Glossaire
p. 349-356
Extrait
L’ACHEULÉEN
Le site éponyme est Saint-Acheul, faubourg d’Amiens dans la Somme. L’Acheuléen constitue le principal faciès culturel du Paléolithique inférieur. F. Bordes distingua, pour l’Europe Occidentale, un Acheuléen ancien, moyen et supérieur.
L’Acheuléen au sens strict (A. moyen) se caractérise par de nombreux bifaces dont la forme est très variable (lancéolés, ovalaires, cordiformes, limandes…) et par des outils sur éclats peu variés (denticulés, encoches).
L’Acheuléen récent montre des outils plus diversifiés et y apparaît le débitage Levallois. Les gisements acheuléens fouillés récemment ont montré qu’il pouvait y avoir une certaine organisation de l’espace et utilisation du feu.
L’AURIGNACIEN
L’Aurignacien est le premier grand faciès culturel du Paléolithique supérieur. Le site éponyme se trouve à Aurignac en Haute-Garonne. L’outillage lithique est composé de grandes lames et de pièces épaisses affectées d’une retouche large, plate, écailleuse. Les grattoirs sur bout de lame et les grattoirs carénés, à museau, sont fréquents. L’outillage façonné sur de l’os, du bois de renne ou de l’ivoire est fréquent et comprend notamment des sagaies de différentes sortes, des poinçons, des aiguilles. Les hommes porteurs de cette culture viennent probablement de l’est, ce sont les premiers hommes modernes qui vont entrer en contact avec les derniers Néandertaliens. Ils sont probablement les premiers à graver et peindre les parois des cavités souterraines (ils sont les auteurs des peintures de la grotte Chauvet en Ardèche).
La culture aurignacienne apparaît vers 38 000 BP et laisse la place vers 30 000 ou 28 000 BP à une culture complètement différente : le Gravettien.
LE CHÂTELPERRONIEN
Le Châtelperronien a longtemps été considéré comme la phase ancienne du Périgordien qui était, avec l’Aurignacien, l’une des deux grandes cultures du début du Paléolithique supérieur.
Bien que le principal outil soit taillé sur un support laminaire, le couteau de Châtelperron, on considère maintenant que cette industrie lithique est l’œuvre, non plus de l’homme moderne, mais des derniers hommes de Neandertal et le Châtelperronien appartient donc maintenant au Paléolithique moyen.
UNE CIVILISATION
Ce terme désigne une unité culturelle qui sort de l’ordinaire par son extension et sa durée.
On considère comme des traits de civilisation des pratiques attestées sur des continents entiers, pendant des périodes très longues, partagées par des cultures de différentes ethnies. Ces traits peuvent être techniques, économiques, sociaux ou conceptuels (ex : les pratiques funéraires, le mégalithisme, le mode d’exploitation économique, l’organisation sociale).
CORRECTION (CALIBRATION) DES DATES
Les dates obtenues par la méthode du radiocarbone sont généralement indiquées en années 14C BP (before present, c’est-à-dire par convention avant 1950). Ces âges conventionnels ne correspondent pas à l’âge réel : la différence avec l’âge réel est d’autant plus grande que l’échantillon daté est ancien. Pour compenser cette dérive, des courbes de calibration sont nécessaires pour convertir les âges radiocarbone conventionnels en années réelles.
En mesurant l’âge radiocarbone des cernes de croissance d’arbres très vieux et d’âge connu, il a été possible de construire une série de données chronologiques (courbe de calibration) par tranche de 10 années pour les années réelles postérieures à 6000 av. J.C. et une série de données par tranche de 20 années pour les années réelles postérieures à 7890 av. J.C.
Une courbe de calibration plus récente permet de remonter à 26 000 ans calendaires (il y a 26 000 ans réels, c’est-à-dire 24 000 avant notre ère). Elle a été établie à partir de fossiles d’arbres datés par la dendrochronologie, de sédiments varvés et de coraux datés par la méthode uranium-thorium. D’autres courbes tentent de remonter jusqu’à 50 000 ans, CalPal par exemple.
Toute date doit indiquer le laboratoire qui l’a mesurée ainsi que son numéro d’ordre (exemple Lyon-6962). L’âge donné par la mesure du C14 est indiqué avec la mention BP avec la probabilité selon laquelle il y a 95 % de chances pour que la date se trouve dans l’intervalle considéré (exemple pour Lyon-6962 : Age 14C BP : 34790 ± 870). En revanche l’âge calibré est indiqué directement sous la forme d’un intervalle av. ou ap. J.-C. (pour le même exemple on aura un âge calibré : de 39795 à 35942 av. J.-C.).
UNE CULTURE
C’est l’association d’un certain nombre d’éléments de la culture matérielle d’une population.
Pour définir une culture préhistorique, on fera intervenir les oeuvres témoignant d’une volonté explicitement esthétique lorsqu’elles existent, le mode d’occupation du site, le choix et l’organisation de l’habitat, la forme des habitations par exemple.
Une culture préhistorique est d’autre part fixée par des limites chronologiques relativement précises.
LA DATATION PAR LE C14 ET SA CALIBRATION
Le carbone 14 ou radiocarbone est un isotope radioactif du carbone dont la période radioactive (le temps pendant lequel la moitié de la masse présente se transforme en C12) est égale à 5734 ± 40 ans selon des calculs relevant de la physique des particules datant de 1961. Cependant, pour les datations on continue par convention d’employer la valeur évaluée en 1951, de 5568 ± 30 ans.
Les végétaux et les animaux présentent de leur vivant dans leur organisme la même quantité de carbone 14 que le gaz carbonique de l’atmosphère. Lors de leur mort, les échanges avec l’environnement cessent, le carbone 14 n’est plus renouvelé, sa radioactivité décroît alors lentement. Si l’on mesure aujourd’hui l’activité C14 d’un fossile, on peut, en la comparant à l’activité du carbone moderne, calculer le temps écoulé depuis la mort de ce fossile. Tel est le principe de la méthode de datation par le carbone 14 ; il repose donc sur l’hypothèse selon laquelle la radioactivité naturelle du carbone 14 est restée constante au moins pendant 40 000 ans, identique à celle du carbone moderne.
D’autre part, l’étude fine de la succession d’anneaux d’arbres vivants et fossiles, datés à un an près (par la dendrochronologie), et la mesure de leur activité C14 ont montré que l’acticité du CO2 atmosphérique présentait des variations significatives au cours des âges. L’établissement de longues séries dendrochronologiques et la détermination de l’activité C14 des cernes permettent maintenant de corriger les âges radiochronologiques des petites variations de l’activité du CO2 atmosphérique dans le passé.
LE DÉBITAGE
Le débitage : pression ou percussion indirecte ?
La technique de taille des roches dures renvoie à 3 paramètres :
le principe d’application de la force (percussion, pression) ;
la nature et la forme des outils de taille ;
les gestes et la position du corps du tailleur ainsi que la manière de maintenir la pièce à tailler.
Le débitage par pression, une technique ancienne
Les premières manifestations de l’emploi du débitage par pression interviennent 16 000 ans av. J.-C. dans les plaines du Nord-Est de l’Asie (région de l’Aldan, sites de la culture Dyuktaï). Les petites lamelles obtenues et sont utilisées collées en barbelures sur des têtes de sagaies.
Au Néolithique, des lamelles et des lames jusqu’à 18 cm de long sont produites grâce à cette technique dans tout le bassin méditerranéen et au Moyen-Orient. L’usage du levier, apparu depuis le VIIe millénaire avant J.-C., s’observe en une dizaine de régions d’Europe au IVe et IIIe millénaire av. J.-C.
La pression
La technique de la taille par pression consiste à appliquer une poussée au bord du nucléus pour obtenir des enlèvements avec un outil équipé d’une pointe en bois de cerf ou même en métal (cuivre au Chalcolithique). L’usage du levier permet de démultiplier la force humaine et de détacher des lames beaucoup plus grandes. Une immobilisation totale du nucléus est nécessaire, ce qui implique un dispositif adapté en bois.
Caractéristiques des lames :
une extrême régularité du tranchant et des nervures ;
un profil rectiligne, excepté dans la partie distale, un peu incurvée ;
une certaine « minceur » des lames.
La percussion indirecte, un peu plus récente
La technique de la taille par percussion indirecte apparaît en Europe occidentale au Mésolithique récent, vers 7000 av. J.-C. Elle est alors utilisée pour débiter des lamelles régulières dont on tire des pointes de flèche. Au Néolithique ancien, on retrouve cette technique pour la production de petites lames et la préparation des nucléus. Au Néolithique final, les grandes lames produites avec cette technique au Grand-Pressigny (Indre-et-Loire) ont fait l’objet d’une diffusion dans presque toute la France et ses environs (Belgique, Pays-Bas, Allemagne, Suisse).
La percussion indirecte
Cette technique consiste à délivrer un impact sur la pièce à tailler en frappant avec un maillet, un outil intermédiaire, appelé « punch » ou « chasse-lame ».
Caractéristiques des lames :
les lames produites peuvent être régulières mais généralement de profil plus épais et incurvé ;
on peut aussi obtenir des lames rectilignes mais plus courtes et moins régulières ;
dans tous les cas, des ondulations sont visibles sur le profil et les nervures des lames.
LE GRAVETTIEN
Cette culture du Paléolithique supérieur est caractérisée par une armature nommée « pointe de La Gravette ». Cette armature a été trouvée en abondance dans le site de La Gravette qui se trouve sur la commune de Bayac en Dordogne. C’est une longue pointe en silex (elle peut dépasser 10 cm de longueur), façonnée sur une lame étroite, possédant un dos droit ou légèrement courbe et une pointe acérée.
Le Gravettien existe avec de nettes analogies techniques et culturelles, et des variantes, dans la plus grande partie de l’Europe, depuis la plaine russe jusqu’au sud de l’Espagne. Chronologiquement, cette culture se situe entre 28 000 et 20 000 BC. À travers l’Europe, de nombreuses structures d’habitats dénoteraient un mode de vie semi-sédentaire avec des manifestations artistiques et rituelles très riches.
UNE INDUSTRIE
C’est l’ensemble des objets résultant des activités techniques par lesquelles un groupe humain transforme la matière première.
L’industrie se compose des outils, des armes et de leurs déchets de fabrication.
L’industrie lithique est en général complètement conservée dans les sites : nous retrouvons en principe ce qui a été abandonné. Cependant les choix, les tris, les pertes, les usures dont l’homme préhistorique est responsable peuvent rendre délicate l’interprétation de ces restes, peuvent aussi amener des informations précises.
L’étude des techniques de taille permet de reconnaître les chaînes opératoires de façon très sûre et très discriminante.
LE MAGDALÉNIEN
Le site éponyme est le gisement de La Madeleine à Tursac en Dordogne.
Les six subdivisions sont définies à partir de l’industrie osseuse qui est abondante et typique. Les Magdaléniens I, II et III sont caractérisés par des sagaies à biseau simple, à base conique, à rainure longitudinale et des biseaux doubles.
Les Magdaléniens IV, V et VI sont caractérisés par des sagaies à base fourchue et des protoharpons, de longues sagaies et des harpons à un rang et à deux rangs de barbelures.
Le Magdalénien est présent de l’Espagne à l’Europe Centrale. Il se termine vers 10 000 BC.
Les œuvres d’art sont remarquables tant les œuvres pariétales que les œuvres d’art mobilier.
Elles témoignent de l’étroite parenté intellectuelle des différents groupes qui composent l’ensemble Magdalénien.
LE MOUSTÉRIEN
Le site éponyme est l’abri du Moustier en Dordogne. L’industrie moustérienne est caractérisée par des pointes et des racloirs retouchés sur une seule face et par la persistance de bifaces souvent plats, de petite taille et de forme plus ou moins triangulaire. F. Bordes démontre le rôle déterminant de la proportions des racloirs par rapport aux autres outils et utilise cela comme base de classification des différents faciès du moustérien.
Il identifie cinq assemblages lithiques stables :
le Moustérien typique ;
le Moustérien de tradition acheuléenne ;
le Moustérien de type Ferrassie ;
le Moustérien de type Quina ;
le Moustérien à denticulés.
Actuellement, le terme Moustérien désigne un complexe industriel qui apparaît au milieu du Riss et se termine à la fin du Würm ancien. Il constitue la principale culture du Paléolithique moyen, s’étend sur toute l’Europe, dure plus de 200 000 ans et est attribué, en Europe occidentale, à l’Homme de Neandertal. Au Proche-Orient, la même industrie est l’œuvre des premiers Homo sapiens
NUCLÉUS ET ÉCLAT LEVALLOIS
Le débitage Levallois consiste à obtenir un « éclat de forme prédéterminée par une préparation spéciale du nucléus avant enlèvement de cet éclat » (F. Bordes, 1961). Le nucléus est mis en forme par la réalisation de deux surfaces convexes asymétriques qui peuvent être obtenues notamment par l’enlèvement d’éclats centripètes. L’une des surfaces est la surface de débitage, l’autre portera le plan de frappe. Le débitage Levallois est mené exclusivement au percuteur de pierre. La face dorsale d’un éclat Levallois montre les parties distales des négatifs des éclats centripètes de préparation de la surface de débitage. Une variante permet d’obtenir une pointe Levallois. Plus récemment E. Boeda a développé la notion de concept Levallois et détaillé les différents types de produits.
LA PALYNOLOGIE
La palynologie est l’étude des pollens et des spores microscopiques. Ces éléments végétaux sont protégés par une membrane externe : l’exine. Celle-ci est d’une très grande résistance chimique, elle est conservée dans de nombreux milieux pendant des millénaires.
Cette membrane a une morphologie caractéristique de l’espèce à laquelle elle appartient. L’identification repose donc sur la taille, la forme et l’ornementation de l’exine.
L’échantillon de sédiment est prélevé, traité, concentré. Les pollens sont déterminés, comptés ; les résultats donnent lieu à la construction d’un diagramme. L’analyse du spectre pollinique permet d’avoir une idée du climat et de l’environnement du site au moment de la mise en place de chaque couche qui a livré des pollens. La corrélation de plusieurs séquences d’une même région est possible grâce à la détection de similitudes.
LA SÉDIMENTOLOGIE
La sédimentologie regroupe l’ensemble des études de sédiments dans une approche dynamique. On cherche à déterminer avant tout les conditions du milieu dans lesquelles la roche a pris naissance.
Quatre facteurs conditionnent la formation des roches sédimentaires (les couches d’un remplissage archéologique sont toujours des roches sédimentaires) :
l’altération, d’une roche originelle dite « roche-mère », elle est étroitement liée au climat ;
l’érosion et le transport par différents agents : le vent, l’eau ; la glace, etc. ;
la sédimentation, c’est à dire la chute des particules et leur immobilisation ;
les transformations postérieures au dépôt qui modifient les caractères originels du sédiment.
Une première analyse des sédiments in situ doit être effectuée avant tout travail de laboratoire. L’observation stratigraphique s’accompagne de relevés précis. La description pédologique des sols est fondée sur la reconnaissance d’horizons de nature et de structures caractéristiques. Elle contribue à la connaissance des environnements du passé.
La granulométrie a pour objet l’étude de la répartition des éléments d’une roche détritique selon leur taille et de connaître leur fréquence statistique. Les sables sont étudiés sur colonne de tamis, les fractions plus fines par différentes techniques en milieu liquide après divers traitements.
La morphoscopie est l’étude de la forme des grains de sable, elle donne des informations sur les conditions de transport et l’origine des grains.
La minéralogie et notamment celle des minéraux lourds (plus denses que le quartz et le feldspath) nous informent aussi sur l’origine des dépôts et les conditions de mise en place.
LE SOLUTRÉEN
Le site éponyme est Solutré en Saône-et-Loire. C’est la culture qui prend place après le Gravettien.
Le Solutréen montre une profonde unité par l’emploi d’une retouche plate, assez étroite, aux bords subparallèles, envahissant plus ou moins largement les faces des objets en pierre.
La retouche solutréenne peut être obtenue par percussion directe au percuteur tendre ou par percussion indirecte à l’aide d’un chasse-éclat.
Les outils typiques sont les pointes à face plane (Solutréen ancien), les feuilles de laurier (S. moyen), les feuilles de saule et les pointes à cran (S. supérieur). L’élégance de ces outils tranche avec la modestie de l’outillage courant. L’aiguille à chas est inventée (S. supérieur).
Les Solutréens ont laissé des œuvres d’art pariétal extraordinaires : les frises d’animaux de Roc-de-Sers et du Fourneau-du-Diable. Le Solutréen ne dure que de 19 000 à 16 000 BC. On ne connaît pas avec précision l’origine des hommes porteurs de cette culture.
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