Résumés/Abstracts par ordre de parution dans le volume
p. 235-243
Texte intégral
Ariette FARGE, “Of the Event”
1A specialist of 18th century history, the author attempts to define an event in the writing of history. A fragment of perceived reality, the event presents a relational structure. It belongs to the order of disorder, heterogeneity, and irregularity. Farge insists on the opposition between major and minor events, on the difference between facts, the statements made about them, and their inclusion in historical narration. In the wake of Foucault’s notion of discourse, she wishes to undo the evidence of the event and questions its inscription. Spoken words are themselves events. Memory is not history but witnesses have their own stories to tell. Khaled Kelkal s words and death help demonstrate how historians must analyze the words of others. The last part of the essay is a tribute to Foucault’s notion of the dispersal of origin. In sum, historians should make the event talk while remaining surprised by it.
2Spécialiste de l’histoire du XVIIIe siècle, l’auteur essaie de définir l’événement dans l’écriture de l’histoire. Fragment de réalité perçue, l’événement présente une structure de mise en relation. Il est de l’ordre du désordre, de l’hétérogène, de l’irrégulier. Farge insiste sur l’opposition entre macro et micro-événements, sur la différence entre les faits, les propos que l’on tient sur eux, et leur inclusion dans le récit de l’histoire. S’appuyant sur la notion de discours (Foucault), elle souhaite défaire l’évidence de l’événement et interroge son inscription. Les paroles sont des événements. La mémoire n’est pas l’histoire, mais les témoins doivent raconter leurs histoires. La mort et les paroles de Khaleb Kelkal aident à démontrer que l’historien a pour tâche d’analyser les mots d’autrui. La dernière partie est un hommage à la notion foucaldienne de dispersion de l’origine. En somme, faire parler l’événement tout en restant surpris par lui.
Martha BIONDI, “(Pre) figuring the 1960s ‘Urban Crisis’: The Fate of the African-American Rights Struggle in Postwar New York City”
3This article argues that framing the Birmingham struggle of 1963 as the critical moment when the southern civil rights movement became a national civil rights struggle problematically marginalizes the long history of antiracist activism in the US North and West. New York, like many other northern and western cities, was reshaped by the enormous in-migration of black southerners throughout the 20th century. While they discovered that segregation was present and lawful nationwide, these migrants and their children seized on the comparatively greater political opportunities in New York to wage a comprehensive fight for racial freedom. The many defeats and setbacks of this northern civil rights movement constitute a backdrop to the unrest of the late 1960s.
4Cet article soutient que choisir les événements de Birmingham en 1963 comme moment-clé de la transformation du combat sudiste pour les droits civiques en mouvement national pose problème et marginalise la longue histoire de lutte anti-raciste dans le Nord et dans l’Ouest des Etats-Unis. New York, comme de nombreuses autres villes du Nord et de l’Ouest, fut transformé par l’arrivée massive de migrants noirs en provenance du Sud tout au long du vingtième siècle. Alors même qu’ils découvraient que la ségrégation était présente et inscrite dans les lois de la nation tout entière, ces migrants et leurs enfants ont profité de perspectives politiques plus grandes à New York pour organiser un combat de grande ampleur en faveur de la liberté raciale. Les échecs et revers multiples de ce mouvement nordiste pour les droits civiques ont constitué la toile de fond des remous de la fin des années soixante.
Hélène CHRISTOL, “Writing History: Time and Event in Bobby Seale’s Seize the Time”
5La réédition en 1991 de l’autobiographie de Bobby Seale (lère édition : 1970) a remis en lumière certaines des questions qu’ont examinées les historiens des années soixante-dix et quatre-vingt-dix sur l’écriture de l’histoire, et en particulier sur la nature de ce que Ton nomme « événement » en histoire. Confrontant les définitions offertes par Pierre Nora dans son article intitulé « L’Evénement monstre », repris plus tard sous le titre « Le Retour de l’événement », et les mises en scène des temps, tempos et mises en intrigue du texte de Seale, cet essai analyse la façon dont Seale et le Black Panther Party réinventent les critères qui « font » l’événement, — immédiateté, visibilité, publicité, spectacle. Nouveau médium qui transforme l’action militante en moments épiphaniques où les hommes deviennent icônes et le langage instrument de lutte, l’événement se reconstruit comme « le merveilleux des sociétés démocratiques », point de départ d’une nouvelle histoire américaine des résistances.
6The 1991 edition of Bobby Seale’s autobiography (first published in 1970) shed light on some of the issues that historians examined in the 1970s and 1990s concerning the writing of history and, in particular, the nature of what is called an “event” in history. Confronting the definitions given by Pierre Nora in his article entitled “L’Evénement monstre”, later published as “Le Retour de l’événement”, with the staging of time and tempos, and the methods of emplotment used in Seale’s text, the author of this essay analyses the way in which Seale and the Black Panther Party reinvented the criteria that “define” an event: immediacy, visibility, publicity, and performance. As a new medium, which transforms militant action into epiphanic moments, when men become icons and language an instrument of struggle, the event is reconstructed as the “re mirabilis of democratic societies”, the starting point of a new American history of resistance.
Françoise CLARY, “Myth and Irony in the Aftermath of the Civil Rights: The Undercurrents of Black Experience in Hal Bennett ‘s Lord of Dark Places”
7Les romans de Hal Bennett doivent être replacés dans le contexte de l'activisme intellectuel qui fut marqué par le mouvement pour les droits civiques. Centré sur Lord of the Dark Places, cet article suit le prolongement culturel d'un mouvement politique en proposant le déchiffrement d’un système signifiant inscrit dans le texte romanesque comme son fond et sa raison : le code satirique de la sexualité noire tout à la fois attirante et redoutable. Clé et sens d'un langage où la métaphore fait loi, la satire a, pour Hal Bennett, valeur d'arme idéologique contre l'oppression.
8Hal Bennett’s novels must be replaced in the context of intellectual activism during the civil rights movement. Focusing on Lord of Dark Places, the author analyzes the cultural extension of a political movement by decoding a signifying system inscribed in the text of the novel as its content and its reason: the satirical code of black sexuality, both attractive and fearsome. For Hal Bennett, satire is both key and meaning of a language in which metaphor dominates, and serves as an ideological weapon against oppression.
Eve BANTMAN-MASUM, «A New Country But the Same Old Racism? Miriam Makeba, le mouvement des droits civiques et les limites de l’engagement»
9Dans les années soixante, Miriam Makeba, réfugiée politique d’Afrique du Sud vivant aux Etats-Unis, était également l’une des premières icônes de la World Music. Cet article, basé sur son autobiographie publiée dans les années soixante, examine les limites de sa contribution au mouvement pour les droits civiques comme à la lutte contre l’Apartheid—au croisement de l’histoire mondiale et de l’histoire personnelle.
10In the 1960s, Miriam Makeba was a South-African Political Refugee living in the United States, and one of the first World Music icons. Based on her autobiography published in the 1980s, this paper explores the limits of her contribution to both the civil rights movement and the struggle against Apartheid—at the intersection between world history and an individual’s personal story.
Claude JULIEN, “The Emmett Till Case and Fiction Writing”
11La mort d’Emmett Till et le procès de ses meurtriers bientôt acquittés par un tribunal acquis à la cause de la suprématie blanche indignèrent le monde en 1955 et contribuèrent à lancer la campagne pour les Droits Civiques en galvanisant la combativité des noirs emmenés par Martin Luther King. L’affaire Till, iniquité emblématique du racisme viscéral, a été peu représentée dans la fiction. Cette étude réunit trois œuvres extrêmement différentes : un roman afro-américain confinant à la littérature facile, deux œuvres de la plume de blancs, l’une écrite pour la jeunesse et l’autre par un Mississippien qui avait le même âge que le jeune Emmett au moment des faits et dont les parents fréquentaient la famille des deux meurtriers. Il ne s’agit pas d’évaluer les niveaux de véracité historique mais d’étudier les ressorts de chaque œuvre afin de restituer l’événement lui-même et d’en mettre les représentations fictionnelles en perspective : fresque s’étendant sur quatre décennies (qui finit —presque— bien), roman inspiré du « réalisme magique », et reconstruction au didactisme de bon aloi.
12The death of Emmett Till and the ensuing trial of his murderers, soon acquitted by a jury sympathizing with the white supremacy cause, shocked the world in 1955 and contributed to the campaign for civil rights by galvanizing the fighting spirit of Blacks led by Martin Luther King Jr. The Till case, an emblematic iniquity of deep-rooted racism, has been little represented in fiction. The author examines three very different works: an African-American novel akin to easy-reading literature, and two books by white authors, one written for young readers and the other by a Mississippian who was the same age as Emmett Till at the time he was murdered, and whose parents knew the families of both murderers. The goal is not to determine whether the novels are true to historical facts, but rather to analyze the motivations of each of the works and put their fictional representations in perspective: a portrait covering four decades (with a happy ending—almost), a novel inspired by “magic realism”, and an honest didactic reconstruction of the facts.
Cheryl FINLEY, “1969: Black Art and the Aesthetics of Memory”
13This article examines some of the revolutionary uses of the slave ship icon during the period of the Black Arts Movement (1965-1976) in order to study the broader implications of the aesthetics of African-American memory. Focusing in on a series of events that took place in 1969, the author probes how visual and cultural innovators, such as R. Bearden, M. Bailey, T. Feelings and A. Baraka, have articulated key events in African-American history through their reinterpretations of the slave ship icon, a schematic abolitionist-era emblem. Among the generation of black visual artists that came of age after the Brown v. Board of Education Supreme Court decision in 1954, the author shows how they have been engaged in a sustained and responsible visual practice that places historical, social and economic issues at the core of its aesthetic agenda. Assuming the roles of artists/activists, they employ mnemonic strategies and aesthetics tools to define a contemporary art practice that documents the lives and events that highlight the black struggle to exist in America.
14Cet article examine certaines des utilisations révolutionnaires de l’icône du navire négrier pendant la période du «Black Arts Movement» (1965-1976) pour étudier les implications de l’esthétique le la mémoire africaine-américaine. Par l’analyse d’une série d’événements qui eurent lieu en 1969, l’auteur explore la manière dont les innovateurs visuels et culturels, tels que R. Bearden, M. Bailey, T. Feelings et A. Baraka ont articulé les événements-clé de l’histoire noire au travers de leurs réinterprétations de l’icône du navire négrier, un emblème schématique de la période abolitionniste. Parmi la génération d’artistes noirs qui s’imposèrent après la décision Brown v. Board of Education de la Cour Suprême des Etats-Unis en 1954. l’auteur montre comment ils ont choisi une pratique artistique responsable et viable qui place les problèmes historiques, sociaux et économiques au cœur des choix esthétiques. Assumant le rôle d’artistes militants, ils emploient des stratégies mnémoniques et des outils esthétiques pour définir une pratique artistique contemporaine qui témoignet des vies et des événements marquants de la lutte des Noirs pour exister en Amérique.
William L. VAN DEBURG, “White Conspiracies Against Black Empowerment”
15Over time, African-Americans’ distrust of mainstream institutions and authority figures has been manifested in a variety of conspiracy theories. Informed by the belief that early European-Americans were a cruel, power-hungry people, black nationalists of the 1960s and 1970s warned of contemporary plots against non-whites. Throughout the era, the concept of a state-sponsored “black genocide” was widely discussed. Even today, speculation over these often fantastic schemes provides intellectuals, creative artists, and everyday citizens with a culture-specific mechanism for interpreting the government’s response to social issues such as the AIDS and crack cocaine epidemics.
16Au fil du temps, la méfiance des Africains-Américains envers les institutions et les figures d’autorité de la société américaine s est manifestée par un grand nombre de théories sur des complots ourdis contre la population noire. Persuadés que les premiers américains d’origine européenne étaient un peuple cruel et assoiffé de pouvoir, les nationalistes noirs des années 1960 et 1970 ont alerté la population sur des complots contemporains contre ceux qui n’étaient pas blancs. Pendant cette période, la notion d’un « génocide noir » organisé par l’Etat fut largement diffusée. Aujourd’hui encore, de telles machinations, souvent fantaisistes, offrent aux intellectuels, aux artistes et aux citoyens ordinaires, des mécanismes culturels pour interpréter les réponses gouvernementales à certains problèmes sociétaux comme l’épidémie du SIDA et la prise de crack.
Alice MILLS, “’Don’t Give a Damn If They Held a Thousand Pistol at your Skull. You Shouldn’t Have Done It:’ Revolutionary Black Theater and Women”
17Cet essai examine la représentation de la femme noire dans un corpus de pièces écrites au cours des années soixante et soixante-dix par de jeunes dramaturges noirs militants influencés par LeRoi Jones/Imamu Baraka et Ed Bullins. Les dramaturges révolutionnaires, tout en proclamant leur volonté de s’opposer au discours dominant, ne remirent pas en question la théorie du rôle castrateur de la femme noire. Plusieurs femmes dramaturges, et en particulier Sonia Sanchez et Alice Childress, sensibles aux contradictions entre le discours affiché du théâtre noir militant et sa propension à incriminer des personnages féminins qui n’allaient guère au delà de la caricature, lui opposèrent des figures originales, propres à dénoncer une pensée machiste de convention. Peut-être cet aspect particulier du théâtre de combat contribua-t-il à donner une impulsion au mouvement féministe noir.
18This essay examines the representation of black women in several plays written in the 1960s and 1970s by young black militant playwrights influenced by lmamu Amiri Baraka and Ed Bullins. These revolutionary playwrights, while putting forward their will to oppose dominant discourse, did not question the theory of the castrating black woman. Several female playwrights, and in particular Sonia Sanchez, and Alice Childress, were aware of the contradictions between the outward discourse of the militant black theater and its tendency to incriminate female characters that rarely went beyond caricature, and these playwrights offered instead original figures able to denounce a conventional male- dominated way of thinking. This specific aspect of revolutionary theater may have contributed to giving an impetus to the black feminist movement.
Hélène LE DANTEC-LOWRY, “The Moynihan Report as an Event: From the Civil Rights Movement to the (Re)writing of History”
19L’auteur analyse la controverse qui suivit la parution du Rapport Moynihan (1965) dans la presse, en politique et parmi les militants noirs. L article examine ce texte comme un événement singulier, mais relié à une réalité sociale et politique, qui influença grandement le discours sur les Noirs et créa un intérêt marqué pour la famille africaine-américaine, d’abord en sociologie et en psychologie, puis en histoire, avec la parution d’études « révisionnistes » qui remettaient en cause les conclusions de Moynihan sur une famille noire « patho-logique » et délétère, quitte à offrir parfois une vue trop optimiste de ses capacités de résilience. Le Rapport Moynihan a ainsi souvent dominé les études sur les Noirs depuis 1965 et a conduit de nombreux analystes à enfermer le débat historiographique dans une vision manichéenne de la culture noire qui perdure encore parfois aujourd’hui, même si, par exemple, l’analyse de l’esclavage semble désormais échapper à des conclusions à sens unique.
20The author analyzes the controversy that ensued from the Moynihan Report (1965) in the press, in politics, and among black militants. This report is seen as a singular event—but one that is tied to a specific social and political reality—that greatly influenced the discourse on the black community and created much interest for the African-American family, first in sociology and in psychology, and then in history, with the publication of “revisionist” studies that put into question Moynihan’s conclusions about a “pathological” black family, to the point, sometimes, of providing an over optimistic view of its resilience. The Moynihan Report has often dominated the historiographical debate on Blacks since 1965 and has led many authors to offer a Manichean vision of black culture that still sometimes persists today even if for example, the analysis of slavery seems from now on to defy simplistic conclusions.
Maïca SANCONIE, « Les peintres noirs américains dans les années 1960 et l’alternative des groupes »
21During the 1960s, a number of groups of African-American artists came into existence. Following the tradition of protest developed by black painters in the 1930s and 1940s, these groups were overtly political and offered an alternative space in a segregated society. Born in the wake of the Black Arts Movement, Spiral, OBAC, AFRICOBRA, and “Where we at” Black Women Artists attempted to provide aesthetic and ideological structures to the artists of the African-American community while fulfilling an educational role in the community at large. Although most had ceased to exist by the following decade, these groups opened the way for the creation of institutions and galleries dedicated to African-American artists, and they encouraged their integration into mainstream art.
22Pendant les années soixante, plusieurs groupes d’artistes noirs virent le jour. Dans la tradition militante développée par des peintres noirs dans les années trente et quarante, ces groupes étaient ouvertement politisés et offraient un espace alternatif dans une société marquée par la ségrégation. Créés à la suite du «Black Arts Movement», Spiral, OBAC, AFRICOBRA et «‘Where we at’ Black Women Artists» tentèrent d’offrir des structures esthétiques et idéologiques aux artistes africains-américains, tout en remplissant un rôle éducatif pour la communauté noire dans son ensemble. Bien que la plupart de ces groupes aient cessé d’exister dans la décennie suivante, ils permirent la création d’instituts et de galeries d art dédiées aux artistes africains-américains et encouragèrent leur intégration à l’art américain dans son ensemble.
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“Let Miss Jane tell the story”
Lectures critiques de The Autobiography of Miss Jane Pittman
Claudine Raynaud (dir.)
2005
Incidences de l'événement
Enjeux et résonances du mouvement des droits civiques
Hélène Le Dantec-Lowry et Claudine Raynaud (dir.)
2007