouve qu’il y a une préoccupation socioéconomique très forte ».

55La Chercheuse E est du secteur de l’architecture et de l’urbanisme et présente sa question d’étude comme en étant insérée dans ce grand et complexe concept de transport et d’entreprise, qui embrasse déjà d’autres questions dont la somme donne un ensemble plus robuste. Au moment d’expliquer comment rendre opérationnel le mariage de la question de la planification avec la question du transport, elle affirme qu’isolément il n’est pas possible de le faire et, c’est exactement le champ du transport qui permet que cela soit fait d’une autre façon : « Mais pour rendre opérationnel le concept quelqu’un doit être en train de faire attention à comment cela se développe dans le champ du transport, alors ce n’est pas isolé." Serait-ce la forme interdisciplinaire ? Pour l’affirmer, nous devons comprendre la représentation de sa question et, surtout, de son insertion dans le groupe de recherche - ce qui caractérise son acceptation comme « appartenant » à un certain secteur du savoir - passe par l’alignement conceptuel et de principes, par l’échange d’idées et par la qualité de l’articulation que l’on réussit à promouvoir, par la diffusion de la connaissance qui se produit. La notion de réseau qui permet tel mouvement et telle articulation fait la base d’une représentation plus englobante de possibilités intégratrices qui sont réglés par la qualité des « nous » et non par leur quantité, sans laisser dehors la cohérence conceptuelle qui permet la conjonction de méthodes, objectifs et principes communs. Ainsi, étude en réseau-travailler en réseau -échanger des idées – une somme comme quelque chose de bon et non une concurrence – alignement conceptuel semblent représenter non seulement une forme interdisciplinaire de travailler, mais, aussi, l’idée d’une communauté en mouvement harmonieux dans la production de la connaissance qui, dans l’articulation de concepts semblables, dessine un objet pour tout le secteur.
ANALYSE CONCERNANT LE CHERCHEUR J
561) Formation - Génie
572) Objet - transport
583) Justification
59[1] « Non, avant je suis en train de me spécialiser dans le partenariat public-privé et je travaille à l’intérieur du RESET, mais aussi je suis en train de construire un réseau qui va avoir ses interfaces, mais il n’y aura pas toujours un grand secteur d’intersection, mais il y aura des secteurs hors de l’intersection. »
60« Maintenant, il y a des projets auxquels je suis en train de travailler, un outil qui est la gestion de connaissance. Alors, j’ai une méthodologie plus formelle de définition de qualité. J’ai une méthodologie qui est comme une carte cognitive qui est un type de recherche de définition de priorité par une méthode à critères multiples. L’autre que je suis en train de commencer à proposer c’est, par exemple, d’analyser des cas d’insuccès pour déterminer ce qui est priorité, ce qui est connaissance, etc. »
61[2] « Bon, la gestion de la connaissance est un programme et est aussi un idéal ; c’est un but. Plus spécifiquement, l’une des premières choses que je suis en train de faire c’est exactement la cartographie. Alors, knowledge mapping, c’est ce que je suis en train d’utiliser le plus en gestion. Bien sûr que dans la mesure où je reviens ici et commence à articuler, construire le réseau, les autres éléments de la gestion de connaissance, les aspects organisationnels, les aspects de relation, les aspects de communication sont petit à petit élaborés par force de nécessité."
62[3] « Regarde, PPP est une arme extrêmement complexe. Ils ont alors des sujets que nous avons déjà énumérés sous plusieurs formes, tableaux de sujets, la partie financière, la partie juridique, la partie d’ingénierie, la partie de planification, de politiques publiques, de politiques, de marketing, de gestion de contrat... "
63[4] « Le transport, c’est où je me sens le plus sûr, c’est où je connais les personnes, c’est ce que je connais, voilà. Mais je ne suis pas fermé, nous avons même le modèle de Partenariat Public-Privé qui comprend et enregistre les transports, mais il y a la coordination, toute l’équipe de gestion de la ville, de l’environnement pour le projet, pour qu’il puisse servir à la ville. Alors nous avons ce modèle."
64[5] « Mon doctorat a été fait dans des politiques de transports…, depuis ce temps-là je me suis intéressé à beaucoup de choses, j’ai tiré sur des choses que j’ai reconnues comme politiquement importantes, mais dans la politique, j’ai tout de suite été dans le secteur juridique. D’un coup j’étais aussi dans le secteur de gestion, et même du marketing, avec les handicapés physiques, des transports pour eux, je me suis même intéressé à la productivité de qualité... Et ensuite, depuis notre premier contrat en tant qu’équipe RESET GEIPOT GEIPOT – nous avons agi fortement sur la question du règlement. J’ai encore agi un petit peu dans le marketing, mais en fait je suis maintenant en train de canaliser tout pour le développement du modèle de Partenariat Public-Privé, un modèle alternatif, extrêmement complexe, et la partie économique. Alors, je me suis vraiment intéressé à la régularisation [...] Et ensuite, depuis 2002, j’ai pris la décision : maintenant j’irai jusqu’à la fin de ma carrière dans un sujet qui n’est ni stupide, ni étroit, mais extrêmement riche ; mais j’ai la ferme disposition de me discipliner et maintenir cette ligne formalisée afin de construire un réseau de recherche qui en fait ait un fort secteur d’intersection avec RESET. Je suis membre du RESET et ce congrès nous a donné des perspectives fantastiques. Moi aussi, je fais des sélections. Il y a un secteur d’intersection très fort, mais il y a aussi des secteurs indépendants. Maintenant, tout est un scénario avec peu de détours."
654) Structure discursive-représentationnelle
66De [1] à [3] nous avons le sujet : la délimitation du chemin et la position dans le groupe ayant comme base le foyer de travail :
67je suis en train de me spécialiser dans partenariat public-privé
68et je travaille au RESET,
69mais je suis aussi en train de construire un réseau qui va avoir ses interfaces
70Le mouvement de ramification/dissémination qui passe à travers l’idée d’appartenir à un réseau et, en même temps, construire un autre réseau avec des interfaces renforce la représentation du secteur de confluence, dans la mesure où s’établit l’idée de nous (les interfaces) dans une structure dynamique (réseau) qui se configure et reconfigure à partir des points de contact entre les chemins parcourus par la recherche.
71Cela est renforcé lorsque, pour atteindre le but de son travail, le chercheur reconnaît le besoin d’articulation (le comment) :
72Bon, la gestion de connaissance est un programme et est un idéal ; c’est un objectif
73Sans doute, à la mesure où je reviens ici et commence à articuler, à construire le réseau, les autres éléments de la gestion de connaissance, les aspects organisationnels, les aspects de relation, les aspects de communication seront aussi élaborés.
74Regardez, PPP est une arme extrêmement complexe. Ils ont alors des sujets que nous avons déjà énumérés de différentes formes.
75Il se détache, au moment d’exposer son nouveau foyer de travail et la relation et la position de ce projet avec le groupe auquel il appartient, l’utilisation de termes et d’expressions telles que articuler, construire le réseau, un réseau avec des interfaces.
76Dans [4] et [5], où l’on identifie le pourquoi, nous avons un renforcement de cette position : insertion dans le groupe et perspective de création d’un autre groupe avec des interfaces. Son champ sûr (aussi théorique qu’empirique, probablement) est celui du transport : secteur déjà identifié par les autres chercheurs du groupe comme étant interdisciplinaire, ou, au moins, comme étant un secteur dans lequel il est possible d’articuler différentes perspectives.
77C’est le transport le secteur où je me sens le plus sûr, c’est où je connais les personnes, je le connais, voilà. Mais je ne suis pas fermé.
78Tout de suite, je suis entré aussi dans le secteur de gestion, et celui du marketing... J’ai travaillé avec les handicapés physiques, avec les transports pour eux, j’ai travaillé aussi avec la productivité de qualité... Et ensuite, depuis 2002, j’ai pris la décision : maintenant j’irai jusqu’à la fin de ma carrière dans un sujet qui n’est ni stupide ni étroit, mais extrêmement riche ; mais j’ai la ferme disposition de me discipliner et de maintenir cette ligne formalisée avec l’intention de construire un réseau de recherche qui vraiment ait un fort secteur d’intersection avec RESET.
79L’articulation entre les négations et les affirmations construit une représentation fondée sur les opposés :

80Être riche est ne pas être fermé, stupide et étroit ; c’est être ouvert aux nouvelles perspectives et aux nouveaux chemins. Enfin, des nouvelles configurations, puisqu’émerge de ce projet la réédition d’une « idée qui a bien marché" : la formation d’un groupe avec un objet interdisciplinaire et articulé sans une nécessaire présence physique.
IV. CONSIDÉRATIONS FINALES
81Les analyses initiales se sont concentrées sur les aspects des représentations du secteur et du groupe. En suivant ce chemin, nous avons deux pôles : le transport, vu comme le grand articulateur de différentes perspectives d’investigation. À ce moment, il est le point vers lequel convergent et auquel coexistent des thématiques qui, en se transformant, montrent les différentes possibilités du champ du transport ; le groupe est vu comme le collecteur d’idées et de personnes de différentes formations, mais, exactement pour cela, avec des projets qui assemblent plus d’une discipline dans l’interface du transport.
82Interface sur interface, puisque la distance physique qui sépare les membres des groupes opère dans le sens de permettre de nouvelles configurations avec d’autres groupes, sans désarticuler le réseau déjà établi. L’aspect dynamique de telles interactions se représente à soi-même dans la métaphore ontologique du concept transport – réseau systémique (Orrico, 2001). Les membres ne se séparent ni ne quittent ce qui les a unis. La technologie permet la communication et l’échange des idées et des travaux : l’interdisciplinarité permet que les buts de recherche s’élargissent, intégrant de nouvelles perspectives, de nouveaux concepts. Le transport est une place ou un espace qui est toujours déterminé par des expressions qui le voient comme un nœud, une connexion, tel que l’on peut le voir dans les analyses. On se rend compte qu’il y a un ensemble de métaphores relatives au concept de fusion/connexion, par exemple : somme, mariage et articulation, présentes dans les discours de ceux qui ont été interviewés. Ainsi, un groupe qui a pour objet cet endroit/espace différent se représente lui-même comme un réseau. De cette façon-là, utiliser les métaphores comme des auxiliaires d’indexation des moteurs de recherche peut augmenter la précision dans les requêtes d’information.
Bibliographie
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BIBLIOGRAPHIE
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Orrico (E.), Binômio Lingüística-Ciência da Informação: abordagem teórica para elaboração de metafiltro de recuperação da informação, Tese (Doutorado)- Programa de Pós-Graduação do CNPq/IBICT/DEP-UFRJ/ECO.Universidade Federal do Rio de Janeiro (UFRJ), Rio de Janeiro, 2001.
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Vattimo (G.), A sociedade transparente, Lisboa, Ed. 70, 1991.
Notes de bas de page
1 Nous traduisons « Mestrado » par maîtrise mais au Brésil ce diplôme correspond à la fois à ce que nous nommions en France maîtrise et diplôme d’études approfondies (DEA).
2 Conseil national du Développement scientifique et technique.
3 Conseil dont les missions se rapprochent de celles du conseil national des universités en France.
Auteurs
Docteur en Science de l’Information IBICT/UFRJ Universidade Federal do Estado do Rio de Janeiro – UNIRIO Professeur Adjoint
Doctorante en Science de l’Information IBICT/UFF Universidade Federal do Estado do Rio de Janeiro – UNIRIO
Assistant administzératif / Chercheuse du Groupe de recherche Mémoire et Discours
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Quatre ans de recherche urbaine 2001-2004. Volume 2
Action concertée incitative Ville. Ministère de la Recherche
Émilie Bajolet, Marie-Flore Mattéi et Jean-Marc Rennes (dir.)
2006
Quatre ans de recherche urbaine 2001-2004. Volume I
Action concertée incitative Ville. Ministère de la Recherche
Émilie Bajolet, Marie-Flore Mattéi et Jean-Marc Rennes (dir.)
2006