Les décrets des paroikoi de Rhamnonte
p. 293-313
Texte intégral
1En tenant compte des découvertes épigraphiques récentes effectuées dans la forteresse de Rhamnonte, centre d’un dème au nord-est de l’Attique, on est frappé par la diversité des groupes à l’origine de décisions politiques1. Ainsi, pour la seule période allant de 229 à 200, on peut définir quatorze manières différentes de qualifier les promoteurs des décrets honorifiques dans les formules de sanction, les formules de résolution ou les couronnes gravées sur des stèles. Après réduction, cela nous ramène à sept groupes différents, que l’on peut dénombrer ainsi : ont pris des décisions des démotes, des Amphiéraïstes, des Sarapiastes, des citoyens habitant à Rhamnonte (oi oikountes ton politôn Rhamnounti), des soldats (stratiotiai), des soldats citoyens qualifiés de six manières différentes, et des paroikoi2.
2Les commentateurs ont été frappés de ce fait, et d’un fait plus surprenant encore : la capacité de regroupement de certains corps pour prendre des décisions communes. Dans un article désormais classique sur « le dêmos et ses subdivisions dans l’Athènes classique », on sait que Robin Osborne avait posé la question de la solidarité athénienne, en montrant que le corps civique athénien (le démos) était uni par ses subdivisions3. R. Osborne parvenait à la conclusion suivante : « Loin qu’il y eut à Rhamnonte, en cette fin du iiie siècle, un certain nombre de groupes indépendants entretenant des rapports de groupe à groupe, il apparaît clairement que cette communauté variable était constituée d’individus qui, dans diverses circonstances, indépendantes de leur volonté ou non, s’associèrent à d’autres individus au sein d’une diversité de corporations »4.
3Ce schéma d’ensemble de diverses associations d’individus, dont les représentants pouvaient passer conjointement des décrets, a récemment fait l’objet d’une mise au point de la part de Nicholas F. Jones, dans son ouvrage sur les associations athéniennes5. Selon cet auteur, du fait des mouvements migratoires qui affectent la population de l’Attique depuis la réforme de Clisthène, il convient de considérer l’existence non pas d’un seul, mais de deux dèmes : le premier est le dème clisthénien, que Jones appelle aussi le dème constitutionnel (« the constitutional dème » p. 82), dont les membres sont déterminés par la descendance ; le second est le dème territorial, une subdivision géographique de l’Attique, délimitée par des bornes. Ce dernier dème regrouperait tous les Athéniens, mais aussi les métèques et étrangers résidant sur un territoire dont ils ne peuvent pas se dire originaires au sens clisthénien, mais sur lequel, pourtant, ils habitent et sur les décisions politiques duquel ils souhaitent néanmoins influer. Sans vraiment donner de chronologie. Jones pense que le premier dème aurait progressivement décliné, au profit du second. Ainsi, là où Osborne ne décelait aucune tension entre divers groupes pouvant passer des décrets conjointement. Jones non seulement en décèle une mais considère aussi que les groupes de soldats d’abord, puis de « résidents » (hoi oikountes) s’affirment de plus en plus politiquement et finissent par l’emporter sur les démotes. Selon l’auteur, ce mouvement s’expliquerait à la fois par une sorte de reconnaissance officielle du corps des « résidents » et par un déclin des dèmes clisthéniens.
4Ce point de vue me semble à la fois à nuancer et à rectifier. Qu’un certain nombre d’actes officiels, en l’occurrence toujours des décrets honorifiques, aient été pris par des groupes de soldats, indépendamment des démotes, est une évidence. Mais indépendance ne signifie pas concurrence et il semble imprudent de conclure à une rivalité entre ces groupes — dont les membres ne trouvent pas leur place institutionnelle dans le dème, tout en y résidant — et les démotes. Au contraire, si reconnaissance institutionnelle il y a. elle passe plutôt par une association de ces groupes avec les démotes (et non par leur substitution). Quant à la deuxième affirmation, selon laquelle l’activité de l’ensemble des dèmes de l’Attique aurait décliné. N. Jones la déduit de la raréfaction, à partir du iie siècle, des témoignages épigraphiques, spéculant ainsi sur une disparition. Cette affirmation me paraît hasardeuse car l’on conserve des preuves, certes rares, de l’activité des dèmes jusqu’à l’époque impériale6. De plus, absence de témoignage ne signifie pas disparition de l’activité politique. Cette dernière a très bien pu se poursuivre sans que soit rendu nécessaire la gravure sur pierre. De plus, il faut tenir compte des hasards des découvertes.
5Si j’ai mentionné un peu longuement ces deux éléments historiographiques, c’est que l’étude que je me suis proposé de mener — celle des décrets des paroikoi — va m’amener à préciser certains des points mentionnés par Osborne et Jones, qui ont, me semble-t-il, négligé ce dernier groupe d’individus dans leur raisonnement. Certes, les paroikoi ont déjà fait l’objet de quelques études7. Mais dans le cas athénien, bien des points restent à préciser, relatifs à l’origine et au statut des paroikoi ainsi qu’à la capacité et à l’intégration politique du groupe au sein de la cité.
L’ORIGINE ET LE STATUT DE LA COMMUNAUTÉ DES PAROIKOI
6En Attique, les paroikoi sont connus exclusivement par des textes épigraphiques en provenance de Rhamnonte. Leur présence se perpétue sur environ un siècle et demi, à partir de la seconde moitié du iiie siècle jusqu’à la fin du iie siècle et le début du ier, la majorité des attestations se situant dans le dernier tiers du iiie siècle. Comme on peut le voir dans la liste des témoignages fournis en annexe, les paroikoi ne sont attestés qu’à Rhamnonte et non plus à Sounion, comme on l’a longtemps supposé. On doit en effet à B.C. Pétrakos d’avoir montré que le décret IG II2 1309 (cf. n°120 en annexe), qui mentionne les paroikoi dans ses considérants, provenait en réalité de Rhamnonte. La pierre, découverte par Staïs lors de la campagne de fouille de 1890/1, fut entreposée au Musée National en même temps que d’autres découvertes réalisées au cap Sounion, d’où la confusion reproduite par Kirchner dans les Inscriptiones Graecae. Il s’agit bien du marbre local de Rhamnonte, celui d’Haghia Marina, et non pas celui du Pentélique.
7Avant d’être employé dans l’épigraphie pour désigner un groupe de population d’origine étrangère et résidant à Rhamnonte, le terme de paroikos n’est usité dans les sources littéraires athéniennes qu’au sens non-technique de « voisin »8. Ailleurs dans le monde grec, notamment dans le monde colonial des cités d’Asie, les paroikoi apparaissent comme des « dépendants » qui « n’en sont pas moins chez eux et exploitent des terres sur lesquelles des droits leurs étaient reconnus »9 ; en d’autres termes, à la suite des bouleversements opérés par la conquête d’Alexandre, les paroikoi « avaient été les ’voisins’ rattachés de quelque façon à la cité, auxquels étaient reconnus des droits et imposés des obligations »10.
8Ce qui est sûr, c’est qu’à Rhamnonte les paroikoi sont une catégorie de population différente de celle qui porte le même nom en Asie Mineure ou dans les îles. A la suite d’autres savants. F. Papazoglou a d’ailleurs souligné le fait que les paroikoi de l’Attique n’étaient « ni des métèques, ni des autochtones, mais d’anciens mercenaires auxquels on a décerné un statut particulier, sans prérogatives politiques »11. Reste que l’institution de la paroikia, pour employer un néologisme qui est en réalité fort peu usité dans les textes et jamais dans un sens technique12, conserve une part de mystère plus ou moins opaque.
9Le statut juridique des paroikoi de Rhamnonte est en effet difficile à définir, même si l’on perçoit quelques éléments tangibles. On l’a dit, il est incontestablement différent de celui des autres paroikoi du monde grec. Les paroikoi de Rhamnonte n’étaient pas d’anciens laoi cultivant leur terre et rattachés au territoire d’une cité, comme cela est le cas des paroikoi en Asie Mineure. Pourtant, « à considérer leur caractère de collectivité, leur installation dans la chôra et leur dépendance vis-à-vis de la cité, ils leur étaient comparables »13. Les paroikoi n’étaient pas non plus assimilables aux métèques alors que certains paroikoi des îles ou d’Asie Mineure le sont14. Comme les métèques, ce sont des étrangers résidants ; contrairement à eux, les paroikoi forment une communauté, installée à titre collectif, en vue du métier des armes, alors que, selon l’image habituelle, les métèques s’installent à titre individuel, exercent des métiers variés, sont libres de leurs mouvements et vivent le plus souvent dans la ville même d’Athènes ou au Pirée. Enfin, les paroikoi ne sont pas non plus de simples mercenaires ayant acquis certains avantages, tels que l’isotélie15. Contrairement aux mercenaires habituels, relevant de leur xénagos, les paroikoi sont commandés par des Athéniens. Ils relèvent directement d’un préposé, ho épi tous paroikous16. Ils sont également subordonnés au stratège du territoire et de la paralie17.
10La question de l’origine de ce groupe pourrait aider à la compréhension de leur statut, si elle n’était elle-même sujette à discussion. L’évolution de la pensée de J. Pouilloux sur ce point est significative. En 1946, sur la foi de deux décrets de paroikoi (n° 118 et 120 en annexe) qu’il datait entre 260 et 240, Pouilloux considérait qu’en accordant le titre de paroikos les Athéniens étaient parvenus à donner un statut à des mercenaires étrangers imposés par Antigonos Gonatas ; les citoyens « ne pouvaient rien refuser au maître de l’heure, mais surent marquer une différence entre ces étrangers qu’on leur imposait d’admettre, et ceux qu’ils avaient de tout temps acceptés si volontiers. Ils empruntèrent à l’étranger un titre pour ces étrangers. Telle serait la raison de ce nom insolite à Athènes »18. La main-mise antigonide était d’autant plus pesante que les documents étaient datés immédiatement d’après la guerre de Chrémonidès qui avait vu la défaite de la cité face à la puissance macédonienne. En 1956, se basant sur une datation nouvelle des deux documents — auxquels s’ajoutait désormais le décret pour Théotimos (n° 122 en annexe) — Pouilloux ajusta sa première hypothèse en la modifiant substantiellement. Pour le savant, l’institution des paroikoi aurait alors été créée après la libération de 229, un peu à la manière par laquelle, vers la même époque, Philippe V procéda à une politographie en direction de diverses cités de Thessalie, Achaïe et Béotie situées dans sa zone d’influence19. Selon Pouilloux, les Athéniens eurent donc à répondre aux nécessités qui poussèrent Philippe V à bouleverser l’organisation politique de ces cités — à savoir stabiliser des populations allogènes résidentes sur le territoire civique — mais selon un processus dont ils gardaient l’initiative. « Pour répondre aux mêmes nécessités, et peut-être parer à une intervention semblable (i.e. celle de Philippe V), [les Athéniens] confèrent certains privilèges à des étrangers en service chez-eux. […] Peut-être les paroikoi sont-ils des exilés, bannis par suite de la politique macédonienne. Athènes leur offre un asile, un moyen de vivre (leur solde de mercenaires) et certains privilèges, mais non la politeia complète »20. Pouilloux oppose ainsi les isotèles, connus par un décret pris durant la période d’occupation antigonide, et les paroikoi, dont il date les décrets de la période de l’indépendance, après 229. S’il faut noter que « l’action de Gonatas en faveur des isotèles annonce déjà les procédés que Philippe mettra en œuvre 30 ans plus tard, mais témoigne de plus de réserve, puisque le roi ne va pas jusqu’à exiger l’inscription complète sur la liste civique »21, le titre de paroikos aurait été attribué comme une récompense par la cité elle-même, sans recourir davantage à l’octroi de la citoyenneté complète.
11Pour résumer, alors que la datation haute des documents, sous le règne de Gonatas, faisait de l’institution des paroikoi une volonté royale, une datation basse des mêmes documents faisait de l’institution une création des Athéniens débarrassés de la tutelle macédonienne après 229. Citons F. Papazoglou, qui reprend à son compte la position adoptée par Pouilloux en 1956 : « Les trois textes où figurent les paroikoi étant, selon toute vraisemblance, postérieurs à la libération de l’occupation antigonide (229), les Athéniens auraient eu recours à cette nouvelle appellation pour distinguer dans leurs garnisons les xénoi qui s’étaient montrés particulièrement dévoués au départ des Macédoniens »22. La savante serbe, dont on ne pourra que louer la claire contribution à la question des paroikoi dans le monde grec, n’en parvenait pas moins à la conclusion que les inscriptions mises à jours depuis à Rhamnonte n’apportaient aucun élément nouveau à la discussion.
12Qu’indiquent les documents, dont le nombre est maintenant supérieur à celui dont avaient connaissance Pouilloux et Papazoglou ? Ils indiquent que l’institution est en réalité antérieure à la libération de 229, marquée par le rachat athénien du départ des troupes macédoniennes de Diogénès, le gouverneur du Pirée. C’est ce qu’attestent deux décrets en l’honneur du stratège Archandros (dont l’un non publié), datant de l’archonte Diomédon soit des années 240 a.C (cf. n°59 et 78 en annexe). Dans le document n° 78. la formule de sanction, à la première ligne, est très fragmentaire, comme on peut en juger par les lettres pointées : ἔδ[ο]ξεν τ [ῶ] ν πάροίκων [το]ῖς τ[εταγμένοις ἐν’ Ραμνοῦντι ]. Toutefois, ayant personnellement revu la pierre, je dois avouer que l’on lit bien ces lettres, même si elles sont partiellement brisées en haut.
13L’apparition des paroikoi dans notre documentation dès les années 240 invite-t-elle à remettre à l’ordre du jour la première hypothèse de J. Pouilloux, celle de 1946 qui visait à faire des paroikoi des mercenaires royaux établis à Rhamnonte par la volonté de la puissance macédonienne, sans qu’ils n’obtiennent jamais la citoyenneté complète ? En réalité non, car il est à noter -jusqu’à preuve du contraire et nouvelle découverte — que, si deux documents relatifs aux paroikoi sont antérieurs à 229, tous les documents sont postérieurs à 256/5. Or, la date de 256/5 n’est pas indifférente, compte tenu des développements récents qu’elle suscita chez les spécialistes de l’Athènes du iiie siècle. On sait en effet par Eusèbe qu’à cette date la cité a théoriquement recouvré sa liberté23. Traditionnellement, on pensait que cette libération marquait seulement le retrait de la garnison du Mouseion et n’empêchait pas la poursuite de la mainmise antigonide sur toutes les forteresses du territoire24. Il semble que l’on puisse maintenant admettre que les forteresses d’Éleusis, Panakton, Phylè et Rhamnonte relevèrent après 256/5 de la cité athénienne conformément au témoignage de Plutarque et de Pausanias qui indiquent qu’en 229 seuls Le Pirée. Mounychie, Salamine et Sounion retournèrent aux Athéniens grâce à Diogénès25. Si l’on date de 256/5 le retrait des troupes royales de la forteresse de Rhamnonte et la ré-appropriation par la cité de la forteresse de Rhamnonte, on peut aussi considérer que ca. 256/5 constitue un terminus post quem séduisant pour l’institution des paroikoi. Selon toute vraisemblance, le statut des paroikoi fut donc attribué par la cité, et non créé par le roi du temps de sa domination directe sur la forteresse.
14Reste néanmoins à dégager la portée politique de ce statut. Les paroikoi doivent certainement être considérés comme un groupe de garnisaires, survivants des mercenaires installés là par Antigone Gonatas après qu’il ait (ré) établi la présence des troupes royales à Rhamnonte, au lendemain de la défaite athénienne dans la guerre de Chrémonidès, en 262/1, et avant qu’il ne se désengage de Rhamnonte, en 256/5. S’il s’agit incontestablement d’un moyen saisi par les Athéniens de stabiliser une population d’étrangers présente à Rhamnonte, quelle est la part de la volonté royale dans cette stabilisation ?
15Pouilloux pensa trouver une réponse à cette question du côté des isotèles, connus à Rhamnonte par un décret qu’ils ont pris en l’honneur du stratège Apollodoros, de l’épimélète Endios et d’un pyloros, entre 263/2 et 256/5 a.C26. Comparant les deux statuts et en fonction des datations alors retenues pour chacun des décrets, Pouilloux proposa également deux solutions différentes, l’une dans le sens d’une continuité politique, l’autre d’une rupture. En 1946 (1ere solution), alors qu’il datait un décret des paroikoi des années 260 et celui des isotèles de 245, Pouilloux faisait des nouveaux isotèles les successeurs des anciens paroikoi, les isotèles ayant obtenu une promotion juridique au sein de la cité par la volonté du roi. Pouilloux indiquait alors que « Antigone paraît aussi méfiant quelques années avant sa mort qu’au lendemain de la prise d’Athènes. Ces deux textes apporteraient même le signe d’une continuité politique. Bien que toute indication prosopographique fasse défaut, et que ce ne soit qu’une hypothèse, les isotèles de 245 sont peut-être les paroikoi de 260, qui continuent leur ascension vers l’état de citoyen »27. En 1956 (2e solution), inversant l’ordre chronologique des textes, Pouilloux faisait cette fois des nouveaux paroikoi les successeurs des anciens isotèles. les paroikoi étant les soldats étrangers restés fidèles à la cité après la rupture politique de 229. Ces xénoi fidèles, autrefois isotèles, auraient alors vu leur nom changer après 229 : « pourquoi leur avoir donné un nouveau nom ? L’exemple des isotèles et le souvenir de l’action macédonienne suffisent peut-être à justifier que dans Athènes libérée, pour une situation somme toute analogue, on ait cherché à éviter un rappel qui eut été fâcheux »28.
16Si l’on date désormais le décret des isotèles affectés à Rhamnonte d’avant 256/5 et l’institution des paroikoi d’après 256/5, on peut être tenté de faire de 256/5 une date aussi importante que 229 pour le reste de l’Attique et donc voir dans la création de ce nouveau statut une prise d’autonomie et de liberté de la cité au détriment des troupes royales. En reprenant en substance la conclusion de 1956 de Pouilloux, cela reviendrait à dire que la création par la cité des paroikoi, dans un contexte de désengagement des troupes royales de Rhamnonte, correspondrait à un désengagement total de l’influence macédonienne à Rhamnonte.
17Cela ne me semble pas une solution satisfaisante, pour plusieurs raisons. Contrairement à ce que veut Pouilloux, le passage d’isotèles à paroikoi ne se réduit pas à un simple « changement de nom ». On ignore en effet quels furent les changements juridiques opérés dans ce passage d’un statut à l’autre. L’isotélie est un privilège fiscal qui vise incontestablement à accorder aux mercenaires de Gonatas les mêmes droits que les citoyens en ce domaine. En ce sens, l’isotélie imposée par Gonatas et votée par l’assemblée s’établit au détriment de la cité, jalouse d’un droit qu’elle n’accorde le plus souvent qu’avec parcimonie, et rarement à titre collectif. Le statut de paroikos est sans doute plus large, mais on ne peut pas dire s’il est fiscalement favorable ou défavorable à la cité, car on ignore tout des taxes et redevances versées par ces étrangers résidant à Rhamnonte. De même, on ignore fondamentalement si les mêmes individus furent successivement isotèles puis paroikoi. ou bien s’il s’agit d’autres personnes.
18On sait aussi que la nature des relations entre la cité athénienne et le pouvoir macédonien de 256/5 à 229 n’est pas parfaitement claire, faute de sources. Récemment, une tendance s’est faite jour, tendant à minorer le rôle joué par Gonatas en Attique, à l’exception du ferme maintien de garnisons antigonides au Pirée et au Sounion. C’est ce vers quoi tendent les conclusions de R. Oetjen29. D’autres, auxquelles je me range, sont restées sur une position plus traditionnelle, arguant pour Rhamnonte du culte royal établi pour Gonatas dans les années 24030. Il est probable en effet que le roi de Macédoine ait continué d’exercer une action militaire sur tout le territoire de l’Attique, en dépit de la libération de 256/5. En effet, adopter l’hypothèse que ce sont dorénavant des troupes sous commandement athéniens qui occupent la forteresse de Rhamnonte, ce n’est pas exclure la possibilité d’une collaboration avec l’occupant macédonien, bien au contraire.
19Si donc l’on adopte l’hypothèse séduisante d’un retrait des troupes royales des forteresses de Rhamnonte et d’Eleusis, Phylè et Panakton suite à la « libération » de 256/5 et conjointement la création d’un statut de paroikoi à Rhamnonte, quelle conséquence cela peut-il avoir du point de vue des paroikoi ? La mise en place d’un statut parfaitement contrôlé par la cité, récompensant d’anciens mercenaires royaux passés du côté athénien ? Cela me semble peu probable, pour plusieurs raisons. Sociologiquement, un tel statut n’a dû être créé que pour répondre à une situation exceptionnelle, à savoir l’implantation d’une population militaire, dont on peut supposer qu’elle s’est installée avec armes et bagages, femmes et enfants et non comme simples mercenaires. Ces soldats sont venus là par la volonté de Gonatas : on peut supposer qu’après la création de leur nouveau statut, un certain loyalisme a continué de se manifester de leur part à l’égard du roi. Militairement, la puissance antigonide reste directement implantée au Pirée et au Sounion et peut continuer à peser sur les destinées du reste du territoire de l’Attique, y compris le territoire contrôlé par la forteresse de Rhamnonte, située sur le canal de l’Eubée. Ce fut sans doute le cas lors d’épisodes mal connus liés à la révolte d’Alexandre, neveu de Gonatas ou aux incursions d’Aratos de Sicyone. Institutionnellement, ce nouveau statut de paroikoi fait que d’anciennes troupes royales relèvent en quelque sorte maintenant de la responsabilité juridique et financière de la cité. Mais politiquement, l’institution doit davantage être interprétée comme un moyen employé par les Athéniens pour s’adapter à une nouvelle réalité humaine, a priori défavorable, que comme une prise d’indépendance de la cité.
20L’établissement des paroikoi à Rhamnonte ne s’est certes pas réalisé du temps de la domination directe de la puissance macédonienne sur la forteresse, entre 262/1 et 256/5, mais après le désengagement des troupes royales à Rhamnonte. Toutefois, on peut penser que cet établissement ne traduit pas un retrait de toute influence antigonide, mais scelle au contraire une collaboration nécessaire entre la cité et la puissance macédonienne, après 256. De 256/5 à 229, l’institution doit être comprise comme l’héritage de la politique de Gonatas, donc comme le signe d’une persistance certaine de l’influence macédonienne sur l’Attique.
21Ce n’est qu’après 229 que les Athéniens montrèrent leur capacité à adapter davantage l’institution à leur profit. Il semble que la cité s’accommoda alors parfaitement de ce statut qui lui fournissait des garnisaires, comme le prouve la persistance des paroikoi durant un siècle encore. Un des signes les plus probants de cette nouvelle adaptation de l’institution aux intérêts de la cité tient surtout au fait que la cité favorisa la prise de décision politique du groupe, maintenant parfaitement contrôlée par elle. C’est ce que tend à prouver l’étude des capacités politiques des paroikoi comme nous le montrent leurs décrets.
LES CAPACITÉS POLITIQUES DES PAROIKOI
22On possède au moins dix décrets ou fragments de décrets (peut-être douze avec les n° 120 et 136, en plus des n° 78,118, 122, 123, 125, 138, 139, 141, 142 et 163 en annexe) dont les paroikoi sont les promoteurs. Ces décrets émanent des hoi tétagménoi tôn paroikôn Rhâmnounti, expression que l’on retrouve selon les cas et l’état de conservation du décret dans la formule de sanction, dans la formule de résolution ou dans les couronnes gravées au bas de la stèle31.
23L’expression hoi tétagménoi Rhâmnounti insiste sur l’affectation militaire. tôn paroikôn étant un génitif partitif : strito sensu, le groupe qui a décerné les honneurs est à distinguer de la communauté des paroikoi. Dans trois cas. Est employée la simple mention : hoi paroikoi ; il s’agit des couronnes au bas des décret n°138 et 139 et dans la base 180. En rédigeant de cette manière, les rédacteurs de ces documents insistaient peut-être plus sur le statut juridique du groupe que sur son caractère militaire. Mais, pour chaque document, le contexte montre que la communauté des paroikoi reste caractérisée par sa nature militaire
24Les décrets pris par cette communauté qu’Osborne qualifie de « groupe indépendant » offrent de prime abord l’image d’une autonomie parfaite de décision ; mais à y regarder de plus près, plusieurs éléments conduisent à nuancer les capacités politiques des paroikoi.
25En effet, il apparaît que les décrets émanant des paroikoi sont, à quelques variations près, très proches des décrets pris par des garnisaires citoyens, à la fois dans leur composition, qui n’oublie aucune des étapes obligées du décret honorifique (formule de sanction, avec proposant ; considérants ; formule hortative ; invocation de la bonne fortune ; formule de résolution ; décisions) et sur le fond. La démonstration pourrait être menée à partir de plusieurs exemples.
26Comparons seulement le décret n° 142, pris par les paroikoi en l’honneur de Démostratos. de leur préposé Antimachos et de l’épimélète Léon, au décret pris par les Athéniens en service à Rhamnonte en l’honneur de Démostratos et de l’épimélète Léon (n° 143. annexe 2 ci-dessous). L’intérêt de cette démarche tient à ce que les deux décrets sont exactement contemporains et en tous points semblables pour ce qu’il en reste. La même année, paroikoi et Athéniens en service à Rhamnonte ont honoré le même stratège. La date est postérieure à 229. puisque dans le décret pris par les citoyens, qui est mieux conservé, une clause des considérants indique que Démostratos « a offert un sacrifice à Zeus Sôter et à Athéna Sôteira en souvenir du jour où le peuple a recouvré sa liberté ancestrale et a organisé une course aux flambeaux avec ceux qui servent à Rhamnonte ». Nul doute qu’il soit fait allusion au départ de Diogénès du Pirée en 229, comme l’a rappelé Louis Robert, et non à la « libération » de 256/532.
27Les similitudes entre les deux décrets sont frappantes : même fin des considérants, même formule hortative, mêmes décisions. La démonstration serait sans doute plus convaincante si l’on possédait le reste du décret, même s’il ne s’agit pas de dire que ceux-ci étaient en tous points identiques. Plus intéressante est l’idée qu’il existait un modèle civique pour les décrets honorifiques, dont les variations, d’un texte à l’autre sont faibles. Dans notre exemple, les variations se résument aux trois éléments suivants : 1) les paroikoi honorent un troisième personnage, leur préposé. Antimachos, en plus du stratège et de l’épimélète de la forteresse ; 2) la stèle sera élevée sur l’agora de Rhamnonte, alors que le libre choix de remplacement est laissé aux soldats-citoyens ; 3) un trésorier est chargé de porter au compte de la communauté des soldats-citoyens la dépense afférente.
28Les paroikoi avaient-ils besoins qu’on leur montre la procédure à suivre pour voter des honneurs et graver un décret ? Certes pas. Les paroikoi sont des Grecs, rompus aux pratiques politiques dans leurs cités d’origine. Mais ce qui est troublant, c’est la forme du décret, parfaitement athénienne. Le document doit donc être interprété, me semble-t-il, comme un vecteur de l’idéologie civique qui se manifeste après 229, de plusieurs manières. L’une de ces manières est d’affirmer haut et fort, de graver et de publier que la cité a recouvré pleinement son indépendance militaire, tout y associant les paroikoi.
29Plusieurs éléments montrent en effet la reconnaissance par les paroikoi, cette communauté non-citoyenne, non seulement des intérêts défensifs de la cité, mais aussi des principes fondateurs de la cité. Dans divers décrets — je pense plus particulièrement au considérants du décret n° 122 en l’honneur de Théotimos33 — les paroikoi rappellent plusieurs de ces principes : l’élection à main levée du stratège par le peuple pour une année archontale, la participation, au côté des citoyens, à la défense de la chôra autour de Rhamnonte et la conservation de la forteresse au peuple athénien34.
30Dans le décret n° 143, pris par les Athéniens en service à Rhamnonte, aux lignes 12-14, il est dit que le stratège est couronné en raison du dévouement (eunoia) qu’il manifeste envers la boulè et le démos (le peuple athénien) ainsi qu’envers eux. L’idée de subdivision, émise par R. Osborne, fonctionne ici parfaitement : en exerçant son dévouement envers les soldats-citoyens, le stratège l’exerce aussi envers les citoyens-soldats, susceptibles d’être bouleutes ou de participer à l’ecclésia, même s’il est difficile de savoir quel était le degré d’implication de ces citoyens dans le fonctionnement des institutions centrales durant leur temps de service. Néanmoins l’on constate qu’un principe fondateur de la démocratie athénienne est ici rappelé : les Athéniens étant tour à tour « gouvernés » et « gouvernants ». Dans le décret n° 142, pris par les paroikoi, c’est la dikaiosunè du stratège qui est mise en avant : « vertu de justice », c’est-à-dire en réalité capacité à exercer un pouvoir de commandement et de coercition avec équité, ce qui se comprend parfaitement à l’égard des paroikoi, mais plus du tout à l’égard du conseil et du peuple. On touche sans doute là une des limites de la transposition du modèle civique du décret lorsqu’il est appliqué à des non-citoyens. Néanmoins, par cette formulation, pour le moins déséquilibrée, les paroikoi reconnaissent, me semble-t-il, les fondements institutionnels du régime démocratique athénien.
31De même, il est intéressant de constater que l’octroi des couronnes par les paroikoi s’inscrit dans le cadre législatif athénien, au même titre que celles octroyées par les soldats-citoyens, comme l’indiquent les mentions kata ton nomon (1. 8, 12 et 15), qui en règlent le prix.
32La position des paroikoi vis à vis de la cité apparaît donc réglée par un mimétisme de pratiques institutionnelles. A l’égard du dème, cette position transparaît peu dans les décrets. On ne possède par exemple aucun décret pris par des paroikoi conjointement aux démotes ou à des citoyens résidents. Un des rares indices se trouve néanmoins dans le décret n° 142. À la ligne 18, il est mentionné que la stèle sera érigée sur l’agora de Rhamnonte, alors que le choix reste offert dans le décret pris par les soldats-citoyens. L’érection de la stèle des paroikoi dans cet endroit précis du dème, lieu de réunion des démotes, répond à la volonté de rattacher le groupe à la communauté civique du dème. Il ne me semble donc pas que cette clause manifeste cette autonomie du dème territorial chère à N. Jones.
33La seule autonomie dont bénéficie réellement les paroikoi est certainement d’ordre financier. Les dernières lignes du texte prévoient de ce point de vue les dépenses liées à la gravure du décret et à l’érection de la stèle d’une part, à l’exécution des honneurs (éloge et couronnes) par l’intermédiaire d’une commission ad hoc composée de trois hommes désignés, d’autre part. Dans le décret des paroikoi. il est précisé que la somme sera prélevée ek tôi koinôi. Là encore, il est possible que la formulation dérive directement des décrets pris par les soldats-citoyens. J’ai tendance à accorder au ek tôi koinôi de la ligne 20 un sens banal, d’où la traduction de « communauté », qu’il faudrait sans doute comprendre au sens de « groupe ». Il s’agit bien par cette formule de rappeler l’existence d’un groupe de soldats affectés à Rhamnonte dont le statut juridique est celui de paroikos. La somme en jeu est réglée par les paroikoi en poste dans la forteresse, mais le texte ne précise pas la manière dont cette somme est rassemblée. Néanmoins, si l’on compare maintenant le décret des paroikoi (n° 142) avec celui des soldats-citoyens (n° 143), on remarque l’intervention supplémentaire d’un tamias dans le cas du décret pris par les citoyens. On a donc affaire à deux procédures différentes, donc deux budgets différents, organisés sous la forme d’une caisse seulement dans le cas des citoyens. Il est probable que les paroikoi procédaient simplement à une collecte pour acquitter la somme nécessaire à la publicité des honneurs et que cette collecte ne nécessitait pas une « caisse commune » de la « communauté des paroikoi », mais simplement la cotisation des soldats concernés par les honneurs35.
Conclusion
34Pour définir les associations, des travaux récents ont insisté sur la notion d’espace collectif (ou koinon), propriété interdite d’usage privé, inaliénable, indivise et affectée à une fonction de sociabilité36. Il n’y a rien de tout cela, me semble-t-il dans le décret des paroikoi. Il ne me semble pas non plus qu’il faille rigidifier le regroupement des soldats sous la forme d’une association, comme il pourrait y avoir, à la même époque des associations religieuses. Finalement, le groupement de paroikoi n’a pour finalité que de rassembler les fonds nécessaires au paiement des honneurs, selon un principe de circonstance.Certes, on ne peut pas nier l’activité politique d’un groupe dont les membres, non-citoyens, résident sur le territoire de la cité, dans les limites du dème de Rhamnonte. Néanmoins, il convient de bien interpréter cette activité. Il me semble que cette activité traduit davantage la reconnaissance de la cité par ce groupe que l’inverse. La reconnaissance du groupe des paroikoi par la cité passe par la perpétuation d’un statut ; la reconnaissance de la cité par ce groupe passe par l’adoption d’un modèle parfaitement civique de décret. La manière dont s’opère le décalque — osons le mot : le transfert culturel37 -c’est-à-dire de la cité vers les paroikoi témoigne de l’adaptation des paroikoi aux pratiques institutionnelles de la cité et non du dème. Du point de vue du dème, cela laisse supposer une mise à bonne distance de cette population allogène, néanmoins résidente.
35Car, après 229, la cité athénienne perpétue le statut durant plus d’un siècle et demi. Dans le document n° 180, datant de la fin du IIe ou du début du ier siècle av. J.-C, on note encore qu’un Soklès, fils de Ladès, de Milet l’a emporté aux Ptolémaia dans la catégorie ek tôn paroikôn38. Dans cette dédicace offerte par un stratège à Zeus Sôter, Athéna Sôteira, Thémis et Némésis, le contexte reste pleinement militaire
36La présence de paroikoi jusqu’au début du ier siècle av. J.-C, soit plusieurs générations après, conduit à poser biens des questions auxquelles il est très difficile de répondre. Si l’on peut penser qu’au milieu du iiie siècle, les paroikoi s’étaient établis avec armes et bagages, femmes et enfants à Rhamnonte, qu’étaient au juste les paroikoi du iie siècle ou du début du ier siècle ? Descendaient-ils des premiers paroikoi, ou y avait-il des nouveaux venus ? La provenance des paroikoi peut être appréhendée par le biais de la prosopographie, mais toute généralisation doit être effectuée avec une extrême prudence : on ne possède que vingt-et-un noms avec ethnique gravés sur neuf des quinze inscriptions. On note par exemple qu’un petit quart provient de régions situées à proximité directe de la forteresse (un originaire d’Oropos, un autre de Béotie. deux d’Érétrie et un de Karystos en Eubée)39. Mais cette répartition, à partir d’un nombre aussi faible d’occurrences n’est pas significative. Sociologiquement. on aimerait en savoir plus, ce que ne permettent pas les sources.
Annexe 1 : Les documents épigraphiques de Rhamnonte relatifs aux paroikoi
3759 (1/1/2/30). Rhamnonte. Décret des démotes et des Athéniens habitants à Rhamnonte en l'honneur du stratège Archandros - archonte Diomédon : 248/7-244/3 a.C.
38Éd. : Texte non publié :
39Comm. : Pétrakos (B.C.). EAH, 1993 [1994], p. 7-8 (SEG 43, 72B) ; Pétrakos (B.C.), PAAH, 1995 [1998], p. 20 (SEG 45. 205) ; Pétrakos (B.C.), CRAI, 1997, p. 614, n. 22 et p. 622-623 (SEG 47. 151) ; Habicht, Athènes hellénistique, p. 443. n. 44.
40Mention des paroikoi dans les considérants.
4178 (1/1/2/52). Rhamnonte. Fragment d'un décret des paroikoi en l'honneur du stratège Archandros — archonte Diomédon : 248/7-244/3 a.C.
42Éd. : Pétrakos (B.C.), PAAH, 1991 [1994], p. 36-37, 11, sans illustr. (SEG 43. 32) ; Pétrakos, IRhanmous, p. 34. 27, sans illustr. ;
43L. 1 : ἔδ[ο]ξεν τ[ῶ]ν παροίκων [το]ῖς τ[εταγμένοις ἐν' Ραμνούντι].
44118 (1/1/2/79). Rhamnonte. Décret des paroikoi affectés à Rhamnonte en l'honneur du stratège du territoire Télésippos et d'Antimachos, leur préposé - 218/7 a.C.
45Éd. : Peek (W.), MDAI (A), 59, 1934, p. 41-42, 3, sans illustr., pour le fragment 2 : Pouilloux. Rhamnonte. p. 134-135, 18, photo du support, pl. L. 4, pour le fragment 2 Papazoglou, Laoi et paroikoi, p. 191-192. P17b) ; Pétrakos (B.C.), PAAH, 1990 [1993], p. 33-36, 19, sans illustr., pour les fragments 1 et 2 (SEG 41, 92) ; Pétrakos, IRhanmous, p. 44-45. 38, sans illustr. (Gauthier (Ph.), Bull. Épigr., 2001, 197, pour les lignes 5-8 seulement).
46120 (1/1/2/80). Rhamnonte. Fragment de décret en l'honneur du stratège de la paralie Mnéseidès - 218/7 ou 207/6 a.C.
47Éd. : Kirchner (J.), IG II2 1309 (Papazoglou, Laoi et paroikoi, p. 193, Ρ 17g. pour la ligne 5 seulement) ; Pétrakos (B.C.), PAAH, 1991 [1994], p. 39-41, 14, sans illustr. (SEG 43. 43 ; Gauthier (Ph.), Bull. Epigr., 1997, 221, pour la ligne 4 du fragment 2 seulement) ; Pétrakos, IRhanmous, p. 53-54. 50, photo du support.
48122 (1/1/2/82). Rhamnonte. Décret des paroikoi affectés à Rhamnonte en l'honneur du stratège Théotimos - 215/4 a.C.
49Éd. : Kougéas (S.B.), AE, 1953/54. A, p. 126-129, 2, photo du support, fig. 2 : Pouilloux, Rhamnonte, p. 135, 19, avec addendum, p. 209 : Pouilloux (J.), BCH, 80, 1956, p. 69-75 (SEG 15. 113) : Maier, Mauerbauinschriften, I. p. 118-120, 25bis (SEG 19. 82) ; Pouilloux, Choix, p. 78-80, 20 (Moretti, ISE, I, p. 71-74, 32 : SEG 25, 158 ; Papazoglou, Laoi et paroikoi, p. 190-191, P17a, pour les lignes 1-7, 11-16, 19-21, 23-25 et 30-34 seulement) : Pétrakos, IRhanmous, p. 47-48. 43. sans illustr.
50123 (1/1/2/83). Rhamnonte. Fragment du décret des paroikoi affectés à Rhamnonte en l'honneur du stratège Lachés, et de leur préposé [An]tibios - 212/1 a.C.
51Éd. : Pétrakos (B.C.), PAAH, 1986 [1990], p. 13-14, 1, photo du support, pl. 2a (SEG 40,141 ; Papazoglou, Laoi et paroikoi, p. 192-193. P17d. pour les lignes 1-8 et 12-18 seulement) : Pétrakos, IRhanmous, p. 50-51.47, photo du support, de bonne qualité.
52125 (1/1/2/112). Rhamnonte. Fragment du décret des paroikoi affectés à Rhamnonte en l'honneur du stratège de la paralie ( ?) Hérakleidès et Théodoros, leur préposé -209/8 ou 208/7 a.C.
53Éd. : Mastrokostas (E.), PAAHI, 1958 [1965], p. 29-30. 6. photo du support, pl. 27, pour les lignes 17-31 seulement (SEG 22, 130) : Pétrakos (B.C.), AE, 1979, p. 69-70, 23, pour une relecture des lignes 19, 22-23 et, 27 (Cabanes (P.), Corpus des inscriptions grecques d'IIlyrie méridionale et d'Épire, 1.2, Études épigraphiques, Athènes-ÉFA, 1997, p. 84-85, 318, qui reprend le texte de Mastrokostas sans tenir compte de la relecture de Pétrakos) ; Pétrakos, IRhamnous, p. 54-55, 51, sans illustr.. qui rajoute deux fragments supplémentaires (lignes 1-16) (Gauthier (Ph.), Bull. Épigr., 2001; 197, pour les lignes 13-14 seulement).
54136 (1/1/2/97). Rhamnonte. Fragment d'un décret en l'honneur du stratège Peithôn ( ?), de l'épimélète Léon et d'Antimachos. préposé aux paroikoi - après 229 a.C.
55Éd. : Pétrakos (B.C.), PAAH, 1979 [1981], p. 25, 3, sans illustr. (SEG 31. 119) : Pétrakos, IRhamnous, p. 46.40, sans illustr.
56138 (1/1/2/98). Rhamnonte. Fragment d'un décret des paroikoi en l'honneur d'Antimachos - après 229 a.C.
57Éd. : Pétrakos (B.C.), PAAH, 1984A [1988], p. 200-201, 131, sans illustr. (SEG 38. 132 : Papazoglou, Laoi et paroikoi, p. 193, P17f) ; Pétrakos, IRhamnous, p. 46, 41, sans illustr.
58139 (1/1/2/99). Rhamnonte. Fragment d'un décret des paroikoi en l'honneur de Peithôn et d'Antimachos - après 229 a.C.
59Éd. : Pétrakos (B.C.), PAAH, 1986 [1990], p. 16, 5, sans illustr., pour les lignes 5-7 seulement (SEG 40, 138 , Papazoglou, Laoi et paroikoi, p. 193, P17e) ; Pétrakos, IRhamnous, p. 46, 42, sans illustr., pour les deux fragments.
60141 (1/1/2/101). Rhamnonte. Fragment du décret des paroikoi affectés à Rhamnonte en l'honneur de Pamphilos. leur préposé - après 229 a.C.
61Éd. : Pétrakos (B.C.), PAAH, 1991 [1994], p. 30-31, 4, photo du support, pl. 5 (SEG 43. 36) ; pétrakos, IRhamnous, p. 36, 30, sans illustr.
62142 (1/1/2/96). Rhamnonte. Fragment du décret des paroikoi affectés à Rhamnonte en l'honneur de Démostratos. de leur préposé Antimachos et de l'épimélète Léon -après 229 a.C.
63Ed. : Pétrakos (B.C.), PAAH, 1991 [1994], p. 28-30, 3, photo du support, pl. 4 (SEG 43, 35) ; Pétrakos, IRhamnous, p. 29-31, 23, photos du support, partielles, pour les couronnes et les lignes 4-16 seulement.
64163 (1/1/2/113), Rhamnonte, Décret des paroikoi en l'honneur du stratège Euxithéos -archonte Symmachos : 188/7 a.C.
65Éd. : Texte non publié
66Comm. : Pétrakos (B.C.), EAH, 1997 [1998], p. 18 (SEG 47, 161) ; Pétrakos, IRhamnous, p. 31, et I, p. 115.
67168 (1/1/2/117), Rhamnonte, Dédicace du stratège de Rhamnonte et de la paralie Timothéos et de garnisaires, vainqueurs aux Ptolemaia et dans la course aux flambeaux en l'honneur d'Athéna - archonte Aristolas : 161/0 a.C.
68Éd. : Texte non publié
69Comm. : Pétrakos (B.C.), EAH, 1998 [1999], p. 16 (SEG 48, 202), Parmi les vainqueurs, on trouve un paroikos avec l'ethnique Orôpios.
70180 (1/1/2/147), Rhamnonte, Dédicace du stratège Xanthippos, à la suite d'une course aux flambeaux victorieuse - fin iie - début ier siècle a.C.
71Éd. : Pétrakos, IRhamnous, p. 121-122, 151, sans illustr. Parmi les vainqueurs, on trouve un paroikos avec l'ethnique Milèsios.
Annexe 2 : Deux décrets en l'honneur de Démostratos
72142 (1/1/2/96). Rhamnonte. Fragment du décret des paroikoi affectés à Rhamnonte en l'honneur de Démostratos, de leur préposé Antimachos et de l'épimélète Léon - après 229 a.C.
73Support : Stèle. Matériau : Marbre. État du monument : Partie inférieure d'une stèle. La pierre se termine par une bande non-travaillée qui s'encastrait dans la cavité d'un socle. Ornement(s) : Couronne d'or, couronnes de feuillage. Décor : Les lignes 22-25 sont gravées à l'intérieur d'une couronne d'or ; les lignes suivantes (respectivement 1. 26-28 et 1. 29-31), dans deux couronnes de feuillage.
74— Lieu de déc. : Rhamnonte, forteresse. Cond. dèc. : Trouvée réutilisée dans une maison du quartier d'habitation à l'intérieur de la forteresse, entre la porte Sud et la porte Est. Lieu de conserv. : Rhamnonte. Inst. de consen : : Réserve. N° inv. : 995. Dimensions : 81/42/8. Autres mesures ou remarques : La stèle est pyramidante : largeur de 42 cm à la base et de 38 cm au sommet. Diamètres intérieur et extérieur des couronnes de feuillage : 10,5-15,5 cm : diamètres intérieur et extérieur de la couronne d'or : 11,4-19 cm
75Datation du texte : -229/-210.
76Éd. : Pétrakos (B.C.), PAAH, 1991 [1994], p. 28-30, 3, photo du support, pl. 4 (SEG 43, 35) ; Pétrakos, IRhamnous, p. 29-31, 23. photos du support, partielles, pour les couronnes et les lignes 4-16 seulement.
77Comm. : Gauthier (Ph.), Bull. Épigr., 1997, 218.
78H. min. l. : 0,8. H. max. l. : 1.
79Apparat crit. : Restitutions Pétrakos. L. 14 : Ἄγνωνος Pétrakos, PAAH, 1991.
80...il a offert un sacrifice à tous les autres dieux, pour lesquels c'était la coutume, manifestant au plus haut point sa piété envers les dieux et son zèle envers les paroikoi ; afin donc que les paroikoi montrent clairement qu'ils témoignent des marques de reconnaissance dignes de ceux qui manifestent leur zèle envers eux ; à la bonne fortune, qu'il plaise aux paroikoi affectés à Rhamnonte d'accorder l'éloge à Démostratos, fils de Démétrios de Phlya et de le couronner d'une couronne d'or selon la loi, en raison de sa valeur et de la justice qu'il ne cesse d'avoir envers le Conseil et le peuple des Athéniens, et pareillement aussi envers les paroikoi ; que l'on accorde l'éloge à Antimachos, fils de Pausanias, d'Oinoé, qui est affecté à leur commandement et qu'on le couronne d'une couronne de feuillage selon la loi en raison de son zèle et de sa justice pour eux ; qu'on accorde aussi l'éloge à l'épimélète Léon, fils d'Agnôn d'Oa et qu'on le couronne d'une couronne de feuillage selon la loi, en raison de son soin et de sa justice pour eux ; que l'on transcrive ce décret sur une stèle de pierre et qu'on l'érige sur l'agora ; que l'on désigne trois hommes parmi eux qui exécuteront les décisions décrétées, et que l'on porte au compte de la communauté la dépense afférente ; ont été désignés ; Ktésôn d'Héraclée, Nikon d'Astakos, Akmaios de Démétrias.
81(Dans une couronne d'or) : les paroikoi affectés à Rhamnonte (ont honoré) Démostratos,
82(Dans une couronne de feuillage) : le préposé aux paroikoi Antimachos,
83(Dans une couronne de feuillage) : l'épimélète Léon.
84143 (1/1/2/95). Rhamnonte. Fragment du décret des Athéniens qui servent à Rhamnonte en l'honneur de Démostratos et de l'épimélète Léon - après 229 a.C.
85Support : Stèle. État du monument : Fragment, brisé en haut et en bas. La face inscrite a été tailladée d'incisions qui rendent la lecture difficile sur le coté gauche.
86— Lieu de déc. : Rhamnonte, forteresse. Cond. déc. : Trouvée en 1927, dans la forteresse de Rhamnonte, lors des fouilles de la Société archéologique grecque. Lieu de conserv. : Athènes. Inst. de conserv. : ME. N° inv. : 13102. Dimensions : 48/32/42. Datation du texte : -229/-210.
87Éd. : Kougéas (S.B.), AE, 1953/54, A, p. 123-125, 1, photo du support, fig. 1 ; Pouilloux, Rhamnonte, p. 129, 14, avec addendum, p. 207, sans illustr. ; Pouilloux (J.), BCH, 80, 1956, p. 57-63, sans illustr. (SEG 15, 111) ; Pétrakos, IRhamnous, p. 28-29. 22. sans illustr.
88Comm. : Garlan (Y.), BCH, 102, 1978, p. 103-108 , Habicht, Studien, p. 82, et n. 15.
89H. l. : 1.
90Apparat crit. : Restitutions de Kougéas et Pouilloux, Rhamnonte, après relecture de la pierre. L. 1-3 : rest. J. et L.Robert ; τεῖ Ἀ[θηνᾶι τεῖ σωτείραι καὶ ( ?)---]μος ἐκομίσατο τὴν π [αρασκευὴν καὶ ἀ]γῶνα λαμπάδα κτλ. Kougéas : Ἀ[θηνᾶι τεῖ σωτείραι καὶ ( ?)---]μος ἐκομίσατο τὴν πα [----] AI Pouilloux, Rhamnonte ; dans BCH (1956), Pouilloux proposait néanmoins, après relecture, de restituer les lacunes soit par : τεῖ Ἀ[θηνᾶι τεῖ σωτείραι ἐν ὦι ἐνιαυτῶι ?] ὁ δ [ῆ]μος ἐκομίσατο τὴν πά[τριον ἐλευθερία] ν καὶ λαμπάδα, soit par : τεῖ Ἀ[θηνᾶι τεῖ σωτείραι, ὅτε ἐνέστη (ou διελύθη) ὁ π]όλ[ε]μος ἐκομίσατο τὴν πα[τρίαν θυσία]ν καὶ λαμπάδὰ ; Petrakos, IRhamnous propose de restituer τεῖ Ἀ[θη]νᾶι τεῖ Σωτείραι ὄτε ὁ δῆ]μος ἐκομίσατο. L. 5 : rest. Pouilloux : [ἧν περὶ πολ]λοῦ Kougéas. L. 6 : rest. Pouilloux ; [αν καὶ τὴν π ]ρòς Kougéas. L. 7 : rest. Pouilloux : [οἱ ἐν φρουρί]οις ( ?) Kougéas. L. 8 : lect. Pouilloux ; [ὦσι χάρι]τας Kougéas. L. 9 : rest. Pouilloux : [περὶ τοὺς θ]εούς Kougéas. L. 10 : rest. Pouilloux : [στρατευομέν]οις Kougéas. L. 11 : [Δημητρίου Pétrakos, à partir de SEG 40. 136 [IRhamnous 24], 1. 7. alors que Pouilloux laissait [- -] et Kougéas [.....]λοῦ ( ?). L. 12 : rest. Pouilloux ; [τòν νόμο]ν Kougéas. L. 13 : lect. Pouilloux ; δ [ὲ] Kougéas. L. 14 : rest. Pouilloux ; [καὶ εἰς έαυτο]ύς Kougéas. L. 15 : rest. Pouilloux ; [λιθίνει] καὶ Kougéas. L. 21 : lect. Pouilloux. [δαντίδ]ης Kougéas. L. 18 : Ἄγνωνος Kougéas.
91...il a offert un sacrifice à Zeus Sôter et à Athéna Sôteira en souvenir du jour où le peuple a recouvré sa liberté ancestrale et a organisé une course aux flambeaux avec ceux qui servent à Rhamnonte, et (il a sacrifié) aux autres dieux pour lesquels c'était la coutume, manifestant au plus haut point sa piété envers les dieux et son zèle envers les citoyens ; afin donc que les citoyens qui servent dans la forteresse montrent clairement qu'ils témoigent des marques de reconnaissance dignes de ceux qui manifestent leur zèle envers eux ; à la bonne fortune ; qu'il plaise aux Athéniens qui servent à Rhamnonte d'accorder l'éloge à Démostratos, fils de Démétrios, de Phlya et de le couronner d'une couronne d'or selon la loi, en raison de sa valeur et du dévouement qu'il ne cesse d'avoir pour le Conseil et le peuple des Athéniens, et pareillement pour eux : que l'on transcrive ce décret sur une stèle de pierre et qu'on l'érige là où il sera choisi ; que l'on désigne trois hommes qui exécuteront les décisions décrétées, et que le trésorier de la communauté alloue au paiement la dépense afférente : que l'on accorde aussi l'éloge à Léon, fils d'Hagnôn, d'Oa et qu'on le couronne d'une couronne de feuillage en raison de sa justice envers eux ; ont été désignés : Antiphanès d'Oion, Xénophilos de Kydantidai, Théogeitôn de Rhamnonte.
Notes de bas de page
1 On dispose maintenant du recueil de Petrakos (B.C.), ‘O δήμος τοῦ Ραμνοῦντος II. ‘O ἐπιγραφές, Athènes, 1999, sera cité sous la forme IRhamnous. Pour certaines des références relatives à l’épigraphie des garnisons de l’Attique, nous avons également renvoyé au numéro du texte tel qu’il apparaîtra dans le recueil d’inscriptions actuellement en préparation tiré de Couvenhes (J.-Chr.), Les garnisons de l’Attique du ive siècle au ier siècle av. J.-C. par les inscriptions : les textes et leur interprétation. Thèse de doctorat. Université de Paris IV-Sorbonne, 2000.
2 Ainsi, si l’on laisse de côté neuf fragments de décrets dont les proposants ne sont pas clairement identifiés (IRhamnous 50 ; SEG 44, 176 ; SEG 48, 123 ; IRhamnous 24, 29, 36, 48, 53 et 59), on peut repérer : a) au moins un décret pris par les démotes {IRhamnous 56) ; b) un décret des Amphiéraïstes (IRhamnous 167) ; c) un autre des Sarapiastes (IRhamnous 59) ; d) trois décrets des démotes et des citoyens habitant à Rhamnonte (Rhanmousioi kai hoi oikountes ton politôn Rhamnounti : IRhamnous 31, 36 et vraisemblablement SEG 43, 72b) ; e) un décret des démotes et des soldats citoyens (hoi Rhanmousioi kai hoi alloi politai hoi tetagmenoi en tô phrouriô : IRhanmous 57), un décret des Athéniens en service à Rhamnonte (hoi strateuoménoi ton Athénaiôn en Rhamnounti : IRhanmous 22), un décret des citoyens servant à Rhamnonte [hoi strateuomenoi tôn politôn en Rhamnounti IRhanmous 45), un décret des Athéniens affectés à Rhamnonte (hoi tétaginénoi ton Athénaiôn en Rhamnounti : IRhanmous 44), deux décrets des Athéniens affectés à Aphidna (hoi tétagmenoi tôn Athénaiôn en Aphidnô : IRhanmous 32 et 34), un décret des citoyens et des hypaithroi en service à Rhamnonte (hoi strateuoménoi ton politôn kai hoi hypaithroi en Rhamnounti : IRhanmous 49) ; f) deux décrets des hypaithroi (un corps de troupe qualifié de hoi strateuoménoi tôn hypaithrôn : IG II2 2978 et IRhanmous 26), un décret des soldats en service à Rhamnonte (hoi strateuonénoi en Rhamnounti : IRhanmous 46), deux décrets des soldats (hoi stratiotai : IRhanmous 25 et 35) ; g) au moins dix décrets de paroikoi affectés à Rhamnonte (hoi tétagménoi ton paroikoi en Rhamnounti. cf. en annexe, les n° 78, 118, 122, 123, 125, 138, 139, 141, 142 et 163).
3 Osborne (R.), « le dêmos et ses subdivisions dans l’Athènes classique » dans Murray (Ο.) et Price (S.), dir., La cité grecque d’Homère à Alexandre, Paris, 1992, p. 304-334. L’appendice A dresse la liste des « décisions des groupements publiées à Rhamnonte » (p. 328-330) ; l’appendice Β donne le texte grec et la traduction de SEC 25, 155 et SEG 15, 112.
4 Ibid., p. 325. Un décret, pris dans la période chronologique qui nous avons défini, avait intéressé plus particulièrement Osbome : le décret des Rhamnousiens et des citoyens habitant à Rhamnonte en l’honneur du triérarque Ménandros, daté de 225/4 (SEG 15, 112), dont la formule de sanction est édoxen Rhamnousiois kai tois oikousin ton politôn Rhamnounti (1.1-2) et la formule de résolution dédoktlai tois sumpleusasin en tôi aphraktôi (1. 21-22, même mention dans la couronne au bas de la stèle), c’est-à-dire « les Athéniens qui naviguent ensemble sur l’aphrakton (ie : le navire non pourvu de fargues) ». Tout se passe donc comme si le décret qui émane de cet équipage de marins militaires athéniens désireux d’honorer leur triérarque avait été passé conjointement avec les démotes et les Athéniens habitant Rhamnonte Osborne concluait ainsi : « la confusion dont témoigne cette inscription dans la description du groupe responsable dénote non pas une tension entre divers principes organisateurs, mais la difficulté qu’éprouvaient ceux qui connaissaient individuellement les membres du groupe à identifier au profit d’un observateur extérieur, ce groupe en termes de catégories établies ». Tout cela nous semble satisfaisant et bien dit.
5 Jones (N.F.), The Associations of Classical Athens. The Response to Democracy, New-York-Oxford, 1999 (sera cité sous la forme Jones, Associations of Classical Athens).
6 Le recensement des textes épigraphiques signalant une activité de la part des dèmes a été établi par Withehead (D.), The Demes of Attica 508/7-ca. 250 B.C. A Political and Social Study : Princeton, 1986. p. 374-393 (Appendix 3) (sera cité sous la forme Withehead, Demes), puis repris et enrichi par Jones, Associations of Classical Athens, p. 100 et n. 54 et p. 143 et n. 68. Il laisse apparaître 3 documents après 200 : un décret du conseil et du peuple honorant le démarque des Éleusiniens en 165/4 (IG II2 949), un décret des démotes de Mélitè en l’honneur de la prêtresse Satyra, dans la première moitié du iie siècle (Hesperia, 11 (1942), p. 265-274, n° 51) et une dédicace des démotes d’Achames en l’honneur d’Arès et d’Auguste (IG II2 2953)
7 On se reportera d’abord à Gauthier (Ph.), « Métèques, périèques et paroikoi : bilan et points d’interrogation », dans lonis (R.), éd., L’étranger dans le monde grec, Nancy, 1988, p. 23-46 (sera cité sous la forme Gauthier, Métèques, périèques et paroikoi) et à Papazoglou (F.), Laoi et paroikoi. Recherches sur les structures de la société hellénistique, Belgrade, 1997 (sera cité sous la forme Papazoglou, Laoi et paroikoi). Pour Rhamnonte, cf. Pouilloux (J.), « Antigone Gonatas et Athènes après la guerre de Chrémonidès », BCH, 70 (1946), p. 488-496 ; Id., « Trois décrets de Rhamnonte. III. Décret des paroikoi pour Théotimos de Rhamnonte (215 av. J.-C.) », BCH, 80 (1956), p. 69-75. Pour l’Asie Mineure, Bertrand (J.-M.), « À propos des πάροικοι dans les cités d’Asie Mineure », dans Fröhlich (P.) et Müller (Chr.), éd., Citoyenneté et participation à la basse époque hellénistique, Genève, Droz, 2005, p. 39-49.
8 Thucydide III, 113 ; IV, 92 (παροίκησις) et Isocrate, Panégyrique (IV). 162.
9 Gauthier, Métèques, périèques et paroikoi, p. 37. C’est à cette conclusion que se range aussi Papazoglou, Laoi et paroikoi, p. 157.
10 Gauthier, Métèques, périèques et paroikoi, p. 32.
11 Papazoglou, Laoi et paroikoi, p. 211. Peu ou prou, cette opinion était déjà celle de Pouilloux et de Gauthier.
12 Sur le terme paroikia, restitué dans Welles, RC 16, cf. Papazoglou, Laoi et paroikoi, p. 172
13 Gauthier, Métèques, périèques et paroikoi, p. 37.
14 À Athènes, on peut supposer d’ailleurs que les métèques, dont les témoignages explicites font défaut au iiie siècle, ont néanmoins continué d’exister. Les considérants du décret en l’honneur d’Archandros, non encore publié (SEG 43, 72B ; n°59 en annexe), semblent d’ailleurs les mentionner au côté des paroikoi dans la défense de la forteresse.
15 Cf. les isotèles affectés à Rhamnonte, célèbres par leur décret pris en l’honneur du stratège Apollodoros, de l’épimélète Endios et d’un pyloros (263/2 - 256/5 A.C) : Chapouthier (F.), BCH, 48 (1924), p. 264-275 (IRhamnous 8).
16 Cf. n° 118, 122, 123, 125, 136, 138, 139, 141, 142 en annexe.
17 Cf. n° 78, 118, 120, 122, 123, 125, 142, 163, 168 et 180 en annexe.
18 Pouilloux (J.), BCH, 170 ( 1946), p. 494.1
19 Pouilloux (J), BCH. 80 (1956), ρ 73, n. 2, qui revient sur l’action de Philippe V contraignant les Lariséens, les Pharsaliens. les Phalannéens, les Dyméens et les Thébains à inscrire comme citoyens un grand nombre d’étrangers et renvoie à Feyel (M.), Polybe et l’histoire de Béotie au iiie siècle avant notre ère, Paris, 1942, p. 285-300.
20 Ibid.
21 Ibid.
22 Papazoglou, Laoi et paroikoi, p. 150.
23 Eusèbe, Chronique II, 120 (éd. A. Schoene 1866) : Ἀθηναίοις Ἀντίγονος τὴν ἐλευθερίαν ἔδωκεν.
24 Habicht (Chr.), Athènes hellénistique, Paris. 1999, p. 176 sqq. défend encore ce point de vue « traditionnel », considérant qu’Eleusis, Panakton et Phylè furent libérées en 236/5 et Rhamnonte en 229, avec Le Pirée, Mounychie, Salamine et Sounion.
25 Cf. Habicht (Chr.), « Athens after Chremonidean War : some second thoughts » dans Palagia (O.) et tracy (S.V.), éd., The Macedonians in Athens, 322-229 B.C., Oxford, 2003, p. 52-55, se faisant l’écho des travaux de R. Oetjen.
26 Le document (IRhanmous 8) mentionne la double désignation du stratège Apollodôros, qui a été établi par le roi Antigonos et élu à main levée par le peuple, pour le territoire de la paralie, sous l’archontat d’Euboulos
27 Pouilloux (J.), BCH, 70 (1946). p. 494.
28 Pouilloux (J), BCH, 80 (1956), p. 73. Notons que le passage d’isotèle à paroikoi ne se réduit pas à un simple « changement de nom », mais bien plutôt à une extension de statut. Le statut d’isotèle n’est que fiscal et vise incontestablement à accorder aux mercenaires de Gonatas les mêmes droits que les citoyens En ce sens, il s’établit au détriment de la cité, jalouse d’un droit qu’elle n’accorde le plus souvent qu’avec parcimonie, et rarement à titre collectif. Le statut de paroikos est sans doute plus large, mais on ne peut pas dire s’il est plus favorable à la cité, car l’on ignore tout des taxes et redevances versées par ces étrangers résidents à Rhamnonte.
29 Cf. les conclusions rapportées par Habicht (Chr.). « Athens after Chremonidean War : some second thoughts » dans Palagia (O.) et Tracy (S.V.), éd., The Macedonians in Athens. 322-229 B.C. Oxford, 2003, p. 52-55 et aussi les conclusions relatives au rôle de Démétrios de Phalère, dit le Jeune, exprimées par Oetjen (R.), dans ZPE 131 (2000), p. 111-117, sur lesquelles il conviendrait de revenir.
30 Voir les articles de Tracy (S.V.), « Antigonos Gonatas, King of Athens » et Kralli (I.), « The date and contexte of divine honours for Antigonos Gonatas - a suggestion », dans Palagia (O.) et Tracy (S.V.), éd., The Macedonians in Athens, 322-229 B.C., Oxford, 2003, p. 56-60 et p. 61-66.
31 Dans les documents n° 122 et 123, le terme est conservé dans les formules de sanction et de résolution ; pour le document n° 142, dans la formule de résolution et une couronne gravée au bas de la stèle ; pour le document n° 78 dans la formule de sanction Pour les documents n° 118, 125, 138, 136. 139 et 141, l’expression apparaît seulement dans une couronne gravée, le haut de la stèle ayant disparu. L’expression apparaît aussi dans le fragment de décret 120, mais dans les considérants, ce qui ne suffit pas à faire du document un décret pris le groupe. Elle apparaît vraisemblablement aussi dans le document 122, non encore publié.
32 Robert (L.), Bull, épigr., 1966, 182 ; cf. Garlan (Y.), BCH, 102 (1978), p. 105-106.
33 Si l’on analyse les considérants du décret n° 122, on constate qu’il est rappelé que Théotimos « est élu à main levée stratège par le peuple pour l’année où Dioklès était archonte » ; qu’il a défendu les principaux points d’appui du territoire « avec ses con-citoyens » et qu’il « s’est préoccupé des paroikoi placés sous son commandement afin que chacun contribue à conserver la forteresse au peuple ». Une formule identique se retrouve dans le document n° 123,1. 6-8 et, un demi-siècle plus tôt, dans le célèbre décret en l’honneur d’Épicharès. La nécessité de conserver le contrôle de la forteresse était considérée comme une des missions majeures du stratège Bien accomplie, elle empêchait tout puissance étrangère de prendre pied dans la forteresse et d’utiliser cette position fortifiée comme un levier de contrôle du territoire civique pour menacer la cité.
34 Les paroikoi sont pleinement associés à la défense de la forteresse et de son territoire, dont ils tirent un intérêt dans la sécurité des paysans qui les fait également vivre et dans la protection des « résidents » dont ils font partie.
35 C’est l’une des deux solutions envisagées par Gauthier (Ph.), « Epigraphica IV. 11 Inscription de Rhamnonte », Revue de Philologie, 74, 1-2 (2000), p. 104-105. Dans le cas des paroikoi, elle me semble à privilégier par rapport à celle d’une « caisse », même dans les cas de IRhanmous 30 (n° 141) et 43 (n° 122).
36 Sur ce point, on pourra se reporter à : Baslez (M.-Fr.), « Place et rôle des associations dans la cité d’Athènes au ive siècle », dans Carlier (P.), éd., Le ive siècle av J -C. Approches historiographiques, Nancy, 1996, p. 281-292 ; Leiwo (M.), « Religion or other Reasons ? Private associations in Athens », dans Frösén (J.), éd., Early Hellenistic Athens. Symptoms of a Change. Helsinki, 1998, p. 103-117 ; Baslez (M.-Fr.), « Les associations dans la cité grecque et l’apprentissage du collectif », dans de Polignac (F.) et Schmitt-Pantel (P.), éd., « Public et privé en Grèce ancienne : lieux, conduites, pratiques », Ktèma, 23 (1998), p. 431-440.
37 Sur cette notion en histoire grecque, cf. Couvenhes (J -Chr.) et Legras (B.), éd., Transferts culturels et politique dans le monde hellénistique, Actes de la journée d’études du 7 février 2004, Paris, Publications de la Sorbonne, 2006 (sous presse).
38 Le document signale aussi deux autres vainqueurs : le premier, aux [Diogénéia], appartient à la catégorie ek tôn politôn ; le deuxième, aux Diogénéia, est issu ek tôn strateuomenôn.
39 Je me suis déjà expliqué sur cela dans « L’approche prosopographique des aires géographiques de recrutement des garnisaires de l’Attique à l’époque hellénistique : enjeux et limites du traitement statistique », dans Corvisier (J.-R.), éd., Guerre et démographie dans le inonde antique, Actes du colloque d’Arras, 14 et 15 décembre 2001, Sceaux, Kronos B.Y. Édition, 2005, p. 73-94. J’avais noté : Péloponnèse : 10,5 % ; Grèce continentale : 47,4 % ; Îles : 15,8 % ; Macédoine : 10,5 % ; Asie Mineure : 15,8 %.
Auteur
Université François Rabelais, Tours
UMR 5189, HiSoMa, Antenne de Tours
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