Introduction : La Couleur du temps
p. 9-17
Texte intégral
1"The problem of the Twentieth Century is the problem of the color line." A l'orée d'un nouveau siècle, il semble opportun de réfléchir aux sens que prend cette intuition de W.E.B. Du Bois (The Souls of Black Folk, 1903) au regard des événements du XXe siècle. On peut aussi s'interroger sur la fortune du mot "couleur", des thèmes qu'il désigne, et d'une signification symbolique et politique qui n'a cessé de se modifier. La NAACP a conservé "color" dans son sigle, et nombre d'écrivains l'ont exploré dans leurs œuvres comme Alice Walker (The Color Purple), ou Ntozake Shange (For Colored Girls Who Have Considered Suicide When the Rainbow is Enuf ou Sassafras, Cypress and Indigo). Historiquement, les mots qui ont désigné les Africains Américains ont soit souligné soit mis entre parenthèses la composante identitaire qu'est la couleur : ainsi, les premières institutions qui, au XIXe siècle, privilégient le terme "African" ("African Theater", African Church", "African Schools"), ainsi la vogue du terme "Negro" au moment de la Harlem Renaissance et du mouvement de la Négritude, celle de "black" dans les années 1960 ("Black Power"), d'"Afro-Américain" et "African-American", sans oublier " Free People of Color" qui désignait les Noirs libres de Louisiane.
2La désignation "peuples de couleur" a longtemps prévalu : c'est le vocable que choisirent les principaux intervenants lors du Premier Congrès International des écrivains et artistes noirs réunis à la Sorbonne à Paris en 1956, venus de plusieurs continents et archipels pour recréer l'histoire de leur passé et envisager des perspectives pour un avenir commun. Associée au terme "peuples", la couleur, "singularité indélébile", dont, selon les mots d'Alioune Diop, "se prévalut le mercantilisme odieux du XVIIe et du XVIIIe siècle pour emmener des millions de nos ancêtres en servitude outre-atlantique" se trouve revalorisée : "par un magnifique retour des choses de ce monde et pour une suprême revanche de l'esprit, c'est de ce signe distinctif que nous nous servirons en ce XXe siècle pour affirmer, exalter, glorifier la culture des peuples noirs."1
3La couleur apporte de multiples nuances dans une palette où tout n'est pas vu, ainsi que l'ordonne l'idéologie dominante, en noir et blanc, mais est perçu dans une gamme de tons qui introduit dans le champ de la pensée et dans les textes théoriques la notion de métissage et de créolité ou de "passing" (Neither Black nor White de Werner Sollors, "There Ain't No Black in the Union Jack" de Paul Gilroy). Dans la Caraïbe, la couleur est suggérée par une multiplicité de termes : toutes les nuances ainsi introduites entre noir et blanc contribuent à contester les définitions officielles et marquent aussi les différences entre l'Amérique et les Amériques, entre les continents et les îles dans tous les points de la diaspora.
4La couleur est très présente dans les œuvres d'écrivains, peintres ou musiciens (Black, Brown, Beige de Duke Ellington) ; elle apparaît aussi dans les expressions populaires – maximes, dictons, chansons (If you're White you're right / If you're Yellow you're mellow / If you're Brown you can hang around / If you're Black stand back). Elle n'est pas seulement figure de style : elle est sagesse, poésie ou cri ; elle s'impose avec colère, vigueur ou insolence, suggère danger ou violence, souffrance ou espoir (Black Boy, Black Symphony, Black Fire, A Blues Book for Blue Black Magical Women, ou Mood Indigo).
5"Black is the color of my country". La couleur est aussi une expérience, humiliante ou exaltante, un vécu que l'individu et la société expriment par des représentations organisées et hiérarchisées et des appréhensions différentes du temps et de l'espace. La "couleur du temps" évoque à la fois les intensités de vies individuelles et collectives et les aléas qui président à ces mutations : la couleur change avec le temps et trahit la teneur d'une époque. Les nombreuses expressions des régimes d'historicité font apparaître la couleur comme inévitable ; mise en valeur ou occultée, elle est le signe même de différence, d'altérité mais aussi d'un stigmate longtemps associé, de façon irréfutable, à l'infériorité et au déni de liberté. Comme indice ou symptôme, elle renvoie aux grands drames du passé et révèle des formes limitées, fractionnées ou discordantes ou, au contraire, éclatantes ou exaltantes, qui donnent à voir, dans la distance ou l'incertitude, les stratégies d'écriture de l'histoire. Entre omniprésence et oubli, s'installe un jeu de plusieurs temporalités qui fixe, capte, mémorise ou efface la singularité de l'expérience africaine-américaine.
6Dans les années 1960, le noir, désigné par le terme "black" fut bien la couleur du temps, temps d'une intense activité politique et artistique qui, non seulement, exalta la couleur noire à travers de multiples slogans –black is beautiful, black is my country, black power- mais engagea dans une réflexion et un travail collectifs la plupart des dirigeants, écrivains, artistes et intellectuels noirs. L'épithète "black" servit à désigner tout aussi bien l'effervescence politique de ces années et les revendications du moment que l'esthétique, Black Aesthetics, de la renaissance artistique qui l'accompagna et qu'on rapprocha souvent de la Renaissance de Harlem des années 1920-1930.
7"Black" devint symbole puissant, cri de ralliement susceptible de mobiliser les esprits, et reçut des connotations multiples. Il pénétra dans tous les domaines : de la politique à la religion, de l'économie à la culture, du monde du travail à celui des loisirs, de la vie quotidienne à l'activité scientifique et aux sciences humaines, des pratiques langagières aux études linguistiques. Il s'imposa aussi dans le monde de l'éducation, de l'édition, de la création artistique et du marché de l'art ; il régna sur l'imagination individuelle et l'imaginaire collectif. Objet d'invention et de créativité qui éveilla tant d'énergie et de talents insoupçonnés, il suscita beaucoup d'espoir et de désir. Il fut aussi objet d'appropriations et de manipulations et entraîna déceptions et regrets.
8Qu'il ait été le souvenir trop amer de l'hégémonie blanche, ou une réplique un peu trop naïve du pouvoir blanc, l'empire de la couleur noire fut contesté, comme furent constatées les limites de sa magie et de son pouvoir. La révolution qui avait mis à l'honneur le noir, "black", s'acheva, laissant place à une autre approche symbolique et stratégique de la couleur : volonté d'instaurer un ordre nouveau qui permette de mieux vivre, penser et représenter l'expérience des populations noires des Etats-Unis mais aussi des peuples de couleur, dans le contexte plus vaste de la diaspora - regard neuf sur le passé et sur un avenir qu'on souhaite libéré d'une opposition trop soulignée entre noir et blanc. Il est intéressant de voir comment les idéologies, les stratégies politiques, littéraires ou artistiques qui se mettent en place, s'effacent et réapparaissent, n'ont cessé de se référer ouvertement ou implicitement à la couleur.
9L'islamisation qui transforme la couleur noire de stigmate en valeur absolue est examinée dans ce recueil par Françoise Clary dans le contexte des mouvements migratoires des populations musulmanes de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle ; elle fut tour à tour ou tout à la fois mouvement religieux ou séculier, nationaliste ou internationaliste, communautaire ou militant. Cet essai qui analyse le discours fondateur religieux des musulmans du monde, leurs liens avec l'Afrique, leur croyance en un Allah noir et en la nature divine de l'homme noir, s'attache plus particulièrement au mouvement des Musulmans noirs aux Etats-Unis des années 1960 : rattachement identitaire à un Islam qui porterait en lui toutes les couleurs de l'Amérique, incluant d'autres peuples de couleur comme les Red Muslims.
10Maïca Sanconie étudie la façon dont les artistes s'approprièrent la couleur noire et l'investirent de multiples sens et fonctions. C'est encore le vocable "Black" qui est choisi, à la fois signe, slogan, cri de ralliement ou programme précis. Sanconie suit la fortune du terme jusqu'à l'émergence d'un courant nouveau, Post Black Aesthetics, qui, sans abandonner la couleur noire, en conteste les usages exclusifs.
11Ces ruptures et mutations sont examinées à la lumière du travail du groupe "Spiral" -qui fut réuni par Romare Bearden et Hale Woodruff et associé au Mouvement des droits civiques –et de plusieurs artistes indépendants comme Faith Ringgold et Raymond Saunders. Des expositions –en 1964 à New York, en 1994 au Whitney Museum, en 2001 au Studio Museum d'Harlem et en 2003 à Chicago– des manifestes comme ceux de Saunders ou de Ringgold furent des événements majeurs. Pendant ces décennies, des théories se sont exprimées et affrontées, sur l'engagement ou désengagement vis-à-vis de l'histoire et de la communauté noire et sur la place de la couleur noire dans la palette des peintres : couleur des peaux et couleur des corps, elle est aussi l'expression de la problématique raciale et marquage socio-historique. C'est précisément cette dernière fonction qui est remise en question : Saunders propose une symbolique et une thématique plus riches ; Ringgold élabore le concept de Black Light et, s'inspirant de l'art africain, explore une esthétique de la couleur qui combine rythme et lumière. Le désir de modernité émancipatrice s'affirme : une véritable évolution –rupture nécessaire avec le passé– reconsidère la relation entre race et culture et brise l'isolement de "l'art noir" en le situant dans un contexte international et dans la dynamique des grands mouvements du 20e siècle. L'usage des couleurs, ainsi placé au centre de cette mutation, devint un enjeu fondamental.
12L'écriture se lit en couleur. La perception d'un ouvrage s'élabore selon les catégories raciales de l'auteur et des personnages et définit ainsi le cadre générique des formes littéraires. L'ajout du qualificatif "africain-américain" au terme fiction installe un jeu de relations engagées, arbitraires, fixées ou acceptées qui s'inscrit dans un contexte historique et idéologique. Depuis le XVIIIe siècle, la production littéraire africaine-américaine compte autobiographies, poésie, romans, pamphlets et livres philosophiques. Ces publications répondent à des projets de représentation de soi, d'affirmation identitaire individuelle ou communautaire. Elles donnent à voir soit des écrivains qui déterminent des textes alors identifiés racialement, ou, au contraire, des écrits appréhendés selon une palette plus nuancée. La concordance des figures et des voix invitent à des lectures nouvelles qui, ce faisant, re-qualifient les œuvres. Les voix s'écoutent dans les reflets des miroirs et définissent la couleur du récit et celle de son auteur.
13La mise en relation des corps et des dires dans des systèmes de temporalité changeants, tout en révélant les enjeux des discours sur la race, pose le problème de l'authenticité des œuvres et de l'autorité du créateur. On en veut pour exemple l'examen oral auquel dut se soumettre Phillis Wheatley, devant dix-huit notables de la ville de Boston en 1772, et qui fut suivi d'une déclaration certifiant que la jeune esclave était l'auteur du recueil Poems on Various Subjects, Religious and Moral. Le même constat d'authenticité fut requis pour les écrits d'esclaves, mais une fois celui-ci établi, les termes du débat se déplaçaient vers la qualité de l'écriture et la place de ces récits dans le monde des lettres. Les critiques seront particulièrement sévères à l'égard de Wheatley : elles seront recyclées sur plusieurs générations avant d'être remises en question par la renaissance littéraire noire des années 1970. La volonté de ré-écrire l'histoire africaine-américaine et d'en combler les silences redonnera vie aux témoignages et écrits dispersés, oubliés ou méprisés.
14Le cas de Charles Chesnutt, présenté ici par Cécile Cottenet dans "La Couleur de la critique", est emblématique des enjeux raciaux et des politiques ségrégationnistes : son autorité d'auteur subit les fluctuations de la terminologie utilisée pour les catégories raciales. La visibilité que lui confèrent ses livres est à l'origine d'un conflit identitaire et sociétal qui interroge sa propre définition raciale ainsi que son aptitude à écrire sur les Noirs. Sa représentativité demande un engagement, un choix ou un consentement qui s'inscrivent dans une légitimité historique et culturelle.
15Depuis toujours, le discours sur la couleur a subi des fluctuations liées à la fois à l'objet de son étude, à savoir sa matérialité, ses filiations et métamorphoses, et à la complexité des territoires où il se produit. La physique de Newton a fixé des certitudes à la lumière du soleil ; à l'opposé, Goethe contesta le caractère primaire de la lumière blanche et élabora le programme d'une physiognomonie-physiologie de la vision afin de révéler le caractère imprévisible et artiste de la nature : à une science des couleurs se substituent des théories et pratiques multiples. On en veut pour exemple l'histoire du blanc et du noir, qui, selon les époques, les philosophies et les sciences appliquées, sont définis comme des couleurs physiques et primaires ou, au contraire, comme des apparences chromatiques ou reflets lumineux. Mais la vision en noir et blanc a prévalu dans les techniques de reproduction de l'image car il semble qu'on aborde avec résistance la vision en couleur. Celle-ci, par son aspect subjectif, incarne des impressions et sensations de l'ordre de la séduction, de la mutation et du sublime. Dans le film Daughters of Dust analysé par Anne-Marie Paquet-Deyris, les couleurs manifestent une tonalité, une clarté et un ton qui permettent de donner une dimension au temps : elles s'adressent à la mémoire et au rappel des lieux. Les instruments optiques, de l'appareil photo à la caméra, fixent des formes et des couleurs, précisément quand celles-ci produisent une profondeur de champ, des réflexions invraisemblables et des illusions colorées. Le kaléidoscope de Julie Dash crée un langage visuel et artistique qui exalte la sensibilité, l'imagination et la transmission de la vie à rebours des phénomènes réducteurs qui séparent couleur et temps.
16Le désir de renouveau et de modernité se manifeste aussi en littérature. Comme d'autres écrivains africains-américains, Toni Morrison nous invite à penser la couleur, à méditer sur les signes et les sens qu'elle peut livrer, sur le poids de l'histoire qui a érigé la couleur blanche en valeur absolue et défini la couleur noire comme une absence : "non white" c'est ainsi qu'on appelle ceux qui n'ont pas eu la chance ou le privilège de naître blancs. La réflexion que Morrison propose concerne tout à la fois la perception de la couleur, par les blancs et par les noirs eux-mêmes, les valeurs qui s'y attachent, son inscription dans les comportements, les mentalités et les émotions, sa transcription dans le langage, sa place dans les rapports sociaux ou raciaux. Si l'opposition entre noir et blanc reste déterminante, Morrison rappelle qu'il existe un spectre de couleurs infiniment complexe. Comment dire et écrire la couleur, tel est un des propos de l'écrivaine qui laisse entendre qu'une méditation sur la couleur peut aider à mieux comprendre l'histoire, la société, et infléchir les destins individuels et collectifs.
17Ce jeu de couleurs peut se lire dans les regards, les paysages, les gestes ou les comportements des personnages, leurs silences ou paroles, et se déchiffre à travers une langue où les qualités de la couleur se déclinent à l'infini : muette ou éloquente, vibrante ou terne, cruelle ou légère, sévère ou lumineuse, la couleur apparaît ou disparaît, valorise ou banalise la vie quotidienne. Elle ne va pas de soi : imprévisible ou trompeuse, elle reste équivoque.
18Deux essais analysent la façon dont Morrison crée une poétique de la couleur et par delà pose un regard très critique sur l'Amérique, sur les excès dont blancs ou noirs ont pu être auteurs ou victimes. Wendy Harding montre comment Morrison invente, au-delà de l'opposition trop évidente entre noir et blanc, des combinaisons, alternances ou contrastes subtils. Cet essai examine minutieusement la palette (de couleurs) qu'offre Beloved. Les références fréquentes à la couleur, faites souvent par les personnages eux-mêmes permettent de mieux saisir les émois ou émotions, les révélations et les erreurs, les conflits et réconciliations. Ainsi, la couleur rythme, et est elle-même l'événement ; chaque moment a sa couleur et chaque couleur a son histoire. Annie-Paule de Prinsac étudie deux autres textes, Paradise et Love et souligne la volonté qu'a Morrison de mettre à nu, à travers la complexité des émotions de ses personnages, et à partir des rapports historiques, collectifs ou intimes, qu'ils ont eus avec le monde noir et blanc, les contradictions profondes de la société dans laquelle ils vivent. Les valeurs attachées à la couleur de la peau semblent déterminer choix et conduites, réussites ou échecs dans la communauté de Ruby de Paradise. Ruby est déchirée par les soupçons et accusations, par la jalousie, les désirs ou actes de transgression –transgression des barrières raciales et sociales, des lois et interdits. L'analyse de de Prinsac s'appuie sur les travaux de René Girard sur le désir mimétique pour suivre les pulsions secrètes et les destins des membres de la communauté, tels que les révèle la violence d'un récit où se rencontrent mythe et histoire.
19La couleur d'un récit, nous l'avons vu, apparaît dès la lecture des titres. L'hymne à la couleur pourpre ou violet The Color Purple est aussi chanté par Walker dans Revolutionary Petunias, un recueil de poèmes dont le premier fait référence aux "purple petunias". Des pétunias qui sont appelés à éclore et à s'épanouir afin d'apparaître aux autres et à eux-mêmes :
Rebellious. Living.
Against the Elemental Crush.
A Song of Color
Blooming
For Deserving Eyes.
Blooming Gloriously
For its Self.
Revolutionary Petunia
20Cette vision chromatique nouvelle insiste sur le lien entre formes et couleurs, et révèle l'adéquation entre nature et changement. A la lecture d'autres poèmes, on ne peut s'empêcher de noter les interférences et les jeux de mots, ainsi entre "purpose" et "purple", ou de voir comment la matière colorique peut engendrer des histoires et des destins. Isabelle Rouffineau, dans "La Féminitude pourpre", s'interroge sur les significations de la couleur du roman de Walker ; elle l'associe à la découverte et à la réalisation du désir : mise à nu des libertés bridées, épanouissement des centres vitaux, reconnaissance des pouvoirs créatifs et transformation de la femme noire en œuvre d'art. Les nuances de cette teinte dévoilent de nombreuses possibilités qui sont toutes à chercher dans la nature et dans l'étendue de l'univers. Elles mettent en évidence la continuité entre le moi de la femme, le monde extérieur et la difficulté inhérente à une libération qui requiert détermination et force de caractère. La révolution nécessaire au changement et à la transformation trouve ses racines dans la possession et la conquête d'une origine et d'une authenticité déjà présentes et à redécouvrir qui, par l'intensité du rayonnement des couleurs, rejoint ce qui est de l'ordre du sacré mais aussi de l'intime et du vivant.
21Dans Histoire des couleurs, Manlio Brusatin déclare : "... les couleurs ne sont pas la réalité des corps, elles ne sont pas la vie, ni exactement une loi de la nature ; elles sont les effets d'une abstraction de la nature, l'artifice dans le naturel, c'est-à-dire des "figures"."2 Avant d'être figées par les concepts, les couleurs fonctionnent comme des flux d'images dont le sens est à chercher dans les désirs et les passions. Sophie Vallas, dans "Fou noir, reine blanche : l'échiquier de Chester Himes" interroge le pouvoir des couleurs primaires ou primitives que peuvent être le noir et le blanc, quand celles-ci, en dessinant une symphonie de sexe, révèlent une tragédie américaine. Cette étude des liaisons interraciales dans trois romans de Chester Himes examine les relations entre race, sexualité et désir : comment le fantasme sexuel de l'homme noir et de la femme blanche qui, bâti sur la haine raciale et l'attirance physique, s'identifie à des pulsions meurtrières. Le couple noir/blanc est déterminé par les limitations d'une grille qui reproduit les pratiques psychiques des individus. L'objectivation de ces couleurs enferme les personnages dans une impasse qui ne peut être contournée que dans la mort de l'autre.
Notes de bas de page
Auteurs
Université Denis Diderot - Paris VII
Université François-Rabelais de Tours
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
“Let Miss Jane tell the story”
Lectures critiques de The Autobiography of Miss Jane Pittman
Claudine Raynaud (dir.)
2005
Incidences de l'événement
Enjeux et résonances du mouvement des droits civiques
Hélène Le Dantec-Lowry et Claudine Raynaud (dir.)
2007