Remèdes à l’amour en Espagne aux XVIe et XVIIe siècles
p. 151-184
Texte intégral
1Dans son prologue à l’Hospital de galanes enamorados, Luis Hurtado de Toledo, après avoir souligné la vertu inspiratrice de l’amour et cité les auteurs qui font autorité en la matière — Platon, Marsile Ficin, saint Thomas, El Tostado, Pétrarque, Pie II — ajoute :
... otros muchos varones bien graves escrivieron las causas de do procedíe el amor, y su fuerça y poder, y los efectos que obra, y como haze a los hombres sobresalir, y passar de los límites de la razón ; ponen remedios y razones para refrenar su vehemencia y furia lo qual, según dixo Justiniano, es de perfecta philosophía1.
2Des causes aux remèdes en passant par les effets aliénants de l’amour, voilà tracé en quelques lignes le plan de bien des traités sur l’amour, qu’ils soient dus à la plume d’un médecin, comme le De amore heroico d’Arnaldo de Villanova ou à celle d’un poète, comme le Tratado de amor attribué à Juan de Mena.
3Mais parmi ces différents points qui apparaissent dans tout exposé sur l’amour, les « remedios y razones » ont une place privilégiée. Remèdes pratiques ou arguments dissuasifs de reprobado amoris, les remèdes à l’amour se retrouvent aussi bien dans les ouvrages médicaux les plus répandus aux XV et XVIe siècles (et même dans ceux du XVIIe siècle) que dans les œuvres littéraires — traités, romans sentimentaux, Cancionero, Célestinesque — et même paralittéraires : miscellanées.
4Pour la commodité de l’étude, nous envisagerons d’abord les écrits où dominent les remèdes pratiques (manuels médicaux, œuvres littéraires où apparaissent des remèdes à l’amour inspirés surtout d’Ovide), puis nous parlerons d’œuvres qui s’inspirent plus directement des moralistes et de la pensée chrétienne, et s’inscrivent plutôt dans la tradition de la reprobatio amoris.
5Dans le cadre limité de cet article, nous ne considérerons qu’un aspect des remèdes et de la reprobatio, sans aborder le problème de la reprobatio à l’échelle de l’œuvre tout entière, ainsi que le pose Pierre Heugas à propos de La Célestine et de ses imitations2.
L’amour dit « hereos » dans les ouvrages médicaux3
6Les théories médicales sur le mal d’amour apparaissent dans les ouvrages médicaux diffusés à cette époque : traductions en latin des œuvres des grands médecins arabes — Rhazès, Abulkasim, Halyabbas, Avicenne — qui ont recueilli et développé l’héritage antique, sommes médicales du Moyen Age chrétien : Lilium medecinae de Bernard de Gordon (composé en 1305), Rosa Anglica de Jean de Gaddesden (écrite vers 1314), Liber de parte operativa du catalan Arnaldo de Villanova (début du XIVe siècle), Clarificatorium super nono almansoris... de Jean de Tournemire (fin du XIVe siècle), Philonium du médecin portugais Valesco de Taranta (achevé en 1418), et à la fin du XVe siècle, écrit en castillan, le Sumario de medicina de Francisco López de Villalobos, édité à Salamanque en 1498.
7Comme pour toutes les maladies étudiées dans leurs manuels, les médecins définissent le mal d’amour, puis en donnent successivement les causes, les symptômes, le pronostic et le traitement.
8L’amour dit « hereos » est considéré comme une maladie voisine de la mélancolie. C’est ainsi que le définit Avicenne dans le Canon :
Haec aegritudo est solicitudo melancholica similis melancholiae...4.
9Bernard de Gordon, dont l’œuvre fut traduite en castillan sous le titre de Lilio de medicina, inclut le chapitre XX qui lui est consacré, dans le livre II « en el qual se trata de todas las enfermedades del celebro fasta las enfermedades de los ojos » et en donne la définition suivante :
Amor que hereos se dize es solicitud melancónica por causa de amor de mugeres5.
10Arnaldo de Villanova le situe parmi les cinq sortes d’aliénations mentales dans son Liber de parte operativa6.
11Jean de Tournemire, dans sa glose au 13e chapitre « de melancolia » de Rhazès, en dit :
Et nota quod amor hereos cum sit una species melancoliae ex quo est ibi alienatio et corruptio rationis et apud quosdam antiquos dicitur sollicitudo melancólica7.
12Les médecins attribuent la cause de ce mal à une inflammation du cerveau due au désir insatisfait ou à la « corruption de la vertu imaginative »8.
13Les symptômes en sont la perte de l’appétit et du sommeil, la maigreur, les yeux creux, le teint jaune, le pouls irrégulier qui s’accélère en présence de la personne aimée ou si le malade entend parler d’elle, les soupirs, les troubles de la respiration9.
14Quant au pronostic, il est très grave puisque le malade, s’il n’est soigné à temps, risque de mourir, comme le déclarent Bernard de Gordon :
La pronosticación es tal que sy los que padecieren el amor hereos no son curados caen en manía y se mueren10
15et Arnaldo de Villanova :
Nisi huic celeriter obvietur, melancholiam parit in posterum, et ut saepe contingit, preparat in maniam, et quod gravius est languent inde quamplurimi mortis periculum11.
16Avant d’en arriver aux remèdes prescrits par les médecins, il est intéressant de faire deux remarques. Il ressort de l’étude des manuels médicaux que les hommes sont plus exposés que les femmes à cette maladie. En effet, si Jean de Gaddesden précise que les hommes et les femmes en sont atteints :
De genere melancoliae est amor hereos in istis mulieribus et viris qui inordinate diligunt12,
17plusieurs médecins : Bernard de Gordon, Valesco de Taranta et Francisco López de Villalobos, la définissent d’emblée comme une maladie d’hommes13.
18Dans la clarificación, Bernard de Gordon propose une explication :
es de notar que esta passion más viene a los varones que a las mugeres por quanto los varones son más calientes y las mugeres más frías y aquesto parece por los machos de las animalias brutas que con furia e ínpetu se mueven a conplir el coytu14.
19Mais si la maladie même privilégie, si l’on peut dire, l’homme par rapport à la femme, elle atteint aussi davantage les âmes supérieures — entendons les nobles — pour Arnaldo de Villanova. Nous retrouverons cette idée dans les lamentations de la mère de Leriano dans la Cárcel de Amor de Diego de San Pedro15. Il faut croire que l’inégalité des sexes et des conditions se manifeste jusque dans les maladies !
Les remèdes à l’amour « hereos »
20Le mal dit « hereos » étant proche de la mélancolie, il se caractérise par une sécheresse excessive du cerveau et du corps. Les médecins prescrivent donc un traitement hydratant : bains, frictions, emplâtres appliqués localement16. Le vin est également recommandé en grande quantité de façon à réhydrater le cerveau et à provoquer une ivresse bénéfique qui fait sombrer le patient dans un sommeil réparateur :
Rasis vult quod fortiter inebrientur quibusdam diebus ut cerebrum humectetur, et ipsarum obliviscatur quia sicut modica inebriatio incitat luxuriam ita magna obfuscat propter excessivam humiditatem obliviscuntur talem actum dormiunt velut stupidi, de quo somno multum indigent17.
21Au repas champêtre où l’on doit convier le patient, Valesco de Taranta conseille de servir trois ou quatre sortes de vins18. Quant à Francisco López de Villalobos, il recommande un enivrant mélange de vin rouge et de vin blanc :
y tinto con blanco le deven aguar
que siempre emos visto del enborrachar
caer los amantes y amores en tierra19.
22Seul Bernard de Gordon prône un usage modéré du vin :
devedes de notar que el vino alegra y humedece si se tomare con templamiento por quanto esfuerza la digestión y por esto bien conviene. Ε conviene que el vino no se tome en muy poca quantidad ni en tanta que se emborrache pero bévalo en tal quantidad que alegre y quite los cuydados20.
23Les médecins conseillent également une alimentation reconstituante pour éviter que le malade ne tombe dans la consomption.
24Certains médecins recommandent aussi l’évacuation de l’humeur brûlée. Avicenne prescrit pour cela l’emploi de la Hiera Archigenis21 A l’hydratation, les médecins associent d’autres remèdes qui s’orientent dans deux directions : distraire le patient de ses pensées par des occupations agréables ou utiles et le détourner de la personne aimée en la dénigrant ou en lui représentant les inconvénients de cet amour et les dangers auxquels il expose son âme. Ce dernier remède, nous le voyons, est plus proche de la reprobatio amoris que des remèdes proprement médicaux.
25Les distractions proposées sont variées, des plaisirs de la vue : campagne verdoyante, prairies parsemées de fleurs, eaux cristallines, à ceux de l’ouïe : chant des oiseaux, musique vocale ou instrumentale, et de l’esprit : récits et poésie22 ; de l’exercice physique : marche dans la campagne, équitation, chasse et pêche23, aux jeux divers24. La d’amis et d’êtres chers dans toutes ces occupations ajoute encore à leur efficacité. Il est également recommandé d’occuper le patient à des affaires utiles25 et de lui faire faire des voyages dans des contrées et belles26.
26Sur le chapitre des femmes, si pour Rhazès, le meilleur moyen de guérir le malade est de lui donner celle qu’il aime, la majorité des médecins recommandent comme Ovide de l’en éloigner ou de lui faire avoir plusieurs amies27.
27Le coït est conseillé par plusieurs médecins comme un remède efficace, à condition que la partenaire soit une autre que la femme aimée28 Par contre, Bernard de Gordon le déconseille car il risquerait pour lui d’aggraver le dessèchement dû à la maladie29
28Pour détourner le malade de sa passion, plusieurs médecins recommandent de lui faire un portrait repoussant de la personne aimée (la femme en l’occurrence !). Les vieilles, habiles à nouer les amours sauront les dénouer. Ce sont elles qu’Avicenne, Bernard de Gordon, Arnaldo de Villanova, Valesco de Taranta, Francisco López de Villalobos chargent de la tâche de peindre la femme aimée sous des traits d’autant plus repoussants que l’anti-portrait sera fait par une vieille décrépite. Ce remède est particulièrement développé par Bernard de Gordon chez qui nous retrouvons une misogynie bien médiévale :
Ε finalmente si otro consejo no tuviéremos, fagamos el consejo de las viejas porque ellas a la que aman diffamen y la desonesten en quanto pudieren, que ellas tienen arte sagaz para estas cosas más que los hombres. Ε dize Avicena que algunos son que se gozan en oyr las cosas fediondas y las que no son lícitas. Por ende búsquese una vieja de muy feo acatamiento con grandes dientes y barvas y con fea y vil vestitura y traya debaxo de sí un paño untado con el mestruo de la muger y venga al enamorado y comience a dezir mal de su enamorada diziéndole que es tiñosa y borracha y que se mea en la cama y que es epiléntica y fiere de pie y de mano y que es corrompida y que en su cuerpo tiene torondos especialmente en su natura y que le fiede el fuelgo y es suzia y diga otras muchas fealdades, las quales saben las viejas dezir y son para ello mostradas. Ε si por aquestas fealdades no la quisiere dejar, saque el paño de la sangre de su costumbre debaxo de sí y muéstregelo súbitamente delante su cara, y dele grandes bozes diziendo — Mira que tal es tu amiga como este paño30.
29Enfin, le patient sera détourné de son amour par deux moyens, selon qu’il possède ou non l’usage de la raison. Dans le premier cas, on aura recours aux admonestations d’hommes sages, de parents et d’amis qui souligneront les inconvénients de cette passion et le danger qu’elle représente pour son salut31. Mais si le patient est incapable de raison, on aura recours aux châtiments corporels : il sera fouetté avec des verges ou, comme le propose Valesco de Taranta, enfermé dans une tour avec du pain et de l’eau jusqu’à ce qu’il entende raison32.
30Tels sont les remèdes proposés par les médecins les plus connus à cette époque. Certains rejoignent ceux d’Ovide, d’autres sont proches de la reprobatio amoris et s’inscrivent parfois dans le courant misogyne.
31En matière d’amour, l’interpénétration des mondes de la médecine, de la philosophie et de la poésie est telle que nous voyons Bernard de Gordon conclure son chapitre sur l’amour par une définition digne d’un poète ou d’un moraliste :
Lo postrimero devedes de entender que esta passion más fermosamente se puede diffinir assí. El amor es locura de la voluntad porque el coraçón fuelga por las vanidades mezclando algunas alegrías con grandes dolores y pocos gozos33.
Remèdes à l’amour dans la littérature
32Comme dans les ouvrages médicaux, les définitions, les causes, les symptômes, le pronostic et les remèdes du mal d’amour apparaissent souvent dans la littérature espagnole des XVe et XVIe siècles.
33Ainsi, la définition de l’amour est le thème de certains poèmes du Cancionero et se retrouve dans la plupart des œuvres consacrées à l’amour34.
34Ses effets aliénants et ses symptômes sont intégrés à l’action et à l’analyse des sentiments dans le roman sentimental et la Célestinesque. Cet « amor inordinatus » dont parlent les médecins est bien celui de Calixte, l’amant « désaccordé », tel qu’il apparaît au début de l’acte I et tel que le voit Sempronio dans son monologue35. Et dans la Cárcel de Amor, Leriano présente tous les symptômes de ce mal qui cause sa mort malgré les « razones » des parents et amis qui se succèdent à son chevet et en particulier celles que son ami Tefeo allègue contre les femmes, en guise de remède. Son mal a atteint alors sa phase la plus grave :
mostrávase amigo de los dolores ; recreava con los tormentos ; amava las tristezas ; (...) y desconfiado ya de ningún bien ni esperanza, aquexado de mortales males, no podiendo sustenerse ni sofrirse, huvo de venir a la cama, donde ni quiso comer ni bever ni ayudarse de cosa de las que sustentan la vida...36
35Dans le même roman, l’Auteur voit aussi chez Laureola les signes de la passion amoureuse tels que les décrivent les médecins :
... mirava en ella algunas cosas en que se conosce el coraçón enamorado : cuando estava sola veíala pensativa ; cuando estava acompañada, no muy alegre ; érale la compañía aborrecible y la soledad agradable. Más vezes se quexava que estava mal por huir los plazeres ; cuando era vista, fengía algund dolor ; cuando la dexavan, dava grandes suspiros ; si Leriano se nonbrava en su presencia, desatinava de lo que dezía, bolvíase súpito colorada y después amarilla, tornávase ronca su boz, secávasele la boca37 ;
36Le pronostic de mort, en cas d’amour non satisfait ou de séparation, se confirme aussi dans bien des histoires d’amour : mort de Lucrecia dans la nouvelle de Piccolomini :
Esta nuestra, como vido a Eurialo partir de su vista, cayda en tierra, la llevaron ala cama sus siervas hasta que tornasse cobrar el espíritu. La qual como en sí tornó, las vestiduras de brocado, de púrpura, y todos los atavíos de fiesta y alegría encerró y de su vista apartó : y de çamarros y otras vestiduras viles se vistió. Y de allí adelante nunca fue vista reyr ni cantar como solía. Con ningunos plazeres, donayres ni juegos, jamás pudo ser en alegría tornada. Y algunos días en esto perseverando, en gran enfermedad cayó, de la qual por ningún beneficio de medicina pudo ser curada. Y porque su coraçón estava de su cuerpo ausente y ninguna consolación se podía dar a su ánima, entre los braços de su llorosa madre y de los parientes que enbalde la consolavan : la indignante ánima del anxioso y trabajoso cuerpo salió fuera38.
37Mort encore de Leriano dans la Cárcel de Amor, de Cristerno dans le Tratado notable de amor de Juan de Cardona :
y como su cuydado no era sino de su señora Ysiana y de cómo se yva alexando de ella cayóle tan gran tristeza que mayor en hombre no podría ser y fue tal que se le quitó el comer y el dormir y se tornó ético y con ello diole tan grandes calenturas que estubo en callar más de tres meses syn poderse lebantar de la cama39.
38Mort enfin de Lucindaro dans la Quexa y aviso contra Amor40.
39Mais l’œuvre qui réunit le plus grand nombre de ces motifs est le Tratado de amor attribué à Juan de Mena41. Ce traité s’ouvre sur une interprétation symbolique de la figure de Cupidon et de ses attributs42. Ce recours au mythe de Cupidon « moralisé » pour analyser les effets de l’amour est fréquent au XVe siècle. On le trouve notamment dans la glose Cupido ajoutée par le Condestable D. Pedro de Portugal à sa Sátira de felice e infelice vida43, dans le De amoris effigie de Pie II44 et dans la Repetición de Amores de Luis de Lucena45.
40L’auteur du Tratado... définit ensuite l’amour :
... se puede dezir que amor es un medio de passion agradable que pugna por fazer unas por concordia de dulçedumbre, las voluntades que son diversas por mengua de comunicaçión delectable.
41Puis il distingue trois formes d’amour, « amistad, dilectión, que es amorío, e amor de amistad que es la primera ». L’amour proprement dit se divise à son tour en « amor líçito e sano » (amour conjugal) et « amor no líçito e insano ». C’est de ce dernier que parlera l’auteur dans son traité, non sans avoir recommandé d’éloigner les jeunes filles et les vierges de Vesta pour qu’elles n’entendent pas ses paroles46.
42Le corps du traité se compose de deux parties. La première, où sont énoncées les onze causes de l’amour, peut être considérée comme un art d’aimer47. La seconde qui traite des remèdes à l’amour lui sert de contrepoison. L’auteur suit ainsi la démarche d’Ovide qui prétendait guérir par les Remedia amoris les blessures infligées par son Art d’aimer. Il rejoint là une tradition illustrée par André le Chapelain et Aeneas Sylvius Piccolomini48.
43Nous étudierons la deuxième partie de ce traité qui constitue la plus fidèle adaptation des Remedia amoris d’Ovide que nous connaissions de cette époque.
Les remèdes à l’amour dans le « Tratado de Amor »
44Le premier remède est l’absence, même si elle semble dure :
grande melezina para aborresçer es el absençia a un que luego se faze dura e muy amarga para los que aman e más seyendo doliente por sanar49 — ya beví yo julepes amargos, ya quise comer e me lo negaron —50. Quanto más grave fallare el amador de se absentar, tanto más aína se absente, ca en la pena que siente de se absentar va encubierta su salud51.
45Mais tous les malades ne peuvent être guéris avec le même remède, il est donc conseillé à ceux qui ne supporteraient pas l’absence, d’aimer en plusieurs lieux à la fois et même davantage si possible :
E porque todos los enfermos non pueden ser curados con un ungüento, ca a unos se faría más grave que a otros e unas llagas quieren ser curadas con fuego e otras con más amigables melezinas. Por ende alos que muy duro se fiziere el absençia catar se han por otra manera, fagan así aquellos que tienen amores crueles, amen en dos lugares, e si en más pudieren amar más segura cosa será. Ca el río, en quanto en más partes se reparte, tanto más flaco se faze, así en muchos lugares amando desaprenderás amor52.
46Le troisième remède est encore emprunté à Ovide et consiste à considérer les tourments que l’amie vous a fait endurer et à penser à ses défauts. Il sera bon de l’inciter à se montrer à son désavantage :
si la tu fortuna te troxiere a fabla con ella en fiesta alguna e otro público lugar, allí te trabaja porque cante si toviere mala boz, sácala a la dança si non sabe dançar, si fuere mal fablada trava con ella luenga razón, si pasea en mal son ordena como ande, si tiene malos dientes dile que ría, e si tiene malos ojos tristes fazle con qué llore53.
47Penser aux promesses qu’elle n’a pas tenues aidera aussi à vaincre l’amour et lorsqu’elle agira ainsi, feindre l’indifférence :
e tú non muestres por esta razón mucho sentimiento, antes aunque ardas e padezcas muestra cara serena e fíngete sano e alegre ; muchas vegadas me contesçió fingir que dormía, por querer ser visto dormir e acostado dormirme verdaderamente, así tanto puedes fingirte sano aunque padezcas que te falles sano. Como dize Ovidio en el De remedio amoris : « qui poterit sanum fingere sanus erit. » ; quiere dezir : todo aquel que podrá fingir de sano, sano será54.
48Si l’amoureux est sûr du rendez-vous, qu’il se fasse prier et ne montre pas sa joie55.
49L’auteur recommande aussi comme Ovide d’avoir des relations avec une autre femme avant d’aller retrouver son amie56, et de se guérir de l’amour par la satiété57. Il convient aussi de fuir les lieux de amours58, de ne pas relire les lettres59, de ne pas écouter les « neras », d’éviter les disputes qui entretiennent l’amour60, de bannir fêtes, les jeux, la musique :
ca commo dize Ovidio en el « de remedio amoris » : « eruant animos citare jotique lire » ; que quiere dezir : los juegos e los estrumentos, las fiestas e las çitaras, mucho enternesçen los coraçones de los amantes61.
50Penser à ses propres ennuis, aux inconvénients et aux dangers de cet amour aide également à oublier :
Vale para aborresçer e olvidar los amores pensar cada uno en los sus propios males ; e pensar en el padre bravo o en la madre çelosa, en el peligroso marido o en la neçessidad si la tiene, en los bienes que se pierden, o en muchas cosas otras que cada uno puede fallar para sí de daños. Commo dize Ovidio en libro de aquesto : « Et quid non cabsas mille doloris habet ? » ; quiere dezir : e quién es aquel que non tiene mill cabsas de dolor ?62.
51Après cet énoncé des « naturales cabsas para olvidar e aborresçer », l’auteur signale aussi l’existence de remèdes « que por artefiçio de mágicos obiectos se tientan fazer » et cite l’exemple d’un philtre d’amour. Puis il conclut son traité en s’adressant aux Grands et aux Princes pour les exhorter à fuir les mauvaises amours « que son engaño e estorvo del político bevir »63.
52Comme nous le voyons, ces remèdes à l’amour suivent de très près le texte d’Ovide. Certes, l’auteur n’a pas retenu certains remèdes, en particulier toutes les occupations recommandées par Ovide — chasse, pêche, agriculture, affaires — et les conseils concernant l’alimentation et la boisson. Il a parfois recours à l’abbreviatio ou modifie légèrement l’ordre de l’exposé. Le texte n’en demeure pas moins une fidèle adaptation des Remedia Amoris et c’est là un aspect de son intérêt mais ce n’est pas le seul. En effet, en s’adressant aux nobles et surtout aux Grands pour les mettre en garde contre le mauvais amour qui porte atteinte à leur honneur et les fait déchoir du rang qui leur est assigné dans la société, l’auteur se place dans une perspective politique et sociale. Le traité prend alors une dimension qui dépasse celle de simple adaptation des Remedia Amoris d’Ovide.
Les remèdes à l’amour dans le « Tractado de cómo al ome es nescesario amar » d’Alonso de Madrigal, El Tostado64
53Un autre traité du XVe siècle, celui d’Alonso de Madrigal, contient un bref exposé de remèdes tirés surtout d’Ovide, mais aussi de la Bible, de Sénèque et de Pétrarque. Ces remèdes sont les suivants : ne pas regarder les belles femmes (Salomon), aimer deux personnes ou plus à la fois, fuir l’oisiveté, les lieux où se trouve la femme aimée (Ovide) et tout ce qui la rappelle (Sénèque), rechercher la vie solitaire (Pétrarque).
54Malgré sa brièveté, cet exposé témoigne lui aussi de la popularité de l’œuvre d’Ovide tout en faisant appel à des sources plus diversifiées.
55Mais les remèdes, s’ils sont présents dans les traités, sont également intégrés à l’action d’un roman sentimental du XVe siècle et de plusieurs imitations de La Célestine. Dans le premier cas, c’est l’ami et confident du héros qui se charge de le prévenir contre les dangers de l’amour et de lui indiquer des moyens pour en guérir, dans le deuxième cas, le valet raisonneur ou l’ami du héros.
Les remèdes à l’amour dans la « Triste Deleytaçión »65
56Ce roman inédit du XVe siècle commence par le récit de la naissance de l’amour chez le héros, suivi d’une sorte de débat intérieur entre « Razón y Voluntat » où, malgré les arguments de Reprobado amoris présentés par Razón, c’est Voluntat qui l’emporte. L’amoureux fait alors porter une lettre à la dame par l’intermédiaire d’une jeune servante de celle-ci. La réponse courroucée de la dame ne se fait pas attendre. Juste après cette première étape du proceso de cartas a lieu un dialogue en vers entre l’amoureux et l’ami. Ce dernier, ayant réussi à faire avouer à l’amoureux la nature de son mal, le met en garde contre l’amour et lui indique une série de remèdes. L’amoureux doit fuir la présence de sa dame, en servir une autre, rechercher la compagnie d’hommes sages qui connaissent des remèdes à ce mal, fuir les messagers que la dame pourrait lui envoyer, éviter les vins et les sauces, fuir l’astrologie, s’occuper à la guerre et à la chasse, ne pas être esclave de la volonté de la dame mais lui manifester du dédain. L’un des passages les plus intéressants est un développement sur le thème des défauts de la femme aimée :
Dyspuesta al mal fazer,
de la bondat enemiga,
e de los vicios amiga,
en mentyr gran saber,
en casa muy desigual,
mal devota
en el tiemplo, aquí nota
en la cama liberall66.
57De même qu’Ovide conseillait à l’amant d’arriver à l’improviste au moment où la femme aimée s’oint le visage de mixtures répugnantes, l’ami fait de la femme à son réveil une caricature repoussante, dans la tradition misogyne :
En la manyana su jesto
muy diforme parecía
el aliento le edía...67.
58Il la décrit en train d’appliquer sur son visage d’infâmes préparations :
Como por fina mestura
con artificio vano
en el su jesto humano
causava nueva figura
con aguas, yerbas, rayzes
y metales,
con tútanos danimales
y azeite de lonbrizes68.
59Cet anti-portrait de la dame se prolonge par un retour à ses défauts et au préjudice qu’elle lui cause par son attitude :
No grata ni reverente
por los recebidos dones,
vos causava a montones
enemigos sin repiente,
sus sentidos indignados
y los oios
por causaros más enojos
en los stranyos fincados69.
60Ce petit exposé de remèdes à l’amour nous semble intéressant à plusieurs points de vue : par la fonction qu’il assume dans la structure romanesque et par la variation qu’il offre, sur le thème de l’anti-portrait suggéré par Ovide, en particulier dans le développement sur les fards féminins qui fait penser — toutes proportions gardées — au Diálogo... de Rodrigo Cota, à la Repetición de Amores de Luis de Lucena et à La Célestine. Alors que parmi les remèdes d’Ovide, la place accordée à l’anti-portrait féminin était relativement réduite, ici il occupe presque la moitié de l’exposé (quatre strophes sur neuf).
Remèdes à l’amour dans la Célestinesque
61Etant donné que l’art d’aimer et les remèdes à l’amour dans la Célestinesque ont été étudiés par Pierre Heugas, en particulier dans le chapitre XI de La Célestine et sa descendance directe70, nous n’en parlerons que très brièvement.
62De même que l’auteur de la Triste deleytaçión intégrait un exposé des remèdes à l’amour au dialogue entre l’amoureux et l’ami, Sancho de Muñón dans la Tragicomedia de Lisandro y Roselía71 et Alonso de Villegas Selvago dans la Selvagia72, confient respectivement au valet Eubulo et à l’ami Selvago, le soin de présenter une série de remèdes au fol amoureux.
63Parmi les dix remèdes cités par Eubulo, cinq sont empruntés aux Remedia d’Ovide et coïncident aussi pour la plupart avec ceux des médecins : changer de lieu (1er), fuir tout ce qui rappelle la beauté de la femme aimée (2e), penser que toutes les raisons qui incitent à l’aimer — richesses, lignage, jeunesse, beauté et fraîcheur — sont soumises à l’épreuve du temps et de la Fortune et peuvent se muer en leurs contraires (7e), rechercher la satiété (9e), changer d’amour (10e), bien que ce dernier soit dangereux. Quant au troisième remède qui consiste à trouver des occupations diverses, il rappelle Ovide, en particulier lorsqu’il est question de l’exercice des armes et de l’agriculture mais s’en éloigne lorsqu’il mentionne la musique : « toma la vihuela y tañe », condamnée par Ovide et au contraire vivement recommandée par les médecins.
64Enfin, plusieurs remèdes sont empruntés à la pensée chrétienne : méditer sur la gravité du péché et sur ses conséquences pour le salut (4e) et considérer la honte qu’il entraîne (5e), lire l’Ecriture et les livres de dévotion (6e), et exercer son libre-arbitre (8e). On reconnaît là le remède préconisé par Pétrarque :
Au lieu donc d’excuser ta maladie, accuse plutôt ta faiblesse. Persuade-toi que ce n’est ni la nature, ni le destin, ni les astres qui te portent à l’amour, mais seulement la légèreté de ton esprit et la liberté de tes désirs. Il ne tient qu’à toi de guérir, sitôt que tu cesseras de vouloir être malade73.
65De son côté, Selvago déclare que, pour guérir, tout amoureux doit fuir l’oisiveté, avoir de saines lectures, étudier, chasser « ya con canes ya con volatería » car la fatigue le plongera dans un sommeil profond qui engendrera l’oubli. Il devra éviter les nourritures trop riches et le vin qui incitent à la luxure. Il recherchera le commerce d’autres femmes sans pour autant tomber d’un péril dans un autre, il feindra la froideur, n’aimera pas trop longtemps la même personne, fuira la compagnie des femmes qui dansent ou font de la musique « porque entonces tienen la propiedad del basilisco », oubliera les plaisirs qu’il a eus avec la femme aimée.
66On voit que les remèdes proposés par Selvago suivent Ovide de plus près que ceux d’Eubulo. Selvago ajoute cependant deux remèdes tirés de la Silva de Pero Mexía : le remède qui guérit Faustine et enfin le mariage avec la femme aimée74.
Les remèdes à l’amour dans les poèmes allégoriques du « Cancionero »
67Nous pourrions également relier à la tradition des remèdes à l’amour, le Regimiento de Juan Alvarez Gato où le poète prescrit un traitement allégorique à son amie malade : « cuchar de mi passion », « almiva de compassion », « aguas de arrepentimiento/tibias en fuego de enmienda », « yerva de afición »75.
68Pierre Le Gentil signale que ce motif apparaît déjà dans le Mal d’Amor, nouvelle rimée provenço-catalane composée vers la fin du XIVe ou le début du XVe siècle par Pere March. Le poète catalan y envoie à une dame qui languit d’un mal inconnu, une « consultation médicale avec diagnostic, pronostic et ordonnance »76.
69Mais c’est dans El Hospital de Amores inspiré par l’Hospital d’Amours d’Achille Caulier77, que ce motif trouve son plus ample développement.
70Ce poème allégorique nous est parvenu dans trois versions du XVIe siècle. La première version datée que nous connaissions est probablement celle de l’édition d’Anvers 1557 du Cancionero General d’Hernando del Castillo, version anonyme puisque les initiales qui cachent peut-être un nom d’auteur n’ont pu être déchiffrées78. La deuxième version fait partie d’un recueil édité le 15 octobre de la même année par Luis Hurtado de Toledo79. Enfin, la troisième version se trouve dans un manuscrit XVIe siècle de la Bibliothèque Centrale de Barcelone et s’intitule : Obra llamada ospital de amor echa por Boscán80.
71Nous étudierons le poème à partir de l’édition de Luis Hurtado81.
72Dans le prologue, dont nous avons déjà cité un passage, Luis Hurtado, replaçant le poème parmi les grandes œuvres consacrées à l’amour, en fait l’éloge et présente l’argument et les personnages.
73Le poème se compose de 72 strophes de 10 octosyllabes de type ABABACDCDC, suivies d’une Canción de 31 vers. Comme l’Hospital d’Amours qui l’a inspiré, il s’agit d’un poème de type narratif. L’Auteur raconte qu’une nuit, veillant comme toujours « con ansia de amor rabiosa », il entend une voix fatidique et aperçoit Espérance vêtue de vert sombre82, qui l’enjoint vainement de renoncer à une entreprise amoureuse sans espoir. Après la disparition d’Espérance, l’Auteur est enlevé dans une nuée et se retrouve dans un désert, où l’ermite Cuydado l’accueille et le conduit à l’hôpital d’amour. Avant d’y être soigné, il visite l’hôpital en compagnie de Tiempo Anciano, médecin, apothicaire et chirurgien, qui prescrit des remèdes allégoriques à neuf malades d’amour : « enfermo de desseo, de menosprecio, de celos, de olvido, de poco merecimiento, de engaño, de mal de coraçón, de mal de presencia, de crueza obstinada ». Ces neuf consultations, qui n’apparaissent pas dans l’Hospital d’Amours d’Achille Caulier, constituent l’un des aspects originaux du poème espagnol83.
74Les remèdes prescrits par Tiempo sont palliatifs et non curatifs car le mal d’amour est incurable :
Porque a quien amor da pena
nunca sana en quanto viva84.
75Au premier malade (« enfermo de desseo »), le médecin prescrit de se distraire, de rechercher la compagnie :
Ten siempre con quien hablar
que el pasatiempo es buen medio
para hazer olvidar85
76et de prendre des tablettes de patience.
77Au deuxième (« enfermo de menosprecio »), Tiempo ordonne : « un ungüento (...) de claro conocimiento » qui lui permettra de voir les défauts de celle qu’il aime et une saignée « de la vena del querer »86.
78Le troisième, qui souffre de jalousie, prendra des « xaropes de paciencia y fortaleza », « y aguas de plazer » pour surmonter sa tristesse, et une purge d’une demi-once de raison pour calmer sa souffrance que le médecin lui conseille de dissimuler.
79Pour le « mal de olvido », il convient de fuir l’absence qui en est la cause.
80Au malade atteint du « mal de coraçón », le médecin administre un cordial « de perlas y oros de fe ».
81Il conseille de feindre d’avoir un nouvel amour au malade « de engaño ». Pour le « mal de presencia », il prescrit la « dieta de ver la que os da favor », et pour le « mal de crueza », ordonne au malade d’appliquer sur son front un emplâtre confectionné avec les mille exemples de ceux qui ont souffert de ce mal.
82Nous reconnaissons là une transposition allégorique de quelques-uns des remèdes d’Ovide : rechercher la compagnie et les distractions, considérer les défauts de son amie, dissimuler sa souffrance, s’éloigner de la femme aimée. Et ce n’est certainement pas sans un certain humour que l’auteur évoque l’arsenal d’exemples qui illustre inmanquablement la reprobado amoris.
83Après ces neuf consultations, le poète déclare au médecin que son mal est sans égal puisqu’il est atteint à lui seul de toutes ces maladies. Le médecin pronostique alors sa mort. Cependant, lors d’une deuxième visite, il lui propose un remède : il enverra l’aumônier Pensamiento auprès de sa dame, car elle seule peut le guérir. Pensamiento part donc, muni d’une « carta de creencia », et la Canción finale ouvre une perspective de guéri son87.
84Nous parlerons maintenant de remèdes à l’amour dans lesquels la reprobado, les arguments contre l’amour mondain, dominent.
Le « De amoris remedio » d’Aeneas Sylvius Piccolomini
85Ce petit traité, daté de Vienne 144688, connut une très large diffusion aux XVe et XVIe siècles, et fut traduit en castillan à la fin du XVe sous le titre de Remedios contra el amor deshonesto, et édité avec la Estoria muy verdadera de dos amantes..., un traité sur la vie de Piccolomini, et son petit recueil de proverbes. Fernando Colón en posséda un exemplaire, comme en témoigne le registre de sa bibliothèque89. Mais le seul exemplaire connu actuellement, qui se trouve à la Bibliothèque du Palacio Da Ajuda de Lisbonne, ne contient que la Estoria...90.
86Nous ne donnerons qu’une brève analyse de ce texte dont nous reproduisons la quasi-totalité dans l’appendice.
87Aeneas Sylvius commence son traité par une peinture de l’amour illicite dont il dénonce le caractère aliénant91, en invoquant l’autorité des auteurs de l’Antiquité. Puis il représente à Hippolyte les ravages qu’il a causés en lui. Il lui montre que l’amour fait de lui un idolâtre et le détourne de Dieu. La beauté qu’il poursuit n’est qu’éphémère et seule la chasteté est digne de louange chez une femme. De plus, il n’est pas le seul à être aimé par son amie et risque d’être évincé par un rival plus jeune. Puis Aeneas Sylvius se lance dans un long développement antiféministe qui commence par une invective contre les femmes où il les charge de tous les défauts et les accuse de tous les maux, dans un style qui rappelle la fameuse Altercatío prêtée au philosophe néopytagoricien Secundus92. Après avoir allégué les exemples de Salomon et de Samson, Aeneas Sylvius développe le thème de l’inconstance féminine et reprend à son compte la paraphrase du Pseudo-Aristote : « Mulier est animal imperfectus... »93. Il démontre la vanité du plaisir éprouvé et le péril auquel il expose le corps et l’âme et enjoint Hippolyte de n’attacher de prix qu’à la beauté éternelle, qui n’existe qu’au Ciel. Puis il évoque les ravages du temps sur la beauté de la femme aimée avant d’ironiser sur la futilité de sa conversation à laquelle on doit préférer celle des hommes lettrés. Au terme de cette argumentation qui, on le voit, est profondément misogyne, il condamne l’amour en reprenant l’image traditionnelle — peu de miel mêlé à beaucoup de fiel — et exhorte Hippolyte à le fuir avec des moyens qui rappellent ceux d’Ovide : éviter l’oisiveté, rechercher la compagnie des hommes de bien, fuir les plaisirs et les invitations, se défaire des souvenirs de la femme aimée. Les cogita qui ponctuent la fin du texte reprennent les principaux arguments développés avec un ton qui rappelle celui de la prédication.
88Nous voyons que bien que le traité se présente au début (du moins dans certaines éditions) comme l’antidote à l’art d’aimer « enclos » dans le De duobus amantibus..., il s’en éloigne par l’esprit malgré une brève référence, à la fin du texte, à quelques-uns des remèdes d’Ovide. Le traité, malgré son titre, est en réalité une sorte de Reprobado amoris inspirée par la philosophie chrétienne.
89Le De amoris remedio de Piccolomini fut certainement très connu en Espagne aux XVe et XVIe siècles. Le discours misogyne de Sempronio à l’acte I de La Célestine94, les malédictions de Pleberio contre l’amour mondain à la fin de l’œuvre, les développements que ses continuateurs consacrent à la Reprobado amoris, sont très proches de l’esprit de ce traité.
90Certaines œuvres lui font même de larges emprunts. Nous en citerons deux exemples : la Repetición de Amores de Luis de Lucena dont un long passage, que nous reproduisons dans l’appendice en regard du texte de Piccolomini, peut être considéré comme une traduction presque littérale de la quasi-totalité du traité, et le Diálogo del viejo y del mancebo.
La « Repetición de amores » de Luis de Lucena95
91La confrontation des textes (cf. Appendice) permettant de constater à quel point Lucena suit de près le De amoris remedio, nous nous limiterons à signaler quelques additions et suppressions particulièrement significatives.
92Les suppressions, qui interviennent chaque fois que Piccolomini s’adresse personnellement à Hippolyte, répondent à un souci d’adaptation de l’œuvre au propos de Lucena. L’auteur supprime en particulier l’allusion à la courtisane, ce qui renforce encore l’antiféminisme de la reprobatio96. Les additions, bien plus importantes, vont dans le même sens. Ainsi, Lucena introduit plusieurs poèmes dont l’un développe l’image traditionnelle de l’amour (miel mêlé à beaucoup de fiel), et les deux autres sont d’inspiration antiféministe (l’un faisant de la femme la perdition de l’homme, l’autre brodant sur le thème de l’inconstance)97. Lucena ajoute enfin un long développement antiféministe inspiré surtout par le Pseudo-Aristote, la 5e Satire de Juvenal, l’Altercatio et Boccace. Il se sert d’abord de tout un arsenal d’exemples tirés de l’histoire et de la mythologie antiques et de l’Histoire Sainte, pour démontrer que la femme a souvent causé la perdition de l’homme et pour l’accabler de tous les vices. Autour du thème des tromperies féminines, Lucena se lance ensuite dans un long exposé sur les fards et les artifices féminins98. Puis il développe le thème du Memento Mori99. Le ton du passage est beaucoup plus dur et grinçant que dans le traité de Piccolomini. Enfin, Lucena se lance dans une paraphrase du Pseudo-Aristote100 et introduit une troisième tirade très longue, le style de l’Altercatio101, avant de reprendre la conclusion de Piccolomini.
93Nous voyons ainsi que Lucena, par les additions qu’il fait au texte du traité en renforce encore le caractère misogyne.
Le « Diálogo del viejo y del mancebo »102
94Le Diálogo del viejo y del mancebo, en el qual disputan y contienden del amor, est un dialogue sur l’amour en pro et contra où Florencio, jeune homme âgé de 23 ans au plus, prend la défense de l’amour et Olympio, âgé de 60 ans ou plus, le condamne. Cette œuvre rappelle bien sûr l’esprit du Diálogo entre el Amor y un Viejo de Rodrigo Cota mais se rattache également à la tradition de la « question d’amour » dans la manière de Boccace puisque ce sont les convives présents qui sont invités à trancher le débat. Le « vitupère » que le vieillard fait de l’amour rappelle souvent de très près le De amoris remedio103 et reprend les arguments traditionnels de la reprobatio.
Les « Remedios de Amores » du « Cancionero » de Hernando del Castillo
95Dans le Cancionero General de Hernando del Castillo se trouvent les Coplas de un gentilhombre, las quales se intitulan Remedios de amores, porque en ellas esfuerça a los ombres que huyan desta passion.
96Malgré le titre, il ne s’agit pas de remèdes à l’amour mais d’une reprobatio Amoris d’inspiration chrétienne. Le poète y représente au lecteur et surtout à la « sobervia juventud », les peines éternelles auxquelles il s’expose s’il s’obstine dans le péché et la gloire qui l’attend s’il le fuit. Il l’exhorte à renoncer à l’amour mondain et à mener une vie de dévotion.
97L’esprit et le ton de ce poème rappellent ceux du traité de Piccolomini104. Les impératifs qui ponctuent le texte : « busquemos », « sad », « corramos », « fuyamos », rappellent les Cogita du traité de Piccolomini et adoptent le ton de la prédication.
98Les Remedia d’Ovide n’en sont pas absents non plus, mais y apparaissent très discrètement : « Fuyamos de la presencia (...)/interpongamos aussencia/entre nos y nuestra dama », « Fuyamos tinta y papel » et, dans le Cabo : « Pensemos consejo Bivo/Bien amar en otras partes... ». Enfin le poète transpose le remède qui consiste à éviter les fêtes qui entretiennent l’amour, pour l’adapter à la réalité du temps :
Quebremos aquel venablo
cruel amargo retablo
dempresas y de sortijas
que son las firmes clavijas
con que nos ata el diablo.
***
99L’amour, considéré comme une maladie, a suscité bien des « remèdes » dans les manuels médicaux comme dans la littérature. Les remèdes des médecins et ceux des poètes se ressemblent d’ailleurs étrangement. Nous y retrouvons l’influence d’Ovide et celle des théories médicales de l’Antiquité, recueillies et développées par les médecins arabes du Moyen Age.
100Etant donnée la popularité du poète latin et la place de son œuvre dans les programmes scolaires105, l’influence des Remedia amoris ne peut nous étonner. Presque toutes les œuvres commentées, y compris celles de certains médecins, s’y réfèrent, explicitement ou non.
101Mais la façon dont s’articulent, dans les œuvres littéraires, remèdes ovidiens et condamnation de l’amour mondain, la fonction remplie par ces « remèdes » dans la structure et la signification de chacune des œuvres, les choix et les dominantes qui s’y font jour, sont révélateurs du propos des différents auteurs. L’accent est mis tantôt sur des motivations politiques et sociales, comme dans le cas du traité attribué à Mena, tantôt sur une reprobado amoris d’inspiration chrétienne (Célestinesque, traité de Piccolomini, Remedios du Cancionero). Certains exposés accordent une plus grande place aux arguments misogynes : Triste deleytaçión, traité de Piccolomini, et surtout Repetición de Amores. Tandis que l’Hospital de galanes... nous offre une variation sur le mode allégorique où s’unissent l’inspiration ovidienne et la tradition de la poésie lyrique.
Annexe
APPENDICE
Aeneas Sylvius Piccolomini, de amoris remedio, op. cit. | Luis de Lucena, Repetición de Amores, op. cit., p. 72 |
(Discite sanari...) ostenderemque tibi quo posses ardentes amoris flammas effugere (Parebo desiderio tuo... visum est). At febricitans quoque invitus audit frígida pocula sibi denegari si tamen sanari vult, quod medicus mandat diligenter observat. (Tu ergo, mi Ypolite... subeunda) | Huyamos luego las Llamas de semejante amor, (por cuyo humo... aquí entiendo escrevir) como a los que tienen calentura que no queríen huyr, les fuese denegado el uso de cosas frías los quales, si quieren sanar conviene que con diligencia agan lo que el médico los manda. (Pues ¿ quién mayor médico... muer to ?)
|
Nempe egrotus est omnis qui amat ac nedum egrotus sed mente etiam captus atque insanus et amens. De amore inquam illicito. Nam Deum colere et amare parentes uxorem et liberas virtutis est non vitii, sanitatis non egritudinis. | Por cierto, toda persona que es enamorada de amor illicito, no solamente es enferma, mas aun agena de seso, loca y desvariada. Que amar a Dios, a su padre y madre, muger y hijos, virtud es y no vicio ; salud es, y no enfermedad.
|
(At tu amorem illicitum sequeris). Veteres putaverunt ilium ex (Apud Virgilium... non potuit) Amor, ut in tragediis inquit Seneca nihil aliud est nisi vis quedam magna mentis blandusque animi calor qui juventa gignitur luxu, ocio et inter leta fortune bona nutritur. | ¿ Qué piensas que es el amor de que hablamos ? Los antiguos dixeron ser aquél un niño de Vulcano y Venus nascido ciego, y con alas, y con saetas en las manos, con las quales a los hombres y mugeres heriendo, les infundíe de tal amor un ardor. Amor, como dize Séneca en sus tragedias, no es otra cosa sino una gran fuerza del pensamiento y un blando calor del ánimo que se cría en los mozos por luxuria y occio, y grande habundancia de bienes. (Por donde parece (73)... causa dél.)
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Hic mentem hominis eripit, iudicium omne pervertit, sensum ebetat, animum extinguit.
| Aquéste el entendimiento del hombre arrebata y destruye todo juizio, embota el seso, amata el ánimo, (Quita la fuerza y abrevia la vida). |
Namque cum mulierem diligis non in te, sed in illa vivis. Quid igitur peius est quam viventem non vivere, sensum habentem non sentire, (quam oculis preditum non videre) ? | Por cierto, quando a la muger amas no en tí, quanto en ella vives. ¿ Qué cosa es peor que, viviendo, no bivir, y, teniendo sentimiento, no sentir ?
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Equidem qui amat in alium mutatur virum nec loquitur, nec facit que ante solebat. Huic Parmeno apud Terencium « Dii boni quod hoc morbi est adeo homines immutari ex amore ut non cognoscas eumdem esse. » | Sin dubda, el que ama en otro hombre se muda, que ni habla, ni haze aquello que antes solía. Donde Pármeno en el Terencio dezia « ¡ O Dios, y qué enfermedad es aquésta, que así los hombres por amores se muden que ninguno conosce ser aquellos que antes quienquiera conoscía ! » |
Putat comicus morbum esse amorem (nec male putat). Nam apud Macrobium luxuriam que vel mater amoris, vel filia teterrimi morbi partem. Ypocras dixit hic morbus plerumque iuvenes aggreditur, sed viros quoque senes vexat ; tantoque periculosior et risu dignior est quanto persona que capta est etate aut scientia censetur prestantior. (Cum ergo, Ypolite... velit). | De guisa que llamó al amor enferme dad. Macrobio dezía que la luxuria era madre del amor o hija de alguna espantable enfermedad. Ypocrás dize aquesta enfermedad por la mayor parte reyna en los mozos, pero así a ellos como a los viejos fatiga ; y tanto es más peligroso y aun digno de escarnio quanto la persona enamorada es en edad o en sciencia más noble. (Assí que... no quiera ?)
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Sane, ut morbus gravior est, acerbior, periculosior eo morbo, si maior sit de sanitate cura. Si tua infirmitas magna est, sit et cura et diligentia magna. (Cogita mi Ypolite in quo statu es... leve est). (Solum super amicam... magnifacis). | Por cierto, quanto la dolencia es más grave, más fuerte y peligrosa tanto mayor ha de ser la diligencia y cuydado de sanar de ella.
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Solus tuus animus in arnica est, illam amas, (illam promoves), illam somnias. De illa cogitas, de illa suspiras, de illa loqueris, nihil agis quin de illa in memoriam habeas. An stultitiam, amentiam, morbumque teterrimum. An non est petenda cura. (Quis non sanari... poterit). Cogita primum remote a preceptis Dei recessisti qui cum deberes Deum ex toto corde diligere, creaturam amasti et in ea omnem tuam dilectionem et oblectationem posuisti. | Luego, quien tiene puesto el ánimo totalmente en su amiga, no amando otra cosa, ni soñando, ni pensando ni hablando sino della, con dos mil sospiros, ni poder hazer cosa que luego allí no se te venga a la memoria ; paréscete que éste tal tiene enfermedad y locura que deva querer sanar. Piensa, pues, quánto estás apartado de los mandamientos (74) de Dios que, como devas a Dios de todo tu corazón amar, amas la criatura y en aquélla pones todo tu amor y delectación, haziéndote ydólatra.
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Sic enim factus es ydolorum cultor nam qui creaturam Deo preponit ydolatra est, negabis te ydolatram esse cum non proponis creatori creaturam. At si verum fateri vis plus tuam amicam diligis quam Deum. Nam que Deus mandat negligis, postergas, contemnis, que vult arnica summa cum diligentia curas adimplere (Et hoc nempre est preferre mulierem Deo). | Que si quieres dezir la verdad, amas más a tu amiga que a Dios ; por donde no puedes negar ser ydólatra preferiendo así tu amiga a Él, lo qual se conosce quandó menosprecias lo que Dios manda, y estudias complir lo que quiere tu amiga.
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Heu quam magnum est malum, quam periculosum, quam detestabile creaturam sic amare ut Deum parvi facias. Deus cum esses nihil te aliqúid esse fecit, nec te lapidem (nec gentilem nec te iudeum) sed hominem christianum fecit ut posses scire divina sacramenta et viam qua itur in celum. | ¡ Ay quán gran mal, y quán perigroso y abhominable es amar de tal suerte la criatura, y que no obedescamos el Criador, el qual no quiso criarnos piedra (o hierro) ni de otra nasción que hombres cristianos hazernos y que podiéssemos saber los divinos sacramentos y el camino para yr al cie lo !
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Ipse quoque Deus, ob culpam primi parentis tu et ceteri homines paradisum amisissetis, nasci pro te, voluit fieri hominem, capí, cedi, vituperari, crucifigi, mori ac suo precioso redimere sanguine. Heu quam magnam ingratitudo est, iniquitas, inhumanitas, feritas, hunc qui tanta pro te fecerit propter vilem relinquere mulierculam. | El qual, asimesmo como por la culpa del primer hombre perdiéssemos el parayso, quiso nascer por nosotros, y hazerse hombre, y ser preso y azotado, vituperado, crucifigado, muerto y por la su preciosa sangre redimirnos ; y que con tanta ingratitud, iniquidad, inhumanidad, y crueldad, a quien tantas cosas por nosotros hizo, por una muger averio assí de desconocer. Y a las vezes será la muger tan desonesta y tan fea que sea pena de verla. |
Hoc satis te ceterosque christianos movere deberet ut omissis amoribus il licitis Deo soli servirent. (Sed cogita ulterius quid agas, Ypolite). Pulchra tibí videtur arnica tua, credis ne sic semper pulchra erit ? Res est forma fugax (ut inquit tragedius), mulier que hodie formosa est cras difformis erit (quid tua bona... bonum est.). Nihil enim forma mulieris est nisi moribus sit adiuta. Castitas est que feminam laudat, non forma. | Aquesto cierto devríe a todos los cristianos hazer se dexasen de tan ilícitos amores y darse a servir solamente a Dios. Allende desto, muy hermosa y graciosa te paresce tu amiga (más... mundo) ¿ Y tú crees que siempre ha de estar así hermosa ? No sabes que la muger que oy es hermosa, mañana será fea y de aquella hermosura no es de algún valor, si no se ayuda con buenas costumbres ? La castedad es, (como dizen los poetas y aun la Sagrada Scriptura), la que haze hermosa a la muger, y no su figura.
|
Tu non castitatem sequeris sed formant solum amas. Forma hec uti flos agri decidit ; rosa mane rubea, sero languescit. Nihil formosius est virtute atque ho nestitate. | Tú no la castidad sino solamente la lindeza es la que amas, la qual es como una flor del campo, que a la mañana está en su perfecto color y a la tarde, o se seca, o lo pierde.
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Si hanc intueris multo tibi formosior videretur quam tua arnica. Etenim nec Lucifer (nec hesperus tam decorus est quam ipsa facies honestatis) quam qui relinquit propter mulierem, existima, oro, quam sit delirus et amens. | Cata que no ay cosa más hermosa que la virtud y la honestidad, la qual, si mirar pudiesses, te paresceríe más hermosa que tu amiga y aun que la estrella del día ; la qual, quien dexa por su amiga, piensa quánto es loco y digno de escarnio.
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Ceterum (Ypolite... utar) ; quam amas mulier non tua sola est, sed complures earn habent, ipsa te non solum habet sed alios quoque amat. (Quid tu... fa cere). | Allende desto, no eres tú solo en amar aquella muger, ni ella tal que no quiera a otros sin tí.
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Cogita te esse (iam in vespero), iam senem, iam morti proximum. Vis ne cum iuvenibus contendere ? Vis cum robustis pugnare ? Quid tibi in illo prelio queris in quo victor succumbis magna res ? (Virum... succumbat). | Piensa que eres ya viejo y muy propinquo a la muerte, y no quieras contender donde, aunque seas vencedor, quedes vencido.
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Quid est, oro, mulier nisi iuventutis expilatrix, (virorum rapina), senum mors, patrimonii devoratrix, honorum pernicies, pabulum dyaboli, ianua mortis, inferni supplementum.
| ¿ Qué cosa es, yo te ruego, la muger, sino una despojadora de la juventud, muerte de los viejos, consumadora del patrimonio (75), y bienes, destruction de la honrra, vianda del diablo, puerta de la muerte hinchimiento del infier no ? (« Son aquéstas el mochuelo... escota bien el yantar »). |
Cogita, quot mala per mulierem obvenerunt, cum Salomon, cum Holofernes, cum Samson per mulieres decepti fuerunt. Non te credis sic fortem esse ut non illudaris. (Sed quanto... peccato est). Non est in muliere stabilitas ; que nunc te amat cras alium amabit et una tecum amabit alios. | Piensa, asimesmo, quántos males por las mugeres han venido : cómo Salomón, Holofernes, y Samsón fueron por ellas engañados. No creas ser tan fuerte que dellas no pienses ser burlado ; pues es verdad que ay en la muger alguna firmeza, sino que agora te ama y mañana te deja, allegándose a otro, o junctamente contigo, querrá bien a otros.
|
Quid tu hunc amorem existimas qui in plures divisus est ?
| ¿ Qué piensas que es tal amor así repartido por muchos ? (Una hambre... los dedos). |
Nulla mulier tarn fixe aliquem amavit quam, veniente novo, nevisque vel precibus vel muneribus, non mutavit amorem. | Ninguna muger pudo así amar a alguno que, veniendo otro de nuevo con nuevas lisonjas y dádivas, no mudasse el amor. (Bien dixo... la promessa) (76). |
Mulier est animal imperfectum varium, fallax, multis moribus passionibus subjectum, sine fide, sine timore, sine constantia, sine pietate. (De his loquor... stabiles sunt) namque ut semel a recto tramite recesserunt, iam se liberas arbitrantur, ut quocunque velint vagentur nec amplius vel mariti vel amici timorem habent. | La muger es animal imperfecto variable, engañoso, y a mil passiones subjecto, sin fee, sin temor, sin constancia, sin piedad, las quales, si una vegada se desvían del camino, piensan que son libres para discurrir por donde bien les viene ; que de alí adelante ni temen amigo ni a marido.
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Credo equidem illam coeundi fetidam voluptatem (tibi... voluptas conferre potest quam) mox penitudo consequitur. An non magna res est ammonitio illa et citatio sive comminatio quedam que post peccatum evestigio mentem hominis cruciat. | Y después desto, ¿ Qué es el plazer que con ellas se rescibe ? Quando luego ombre se arrepiente, gran admonición es aquélla ; que después del pecado atormenta luego el ánima un estímulo de conoscimiento de lo que ha perpetrado.
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Quam impius est homo qui totiens ammonitus non quiescit, qui punitus non emendatur, qui correctus non efficitur melior. Quid ille actus carnalis operatur nisi carnem interitum. Utinam solam carnem interimeret non occideret animam. At duo cum invicem coeunt vir atque femina quasi duo vasa testea mihi videntur quae inter se confricentur donec rumpantur (et ad nihilum redigan tur.) | Harto es luego péssimo el hombre que tantas vezes amonestado no cessa, y punido no se emienda, y corregido no es mejor. ¿ Qué es lo que obra aquel acto carnal, sino destruction dela carne ? ¡ Pluguiesse a Dios que sola la carne destruiesse y no matasse al ánima ! ¿ Y qué es otra cosa estar yuntos el hombre y la muger que bruñir un vaso de vidrio con otro hasta que se quiebren entrambos ?
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Tu tamen non in coitu sed in visu sermonemque forsitan oblectaris. Quid, obsecro, in visu est tam pulchri ut non invenías aliquid pulchri us ? Pulchritudo quam debemus querere in celo est cui nulla potest res mundana comparari. In illa omnis perfectio est. | Hay algunos que, aunque no sea por la tal operación, dizen que no estaríen sin gozar de verlas y hablarlas. ¿ Quál es tan hermosa que no se halle otra más ? La hermosura que havemos de buscar en el cielo está, a la qual ninguna se puede comparar, porque aquélla es perfecta.
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Mundana semper diminuta sunt, illa perpetua, hec caduca, illa fixa, hec flu xa. Hanc quam tu miraris formam paululum post febris eripiet. Aut si morbus abfuerit, senectus non deerit que illam teretem succi plenamque faciem rugosam crispamque red dat. | Ésta se disminuye y caduca ; aquélla firme, esta otra, mudable ; o por una calentura que te lleve desta vida ; y quando no hay, queda la vejez. Que aquella tierna cara delicada y linda tornará rugosa.
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Fient illa que nunc miraris membra de cursu temporis arida, nigra, squalida fetore ac spurcitie plena. | Y aquellas partes de su cuerpo que así lohas, por curso de tiempo se tornarán secas, negras, y hediondas y gargagien tas. |
Non oculi splendorem servabunt ; (fetebit os), collum incurvabitur, corpus undique sicco et arido trunco fiet si mile. (Cogita hec... priveris). | Y los ojos no darán aquell resplendor : El cuello se curvará y el cuerpo todo se tornará tan seco que paresca un tronco.
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Multo enim melius est rem contemnere quam perdere. Iam vero de sermone suavi, dulci, placido et mellifluo quo te dicis oblectari admodum miror. Quid enim sermo mulieris in se dulce habet ? Quid dicit tibí arnica nempe aut queritur, aut plorat, aut minatur, aut tibi inanes fabulas refert. Dicit quid vicina fecerit, quid somniaverit (quot ovaserta componantur). Omnis sermo mulieris de re vana levique est in quo qui oblectatur et ipsum levem esse oportet. | Piensa, pues, que es mejor menospreciar esto que perderlo y en lo que dizes que te adeleytas en huyr tan suave y tan dulcemente hablar a tu amiga. Mucho me maravillo que en lo que la muger habla aya dulçor — ¿ Qué te puede dezir tu amiga sino quexarse, como no le das quanto tienes, o llorar por que no dubdes en ello, o amenazar alguna su vecina o lo que soñó, o semejantes otras liviandades en lo qual quien se adeleyta puede ser sino vano ?
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Narrat tibi nam que se cum alio amatare et quo pacto iacuerit, quid domi receperit) quam cenam habuerit quibus voluptatibus fuerit usa que res non gaudium sed cruciatum afferunt (Sed accipe... inops) ut non magis in alicuius docti viri verbis sermonibusque leteris ? (Resume... illa) parum mellis in multo felle mersum inquit amorem esse. | Diráte después lo que ha passado con algún otro su enamorado, qué servicios le hizo, qué cena le dió, qué plazeres passaron y qué hablaron, lo qual te es a tí a par de muerte. ¿ No es mejor quando te quisieres adédeytar en hablar, communicar (77) con ombres doctos y de buena vida ? Que el amor dellas no es sino un bocado de yel dorado con una poca de miel. (La muger es así mesmo - p. 77 -... enagenados.) p. 86 |
Cum ergo (mi Ypolite) totus amor de quo loquimur vanus, asper, amarus, damnosus sit et hominem morbo gravissimo teneat, curandum est ut ab eo libereris. Cura autem ea est ut menti tue persuadeas malum esse amorem. Post hec declines amice sermonem, ocium fugias, (in negocium semper sis), viros bonos qui te instruant sequaris, nulli ludo, nulli convivio inter sis. Si quid largita est tibi arnica abs te abiicias, (nihil penes te sit quod illius est). Puta illam esse nuncium diaboli qui te perdere velit ac fallere. | Assí que, como el amor de que hablamos sea vano, áspero y amargo, y haga estar al hombre siempre enfermo, trabaja en te apartar dél, pensando siempre en el defecto de semejantes mugeres, huyendo de razonar con muger y de estar ocioso, allegándote a personas cuya vida aga mejor la tuya. Huye assí mesmo todo plazer y convites ; y si alguna cosa te ha dado tu amiga, que tarde contesce, todo lo desecha de tí ; y piensa que es alguna espía del diablo que anda por te hechar a perder.
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Sint in memoria tua Christi beneficia que tibi impendit. | Recuérdate siempre de los beneficios que Christo, nuestro Redemptor, te hizo. |
Cogita quot benefacienti premia in celestibus sedibus et quot malefacienti supplicia apud infernos preparata sunt. Cogita dies tuos assidue fieri breviores instareque semper ultimum. | Piensa que para los que bien hizieren en esta vida están aparejadas las sillas de la gloria, para los que mal hizieron las penas sin fin.
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Cogita quam irrisus est qui amat et presertim in evo maturas.
| Mira que de cada día se abrevia tu vida y cómo, sabiéndolo, todos se burlan de tí, mayormente si eres viejo. |
Cogita instabilem mulieris animum. Cogita perditionem temporis quo nihil est preciosius. Cogita dissipationem bonorum. | Contempla la poca firmeza dellas y verás la perdición del tiempo, que no hay cosa tan preciosa, y cómo destruyes y gastas lo tuyo.
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Cogita vitam quam vivimus brevissimam in hoc seculo, quamvis voluptatibus sit dedita et in alio mundo quem inquirimus nullum esse vite finem. | Para mientes quán brevíssima es la vida que bivimos, aunque el tiempo gastemos en muchos plazeres, y cómo en el otro mundo que buscamos no se halla jamás fin.
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Hec si tecum sedulo cogitaveris preceptaque ista tenueris amorem quo cruciaris a te brevi tempore relegabis (virumque... studio). | Assí que, si aquestas cosas con diligencia pensares y estos preceptos no olvidares, apartarás muy fácilmente de tí el amor, si alguno te pena ; |
Le texte du traité se poursuit encore quelques lignes pour le « Vale » tandis que Luis de Lucena se lance dans la « conclusion del texto » de la p. 86 à 93.
Notes de bas de page
1 Cf. Luis Hurtado de Toledo, Corles de Casto Amor (Toledo, Juan de 15 oct. 1557), introd. et reprod. en fac-similé par A. Rodríguez Moñino (Valencia, Vives Mora, 1969), fol. XXV r°.
2 Cf. Pierre Heugas, « La Célestine » et sa descendance directe (Bordeaux, Biscaye, 1973).
3 En ce qui concerne le terme « hereos », voir les explications données par John Livingston Lowes, « The Loveres maladye of Hereos », in Modem Philology, avril 1914, pp. 1-56 et par Bruno Nardi, « L’amore e i medici medievali », in Studi in onore di Angelo Monteverdi (Módena, 1959), pp. 3-28 (517-542).
4 Cf. Avicenne, Liber Canonis, cité par J. Livingston Lowes, op. cit., p. 23.
5 Cf. Bernardo Gordonio, Litio de medicina, Libro II, cap. XX, fol. LXII v (1500).
6 Cf. J. Livingston Lowes, op. cit., p. 6.
7 Cité par le même auteur p. 23.
8 Cf. Valesco de Taranta, Philonium (Lyon, S. de Galiano, 1535), Livre I, chap. 11, fol. XXIII v° : « Causa hereos est corruptio virtutis imaginativae falsa representantis virtud rationabili et opinativae... ». Cf. aussi F. López de Villalobos, Sumario de Medicina, introd. ed. y notas de María Teresa Herrera (Salamanca, ed. del Instituto de Historia de la medicina española, 1973), p. 38, str. 38 : « corrupta imaginación por quien/algún hombre se aquexa de amores ».
9 Les symptômes décrits par Hallyabas dans sa Theorica et par Avicenne dans le Canon sont cités par B. Nardi, op. cit., pp. 14-15.
Bernard de Gordon, op. cit., donne les symptômes suivants : « Son que pierden el sueño y el comer y el bever y se enmagrescen todo su cuerpo salvo los ojos y tienen pensamientos escondidos y fondos con sospiros llorosos. Ε si oyen cantares de apartamiento de amores luego comiençan a llorar y se entristescer y si oyen de ayuntamiento de amores luego comiençan a reyr y a cantar y el pulso dellos es diverso y no ordenado pero es veloz y frequentido y alto si la muger que ama viniere a él o la nombraren o pasare delante dél. Ε por aquesta manera conosció Galiano la passión de un mancebo doliente que estava echado en una cama muy triste y enmagrecido, y el pulso era escondido y no ordenado y no lo quería dezir a Galiano.
Voir aussi Valesco de Taranta, op. cit., fol. XXIII V° et F. López de Villalobos, op. cit., p. 40, str. 41.
10 Cf. Bernardo Gordonio, op. cit.
11 Cf. Arnaldo DE Villanova, De amore heroico in Opera (Bâle, 1585), col. 1529. Il s’agit d’un traité consacré au mal dit « Hereos ».
12 Cité par J. Livingston Lowes, op. cit., p. 13.
13 Cf. la définition de Bernard DE Gordon, supra, p. 2. Voir aussi Valesco de Taranta, op. cit., fol. XXIII v° et F. López de Villalobos, op. cit., p. 38, str. 38.
14 Cf. Bernardo Gordonio, op. cit.
15 Cf. Diego de San Pedro, Cárcel de Amor (in Obras completas, 2 t., éd. Keith Whinnom, Clásicos Castalia, n° 39, Madrid, Castalia, 1971) ; II ; p. 173 : « bienaventurados los baxos de condición y rudos de ingenio, que no pueden sentir las cosas sino en el grado que las entienden ; y malaventurados los que con sotil juizio las trascenden, los cuales con el entendimiento agudo tienen el sentimiento delgado ».
16 Cf. Halyabbas, Practica, cité par B. Nardi, op. cit., p. 14 : « Amorem patiens regimine disponandus est humectanti, ut balneo suavis aque, equitatione, temperato exercitio, violacei illinitione olei, vini potu, hortorum speculatione et satorum pratorum florum que ».
Cf. aussi Avicenne, Liber Canonis, Livre III, Fen 1, tract. 5, cap. 24, p. 494. (Venise, industria et sumptibus Juntarum, 1608) : « Deinde administra eis somnum, et humectationem, et nutrimentum ipsorum cum laudabilibus, et fac ipsos balneari secundum conditionem humectationis notam ».
Voir aussi Bernardo Gordonio, op. cit. : « devedes de mirar que en esta cura conviene baño por quanto humedece si el cuerpo estuviere limpio ». Cf. Arnaldo de Villanova, op. cit., col. 1530.
17 Ce passage est tiré de Jean de Tournemire, Clarificatorium super nonosoris cum textu ipsius Rasis. Le passage consacré à Amor hereos se trouve à la fin des gloses sur le 13e chapitre, « de melancolía » de Rhazès. Cf. J. Livingston Lowes, op. cit., p. 15. Pour les mêmes raisons, Ovide recommandait soit de ne pas boire de vin, soit d’en boire beaucoup.
18 Cf. Valesco de Taranta, op. cit., fol. XXIII v°.
19 Cf. F. López de Villalobos, op. cit., p. 41, str. 44.
20 Cf. B. Gordonio, op. cit.
21 Cf. Avicenne, op. cit., p. 494.
Jean de Gaddesden (cité par J. Livingston Lowes, op. cit., p. 13), insiste aussi sur l’importance de l’évacuation de ces humeurs : « Tamen oportet frequenter humores adustos evacuare ».
22 Cf. Β. Gordonio, op. cit. : « Provechosa cosa es mudar el regimiento y entre amigos y conoscidos, y llévenlo por lugares de fuentes, y de montes de buenos olores, y de fermosos acatamientos, y de fermosos tañeres de aves y de instrumentos de música como dize Avicena que algunos se mueven al amor por algunos instrumentos ».
Voir aussi Arnaldo de Villanova, op. cit., col. 1530 c : « et magis delectationi congruis, exerceatur, incessus iterum per viridaria, seu prata virentia ; florum varietate distincta mutiplici, necnon et Musicalium cantus seu instrumentorum suavitas, profundus somnus distrahit a praedicto ».
On retrouvera encore les mêmes remèdes chez F. López de Villalobos et au siècle d’or dans l’Opusculum de melancolía (in Opuscula medica et philosophica) de Ponce de Santa Cruz : « quotidie amicis et familiaribus, pluribus ludorum generibus, musica, cantu, et variis historiis et confabulationibus aegrum eiusque imaginationem vanam divertentibus, restitutus fuit » (Madrid, 1622).
23 Cf. Valesco de Taranta, op. cit., fol. XXIII V° : les remèdes 1 et 2.
Voir aussi F. López de Villalobos, op. cit., p. 41, str. 42 :
« primero mandando que vaya a caçar
segundo que presque do ay muchos pescados ».
24 De même qu’Arnaldo de Villanova, Valesco de Taranta propose des jeux divers : « Tertio omnis ludus, et est ludus vibrature et hasti ludii, et ludus alearum et scacorum, cartularum, et cetere species ludi » (op. cit., fol. XXIII v°).
25 Cf. Hallyabas, cité par B. Nardi, op. cit., p. 15 : « Oportet autem pariter im autpediri illos negotiis actionibusque aliquibus nec (sic 1. ne) omnino vacui sint cessent, quoniam negotia eorum, qui hec patiuntur, amovent cogitationes ab amatis ».
Voir aussi Avicenne, cité par B. Nardi, op. cit., p. 16. Bernard de Gordon et F. López de Villalobos reprennent la même idée.
26 Cf. B. Gordonio, op. cit. : « y después llévenlo a luengas regiones porque vea cosas varias y diversas como dize Ovidio. Ve por lugares fermosos resplandescientes y fallarás mill colores de las cosas ».
Voir aussi Arnaldo de Villanova, op. cit., col. 1530 : « De summe vero iuvantibus, et distrahentibus, est in partes remotas et peregrinas recedere ».
Valesco de Taranta, op. cit., fol. XXIIII r° donne des détails intéressants à ce sujet.
27 Cf. B. Gordonio, op. cit. : « Ε después fazle que ame a muchas mugeres olvide el amor de la una como dize Ovidio. Fermosa cosa es tener dos amigas mas suerte es si pudiere tener muchas ».
L’idée est reprise par Valesco de Taranta, op. cit., fol. XXIIII r°, et par Villalobos qui recommande aussi le mariage (10E remède de Valesco) : cf. F. López de Villalobos, op. cit., p. 41, str. 44 :
« Noveno alcahuetes le hagan querer
a otras señoras por más distraello.
dezeno le hagan casar con muger ».
28 Cf. Hallyabas, cité par B. Nardi, op. cit., p. 15 : « Coitus quoque cum ea non amatur cogitationem flectit ab amata et extenuat ac amata (m) removet ».
Voir aussi Arnaldo de Villanova, op. cit., col. 1530.
29 Cf. B. Gordonio, op. cit. : « devedes de entender que el coytu demasiado y el tal no conviene a los hereos o enamorados, ni a los tristes, ni a los malencónicos ».
30 Ibid. Cf. aussi Avicenne, op. cit., p. 494 : « ... et etiam vetulae ad eum incitentur, ut vituperent illud, quod diligunt ipsi, et rememorentur eius dispositiones, et narrent ei res aliquas de ipso, ex quibus horrorem incurrat, et narrent ei de ipso vituperationes multas ».
Et F. López de Villalobos, op. cit., p. 41, str. 44 :
« después vejezuelas le deven traer
a que le desliguen que bien saben dello ».
31 Cf. B. Gordonio, op. cit. : « O este enfermo está obediente a razón o no. Ε si es obediente quítenlo de aquella falsa opinión o ymaginación algún varón sabio de quien tema y de quien aya vergüença con palabras y amonestaciones, mostrándole los peligros del mundo y del día del juyzio y los gozos del paraýso ».
Voir aussi le sixième remède cité par Valesco de Taranta, op. cit., fol. XXIII v°, et F. López de Villalobos, op. cit., p. 41, str. 43 :
« Y sesto que amigos y nobles parientes
y hombres prudentes y de autoridad
con sus ortaciones le hagan presentes
los muchos peligros los inconvenientes ».
Avicenne conseillait déjà de montrer au malade l’origine diabolique de son mal.
32 Cf. Valesco de Taranta, op. cit., fol. XXIII v°.
Voir aussi B. Gordonio : « si a la razón no es obediente y es mancebo, sea castigado en tal manera que sea agotado fuertemente y muchas vezes, fasta que comience a feder ».
33 Ibid.
34 Voir par exemple dans le tome II de l’édition de R. Foulché Delbosc, Cancionero castellano del siglo XV (Madrid, Bailly Baillière, 1915), les poèmes 469, 793 et 928.
35 Cf. La Célestine..., introd., éd. et trad. de Pierre Heugas (Paris, Aubier-Montaigne, 1963), pp. 126 et suiv.
36 Cf. Diego de San Pedro op. cit., pp. 154-155
37 Ibid., p. 98. Dans la Silva de varia leçión, Pero Mexía cite aussi quelquesmes de l’amour. Il remarque que certains s’en servent pour feindre la passion. Cf. Pero Mexía, Silva... (Anvers, M. Nucio, 1550), chap. XIII, Livre III, fol. 240.
38 Cf. Aeneas Sylvius Piccolomini, Estoria de dos amantes, Eurialo y Lucrecia, in Travaux et mémoires (Limoges, public. de l’U. E. R. de Lettres et Sciences Humaines de Limoges, juin 1975, introduction et éd. de Jean-Paul Lecertua), pp. 77-78.
39 Cf. Juan de Cardona, Tratado notable de amor, manuscrit 8589 de la B. N. M. Il s’agit d’un roman historico-sentimental de la première moitié du XVIe siècle.
40 Cf. Juan de Segura, Quexa y aviso contra Amor. (Réimpression de la Sociedad de Bibliófilos Españoles, Segunda Epoca, n° XXXI, Madrid, 1956), pp. 104-106.
41 Cf. Tratado de amor atribuido a Juan de Mena (éd. et étude de María Luz Gutiérrez Araus, Madrid, Alcalá, 1975).
42 Ibid., p. 91.
43 Cf. Condestable D. Pedro de Portugal, Sátira de felice é infelice vida, in Opúsculos literarios de los siglos XIV a XVI (Madrid, Sociedad de Bibliófilos Españoles, 1892), pp. 68-71. Cette œuvre fut achevée en 1468.
44 Il s’agit d’un poème inclus dans la rétractation de son œuvre romanesque. exemplaire d’une édition de ce De amoris effigie fut acquis par Fernando Colón en juin 1522 à Londres comme en témoigne le registra de sa bibliothèque. Voir Pie II, Opera quae extant omnia (Bâle, H. Petri, 1551), fol. 869 r°.
45 Cf. Luis de Lucena, Repetición de Amores (éd. de Jacob Ornstein, Chapell Hill, University of North Carolina Press, 1954), pp. 57-66. Bien que plus développé, le portrait de Cupidon « moralisé » de la Repetición de Amores coïncide souvent textuellement avec la glose de la Sátira... Il peut s’agir soit d’une inspiration directe soit d’une source commune.
46 Tratado de amor, op. cit., pp. 93-94.
47 Ibid., pp. 94-102.
48 Dans le de reprobatione amoris, troisième livre du De amore, André le Chapelin, après avoir longuement instruit Gualter dans l’art d’aimer (dans les livres 1 et 2), l’exhorte a fuir l’amour mondain pour se consacrer à l’amour de Dieu.
De même, les deux vers empruntés aux Remedia amoris d’Ovide qui ouvrent le De remedio amoris de Piccolomini, dans certaines de ses éditions, invitent à considérer son De duobus amantibus historia comme un « art d’aimer » qui trouve son contrepoison dans le de amoris remedio : « Discite sanari per quem didiscitis (sic) amare. Una manus vobis vulnus opemque ferret « L’auteur de la première traduction anglaise donne d’ailleurs à la De duobus amantibus historia le titre d’« art d’aimer ».
L’auteur du Tratado... prétend traiter successivement des blessures que Cupidon inflige avec ses flèches d’or (qui font aimer) et de plomb (celles qui font « desamar ») : « I ya que avernos dichas poco menos de todas las causas que traen e provocan los coraçones delos amantes a bien querer, digamos algunas de aquellas que los mueve aborresçer. Ε con esta condiçión mostramos las feridas delas flechas de oro, que avíamos de descubrir las llagas delos crueles dardos de plomo », cf. p. 102.
49 Ce passage est une adaptation des vers 218-248 des Remedia amoris d’Ovide. Cf. Ovide, Les remèdes à l'amour (Paris, Belles Lettres, 1961).
50 L’auteur cite Ovide, op. cit., vers 227-228 :
« Saepe bibi sucos, quamvis invitus, amaros
Aeger, et oranti mensa negata mihi ».
51 Ibid., vers 217 : « Sed quanto minus ire voles, magis ire memento ».
52 Cf. Tratado..., op. cit., pp. 102-103. L’auteur reprend là l’idée d’Ovide (v. 526 et suiv.), selon laquelle la diversité des maladies exige des remèdes divers. Quant au remède cité et à l’image du fleuve on les trouve aux vers 441-448.
53 Comparer à Ovide, op. cit., vers 333-339 :
« Exige uti cantet, si qua est sine voce puella ;
Fac saltet, nescit si qua movere manum.
Barbara sermone est, fac tecum multa loquatur (...)
Durius incedit ; fac inambulet (...)
Si male dentata est, narra, quod rideat, illi
Mollibus est oculis ; quod fleat illa, refer ».
En ce qui concerne le parti à tirer des imperfections de l’amie pour arriver à la détester, comparer le texte du traité : « E quando la mesurares por façiones toda vía enderesça qual quier daño que tengan a la peor parte porque a ti te paresca mayor, así commo si fuere baça llámale tú negra, si fuere blanca presume que es mal graçiosa, si tuviere mucha graçia, presume que es magra en la persona, si fuere buena piensa que es grosera » (p. 103) et celui d’Ovide :
« qua potes, in peius dotes deflecte puellae
Iudicium brevi limite falle tuum.
Turgida, si plena est, si fusta est, nigra vocetur
In gracili macies crimen habere potest ; » v. 325-328.
54 Cf. Ovide, op. cit., v. 489-522. Le vers cité est le v. 505.
55 En se faisant prier et en cachant la joie que lui donne un rendez-vous, il ainsi à retourner la situation et c’est elle qui sera prise dans ses filets. Cf. Tratado, op. cit., p. 104 : « esconde el provecho e faz otra cosa de lo que demostrares, ca las aves mucho se guardan de caer en las redes que están muy descobiertas e con aqueste tal menosprecio de simulación más ligeramente verná quien amares alo que tú querrás... » et Ovide, op. cit., v. 516-522 :
« Quae simis apparent retía, vitat avis
Nec sibi tam placeat nec te contempnere possit.
Sume animos, animis cedat ut illa tuis ».
56 Ibid., v. 399-404.
57 Ibid., v. 540-541 :
« Dum bene cumules et copia tollat amorem,
Et fastidita non iuvet esse domo ».
58 Ibid., v. 725-726.
59 Ibid., v. 717-718.
60 Voir le passage où Ovide déconseille la haine, ibid., v. 649-672.
61 Cf. le Tratado..., op. cit., p. 105. L’auteur y reprend les idées contenues dans les vers 741-766 d’Ovide et cite le v. 753. Il est intéressant de constater que si pour les médecins la musique a des vertus thérapeutiques en cas de mélancolie amoureuse, elle est contre-indiquée pour Ovide.
62 Ibid., pp. 105-106.
63 Ibid., pp. 107-108.
64 Cf. El Tostado, Tractado de cómo al orne es necesario amar, in Opúsculos literarios de los siglos XIV a XVI (Madrid, Sociedad de Bibliófilos Españoles, 1892), pp. 221-244. Les remèdes se trouvent pp. 240-241.
65 Cf. F. A. D. C., Triste deleytaçión, Manuscrit n° 770 de la Bibliothèque de Catalogne. Il s’agit d’un roman en prose et vers dont l’action se situe en 1458. Le passage qui nous intéresse comprend onze strophes de huit vers (neuf strophes consacrées aux remèdes proprement dits) (fol. 42 r°-44 v°). Voir l’article de Martín DE RIQUER, « Triste deleytaçión, novela castellana del siglo XV », in Revista de Filología Española, XL, 1956, pp. 33-65.
66 Ibid., fol. 43 v°.
67 Ibid., fol. 43 v°. Ce passage fait penser à celui de Bernard de Gordon commenté supra, pp. 4-5.
68 Ibid., fol. 44 r°.
69 Ibid., fol. 44 r°.
70 Cf. Pierre Heugas, op. cit., pp. 303-317. Ce chapitre s’intitule : « La présence de l’art d’aimer ».
71 Cf. Sancho de Muñón, Tragicomedia de Lisandro y Roselia (éd. Princeps, 1542 Nous avons travaillé à partir du fac-similé de l’édition de 1921 de Joaquín López Barbadillo (Madrid, Akal, 1977). Les remèdes à l’amour sont inclus dans la scène 4 de l’Acte 4, pp. 149-151. La mention des remèdes apparaît dans l’argument : « Eubulo da diez remedios singulares para que se aparte de amor... ».
72 Cf. Alonso de Villegas Selvago, Selvagia (Madrid, Rivadeneyra, 1873), Colección de libros raros y curiosos, t. 5, pp. 17-19.
73 Cf. Pétrarque, Le sage résolu contre la fortune (Paris, Besongne, 1650). Ce passage est tiré du 5e entretien : sur l’amour. Pétrarque y donne plusieurs remèdes (pp. 73 et suiv.). Il critique l’esprit des remèdes d’Ovide : « La plupart ont pris du poison pour un remède. Ovide, entre autres, est un étrange médecin vu qu’il aime plus la maladie que la santé de ceux qu’il traite : il fait le sérieux en certains endroits mais il a toujours beaucoup de légèreté. Il péche même en quelques points contre l’honnêteté, qu’il fait semblant d’autoriser. En un mot, il affaiblit volontairement la force de ses avis, et cesse d’être efficace, pour ce qu’il est prévaricateur. Il ne s’en prend pas à l’amour mais à la rigueur des Amantes : il traite plutôt des désespérés que des malades » (p. 72).
74 Cf. Pero Mexía, op. cit., Livre II, chap. XIII, fol. 240 à 241 v° : « en quese cuenta una estraña medicina con que fue curada Faustina hija de Antonio pío de la enfermedad da amor desonesto y de otros algunos remedios para esta passión y señales para conoscer de quién es uno enamorado ». Pero Mexía, après avoir souligné l’empire de l’amour sur les hommes, raconte l’histoire de Faustina et du gladiateur. Π remarque que les médecins grecs et arabes ont prescrit des remèdes contre l’amour, qu’ils considéraient comme une maladie : « los médicos pues entre otros remedios que dan, dizen y aconsejan que el enamorado que quieren sanar le encarguen y ocupen en grandes negocios de honra y hazienda en que entienda porque el ánimo distraydo en diversos cuydados se aparte de la ymaginación que le da pena. Ε también dizen que trave plática y conversación con otras mugeres. Plinio en el libro treze dize que aprovecha, para templar los ardores y desseo del enamorado, rociallo y polvoreallo con polvo donde se aya rebolcado mula. Y al cabo concuerdan todos en un remedio que es adevinar con el dedo que la mejor medicina y remedio es que al que assí estuviere apassionado le den y junten con la muger por él amada ». Pero Mexía cite ensuite un exemple tiré de Plutarque puis il indique un moyen pour connaître le nom de la femme aimée : nommer plusieurs femmes tout en tâtant le pouls du malade. Lorsque le pouls s’accélère, il s’agit de la femme aimée. (Ce moyen est généralement attribué à Galien).
75 Cf. Pierre Le Gentil, La poésie lyrique espagnole et portugaise à la fin Ce poème, Regimiento que hizo Moyen Age (Rennes, Plihon, 1949-1958), t. I, p. 187. ; Ce poème, Regimiento que hizo el mismo a su amiga que eslava mal de calenturas ; dízele cómo se ha de regir, est inclus dans le Cancionero castellano del siglo XV, op. cit., t. I (N. B. A. E., t. 19), p. 265, n° 144.
76 Cf. A. Pages, « Poésies provenço-catalanes inédites du manuscrit Aguiló », in Romania, LIV, pp. 241-248 (1928).
77 Cf. Pierre Le Gentil, op. cit., pp. 279-280. On peut lire l’Hospital d’amours d’A. Caulier dans l’édition Du Chesnes des Œuvres d’Alain Chartier (Paris, Thiboust, 1617), pp. 728-772.
Ce poème était connu du Marquis de Santillane qui l’attribue à Alain Chartier dans son fameux Prohemio. Comme le signale Pierre Le Gentil, op. cit., p. 187, on trouve le consulte souvent son médecin même motif dans plusieurs poèmes de Charles d’Orléans qui Espoir (Retenue d’Amours, v. 395, in éd. de Pierre Champion, Paris, H. Champion, 1923 ; t. 1) ; Rondeau, n° 422, in t. II, 1966), ou met sur son cœur souffrant un « emplâtre de nonchaloir » (Ballade, 73, in t. 1).
Sous l’influence de l’Hospital d’A. Caulier, le Roi René d’Anjou décrit également l’hôpital d’Amour où le chevalier Cuer trouve refuge dans l’un des épisodes du roman en vers Le Cuer d’amour espris. Cf. Roi RENÉ, Œuvres complètes, éd. de Quatrebarbes (Angers), t. III, pp. 1-196.
78 Cf. Cancionero General de Hernando Del Castillo (éd. de J. A. de Balenchana, Madrid, Bibliófilos Españoles, 1882), t. 2, Αρ. n° 267, pp. 562 et suiv. : Como siempre en penas velo. I. R. L. E. E. D. 1557 Hospital de Amor. Hei mihi quod amor nullis est medicabilis herbis.
79 Cf. Luis Hurtado de Toledo, op. cit., fol. 25 r°-31 r°. Le poème s’y Hospital de galanes enamorados compuesto por uno que en él ya haze [sic] con mayor enfermedad y menos remedio, y a la fin salud espera. Dans la même édition, on peut lire El Hospital de damas de amor heridas compuesto por una de ellas, hermosa, sabia y graciosa, aun que por esto más llagada (fol. 31 v° à 38 r°).
Luis Hurtado attribue 1 ’Hospital de Galanes à un poète tolédan dont ce fut, dit-il, une œuvre de jeunesse. Cf. fol. 25 r° : « este poeta que hizo en su juventud este espital de enamorados, aunque siempre y agora en cosas más graves y mayores entiende ». Cf. A. Rodríguez Moñino qui dans son introduction cite un témoignage de l’époque concernant la paternité de l’œuvre.
80 Ce manuscrit, que Rodríguez Moñino date de 1570 environ et Martín de Riquer de la première moitié du XVIe siècle, a été publié par ce dernier : Cancionero barcelonés de Juan Boscán (Barcelona, 1945). Le n° 7 : El ospital..., se trouve aux pp. 95 et suiv.
Martin de Riquer, dans son introduction, et Maria Rosa Lida DE Malkiel, dans « La visión del trasmundo en las literaturas hispánicas », Apéndice a Patch, El otro mundo en la literatura medieval (México, Fondo de Cultura hispánica, 1956), p. 401, ne remettent pas en question l’attribution à Boscán. Au contraire, A. Rodríguez Moñino considère qu’on ne peut attribuer l’œuvre à Boscán sur la seule foi du manuscrit.
81 Le texte des remèdes y est plus complet que dans la version 1. A noter que la version 1 présente par rapport aux deux autres une coupure importante (du vers 311 au vers 466 des deux autres versions). Les 9 consultations données par le médecin dans les versions 2 et 3 se réduisent à 5 dans la version 1. Par contre, la fin du poème est plus longue et le dénouement plus pessimiste. Alors que la Canción de la version 2 laisse entrevoir l’espoir d’une guérison grâce au remède promis par la dame (en cela le dénouement est plus proche de celui du poème français), la version 1 développe en 6 strophes la lettre d’Adieu, sorte de testament où l’Auteur annonce sa mort prochaine dans un style qui rappelle celui des lettres du roman sentimental. Il demande à sa dame de s’occuper de sa sépulture et d’y faire inscrire l’épitaphe qu’il joint à la lettre.
82 Ici le vert sombre signifie l’espérance perdue. Dans Cuestión de Amor, au contraire, le vert sombre symbolise « esperanza cobrada » et le vert clair, « esperanza perdida ». Cf. Cuestión de Amor (Barcelona, Credsa, 1965), p. 440.
83 En effet, dans le poème d’A. Caulier, le médecin Espoir ne donne de consultation qu’au poète.
84 Cf. Hospital de galanes..., fol. XXVII v
85 Ibid., fol. XXVII v°.
86 Ibid., fol. XXVIII r°.
87 Ibid., fol. XXXI r°.
88 Il fut donc écrit deux ans après la De duobus amantibus historia, au moment où Aeneas Sylvius occupait les fonctions de secrétaire auprès de l’Empereur germanique Frédéric III.
A noter que pour l’étude du traité et l’établissement du texte latin que nous reproduisons en appendice, avec l’adaptation de Luis de Lucena (non avouée d’ailleurs) en regard, nous avons utilisé le De amoris remedio (Anvers ?, 1484 ?) et l’épître n° CVIII : Amoris illiciti medela et remedium, in Pie II Epistofae familiares (Nuremberg, A. Koberger, 1496). Dans l’édition d’Anvers, le traité est adressé à Hippolyte. Dans d’autres éditions, à Nicolas de Wartenburg.
89 Cf. Registre, n° 3326.
90 Cf. Aeneas Sylvius Piccolomini, Estoria..., op. cit., p. 27. Le titre exact l’exemplaire se trouvant à la Bibliothèque du Palacio Da Ajuda est : Estoria muy verdadera de dos aman/tes Eurialo Franco y Lucrecia Senesa /que acaeció eñl año de mil quatro/cientos e treynta qtro años en pre/sencia del Emperador Sigismundo/hecha por Eneas Silvio después Pa/pa Pío Segundo. Iten otro su tratado muy prove/choso de remedios contra el amor. Iten otro de la vida y hazañas del di/cho Eneas. Iten ciertas sentencias proverbi/os d’mucha ecelencia d’l dicho Eneas.
Le folio où se trouvaient le lieu et la date d’impression manque mais Haebler, se fondant sur les renseignements fournis par le Registre de Colón et sur une étude des caractères typographiques, estime que l’édition est de Salamanque, 1496. (A noter que la fiche du volume se trouvant à Lisbonne, porte la mention Salamanque, 1495).
91 Fidèle à la tradition des topoi, Piccolomini affirme qu’il a composé son traité aux instances d’Hippolyte. Il insiste aussi sur le fait que ce dernier aime une courtisane.
92 En ce qui concerne cette Altercatio Hadriani Augusti et Secundi philosophi, voir Carleton Brown, « Mulier est hominis confusio », in Modem Language Notes, XXXV (1920), pp. 479-482.
93 Cette paraphrase apparaît notamment dans Boccace, Il Corbaccio : « Lana è animale imperfetto, passionata da mille passioni... » (Strasbourg, Bibliotheca Romanica, 1910), p. 58.
94 Cf. La Célestine..., op. cit., pp. 136 et suiv.
95 Cf. Luis de Lucena, op. cit., pp. 72-86. L’imitation commence à la ligne 1278. Elle s’interrompt à plusieurs reprises puis reprend de 1286 à 1299 (pp. 72-73) ; de 1310 à 1378 (pp. 73-75) ; puis : 1391-1397 (p. 75) ; 1399-1401 (p. 75) ; 1418-1456 (pp. 76-77) ; et de 1827 à 1848 (p. 86).
96 A noter que Lucena, qui était très probablement « converso », supprime une allusion aux Juifs. Là où le texte latin disait : « Deus cum esses nihil te aliquid esse fecit nec te lapidem nec gentilem nec te iudeum fecit », Lucena dit : « el qual no quiso criarnos piedra o hierro, ni de otra nasción que hombre cristianos hazernos... ».
97 P. 73 pour le premier et 75 pour les deux autres.
98 Ibid., pp. 81-83.
99 Ibid., p. 83.
100 Ibid., p. 83.
101 Ibid., pp. 85-86.
102 Cf. Diálogo del Viejo y del mancebo, in Juan de Járava, Problemas o preguntas problemáticas... (Lovayna, Rutgero Rescio, 1544). Le dialogue se trouve aux fol. CXXXII r° - CILII r°.
103 Ibid., fol. CXXXVI v° : « O quán breve deleyte es la hermosura, la qual llegando a la vejez peresce, o con alguna enfermedad se gasta. La qual no es otra cosa que una flor que se marchita, una felicidad carnal, un asalto de la vista y turbaçión y una vana alegría del amor, una humana delectación y un desseo que presto se passa... ». Voir aussi fol. suivants.
104 Cf. Cancionero General de Hernando del Castillo, op. cit., II, 27. Nous n’en citerons que deux strophes :
« Corramos con devoción
al ruego de hijo y madre
a la continua oración
a la pura confession
por do alcancemos al padre
A otros santos benditos
que destos lazos malditos
que nos quiten y aparten
pues que del todo nos parten
de los gozos infinitos.
Pensemos en la breveza
daquesta vida cuytada
pensemos en tal torpeza
pensemos en la ligereza
de la negra enamorada
Pensemos el fin mezquino
deste loco adulterio
sus deleytes qual nos dexan
pensemos quantos se quexan
por tan pecador camino.
105 Cf. Ε. Pellegrin, « les Remedia amoris d’Ovide, texte scolaire médiéval », in Bibliothèque de l’Ecole Nationale des Chartes, CXV, 1957, pp. 172 et suiv. Bien que l’Bibliothèque auteur de l’article se base surtout sur des manuscrits français pour montrer la présence des Remedia dans des recueils de textes destinés à l’usage scolaire du XIIIe au XVe, on y voit la popularité que ce texte a pu avoir dans l’Europe médiévale.
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