Édimbourg vue par Alexander Nasmyth : une représentation de l'identité écossaise au début du dix-neuvième siècle
p. 89-108
Texte intégral
1Édimbourg, tout d’abord appelée Din Eidyn qui signifie « forteresse de la colline », fut fondée au septième siècle après Jésus Christ ; résidence royale à partir du onzième siècle et centre politique du royaume où siégeaient le Parlement et le Conseil Privé, elle ne devint la capitale d’Écosse qu’au quinzième siècle. Son statut de capitale fut toutefois remis en question par l’Union des Couronnes et l’Union Parlementaire, qui entrèrent respectivement en vigueur en 1603 et 1707. En l’espace d’un siècle, Edimbourg fut privée de la présence du monarque et d’un grand nombre d’aristocrates. En effet, les souverains britanniques résidèrent en Angleterre et les nobles quittèrent la ville pour siéger aux sessions du Parlement établi à Londres, qui devint dès le début du dix-huitième siècle le centre politique, économique et culturel de la Grande Bretagne. Néanmoins, animée d’une importante effervescence intellectuelle à partir des années 1750, Edimbourg s’imposa comme l’un des principaux centres culturels de l’Europe occidentale. À la même époque, les autorités de la ville décidèrent d’entreprendre une première phase d’extension de la capitale en construisant la nouvelle ville en 1767.
2Édimbourg depuis longtemps muse des poètes, a aussi souvent inspiré les peintres. Les Anglais Paul Sandby (1730-1809) et William Turner (1775-1851) ainsi que des artistes écossais tels que les paysagistes John Knox (1778-1845), John Thomson (1778-1840), David Roberts (1796-1864), Jane Stewart Smith (1839-1925), mais aussi Walter Geikie (1795-1837), peintre de scènes de genre et David Octavius Hill (1802-70), désormais célèbre pour ses photographies, ont tous peint des tableaux représentant la capitale écossaise. La première vue topographique de cette ville, datant de 1759, fut toutefois réalisée non pas par un peintre écossais, mais par un artiste d’origine française du nom de William Delacour (1700-67). Ce dernier venait tout juste de s’installer à Edimbourg où il fut nommé directeur de la Trustees’ Academy, première académie des beaux-arts permanente en Ecosse, qui ouvrit en 1760.1 Cependant, parmi tous les tableaux qui représentent cette ville, ceux qui furent peints par Alexander Nasmyth (1758-1840) sont sans conteste les plus célèbres. Nasmyth, que Sir David Wilkie (1785-1841) surnommait « the founder of the Landscape Painting School of Scotland »2, a représenté des vues d’Edimbourg tout au long de sa carrière et la première, qui s’intitule A View of Edinburgh taken from near St Anthony’s Chapel3, fut réalisée en 1789. Dans cet article, ce sont en particulier cinq vues peintes en 1824 et 1825 que nous analyserons successivement.
3Ces tableaux, qui représentent le château, le port de Leith, le centre de la vieille ville et des panoramas d’Edimbourg apportent des informations précieuses sur les différentes étapes du développement de la ville. Nous nous emploierons à montrer qu’ils peuvent également être interprétés comme des allégories de l’identité écossaise, même si, dès le début du dix-neuvième siècle, les peintres préféraient comme symboles visuels le kilt et les paysages sauvages des Highlands. En effet, nous verrons tout d’abord qu’en 1822 Sir Walter Scott (1771-1832) et quelques peintres avaient redéfini l’identité écossaise à l’aide d’une synecdoque Highlands/Ecosse leur permettant d’affirmer à la fois l’originalité culturelle de ce royaume ainsi que son allégeance à la Grande Bretagne. Mais bien qu’elle fût très populaire, cette identité écossaise fut contestée par quelques artistes, et notamment par Alexander Nasmyth. Nous évoquerons ensuite brièvement la carrière de cet artiste peu connu en dehors de l’Ecosse et nous reviendrons sur les différentes phases du développement de la ville d’Edimbourg dont ce peintre fut témoin. Ceci nous permettra de comprendre comment Nasmyth concevait l’identité écossaise et exprima sa vision à travers ces tableaux représentant la capitale de ce royaume.
1°) LA DÉFINITION D’UNE IDENTITÉ ÉCOSSAISE PRO-UNIONISTE AU DÉBUT DU DIX-NEUVIÈME SIÈCLE
4Le traité d’Union parlementaire, qui fut ratifié à Edimbourg le 16 Janvier 1707 après que le gouvernement anglais dut soudoyer quelques Membres du Parlement écossais, eut un impact profond sur la vie politique, économique et culturelle de l’Ecosse. Alors que ce royaume avait lutté pendant des siècles contre l’Angleterre afin de préserver son autonomie, la majorité des Écossais ne souhaitaient pas renoncer à leur indépendance pour partager avec les Anglais les mêmes institutions politiques. Durant la première moitié du dixhuitième siècle, beaucoup souhaitèrent mettre un terme à cette union qui tout d’abord, au lieu de profiter à l’économie écossaise, suscita d’importants troubles politiques. En effet, avant 1750, trois soulèvements jacobites eurent lieu en Ecosse pour tenter de rompre l’union politique et de restaurer les Stuart, ancienne dynastie originaire de ce royaume que la deuxième clause du traité de 1707 excluait définitivement du trône britannique. Lorsque la stabilité politique fut rétablie, l’Écosse put pleinement profiter des avantages économiques et commerciaux que lui offrait l’union avec l’Angleterre. Progressivement les Écossais commencèrent à accepter l’Union des Parlements et la rivalité qui avait opposée les deux peuples britanniques s’estompa quelque peu. Entre 1760 et 1820 les deux royaumes britanniques connurent d’importantes mutations économiques et sociales. Jusque-là deuxième puissance mondiale, la Grande Bretagne supplanta la France en raison de l’expansion économique sans précédent générée par la première révolution industrielle et de l’importance des échanges commerciaux avec les colonies de l’Empire britannique. Or, il semblerait que cette croissance économique ait rendu l’Union parlementaire plus acceptable aux yeux des Anglais et des Écossais. Pour les premiers, il est indéniable que cette alliance avec l’Écosse les rendaient moins vulnérables aux attaques des royaumes ennemis et donc plus aptes à se consacrer au commerce colonial. Pour les seconds, l’union avec l’Angleterre contribua largement à la croissance économique de leur royaume. De plus, les deux peuples se rapprochèrent davantage lorsqu’ils durent se mobiliser pour la défense de la Grande Bretagne face aux attaques des Français. Cette mobilisation de la population britannique permit non seulement de mettre fin à l’expansion territoriale de la France, mais aussi de conforter la position de la Grande Bretagne comme première puissance économique et militaire.
5Toutefois, malgré l’hégémonie britannique, l’Écosse préserva une identité nationale bien distincte de celle de l’Angleterre. Dès lors que les Écossais acceptèrent l’union parlementaire et la considérèrent comme un partenariat entre les deux royaumes britanniques, ils définirent une nouvelle identité écossaise : il s’agissait plutôt d’une identité binationale, à la fois écossaise et britannique. Walter Scott a beaucoup contribué à l’élaboration de cette identité nationale pro-unioniste qui commença à être remise en question à partir des années I960.4 L’écrivain fut effectivement chargé d’organiser les festivités en l’honneur de la venue de George IV à Edimbourg en 1822. Aucun monarque de la dynastie des Hanovre ne s’était jamais rendu en Ecosse, ce fut donc une occasion idéale pour affirmer la spécificité culturelle de ce royaume ainsi que son allégeance au roi et à la Grande Bretagne. Aussi, Scott prépara des réceptions inspirées de cérémonies traditionnellement organisées pour les souverains écossais : il reconstitua pour George IV, une réception proche de celle que Mary Stuart avait dû recevoir lorsqu’elle arriva au port de Leith, et il recréa les cérémonies traditionnelles de la remise des clés de la ville d’Edimbourg et de la présentation des « Honneurs de l’Écosse », comprenant la couronne royale, le sceptre et l’épée. Pour ces festivités, Scott convia plusieurs clans à venir parader en kilt, il souhaita également que les habitants d’Edimbourg soient vêtus de l’habit traditionnel des Highlands.5 À l’issue de cette visite officielle, le kilt devint la synecdoque visuelle de l’identité nationale. Tout comme les cérémonies qui furent organisées, cette tenue était à la fois l’emblème de l’originalité de la culture écossaise et le symbole de la loyauté de ce peuple envers le monarque britannique. Le kilt, dont le port fut proscrit de 1747 à 1782, n’était plus associé aux rebelles jacobites puisque des régiments de Highlanders s’étaient illustrés au cours des dernières campagnes militaires opposant la Grande Bretagne aux troupes de Napoléon.
6Un grand nombre d’artistes assistèrent aux célébrations de 1822 et réalisèrent des tableaux qui ont permis de diffuser l’identité écossaise : ainsi David Wilkie a peint le portrait du roi vêtu d’un kilt aux couleurs des Stuart6, Alexander Carse (1770-1843) a peint George IV Landing at Leith in 18227 et Turner réalisa George IV at the Provost’s Banquet, Parliament House, Edinburgh.8 Néanmoins, parmi tous les tableaux qui ont été peints à l’occasion de la venue du souverain, The Entrance of George IV at Holyrood House9, de Sir David Wilkie, est celui qui résume le mieux l’atmosphère de cette visite officielle et l’essence de l’identité culturelle écossaise telle qu’elle fut définie en ce début de dix-neuvième siècle. Sur ce tableau, le peintre regroupe deux des cérémonies organisées par Scott : la remise des clés du château de Holyrood, qui avait été la résidence principale des Stuart lorsqu’ils régnaient en Ecosse, et la remise des « Honneurs de l’Écosse ». Dans la composition, comme lors des festivités, tout est organisé pour mettre en valeur la légitimité du souverain au trône écossais. Dans la cour du château de Holyrood, George IV, qui n’a pas revêtu un habit traditionnel des Highlands, s’avance vers le duc d’Hamilton qui s’est agenouillé pour lui offrir les clés du château posées sur un plateau. Hamilton et le roi se trouvent au centre de la composition. Détenteur du titre nobiliaire le plus élevé d’Écosse, le duc est le représentant du peuple écossais lorsqu’il remet les clés de la résidence royale qui, par extension, symbolisent les clés du royaume écossais. Cette cérémonie hautement symbolique se déroule devant des Écossais en liesse venus nombreux pour assister à cet évènement. Parmi la foule, il semblerait que Wilkie ait même représenté Walter Scott. Au premier plan à gauche, le personnage qui se tient devant l’entrée du château a un visage qui rappelle beaucoup celui de l’écrivain tel qu’il est représenté sur le portrait peint par Sir Henry Raeburn (1756-1823) en 1822.10 Cette hypothèse semble confirmée par la proéminence du visage de ce personnage par rapport aux autres : les traits de son visage sont peints avec précision alors que ceux de certains personnages du premier plan sont à peine distincts.
7Bien qu’ils fussent repris par Wilkie et nombre de peintres, les symboles visuels choisis par Scott pour représenter l’identité écossaise, et de manière plus générale la métonymie Highlands-Écosse qui se développa à partir de 1822, ne furent pas du goût de tous. Lockhart (1794-1854), gendre et biographe de Scott, critiqua les festivités car il estimait que « the pageantry [was]... a Hallucination in which the glorious traditions of Scotland were identified with a people which always constituted a small and unimportant part of the11 Scottish population ». Nasmyth, lui aussi témoin de la visite du monarque, n’a pas réalisé de tableau pour cette occasion et ne partageait la vision de Scott.
2°) NASMYTH UN PEINTRE DE L’ENLIGHTENMENT
8Alexander Nasmyth est né en 1758 dans le quartier de Grassmarket dans la vieille ville d’Edimbourg. Ayant des dispositions précoces pour le dessin il choisit de devenir peintre plutôt que d’embrasser une carrière d’architecte comme son père et son grand-père. Toutefois, en Ecosse, Nasmyth reçut une formation artistique des plus rudimentaires. Pendant un an, il fut effectivement apprenti chez James Cumming, fabricant de carrosses, pour qui il devait peindre des armoiries. Il put également suivre les cours de dessin dispensés à la Trustees’Academy, bien que jusqu’en 1798 cette institution eût pour objectif de former des dessinateurs industriels.12 Puis de 1774 à 1778 il fut un élève d’Allan Ramsay (1713-84), portraitiste de renom qui avait été nommé Painter in Ordinary de George III en 1767 et qui fut le premier artiste écossais à bénéficier de ce titre prestigieux.13 Dans l’atelier de ce maître, Nasmyth fit connaissance de David Martin (1737-97), lui aussi élève puis assistant de Ramsay de 1752 à 1775. Martin occupe désormais une place centrale dans l’histoire de l’art pictural écossais puisqu’il fut le premier portraitiste à avoir une carrière prospère en Ecosse alors que, après l’Union des Parlements, les peintres, même les plus talentueux comme Ramsay, avaient été contraints à émigrer faute de mécènes. Il est aussi célèbre pour avoir un temps encouragé Henry Raeburn à devenir peintre et ses œuvres établissent un lien direct entre les deux plus grands portraitistes écossais des dix-huitième et dix-neuvième siècles.14 En 1778, six ans avant Martin, Nasmyth s’installa à Edimbourg, où il exerça comme portraitiste ; les clients affluèrent et en 1787 Robert Burns (1759-96) posa pour Nasmyth qui réalisa le plus célèbre d’entre tous les portraits du poète. Le peintre et le poète, qui avaient fait connaissance en 1787, étaient des amis intimes partageant le même amour de la nature et étaient tous deux des radicaux. Ce furent d’ailleurs ses opinions politiques qui contraignirent Nasmyth à mettre un terme à sa carrière de portraitiste en 1792, puisque son fils James écrivit dans son autobiographie que :
"The earnest and lively interest which he took in the state of public affairs and the necessity which then existed for reforming the glaring abuses of the State, led him to speak out his mind freely on the subject... My father’s frank opinions on political subjects began to be known. He attended Fox dinners. He was intimate with men of known reforming views. All this was made the subject of general talk. Accordingly my father received many hints from aristocratic and wealthy personages, that" if he went on any longer they would withdraw from him their employment". My father did not alter his course ; it was right and honest but he suffered nevertheless. His income from portrait painting fell off rapidly".15
9Quand le climat politique s’apaisa en Écosse, Nasmyth trouva de nouveaux mécènes et choisit de se spécialiser dans la peinture de paysages à partir de 1800. Sa rencontre avec Jacob More (1740-93), alors qu’il séjourna à Rome de 1782 à 1784, l’a sans aucun doute incité à devenir paysagiste. More, natif d’Edimbourg, s’était définitivement établi à Rome en 1771, où. il était un paysagiste célèbre. Il comptait notamment parmi ses plus fervents admirateurs Sir Joshua Reynolds (1723-92) et Goethe (1749-1832).
10En plus de sa carrière de peintre de paysages, Alexander Nasmyth avait des occupations très diverses. Entre autres, il enseigna le dessin dans l’académie qu’il ouvrit en 1799 dans son atelier de Saint James’ Square. Outre ses enfants, Anne, Elizabeth, Charlotte et Patrick, qui devinrent tous peintres de paysages16, il eut comme élèves quelques-uns des plus grands peintres écossais de la première moitié du dix-neuvième siècle. Selon James Nasmyth, William Allan (1782-1850), Andrew Geddes (1783-1844), David Wilkie, William Lizars (1788-1859) et Francis Grant auraient étudié à son académie. Alexander Nasmyth était aussi jardinier paysagiste, architecte et ingénieur. Dans son autobiographie, James Nasmyth énumère quelques-unes des inventions mises au point par son père :
“one of the most important [of these inventions] was the “bow-and-string bridge” as he first called it... he invented this important method of construction about the year 1794... One of his other inventions was the method of riveting by compressing instead of by blows of the hammer”.17
11De plus, certains de ses mécènes s’adressèrent à lui afin de restructurer leurs domaines : il aida notamment le Duc d’Atholl à choisir un site approprié pour planter des arbres ; en 1806, il aida à la restructuration des châteaux de Loudoun et Taymouth. Il dut aussi tracer les jardins du château du Duc d’Argyll à Inveraray et ce dernier demanda même l’avis du peintre quant aux aménagements que l’architecte John Mylne souhaitait apporter au domaine d’Inveraray. Ce fut d’ailleurs à cette occasion que Nasmyth réalisa en 1801 Inveraray from loch Fyne showing the proposed Lighthouse for the Quay at Inveraray and the Alterations to the Church18, un paysage de style classique semblable à ceux de Jacob More, représentant un panorama du lac et du ciel dans lequel la propriété du duc s’intègre harmonieusement à la nature.
12Nasmyth s’impliqua activement dans les travaux d’extension d’Edimbourg à l’instar de son ami le portraitiste Sir Henry Raeburn, qui construisit des bâtiments de style néoclassique dans les rues qu’il baptisa Ann Street et Saint Bernard’s Crescent.19 James Nasmyth expliqua que son père fut même récompensé pour son aide :
"My father was greatly interested in the architectural beauty of his native city, and he was professionally consulted by authorities about the laying out of the streets of the New Town. The subject occupied much of his time and thought, especially when resting from the mental fatigue arising from a long sitting at the easel. It was his regular practice to stroll about and carefully watch the proceedings. This was probably due to the taste which he had inherited from his forebears - more especially from his father, who had begun the buildings of the New Town. My father took pleasure in modelling any improvement that occurred to him ; and in discussing the subject with the architects and builders who were professionally engaged in the works. His efforts in this direction were so thoroughly disinterested that those in office were all the more anxious to carry out his views. He sought no reward ; but his excellent advice was not unrecognized. In testimony of the regard which the Magistrates of Edinburgh had for his counsel and services, they presented him in 1815 with a sum of £ 200, together with a complementary letter acknowledging the value of his disinterested advice. It was addressed to him under cover, directed to ‘Alexander Nasmyth, Architect’”.20
13En effet, il contribua à plusieurs reprises à l’embellissement de sa ville natale. Il dessina notamment Saint Bernard’s Well, un temple à l’intérieur duquel se trouve une statue d’Hygie, déesse romaine de la santé. Ce monument, construit en 1789 sur une source d’eau minérale qui, selon les habitants de la ville avait des propriétés curatives, se trouve sur les bords de la rivière Leith. À quelques centaines de mètres de Saint Bernard’s Well, on peut encore voir le Dean Bridge, qui fut également dessiné par Nasmyth. Quand en 1808, la ville d’Edimbourg souhaita ériger sur la colline de Calton un monument commémorant les victoires du Général Nelson, Nasmyth fit une proposition qui fut tout d’abord retenue. Néanmoins, on lui préféra le projet de l’architecte Robert Burn (1752-1815), qui devait être moins onéreux. En 1812, lorsque les autorités de la ville souhaitèrent à nouveau agrandir la capitale elles organisèrent un concours du meilleur plan pour édifier un quartier au nord de la colline de Calton. Nasmyth soumit un projet qui fut sélectionné, puis associé à deux autres plans par l’architecte William Playfair (1789-1857) chargé des travaux en 1819. Nasmyth, qui exerça toute sa vie à Edimbourg, fut ainsi témoin des deux principales phases du développement de la capitale.
3°) LA CONSTRUCTION DE LA NOUVELLE VILLE D’ÉDIMBOURG
14Edimbourg fut la ville écossaise la plus concernée par l’Union Parlementaire. Suite à la signature du traité en 1707, la capitale rencontra d’une part quelques difficultés économiques ; d’autre part avec l’exode des aristocrates et des artistes vers Londres, sa vie culturelle fut sérieusement réduite pendant la première moitié du dix-huitième siècle. La crise économique que connaissait l’Ecosse depuis la fin du dix-septième siècle fut tout d’abord aggravée par l’Union parlementaire et les troubles politiques que celle-ci généra.21 Les barrières protectionnistes entre les royaumes britanniques avaient été abolies en 1707, mais jusque vers 1750, cette mesure ne profita pas à l’Ecosse. Au contraire, les industries naissantes et l’agriculture précaire de ce royaume ne pouvaient pas rivaliser avec l’agriculture et les industries anglaises bien plus développées. L’Union parlementaire a, certes, permis à l’Écosse de commercer avec les colonies britanniques de l’Amérique du nord et a ainsi contribué à la vitalité des ports de la côte ouest, mais elle engendra le déclin des ports de l’est du royaume qui, jusque là, avaient été les plus prospères. En effet, l’Écosse commerçant dès lors davantage avec l’Amérique du nord qu’avec les royaumes européens, les villes portuaires de l’est, telle Leith, port principal d’Edimbourg, eurent une baisse d’activité. Dans The Making of Classical Edinburgh, 1750-1840, A. J. Youngson a ainsi souligné que :
“... from the Union up to the middle of the century, the existence of the city seems to have been a perfect blank. No improvements of any sort, marked this period. On the contrary, an air of gloom and depression pervaded the city, such as distinguished its history at no former period. In short, this may be called, no less appropriately than emphatically, the Dark Age of Edinburgh”...22
15Néanmoins, à partir de la deuxième moitié du dix-huitième siècle, l’Ecosse - et plus particulièrement Edimbourg - connut une période d’effervescence intellectuelle qui coïncida avec le développement des industries et du commerce. La capitale, que Smollett qualifia de « hot-bed of genius »23, fut ainsi promue au rang des plus grands centres culturels européens et les autorités d’Edimbourg décidèrent alors de construire une nouvelle ville à l’image de son statut d’« Athènes du nord ». Sa surpopulation et son insalubrité, qui lui valut d’ailleurs le surnom d’Auld Reekie, Vieille Puante, ont également incité à agrandir la ville24 Bien que la vieille ville fût pittoresque, les touristes étrangers n’en étaient pas moins choqués des conditions sanitaires déplorables. Ainsi, dans The social life of Scotland in the eighteenth century, l’historien Henry Grey Graham affirmait que :
“The few visitors from England were impressed far more by its dirt and dinginess than by its quaint beauty, by the streets which were filthy, the causeways rugged and broken, the big gurgling gutters in which ran the refuse of a crowded population, and among which the pigs poked their snouts in grunting satisfaction for garbage”.25
16Au dix-huitième siècle encore, la ville médiévale était des plus sales, puisque tous les soirs à vingt-deux heures, les habitants déversaient les ordures ménagères dans les rues qui étaient nettoyées tous les matins - excepté le dimanche - alors que les habitants vaquaient déjà à leurs occupations. Dans The Expedition of Humphry Clinker (1771), roman de Smollett, le personnage de Matthew Bramble, qui séjourna à Edimbourg, célébra la vitalité culturelle de la ville. Cependant, comme la plupart des visiteurs étrangers il dénonça cette coutume qu'il jugeait répugnante :
“You are no stranger to their method of discharging all their impurities from their windows, at a certain hour of the night... A practice to which I can by no means be reconciled, for notwithstanding all the care that is taken by their scavengers to remove this nuisance every morning by break of day, enough still remains to offend the eyes, as well as the other organs of those whom use has not hardened against all delicacy of sensation”.26
17Avant 1767, Edimbourg s’étendait sur un petit périmètre. Le Royal Mile était l’artère principale autour de laquelle partait un grand nombre de venelles étroites où s’élevaient de chaque côté des bâtiments qui paraissaient alors d’une hauteur vertigineuse. Dès la fin du dix-septième siècle, quelques aristocrates résidant à Edimbourg, tels Fletcher of Saltoun, suggérèrent d’agrandir la ville afin de stimuler l’économie écossaise. Cet argument fut a nouveau avancé en 1752 dans Proposals for carrying on certain public works in the city of Edinburgh puisque selon l’auteur de cet essai :
“Among the several causes to which the prosperity of a nation may be ascribed, the situation, conveniency, and beauty of its capital, are surely not the least considerable. A capital where these circumstances happen fortunately to concur, should naturally become the centre of trade and commerce, of learning and the arts, of politeness, and of refinement of every kind. No sooner will the adavantages which these necessarily produce, be felt and experienced in the chief city, than they will diffuse themselves through the nation, and universally promote the same spirit of industry and improvement”.27
18À cette période, les autorités souhaitaient déjà agrandir la ville, mais ce projet ne fut mis à exécution qu’en 1767. Après avoir décidé que la nouvelle ville serait construite au nord de la ville médiévale, le plan de James Craig, neveu du poète James Thomson (1700-48), fut retenu à l’issue d’un concours. Craig avait tout d’abord conçu un plan basé sur le dessin du drapeau de l’Union Jack avant d’opter pour un schéma plus classique d’une ville avec des rues spacieuses parfaitement symétriques. Un plan identique avait déjà servi à construire la ville de Richelieu, dans l’Indre-et-Loire. La nouvelle ville, bâtie dans un style néoclassique pour l’élite culturelle et sociale, était un hommage au nouveau statut d’Edimbourg et célébrait la Grande Bretagne sans laquelle l’Écosse n’aurait pu prospérer aussi rapidement. Selon Linda Colley « the very heart of Scotland’s capital was... a monument to its parity with England in loyal attachment to the House of Hanover ».28 Ses rues furent effectivement baptisées George Street, Frederick Street, Hanover Street, Queen Street et Princes Street en l’honneur des Hanovre. En outre, Craig avait initialement prévu de construire une grande place à chaque extrémité de la ville : la place se trouvant à l’est fut nommée Saint Andrew Square, d’après le saint patron de l’Écosse, et celle se situant à l’ouest devait s’appeler Saint George Square, en l’honneur du saint patron de l’Angleterre.29
19Sur les tableaux que Nasmyth a peint en 1824 et 1825, les différents quartiers d’Edimbourg sont représentés. Le contraste entre l’architecture médiévale de la vieille ville et le style néoclassique de la nouvelle ville est particulièrement visible sur Edinburgh from Princes Street with the Royal Institution under construction’30 et Edinburgh from the Calton Hill31, deux vues datant de 1825.
4°) VUES D’ÉDIMBOURG : UNE REPRÉSENTATION DE L’IDENTITÉ ÉCOSSAISE
20A l’instar de Scott, Nasmyth reconnaissait que l’Ecosse avait su préserver une identité bien distincte tout en étant une composante de la Grande Bretagne. Mais si le peintre ne niait pas l’originalité culturelle de son pays natal, il insista davantage, à travers ses œuvres, sur la prospérité que l’Union avait apportée à l’Écosse et sur la vitalité de cette dernière désormais en mesure de contribuer à la gloire de la Grande Bretagne. Les vues d’Edimbourg que cet artiste a réalisées synthétisent l’essence de sa définition de l’identité écossaise et démontrent que ce peintre, tout comme Walter Scott, était un fervent partisan de l’Union parlementaire. Cependant, si les deux hommes revendiquèrent une identité nationale prounioniste, leur conception de cette identité était diamétralement opposée. L’écrivain souligna la spécificité de la culture écossaise ainsi que l’allégeance de ce royaume à la Grande Bretagne grâce à des anciennes traditions et à l’histoire de l’Écosse, tandis que sur ses paysages, le peintre en faisait de même, mettant en valeur le dynamisme et la modernité du royaume depuis que celui-ci était uni à l’Angleterre. Ainsi, alors que Scott s’était servi en 1822 de la valeur historique de certains quartiers de la capitale, les cinq tableaux datant de 1824 et 1825 offrent la vision d’une ville prospère en plein développement.
21Sur Edinburgh Castle and the Nor’ Loch32, peint en 1824, Alexander Nasmyth a représenté un lieu hautement symbolique. Construit au onzième siècle puis progressivement agrandi, le château d’Edimbourg fut témoin des principaux événements de l’histoire de l’Ecosse. En effet, en 1296, il abrita les troupes du roi anglais Edward I qui venaient d’envahir le royaume. De 1572 à 1573 le château, occupé par les partisans de Mary Stuart, fut assiégé et en partie détruit par le régent Morton ; en 1745, le prince Charles Edward Stuart et ses soldats jacobites s’en emparèrent avant de se replier vers les Highlands. Le château est aussi le symbole du pouvoir monarchique en Ecosse. Jusqu’à ce que le palais de Holyrood soit construit au seizième siècle, il fut la résidence principale des souverains lorsqu’ils séjournaient dans la capitale ; James VI d’Écosse, qui devint le premier monarque britannique en 1603, y naquit en 1566. De plus, depuis le seizième siècle, c’est dans ce château que sont conservés les « Honneurs de I’Écosse ». Sur ce tableau, au pied du rocher volcanique sur lequel a été bâti le château, s’étend le Nor’Loch, qui fut asséché entre 1763 et 1820 pour permettre la construction de la nouvelle ville et des jardins de Princes Street. Bien que le château soit au milieu de la composition, il n’est pas le seul centre d’intérêt du tableau : le ciel est nuageux, mais des rayons de soleil obliques éclairent une partie du château et surtout les hommes qui, au premier plan, travaillent au bord du lac. Certains sont occupés à creuser et d’autres à charger de la terre dans des charrettes. Un homme, quelque peu en retrait, semble superviser les travaux.
22Sur View of the High Street, Edinburgh, and the Lawnmarket33, tableau qu’il a peint la même année, Nasmyth a représenté la rue principale de la ville médiévale où se tient le plus grand marché de la capitale et s’élève la cathédrale de Saint Giles, édifice tout aussi symbolique que le château. En effet, cette cathédrale est le cœur religieux de la capitale écossaise et John Knox, père de l’Église Presbytérienne d’Écosse, en fut le premier ministre. Toutefois, contrairement à Edinburgh Castle and the Nor’ Loch, la valeur symbolique de ce bâtiment est reléguée au second plan. Sur ce tableau la cathédrale se trouve à l’arrière plan, au premier plan l’artiste évoque le marché très animé où se mêlaient toutes les classes sociales : on peut voir des marchands, des soldats vêtus d’un kilt, et un carrosse rappelant la présence d’aristocrates. À côté des marchands, des hommes finissent de déblayer les décombres d’un bâtiment qui a peut-être été détruit par l’incendie qui ravagea une partie de la vieille ville en 1824.
23La même année Nasmyth réalisa The port of Leith34, tableau sur lequel il a représenté un autre quartier qui était au cœur des activités commerciales de la ville. Leith était depuis le quinzième siècle l’un des principaux port de la côte Est de l’Écosse d’où s’effectuaient les échanges commerciaux avec la Hollande et les pays Scandinaves. La vitalité du port est apparente sur ce tableau : au premier plan, différents types de bateaux arrivent ou quittent le port, des hommes chargent des marchandises, tandis qu’au second plan, l’artiste a peint un grand nombre de bateaux amarrés. Cette représentation de Leith ne pourrait être plus différente du tableau qu’Alexander Carse avait peint en 1823. Ce dernier, pour sa part, a représenté la cérémonie organisée par Scott lorsque George IV débarqua dans ce port en 1822. La foule acclame le souverain accueilli par le maire d’Edimbourg et quelques aristocrates ; un nombre important de soldats assistent à l’événement et à l’arrière plan quelques-uns portent la tenue traditionnelle des Highlands. Contrairement à Scott, qui y avait organisé des cérémonies lors de la visite du monarque, Nasmyth, sur The port of Leith et View of the High Street, insiste sur les activités commerciales qui contribuent à la richesse de la ville, et non sur la valeur historique de ces lieux.
24Les tableaux Edinburgh from Princes Street with the Royal Institution under construction et Edinburgh from the Calton Hill représentent une vue d’ensemble de la capitale écossaise. Sur Edinburgh from Princes Street, une vue en direction de l’est de la ville, Nasmyth a représenté sur la gauche la nouvelle ville construite en 1767. Au premier plan à droite, des hommes construisent la Royal Institution, un bâtiment conçu pour accueillir les classes de la Trustees’ Academy et les expositions organisées par la Royal Institution for the Encouragement of the Fine Arts in Scotland. Alexander Nasmyth était un membre associé de cette société créée en 1819, qui se composait principalement d’amateurs d’art. Derrière la Royal Institution en construction se dresse la ville médiévale : si les bâtiments de la nouvelle ville sont tous de la même hauteur et que Princes Street est spacieuse, la vieille ville semble très compacte. À en juger par la silhouette, les constructions semblent tassées. Même si cette partie de la ville se trouve sur une colline, les bâtiments sont bien plus élevés que ceux de la nouvelle ville. À l’arrière plan, on peut voir sur la colline de Calton le monument commémorant Nelson, symbole de l’hégémonie de la Grande Bretagne. Sur la droite du tableau on distingue Arthur’s Seat et Salisbury Crags, deux collines qui se situent au sud est de la nouvelle ville.
25Malgré l’opposition architecturale entre les deux parties de la ville et la dichotomie du paysage urbain et de la nature qui l’entoure, Nasmyth, grâce à l’équilibre parfait de cette composition, offre une vision harmonieuse de l’ensemble. Si l’on divise verticalement le tableau en deux zones on constate que la vieille ville et la nouvelle ville occupent chacune la moitié du tableau. Le North bridge, construit en 1772, qui fut longtemps le seul moyen de se rendre d’un quartier à l’autre, se trouve presque au centre de la toile et sert de lien entre la vieille ville et la nouvelle ville. Si l’on divise horizontalement le tableau en deux zones, la ville occupe une moitié de la composition, sur l’autre moitié le peintre a représenté le ciel et les collines.
26Cette continuité entre les deux parties de la ville, ainsi que la fusion de la zone urbaine et de la nature, font écho à la vision de Reid
“The extent of human power is perfectly suited to the state of man, as a state of improvement and discipline. It is sufficient to animate us to the noblest exertions. By the proper exercise of this gift of God, human nature, in individuals and in societies, may be exalted to a high degree of dignity and felicity, and the earth become a paradise”...35
27Pour Nasmyth, l’ensemble de la population contribue au progrès qui permet de parvenir à cette harmonie. Sur ce tableau, le développement est symbolisé par la nouvelle ville, et surtout par le bâtiment de la Royal Institution. La nature n’est pas défigurée par le progrès, et les constructions réalisées par l’homme s’intègrent toujours harmonieusement à la nature. Ainsi, sur Inveraray from loch Fyne, le château du duc d’Argyll et la ville d’Inveraray se fondent presque dans le paysage. L’homme maîtrise la nature mais il la respecte : dans ce tableau cette domination est symboliquement représentée par la construction qui se trouve au sommet de la colline.
28Sur Edinburgh from the Calton Hill l’artiste a peint une vue en direction de l’ouest de la ville. Sur la gauche du tableau on peut voir la vieille ville dominée par la couronne de la cathédrale de Saint Giles et le château. À droite s’étend la nouvelle ville. La ville forme un ensemble harmonieux, les derniers rayons du soleil éclairent la couronne de Saint Giles, le château, la nouvelle ville et le North Bridge qui symbolise, comme sur l’œuvre précédente, la continuité entre la vieille ville symbolisant le passé, l’Ecosse indépendante et la nouvelle ville représentant le présent, l’Écosse comme composante de la Grande Bretagne. Sur ces deux tableaux, l’artiste s’est symboliquement placé dans la nouvelle ville : pour Nasmyth l’avenir de l’Écosse est indissociable de celui de la Grande Bretagne. La Grande Bretagne assurait à ce royaume la prospérité, symbolisée par la construction de la Royal Institution, alors que si l’Écosse avait préservé son autonomie politique, elle aurait été vouée au déclin à l’image des ruines du bâtiment que les ouvriers déblayent sur le tableau de View of the High Street.
29Ces compositions reflètent également les opinions politiques de l’artiste, puisque tous les hommes contribuent au progrès qui profite à l’ensemble de la communauté. Sur ce tableau, toutes les classes sociales sont représentées ; des familles d’ouvriers et des hommes vêtus élégamment se promènent ou admirent la ville. Dans cette société, détente et loisirs ne sont plus les prérogatives des nobles.
30Ces cinq paysages urbains de style néoclassique marquèrent l’apogée de la carrière d’Alexander Nasmyth, même s’il était déjà moins populaire qu’au début du dix-neuvième siècle. Ses œuvres furent effectivement critiquées dès 1821 puisqu’un article du Scots Magazine déclarait :
“Notwithstanding our respect... for this eminent artist, to whom the country has so long been indebted, we must observe, that there is a great degree of mannerism in all his productions... his trees... are all of one family ; his rocks are part of the same mountain ; his foregrounds for every scene are nearly the same. The great defect of his painting is the wont of a characteristic touch for the different objects which he represents”.36
31Lorsqu’il a peint ces vues d’Edimbourg, son style, ainsi que sa représentation de l’identité écossaise, n’étaient plus au goût du jour, la majorité des Écossais ayant accepté l’identité nationale prounioniste élaborée par Walter Scott. La Grande Bretagne garantissant la prospérité des royaumes britanniques, il était donc essentiel pour les Écossais d’affirmer leur loyauté envers l’Union parlementaire, tout en préservant une identité culturelle originale. Les peintres écossais du courant romantique ont également adhéré à la définition de Scott et ils dénoncèrent les progrès technologiques qui, sur les toiles de Nasmyth, contribuaient au bien-être de la société. En effet, les révolutions agricole et industrielle exacerbèrent les inégalités sociales et des milliers de Highlanders furent contraints à émigrer, après avoir été expulsés par les propriétaires terriens qui voulaient développer l’élevage ovin. Les paysagistes ont alors surtout représenté des paysages des Highlands, terres sauvages étroitement liées à l’histoire de l’Écosse grâce aux romans de Scott Toutefois, quelques-uns des plus grands peintres écossais du dix-neuvième siècle, tels John Thomson of Duddingston et Horatio McCulloch, ont peint des vues d’Edimbourg qui, en raison de son architecture contrastée, n’a jamais cessé d’inspirer les artistes.
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WARD Edward, A journey to Scotland giving a character of that country, the people and their manners. By an English gentleman. With a letter from an officer there and a poem on the same subject, Londres, 1699.
YOUNGSON A. J., The making of classical Edinburgh, 1750-1840, Edimbourg, Edinburgh University Press, 1966 (édition de 1988).
Certains tableaux mentionnés dans cet article peuvent être consultés sur les sites Internet suivants :
Alexander NASMYTH, Edinburgh Castle and the Nor’Loch, 1824 :
www.naesmyth.com/anasmyth004.jpg
Alexander NASMYTH, The port of Leith, 1824 :
www.naesmvth.com/anasmvth011.jpg
Alexander NASMYTH, Edinburgh from Princes Street with the Royal Institution under construction, 1825 :
www.naesmvth.com/anasmvth008.jpg
Sir Henry RAEBURN, Walter Scott, 1822 (photogravure du portrait de Raeburn) :
www.walterscott.lib.ed.ac.uk/portraits/images/raeburnphotograv.html
J. M. W. TURNER, George IV at the provost's banquet, Parliament House, Edinburgh, 1822-24 :
www.tate.org,uk/servlet/ViewWork?cgroupid=999999996&workid=14884
Sir David WILKIE King George IV, 1829 :
www.answers.com/topic/david-wilkie
Notes de bas de page
1 Auparavant il y avait eu deux centres de formation artistique en Ecosse. En 1729, quelques intellectuels et amateurs d’art, tels que le poète Allan Ramsay (1686-1758) et 1 architecte William Adam (1689-1747), avaient créé 1’Academy of Saint Luke qui ferma en 1731. À Glasgow, les imprimeurs de l’université, les frères Robert et Andrews Foulis, fondèrent en 1753 une académie des beaux-arts qui cessa d’exister en 1775.
2 J. C. B Cooksey, Alexander Nasmyth H. R. S. A 1758-1840 a man of the Scottish renaissance, 1991, p. 7.
3 Alexander Nasmyth, A view of Edinburgh taken from near St Anthony’s chapel, 1789, National Gallery of Scotland, Edimbourg.
4 Dès la seconde moitié du dix-huitième siècle, la majorité des Écossais ne s’opposait plus à l’Union parlementaire dans la mesure ou elle garantissait la prospérité économique du royaume. Comme l’affirme Christian Civardi, « l’Union est un mariage de raison... seule l’Union garantit la prospérité économique, elle seule fait rempart à l’obscurantisme des ennemis du protestantisme modéré, qu’ils soient catholiques... ou presbytériens radicaux des Basses Terres ». Or, vers 1965, l’Écosse traversa une importante crise économique et le maintien de l’Union parlementaire commença à être remis en question.
Christian Civardi, L’Ecosse contemporaine, Paris, 2002, p. 17-18.
5 Hints addressed to the inhabitants of Edinburgh fut publié peu de temps avant l’arrivée de George IV. Cet ouvrage, composé par Scott, dévoilait les différentes cérémonies qui étaient prévues pour l’occasion et donnait quelques conseils à suivre aux habitants de la ville. Parmi les réceptions en l’honneur du monarque, Scott organisa un bal où les invités durent se conformer à un code vestimentaire des plus stricts, puisqu’il précisa : « no Gentleman is to be allowed to appear in any thing but the ancient Highland costume with the exception of those in uniform ». Sir Walter Scott, By an old citizen, hints addressed to the inhabitants of Edinburgh, in prospect of his Majesty’s visit, Edimbourg, 1822, p. 26.
6 Sir David Wilkie, King George IV, 1829, the Royal Collection.
7 Alexander Carse, George IV landing at Leith in 1822, 1823, City Art Centre, Édimbourg.
8 J. M. W. Turner, George IV at the provost’s banquet, Parliament House, Edinburgh, 1822-24, Tate Britain, Londres.
9 Sir David Wilkie, The entrance of George IV at Holyrood House, 1822, 1828, the Royal Collection.
10 Sir Henry Raeburn, Walter Scott, 1822, Scottish National Portrait Gallery, Edimbourg.
11 T. M. Devine, The Scottish Nation 1700-2000, Londres, 1999, p. 235.
12 En 1798, te Board of Trustees’ créa une autre académie de dessin qui offrait une formation s'inspirant de l’enseignement dispensé à la Royal Academy. John Graham (1754-1817), qui en fut le premier maître, y forma quelques-uns des plus grands peintres écossais de la première moitié du dix-neuvième siècle.
13 Sir David Wilkie fut le deuxième peintre écossais à obtenir ce titre. Lorsque Raeburn décéda en 1823, Wilkie devint King's Limner for Scotland, puis il fut nommé Painter in Ordinary de William IV en 1830. Sir Francis Grant (1803-78) est le seul peintre écossais à avoir été élu Président de la Royal Academy.
14 Martin fut tout d’abord influencé par les tableaux de Ramsay ; à la fin de sa carrière il s’inspira des portraits de Raeburn, qui devint rapidement l’artiste le plus populaire en Ecosse.
15 James Nasmyth, James Nasmyth engineer an autobiography, Londres, 1897, p. 40.
16 James devint ingénieur. Il fut le seul enfant d’Alexander Nasmyth à ne pas être peintre de paysages.
17 J. Nasmyth, James Nasmyth..., op. cit, p. 45-47.
18 Alexander Nasmyth, Inveraray from loch Fyne showing the proposed lighthouse for the quay at Inveraray and the alterations to the church, 1801, collection privée.
19 Le portraitiste construisit ces deux rues sur la propriété dont son épouse avait hérité après le décès de son premier mari, le comte Leslie.
20 J. Nasmyth, James Nasmyth..., op. cit, p. 42.
21 Les Écossais tentèrent de créer une colonie sur l’isthme de Darién, mais ils perdirent tout l’argent qu'ils avaient investi dans ce projet - près de 153 000 livres sterling - après que les colons écossais furent massacrés par les Espagnols qui occupaient déjà cette région.
22 A. J Youngson, The making of classical Edinburgh, 1750-1840 (1966), Edimbourg, 1993, p. 24.
23 Tobias Smollett, The expedition of Humphry Clinker (1771), Hertforshire, 1995 p. 218.
24 Robert Fergusson (1750-74) composa Auld Reikie, poème célébrant sa ville natale et ses odeurs :
Auld Reikie will at mornin smell :
Then, with an inundation big as
The bum that’neath the Nor’ Loch brig is,
They kindly shower Edina’s roses,
To quicken and regale our noses.
Robert Fergusson, « Auld Reikie », The works of Robert Fergusson, Edimbourg, 1970, troisième strophe, vers 4-8, p. 341.
25 Henry Grey Graham, The Social Life of Scotland in the Eighteenth Century, Londres, 1969, p. 83.
26 T. Smollett, The Expedition..., op. cit, p. 204.
Dans l’ouvrage consacré au séjour qu’il effectua en Ecosse à la fin du dix-septième siècle, Edward Ward critiqua la saleté des Écossais et l'insalubrité de la capitale :
if the Air was not pure, and well refined by its agitation, it would be so infected with the Stinks of their Towns, and the Streams of their nasty inhabitants, that it would be pestilential and destructive... their Cities are poor and populous, especially Edenborough, their Metropolis, which so well suits with the Inhabitants, that one Character will serve both, viz. High and Dirty. The Houses mount seven or eight Stories high, with many Families on one Floor, one Room being sufficient for all Occasions, Eating, drinking, Sleeping, and Shit_... 1 have been in an Island where it was difficult to tread without breaking an Egg ; but to move here, and not to murder a T_ is next to an impossibility... the Town is like a double Comb (an Engine not commonly known amongst them) one great Street, and each side flock’t with narrow Allies, which I mistook for Common Shores ; but the more one stirs in a T_ the more it will stink.
Edward Ward, A Journey to Scotland giving a Character of that Country, the People and their Manners. By an English Gentleman, with a Letter from an Officer there and a Poem on the same Subject, Londres, 1699, p. 5-6.
27 Cité dans A. J. Youngson, The making...,, op. cit, p. 4.
28 Linda Colley, Britons forging the nation 1707-1837, Londres, 2003, p. 123.
29 La place fut finalement appelée Charlotte Square, en l'honneur de la reine Charlotte, épouse de George III.
30 Alexander Nasmyth, Edinburgh from Princes Street with the Royal Institution under construction, 1825, National Galleries of Scotland, Edimbourg.
31 Alexander Nasmyth, Edinburgh from the Calton Hill, 1825, Clydesdale Bank.
32 Alexander Nasmyth, Edinburgh Castle and the Nor’Loch, 1824, National Gallery of Scotland, Édimbourg.
33 Alexander Nasmyth, View of the High Street, Edinburgh, and the Lawnmarket, 1824, the Royal Collection.
34 Alexander Nasmyth, The port of Leith, 1824, City Art Centre, Édimbourg.
35 Cité dans Duncan Macmillan, Painting in Scotland : the golden age, Oxford, 1986, p. 145.
36 Cité dans John Morrison, Painting the Nation : Identity and Nationalism in Scottish Painting, 1800-1920, Edimbourg, p. 81.
Auteur
A. T. E. R et doctorante à l’université Stendhal Grenoble 3. Dans sa thèse elle traite de la naissance et de l’épanouissement de l’école écossaise de peinture entre 1707 et 1843. Elle s’intéresse particulièrement au contexte économique, politique et culturel dans lequel cette école a émergé ainsi qu’à la spécificité de l’art pictural écossais aux dix-huitième et dix-neuvième siècles.
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