Préface

Hélène Le Dantec-Lowry et Claudine Raynaud

p. 9-10


Texte intégral

1À l’Université François-Rabelais de Tours, les 16, 17 et 18 novembre 2001, les chercheurs de l’axe afro-américain du GRAAT, regroupés ensuite au sein de la Jeune Équipe « Études Afro-Américaines » (2003-2007), ont organisé un colloque international intitulé « Écritures de l’histoire : Incidences de l’événement » auquel participèrent des chercheurs et doctorants d’universités françaises, mais aussi en provenance des États-Unis. L’objet de ce colloque était de s’interroger sur les manières d’écrire et de récrire un « événement », chaque chercheur travaillant à partir de son domaine propre. Il a donc été décidé de se pencher sur les manifestations et productions historiographiques, littéraires et artistiques engendrées par le mouvement pour les droits civiques aux États-Unis dans les années soixante. Parmi les essais publiés, plusieurs émanent de communications faites lors de ce colloque et remaniées depuis.

2Outre la prise en compte d’études parues aux Etats-Unis portant sur le mouvement noir, nos débats et publications ont été grandement influencés par les réflexions des chercheurs en France sur l’écriture de l’histoire, et notamment par des historiens et philosophes tels que Pierre Nora, Ariette Farge, Paul Veyne ou Paul Ricœur. Le chapitre « De l’événement », tiré de l’ouvrage d’Ariette Farge, Des lieux pour l’histoire (Seuil, 1997), a été fondateur dans l’amorce de notre démarche théorique. Cet essai inaugure naturellement ce volume et éclaire ainsi l’analyse du mouvement pour les droits civiques qui se fait jour dans les articles qui suivent. En effet, le but n’est pas tant de rappeler les faits qui se déroulèrent tout au long du mouvement noir ou d’examiner leur impact ou leur pertinence, mais d’analyser la (ré)écriture de cet « événement », sa (ré)appropriation par les différents acteurs et témoins de cette période, et au-delà. Il convient alors d’examiner les ruptures qu’il créa dans la société américaine, comme dans l’analyse qui en a été faite.

3La Jeune Équipe « Études Afro-Américaines », sous la direction de Claudine Raynaud, et le CEAA, présidé jusqu’à sa mort par Michel Fabre, sont composés de chercheurs venant d’horizons variés. Des spécialistes de littérature africaine-américaine, mais aussi de peinture et de théâtre, côtoient des civilisationnistes et des historiens travaillant sur les États-Unis. La composition de notre groupe explique la variété des sujets abordés, mais fonde également notre champ. Le large éventail des méthodes, pratiques et façons d’aborder la société américaine, et tout particulièrement l’histoire et la culture afro-américaines, selon des ancrages disciplinaires spécifiques permet de poser les débats différemment. Ainsi, la publication d’essais sur la culture noire américaine et l’écriture de l’histoire des Noirs américains est l’aboutissement des réunions de travail et des colloques qui nous rassemblent.1

Notes de bas de page

1 Voir, entre autres, G. Fabre et R. O’Meally Eds., History and Memory in African American Culture (New York : Oxford UP, 1994) ; A. Kekeh-Dika et H. Le Dantec-Lowry Dir., Formes et écritures du départ : Incursions dans les Amériques noires (Paris : L’Harmattan, 2000) ; H. Le Dantec-Lowry et A. Frund Dir. “Ecritures de l’histoire africaine-américaine” (Annales du Monde Anglophone 18, 2003) ; C. Raynaud Dir., G. Fabre et A. Frund. Dir. scientifiques. La Couleur du temps dans la culture afro-américaine (CRAFT 1, Tours : PUFR, 2005).


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