Vision et révision de la mort volontaire dans la littérature irlandaise contemporaine
p. 47-61
Texte intégral
1Au début de son épopée homérique, Léopold Bloom assiste à l'inhumation de Paddy Dignam et rejoint Dedalus, Martin Cunningham et M. Power dans la voiture mortuaire. Les personnages déplorent la disparition de leur ami, décédé d'une crise cardiaque, et une conversation s'engage alors sur les différentes façons de mourir :
-But the worst of all, Mr Power said, is the man who takes his own life.
Martin Cunningham drew out his watch briskly, coughed and put it back.
- The greatest disgrace to have in the family, Mr Power added.
- Temporary insanity, of course, Martin Cunningham said decisively. We must take a charitable view of it.
- They say a man who does it is a coward, Mr Dedalus said.
- It is not for us to judge, Martin Cunningham said.
Mr Bloom, about to speak, closed his lips again... They have no mercy on that here or infanticide. Refuse christian burial. They used to drive a stake of wood through his heart in the grave. As if it wasn't broken already. Yet sometimes they repent too late. (Joyce, 98)
2En effet, à partir du Vème siècle, divers conciles de l'Église catholique décrétèrent qu'aucun suicidé ne pouvait recevoir de sépulture chrétienne, puisqu'il avait enfreint le commandement divin, et même si le droit anglais permettait de l'ensevelir dans un cimetière depuis 1820 et parfois autorisait la célébration d'un office religieux, il n'en était rien en Irlande : cet interdit est évoqué dans un roman récent, The High Road, dont la narratrice, Anna, refuse de se tuer car elle ne serait pas admise dans le petit cimetière derrière l'église qu'elle aime tant.
3Dans un pays tel que l'Irlande, tout acquis à la morale catholique, la mort volontaire est évidemment l'objet d'une certaine réprobation sociale car elle est considérée comme une insulte non seulement à Dieu, qui donne la vie, mais aussi à la société qui pourvoit au bien-être de ses membres. Elle met en échec les institutions et revêt, dans la religion chrétienne, un aspect de malédiction, de trahison, à l'image de Judas qui se pend après avoir livré son maître. Elle est alors perçue comme le résultat d'une tentation diabolique ou une manifestation de la folie, comme le déclare sans ambages Martin Cunningham1. Justice civile et justice ecclésiastique collaborent dans la répression tant et si bien que jusqu'en 1970, les statistiques des suicides en Irlande sont parmi les plus basses d'Europe. Rappelons que la répression est impitoyable : outre le refus d'inhumation en terre consacrée et la damnation éternelle, le supplice du cadavre et la confiscation des biens s'ensuivent dès lors que le suicide est prouvé. Aussi, tout est mis en œuvre, dans la mesure du possible, pour masquer des suicides en accidents, ce qui explique partiellement ces chiffres, mais la raison principale n'en est pas moins à relever dans le discrédit jeté par un catholicisme omniprésent sur une pratique qualifiée de lâche.
4Toutefois, une grande distance sépare la sociologie de la littérature. Durkheim, dans son essai de 1897, constate qu'un des suicides les plus improbables est celui d'Emma Bovary puisque celle-ci est "une femme, jeune mariée, mère d'un enfant, rurale et catholique : elle cumulait les traits dont Durkheim a montré qu'ils constituaient les facteurs les plus efficaces de préservation du suicide" (Baudelot et Establet, 82). L'éminent sociologue en conclut que les suicides littéraires sont des suicides d'exception. Certes, rares sont les Irlandaises qui, à l'image de Deirdre, se poignardent pour rejoindre leur amant dans l'au-delà, mais il est intéressant de constater que si le suicide est exceptionnel dans la société irlandaise jusque dans les années 1970, il ne l'est absolument pas dans la littérature. En effet, la question est traitée par ses plus grands auteurs qui, bien que préservant leur indépendance intellectuelle de tout endoctrinement religieux, revêtent, rétrospectivement, des allures de visionnaires, voire de prophètes : en effet, la courbe des suicides littéraires tout au long du XXè siècle prépare et devance celle des statistiques de la société irlandaise d'aujourd'hui. Comme le constate Didier Lassalle dans son article "Les Statistiques du suicide en République d'Irlande sur la période 1978-1990" :
Les taux du suicide officiels enregistrés en Irlande sont restés très bas jusqu'au début des années 1970, puis ont augmenté régulièrement par la suite, passant de 1,7 pour 100. 000 habitants en 1970 à 9 pour 100. 000 en 1991. Les taux irlandais sont désormais comparables à ceux des pays voisins2.
5Il semblerait donc que la littérature irlandaise se veuille résolument réaliste, puisqu'elle vise à décrire - le cas échéant à prévoir - la réalité sociale telle qu'elle est, ou telle qu'elle sera, avec le souci permanent, cher à Flaubert, de ne pas s'écarter des généralités probables3. Dès lors, peut-on considérer que la littérature reflète la société ? Ou ne serait-ce pas plutôt la société qui se montrerait influencée par les écrits dont elle dispose ? La fin du XVIIIè siècle ne vit-elle pas des jeunes se donner la mort suite à leur lecture de Werther ? Le phénomène fut à tel point significatif qu'il suscita même l'invention du terme werthermania. Par conséquent, nous sommes en droit de nous demander dans quel sens joue l'effet de mimétisme. Les parutions actuelles semblent nous mettre en contact immédiat avec la société telle qu'elle est : dans les œuvres fictives de ces deux dernières décennies, les personnages abrègent allègrement leurs jours.
6Cette généralisation du phénomène de la mort volontaire dans la littérature illustre également l'éternel conflit opposant la société au personnage : celui-ci, refusant les limites qu'elle impose à ses satisfactions, se montre constamment en quête d'un surcroît de liberté que la collectivité se défend d'accorder. En outre, il semble que les personnages fictifs se complaisent à braver ces interdits sociaux, à accomplir des actes que la société condamne encore. Par conséquent, nombreux sont les cas de felo de se : est considéré comme "félon de soimême" tout suicidé jugé responsable de son acte. Cette terminologie latine Felo de se est le titre symptomatique d'un recueil de nouvelles d'Aidan Higgins, paru en 1960, dans lequel plusieurs suicides peuvent être dénombrés.
7En outre, la fiction irlandaise se montre doublement subversive dans la mesure où la décision de se supprimer n'y est pas réduite à un acte de lâcheté : elle est, au contraire, fréquemment dépeinte comme une preuve de courage. Niant la réprobation cléricale à l'encontre des suicidés, la littérature prend, une fois encore, le parti des faibles, des opprimés, de la masse laborieuse et souffrante : se donner la mort, ce n'est pas nécessairement capituler devant l'épreuve, mais aussi acquérir la suprême maîtrise, celle de l'homme sur sa propre vie. La tombe peut être une retraite légitime et sûre pour l'amant qui ne peut partager la vie de l'être aimé. Telle est l'opinion des protagonistes de la fin du XIXè siècle, ère de la décadence, durant laquelle l'homicide de soi était une pratique fréquente en Europe : The Picture of Dorian Gray, paru en 1891, recense le suicide par empoisonnement de Sibyl Vane, l'actrice abandonnée par le protagoniste au chapitre 8 du roman, mais aussi et surtout celui de Dorian Gray lui-même dans l'ultime chapitre. Le dandy se donne la mort en poignardant son propre portrait. Le meurtre de sa propre image est, sur le plan symbolique, un suicide. Du reste, ce dernier n'est peut-être rien d'autre qu'une destruction de l'image imposée par la société, ou encore par Dieu, par le diable ou par le père... Dans ce roman, les personnages sont dotés de sentiments passionnés et d'une liberté plus grande qui leur laisse le choix de faire ce que la société victorienne réprouve. Deux ans plus tard, en 1893, Oscar Wilde écrit Salomé. Cette pièce met en scène un suicide : celui de Narraboth, l'esclave de la fille d Hérodiade, qui met un terme à son existence lorsqu'il voit celle qu'il aime baiser la bouche du Baptiste.
8À l'aube de notre siècle, une figure emblématique de la mythologie celtique ressurgit sous la plume de Yeats en 1907, de Synge en 1910 : Deirdre, amoureuse de Noyse, préfère la mort plutôt que d'être séparée de son amant et commet l'irréparable. Dans le mythe originel, l'héroïne - dont le nom signifie "danger" - se donne la mort en se jetant du chariot la transportant à Tamar où le prince norvégien doit la prendre sous sa protection. Les drames qu'a suscité cette légende ont donc non seulement modifié la cause du suicide de Deirdre, mais aussi le moyen : en effet, la maîtresse de Noyse se poignarde ostensiblement dans la pièce de Synge. En outre, Deirdre of the Sorrows reproduit cet acte puisque Owen, espion de Conohor, se tranche la gorge à la fin de l'acte II. Chez Yeats, en revanche, le suicide n'est pas véritablement mis en scène : il s'opère dans une grande discrétion, derrière le rideau. Yeats semble préférer l'allusif au spectaculaire et la sagesse ne se donne pas en spectacle : "It is but wisdom to do willingly/What has to be" (Yeats, 199). En revanche, chez Synge, l'acte fatal naît de la folie : Deirdre est qualifiée de folle en délire (raving) par Conohor juste avant qu'elle ne se plonge le couteau dans le coeur. Owen, lui, est décrit comme un fou furieux : "It's Owen's gone raging mad", dit Lavarcham (Synge, 203). De même, dans les dernières pages du roman de Wilde, celui qui s'apprête à s'expédier dans l'autre monde ne laissera de lui que le souvenir d'un homme fou : "The world would simply say that he was mad" (Wilde, 1891, 203).
9C'est à partir du XVIIème siècle que le suicide est souvent masqué par la folie, ce qui permet au défunt d'être inhumé chrétiennement. En outre, partout en Europe, les juristes dénoncent le caractère barbare des exécutions de cadavres enterrés dans les carrefours, le coeur transpercé d'un épieu de bois. Aussi leur conception de plus en plus large de la "folie" ouvre des brèches dans le mur pénal4. Ce traitement de faveur des hommes de loi permet, en particulier, à la noblesse d'échapper aux sanctions. Dans Hamlet (1600), le fossoyeur qui creuse la tombe d'Ophélie ne remarque-t-il pas : "If this had not been a gentlewoman, she should have been buried out of Christian burial"5. Par la suite, des circonstances atténuantes sont trouvées : le suicide est déguisé en accident. C'est le cas du père de Bloom : "Verdict : overdose. Death by misadventure. The letter. For my son Leopold" (Joyce, 98). Le narrateur juxtapose de façon ironique la lettre à l'"accident" dont la soudaineté donne rarement le temps de laisser des écrits... La dite lettre, du reste, dissipe toute incertitude relative aux motivations de Rudolph Bloom :
Tomorrow will be a week that I received... it is no use Leopold to be... with your dear mother... that is not more to stand... to her... all for me is out... be kind to Athos, Leopold... my dear son... always... of me... das Herz... Gott... dein... (Joyce, 644)
10Son style elliptique souligne l'étranglement de l'angoisse et l'esprit perturbé de l'homme qui s'apprête à "franchir le pas". Rudolph Bloom, né Virag, meurt en effet le 27 juin 1886 dans une chambre du Queen's Hotel à Ennis, comté Clare, des suites d'une dose trop forte d'aconit prise sous la forme d'un antinévralgique.
11Par la suite, le geste fatal peut être déculpabilisé par la psychanalyse qui voit dans cette brutale pulsion de mort le signe d'un fonctionnement psychique vulnérable. Dans le roman de Patrick McCabe, The Butcher Boy, par exemple, la mère de Francie Brady, narrateur adolescent atteint de démence, est repêchée au fond d'un lac. Le lecteur est autorisé à se poser des questions sur la santé mentale de cette femme au vu, d'une part, du fils qu'elle a engendré et, d'autre part, du comportement de celle-ci dans sa maison où elle ne cesse d'écouter une même chanson, "The Butcher Boy", dans laquelle une jeune fille se donne la mort pour avoir été trompée par son bien-aimé : "He went upstairs and the door he broke he found her hanging from a rope !" (McCabe, 19) La folie disculpe en quelque sorte le suicidé et constitue un exutoire fort commode pour les familles : l'idée selon laquelle le suicide est un cas de folie, ou la preuve d'un mauvais fonctionnement physiologique, relève donc de la médecine beaucoup plus que de la justice ou de la religion. C'est délibérément que Marie-Louise, protagoniste du roman de W. Trevor, Reading Turgenev, intègre l'asile car elle souhaite se consacrer entièrement au souvenir des moments vécus avec son cousin bien-aimé. Elle passe seize années de sa vie retirée dans cet institut, ce qui se rapproche, symboliquement, d'une mort volontaire.
12Toujours sur un plan symbolique, Kate, l'héroïne de la trilogie d'Edna O'Brien, après avoir été cloîtrée dans un couvent et s'être mariée, se fait stériliser, ce qui est encore, indirectement, un refus de la vie. A défaut de donner la mort, elle refuse de transmettre la vie, pour supprimer, comme elle l'avoue, le risque de commettre à nouveau la même erreur6, l'erreur de mettre au monde un enfant qu'elle ne peut même plus voir puisque son mari le lui interdit. De manière générale, toute la fiction d'Edna O'Brien est parsemée de suicides. Elle transcrit la lancinante détresse féminine qui disparaît dans les eaux. Au septième chapitre de la trilogie, la mère de la narratrice est retrouvée noyée avec son amant. Le suicide est déguisé en accident. La narratrice elle-même meurt de façon identique : l'épilogue des Country Girls présente Baba, l'amie fidèle, attendant avec angoisse le cercueil de Kate. La narration se fait désormais par l'intermédiaire de sa voix :
I'm praying that her son won't interrogate me, because there are some things in this world you cannot ask, and oh Agnus Dei, there are some things in this world you cannot answer. (O'Brien, 1960, 532)
13Le voile du silence recouvre l'interdit du suicide. Citons encore la narratrice de Night qui se voit constamment poussée à vivre par son amie Madge alors qu'elle n'en a plus la moindre envie, ou encore Miss Davitt, l'institutrice de A Pagan Place, considérée elle aussi comme folle et qui se jette dans un lac lors de son transfert pour l'asile. Elle a pris soin, au préalable, de garnir ses poches de pierres pour atteindre plus vite le fond. Chez Edna O'Brien, le suicide est toujours féminin et accompli dans l'élément liquide. Ici encore, l'échantillon semble représentatif d'une réalité puisque 37 % des suicides féminins en Irlande sont des noyades (Lassalle, 147). La femme se prend à rêver de ses derniers instants sur lesquels Kate anticipe en un monologue : "If only she had the decency to kill herself. Water was the gentlest way to suicide. It merely meant stepping off the path onto another path that was equally blurred by mist" (O'Brien, 1960, 447).
14Ces blessées de l'amour préfèrent la douceur d'Ophélie à la violence de Deirdre. Du reste, Bachelard, dans son essai L'Eau et les Rêves, perçoit la mort dans les eaux comme "la plus maternelle des morts" (100) et l'œuvre d'Edna O'Brien illustre parfaitement cette caractéristique puisque celles qui choisissent le suicide sont précisément des femmes en manque d'enfant ou des mères non épanouies qui ne peuvent jouir de leur progéniture aussi souvent qu'elles le souhaiteraient. L'eau même est maternelle : elle nous porte, nous berce, nous endort et nous rend notre mère. Bachelard le dit clairement : "Sentimentalement, la nature est une projection de la mère". Il cite Madame Bonaparte : "La mer est pour tous les hommes l'un des plus grands, l'un des plus constants symboles maternels" (Bachelard, 133).
15Dans un autre roman, The Invisible Worm de Jennifer Johnston, la protagoniste, Laura Quinlan, associe étroitement les éléments marin et maternel puisque sa mère, apprenant la relation incestueuse liant son époux à sa fille, choisit de disparaître au milieu des flots. Au tabou de l'inceste se superpose ici celui du suicide. En outre, à l'instar de Cathleen Brady, dans la Country Girls Trilogy, Laura est tentée de répéter l'acte fatal de sa mère, mais l'énergie lui manque. Aussi demeure-t-elle dans un état de dépression latente et souffre d'une perpétuelle soif des eaux maternelles : "I long for the safe, lapping waters of the wombs" (Johnston, 125). La noyade volontaire est bien le destin de la femme trahie, de celle qui souhaite se fondre dans les insondables ténèbres sous-marines et y enfouir son amour blessé, sa honte, sa culpabilité. Le plus maternel des quatre éléments ouvre ses bras protecteurs et dénonce tacitement la cruauté de l'infidélité masculine. "La mer emporte tout ce que l'homme a de mauvais"7. Elle lave les impuretés et les blessures du monde.
16Dans Soleil Noir, Julia Kristeva analyse ces figures de la dépression féminine et note que
la perte de l'objet érotique (infidélité ou abandon de la part de l'amant ou du mari, divorce etc.) est ressentie par une femme comme une attaque contre sa génitalité et équivaut, de ce point de vue, à une castration. Immédiatement, une telle castration entre en résonance avec la menace de destruction de l'intégrité du corps et de son image ainsi que de la totalité de l'appareil psychique. (92)
17Or, existe-t-il une forme plus totale de destruction physiologique et psychique que le suicide ?
18Cette perte de l'objet érotique provoquant le suicide d'amour, dont l'accomplissement vise à prouver la sincérité du sentiment, atteint toutes les classes sociales dans la littérature. En revanche, ce sont le plus souvent les femmes qui se donnent la mort par amour. Chez les hommes, la décision de se supprimer résulte plutôt d'un constat de honte consécutif à un crime. Du reste, il est intéressant de noter que ces suicides n'ont pas lieu en Irlande, mais à l'étranger (Cf. E. Bowen, A House in Paris, W. Trevor Felicia's Journey, C. Toibin, The South).
19Enfin, d'autres personnages, bien qu'ils aient des idées suicidaires, demeurent en vie sans savoir pourquoi, peut-être par pure léthargie, par lassitude ou par habitude de vivre. C'est le cas de ces Irlandais détenus, protagonistes de Banville, Behan ou Wilde :
While I was in Wandsworth prison I longed to die. It was my one desire. When after two months in the infirmary I was transferred here, and found myself growing gradually better in physical health, I was filled with rage. I determined to commit suicide on the very day on which I left prison. After a time that evil mood passed away, and I made up my mind to live, but to wear gloom as a king wears purple : never to smile again : to turn whatever house I entered into a house of mourning : to make my friends walk slowly in sadness with me : to teach them that melancholy is the true secret of life : to maim them with an alien sorrow : to mar them with my own pain. Now I feel quite differently. (Wilde, 1927, 46-47)
20L'instinct de survie semble plus fort que les excès d'accablement. Le narrateur sous-entend que le temps l'a rendu raisonnable. Il avoue plus loin que sa captivité lui fut enrichissante dans la mesure où elle lui apprit le sens de la douleur. Il n'en va pas de même du protagoniste de Ghosts qui, lui, s'étonne, a posteriori, de ne jamais avoir eu le projet de se tuer :
Strange : I never seriously considered doing away with myself, even in prison, where regularly fellows were found strung up by ropes of knotted bedsheets from the waterpipes in their cells. But what did I have to lose now, that I had not lost already, except life itself, and what was that worth, to me ? Cowardice, of course, plain funk, that was a stalwart that could be counted on to keep me dragging along, but there are times when even cowardice must and does give way to stronger, irresistible forces. Yet I knew I would not do it ; not even for a moment did I think I might. Was it that in a way I was already dead, or was I waiting for some new access of life and hope? Life! Hope! And yet it must have been something like that that kept me going. (Banville, 194-195)
21Une telle approche de la vie est également illustrée par ces captifs de la monotonie que sont les personnages de Beckett ou de McGahern. Malone se laisse mourir sans précipiter le cours du destin. Les personnages de la fiction de McGahern souffrent également de cette tristesse hypocondriaque sans véritable objet. Leur philosophie de la vie, leur silence, leur solitude trahissent une profonde mélancolie, voire une indubitable propension à la dépression. Abattu, blasé, passif, le personnage mcgahernien a perdu le goût de vivre car il n'a pas vu ses espoirs se réaliser8. Rongé par ce qui aurait pu être et n'a pas été, il est miné par la rancoeur et la rancune. Incapable d'oublier, il ne se révolte plus mais endure silencieusement, avec indifférence. Néanmoins, il n'envisage jamais concrètement le suicide : "Life... had as much reason to go on as stop" (McGahern, 1992, 10). Rares sont les suicides "philosophiques", c'est-à-dire motivés par un dégoût de la vie, un sentiment de l'absurdité et du mal de l'existence. Même si l'homme reconnaît ces raisons, il ne passe pas à l'acte. Peut-être est-ce le fruit de son éducation, de la pression sociale et de l'autorité cléricale. Se donner la mort n'est pas une meilleure idée que d'avoir reçu la vie : "once alive it is better to go on than die, the best not to have been born at all" (McGahern, 1978, 23-24). Cette remarque se fait l'écho d'un lancinant leitmotiv omniprésent dans la littérature irlandaise : le regret d'être né.
22L'homme, en proie à la détresse, se demande pourquoi la vie a été donnée à ceux pour qui elle se montre si amère. Lorsque l'épreuve insupportable est infligée à l'innocent, celui-ci préfère, comme le dit Dostoïevski dans Les Frères Karamazov, "rendre son billet d'entrée". Puisqu'il n'a pas été consulté pour être produit à la lumière, il croit pouvoir aussi s'en priver sans demander l'avis de personne. C'est cette approche de la souffrance qui fait dire à Cioran, apôtre de la vacance, dans un essai intitulé de façon symptomatique De l'Inconvénient d'Etre Né : "La véritable, l'unique malchance : celle de voir le jour" (17). Pour le nihiliste accompli, il y a tricherie, imposture à la base, et le crime parfait reste évidemment la procréation. L'idéal serait donc de tout défaire, tout dé-créer, acquérir le "jamais né", demeurer dans un état d'existence potentielle. Par conséquent, que doit-on faire ? À quoi bon se donner la mort puisqu'on se suicide toujours trop tard ? "Ne faisons rien et n'allons nulle part" (Cioran, 21). C'est la philosophie du non-être, du journey to nowhere évoqué dans une nouvelle de McGahern.9 C'est le désir baudelairien de Yanywhere out of the world, de l'hors-monde, de l'horstemps, la nostalgie du temps d'avant le temps, du temps où le temps n'était pas encore... N'être pas né, c'est la porte ouverte à la liberté, à l'espace, au bonheur, car cette retraite vers le pré-natal participe non seulement de la fuite, mais aussi de la quête. "Not to be, not to be : the old cry", déclame le protagoniste de Ghosts (Banville, 221), reformulant ainsi la question fondamentale : to be or not to be. Cet ancien forçat reconnaît : "Sometimes I think that satyr, what's-his-name, was right : better not to have been born, and once born to have done with the whole business as quick as you can (Banville, 182)."Ce vieux satyre", c'est Silène, divinité grecque, père nourricier de Dionysos, capturé par le roi Midas de Phrygie auquel il dévoile le secret de la vie humaine : la meilleure chose pour un homme est de ne pas naître, et la suivante de mourir le plus tôt possible. Dans une nouvelle de Mary Lavin, un personnage admet : "Il y a eu bien des fois où je me suis dit que ça ne serait pas une mauvaise chose que de ne pas naître du tout !" (Lavin, 128).
23L'entrée dans la vie demeure néfaste dans la conscience humaine, d'autant plus qu'elle ne semble pas laisser de place : "Je me demandai ce qu'il valait mieux : que je retourne là-bas ou que je reste ici, voire que je ne sois pas né", s'interroge Donald Gore dans le roman de Neil Jordan Sunrise with Sea Monster (198). La vie se montre à tel point cruelle pour Catalina, protagoniste de The High Road, qu'elle eût également préféré ne pas venir au monde :
She believed that she knew the exact moment when she was conceived, that she was there then, there for the gasp and for the magnitude of it but that she had not wanted to be conceived or to be born. (O'Brien, 1988, 112)
24Rien d'étonnant à ce que ce soient essentiellement les personnages tentés par le suicide qui déplorent leur propre naissance. Ne pas naître leur aurait épargné les épineux cas de conscience que soulève cette décision lourde de conséquences. Le glissement s'opère généralement entre la malédiction de la naissance et la décision d'en finir pour de bon. Le traître de l'évangile se pend après avoir entendu la malédiction du Christ : "Malheur à cet homme-là par qui le Fils de l'homme est livré ! Mieux eût valu pour cet homme-là de ne pas naître ! (Marc, 14/21). Dans Johnny I Hardly Knew You, la narratrice invective celle qui l'a mise au monde : "I'm going to rail against God and man. I'm going to curse the womb that carried and later bore me and the bottle that gave me suck".
25Cette volonté de n'être pas né ou d'être au néant, en suspens dans un état de pure probabilité, relève d'une tradition qui s'apparenterait presque à une utopie. Elle signifie que l'homme est fait pour le néant, que sa vie n'est qu'un accident, un pur effet du hasard, aussi aspire-t-il à réintégrer le néant qui l'attend, la période post-létale ne se différenciant pas du néant pré-natal. Le suicide n'est-il pas l'espoir de trouver le commencement dans la fin ? "In my end is my beginning", dit un vers de T. S. Eliot que McGahern aime à citer10. Du reste, les anciens associaient déjà l'au-delà au temps précédant notre naissance : "Toutes les affaires des hommes ressemblent à leurs débuts et leur vie n'est pas plus respectable ni plus sérieuse que leur conception : nés de rien, ils retournent au néant"11.
26Dans la période intermédiaire qu'est la vie, lors de son premier entretien avec Endon, Murphy, dans le roman éponyme de Beckett, perçoit déjà quelque chose de ce néant, dans la mesure où il parvient à voir le Rien, "ce Rien dont disait le farceur d'Abdère [Démocrite] que rien n'est plus réel"12. Ce même Démocrite avait affirmé que rien n'existe, sinon le vide et les atomes. En proie au regret d'être né et en prise directe avec l'absurdité de l'existence, certains personnages de Murphy aspirent à réintégrer le néant et optent pour le suicide. "Le suicide, aspiration vers le néant, est une solution à l'absurde", déclare Camus dans Le Mythe de Sisyphe (19). Or l'absurde, c'est ce qui n'a pas de sens, ce qui est vide de toute signification.
Dans certaines situations, répondre "rien" à une question sur la nature de ses pensées peut être une feinte chez un homme. Les êtres aimés le savent bien. Mais si cette réponse est sincère, si elle figure ce singulier état d'âme où le vide devient éloquent, où la chaîne des gestes quotidiens est rompue, où le cœur cherche en vain le maillon qui la renoue, elle est alors comme le premier signe de l'absurdité. (Camus, 25)
27Se suicide celui pour qui la seule réalité semble être le néant, celui pour qui rien n'a de sens. Le pessimisme qui mène au suicide est, bien entendu, un sentiment d'imperfection, foncièrement négatif, et la négativité est étroitement liée au nihilisme. Le pessimisme préfigure le nihilisme. Il trouve son expression dans la passivité ou du mutisme : Murphy n'agit plus, ne parle plus. Assis dans son fauteuil, il ne se complaît que dans le silence et l'obscurité :
- Il était passé dix heures quand Celia arriva dans l'impasse. La fenêtre n'était pas éclairée, mais cela ne lui causa aucune inquiétude, car elle connaissait bien son goût pour l'obscurité. (Beckett, 1938, 24)
- Nul bruit ne venait de sa chambre, mais cela ne lui causa aucune inquiétude, car elle connaissait bien son goût pour le silence.(Beckett, 1938, 25)
28Silence, obscurité et solitude tendent vers le néant absolu qui est atteint par la mort. Dans son essai au titre éloquent L'Être et le Néant, J. P. Sartre définit l'homme comme "l'être par qui le néant vient au monde" (59). C'est l'homme qui introduit le néant dans la vie, dans sa propre existence. Selon Bergson, ce vide est moteur de toute action humaine qui "a son point de départ dans un sentiment d'absence" (297). Aussi allons-nous constamment du vide au plein. Murphy se montre existentialiste avant l'heure en jugeant l'existence comme absurde car attirée par le néant. Le néant a, en effet, le dernier mot, le roman se terminant en anglais par all out. Il en va de même du suicide du père de Bloom : "No more pain. Wake no more. Nobody owns". (Joyce, 99) Du reste, des auteurs tels que Beckett ou McGahern ne mettent-ils pas ce néant constamment en évidence, par le biais du non-dit ou des formes elliptiques qui parsèment leurs écrits ? Le néant existentialiste y est en effet dédoublé de structures reflétant ce vide, mettant en valeur ce manque.
29Dans sa pièce En attendant Godot, Beckett relativise et dédramatise cette situation, terrible dans son absurdité et constamment génératrice de mélancolie : le spectateur qui rit s'y montre capable de se moquer de son angoisse et de la dompter du moins en partie. Lié à l'angoisse universelle de l'homme face à la mort, le rire de l'humour noir triomphe d'elle et sort vainqueur. On peut trouver cette forme d'humour typiquement irlandaise : "L'Irlande s'est inventé une forme d'esprit très spécial, nécessairement caustique et amer, puisque c'est la seule arme permise aux opprimés"13.
30L'humour noir de la pièce de Beckett atteint des sommets lorsque Vladimir et Estragon font l'amer constat qu'il leur est impossible de se pendre puisque la ficelle dont ils disposent n'est pas assez solide. Face aux vicissitudes de la vie, le refuge dans la dérision se montre la meilleure défense imaginable. Le rire est le "signe d'une grandeur infinie et d'une misère infinie"14.
31L'unique pièce de McGahern The Power of Darkness répète en quelque sorte le tomber de rideau de la pièce de Beckett : à l'instar des deux clowns célestes, Paul, l'ouvrier saisi de remords après avoir expédié son propriétaire dans l'autre monde et forniqué avec la femme et la fille de ce dernier, maudit le jour de sa naissance, envisage de se pendre, mais la place est déjà occupée : Paddy est à l'autre bout de la corde... Ces épisodes grotesques sous-entendent que l'homme ne peut que rire de sa nature profonde puisqu'elle est immuable et prennent le contre-pied des tragédies du début du siècle. Puisque la véritable tragédie réside dans notre condition humaine, le rire de la désinvolture et de la moquerie offre une échappatoire commode. Protestation pacifique, il dénoue, détend, dédramatise, libère et rassure.
32"Wheels", la première nouvelle du recueil de McGahern intitulé Nightlines s'ouvre sur une pendaison qui n'a pas abouti :
Took to fishing out beyond Island bridge, bicycle and ham sandwiches and a flask of tea, till he tried to hang himself from a branch out over the river, but the branch went and broke and in he fell roaring for help. No use drowning naturally if you'd meant to hang yourself in the first place. (3)
33La mort volontaire est encore tournée en dérision par ce maître de l'humour noir qu'est Flann O'Brien :
The young man who had come fearing the possibility of a bad thing left the house completely convinced of the worst and cheerfully contemplating suicide. That he arrived home for his supper at the usual time was a happy intervention on the part of the moon for he had gone home by the harbour only to find that the tide was two miles out. (The Third Policeman, 93)
34Même les éléments contribuent à limiter le suicide à une menace. Aussi ces personnages grotesques, ne se résolvant pas à outrepasser leurs craintes, ou trouvant toujours un prétexte pour rester en vie, se résignent-ils à continuer leur existence tant bien que mal, lorsqu'ils ne soient pas leur souffrance dans l'alcool. Du reste, ce fléau n'est-il pas également une manière d'abréger ses jours ? Lorsque Joyce, dans ses Carnets de Trieste, définit son père comme un "suicidé à l'irlandaise", il signifie de la sorte sa déchéance dans l'alcool15. Remède à la mélancolie, l'alcool s'avère être, en Irlande, une consolation très répandue, y compris dans les milieux littéraires. Il faut dire que Dublin n'a pas toujours fait bon accueil aux hommes de lettres, comme en témoigne le destin de certaines générations. L'absence de liberté intellectuelle, une censure rigoureuse ou la simple misère ont chassé de nombreux écrivains. Joyce désignait son pays, auquel il tourna définitivement le dos, comme "une truie qui dévore ses petits". Quant à ceux qui restèrent et se révoltèrent par la parole et par la plume contre ce provincialisme étouffant, ils n'eurent guère d'audience et connurent, pour la plupart, une fin prématurée. Anthony Cronin, auteur de Dead as Doornails, évoque ses anciens compagnons de lutte : Brendan Behan, l'enfant terrible des années 1950, Patrick Kavanagh, le poète paysan, le "fou vert" et Flann O'Brien dont le chef d'œuvre At Swim Two Birds, digne de rivaliser avec l'Ulysse de Joyce, n'atteignit jamais la même célébrité : trois existences jalonnées d'espérances brisées, trois écrivains qui sombrèrent dans l'alcoolisme :
Tout le monde était désespéré de ne pas arriver à fuir ou tout simplement à survivre. L'alcoolisme est le fruit de ce désespoir. On ne buvait pas simplement pour s'amuser entre amis. On ne pouvait sortir le vendredi soir sans assister à une bagarre ; c'était la conséquence de la pauvreté, du désespoir, de l'alcoolisme aussi, car les choses étaient liées16.
35Ainsi donc, la prose irlandaise du XXème siècle est parsemée de suicides tragiques, avortés ou grotesques. Qu'elle soit exprimée ou évoquée par une violence fatale, un regret d'être né ou une mise en scène uronique, la mort volontaire n'en demeure pas moins un thème fascinant. Vu et revu, le phénomène, anticipé, reflété avec réalisme, ou encore banalisé, voire ridiculisé, permet aux auteurs de s'exprimer sur le monde social qui leur est contemporain. Yeats ou Synge, reprenant une légende célèbre, voient dans le mythe une vérité universelle, une intention pédagogique visant à instruire leurs contemporains. Il est, à leurs yeux, un moyen pour exposer du vraisemblable. Nombre d'auteurs d'obédience catholique dénoncent l'autoritarisme d'une Église qui s'immisce à tel point dans la vie privée des âmes dont elle a la charge qu'elle les culpabilise dès que pointe la tentation du geste fatal et les prive de toute liberté individuelle. Enfin, ces maîtres de l'absurde que furent Beckett ou Flann O'Brien creusèrent la brèche de la dérision, le monde étant à leurs yeux trop tragique pour être pris au sérieux. L'ampleur littéraire du phénomène dévoile une société qui a des difficultés à trouver ses marques, à établir des points de repère, à circonscrire son identité. Elle dépeint une communauté souffrante dont chaque citoyen est le digne représentant. Cette détresse se manifeste dans toutes les formes de marginalité dont la littérature irlandaise est friande aujourd'hui (Bolger, McCabe, Joseph O'Connor, Banville) et dans toutes ces variations du désespoir dont l'alcoolisme est le signe le plus flagrant. Ce thème du suicide illustre incontestablement une forme de révision sociale d'une vision littéraire, qui s'apparente davantage à une pré-vision. La littérature serait alors représentation d'un inconscient collectif. Ce qu'avaient imaginé les auteurs s'est matérialisé. L'écriture est créatrice : largement décrit dans la prose irlandaise, le suicide s'est immiscé dans la société de manière non négligeable et son extension est statistiquement prouvée aujourd'hui. Ainsi donc, peut-être un écrivain ne peut-il entrer dans la postérité que dans la mesure où sa vision de la condition humaine, dépassant largement les frontières insulaires du provincialisme, se montre universelle, extensive et se vérifie dans les générations futures...
Bibliographie
Des DOI sont automatiquement ajoutés aux références bibliographiques par Bilbo, l’outil d’annotation bibliographique d’OpenEdition. Ces références bibliographiques peuvent être téléchargées dans les formats APA, Chicago et MLA.
Format
- APA
- Chicago
- MLA
OUVRAGES CITÉS
Bachelard, Gaston, 1942. L'Eau et les Rêves. Paris : J. Corti, Poche.
Banville, John, 1993. Ghosts. London : Minerva.
Beckett, Samuel, 1938. Murphy. Paris : Ed. de Minuit.
— 1951. Malone Meurt. Paris : Ed. de Minuit.
— 1952. En Attendant Godot. Paris : Ed. de Minuit.
Behan, Brendan, 1965. Confessions of an Irish. Rebel. Dublin : B. Behan & R. Jeffs.
10.5962/bhl.title.30890 :Bergson, Henri, 1941. L'Evolution Créatrice. Paris : Quadrige, P. U. F.
Bowen, Elizabeth, (1935), 1976. A House in Paris. London : Penguin.
Camus, Albert, 1942. Le Mythe de Sisyphe. Paris : Gallimard.
Cioran, Emile Michel, 1973. De l'Inconvénient d'Etre Né. Paris : Gallimard.
Higgins, Aidan, 1960. Felo de Se. Dublin : Gill & Macmillan.
Johnston, Jennifer, 1991. The Invisible Worm. London : Sinclair-Stevenson.
Jordan, Neil, 1994. Sunrise with Sea Monster. London : Vintage.
— 1996. Lignes de Fond (Sunrise with Sea Monster). Paris : Presses de la Cité.
Joyce, James, (1992) 1973. Ulysses. London : Penguin.
— 1982. Carnets de Trieste. Paris : Gallimard (Pléiade).
Kristeva, Julia, 1987. Soleil Noir. Paris : Gallimard, Folio.
Lavin, Mary, 1985. Nouvelles Irlandaises. Caen : Centre de Publication de l'Université.
McCabe, Patrick, 1992. The Butcher Boy. London : Picador.
McGahern, John, 1992. The Collected Stories, "Wheels", "The Beginning of an Idea". London : Faber & Faber.
McGahern, John, 1990. The Power of Darkness. London : Faber & Faber.
O'Brien, Edna, (1960) 1988. The Country Girls Trilogy. London : Penguin.
— 1988. The High Road. London : Penguin.
— 1978. Johnny I Hardly Knew You. London : Penguin.
— 1970. A Pagan Place. London : Penguin.
O'Brien, Flann, 1967. The Third Policeman. London : MacGibbon & Kee.
Synge, John Millington, 1949. Poetry & Drama. " Deirdre of the Sorrows London : J. Dent & Sons Ltd.
Toibin, Colm, 1990. The South. New York : Viking.
Trevor, William, 1991. Two Lives. London : Viking.
— 1994. Felicia's Journey. London : Viking.
10.4159/harvard.9780674068049 :Wilde, Oscar, (1891) 1992. The Picture of Dorian Gray. London : Wordsworth Classics. — (1893) 1993. Salomé. Paris : Garnier Flammarion.
— 1927. De Profundis. London : Methuen & Co.
Yeats, William Butler, (1907) 1992. Collected Plays "Deirdre". Dublin : Gill & MacMillan.
Notes de bas de page
1 Lorsqu'il est interprété comme une conséquence de la folie, le geste fatal peut être alors disculpé : dans ses Confessions of an Irish Rebel, Brendan Behan relate la clémence d'un prêtre qui administre les derniers sacrements à un femme retrouvée pendue.
2 Lassalle, Didier. "Les Statistiques du suicide en République d'Irlande la période 1978-1990" in Etudes Irlandaises, XIX-1, Printemps 1994, 139.
3 Cf. Barthes, Roland & Co. Littérature et Réalité. Paris : Seuil, 1982.
4 Minois, Georges. Histoire du Suicide. Paris : Fayard, 1995, 74.
5 Shakespeare, William. Hamlet. Acte V, Scène i.
6 "At least I've eliminated the risk of making the same mistake again." O'Brien, Edna. The Country Girls Trilogy. (Hutchinson, 1960). London : Penguin, 1988, 508.
7 Euripide. Théâtre Complet. Iphigénie en Tauride. Paris : Gallimard, Pléiade, 1962, v. 1193, 830.
8 Cf. Cardin, Bertrand "Changement et Fixité dans les Nouvelles de John McGahern" in La Nouvelle Irlandaise de Langue Anglaise. Lille : P. U. Septentrion, éd. J. Genet, 1996, 159-170.
9 McGahern, "Wheèls", 6.
10 Eliot, T. S. Four Quartets. "East Coker" I, cité par J. McGahern. The Collected Stories. "Like All Other Men". Op. Cit., 280.
11 Sénèque. De la Tranquillité de l'Ame. 15,4.
12 Beckett, Samuel. Murphy. Paris : Ed. de Minuit, 1938, 176. Pour un commentaire de ce passage : cf. Genet, Jacqueline. "Formes et Chaos dans le Murphy de Beckett", Gaeliana TV, 1982,181-200.
13 Bourniquel, Camille. Irlande. Paris : Seuil "Petite Planète", 1955, 15-16.
14 Baudelaire, Charles. Œuvres Complètes. "L'Essence du Rire". Paris : Gallimard, Pléiade, 982.
15 Joyce, James. Œuvres. "Carnet de Trieste", rubrique "Pappie" (surnom donné à John Stanislaus Joyce, père de l'écrivain, par ses enfants). Paris : Gallimard, Pléiade, tome I, 1982,1668.
16 Interview d'Anthony Cronin ; soirée Théma-Arte : "L'Ile aux Trois Couleurs : l'Irlande" Oct. 1996. Reportage "L'Irlande, l'Ile aux Conteurs" (Storytellers) ; film de Barbara Dickenberger.
Auteur
Université de Caen
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Répétition, répétitions : le même et ses avatars dans la culture anglo-américaine
Jean-Paul Regis (dir.)
1991
Les fictions du réel dans le monde anglo-américain de 1960 à 1980
Jean-Paul Regis, Maryvonne Menget et Marc Chenetier (dir.)
1988
Approches critiques de la fiction afro-américaine
Michel Fabre, Claude Julien et Trevor Harris (dir.)
1998
Le crime organisé à la ville et à l'écran aux États-Unis, 1929-1951
Trevor Harris et Dominique Daniel (dir.)
2002