Les amours incestueuses dans la France du xixe siècle : pratiques et réceptions d’un amour interdit
p. 135-150
Texte intégral
1Lorsque l’on discute de l’inceste aujourd’hui, la première définition du phénomène est de l’associer systématiquement à la criminalité et à la monstruosité. On parle d’ailleurs peu de l’inceste, on ne débat pas de lui, on en rit encore moins car chacun l’associe à un viol monstrueux commis par un parent sur son enfant. Or, cette définition de l’inceste est fortement restrictive. Pour cette raison, il est important de rappeler le caractère dual de ce dernier. Le terme recouvre en effet un grand nombre d’acceptions liées au fait que l’inceste est à la fois une transgression mais aussi une sexualité permise par la législation lorsqu’elle est consentie par les deux parties.
2La première signification du phénomène se définit par une relation sexuelle entreprise par un adulte, au sein d’une famille où il bénéficie d’une autorité qui lui est déléguée par la société pour éduquer et protéger les enfants vivant avec lui, et qui abuse de ce pouvoir pour corrompre ses enfants en les obligeant à entretenir une sexualité avec lui. Le second caractère de l’inceste est, à l’inverse, défini par le lien biologique unissant les deux partenaires sexuels. Il consiste en un commerce charnel entretenu entre deux individus issus d’une même famille biologique ou que les alliances matrimoniales lient entre eux. Ces comportements sont le plus fréquemment frappés d’interdiction de mariage dont les limites sont définies par les droits civil ou canon mais n’encourent aucune répression de type pénal. Cet inceste, contrairement au premier, peut impliquer une sexualité consentante de nature adelphique1, germaine2, ou se produire entre l’oncle et la nièce, la tante et le neveu et le beau-père et son enfant.
3Parce qu’il est souvent omis dans les analyses sur le phénomène, nous étudierons dans cette contribution ce second pan de l’inceste. Ce dernier, cependant, s’annonce bien difficile à voir pour l’historien car les relations sexuelles qu’il suppose n’en sont pas pour autant moins stigmatisées dans la société. Les personnes qui les entretiennent demeurent frappées de l’interdiction de se marier et leurs enfants ne peuvent être reconnus civilement3. Si elle n’est pas interdite, cette sexualité reste donc clandestine. Elle est l’incarnation, au xixe siècle, du « vieil » inceste prohibé par la société d’Ancien Régime sous le nom de « commerce incestueux ». Il est important de rappeler que ces relations ne sont pas des « abus » : les archives ne les révèlent donc pas sous l’angle de la relation abusive, mais bien initiatique ou amoureuse.
4Il n’est pas aisé d’entrer dans ce monde de l’intime et des gestes quotidiens. Parce qu’elle est justement faite de clandestinité, cette sexualité ne produit que des sources arides et avares en renseignements. À l’instar du travail qu’Anne-Marie Sohn a réalisé sur la sexualité quotidienne des Français, nous allons cependant tenter d’en appréhender l’histoire à partir des « traces » laissées dans les archives4. L’empreinte de ces relations se trouve dans des sources diverses : certaines, qui conduisent jusqu’au crime, se révèlent dans les dossiers de procédure pénale ; d’autres sont visibles dans les sources émanant des tribunaux civils ou dans les demandes adressées à la papauté pour obtenir l’autorisation du mariage ; d’autres, enfin, transparaissent dans des mémoires privés ou des récits autobiographiques.
5Produites en un siècle marqué par l’accroissement de la norme et de la répression5, ces relations posent question : de quelle manière pouvaient-elles se vivre et s’exprimer ? Le premier temps de cette étude est consacré à l’analyse des relations incestueuses placées sous le signe de l’enfance et parfois de l’initiation sexuelle, ce qui conduit à analyser la sexualité adolescente. Le second temps s’attache à décrire les problèmes quotidiens et, autant que possible, l’expérience de cette sexualité.
Les âges de l’amour incestueux
Enfance
6L’amour incestueux, en fonction de l’âge de ceux qui le pratiquent, prend des caractères différents. Libertin et initiatique, l’inceste peut être une sexualité de découverte de l’autre dans la petite enfance. À l’adolescence, les incestueux ne se découvrent plus, ils s’aiment, platoniquement, secrètement, et parfois même au grand jour, pour entretenir une sexualité de plaisir.
7Si l’on suit Freud dans sa redéfinition du mot « sexualité » – une fonction corporelle embrassant l’ensemble de l’être et aspirant au plaisir (libido) et non à la reproduction –, la sexualité est présente dès le plus jeune âge et parcourt toute activité6. En explorant leurs corps, les enfants apprennent à découvrir tout à la fois la sexualité individuelle et collective. Or, cette découverte se fait spontanément dans le cadre du foyer ou de la famille. Les frères et sœurs, dont les écarts d’âges sont rapprochés, sont des partenaires idéaux pour mettre en œuvre cette sexualité de découverte.
8La littérature regorge de récits décrivant l’éveil des sens enfantins dans le jeu amoureux fraternel. En favorisant « les frénésies sentimentales des frères et sœurs, en faisant émerger, à l’occasion, une perspective incestueuse7 », il revient aux écrivains romantiques d’avoir les premiers mis en avant cette dimension adelphique de la sexualité. C’est cependant dans l’esthétique décadente de la fin du xixe siècle qu’il faut rechercher ces récits mettant en scène la découverte du plaisir dans l’inceste frère/sœur. Dans Le crépuscule des Dieux, publié en 1884, Élémir Bourges (1852-1925) décrit ainsi l’amour incestueux de Hans Ulric et Christiane, qui partagent la même chambre et qui, dès leur enfance, ont en commun un amour secret :
Leur attachement mutuel qui allait, s’il se peut, plus profondément que le cœur, en mêlant sans cesse tous leurs sentiments, leurs pensées et leurs émotions, ne faisaient du frère et de la sœur qu’un seul esprit, une seule âme. On les eût vus rougir ou pâlir au même instant ; Hans Ulric entendait le pas de Christiane à des distances incroyables ; et si l’un d’eux était absent, l’autre errait, comme à la recherche de soi-même.8
9Telles qu’elles sont décrites dans la littérature, ces relations incestueuses interrogent l’historien. S’agit-il de pratiques fantasmées, d’une variation autour des figures légendaires d’Isis et d’Osiris9, ou peut-on trouver des traces effectives de ces gestes ? Autant dire que l’exercice est ardu. Dans notre corpus judiciaire constitué de 188 dossiers de procédure, la plupart des incestes adelphiques se produisent au sein de foyers où le parent est lui-même incestueux. Si Jules et Georges Rabeux témoignent tous deux devant le juge d’instruction avoir pris du plaisir à s’amuser ensemble en se caressant respectivement les organes sexuels pendant la nuit, on comprend que leurs gestes sont le produit d’une imitation de la sexualité opérée par leur père et non pas d’une sexualité de découverte :
– Ce que dit mon frère est vrai si on ne m’avait pas montré à faire ces choses-là, je ne l’aurais pas fait.
– Qui vous a montré ?
– Mon père.10
10Les sources judiciaires biaisent donc fortement l’approche de ces pratiques. Loin d’être une sexualité de découverte, Jules et Georges ne font que restituer les gestes parentaux. En agissant de la sorte, ils « adoptent les rôles sociaux d’adultes proches11 », mais ne s’initient pas à une sexualité qu’ils connaissent déjà. D’une découverte enfantine de la sexualité par le plaisir et l’éveil de la libido, nous n’avons trouvé trace dans les archives. Comment d’ailleurs en retrouver l’empreinte puisque ces gestes sont jugés « ordinaires » par la société ? Les seules sources sont littéraires et rapprochent cette sexualité du fantasme plutôt que de la pratique. Incarnant une sexualité faite d’attouchements, ces initiations sont aujourd’hui décrites par les psychologues et les psychanalystes comme une constituante de la sexualité enfantine, notamment dans le cadre du bain ou du partage de la chambre12.
11Dans son étude sur les pratiques amoureuses du monde paysan, Jean-Louis Flandrin a montré que c’est dans un cercle de proches relatifs que les paysans éveillaient leur sexualité, notamment au travers de la pratique dite du « maraîchinage », observée essentiellement dans le marais vendéen13. Agnès Walch note pour sa part que « la mécanique délicate de l’apprentissage amoureux se fait en famille sous la discrète surveillance des parents14 ». Retracer ces pratiques initiatiques incestueuses est cependant une entreprise sans espoir. Seule l’écriture de soi permettrait d’entrer dans ce monde et, encore, seule pour l’étroite frange cultivée des élites qui écrivent à l’âge adulte sur ces questions de l’enfance15.
12Comme l’inceste adelphique, l’inceste entre cousins est présenté par la littérature comme une sexualité d’initiation. C’est cependant dans la littérature érotique qu’il faut rechercher ces descriptions. Sous le pseudonyme de « Sadinet », Pierre Mac Orlan (né Pierre Dumarchey, 1882-1970) dédicace ainsi ses souvenirs érotiques à l’une de ses cousines : « Ce livre est adressé à mademoiselle Alice X… […]. C’est à cette jolie fille que j’ai connue, que j’ai aimée, tout enfant, qu’il me plaît de dédier ces pages lubriques. Elle fut le témoin de toutes ces aventures amoureuses, et pour beaucoup elle en fut l’initiatrice16. »
13Difficile de distinguer la part du fantasme et la part autobiographique dans ce récit érotique, car l’auteur a effectivement été confié à la tutelle de son oncle en 1889, alors qu’il était âgé de sept ans. Jules Barbey D’Aurevilly (1808-1889) nous livre également un poème dans lequel il confesse avoir embrassé, à l’âge de 13 ans, les genoux de sa cousine, de six ans son aînée, et avoir alors éprouvé son premier coup de cœur amoureux :
Elle avait dix-neuf ans. Moi, treize. Elle était belle ;
Moi, laid. Indifférente, – et moi je me tuais…
Rêveur sombre et brûlant, je me tuais pour elle.
Timide, concentré, fou, je m’exténuais.17
14Ces paroles jetées par une plume érotique ou poétique témoignent-elles d’une pratique réelle ? De nouveau, les archives ou les sources privées ne nous disent rien. Tout comme pour l’inceste adelphique, rien ne permet d’évaluer l’effectivité de ces pratiques incestueuses qui, dans l’enfance, par des gestes, des caresses ou des attouchements, constitueraient une approche de la sexualité et la découverte, par le jeu et l’amusement, de son propre corps.
15Le thème de l’initiation amoureuse entre frères et sœurs ou entre cousins transparaît pareillement dans la littérature anglaise du xixe siècle. L’anthropologue Adam Kuper note que son développement témoigne d’une sensibilité bourgeoise à l’amour incestueux, qui, par effet retour, permet de légitimer les mariages incestueux dans l’élite anglaise18.
Adolescences
16Cette sexualité initiatique se transforme lorsque l’on étudie les comportements des adolescents appartenant à un même foyer. Parvenus à l’âge de la puberté, les futurs adultes expriment parfois des sentiments amoureux à l’égard de leurs frères et sœurs et vont jusqu’à entamer des relations sexuelles complètes avec eux. Ces amours fraternels, initiés à l’adolescence, peuvent s’exprimer sur le mode platonique ou sur le mode passionnel. Dans son étude sur l’éducation sentimentale des filles et des garçons à l’âge du Romantisme, Gabrielle Houbre a montré, par le biais des correspondances échangées entre frères et sœurs, les mécanismes d’expression de ces sentiments amoureux19.
17Ces amours épistolaires sont platoniques et permettent rarement le passage à l’acte sexuel. Parvenus à l’âge de la puberté, les adolescents ont davantage conscience de l’interdit de l’inceste. L’échange entretenu entre Auguste d’Yvrande et Adélaïde Rubin de Méribel traduit les mêmes modalités d’expression. À l’orée de sa puberté, tandis qu’elle vient d’emménager avec le nouveau mari de sa mère, Adélaïde fait la rencontre d’Auguste, son demi-frère, qui est de deux ans son aîné. En 1802, âgée de 18 ans, Adélaïde entame une correspondance amoureuse avec lui car ils vivent désormais dans des foyers séparés.
18Ces échanges épistolaires entre les deux jeunes adultes soulignent à deux égards les modalités spécifiques de la sexualité incestueuse. Le premier réside dans le fait qu’Adélaïde a été victime de violences sexuelles de la part de son beau-père, le père d’Auguste ; le second tient au double lien incestueux des jeunes gens : leur relation se définit à la fois comme un inceste de deuxième type, car Adélaïde est un partenaire sexuel commun au père et au fils, et un inceste adelphique puisque leurs parents respectifs sont liés juridiquement et religieusement par les liens du mariage : « Cette lecture symbolique de l’inceste […] aide à comprendre les différentes dimensions transgressives de cet amour, fondé sur l’identification d’Adélaïde et d’Auguste à leurs parents unis20. »
19Pourtant, dans les lettres qu’ils échangent de manière quasi quotidienne, ce n’est pas la dimension interdite de leur relation qui transparaît, mais l’empêchement que le père d’Adélaïde pose à leur union pour des raisons matérielles. Adélaïde enjoint à Auguste de ne pas suivre les conseils de son père : « Non tu ne suivras pas les conseils de mon père. Il juge notre amour avec les yeux de la raison… si tu m’aimes tu apprécieras ses craintes ses soupçons… tu t’en affranchiras… en t’y soumettant tu livrerais ton amie au désespoir21. »
20De même, l’inceste subi par Adélaïde pendant son enfance ne constitue pas une barrière morale pour Auguste. En réponse aux confessions de sa demi-sœur, il en appelle à un amour fusionnel et solidaire face aux deux pères qui s’opposent à leur union : « Tu es mon amour mon épouse ma vie tu es tout pour moi […] et s’il faut que quelque infortune nous accable au moins nous mourrons ensemble ne respirant que l’un pour l’autre et le tigre qui t’a humiliée à sa rage sentira son âme vile accusée de remords à la nouvelle de notre mort22. »
21Le couple incestueux d’Adélaïde et d’Auguste se construit grâce à l’interdit. Les multiples empêchements posés à leur amour suscitent la fusion du couple et l’évacuation de la problématique incestueuse, au profit d’un refus des normes qu’incarne le père d’Adélaïde et du rejet du « véritable » inceste, celui commis par le père d’Auguste. Cette relation adelphique est purement platonique selon les deux acceptions du terme puisqu’elle prend forme autour d’un idéal de pureté amoureuse et ne se traduit pas par un échange charnel d’Adélaïde et Auguste, qui ne vivent pas ensemble, avant leur mariage en 1808.
22Mais les relations incestueuses entre frères et sœurs peuvent également se muer en véritable passion. L’amour dépasse alors la raison et peut exalter jusqu’au crime l’un des deux protagonistes. Ainsi, Pierre Moignon aime sa sœur depuis l’adolescence, mais en 1860, alors qu’il est âgé de 17 ans, une condamnation à six ans aux travaux forcés empêche cette relation d’évoluer. De retour du bagne, il s’installe en 1873 chez sa sœur qui vit avec son époux à Paris. Devenus adultes, le frère et la sœur poursuivent leurs relations sentimentales, mais en entretenant cette fois des relations charnelles. Pierre Moignon exprime sa jalousie envers le mari de sa sœur à qui il demande, dans une lettre non datée, de faire un choix :
Oh ! Chère Antoinette si tu pouvais lire dans mon cœur je pleure en écrivant ceci car j’ai peur d’avoir prononcé mon arrêt, je serez [sic] si heureux de vivre près de toi allons j’attends mon arrêt parle moi franchement je sacrifierai mon amour pour toi […].
Ton frère.23
23Alors qu’elle part en voyage quelques mois dans la famille de son mari, la jalousie de Pierre, au même titre que la fréquence de sa correspondance, ne cesse ne s’accroître. Dans les lettres qu’il lui adresse, s’expriment les sentiments exaltés du frère qui, déboussolé par l’absence de sa sœur, perd ses repères dans l’ennui et erre dans les rues de Paris en attendant son retour. De retour en septembre 1873, Antoinette est assassinée par ce dernier à la suite d’une dispute qui éclate parce que Pierre lui demandait avec insistance le nombre d’amants qu’elle aurait eus pendant son absence.
24Tout comme dans la correspondance d’Adélaïde et d’Auguste, la dimension interdite de l’inceste n’est jamais mentionnée. Cette absence ne signifie pas pour autant qu’elle était méconnue des incestueux adelphiques. Au contraire, les sentiments passionnés de Pierre pour Antoinette peuvent être compris comme une conséquence de l’interdit. Pierre Moignon dit dans ces lettres qu’il aimerait posséder sa sœur comme une épouse. Or, cette possession lui est refusée par la société qui interdit le mariage entre frère et sœur, de même que l’expression publique de ces sentiments. À l’interdit initial se surajoute celui de l’adultère qui, dans la société du xixe siècle, constitue également un interdit fort. La double contrainte qui pèse sur cette sexualité la rend difficile à vivre, surtout dans le cadre urbain où vivent Pierre et sa sœur.
25À l’inverse, la relation incestueuse entre Pierre et Marie Robert a pu pleinement s’exprimer pendant plusieurs années dans le cadre d’un foyer qui protégeait leur relation incestueuse. Les débuts de cette relation sont relativement similaires à ceux de Pierre et Antoinette Moignon. Alors qu’il est adolescent, Pierre Robert s’éprend de sa sœur cadette. Appelé au service militaire, il doit quitter quelques années le foyer. De retour chez lui en 1850, ses parents le font dormir dans la même chambre que Marie :
Une passion coupable ne tarda pas […] à s’emparer de Robert et il osa l’exprimer à sa sœur, en l’engageant à s’abandonner à lui. Bien qu’initiée, s’il faut l’en croire, dès l’âge de onze ans, à toutes les pratiques de la débauche, elle résista d’abord, non par un sentiment d’horreur instinctive mais parce qu’elle redoutait de devenir mère. Elle céda cependant et jusqu’en 1860, le frère et la sœur vécurent ensemble dans la maison même de leurs parents.24
26Contrairement aux deux cas précédents, Pierre et Marie évoluent dans un monde rural et appartiennent aux classes les plus défavorisées de la société. De l’expression de leurs sentiments, de leur expérience de l’inceste, nous ne savons rien. En revanche, leur environnement témoigne d’une certaine tolérance à l’inceste, tant de la part de la communauté rurale que de celle de la famille. Les parents des deux amants connaissent l’inceste de leurs enfants et les laissent vivre sous leur toit. Ils se rendent également complices, du moins pour la mère, des six infanticides commis par le couple. On ne peut supposer que ces six infanticides aient échappé à « l’omniscience » des villageois qui se rendent, dès lors, complices de l’inceste.
27De nombreux cas comme ceux de Pierre et Marie ont pu échapper au regard de l’historien. Est-ce à dire que ce type de sexualité pouvait se pratiquer au grand jour ? La chose est peu probable, car l’inceste qui se perpétue ici pendant dix ans, surajouté à la naissance de sept enfants dont six sont tués des mains de leurs père et mère, laisse plutôt présager que l’inaction des parents et de la communauté villageoise est à mettre sur le compte de la dimension extraordinaire de cet inceste, si scandaleux qu’il se mue en tabou. La communauté n’assure plus son rôle régulateur et abandonne son contrôle pour se décharger des crimes commis par la famille Robert.
28Entre amour platonique et passion déraisonnée, l’inceste adelphique trouve des formes d’expression très différentes selon les lieux et les cercles sociaux dans lesquels il se perpétue. Dans les milieux plus aisés, l’échange épistolaire permet d’entretenir une relation où les sentiments peuvent s’exprimer en mettant à jour des mécanismes ambigus qui oblitèrent la dimension interdite de l’inceste de l’amour fusionnel. On est proche ici des sentiments décrits par les romantiques du premier xixe siècle. Dans les milieux plus défavorisés, qui ne maîtrisent pas l’écrit et où les incestueux vivent dans la promiscuité, l’expression de ces sentiments ou leurs justifications sont beaucoup plus difficiles à approcher. Vivant comme mari et femme, le frère et la sœur entretiennent alors une relation incestueuse au vu et au su de la communauté. Une chose apparaît cependant commune à ces trois affaires : le désir adelphique prend racine pendant la puberté alors que les deux adolescents vivent dans le même foyer ; la séparation contribue à renforcer ces sentiments par la frustration de la distance ; parvenu à l’âge adulte, libéré alors pour partie des contraintes imposées par la famille, le couple réuni consomme l’inceste à travers la sexualité.
Amours impossibles
Exils
29Il nous reste maintenant à évoquer ces couples pour qui l’inceste constitue, en raison des prohibitions civiles, un empêchement à l’épanouissement de leurs sentiments amoureux. Face aux interdits dictés par le Code civil, les couples incestueux semblent adopter trois attitudes différentes : soit ils choisissent la fuite, en partant vivre leur inceste dans un endroit où on ne les connaît pas ; soit ils tentent, par différents recours, de faire légitimer leurs mariages et leurs enfants.
30La frustration de ne pouvoir pratiquer librement la sexualité incestueuse ou les pressions familiales ou juridiques peuvent pousser certains couples incestueux à fuir. Cette fuite du couple a de longue date été mise en scène par les écrivains du xixe siècle qui en font une constituante du phénomène. Afin de vivre librement leur amour, les incestueux quittent le territoire familial, vont vivre dans une autre région ou dans un ailleurs lointain, comme Léopold de La Roquebrussane et sa sœur Stéphana qui quittent la France pour vivre anonymement leur amour dans le roman de Catulle Mendès (1841-1909), Zo’har25.
31Trouve-t-on de tels cas dans les archives judiciaires ? Quelques affaires trouvées au détour de nos recherches dévoilent l’existence de ces exils incestueux. Contrairement à ce que suggèrent les écrivains, ces couples s’installent dans un rayon assez limité, pratiquant un éloignement a minima du foyer d’origine. Généralement, le couple se contente de quitter son quartier, son village ou, dans certains cas, sa paroisse. Lorsque, après la naissance de leur premier enfant, la vie de couple menée par Vincenzo Calzia et sa nièce Teresa depuis plus de six ans à Porto Maurizio commence à générer un trop grand scandale, le couple déménage dans un quartier plus excentré de la ville dit de « La Marina ». Mais l’inceste suit les deux amants dans leur nouveau quartier. La naissance de leur deuxième enfant redonne prise à la rumeur, à l’initiative de la sage-femme, comme elle le signale à la justice niçoise :
Quand je sortis de la maison où habitaient l’oncle et sa nièce, je rencontrais dans le quartier de la Marina de nombreuses personnes dont l’une d’elle voulait seulement le voir et le porter mais je lui refusais sachant que le nourrisson provenait du commerce incestueux de l’oncle et de la nièce.26
32La révélation de l’origine incestueuse du nouveau-né déclenche un nouveau scandale qui oblige le couple à quitter la ville après que leur propriétaire les ait jetés dehors. Gens de peu de moyens, Teresa et son oncle ne peuvent se permettre de quitter leur région natale et continuent pendant six années à changer fréquemment d’adresse dans la région de Porto Maurizio, jusqu’à ce que la justice niçoise les arrête et que le couple soit condamné pour commerce incestueux, ainsi que le prévoit le droit sarde.
33Le cas de Teresa et de Vincenzo rend bien compte des raisons qui poussent un couple incestueux à fuir son domicile. Si la notion de scandale est mise en avant dans les déclarations et que l’intervention du chapelier est nécessaire pour que le couple soit expulsé de son domicile, cette affaire laisse supposer que c’est avant tout la peur de la justice qui contraint l’oncle et la nièce à fuir. Lorsque le couple ou l’un de ses membres est mis en danger par la législation, il est contraint à l’exil. C’est donc moins le scandale ou la recherche d’anonymat que l’illégalité qui pousse les incestueux à fuir. Ces cas sont particulièrement fréquents dans les affaires d’adultères. Mariés à des femmes beaucoup plus âgées qu’eux, certains hommes décident de fuir avec leur belle-fille ou leur nièce.
34Ainsi, Lucien Pillon est âgé de 25 ans lorsqu’il se marie avec la veuve Guillemont, de 15 ans son aînée. Mère de trois enfants, celle-ci vit au foyer en compagnie de sa fille aînée, Adeline, âgée de 14 ans. Lucien et Adeline tombent rapidement amoureux et entretiennent clandestinement une relation incestueuse pendant quatre ans. En 1860, alors que la jeune fille a 18 ans, Lucien et sa belle-fille quittent Corbeil pour aller se réfugier dans un hôtel à Asnières :
Une plainte fut portée par la veuve Guillemont et Adeline fut retrouvée, elle avait quitté Corbeil avec Pillon qui l’avait conduite à Asnières et là, l’avait placée chez une de ses sœurs où Adeline jouissait de toute sa liberté. On sut que dans un hôtel où avaient couché Adeline et Pillon, ils avaient partagé le même lit.27
35Lucien Pillon est condamné à six années de réclusion pour détournement de mineure à la suite de cette affaire. L’adultère et l’inceste ne sont donc jamais autant entremêlés que dans ces affaires où les hommes mariés partent avec des membres de leur famille, souvent plus proches de leur âge, pour vivre leur amour librement hors du domicile conjugal. Il est donc possible de penser l’inceste comme un amour qui ne se vit pleinement que dans la fuite et dans l’exil. Les poursuites judiciaires dont certains incestueux sont passibles motivent ces évasions.
Ultimes recours
36Lorsque l’on écoute les propos tenus par ces couples incestueux, on note l’existence d’une rhétorique commune. Tant que les protagonistes de cet amour ne font pas de demande auprès des autorités pour légitimer leur union, ils continuent de vivre dans le scandale aux yeux du village et de leur entourage. Les femmes sont particulièrement touchées par ces questions qui ont trait à la sauvegarde ou au rachat de leur respectabilité. Souvent plus âgés, les hommes s’attachent à garder leur compagne par la promesse d’une légitimation prochaine de leur union incestueuse. Celle-ci peut émaner soit de l’instance laïque, soit de l’instance religieuse. Teresa Calzia rompt à plusieurs reprises sa relation avec son oncle parce que ce dernier ne fait pas assez d’efforts pour demander la dispense de parenté autorisant leur mariage et légitimant leurs enfants. Elle répond au juge qui l’interroge sur la durée de sa relation :
– À la suite de tous les appels et les intimations qui vous ont été faites, vous ne vous êtes pas ravisée sur le fait que votre état était illicite, contraire aux bonnes coutumes, et réprouvé de l’autorité ; vous ne l’avez pas pour autant modéré et corrigé ?
– Je me rappelle très bien l’avoir compris mais les promesses continuelles de mon oncle et ma charmante passion me trompèrent, prévalant aux bonnes inspirations. Ce qui est pire est que j’étais toujours agitée du désir d’épouser mon oncle.28
37L’espérance de Teresa de voir son honneur réparé par son oncle, ainsi que les multiples démarches entreprises par ce dernier, aboutissent à une condamnation atténuée de l’oncle et de la nièce. Le 21 avril 1826, tandis que Vincenzo est condamné à trois ans de prison, Teresa se voit attribuer une sentence de deux ans. De son côté, Chiara Maria Nata confesse également au juge que le poids du péché incestueux est trop lourd pour elle, d’autant qu’elle se retrouve enceinte de son beau-père au moment de l’enquête.
38Le besoin de légitimer son union par une reconnaissance légale est donc indispensable au couple incestueux pour survivre. Tout comme dans les situations d’adultère29, c’est surtout la femme qui voit sa position au sein de la communauté mise en danger par l’inceste. À la lueur des témoignages fournis devant les magistrats, on comprend l’attente suscitée par les promesses de leurs concubins d’obtenir une dispense de parenté auprès de l’autorité catholique. Ce besoin de légitimation est plus urgent lorsque le couple incestueux met au monde une descendance sur qui pèse une double contrainte : celle du péché et celle de l’illégitimité de ne pouvoir être reconnu civilement et religieusement par la société.
39De nombreux couples entament donc des démarches auprès de la sacrée Pénitencerie apostolique, qui constitue l’un des trois tribunaux de l’Église catholique romaine. À sa tête, un cardinal, le pénitencier majeur, reçoit les confessions au nom du pape et juge au for interne ou au for externe toutes les affaires de conscience qui lui sont soumises. Généralement, ces démarches de dispense de parenté sont faites, soit directement par le couple qui accompagne sa demande par des lettres de recommandation, soit par l’évêque du diocèse qui peut, à cette occasion, se faire l’intercesseur entre la papauté et le couple incestueux. Ces demandes interviennent toujours après la consommation de l’union et la naissance d’une descendance incestueuse.
40Gratuite pour les personnes bénéficiant d’un certificat de pauvreté, la démarche de dispense est généralement accordée favorablement par l’Église catholique au cours du xixe siècle pour tous les alliés au second et quatrième degré du calcul civil. Elle permet au couple incestueux d’offrir un baptême à ses enfants et de pouvoir vivre honorablement son union.
41Pour l’ensemble des couples qui ne peuvent bénéficier de dispenses, la vie quotidienne s’avère beaucoup plus difficile, soulignant l’importance accordée à la notion de légitimité et d’honneur au cours du xixe siècle. Les demandes de dispense de parenté prévues par l’article 164 du Code civil (il lève les interdictions portées à l’encontre des oncles et des nièces, des tantes et des neveux, et des beaux-frères et des belles-sœurs) sont cependant loin de concerner tous les couples incestueux.
42La limitation de ces dispenses à ces trois catégories de parentés oblige nombre de relations incestueuses à se dérouler dans l’ombre. Ainsi, Françoise Boy, élevée par son beau-père depuis sa plus tendre enfance, « se laissa séduire par les caresses de son beau-père, leurs cœurs s’enflammèrent, leurs sens parlèrent plus haut que la raison et de leur union illicite résulta deux malheureux enfants30 ». À plusieurs reprises, leurs demandes de dispense de parenté sont refusées et ce, malgré la bénédiction accordée par le souverain pontife à leur demande. Les lettres de moralité associées à la demande de dispense font état du désespoir dans lequel se trouve Françoise, qui « est abreuvée de dégoûts, la vie lui devient insupportable, elle ne cesse de répéter qu’elle a le projet de se détruire31 ».
43À bien des égards, la loi civile apparaît moins prompte à reconnaître les incestueux que la loi religieuse, surtout dans la première moitié du xixe siècle. Le lien qui perdure entre le beau-père et la belle-fille à travers le défunt continue de poser des problèmes moraux à la société civile. La situation des femmes est, dans ce type d’inceste, souvent plus fragile que celle des hommes. N’ayant aucun statut d’épouse, elles ne peuvent prétendre à un héritage et, si leur compagnon vient à décéder, seuls les aliments doivent être versés aux enfants incestueux par la famille du défunt. On peut aussi considérer que l’honneur de ces femmes est plus sûrement et durablement atteint que celui de leur compagnon. Souvent plus jeunes qu’eux, elles deviennent des veuves dotées d’enfants non reconnus civilement, dans des situations d’immoralité notoire.
44L’analyse des pratiques de la sexualité incestueuse, lorsqu’elles sont faites de consentement et de sentiment amoureux, demeure difficile à mener. Les incestueux parlent peu en raison des interdits civils qui pèsent sur leur union. C’est d’ailleurs à travers cette notion d’interdit que doivent être approchés les mécanismes d’union des parents. Dans un premier temps, la prohibition semble facilement s’effacer au profit du sentiment ou de la passion. L’interdit n’est pas suffisamment fort pour enrayer l’inceste lorsque deux adultes ou deux adolescents sont attirés l’un par l’autre. Dans un second temps, la prohibition surpasse le couple qui se heurte à des difficultés quotidiennes pour vivre son union, des difficultés qui l’obligent à faire des choix : fuir, rester malgré le scandale et perdre son honneur, se cacher du regard des autres et, parfois aussi, tuer.
45L’inceste est une sexualité qui se vit à travers l’interdit, que ce dernier permette au couple de fusionner dans un amour passionnel, dans le déshonneur, ou qu’il le divise en raison des difficultés légales qu’il induit. La défense du comportement incestueux est avant tout motivée par le désir de préserver la société. C’est en comprenant cela que l’on peut cerner les sexualités incestueuses qui ne dérangent pas la société du xixe siècle. Si les pratiques sexuelles de l’inceste, celles qui sont faites d’ordinaire et de quotidien, sont dérangeantes au xixe siècle, c’est en raison de leur visibilité et de l’aveu du crime qu’elles supposent. L’évidence de l’inceste, qui corrompt la société du xixe siècle, impose aux unions incestueuses de demeurer dans l’ombre face à une loi paradoxale, qui tout en les décriminalisant, n’autorise pas ces unions à être vécues librement et légitimement.
Notes de bas de page
1 L’inceste adelphique de type primaire est celui qui se produit entre les frères et sœurs biologiques. Il existe également un inceste adelphique de type secondaire qui définit les relations entre demi-frères et demi-sœurs ou encore entre beaux-frères et belles-sœurs.
2 L’inceste germain sert à définir les relations sexuelles entre cousins germains.
3 L’article 331 du Code civil de 1804 précise que « les enfants nés hors-mariage, autres que ceux nés d’un commerce incestueux ou adultérin, pourront être légitimés par le mariage subséquent de leurs père et mère ». De plus, les enfants adultérins et incestueux ne peuvent être reconnus par un acte authentique auprès de l’état civil (art. 335). Ils ne sont pas non plus admis à la recherche de la paternité ou de la maternité (art. 340).
4 Anne-Marie Sohn, Du premier baiser à l’alcôve : la sexualité des Français au quotidien, Paris, Aubier, 1996. Voir Fabienne Giuliani, Enquête sur les relations incestueuses dans la France du xixe siècle (1791-1898), thèse de doctorat soutenue sous la direction de Dominique Kalifa, Université de Paris I Panthéon-Sorbonne, 2010 ; Id., « France. Le lien brisé : l’inceste au xixe siècle », dans Véronique Blanchard, Régis Revenin et Jean-Jacques Yvorel (éd.), Les jeunes et la sexualité. Initiations, interdits, identités (xixe-xxie siècles), Paris, Autrement, 2010, p. 233-243.
5 Michel Foucault, « Cours du 15 janvier 1975 », dans Les anormaux. Cours au Collège de France, 1974-1975, Paris, Gallimard-Le Seuil, 1999, p. 39.
6 Sigmund Freud, Trois essais sur la théorie sexuelle, Paris, Gallimard, 1989.
7 Gabrielle Houbre, La discipline de l’amour. L’éducation sentimentale des filles et des garçons à l’âge du romantisme, Paris, Plon, 1997, p. 146.
8 Élémir Bourges, Le crépuscule des Dieux, Paris, Stock, 1950 (1re éd. 1884), p. 38.
9 Houria Bouchenafa, Mon amour, ma sœur, l’imaginaire de l’inceste frère-sœur dans la littérature européenne à la fin du xixe siècle, Paris, L’Harmattan, 2004, p. 53-54.
10 Archives départementales des Yvelines, dossier no 2U/563, affaire Rabeux, interrogatoire de Georges Rabeux par le juge d’instruction du Tribunal de première instance de Pontoise, 17 septembre 1872.
11 Jean-Yves Hayez, La sexualité des enfants, Paris, Odile Jacob, 2004, p. 21.
12 Rosa Jaitin, Clinique de l’inceste fraternel, Paris, Dunod, 2006.
13 Jean-Louis Flandrin, Les amours paysannes, xvie-xixe siècles, Paris, Gallimard-Julliard, 1975. Voir Dr Marcel Baudoin, Le maraîchinage coutume du pays de Mont (Vendée), Paris, A. Maloine, 1906.
14 Agnès Walch, Il y a un siècle… Les amoureux, Rennes, Éditions Ouest-France, 2004, p. 102.
15 Alain Corbin (éd.), Histoire du corps, t. 2 : De la Révolution à la Grande Guerre, Paris, Le Seuil, 2005, p. 184.
16 Sadinet, Petites cousines, souvenirs érotiques d’un homme de qualité, Paris, À la folie du jour, 1909. Voir Jean-Pierre Dutel, Bibliographie des ouvrages érotiques publiés clandestinement en français entre 1880 et 1920, Paris, Chez l’auteur, 2002, p. 269, no 684.
17 Jules Barbey D’aurevilly, « Treize ans », dans Poussières, Paris, Alphonse Lemerre, 1897, p. 65-66.
18 Adam Kuper, Incest and Influence. The Private Life of Bourgeois England, Cambridge, Harvard University Press, 2009, p. 50.
19 Gabrielle Houbre, La discipline de l’amour…, op. cit., p. 141-142.
20 Deborah Gutermann, « France. La part sombre de l’initiation sexuelle : une histoire d’amour maudite dans le premier xixe siècle », dans Véronique Blanchard, Régis Revenin et Jean-Jacques Yvorel (éd.), Les jeunes et la sexualité…, op. cit., p. 47. Voir aussi Anne-Marie Sohn, « Les attentats à la pudeur sur les fillettes et la sexualité quotidienne en France (1870-1940) », Mentalités. Histoire des cultures et des sociétés, no 3 : « Violences sexuelles », 1989, p. 71-111.
21 Bibliothèque historique de la Ville de Paris, manuscrits, no 3007, t. 8, F 1, 27 nivôse an XII.
22 Bibliothèque historique de la Ville de Paris, manuscrits., no 3001, t. 2, F 104 et 105, s.d.
23 Archives départementales de la Seine, dossier no D2U8/25, affaire Moignon, première lettre de Pierre Moignon à sa sœur, s.d.
24 Archives nationales, série BB/24/2029, dossier 5003/S.60, affaire Robert, rapport du directeur des affaires criminelles et des grâces à l’Empereur, 29 août 1860.
25 Catulle Mendes, Zo’har, Lyon, Palimpseste, 2005 (1re éd. 1886).
26 Archives départementales des Alpes-Maritimes, dossier no 2FS/590, affaire Calzia, déposition de Teresa Alilio devant le Tribunal de mandement de Porto Maurizio, 7 octobre 1825.
27 Archives nationales, série BB/20/225/2, compte rendu du quatrième trimestre de la cour d’assises de Seine-et-Oise par le président Filhon, 6 janvier 1861.
28 Archives départementales des Alpes-Maritimes, dossier no 2FS/590, affaire Calzia, interrogatoire de Teresa Calzia par le juge du tribunal de mandement d’Oneglia, 30 novembre 1825.
29 Anne-Marie Sohn, Chrysalides : femmes dans la vie privée (xixe-xxe siècles), Paris, Publications de la Sorbonne, 1996, p. 949-964.
30 Archives nationales, dossier no BB/15/202, dispenses de parenté refusées, lettre du maire d’Édon au Garde des Sceaux, 8 janvier 1818.
31 Archives nationales, dossier no BB/15/202, dispenses de parenté refusées, lettre du juge de paix du canton de la Tour-du-Pin au procureur du Roi, 24 mai 1818.
Auteur
Professeure d’histoire-géographie au lycée Maurice Utrillo de Stains (93) et chercheuse associée au Centre d’histoire du xixe siècle de l’université de Paris I Panthéon-Sorbonne (EA 3550). Sa thèse de doctorat, soutenue en novembre 2010 sous la direction de Dominique Kalifa, porte sur l’analyse des relations incestueuses dans la France du xixe siècle (1791-1898). Ses domaines privilégiés de recherche sont l’analyse de la construction normative dans la société en croisant l’histoire du crime, de la famille et de la sexualité dans une perspective d’histoire sociale.
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