"La France sans les français", un rêve de D.H. Lawrence1
p. 137-153
Texte intégral
1L'ambiguïté des sentiments que Lawrence nourrissait à l'égard de la France et des Français apparaît bien dans sa réponse à une lettre de Catherine Carswell qui séjournait alors en France : "France without the French sounded perfect. I would have loved it – without the French" (Letters III, 534)2. Jamais Lawrence ne manifesta grande estime pour les Français même s'il se plaisait à imaginer qu'il avait un ancêtre français3. Pourtant, tout francophobe qu'il s'avouât, il ne savait se passer ni de la langue française dont il émaillait ses textes ni de la culture française qui le possédait autant qu'il la possédait. De la France il escompta au moins deux autres avantages : la tolérance qui allait lui permettre de publier la première édition bon marché de L'Amant de lady Chatterley à Paris en 1929 et un peu de soleil pour soigner sa tuberculose.
2L'image qu'il avait des Français, comme celle qu'il avait des Juifs4, était toute pétrie de préjugés assez communs. Pour lui, les Français étaient d'affreux matérialistes épris de bonne chère et de fausse grandeur5, qui satisfaisaient leurs appétits sexuels de manière hygiénique6. Il les voyait prisonniers de leur civilisation-musée et totalement dépourvus de créativité : "The French are essentially critics of life, rather than creators of life" affirmait-il dans son essai "The Good Man" (Phoenix, 50).
3Il est certain que pour un homme comme Lawrence, l'Entente cordiale n'avait pas fait de miracles. Elle n'avait pas totalement effacé les traces du vieil antagonisme entre la France et l'Angleterre. De surcroît, le soutien que l'Angleterre apporta à la France durant la Grande Guerre (une guerre que Lawrence abhorrait) ne fit que renforcer en lui ce tenace sentiment d'hostilité envers la "douce ennemie"7. Dans Movements in European History, il dépeint une France agressive, orgueilleuse, qui se réjouit sans vergogne de ses victoires. Dans l'épilogue du livre, il va même jusqu'à prétendre que la foi en la devise républicaine "Liberté, égalité, fraternité" ne pouvait qu'entraîner un jour un conflit européen. Il reproche donc implicitement à la France d'avoir été le grand fauteur de troubles.
4Au fond, malgré son exil et la vie cosmopolite qu'il mena, Lawrence ne se départit jamais d'une attitude très britannique vis à vis de notre pays. Au moment où il ne souhaitait rien tant que quitter une Angleterre qui lui était devenue insupportable, il écrivait à Lady Cynthia Asquith en toute lucidité : "I am English, and my Englishness is my very vision" (Letters II, 414). Pendant la guerre et dans les années qui suivirent, il vint s'ajouter à cette pointe d'inoffensive francophobie quasiment héréditaire une certaine sympathie pour l'Allemagne, la patrie de sa femme. Les Français lui apparaissent alors diaboliques : "fiendish in their victory", "very petty and stupid" (Letters III, 571). En 1920, il écrivait à ses amis les Hopkins : "The French really seem foul, and some of these trials by the Allies of condemned war-officials hideously unjust and Inquisitorial. Ah, Lord, the filthy world" (Letters III, 450). En 1921, il continuait à dénoncer la collusion entre l'Angleterre et la France : "a mob unison [...] founded on the lowest interests and the lowest passions of greed and spite" (Letters III, 680). Jusqu'alors, il n'avait eu aucun contact avec le pays. Et lorsqu'il le connut mieux, il ne fut pas toujours plus tendre avec celle qu'il appelait cette maudite France ("that beastly France", Letters IV, 180).
5Il avait traversé le pays pour la première fois en novembre 1919 sans s'y arrêter alors qu'il se rendait en Italie. Son premier séjour date de 1924 (il avait alors 38 ans). Il passa 20 jours dans la région parisienne, si l'on compte la visite de Versailles et de Chartres à son retour d'Allemagne via Strasbourg. Versailles lui déplut tout autant que Paris. Il ne dit mot de Chartres dans ses lettres. C'est à cette époque qu'il rédigea sa "Paris Letter" pour The Laughing Horse ainsi que sa nouvelle "The Border Line" dans laquelle il évoque le site affreux des batailles de la Marne :
The ghastly Marne country, century after century digging the corpses of frustrated men into its soil. The border country, where the Latin races and the Germanic neutralise one another in horrid ash (Complete Short Stories, 593).
6Il passa à Paris pour aller à Lausanne à la fin septembre 1926. En juin 1928, déjà très atteint par la maladie, il fit une excursion dans les Alpes françaises avec ses amis peintres les Brewster et, avant de descendre dans le midi en octobre, revisita la cathédrale de Strasbourg qu'il admirait entre toutes. En quête de cieux plus cléments, il passa alors un mois au Lavandou et à l'Ile de Port Cros et quatre mois à Bandol. Une visite de quinze jours à Paris au printemps 1929 lui permit de préparer la publication de l'Amant de lady Chatterley. Après quelques errances, son mauvais état de santé le contraignit à revenir à Bandol et à Vence8 pendant les cinq derniers mois de sa vie. Néanmoins, jusqu'à la fin, il espéra repartir ailleurs, loin de l'Europe qu'il tenait pour responsable de sa détérioration physique et psychique. "Europe is slowly killing me, I feel", disait-il dans une lettre du 6 janvier 1930 à Mabel Luhan.
7En tout, Lawrence avait passé presque un an en France et sans enthousiasme particulier. Il n'y avait pas jusqu'à son chat français qui ne lui inspirât des sentiments mitigés : "I never knew a French cat before – sang-froid, will of his own, aimable, but wasting no emotion. I like him very much but I don't love him" (Letters, Moore, 1209). La remarque valait quasiment pour les Français de l'espèce humaine. En fait, les jugements de Lawrence étaient susceptibles de variations considérables selon le moment, ses humeurs, son état de santé, la personne à qui il s'adressait ou le public qu'il imaginait. Avant la guerre, il est évident que son opinion des Français était plus positive. On en trouve la preuve dans l'essai de 1912 "German impressions" où il dit nettement préférer les Français aux Allemands qu'il rencontre dans la ville de Metz, alors allemande, parce qu'il existe un bon équilibre entre leur nature animale et leur nature spirituelle. Au début de 1924, en l'espace de quelques jours, il trouve Paris plus belle que Londres, assez délicieuse, moins agréable que Mexico, décevante, sans âme ("agreeably soulless", Letters IV, 567) et, en fin de compte, il concède que les Français ne sont pas si méprisables que cela : "The French aren't at all villains, as far as I see them. I must say I like them. They are simpatico" (Letters IV, 565).
8Si sympathie il y a, elle n'apparaît pas dans la "Paris Letter" écrite exactement pendant ces quelques jours. Dans ce texte agressif, Paris apparaît comme le symbole du déclin de l'Occident ; elle témoigne à la fois de l'échec de l'aristocratie traditionnelle et de celui de la démocratie. Lawrence n'y voit pas l'aristocrate naturel nietzschéen cher à son coeur. Voici à quoi sont réduits ces pauvres petits français démocrates : "rather insignificant, rather wistful, rather nice and helplessly commonplace little fellows" (Phoenix, 119). Jouant sur les mots cock et peacock, il prend un malin plaisir à déplumer le croupion du coq gaulois pour le punir de ses péchés politiques et sexuels : "Paris is like an old, weary peacock that sports a bunch of dirty twigs at its rump, where it used to have a tail" (Phoenix, 119). Toutes les critiques de Lawrence ne sont pas aussi dévastatrices et hargneuses. Elles peuvent même sembler assez justes lorsqu'elles portent sur les conditions de vie à Paris, l'urbanisation sauvage de la côte d'Azur, la médiocrité de l'architecture domestique ou même l'individualisme proverbial des Français. Mais sa lucidité est trop souvent au service de ses préjugés. A lire ses lettres et son oeuvre, on a l'impression que la France ne compta jamais beaucoup pour lui, qu'elle ne le fit jamais rêver comme la plupart des pays qu'il visita, sauf lorsqu'il était jeune, entre 1909 et 1911, époque à laquelle il ne pouvait concevoir ni s'offrir de voyages plus lointains.
9Dans ses oeuvres d'imagination, la France ne fait presque jamais partie du9 et seuls des personnages très secondaires sont français. Il y a une gouvernante française qui s'occupe de Winifred dans Women in Love, la ridicule Madame Rochard de la troupe pseudo-indienne dans The Lost Girl, un aubergiste et un coiffeur qui tiennent des propos antiallemands dans Mr Noon (150), et un officier français irritant par sa suffisance de mâle dans "The Border Line" ("How nice he was ! And how he would give himself to a woman, if she would only find real pleasure in the male that he was", 594).
10Margaret Needham, la nièce de Lawrence, m'a transmis un extrait d'une lettre qu'il avait envoyé de Bandol à sa tante en 1928. On y trouve de nouveau confirmation de ce manque d'intérêt chronique pour tout ce qui est français :
I find it bores me so to have to speak French. I don't know why, but the French don't really interest me, and I never want to speak to them. They are rather self-centred smallish people. Though I must say, everyone is very nice.
11Gentils mais peu inspirants – ceci résume sa vision des français, même si leur culture joua un rôle considérable dans sa formation ainsi que dans celle de nombre de ses contemporains.
12Ce n'est que lors de son dernier séjour prolongé en France qu'il en vint à penser comme les protagonistes américains de sa nouvelle "Things" (1928) : "you never talk French with your soul. It can't be done". Lorsqu'il était jeune, Lawrence ne ressentait pas cette frustration. Il avait étudié le français au lycée et à l'université et ne manquait pas une occasion de l'utiliser. Dans The Rainbow, Ursula, elle aussi, apprend le français à l'université mais elle l'abandonne assez vite. Le jeune Lawrence donna des leçons de français à son amie d'enfance Jessie Chambers. On trouve encore quelques-uns des exercices qu'il avait préparés pour elle parmi ses manuscrits. Dans ses mémoires, Jessie Chambers évoque tous les ouvrages français qu'ils avaient lus ensemble. Son témoignage coïncide avec les propres souvenirs de Lawrence dans Sons and Lovers. Paul, l'alter ego de l'auteur, demande à Miriam de recopier "Le balcon" de Baudelaire et lui demande de méditer sur le vers : "Tu te rappelleras la beauté des caresses". Les deux jeunes gens recherchent une forme de complicité à travers la littérature française. Dans "A Collier's Friday Night", pièce de théâtre autobiographique, Ernest donne aussi à Maggie un livre de poésie française et lit tout haut deux poèmes de Baudelaire. Pendant la période où il enseigna à Croydon, Lawrence eut l'occasion de s'exercer à parler français avec des visiteurs et joua parfois les interprètes pour ses amis. Maintes lettres qu'il écrivit à sa fiancée d'alors Louie Burrows sont entièrement écrites en français (un français compréhensible mais douteux, il faut bien l'avouer).
13La quantité de français que l'on trouve partout dans ses écrits est étonnante. Il n'y en a pas seulement dans le discours indirect ou dans les dialogues, comme c'est souvent le cas avec les autres langues étrangères qu'il cite, mais aussi dans ses propres commentaires d'auteur. Il termine souvent ses lettres par une formule aussi amusante qu'erronée : "une bonne poignée". On peut rencontrer de nombreuses petites bizarreries de ce genre dans ses lettres et ses oeuvres puisque Lawrence ne prenait jamais la peine de faire vérifier son français, même avant publication. Parfois son vocabulaire peut nous sembler daté ; par exemple, dans Women in Love, il emploie l'expression devenue assez rare "mauvaise honte". Dans l'ensemble sa grammaire n'était pas très bonne, mais il connaissait de nombreuses expressions toutes faites, des dictons et des citations, ce qui donnait l'illusion d'une grande maîtrise du français de son époque, y compris de la langue familière et populaire. D'après une autre lettre qu'il écrivit à sa nièce, il est clair qu'il savait ses limites : "I will correct your letter as best I can. Don't expect me to be very perfect either. But it is really good practice for you to write in French."10 De nos jours, alors que le français a été remplacé par l'anglais dans les échanges internationaux, l'oeuvre de Lawrence montre encore à quel point cette langue était répandue et vivace en son temps. Lorsque l'auteur ou ses personnages ne peuvent se faire comprendre à l'étranger, ils ont recours au français. C'est le cas pour le narrateur et son hôte italien dans "The Lemon Gardens" ou pour Gilbert et ses interlocuteurs allemands dans Mr Noon. Il n'y a pratiquement aucun de ses écrits où l'on ne trouve du français. Il ne s'agit en aucune manière d'une afféterie. De toute évidence, certaines idées lui venaient naturellement en français, comme cela peut arriver lorsque l'on maîtrise assez bien une langue étrangère. On trouve sous sa plume des mots et expressions comme "narquois", "écoeuré", "épater le bourgeois", "je n'en peux plus", où le français est plus expressif ou métaphorique que son équivalent anglais. L'un de ses essais, sur le thème du conflit des générations, s'intitule "The Jeune Fille Wants to Know". "Jeune fille" n'a pas exactement les mêmes connotations que "young lady", qui a quelque chose de plus guindé, de plus victorien. L'expression française évoque la virginité et l'innocence plus que la bonne éducation. De plus, elle rappelle le titre poétique du livre de Proust A l'ombre des jeunes filles en fleurs avec son idée d'un potentiel épanouissement. Dans Women in Love, Birkin montre à Gerald la différence entre une "volonté de pouvoir" très positive qu'il définit comme "a will to ability, taking pouvoir as a verb", et une volonté de pouvoir purement agressive. Ici l'ambivalence de la forme grammaticale française (verbe ou substantif) permet un jeu de mots impossible en anglais.
14Dans ses romans, parler français n'est pas l'apanage d'un seul type d'individu. L'utilisation de cette langue peut bien sûr indiquer que le personnage est cosmopolite, cultivé ou snob, mais la plupart du temps, ce n'est qu'un moyen d'amplifier les résonances du texte, de jouer sur deux cultures. L'écrivain s'amuse même à faire des calembours bilingues comme dans St Mawr où Mrs Witt, irritée de se voir appeler "Belle-Mère", persifle son beau-fils et fait semblant d'entendre "bell-mare" (48). Dans "The Ladybird", on rencontre cet oxymore franco-anglais : "She had gone to sleep from the nuit blanche of her days" (Three novellas, 79).
15Les livres qui comportent le plus de français furent écrits entre 1915 et 1924, et c'est Women in Love qui remporte la palme. Ceci s'explique en partie parce que le roman se préoccupe des courants artistiques européens de l'époque. Le contexte en est le début du modernisme avec, entre autres, des références à la mode et à la peinture française (Poiret, Picasso). Contemporain de Women in Love, l'essai "Education of the People", influencé par les théories de Rousseau, contient aussi un nombre impressionnant de mots français, parfois répétés trois fois par page comme si le français permettait des effets rhétoriques spéciaux. Il ne fait aucun doute qu'aux yeux de Lawrence, tout ce qui était français, dans le domaine de l'art ou de la mode, produisait un "effet", qu'il soit positif ou négatif. Dans le même essai, il se gausse de l'anglaise à la mode :
She knows that if she can set all women bitterly asking 'Isn't her dress Paquin ?' or 'Surely it's Poiret ?', or Lucile or Chéruit, or somebody very Parisian, why, she's done it. She wants to create an effect (Phoenix, 651)
16Comme son élégante, Lawrence ne savait pas se priver d'importations françaises sous forme, par exemple, d'allusions à Rabelais, La Fontaine, Nerval, Baudelaire, Maupassant dans Mr Noon ou Théophile Gautier dans St Mawr. En fait, Lawrence utilisa le maximum de français et de références à la culture française à une époque où Paris était vraiment la capitale internationale des arts et où les critiques anglais s'efforçaient de faire connaître la littérature et la philosophie françaises dans des magazines tels que New Age, Rhythm, The Egoist, The English Review, Poetry, The Blue Review, publications que Lawrence lut plus ou moins régulièrement même lorsqu'il était à l'étranger.
17La littérature française façonna très largement la personnalité de Lawrence écrivain. Dans son répertoire des lectures de Lawrence ("A Checklist of Lawrence's Reading", Sagar, 59-125), Rose Marie Burwell énumère soixante-dix neuf noms d'auteurs français et cette liste est encore incomplète ; il y manque, entre autres, Montaigne, Racine, Rimbaud et Valéry. En 1912, Lawrence avait déjà lu la plupart de nos classiques et de nos grands auteurs du XIXe siècle, certains en traduction mais la plupart dans le texte original. Jessie Chambers dit que dans sa jeunesse, ses deux grands phares étaient Verlaine et Baudelaire ("the two great poetic lights in his firmament were Verlaine and Baudelaire", 121). Toute sa vie, il continua de lire une grande variété d'ouvrages français : romans, poésie, théâtre, philosophie, histoire des religions, récits de voyage, biographies (notamment, une vie d'Attila de Marcel Brion) et il se tint toujours au courant des publications récentes ou contemporaines : les frères Goncourt, Proust qu'il n'aimait guère, Colette, Gide, Cocteau. Il Usait aussi bien des oeuvres importantes que des oeuvres mineures. Certains auteurs qu'il cite : Gyp, René Maran, Octave Feuillet ou Xavier Saintine, qui furent à la mode en leur temps, sont maintenant quasiment oubliés. Que Lawrence ait lu leurs romans ou leurs vaudevilles sentimentaux et mélodramatiques révèle sa curiosité pour la littérature populaire.
18Les écrivains français qu'il mentionne le plus souvent sont Rousseau, Stendhal, Balzac, Flaubert, Zola, Verlaine et Anatole France, qui était très apprécié à l'époque. Il écrivit un compte-rendu favorable des mémoires du Duc de Lauzun, ouvrage dans lequel cet aristocrate du XVIIIe siècle raconte sa vie amoureuse très romantique et mouvementée avec une rare franchise. En 1925, il se proposa de faire le compte-rendu d'une nouvelle traduction de la biographie de Stendhal, la Vie d'Henri Brulard, et des Diaboliques de Barbey d'Aurevilly, mais il ne donna pas suite à ces projets. Il lut régulièrement des oeuvres d'Anatole France, même s'il désapprouvait totalement son manque de vigueur. En revanche, le seul livre de Pierre Loti qu'il mentionne semble avoir laissé une trace durable dans sa mémoire. Une strophe du poème "Fish" et, surtout, les seconde et troisième parties de "The Flying Fish" rappellent à la fois une expérience vécue et un passage de Pêcheur d'Islande où Pierre Loti décrit les morues "qui exécutaient leurs évolutions d'ensemble, toutes en long dans le même sens, bien parallèles", "glissant doucement dans la même direction" (57) ainsi que le brusque retournement des poissons argentés. Dans "The Flying Fish", il s'agit de marsouins, "horizontally motionless in the same speed" (Phoenix, 794). Loti décrit comment le bateau des pêcheurs, comparé à un gros marsouin, glisse au creux des vagues immenses : "sa redescente [...] était comme une glissade, faisant éprouver ce tressaillement du ventre qu'on a dans les chutes simulées des "chars russes"" (68). Lawrence s'attache également à décrire cette sensation : "the long and awful downrush, leaving the entrails behind", "the unspeakable ghastliness of the downhill slither, where death seemed inside the entrails, and water chattered like the after-death" (798). Lawrence avait lu le roman de Loti bien des années auparavant, néanmoins cette curieuse ressemblance n'est peut-être pas totalement fortuite.
19Il faut aussi signaler son intérêt pour la musique française : Debussy, Saint-Saëns, des chansons populaires ou folkloriques dont il cite quelques-unes dans Aaron's Rod et dans "Glad Ghosts". Il fit même envoyer un livre de chansons traditionnelles françaises à sa nièce Margaret en 1926. Ses écrits contiennent de nombreuses allusions à la peinture et à la sculpture françaises. Ses goûts étaient prudents. Il n'aimait pas ce qu'il y avait de plus moderne dans les arts plastiques ; il estimait que Matisse, Braque et Picasso étaient tous plus ou moins des charlatans. Ses préférences allaient à Watteau, Chardin, Poussin, Corot qu'il considérait l'égal de Turner, Rodin, Monet et Renoir (avec quelques réserves quant à la sensualité extrême de ce dernier : Lawrence disait qu'il peignait avec son pénis !). Il consacra de belles pages à Cézanne dans "Introduction to These Paintings". Ce peintre y apparaît comme une sorte d'alter ego héroïque déchiré entre les pulsions de son "sang procréateur" ("procreative blood") et les exigences de sa conscience mentale. Ce que Lawrence admirait au plus haut point chez Cézanne, c'était sa capacité de rendre la matière et la chair "artistiquement palpables" (Phoenix, 568). Il y voyait un retour à une forme de réalisme à laquelle il aspirait lui-même : "The actual fact is that in Cézanne modern French art made its first tiny step back to real substance, to objective substance if we may call it so" (Phoenix, 567).
20Les adjectifs "réel" ou "objectif" sont toujours sujets à caution. Maintes réflexions de Lawrence sur le réalisme ou l'idéalisme s'éclairent lorsqu'on les examine dans le contexte des courants littéraires et artistiques français qui lui étaient familiers. Le XIXe siècle vit naître diverses sortes de réalisme avec Balzac, Flaubert, Mérimée, Maupassant, Zola, Courbet, Daumier. Lawrence avait lu la plupart des réalistes français, avec une préférence marquée pour Balzac11. En 1911, alors qu'il travaillait à "Paul Morel", première version de Sons and Lovers, il écrivit à Louie Burrows qu'il avait deux livres de Zola à donner ; l'un d'eux était l'Assommoir, roman qui traite de l'alcoolisme dans la classe ouvrière comme celui qu'il était en train d'écrire. Après la parution de The Rainbow, plusieurs critiques comparèrent Lawrence à Zola, ce que le romancier anglais trouva plutôt flatteur.
21Ainsi que nous l'avons déjà vu, il n'est pas rare de trouver chez Lawrence des réminiscences d'oeuvres françaises. A la fin de Sons and Lovers, Paul refuse la pensée de la mort et se dirige d'un pas ferme vers la ville comme, à la fin du Père Goriot, Rastignac lance un défi à Paris du haut du Père-Lachaise. La façon dont Birkin s'adresse à la lune, "the accursed Syria Dea", expression qui désigne Astarté, dans Women in Love n'est pas sans rappeler l'invocation de Salammbô à la déesse-lune, redoutable symbole de la puissance féminine, assimilée aussi à Astarté, "dominatrice de la mer ténébreuse et des plages azurées", dans le roman de Flaubert. Les débats idéologiques sur le monde ouvrier et le capital dans Women in Love font penser aux querelles sur le socialisme et le conservatisme dans l'Education sentimentale de Flaubert. Il y a bien des points communs entre la Rosanette, maîtresse de Frédéric Moreau dans ce dernier roman, et Minette alias Pussum dans Women in Love. Rosanette, tout comme Minette, est une femme légère. Elle aussi est la maîtresse de deux des personnages du roman et se retrouve enceinte. A la fois sensibles et superficielles, ces deux femmes sont victimes du milieu corrompu qu'elles fréquentent. Dans Sons and Lovers, Miriam avec son romantisme exacerbé tient beaucoup de Madame Bovary et, comme elle, est une fervente lectrice des oeuvres de Walter Scott.
22Il ne faut pas chercher chez Lawrence une imitation absolue des réalistes français mais il est certain qu'il fut réceptif à ce genre de littérature. Ses premiers romans sont réalistes dans la mesure où ils rendent compte de ce qu'était la vie rurale et ouvrière de son temps et contiennent des descriptions minutieuses du décor, de la nature, de l'attitude des gens du commun et de leurs activités de tous les jours. Bien qu'il se moque de la technique narrative de Flaubert "the Frenchy idea of self-effacement" (Phoenix, 249), on peut remarquer qu'il procède parfois de la même façon. Comme Flaubert, il lui arrive de changer brusquement de point de vue pour maintenir une distance ironique et un doute quant à l'identité du locuteur. On peut comparer les extraits suivants de Madame Bovary et de "The Captain's Doll" où une voix extérieure (celle de l'auteur ou de la vox populi ?) vient se mêler subrepticement au courant de conscience du personnage :
Quatre heures ! et il lui semblait qu'elle était là, sur ce banc, depuis l'éternité. Mais un infini de passions peut tenir dans une minute, comme une foule dans un petit espace. Emma vivait toute occupée des siennes, et ne s'inquiétait pas plus de l'argent qu'une archiduchesse. (Madame Bovary, 363-364)
The temptation this time was to be adored. One of those fresh young things would have adored him as if he were a god. And there was something very alluring about the thought. Very – very alluring. To be god-almighty in your own house, with a lovely young thing adoring you, and you giving off beams of bright effulgence like a Gloria ! Who wouldn't be tempted : at the age of forty ? And this was why he dallied." (Three Novellas, 208)
23Dans les deux cas, le personnage est présenté à la fois de l'intérieur et de l'extérieur, ce qui crée un effet "polyphonique", comme dirait Bakhtine. On atteint à une certaine forme d'objectivité puisqu'il n'y a pas de monovocalisme. On ne trouve pas plus de vérité absolue dans le regard que le personnage porte sur lui-même que dans les sous-entendus de l'auteur. Il y avait chez Flaubert et Cézanne de quoi inspirer cette définition que Lawrence donne de la fonction de l'art dans son essai "Art and Morality" : "What art has got to do and will go on doing, is to reveal things in their different relationships" (Phoenix, 524).
24Malgré l'intérêt qu'il manifesta dès sa jeunesse pour la littérature réaliste française, Lawrence ne se livra jamais au type d'enquête historique ou sociologique qu'elle implique. Il n'eut jamais la tentation d'écrire une "Comédie humaine" comme Balzac, pas même lorsqu'il composa la saga des Brangwen dans The Rainbow. Il porta une attention particulière à Balzac vraisemblablement en raison de la tendance qu'avait le romancier français à philosopher – tendance qui était aussi susceptible de l'ennuyer par moments12. En fait, dans ses écrits théoriques des années 20, Lawrence rejette violemment le réalisme du XIXe siècle que ce soit en littérature ou en peinture. Dans son essai sur Mastro-don Gesualdo de Verga, il critique les héros insignifiants de Flaubert et déplore ce qu'il nomme la tendance "trésor des humbles" (d'après le titre d'une oeuvre de Maeterlinck). Il considère Balzac et Flaubert trop tragiques et suicidaires. Ils décrivent une société corrompue qui n'offre aucune perspective de salut. Lawrence qui ne pouvait supporter leur pessimisme choisit d'être prophète autant que témoin et essaya de montrer comment l'individu peut vaincre le déterminisme social. Dans son introduction à Mastro-don Gesualdo (1928), il déclare : "Life without the heroic effort, and without belief in the subtle, life-long validity of the heroic impulse, is just stale, flat and unprofitable. As the great realistic novels will show you" (Phoenix II, 282).
25Lawrence supportait encore moins les idéalistes que les réalistes. Selon lui, l'idéal était ce à quoi la conscience mentale aspire. Dans Women in Love, Birkin dénonce la lutte entre le corps et l'esprit engendrée par le monothéisme et dit à propos du juif antipathique qu'est Loerke qu'il déteste l'idéal mais en est encore l'esclave. Deux poèmes "The Revolutionary" et "The Evening Land" présentent une violente critique de l'idéalisme occidental : "To keep holding up this ideal civilisation/Must be excruciating : unless you stiffen into metal, when/It is easier to stand stock rigid than to move" (Complete Poems, 288). Le terme "idéal", tel que Lawrence l'utilise, a plus d'un sens, mais il a toujours quelque rapport avec le déclin de la pensée occidentale. Il peut renvoyer à l'Idée platonicienne, au judéo-christianisme, au rationalisme du XVIIIe siècle, à la croyance au progrès ou à n'importe quel absolu. L'idéal, c'était aussi ce qu'exaltaient au plus au point les symbolistes. Or, dans sa jeunesse, Lawrence avait lu des poètes symbolistes français et belges qui avaient pu l'irriter par leur insistence sur "l'idée" ou "l'idéal". Henri de Régnier définissait le symbole comme "la plus parfaite et la plus complète figuration de l'idée" ou encore comme "la conque sonore d'une idée"13. Ce genre de position peut expliquer l'amalgame que Lawrence fit très vite entre décadence et idéalisme.
26Bergson arriva à point pour donner corps et temporalité à l'"idée". En avril 1913, Lawrence écrivit à McLeod : "The Bergson book was very dull. Bergson bores me. He feels a bit thin" (Letters I, 544). Voilà qui est ingrat de sa part. Il avait très vraisemblablement lu "The Perception of Change", conférence que Bergson avait faite à Oxford en 1911 et, je crois pouvoir l'affirmer, "Life and Consciousness", autre conférence donnée à l'Université de Birmingham et publiée dans The Hibbert Journal en 1911, magazine dont nous savons qu'il le lisait à l'époque (Letters I, 359, note 3). Ces deux textes (rédigés en anglais) abolissent la distinction entre passé, présent et avenir et montrent que notre conscience embrasse un continuum, une portion de temps très semblable à ce que Lawrence nomme "the incarnate Now" dans sa préface aux New Poems. Dans le premier texte, il est curieux de constater que Bergson associe Corot et Turner comme Lawrence le fait dans "Study of Thomas Hardy". Il souligne que : "Any real change is an indivisible change", ce que l'on peut rapprocher d'un thème cher à Lawrence, celui du flux.
27On trouve des similitudes entre deux passages de "Life and Consciousness" et le début de "Study of Thomas Hardy". Bergson distingue le "plaisir" qu'il associe à la conservation et à la propagation de la vie de la "vraie joie" qui indique toujours le triomphe de la vie. Lawrence exalte l'efflorescence aux dépens de la reproduction14, la créativité plutôt que la procréation. Pour Bergson, le but ultime de la vie est l'autocréation du moi : "the creation of self by self"·, de même, pour Lawrence : "The final aim of every living thing, creature, or being is the full achievement of itself" (Phoenix, 403). Ces quelques exemples suffisent à mettre en lumière certaines affinités entre les deux auteurs.
28Ajoutons qu'au cours de l'été 1911, John Middleton Murry avait publié un article intitulé "Bergson and the Avant Garde"15 dans la revue Rhythm. Il y soulignait l'importance primordiale de l'intuition dans le système du philosophe et définissait ainsi la fonction de l'artiste : "the artist's vision is a moment's lifting of the veil". Je n'ai pas la preuve que Lawrence ait lu ce numéro de Rhythm puisqu'il parle de cette revue pour la première fois dans ses lettres en 1912, mais il y a une curieuse ressemblance entre cette métaphore et la parabole du parapluie dans son introduction à Chariot of the Sun de Harry Crosby. Pour Lawrence, la mission de l'artiste consiste à faire une fente dans la toile du parapluie que l'homme a dressé entre lui-même et le chaos cosmique. Des images similaires d'ouverture sur un monde plus créatif se retrouvent ailleurs dans la prose des critiques de l'époque puisque dans un numéro de juillet 1914 de The Egoist, Richard Aldington s'exclamait à propos des grands classiques français : "It is chaos, a bog in the forest. We can no longer see the sky. Cut them ! Cut them !".
29On notera une autre coïncidence étrange. F.S. Flint publia un article sur la poésie contemporaine française dans la Poetry Review en 1912 où il montrait l'influence de Bergson sur la poésie française, puis essayait d'expliquer ce qu'était le vers libre :"It is by no means free ; it must follow rigorously the interior law of the poet's emotion and the idea which has given it birth". Cette citation rappelle les mots de Lawrence dans sa préface aux New Poems : "The law must come new each time from within". Flint disait aussi que les poètes contemporains étaient particulièrement à l'écoute de leur démon intérieur ("each is determined to sing only to the dictation of the daemon within him"). Lawrence utilise le même vocabulaire et évoque très lyriquement son démon dans la préface à ses Collected Poems. Maints autres exemples pourraient révéler que les idées de Lawrence sur la littérature et sa manière de les exprimer étaient très proches à bien des égards de ceux des critiques et écrivains qui essayèrent de populariser la culture française en Angleterre durant la seconde décennie du siècle, notamment F.S. Flint, John Middleton Murry et Ezra Pound.
30Lawrence avait l'art de ne pas reconnaître ses dettes. Il se montra aussi peu respectueux de Renan que de Bergson. Il avait lu la Vie de Jésus aux environs de 1907. Des années plus tard, il lui vint à son tour l'envie d'écrire sa version de la vie de Jésus dans The Man Who Died. Il avait pu trouver chez Renan un nombre d'idées qu'il finit par développer lui-même dans Apocalypse. Ne croirait-on pas entendre Lawrence lorsque Renan déclare : "Le mouvement démocratique le plus exalté dont l'humanité ait gardé le souvenir (le seul aussi qui ait réussi, car seul il s'est tenu dans le domaine de l'idée pure) agitait depuis longtemps la race juive". (232) ? Il y a la même hostilité au judaïsme et à la démocratie chez les deux hommes. Si leurs idées sur le christianisme (qui était la religion absolue pour Renan) étaient radicalement différentes, on peut constater que, dans Apocalypse, Lawrence aborda les Saintes Ecritures "à la Renan", avec le même mélange de subjectivité et de méthode scientifique, de recherche historique et d'anachronisme.
31Il est un autre écrivain français à l'égard duquel Lawrence montra une franche ingratitude : Jean-Jacques Rousseau, dont il se moqua abondamment dans deux des essais de Studies in Classic American Literature16, mettant en cause sa vision idyllique de la nature et du bon sauvage. Cependant, les essais de Lawrence sur l'éducation et la politique doivent beaucoup au Contrat social, à La Nouvelle Héloïse et surtout à l'Emile. Les deux écrivains voulaient qu'il y ait le moins de formation intellectuelle possible avant l'âge de douze ans. Rousseau prône un enseignement "négatif" pour les jeunes enfants. Lawrence vante les mérites de la non-culture ("unlearnedness"). Tous deux insistent sur les vertus de l'éducation physique et domestique, sur l'équilibre nécessaire entre le corps et l'esprit, sur la différence entre garçons et filles et leur complémentarité, sur l'importance de la liberté et de l'autonomie. Pour tous deux, les éducateurs doivent être des "prêtres de la vie" ("priests of life"), comme dit Lawrence. "Education of the People" est un mélange d'idées empruntées à Rousseau et de diatribe violemment anti-Rousseauiste. Ni égalité ni fraternité pour Lawrence : "Men are not equal, neither are they brothers. They are themselves". Pas de bon sauvage. Pas question de démocratie non plus mais, après tout, même Rousseau pensait qu'il aurait fallu un peuple de dieux pour se gouverner démocratiquement (il y a chez Rousseau comme chez Nietzsche une apologie de l'aristocrate naturel). Les textes théoriques de Lawrence se fondent sur un dialogue caché avec l'oeuvre du penseur français. Même ses considérations sur la langue sont voisines de celles de Rousseau telles qu'il les exprime dans son Essai sur l'origine des langues et son Discours sur l'inégalité17. Le philosophe français l'aida sans aucun doute à déterminer ce qu'il voulait et ce dont il ne voulait pas dans des domaines fondamentaux.
32En 1913, Ezra Pound publiait un article intitulé "The Road to Paris". Il commençait par ces mots : "For the best part of a thousand years English poets have gone to school to the French, or one might as well say that there never were any English poets until they began to study French"18. En somme, Lawrence ne fit pas exception à cette règle, mais il n'était pas prêt à chanter les louanges de la culture française qui lui avait tant apporté. Il n'était pas rare qu'il renie ce qui avait le plus contribué à sa formation. Il finit même par dénigrer ses chers Baudelaire et Verlaine dont il se mit à haïr les accents désespérés. Jusqu'à la fin, il garda l'impression que la France ne l'inspirait pas. Ceci est vrai du pays mais on ne peut en dire autant de sa production culturelle. Elle l'inspira au moins de façon négative puisqu'un certain nombre de penseurs français l'amenèrent à réagir violemment contre leur pratique ou leur théories.
33Un jour, dans une lettre à Jessie Chambers, il se plaignit que la langue française n'eût pas de mot équivalent à "wonder". Il se trompait mais ce curieux trou dans son vocabulaire était comiquement symbolique de son incapacité à admirer la France. Les Français n'étaient ni assez exotiques ni assez mystérieux, ils avaient une sexualité trop prosaïque, pas assez teintée de spiritualité pour qu'il pût vraiment leur trouver du charme. Trompé par la proximité de leur langue et de leur culture qu'il s'était largement appropriées, il ne se rendit jamais compte de ce qu'il leur devait en tant qu'écrivain et même en tant que penseur anticartésien. C'est sans la moindre rancune que de grands auteurs français, parmi lesquels Maurois, Mauriac, Aragon, Bachelard, Ricoeur, Deleuze19, ont perpétué le lien de Lawrence avec la France, tentant par leur lecture sérieuse de son oeuvre de lui donner de ce côté de la Manche une image libre de tous préjugés.
Bibliographie
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Liste des oeuvres citées
10.1038/eye.2001.87 :BOULTON J. T., (ed.). The Letters of D. H. Lawrence, Cambridge University Press, vol. I, 1979, vol. II, 1981, vol. III 1984, vol. IV 1987 vol. V, 1989, vol. 6, 1991.
E.T. (CHAMBERS, Jessie). D.H. Lawrence, A Personal Record, Londres : Frank Cass & C°, 1965 (1ère éd. : 1935).
10.3139/9783446300125 :FLAUBERT G., Madame Bovary, Paris : Gallimard, 1972 (première publication : 1857)
FLAUBERT G., Salammbô, Paris : Editions Baudelaire, 1965 (1ère éd : 1862).
LAWRENCE D.H., The Complete Poems, ed. par Vivian de Sola Pinto et Warren Roberts, Londres : Heinemann, 1964.
LAWRENCE D.H., The Complete Short Stories, Londres : Heinemann 1963.
LAWRENCE D.H., Mr Noon, Cambridge University Press, 1984.
10.1017/CBO9781139541145 :LAWRENCE D.H., Sons and Lovers, Londres : Collins, 1955 (1ère éd : 1913).
LAWRENCE D.H., Three Novellas, Harmondsworth : Penguin Books 1970 (1ère éd. : 1923).
LAWRENCE D.H., St Mawr, Cambridge University Press, 1983.
LOTI P., Pêcheur d'Islande, Paris : Le Livre de Poche, 1988 (1ère éd : 1886)
McDONALD E.D., (ed.) Phoenix, The Posthumous Papers of D. H. Lawrence, Londres : Heinemann, 1967.
MOORE H.T., (ed.) The Collected Letters of D.H. Lawrence, Londres : William Heinemann, 1962.
MOORE H.T., (ed.) Phoenix II, Uncollected, Unpublished, and Other Prose Works by D.H. Lawrence, Londres : Heinemann, 1968.
NEHLS E., (ed.). A Composite Biography, The University of Wisconsin Press, 1957.
RENAN, Ernest, Vie de Jésus, Paris : Gallimard, 1974.
SAGAR Κ., (ed.) A D.H. Lawrence Handbook, Manchester University Press, 1982.
Quelques publications récentes
Ouvrages critiques
KATZ-ROY G. et LIBRACH M. (eds.) D.H. Lawrence, Paris, Editions de l'Herne, Cahier n° 56, 1988.
PACCAUD-HUGUET, Women in Love, de la tentation perverse à l'utopie, Grenoble, ELLUG, 1991.
PICHARDIE J.P., D.H. Lawrence, la tentation utopique, De Rananim au Serpent à plumes, Université de Rouen, 1988.
Traductions
Femmes en exil, trad. Marc Amfreville et Anne Wicke, Paris : Minerve, 1988.
Mr Noon, trad. Bernard Géniès, Paris : Calmann-Lévy, 1985.
Les Nouvelles Complètes, pref. et trad, de Pierre Nordon, Paris : Garnier, 1986
Le Profanateur, trad. Jacqueline Gouirand, Juilliard, 1988.
34 poèmes, trad. Lorand Gaspar et Sarah Clair, Paris : Obsidiane, 1985, (bilingue).
Sous l'Etoile du Chien, poèmes trad. Lorand Gaspar et Sarah Clair, Paris : La Différence, 1989, (bilingue).
La Vierge et le Gitan, trad. Ε. Frédéric-Moreau, Editions du Rocher, 1988.
Notes de bas de page
1 Cet article est publié avec l'aimable autorisation de la D.H. Lawrence Review (Newark, U.S.A.) dans laquelle il paraîtra en anglais dans une version légèrement différente sous le titre : "D.H. Lawrence and 'that beastly France'".
2 Les indications entre parenthèses renvoient à des pages d'ouvrages cités dans la bibliographie en fin d'article.
3 Dans son livre de souvenirs publié sous le pseudonyme de E. T., D.H. Lawrence, A Personal Record, Jessie Chambers raconte : "[...] he liked to imagine that he had a French ancestor" (106). Lawrence avait entendu dire par son père que son arrière-grand-père était un français qui avait participé à la bataille de Waterloo. Dans Sons and Lovers, Walter Morel a lui aussi un ancêtre français : "His grandfather was a French refugee who had married an English barmaid" (Ch. 1, 26). John Worthen, l'un des biographes les plus récents de Lawrence, n'a rien trouvé qui confirme l'origine française de la famille Lawrence.
4 Voir mon article sur "Lawrence et les Juifs" dans le Cahier de l'Herne n° 56, D. H. Lawrence, Editions de l'Herne, Paris, 1988, pp. 314-326.
5 Il décrit Paris comme un vaste musée dans sa "Paris Letter" : "The ponderous and depressing museum that is regal Paris. And living humanity like poor worms struggling inside the shell of history, all of them inside the museum. The dead life and living life, all one museum" (Phoenix, 122).
6 Dans "Study of Thomas Hardy", il qualifie le comportement sexuel des Parisiens de "mechanical, automatic" (Phoenix, 122). Il dit encore dans "Introduction to these Paintings" : "The Frenchman of today has the most reasonable and rationalized body possible. His conception of sex is basically hygienic" (Phoenix, 122).
7 "that sweet enmie Fraunce" (Sir Philip Sidney, Astrophel and Stella, Sonnet XLI).
8 A Vence, il passa quelque temps dans un sanatorium puis dans une villa louée par Frieda, où il mourut. Le climat du midi était recommandé pour soigner la tuberculose et toutes sortes de maladies. Dans Women in Love, Hermione va à Aix pour des raisons de santé.
9 Sauf très fugitivement dans "The Border Line", une histoire que j'ai déjà citée plus haut.
10 Lettre inédite à Mrs Margaret Needham (Peg), 28 octobre 1926, envoyée de Florence. Dans "A Collier's Friday Night", Ernest Lambert, alias Lawrence, lit "L'albatros" de Baudelaire à haute voix dans un français médiocre ("in tolerably bad French").
11 Voici ce qu'il en dit en 1908 : "Balzac can lay bare the living body of the great Life better than anybody in the world. He doesn't hesitate at the last covering ; he doesn't point out the absurdities of the intricate innumerable wrappings and accessories of the body of Life ; he goes on straight to the flesh ; and unlike De Maupassant or Zola, he doesn't inevitably light on a wound, or a festering sore. Balzac is magnificent and supreme ; he is not mysterious nor picturesque, so one never sees his portrait"(Letters I, 91-92).
12 Voir "The Novel", (Phoenix II, 417) : "all great novelists have a didactic purpose, otherwise a philosophy, directly opposite to their passional inspiration. In their passional inspiration, they are phallic worshippers. From Balzac to Hardy it is so"
13 Cité dans Encyclopédie du symbolisme, publié sous la direction de Jean Cassou, Paris : Somogy, 1988, pp. 156-157.
14 Henri Bergson, "Life and Consciousness, conférence donnée à l'Université de Birmingham en 1911, publiée dans The Hibbert Journal X, n° 1, octobre 1911, pp. 24-44 : "Pleasure,_ in point of fact, is no more than an instrument contrived by Nature to obtain from the individual the preservation and the propagation of life ; it gives us no information concerning the direction in which life is flung forward. True joy, on the contrary, is always an emphatic signal of the Triumph of life."
"[...] the ultimate reason of human life is a creation which, in distinction from that of the artist or man of science, can be pursued at every moment and by all men alike. I mean the creation of self by self, the continual enrichment of personality by elements which it does not draw from outside, but causes to spring forth from itself..."
15 Cité dans : Cyrena N. Pondrom, The Road from Paris, French Influence on English Poetry 1900-1920, Cambridge University Press, 1974.
16 . Voir "Hector St John de Crèvecoeur" et "Herman Melville's Typee and Omoo".
17 . J'ai développé ce point dans "The Process of Rotary Image-Thought in D. H. Lawrence's Last Poems", Etudes lawrenciennes n ° 7, La Garenne-Colombes, Editions de l'Espace Européen, 1992.
18 . Op. Cit., in note 15.
19 . Voir mon article "Bachelard, Deleuze and Guattari on D. H. Lawrence's Poetic Imagination", à paraître dans Etudes lawreneiennes.
Auteur
Maître de Conférences à l'Université de Paris X, dirige la revue Études lawrenciennes et a coédité un Cahier de l'Herne sur D.H. Lawrence. Elle est l'auteur de nombreux articles sur cet écrivain, publiés en France, en Angleterre et aux États-Unis, et prépare une traduction des essais de Lawrence inédits en France.
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Répétition, répétitions : le même et ses avatars dans la culture anglo-américaine
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2002