Les Icariens et le dème des Icariens (IG II2 1178) : à propos de l’identité politique dans un dème attique
p. 241-272
Texte intégral
Κάλλιππος εἶπεν ἐψηφίσθαι Ἰκαριεῦσιν 1
ἐπαινέσαι Νίκωνα τòν δήμαρχον καὶ στεφανῶσαι κιττô στεφάνωι, καὶ ἀνειπεῖν τòν κήρυκα ὅτι στεφανοῦσιν Ἰκαριεῖς Νίκωνα καὶ ὁ δῆμος ὁ Ἰκαριεῶν τòν 5
ήμαρχον, ὅτι καλῶς καὶ δικαίως τῶι Διονύσωι τὴν ἐορτὴν ἐποίησεν καὶ τòν ἀγῶνα ἐπαινέσαι δὲ καὶ τοὺς χορηγòς Ἐπικράτην καὶ Πραξίαν καὶ στεφανῶσαι κιττô στεφάνωι καὶ ἀνειπεῖν καθάπερ τòν 10
δήμαρχον1
1« Kallippos a proposé. Qu’il soit voté par les Icariens de faire l’éloge de Nikon le démarque, de le couronner d’une couronne de lierre et de faire proclamer par le héraut que les Ἰκαριεῖς couronnent Nikon et que le dème des Icariens couronne son démarque parce qu’il a organisé la fête et le concours en l’honneur de Dionysos de façon admirable et juste ; et qu’il honore et couronne les chorèges Épikratès et Praxias avec une couronne de lierre et. comme le démarque, qu’ils fassent l’objet d’une proclamation ».
2Depuis son editio princeps, IG II2 1178, provenant de l’actuel Dionyso2 et datée des alentours de 360 av. J.-C.3, a suscité l’intérêt d’un grand nombre de chercheurs. Sa découverte a permis d’identifier sans aucun doute possible l’ancien dème d’Ikarion4 et a fait connaître le premier décret honorifique d’Attique concernant un démarque. Par ailleurs, plus important pour la discussion qui nous occupe, IG II2 1178 mentionne, aux lignes 4 et 5, deux groupes apparemment distincts, Ἰκαριεῖς καὶ ὁ δῆμος ὁ Ἰκαριεῶν, « les Icariens et le dème des Icariens », siégeant en assemblée et votant des honneurs.
3Plusieurs chercheurs se sont intéressés à cette dualité : depuis la fin du xixe siècle, certains spécialistes l’ont affirmée alors que les contemporains tendent à la nier. Pourtant, on remarque que les défenseurs de la première hypothèse ne s’accordent pas sur la nature ou sur l’identité des Ἰκαριεῖς. En effet, certains les associent soit aux γένη ou οἰκοι, compris comme familles sacerdotales, soit aux phratries, réminiscences d’une organisation archaïque de l’Attique qui s’adaptent et se fondent tant bien que mal dans les nouveaux cadres politiques résultant des réformes de Clisthène et, plus particulièrement, dans le dème. Cependant, en dépassant ce cadre de légitimité de la citoyenneté que constitue le « dème héréditaire » certains mettent l’accent sur ce qu’ils définissent comme le « dème territorial » faisant des Ἰκαριεῖς des Athéniens, originaires d’autres dèmes, résidant à Ikarion.
4Dans le cadre plus vaste de la discussion concernant les individus et groupes à Athènes, il m’a semblé opportun de proposer une étude de cas, étant donné qu’IG II2 1178 permet de discuter de l’interaction entre individus et groupes ou entre groupes en Attique à l’époque classique. Le réexamen des différentes hypothèses, génétiques ou territoriales, avancées par les chercheurs concernant les Icariens (Ἰκαριεῖς), souligne les problèmes d’une documentation incomplète. Cependant, il peut aider à mieux comprendre l’organisation politique et religieuse d’un des plus célèbres dèmes de l’Attique.
Les démotes d’Ikarion et les Ἰκαριεῖς en IG II21178
5La distinction entre les démotes d’Ikarion et les Ἰκαριεῖς en IG II² 1178 est acceptée par un bon nombre de chercheurs, même si celle-ci pose un grand nombre de problèmes. Au xixe siècle, ce groupe a été associé soit aux γένη, soit à un οἶκος.
Le γένος des Ἰκαριεῖς
6Lors de l’édition de ce document. CD. Buck5 considérait que les Ἰκαριεῖς étaient les membres d’une famille noble, d’une gens6, se réclamant d’Ikarios le héros éponyme du dème7. De ce fait, ils recevaient des honneurs particuliers et disposaient également de privilèges particuliers8 Mais, le savant ne précisait pas en quoi consistaient ces honneurs ni ces privilèges.
7Quelques mois plus tard, lors de la publication des comptes et d’un décret du dème d’Ikarion, datés de 440-415 av. J.-C, gravés sur deux faces d’une même pierre9, aujourd’hui connus comme IG I3 253 et 25410, CD. Buck reprenait la discussion concernant les Ἰκαριεῖς puisqu’à la ligne 3 de ce dernier document on lit l’expression τôν δεμοτôν καὶ τόν Ίκαρ[ιôν.
8IG I3 254 est un décret du dème d’Ikarion qui traite de l’organisation du système chorégique dans cette localité. La stèle en marbre où ce document a été gravé est très abîmée : aucune des quarante-neuf lignes qui le composent n’est complète ; on lit trois, cinq, sept et, dans le meilleur des cas, seize et vingt caractères de ces lignes qui en comportaient trente-cinq. Il n’est donc pas étonnant que seules les lignes 3-5, où l’on lit seize et vingt caractères respectivement, aient donné lieu à d’importantes restitutions. A la lumière d’IG II2 1178, CD. Buck, par exemple, restituait aux lignes 3-4 : φσήφισμα τῶν δημοτῶν καὶ τῶν Ἰκαρ[ιôν εῖναι τραγωιδῶν ὄντων. Le savant montrait par là, sans le dire clairement, qu’il considérait que cette formule faisait partie du langage officiel d’Ikarion. Il rappelait ses conclusions concernant la distinction entre ces deux groupes et rappelait sa dette à l’égard d’A.C. Merriam, alors directeur de l’American School of Athens, qui lui avait suggéré l’explication concernant les Ἰκαριεῖς en IG Π2 117811.
9Face au problème posé par le nom du groupe des Ἰκαριεῖς, qui ne comporte pas la désinence courante en -δαι propre à un grand nombre de γένη12, le savant observe que celle-ci n’est pas obligatoire et cite comme exemple le cas du γένος des Kerykes et de celui des Salaminioi.
10Dans son travail, les Ἰκαριεῖς sont compris comme un γένος archaïque, une famille aristocratique aux attributions religieuses particulières13, selon une conception de l’organisation de la cité antique en vigueur au xixe siècle.
11En 1890. I. Toepffer, développant certains points abordés dans sa thèse, Attische Genealogie, publiée en 1889, commentait rapidement la découverte des inscriptions du dème d’Ikarion et s’attardait sur les hypothèses de C.D. Buck et particulièrement sur celles concernant les deux décrets où la distinction entre démotes d’Ikarion et Ἰκαριεῖς semble évidente. Le savant observait que les Ἰκαριεῖς ne constituaient pas un γένος attique connu des sources qui nous sont parvenues14. D’ailleurs, il faisait état de l’aporia à laquelle seraient confrontés les chercheurs face à IG II2 1178, et se contentait de conclure qu’il ne pouvait trancher définitivement la question par manque de parallèles15. Pourtant, I. Toepffer observait que les Ἰκαριεῖς pourraient être un groupe semblable au γένος des Kerykes ou des Kolieis16, aux phratries des Dyalieis17 ou des Miltieis ou, encore, à l’οἶκος des Dékélieis18.
12Ces analogies alimentent depuis le xixe siècle jusqu’à nos jours la discussion concernant IG II2 1178 et l’identité des Ἰκαριεῖς. Des échos du travail de I. Toepffer sont perceptibles non seulement dans l’œuvre de P. Foucart, mais également dans celle de D.M. Lewis et de ceux qui, par la suite, ont adopté ou réfuté leurs hypothèses.
L’οἶκος des Ἰκαριεῖς ?
13En étudiant les Dionysies rurales19, le savant français observait que, dans le décret d’Ikarion (IG II2 1178), le terme Ἰκαριεῖς est ambigu à la 1.1, tandis qu’il s’éclaire à la 1. 5 dès lors que le dème honore Nikon en tant que démarque et que les Ἰκαριεῖς le font en tant que particuliers20. Cela implique que ce groupe prend part à la fête de Dionysos et qu’il fonctionne comme un corps indépendant du dème. C’est pour cette raison que P. Foucart l’associait à l’οἶκος des Décéliens, lui-même distinct des Décéliens, les démotes de Décélie, dans le décret dit des Démotionides (IG II2 1237)21.
14L’οἶκος des Ἰκαριεῖς comprendrait, selon P. Foucart, ceux dont les ancêtres se seraient groupés autour d’Ikarios, le héros éponyme du dème et, à ce titre ses membres prenaient en charge les honneurs qui lui étaient dus22.
15On peut dire que P. Foucart prenait en compte l’analogie entre les Ἰκαριεῖς et 1’οἶκος des Décéliens suggérée par I. Toepffer, refusant l’hypothèse formulée par CD. Buck ou du moins l’adaptant. La simple mention des Décéliens le dispensait d’expliquer ce qu’il entendait par un οἶκος. Mais, s’il est vrai que les Ἰκαριεῖς forment un οἶκος, à quel γένος ou à quelle phratrie sont-ils rattachés ? Ces questions ne tourmentaient visiblement pas le chercheur.
16Pour mieux cerner le rôle de ce groupe au sein du dème, P. Foucart l’associait à la célébration des Dionysies rurales, le noyau de son étude. Le savant tirait argument d’une notice du lexique d’Harpocration qui est au cœur d’un grand nombre de discussions concernant les rapports entre les γένη et les cultes des dèmes de l’Attique :
17Θεοίνια Λυκοῦργος ἐν τῇ διαδικασίᾳ Κροκωνιδῶν πρòς Κοιρωνίδας. τὰ κατὰ δήμους Διονύσια Θεοίνια ἐλέγετο, ἐν οἶς οἱ γεννῆται ἐπέθυον τòν γὰρ Διόνυσον Θέοινον ἔλεγον, ώς δηλοῖ Αὶσχύλος (fr. 736a Mette ; 382 Nauck2 ; Radt 382) καὶ Ἲστρος ἐν α’ Συναγωγῶν.
18« Theonia. Lycurgue dans « l’action de justice intentée par les Krokonidai contre les Koironidai ». Les Dionysies des dèmes où les membres des γένη (oί γεννήται) sacrifiaient étaient désignées de Theoinia. En effet, Dionysos est dit Dieu-Vin (Theoinon), comme en témoignent Eschyle et Istros, dans le premier livre de ses Anthologies (FGrH 334 F 15) »23.
19P. Foucart traduit l’expression τὰ κατὰ δήμους Διονύσια par Dionysies rurales ce qui le pousse à affirmer que les Ἰκαριεῖς (ou 1’οἶκος des Ἰκαριεῖς) participaient aux Dionysies rurales en offrant un sacrifice sanglant, les Theoinia, une fois que les démotes avaient immolé les victimes traditionnelles en l’honneur du dieu24. Les Theoinia, selon le savant, étaient des sacrifices qui avaient lieu uniquement dans les dèmes « où était établie une famille dont l’ancêtre avait été en rapport avec Dionysos, lorsque le dieu parcourait l’Attique, enseignant la viticulture à ses habitants »25.
20Or, l’expression τὰ κατὰ δήμους Διονύσια n’est pas nécessairement synonyme de Dionysies rurales étant donné que Διονύσια peut être compris comme un terme générique pour indiquer les fêtes en l’honneur de Dionysos. De plus, les textes servant de fondement à l’hypothèse de P. Foucart ne font aucune allusion aux sacrifices des démotes d’Ikarion en honneur de Dionysos et moins encore au héros Ikarios. Cependant, cette inférence s’explique aisément au regard de ce que nous connaissons des pratiques religieuses à Athènes et en Attique et des récits traditionnels associant Dionysos et Ikarios26.
21D’autre part, il n’est pas oisif de se demander comment P. Foucart arrive à la conclusion que les Ἰκαριεῖς sont un οἶκος alors qu’Harpocration évoque un sacrifice propre aux γεννήται. Doit-on comprendre que ce terme ne s’applique pas stricto sensu aux seuls membres d’un γένος mais également aux membres des οἰκοι qui le composent27 ? Face à cette contradiction apparente P. Foucart observe que, dans certaines localités, le corps à qui revenait l’office des Dionysies champêtres était celui des γεννήται, dans d’autres comme à Ikarion, aux membres d’un οἶκος religieux28.
22Quoi qu’il en soit, on peut dire qu’entre les solutions proposées par C.D. Buck et par P. Foucart, il n’y a pas une grande différence : dans leurs études, οἶκος et gens (ou γένος) sont presque des synonymes parfaits. Qu’il s’agisse de l’un ou l’autre de ces groupes, ces savants considèrent que leurs membres, c’est-à-dire les Ἰκαριεῖς sont attachés au culte d’Ikarios, le héros éponyme du dème. P. Foucart a cependant franchi une étape dès lors qu’il a associé ce culte à celui de Dionysos.
23Si les Theoinia ont passionné les savants depuis le xixe siècle29, l’hypothèse de P. Foucart concernant les Ἰκαριεῖς n’a pas trouvé bon accueil auprès des savants probablement parce que sa vision de l’oΐκος n’est pas très nette. La maison des Ἰκαριεῖς n’est en rien semblable à celle des Dékélieis telle qu’elle est mentionnée dans le décret des Démotionides. Les sources à notre disposition n’évoquent pas un prêtre lié au groupe des Ἰκαριεῖς ni ne font d’eux une cellule d’accueil ou d’identité civique comme celle qui apparaît dans le décret des Démotionides. Reste à savoir si les Ἰκαριεῖς sont les membres d’une phratrie à l’intérieur du dème d’Ikarion.
Le Ἰκαριεῖς et les réformes de Clisthène
24Dans les années soixante, grâce aux travaux concernant les réformes de Clisthène et à la transformation des cadres de reconnaissance civique qui s’opère en Attique, le dème d’Ikarion se trouve au centre des préoccupations de certains historiens. D.M. Lewis décèle dans la région du Pentélique une des anomalies dans le partage des dèmes affiliés aux tribus clisthéniennes. Le rattachement d’Ikarion à la tribu Aigéis30, alors que, dans ses environs, les dèmes seraient affiliés à Léontis, s’expliquerait, selon le savant anglais, par l’inimitié entre le réformateur et Isagoras l’archonte éponyme en exercice.
Isagoras d’Ikarion ?
25Tirant argument d’IG I2 182, aujourd’hui IG I3 25331, D.M. Lewis faisait d’Ikarion le lieu d’origine d’Isagoras. Dans cet inventaire concernant les biens du dème, et daté des années 450-425 av. J.-C, D.M. Lewis décelait une allusion au culte de Zeus Carien, 1.6, qui, selon Hérodote32, était honoré par les συγγενέες d’Isagoras33. Une telle constatation obligeait le savant à faire de Zeus Carios la divinité suprême du dème et à suivre les propositions de CD. Buck qui restituait à la ligne 3 de ce document [ἀργυριο Καρί]ο. Une telle démarche l’obligeait à transformer Dionysos, honoré dans cette localité du moins à partir du vie siècle av. J.-C, en une divinité d’importation34.
26Une telle analyse met en évidence le danger auquel s’expose l’historien avide de trouver, dans les sources anciennes, des confirmations aux hypothèses qu’il a échafaudées. L’opinion de D.M. Lewis, critiquée dès 1964 par P. Lévêque et P. Vidal-Naquet35, est d’autant plus étonnante que le nom d’Ikarios se lit parfaitement en IG I3 254, aux lignes 6 et 9, comme le montre CD. Buck dans son editio princeps36. De plus, alors qu’un théâtre ou un aire théâtral et d’autres restes du culte de Dionysos sont visibles in situ, D.M. Lewis a préféré courir derrière l’ombre du Zeus Carien, cherchant la lectio difficilior alors qu’Ikarios est sans aucun doute le héros éponyme du dème. A sa décharge, il convient de préciser que le chercheur n’avait pas eu l’occasion d’examiner la stèle où était gravé ce décret étant donné qu’elle était perdue depuis près d’un siècle37.
27Il faut également préciser que, dans son édition des décrets attiques, D.M. Lewis abandonne cette lecture, ce qui rend caduque son hypothèse concernant les rapports entre Isagoras et la réforme de Clisthène, du moins pour ce qui est d’Ikarion ou de la frontière de la trittye à laquelle ce dème était attaché38. Quoi qu’il en soit, à la lumière d’IG II² 1178, D.M. Lewis considère, dans son étude de 1963, qu’à Ikarion une organisation pré-clisthénienne survivait à côté du dème39. Tirant argument du décret des Démotionidai, le spécialiste suggère que les Ἰκαριεῖς étaient aux démotes d’Ikarion ce que les Dékelieis étaient aux démotes du dème du même nom, c’est-à-dire une phratrie40.
28Cette hypothèse obtient l’adhésion des chercheurs anglo-saxons qui s’étaient nourris également des études de D. Roussel, d’Andrewes et de Thompson qui suggèrent que les réformes de Clisthène auraient parfois provoqué une imbrication entre les anciennes phratries et les dèmes41. Parmi les émules de D.M. Lewis on peut compter D. Whitehead et S.D. Lambert.
Les Ἰκαριεῖς : une phratrie puissante
29D. Whitehead souligne que, dans les dèmes attiques, on trouve des réminiscences de l’époque archaïque et plus précisément des phratries aristocratiques qui avaient précédé les réformes de Clisthène42 dont certains documents épigraphiques font état. En effet, selon le spécialiste, l’imbrication entre dème et phratrie est évidente en IG II² 1241 (Dyaleis/Myrrhinonte), probable en IG II2 1178 (Ἰκαριεῖς,/Ikarion, 11.4-6)43. Par ailleurs, D. Whitehead44 suggère que l’absence de démotique dans les documents d’Ikarion. et particulièrement dans les dédicaces chorégiques, signifie que les individus ayant assumé cette charge étaient des citoyens appartenant à la phratrie des Ἰκαριεῖς45.
30Accepter cette hypothèse revient à admettre, implicitement, que les chorèges d’Ikarion étaient tous issus d’une même phratrie46 et que celle-ci n’avait été nullement affectée par les réformes clisthéniennes. Or, s’il est vrai que Clisthène ne cherchait pas « à faire coïncider les nouveaux dèmes avec ces anciennes organisations ou plutôt avec leurs sièges47, on peut admettre que les membres d’un même dème appartenaient à différentes phratries. Par ailleurs, si l’on accepte l’hypothèse de D. Whitehead, il faut également supposer que la phratrie des Ἰκαριεῖς était intimement liée au culte de Dionysos, vu que ses membres siégeaient avec les démotes pour voter ce qui avait trait à la chorégie et décerner des honneurs relatifs aux célébrations des Dionysies, hypothèse qui n’est pas facile à démontrer étant donné que les phratères étaient associés en priorité à Zeus, Athéna et Apollon.
31Peut-être faudrait-il dire que l’absence de démotique, dans les documents du dème, signifiait tout simplement que les individus mentionnés étaient des citoyens et qu’ils étaient connus de tous ou du moins de leur entourage. Sans dire qu’Athènes et plus particulièrement le dème d’Ikarion était « a face to face society », la mention d’un nom, même privé de son démotique était probablement suffisante pour que tous les démotes identifient un des leurs. En cas de doute ou de contestation d’identité, chacun pouvait se référer aux listes que tenaient les démarques. Rien ne prouve donc que les individus mentionnés dans les inscriptions d’Ikarion étaient membres de la phratrie des Ἰκαριεῖς. Par ailleurs, étant donné que dans un grand nombre de documents des dèmes d’Attique les démotiques font défaut, la conclusion de D. Whitehead ne s’impose pas48. En Attique, la déclinaison de l’identité du citoyen - nom, patronyme, démotique - était utilisée davantage pour distinguer les membres d’un dèmes des citoyens provenant d’autres localités49.
32En associant les Ἰκαριεῖς à l’institution de la chorègie, D. Whitehead transforme ces derniers en un groupe de privilégiés disposant de revenus importants étant donné que la chorégie était une des plus lourdes charges qui pesaient sur les citoyens à Athènes et en Attique. Cependant, celui qui l’assumait recevait en échange des honneurs et disposait d’une grande popularité au sein de sa communauté ce qui lui permettait de briguer des charges, de remporter des victoires politiques et juridiques50. À Ikarion, il est vrai, plusieurs chorèges appartiennent à une même famille. Cependant, à la lumière de ces seuls documents, il serait hasardeux de conclure d’emblée qu’ils étaient tous issus de la « phratrie » des Ἰκαριεῖς.
33Les études de D. Whitehead ont cependant beaucoup influencé N. Jones qui propose une nouvelle interprétation des documents concernant les Ἰκαριεῖς.
Ἰκαριεῖς : des Athéniens résidant à Ikarion ?
34Depuis la seconde moitié du xxe siècle, les chercheurs anglo-saxons se sont intéressés à la nature du dème, considérant que les sources épigraphiques et les « surveys » mettent en évidence des évolutions ou des transformations, qui les obligent à repenser les réformes de Clisthène autrement que par le prisme aristotélicien. En partant du dème héréditaire, N. Jones vient à supposer l’existence d’un dème territorial, le dème comme lieu de résidence et de participation politique des citoyens héréditairement attachés à une région donnée et où ceux qui provenaient d’autres dèmes y exerçaient également leurs droits civiques51. Pour asseoir son hypothèse, le chercheur étudie le décret du dème d’Ikarion, IG I5 254, qui concerne la désignation des chorèges en vue de la célébration des Dionysies rurales.
35Ce texte, retrouvé à Ikarion lors des fouilles de CD. Buck, fut publié pour la première fois en 1889. Son éditeur, puis ceux qui l’ont suivi, dont D.M. Lewis, et A.K. Makres, le placent, d’après le style de la gravure entre 440 et 415 av. J.-C.52.
36Ce document assez abîmé53 est le plus ancien témoignage concernant le système chorégique des dèmes d’Attique, pour ne pas dire d’Athènes54. En premier lieu, il est question des modalités de désignation des chorèges : le démarque d’Ikarion était tenu de les choisir vraisemblablement parmi ceux qui n’avaient pas encore exercé cette liturgie. En cas de contestation, ils devaient soumettre les récalcitrants au procès d’échange, antidosis. Il s’agit là, également, de la première allusion à cette pratique dans le domaine des liturgies au ve siècle av. J.-C. Ces mesures concernent les démotes d’Ikarion et les Ἰκαριεῖς.
37En 1889, dans l’editio princeps. C.D. Buck restituait 1. 3-4 :
38τῶ ν δημοτῶν καὶ τῶν Ἰκα[ριῶν εἶναι τραγ-
39ωιδῶν ὄν]των. Cette restitution qui respecte apparemment la taille éventuelle de la ligne de l’inscription originale n’a jamais été acceptée par les spécialistes probablement parce que très rapidement Wilamowitz imposait la sienne —
40τôν δεμôν Ἰκαριεῶν καὶ Ἰκα[ριοῖ οἰκόντ-
41τον δύο]55.
42En effet, elle est reprise dans les IG I3 et, plus récemment, dans l’édition d’A.K. Makres56 qui a pu relire la pierre, près de cent ans après sa disparition. Cette restitution est également acceptée par D. Whitehead et par N. Jones, sans aucune discussion.
43Le premier observe que des métèques, dans les documents épigraphiques, sont souvent désignés par la périphrase oikôn en /oikountes en. Certains participaient activement à la vie du dème et pouvaient assurer les dépenses d’une chorégie. Une telle observation découle de l’étude des décrets provenant d’Éleusis où des Thébains ont assuré la bonne tenue des Dionysies57. Cependant, de là à affirmer que les chorèges d’Ikarion, Épicratès et Praxias, sont des métèques58, il y a un fossé que D. Whitehead ne franchit pas. En effet, le seul décret voté par les Éleusiniens en l’honneur de chorèges thébains ne suffit pas à bâtir une théorie sur l’identité politique des chorèges de tous les dèmes de l’Attique dont les noms sont privés de démotique.
44D. Whitehead considère que la formule Ἰκαριοῖ οἰκόντον, utilisée en IG I3 253 s’applique à des résidents citoyens appartenant à d’autres dèmes59. Cette hypothèse est défendable étant donné que les sources épigraphiques font état à Ikarion de contrats de location ou d’achat de propriétés au nom d’Athéniens provenant d’autres dèmes d’Attique60. Si tel est le cas, nous aurions en IG I3 254, la plus ancienne attestation de la participation politique des citoyens non-démotes aux assemblées d’un dème de l’Attique, entre 440 et 415 av. J.-C. Cependant, une telle construction dépend de la restitution d’IG I3 254,1. 3, proposée par Wilamowitz.
45N. Jones accepte cette restitution et les conclusions de D. Whitehead61 ce qui lui permet de consolider sa théorie concernant le « dème territorial » qui met en évidence l’évolution constante de l’identité et des cadres politiques d’Athènes à partir des réformes de Clisthène. IG I3 254 est une source indispensable pour cette démonstration, comme le sont le décret concernant les chorèges thébains d’Éleusis et ceux de Rhamnonte où démotes et non-démotes participent aux assemblées. Il semble évident que les Athéniens aient possédé des propriétés et vécu parfois dans d’autres localités fort éloignées parfois de leur dème d’origine, c’est-à-dire de leur « circonscription ».
46Mais, peut-on dire qu’ils se réunissaient avec les démotes qui les accueillaient en tant que résidents pour décider des affaires courantes ? Je ne le crois pas. Les chorèges thébains d’Éleusis apparaissent uniquement comme des bénéficiaires d’honneurs et non pas comme des ayant droit au sein de l’assemblée du dème. Et le cas de Rhamnonte ? Dans ce dème forteresse, la question semble se poser autrement. La vie de Rhamnonte est presque entièrement tournée vers la défense du territoire, le sien et celui de l’Attique. À partir de la seconde moitié du ive siècle, les citoyens de Rhamnonte et les soldats stationnés dans la forteresse votent ensemble des décrets honorifiques, toujours des mesures concernant la vie dans le phrourion. Au milieu du iiie siècle, les démotes s’associaient parfois aux oἱ οἱκοῦτες τῶν πολιτῶν, vraisemblablement dans le même but62. Cependant, pour tout ce qui concerne la gestion de leur dème, les démotes de Rhamnonte semblent avoir siégé entre eux, qu’il s’agisse de choisir un démarque, d’honorer un citoyen du cru où le représentant de la puissance étrangère qui domine Athènes, comme Antigone le Borgne63. Par ailleurs, à Rhamnonte, les non-démotes se cantonnent à l’exercice des fonctions qui leur ont été assignées par le peuple d’Athènes. Il serait donc hasardeux d’appliquer à Ikarion, comme le fait N. Jones, un modèle en vigueur au ive siècle et qui est propre aux dèmes à garnison, comme Éleusis et Rhamnonte64.
47Quoi qu’il en soit, pour étayer sa thèse, N. Jones revient à IG II2 1178 et à la distinction entre le demos des Icariens et les Ἰκαριεῖς. Là encore, il affirme que les Ἰκαριεῖς de ce document sont les « résidents », les non-démotes. au même titre que ceux mentionnés en IG I3 254. Cette constatation l’amène à conclure que la distinction entre demotes et Ἰκαριεῖς met en évidence les deux types de dème : le dème territorial (Ἰκαριεῖς) et le dème héréditaire et constitutionnel (ὁ δῆμος τῶν Ἰκαριεῶν).
48Tout devient simple, presque trop simple. D’un côté, le spécialiste ne tient pas compte de l’écart de presque un siècle qui sépare IG I3 254 et IG II2 1178. De l’autre, pour imposer son hypothèse, il nous oblige à accepter que la formule ὁ δῆμος ὁ Ἰκαριεῶν καὶ οἵ Ἰκαριεῖς, utilisée en IG II2 1178, signifie « le dème des Ikariens et non-démotes résidant à Ikarion » ou « le dème des Icariens et les Icariens résidents non-démotes ». En fin de compte, on doit supposer que celle-ci est une abréviation de la formule utilisée au ve siècle, qui figure précisément en IG I3 254. Mieux, N. Jones nous oblige à accepter que la formule officielle utilisée par les Icariens est celle que nous retrouvons dans la restitution de Wilamowitz.
49Cette difficulté ne trouble nullement le chercheur, raison pour laquelle il ne précise pas à quel moment l’expression « le dème des Ikariens et les Ikariens résidants non-démotes » s’est imposée dans les documents de cette localité et comment les démotes d’Ikarion sont arrivés à utiliser une formule abrégée compréhensible de tous. À mon avis, les citoyens d’Ikarion se servaient d’une formule officielle pour mettre en évidence les composantes du dème et celle-ci se lit dans IG II2 1178, comme dans IG I3 254, règlement officiel, aux allures de loi sacré, datant du ve siècle.
50La proposition de Wilamowitz séduit, il faut le convenir, parce qu’elle a l’avantage d’éliminer le problème de la distinction entre le dème des Icariens et les Ἰκαριεῖς. Cependant, elle oblige, comme nous l’avons observé plus haut, à supposer la participation active des non-Ikariens à l’assemblée du dème dès le milieu du ve siècle av. J.-C. L’étude d’IG I3 254 peut nous aider à aller plus loin.
Les Ἰκαριεῖς ou IG I3 254 reconsidérée
51Récemment, A.K. Makres a proposé de restituer le verbe αίρέω, à la ligne 3 de ce document, étant donné qu’il lit après la lacune la lettre i, que C.D. Buck n’avait pas remarquée en 1889. Il propose donc pour les lignes 2-4 les restitutions suivantes :
52[ἐδοχσε]ν Ἰκαριεῦσι Μενέστ[ρατος εἶπεν hε- 2
53λέσθα]ι τôν δεμοτôν καὶ τôν Ἰκα[ριοῖ οἰκόντ- 3
54ον δύο]. 4
55« Il a plu aux Icariens. Ménéstratos a proposé : que soient choisis parmi les démotes et les résidents à Ikarion deux hommes de ceux qui n’ont pas encore exercé la chorégie... »
56Le verbe αἱρέω est utilisé dans les décrets du peuple athénien et cela dès la deuxième moitié du ve siècle65. Il aurait donc pu figurer dans les décrets des dèmes attiques dès cette époque, qu’il ait eu un sujet défini à l’accusatif ou indéfini, comme dans le cas qui nous occupe66. Vu qu’ IG I3 254 se réfère à la désignation des chorèges, je lirais plus volontiers 1. 2-4 :
57[ἐδοχσε]ν Ἰκαριεῦσι Μενέστ[ρατος εἶπεν hε-
58λέσθα]ι τôν δεμοτôν καì τôν Ἰκα[ριευôν ἀνδρ-
59[ας...] τôν ἀορεγέτôν Ιιοτιν’ ἂν [......10.....]
60« Il a plu aux Icariens. Ménéstratos a proposé : que soient choisis parmi les démotes et les Icariens... hommes de ceux qui n’ont pas encore exercé la chorégie... »
61Tout en acceptant la restitution de A.K. Makres, je refuse celle de U. Wilamowitz et propose de lire un génitif pluriel à la place d’un datif singulier, 1. 3 ; j’ajoute également l’accusatif pluriel, c’est-à-dire le complément d’objet direct attendu dans ce type de construction, ἀνδρας ou χορήγους (χορηγοος).
62À la lumière d’IG II2 1178, où les Icariens honorent Épicratès et Praxias67. D.M. Lewis restitue δύο à la ligne 4. Cependant, s’il est vrai, comme le souligne ce même document, que les Icariens organisaient des agones en l’honneur de Dionysos, alors le nombre des chorèges désignés pouvait être plus important. Épicratès et Praxias seraient les chorèges vainqueurs des épreuves qui se tenaient dans le dème. Dans les documents chorégiques provenant d’Ikarion on lit à plusieurs reprises le terme νικήσας, νικῶντες ou νικήσαντες68. Les sources épigraphiques font état de concours de tragédie à Ikarion. Cependant, un relief et d’autres objets trouvés lors des fouilles de la fin du xixe siècle suggèrent que la comédie pouvait faire partie des Dionysies d’Ikarion. Pour cette raison, je m’abstiens de proposer un chiffre pour combler le début de la lacune à la ligne 4.
63Ma proposition ne s’explique donc que par IG II2 1178 et réaffirme la distinction entre les deux groupes : les démotes d’Ikarion et les Ἰκαριεῖς. A mon avis, ces derniers ne sont pas des métèques, ils ne sont pas non plus de citoyens Athéniens, originaires d’autres dèmes, résidant à Ikarion.
64Alors qui sont les Ἰκαριεῖς ? Des membres d’une phratrie ou d’un γένος ? Certains spécialistes de la fin du xxe siècle ont considéré qu’ils ne rentraient ni dans l’une ni dans l’autre de ces catégories. Ces derniers nient qu’il y ait en IG I3 254 et IG II2 1178 une distinction entre les Ἰκαριεῖς et les démotes d’Ikarion.
Ni phratrie ni γένος : les Ἰκαριεῖς une tautologie icarienne
65Dans son étude sur les phratries, S.D. Lambert s’intéresse également au décret IG II2 1178 et commente la distinction entre Ἰκαριεῖς et le dème des Ἰκαριεῖς69. Le chercheur rappelle l’hypothèse de D.M. Lewis70 concernant l’existence de deux groupes distincts à Ikarion probablement analogue à l’οἶκος / phratrie des Dekelieieis, qui coexistait avec le dème du même nom71. Dans un premier temps, Lambert n’exclut pas le fait que cette hypothèse soit acceptable, étant donné que d’autres parallèles peuvent être cités pour l’étayer72. Cependant, il se dégage rapidement des conclusions de D.M. Lewis : les groupes portant le nom de Dekelieieis agissent et s’organisent indépendamment (même s’il peut y avoir parfois confusion entre les membres de la phratrie des Décéliens et du dème des Décéliens) alors que ceux portant le nom d’ Ἰκαριεῖς sont réunis dans un seul décret en tant que dispensateurs d’honneurs à des citoyens ayant exercé une magistrature ou ayant assumé une liturgie. Selon S.D. Lambert, pour admettre la distinction entre les Ἰκαριεῖς et les démotes d’Ikarion, il faudrait « supposer l’existence de deux groupes disposant des mêmes membres ou, pour le moins, se réunissant en une même assemblée »73. N’est-ce pas le cas en IG II2 1178 ? Or, le manque de parallèles pouvant corroborer cette hypothèse fait défaut, ce qui amène S.D. Lambert à douter qu’une telle distinction soit plausible. Le chercheur conclut son analyse en affirmant qu’en IG II2 1178 il est question d’un groupe unique, le dème, s’adonnant à une tautologie grandiose74.
66Les conclusions de S.D. Lambert sont, d’une certaine façon, reprises par R. Parker. En étudiant les γένη attiques, le chercheur vient à s’intéresser aux Ἰκαριεῖς et observe qu’IG II2 1178 n’atteste pas d’une distinction entre deux groupes75. Il y voit plutôt dans l’expression ὁ δῆμος τῶν Ἰκαριεῶν et Ἰκαριεῖς une formulation artificielle. Pour le chercheur, les Ἰκαριεῖς et les démotes d’Ikarion ne forment qu’une seule entité, de même que celui qui reçoit des honneurs, Nikon, n’est autre que le démarque76. Pour trancher la question, le spécialiste fait intervenir un argument d’autorité, qu’il doit à D.A. Russell, concernant la fonction de la particule de coordination qui lie les deux groupes : le καὶ ne doit pas nous induire en erreur, dit-il, les Ἰκαριεῖς honorent Nikon en tant qu’individu et en tant que démarque.
67R. Parker refuse la distinction entre le dème des Icariens et les Ἰκαριεῖς selon des critères philologiques qui ne sont pas irréfutables. Certes, les Ἰκαριεῖς font partie du dème des Icariens et, en tant que démotes, honorent le démarque. Cependant, la particule de liaison, loin de mettre en évidence une redondance ou une tautologie, souligne que les Ἰκαριεῖς sont un groupe particulier à l’intérieur d’un groupe spécifique, plus vaste, le dème des Icariens. Le καὶ est utilisé ici précisément pour souligner la particularité d’un groupe à l’intérieur d’un autre et pour signifier qu’ils agissent de concert dans des situations données77.
68Pour souligner la soi-disant tautologie qui figure dans notre document, D.A. Russel et R. Parker suggèrent, comme l’avait fait au début du xxe siècle P. Foucart78, que les Icariens honorent Nikon en tant qu’individu et en tant que démarque79. Il est tout à fait compréhensible que les démotes et ce groupe particulier que sont les Ἰκαριεῖς, inséré dans le dème, et quelle que soit son identité, honore le démarque. Cependant, il semble difficile d’expliquer l’honneur qu’ils accordent à Nikon en tant qu’individu. Comme l’ont montré plusieurs chercheurs l’idiotês est honoré en tant que politeuomenos qu’il soit affilié au dème qui lui accorde une distinction ou qu’il appartienne à une autre entité civique (un autre dème, une autre cité)80. C’est toujours une action engagée au bénéfice de la polis (ou d’une de ses subdivisions) au même titre que son utilité politique qui ouvre à un particulier la route des honneurs, l’un parce qu’il a exercé une magistrature, un autre parce qu’il a assumé une liturgie, un autre encore parce qu’il a généreusement pourvu la cité en argent ou en provisions dans un moment de pénurie81. De même, les associations, thiases, orgéons, par exemple, fonctionnant en toute légalité et selon les lois d’Athènes, honorent les individus appartenant au groupe parce qu’ils ont exercé un rôle indispensable à leur fonctionnement, à leur pérennité. Les décrets qu’ils votent imitant en tous points les formules civiques, raison pour laquelle à l’époque classique il est fort difficile de trouver l’« individu ».
69En IG Π2 1178, il est question d’honneurs civiques proclamés dans le cadre d’une assemblée, inscrits sur la pierre et exposés vraisemblablement dans un sanctuaire. Le démarque venait de remplir sa charge et, plus particulièrement, il avait organisé admirablement les Dionysies rurales. Quant aux chorèges, ils avaient apporté leur contribution pour que le dieu reçoive son dû et pour que les démotes, à leur tour, trouvent grâce auprès de Dionysos. Reste à savoir pour quelle raison les Ἰκαριεῖς l’honoraient également. Peut-être Nikon, le démarque d’Ikarion, faisait-il partie justement des Ἰκαριεῖς. C’est en tant que politeuomenoi et comme membre d’un groupe concerné en premier chef par la citoyenneté qu’il est honoré par ses pairs, comme l’étaient les membres d’un γένος, d’une phratrie ou d’une tribu. Son action méritoire rejaillit sur le groupe qui s’empresse de lui manifester sa gratitude. Il ne faut pas oublier que le vote des honneurs, inséré dans ce que l’on pourrait appeler un concours de philotimia, participe de la construction politique d’une communauté où les gratifications, au-delà du prestige, garantissent au bénéficiaire et à son groupe, un réel pouvoir au sein de la phratrie, du dème ou de la polis.
Les Ἰκαριεῖς et les Médontides
70S.D. Lambert nie la distinction entre les démotes d’Ikarion et les Ἰκαριεῖς et la possibilité que ces derniers soient les membres d’un οἶκος ou d’une phratrie. Pourtant, il disposait d’un parallèle lui permettant d’envisager autrement la question. Je fais allusion à IG II2 1233, daté probablement du ive siècle av. J.-C. Ce document est un décret voté conjointement par le dème des Médontides et par la phratrie du même nom. S’il avait été préservé en entier, nous serions peut-être assurés que les Ἰκαριεῖς ne s’adonnaient pas à une tautologie grandiose. Ils ne faisaient que reprendre une formulation propre à deux corps votant ensemble des honneurs (phratrie et demos). En effet, si à la 1. 2, S.D. Lambert propose en traduction de restituer un génitif pluriel « des Medontidai », il faut supposer qu’en 1. 1 on devait lire, comme dans les documents de ce type, [ἐδοξεν Μεδοντιδαί καὶ ὁ δῆμος]/τοῦ Μ[εδοντίδων82, restitution possible étant donné que la ligne entière comporterait 25 caractères83.
71Certes, la confirmation d’une telle interprétation dépend de l’autopsie de la pierre qui ne semble plus être disponible à l’étude. En effet, IG II2 1233 a été publiée d’après des dessins, l’inscription étant encastrée dans le mur d’une église de Kypseli84. Cependant, la confrontation d’un document relatif à la phratrie des Médontides et une inscription trouvée sur le Pythion d’Ikarion plaident pour le réexamen du cas des Ἰκαριεῖς.
Apollon à Ikarion
72À Ikarion, Apollon recevait un culte et disposait d’un sanctuaire dont le temple qui lui a été consacré fut identifié grâce à une inscription gravée sur le seuil : Ἰκαριῶν τò Πύθιον85. Des statues et des reliefs votifs ont été retrouvés dans le site ou dans les carrières de marbre du Pentélique, preuve de la vénération dont il faisait l’objet depuis l’époque archaïque86.
73D’ordinaire, c’est sous l’épiclèse Patroos que le dieu était invoqué par les phratères87. Pourtant, si l’on en croit Démosthène88, Apollon Pythios était également le dieu des phratries à Athènes. Si tel est le cas, les Ἰκαριεῖς auraient pu être une phratrie dont le lieu de réunion serait justement le sanctuaire d’Apollon89.
74En tout ca, certains aspects de l’enceinte d’Apollon évoquent le monde des phratries. Dès la découverte du Pythion et de l’inscription inscrite sur son seuil. C.D. Buck observait l’étrangeté du phénomène pour un temple grec90. Ce type d’inscription ressemble à celles qui marquaient la frontière entre le monde profane et l’espace sacré des phratries Gleontis91, Therrikleidai92 ou Thymaitis93. Il est vrai, cependant que sur le seuil du Pythion on ne lit pas le terme phratrie, comme dans les exemples mentionnés. Peut-on pour autant comparer cette inscription à la dédicace qu’aurait trouvée Wilhelm encastrée dans le mur d’une maison de Keratea ? Le savant y lisait [η] ἱερòν Μεδοντιδòν94. Cette inscription marquait-elle, comme à Ikarios, la frontière entre l’espace profane et l’espace consacré à Apollon ? Selon S.D. Lambert, qui cite Wilhelm, cette interprétation n’est pas assurée. Le texte gravé sur une base en marbre se référait probablement à un objet qui la surmontait. Il convient d’ailleurs de se souvenir qu’en 1909, alors qu’il publiait ce document. A. Wilhelm considérait qu’il ne concernait pas la phratrie mais le γένος des Médontides.
75Par ailleurs, IG II² 1233 était-elle aussi considérée par certains comme un document relatif au γένος des Médontides, même si selon S.D. Lambert, cette interprétation n’est pas assurée95. En tout cas, quelle que soit la nature des Médontides mentionnés dans ces documents, ils auraient pu aider les chercheurs à réfléchir sur les Ikariens et à comprendre la nature de ce groupe particulier à l’intérieur du dème d’Ikarion.
76Quoi qu’il en soit, l’inscription sur le seuil du Pythion, intrigue et plaiderait pour une nouvelle appréciation des Ἰκαριεῖς et de leur définition en tant que phratrie ou en tant que γένος. Et c’est, dans ce contexte, que s’expliqueraient les décrets où deux corps votent des lois et accordent des honneurs aux bienfaiteurs du dème.
77Reste à trouver des nouvelles sources dans le site de l’ancien Ikarion qui permettraient d’expliquer pourquoi cette phratrie, si les Ἰκαριεῖς en étaient une, s’intéressait autant à Dionysos, comme l’indiquent IG II2 1178 et IG I3 254.
78En l’état actuel de nos connaissances, on peut dire que Dionysos et Apollon partageaient un territoire contigu et qu’un même citoyen pouvait les honorer conjointement96. Par ailleurs, le Pythion était cité dans le décret concernant la chorégie à Ikarion, IG I3 254, 1. 30, sans que l’on sache en expliquer la raison. Il est possible que le document ait également traité des fêtes en l’honneur d’Apollon, qu’il ait été, malgré l’insistance sur le culte de Dionysos et les représentations dramatiques, un décret réglant l’organisation de tous les cultes d’Ikarion. En tout cas, à la ligne 28 on lit clairement ηεβδομ[ει. Selon A.K. Makres, ce terme doit être compris comme « le septième jour du mois ». Cette hypothèse est d’autant plus plausible qu’Apollon était honoré précisément tous les mois à cette date97.
79L’examen d’un relief conservé à Détroit, et plus particulièrement d’une inscription gravée sur son architrave, έβδομαισταὶ οί ἐπὶ - - - a permis à E. Voutiras de considérer qu’il existait à Ikarion une association d’hébdomaïstes98 qui prenait en charge les sacrifices en l’honneur d’Apollon au septième jour de chaque mois, sacrifices qui étaient suivis de la consommation de viande à l’intérieur du temple du dieu99. S’il est vrai que ce relief provient d’Ikarion, il n’est pas illégitime de se demander si les hébdomaïstes appartenaient à une phratrie ou s’ils s’étaient organisés en thiase et comment ils étaient intégrés à la vie du dème. En tout cas, le relief en question date des alentours de 330 av. J.-C. et correspond à celui qu’ont dédié quatre Pythaïstes d’Ikarion et qui témoigne de leur attachement à la cité d’Athènes, au dème d’Ikarion auquel ils appartenaient et à Apollon100.
80Étant donné que le terme έορτὴν est également utilisé en IG I3 254, 1. 27101, il ne semble pas absurde que, par ce décret, les démotes aient établi ou réaffirmé certaines règles relatives au culte d’Apollon, comme ce sacrifice du septième jour ou la chorégie qui pourrait également concerner les célébrations en honneur du dieu dont l’amour des chœurs n’est plus à prouver102. Cependant, il est impossible de savoir si la fête qui figure à 1. 27, les chorèges, 1. 32, ou l’amende, 1. 31, doivent être mis en rapport avec le Pythien ou avec Dionysos. L’état lacunaire d’IG I3 254 interdit d’aller plus loin. Si, dans ce document, Apollon et Dionysos sont associés, rien ne permet d’identifier ceux qui étaient préposés à leur culte comme des membres d’une phratrie.
81Certes, l’étude croisée des sources ne permet pas, pour l’instant, de préciser l’identité des Ἰκαριεῖς. Cependant, vu le nombre de dèmes de l’Attique et le peu de documents concernant les phratries alors que les citoyens d’Athènes devaient y être inscrits, il me semble pour le moins étonnant que l’on n’essaie pas de mieux expliquer le problème, du moins pour ce qui concerne le dème d’Ikarion. Considérer que la distinction entre les Ἰκαριεῖς et le dème des Icariens tient de la tautologie c’est une solution de facilité. Peut-être faudrait-il oser à revenir sur les propositions à la fois de C.D. Buck et de P. Foucart et de comprendre les Ἰκαριεῖς comme des membres d’un γένος attachés à Ikarios et à Dionysos.
Dionysos et Ikarios à Ikarion
82Le dème d’Ikarion tire son nom du héros Ikarios, un paysan qui aurait accueilli Dionysos et reçu, en échange de son hospitalité, le vin et l’art de cultiver la vigne103. Cependant, en tentant de partager avec d’autres habitants de l’Attique sa sagesse dionysiaque, Ikarios aurait péri, victime de l’ivresse qui s’était emparée de ceux qui avaient goûté le vin pur. Sa fille, Érigoné, aurait erré en Attique à sa recherche et se serait pendue en découvrant son cadavre.
83Les sources concernant le « mythe » d’Ikarios sont postérieures aux IG I3 254 et IG IL 1178 de presque un siècle. Les premières allusions aux malheurs d’Ikarios semblent remonter au iiie siècle av. J.-C.104. Cependant, il est fort possible que les auteurs de l’époque classique l’aient exploité que ce soit dans la poésie, dans des ouvrages d’histoire régionale ou dans des traités techniques concernant la poétique105. D’autre part, les Dionysies rurales ou les fêtes où le dieu partageait les honneurs avec le héros local auraient pu être le contexte dans lequel les récits, qui circulaient à propos des rapports privilégiés entre Dionysos et Ikarios, étaient constamment remémorés.
84Cela expliquerait, en partie, pourquoi le compilateur du Marbre de Paros, daté de 264/263 av. J.-C, aurait fait d’Ikarion la patrie du genre dramatique106 dont on trouverait également des échos dans l’Érigonè qu’aurait composée Ératosthène, poète et bibliothécaire à Alexandrie107.
85Selon R. Merkelbach et M. West108, dans son Érigonè, le poète ne s’intéressait pas uniquement à retracer le destin de la fille d’Ikarios, mais surtout l’origine et le sens de la tragédie et de la comédie grecque. En s’appuyant sur l’Astronomie109, les Fables110 d’Hygin et sur d’autres sources plus tardives, les spécialistes viennent à affirmer qu’Ératosthène traitait de la rencontre entre Dionysos et le paysan d’Attique, Ikarios et faisait coïncider les épisodes de ce récit traditionnel avec les fêtes attiques : Protrygaia, Dionysies rurales. Anthestéries, Lénéennes111 dont certaines étaient fortement associées aux concours musicaux et dramatiques.
86Quant au chroniqueur du Marbre de Paros, il se serait inspiré du mouvement historique et civique qui avait poussé les cités grecques du ive siècle à œuvrer pour la préservation de leur passé, chacune voulant souligner sa primauté dans les différents domaines du savoir. Les concours musicaux et dramatiques apparaissaient alors comme une des plus importantes réalisations d’Athènes dont les Fasti, les Didaskaliai et les Listes de Vainqueurs devaient préserver la mémoire112.
87Par le biais de la reconstruction du passé qui passe par l’utilisation des récits traditionnels traitant des temps d’antan, de l’arché113, Ikarion, grâce à son héros, devenait un des hauts lieux du dionysisme de l’Antiquité. En effet, le culte de Dionysos, très vivace à Athènes, l’était également dans les dèmes éloignés et particulièrement à Ikarion114. Les fouilles entreprises dans l’actuel Dionysos à la fin du xixe siècle115 ont permis de dégager un théâtre comportant un koilon, une orchestra et cinq trônes116. Le dieu disposait vraisemblablement d’un temenos, d’un hiéron117, et recevait des offrandes dès le vie siècle av. J.-C. dont un autel118 et une statue119. A partir du ve siècle son culte est attesté grâce à un décret concernant la chorégie120 et aux comptes du dème provenant de ce qui devait être le cœur d’Ikarion. Enfin, plusieurs monuments chorégiques, dont certains sont encore visibles in situ, datant du ive siècle av. J.-C.121 suggèrent l’essor des concours de tragédies ou des représentations dramatiques à Ikarion.
88D’autre part. Dionysos et Ikarios disposaient d’un trésor et cela dès le milieu du ve siècle dont l’inventaire, conservé en IG I3 253, a été dressé par les démotes sous le regard attentif des démarques en exercice122. Ce document met en évidence également le fonds όσιον, « public », qui s’élevait à peu près à 27 000 drachmes. Certes, nous ignorons comment était alimentée ou gérée cette caisse. Cependant, il semble évident qu’une telle somme permettait que les gens d’Ikarion assurent les dépenses (sacrifices, fêtes, concours, décrets honorifiques) concernant culte de Dionysos, d’Ikarios et des autres divinités protectrices du dème, comme Apollon.
89Quoi qu’il en soit, la construction du mythe d’Ikarios devait être intimement liée aux fêtes en l’honneur de Dionysos et peut-être les Anthestéries. S’il est vrai que ces fêtes célébraient le don du vin, donc la culture de la vigne, l’expérience et la domination de l’ébriété, qui correspondent à l’accueil ou au refus de Dionysos, alors on peut supposer qu’Ikarios, un des premiers habitants de l’Attique à offrir l’hospitalité au dieu, était honoré précisément à cette occasion. En tout cas, sa fille Érigonè était honorée, dans le cadre des Anthestéries à Athènes, lors de la célébration des Aiôra123. Puisque les joies et malheurs d’Ikarios et d’Érigonè faisaient partie de la célébration civique de Dionysos, lors des Anthestéries, il n’est pas absurde de supposer qu’ils étaient également honorés aux côtés du dieu, dispensateur du vin, dans le cadre du dème et plus précisément à Ikarion. Cependant le calendrier de ce dème n’a pas été préservé, comme ceux de Marathon, d’Erchia ou de Thorikos124 qui évoquent les sacrifices en l’honneur de Dionysos au mois d’Anthestérion. Aussi, outre les Dionysies rurales, célébrées en Attique au mois de Poséidon, les dates où les démotes d’Ikarion honoraient Dionysos ou Ikarios sont du domaine de la supposition.
90Mais qui prenait en charge ces cultes ? Selon Harpocration, les gennetai sacrifiaient à Dionysos lors des Dionysies des dèmes, et ce sacrifice était nommé Theoinia d’après Dionysos le Dieu-Vin, Theoinon. Plusieurs chercheurs ont associé les Theoinia aux Dionysies rurales et P. Foucart considérait qu’elles étaient du ressort des Ἰκαριεῖς. Cependant, cette hypothèse ne peut être soutenue. L’expression τὰ Διονύσια τὰ κατὰ δημούς n’est pas un synonyme parfait de τὰ Διονύσια τὰ κατ’ ἀγροὺς qui, depuis le ve siècle av. J.-C. désignait les Dionysies rurales. Διονύσια était, je l’ai précisé auparavant, un terme générique pour désigner les célébrations en l’honneur du dieu. Aussi, ce sacrifice ou cette célébration que l’on nommait Theoinia pouvait être intégré au programme des Anthestéries ou une autre fête en l’honneur de Dionysos qu’Harpocration définit comme les Dionysies des dèmes. Par ailleurs, les Ἰκαριεῖς pouvaient être un groupe intéressé ou chargé des manifestations en l’honneur d’Ikarios, manifestations qui allaient de pair avec celles de Dionysos, qu’ils fussent un γένος archaïque disposant des prérogatives sacerdotales, un γένος/κωμή, voire un γένος fictif125.
91Les Anthestéries ou les fêtes en l’honneur de Dionysos qui avaient pour cadre les dèmes étaient placées vraisemblablement sous l’autorité du démarque, comme celles ἐν ἀστει, étaient du ressort de l’archonte roi. Si un quelconque γένος avait joui de prérogatives particulières relatives à ce culte, il est possible que ses membres aient accepté de les partager avec les démotes obtenant en échange des privilèges comme la prêtrise et l’honneur d’être désignés comme les fondateurs de cultes, quelle qu’ait été l’époque ou la circonstance de leur implantation en Attique.
92Or, les sources ne permettent pas d’affirmer que les Ἰκαριεῖς fournissaient les prêtres d’Ikarios ou de Dionysos. Cependant, les comptes du dème, la statue monumentale du dieu et son enceinte invitent à penser que son culte, auquel devait être associé celui le héros éponyme, demandait la désignation au moins d’un prêtre126. S’il est vrai que les γεννῆται sacrifiaient à Dionysos Theoinion, alors les Ἰκαριεῖς pouvaient prendre en charge ce sacrifice au nom de toute la communauté remémorant par là l’accueil du dieu en Attique, garantissant la croissance de la vigne, la production du et le bon usage de l’ivresse.
93Par ailleurs, les Ἰκαριεῖς devaient participer activement des célébrations des Dionysies rurales, sans que l’on sache en quoi consistait précisément leur rôle. Peut-être secondaient-ils les démarques dans l’organisation matérielle des concours et surtout dans tout ce qui entourait la procession et le sacrifice, raison pour laquelle ils seraient évoqués en IG I3 254. Cependant, outre ce document et IG II² 1178, les sources sont muettes à leur propos. Rien ne permet de dire que les membres de ce groupe assuraient la chorégie, même si les monuments chorégiques évoquent parfois la participation de trois membres d’une même famille aux concours d’Ikarion. Rien ne permet non plus d’affirmer que ces derniers unissaient leurs efforts pour pallier le coût d’une telle charge, vu que, aux dires des spécialistes, le dème était pauvre127. Cette union sur la pierre pouvait correspondre simplement à la célébration conjointe d’une participation aux concours en l’honneur du dieu qui s’étalait sur plusieurs années. Quoi qu’il en soit, à la lumière des comptes128 et du décret concernant la chorégie du dème129, des monuments des Icariens à Ikarion130, sur l’Acropole131, et même à Éleusis, il semble désormais obligatoire d’écarter l’idée que la pauvreté rodait dans cette localité.
94Peut-on dire pour autant que les Ἰκαριεῖς étaient associés à toutes les actions du dème ? La formule que nous découvrons en IG I3 254 légèrement modifiée en IG II2 1178 peut signifier qu’ils étaient invités à siéger à toutes les assemblées du dème en tant qu’un groupe particulier, privilégié. Cependant, deux autres décrets provenant d’Ikarion (IG II2 1 178132 et SEG 22, 117133) invitent à la circonspection. Ces documents font mention d’honneurs accordés à des démarques ayant assuré dignement leur charge134. Les formules ὁ δῆμος ὁ Ἰκαριεων καὶ οι Ἰκαριεῖς ou τôν δεμοτôν καὶ τôν Ἰκαριεôν ne peuvent être restituées dans le premier document cité, dont la lacune correspondrait à 21 caractères approximativement. Quant au second, avec les 88 caractères qui composent ses lignes, on aurait pu y voir figurer les formules d’usage dans le dème Ikarion. Cependant, on remarque une évolution dans ce décret qui tranche avec ceux que nous connaissons pour Ikarion et pour les autres dèmes de l’Attique135. Par la taille des lignes et le contenu, il rappelle des documents votés par le peuple athénien136. Le texte semble plus élaboré que ceux que l’on trouve en IG II2 1178 et 1179. C’est la première fois que les démotes d’Ikarion honorent un des leurs en utilisant le démotique, 1. 1. Ce décret diffère également d’IG II2 1178 en ce sens que le démarque fils de Sosigénès a non seulement bien géré les affaires financières et politiques du dème, mais il a également pris en charge les sacrifices en l’honneur de tous les dieux, τὰ τε ἱερὰ ἐθυσεν ἀπασιν τοῖς θεοῖς, alors que dans le document qui nous occupe, l’action méritoire de Nikon concerne uniquement les concours dionysiaques. La forme et le contenu de ce document suggèrent qu’il a été voté par l’ensemble des citoyens athéniens. L’érection de la stèle au cœur du dème d’Ikarion, c’est-à-dire au Dionysion, devait être un honneur supplémentaire accordé au fils de Sosigénès.
95Pour toutes ces raisons, il semble difficile d’affirmer catégoriquement que les formules évoquées ci-dessous étaient utilisées dans tous les documents du dème. En l’état actuel de nos connaissances, il semble judicieux de considérer que les Ἰκαριεῖς étaient appelés à s’exprimer par un vote en tant que γένος uniquement quand les affaires concernant Dionysos et Ikarios étaient en jeu. Dans d’autres circonstances, ils étaient invités à se manifester en tant que simples démotes d’Ikarion, comme probablement en SEG 22, 117, si cette inscription émane d’une décision des démotes et non pas du peuple athénien.
96Il n’en reste pas moins que les honneurs accordés au fils de Sosigénès furent prononcés et affichés dans le sanctuaire de Dionysos, preuve que ce lieu était le centre de la vie politique du dème. L’identité politique des Ἰκαριεῖς et de tous les Icariens avait quelque chose à voir avec Dionysos.
Conclusion
97L’identité des groupes dans les dèmes d’Attique est tributaire des sources à notre disposition. Le cas des Ἰκαριεῖς est un bon exemple des difficultés auxquelles sont confrontés les historiens de l’Attique. Non seulement, ils doivent tenter de rendre compte de l’application des réformes de Solon et de Clisthène mais également de l’évolution de la société athénienne à l’intérieur d’un cadre dont nous connaissons seulement les principaux traits. L’étude des cas, comme celui des Ἰκαριεῖς se révèle extrêmement délicat et nous invite à revoir certaines généralisations faites à partir de la restitution d’un texte épigraphique ou d’hypothèses concernant la tribu, le γένος, la phratrie.
98Je suis consciente de ne pas être en mesure de tirer une conclusion définitive sur l’identité des Ἰκαριεῖς, même si j’ai tenté de passer en revue presque la totalité des sources concernant le dème et un grand nombre d’hypothèses fonnulées par les spécialistes qui acceptent ou qui nient l’existence de ce groupe particulier évoluant au milieu des démotes d’Ikarion En fin de compte, je propose, faute de mieux, d’associer les Ἰκαριεῖς à un γένος parce que cette entité a subi un grand nombre de transformations dans l’histoire de l’Attique, désignant à la fois « lignage », un οἰκος aristocratique ou un groupe plus large, une corporation religieuse à caractère familial, un groupe se confondant avec une bourgade, un groupe accroché à un passé réel ou mythique, à la recherche d’une quelconque reconnaissance ou d’un quelconque privilège. Les Ἰκαριεῖς ne font pas partie de la liste des genè que Philochore avait dressée, et s’ils y figuraient parmi cette catégorie, leur nom n’a pas été conservé par la tradition. Il n’est pas exclu que ce groupe soit aussi difficile à cerner que les Médontidai qui, d’un côté, se réunissaient en une phratrie137, de l’autre, se présentaient comme les membres d’un γένος138. Les documents concernant les Medontidai peuvent aider à comprendre ce qui pouvaient être les Ἰκαριεῖς, même s’ils ne consentent pas de trancher définitivement la question qui nous occupe. L’identité des Ἰκαριεῖς est en suspens, en attente qu’on exhume d’autres documents du dème qui confirmeraient, peut-être, l’existence de groupes homonymes à Ikarion. des groupes actifs en matière religieuse et politique.
99Entre 1887 et 1888, CD. Buck n’a fait que commencer les fouilles de ce qui pouvait être le centre de l’ancien dème d’Ikarion. The American School of Athens, responsable du site au xixe siècle n’a jamais repris ces travaux, si ce n’est lors d’une rapide campagne de nettoyage du site en 1981. Ikarion, mieux le sanctuaire de Dionysos, se trouve encore aujourd’hui au milieu d’une pinède verdoyante, dans une zone qui n’a pas été trop atteinte par l’urbanisme. Il me semble urgent que des nouvelles campagnes s’ouvrent dans le territoire de cet ancien dème qui attend depuis plus d’un siècle pour livrer son histoire, celle des individus, des groupes et de l’ivresse dionysiaque.
Notes de bas de page
1 Décret en l’honneur de Nikon, démarque d’Ikarion et de deux chorèges (vers 360 av. J.-C.). Stèle en marbre du Pentélique, trouvée à Dionysos, ancien dème d’Ikarion, conservée au Musée National d’Athènes.
Dimensions : h. 0,765 m. ; 1. 0,32 m. (partie inférieure) et 0, 29 m. (partie supérieure). Lettres : h. 0,005 m. Stoichédon.
Éditions :
Buck, The American Journal of Archaeology and of the Histoiy of the Fine Arts, 4.4 (1888), p. 421-422 (=Papers of the American School of Athens (1892), p. 71 (edito princeps et copie). CIA IV, p. 139, n. 572 ; Köhler, CIA, II 5, 572 d’après copie de Lolling (Michel, Recueil, 141) ; Kirchner, IG II2 1178
2 L’ancien dème d’Ikarion se trouve au nord de l’Attique, sous le Pentélique, près de l’actuelle Kephisia et se nomme aujourd’hui Dionyso. Le nom actuel du dème semble être le résultat d’un syncrétisme. Le dieu grec qui disposait d’un sanctuaire dans cette localité a cédé sa place à saint Dionysios. En effet, une église byzantine est bâtie sur l’enceinte dionysiaque qui, selon les spécialistes, devait être le cœur de l’ancien dème. Des récits de voyageurs, comme Chandler, puis de savants comme Michhöfer qui y ont pu lire une inscription, ont suscité l’intérêt des archéologues et poussé le directeur de l’École américaine à Athènes à confier le site d’Ikarion au jeune Carl Darling Buck, qui y a entamé des fouilles dès 1888. Ce dernier a immédiatement publié les rapports des fouilles, pour se consacrer par la suite aux études sur la langue et les dialectes grecs qui ont fait sa réputation de linguiste Cf. Chandler (A.), Travels in Greece or An Account of a Tour made at the expense of the Society of Dilettanti, Oxford, 1776, p. 160-161 ; Milchhöffer (A.), « Das Heiligtum des Dionysos in Ikaria », BerlPhW 7 (1887), p. 770-772 (= MDAI (A), 12 (1887), p. 311-312) ; Biers (W.R.) et Boyd (Th. D.), « Ikanon in Attica : 1888-1981 », Hesperia, 51 (1982), p. 1. Sur C.D. Buck, cf. Lane (G.S.), « Carl Darling Buck », Language 31.2 (1955), p. 181 -189.
3 La datation de cette inscription repose sur l’utilisation incertaine des voyelles o ou ου pour exprimer les diphtongues. Sur ce point, cf. Buck (C.D.), « American School of Classical Studies at Athens Discoveries in the Attic Deme of Ikaria. 1888. I Inscriptions from Ikaria », The American Journal of Archaeology and of the History of the Fine Arts, 4.4 (1888), p. 422.
4 La découverte de la stèle comportant le décret en l’honneur de Nikon (aujourd’hui IG II2 1178) a eu lieu le 3 février 1888. Elle se trouvait sous les gravas de l’ancienne égalise byzantine consacrée à Saint Dionysios. Ce fut le premier document épigraphique trouvé à Ikarion ou Ikaria lors des fouilles dirigées par. CD. Buck. Cf. Buck (C.D.), « The Excavations in Ikaria by the American School of Classical Studies at Athens », The American Journal of Archaeology and of the History of the Fine Arts (1888), p. 45 ; Buck (C.D.), « Discoveries in the Deme of Ikaria, 1888. IV. Chronological Report of the Excavation. V. Topography of the Ikarian District. VI Architectural Remains », The American Journal of Archaeology and of the History of the Fine Arts 5.2 (1889), p. 155.
5 Buck (C.D.), « Discoveries in the Attic Deme of Ikaria, 1888. III. The Choregia in Athens and at Ikaria. Inscriptions of Ikaria n° 5-7 », AJA, 5.1 (1889), p. 422.
6 Je reproduis ici le terme utilisé par C.D. Buck.
7 Le héros de ce dème n’a pas suscité l’intérêt des auteurs archaïques ou classiques. En tout cas, si Ikarios était célèbre à l’époque archaïque, les sources le concernant ne sont pas parvenues jusqu’à nous. Les premières allusions à Ikarios se trouvent chez les auteurs du iiie siècle av. J.-C. Sur la question, cf. Pickard-Cambridge (A.), Dithyrambe, Tragedy and Comedy2, ed. revised by T.B.L. Webster, Oxford, 1962, p. 69-89. Voir aussi Kearns (E.), The Heroes of Attica, Londres, 1989 (ICS, suppl. 57), p. 172. Voir aussi, p. 94.
8 « Discoveries », AJA, 5.1 (1889), p. 422.
9 Buck (C.D.), « Discoveries in the Attic Deme of Ikaria, 1888. VII. Inscriptions from Ikaria n° 8-17 », AJA, 5.3 (1889), p. 304-305, inscriptions n° 8 et n° 9.
10 Comptes concernant le culte d’Ikarios et de Dionysos (A) et décret (B) du dème d’Ikarion (450-425 av. J.-C).
Stèle opisthographe (à gauche, texte A) dont la partie inférieure est mutilée, trouvée à l’église de Dionysos (ancien dème d’ikarion), mur du devant. Musée épigraphique d’Athènes.
H. 0, 98 ; 1. 0, 37, ép. 0, 15-0, 17. Lettres de hauteur variée : A. 0, 01-0, 017 Β ν. 1 : 0, 013, 2 : 0, 011,3 sq. 0, 009. Écriture : stoichédon 35.
Éditions :
Buck, AJA, 5 (1889), 304-306, n° 8 ; IG I suppl., p. 134-137, 5 a (avec copie de Lolling), éd. Kirchhoft ; IG I2 186-187 éd. Hiller c. add. p. 303 (estampage) ; IG I3 253-254 Lewis-Jeffery éd. 1981 ; Makres 2004, loc. cit. note 37, p. 130-131 (A) ; 133-135 (B).
11 Buck, « Discoveries », AJA, 5.3 (1889), p. 312.
12 II faut remarquer que le nom d’un grand nombre de phratries comporte la désinence –dai, par exemple : IG II2 2621 (Achnidai) ; IG I2 872 (Medontidai) ; IG II2 4973 (Therrikleidai). Sur la question, cf. Lambert (S.D.), The Phratries qf Attica, Ann Arbor, 1993, p. 9 (sera cité sous la forme lambert, Phratries).
13 Pour les sens du terme γένος cf. Bourriot (F.), Recherches sur la nature du genos. Étude d’histoire athénienne – périodes archaïque et classique, I-II, Lille-Paris, 1976, p. 1349 sq (familles sacerdotales exploitant héréditairement un privilège religieux) ; p. 1 362 sq. (γένος du type des Salaminiens : antique communauté ayant conservé ses cultes et ses sacerdoces propres) ; p. 1 365 sq. (familles politiquement influentes appelées rétrospectivement γένη, à partir du ive siècle, sans culte ni sacerdoce). Sur les Salaminiens, cf. Taylor (M.C.), Salamis and the Salaminioi : the history of an official athenian Demos, Amsterdam,1997.
14 Parker (R.), Athenian Religion. A History, Oxford, 1996, p. 318 sq et particulièrement, 325, place les Ἰκαριεῖς parmi les γένη « uncertain and spurious ». On se souviendra, cependant, qu’Aristote, fr. 3 Rose, observait que 360 γένη étaient connus à Athènes. Jacoby (F.), Atthis. The Local Chronicles of Ancient Athens, Oxford, 1949 ; Bourriot, Recherches, p. 460-461 et p. 516-521 ; Rhodes (P.J.), A Commentary on the Aristotelian Athenaion Politeia, Oxford, 1981, p. 68-71 ; Hedrick (C.W.Jr.), Hesperia, 57.1 (1988), p. 31 n. 2. ; Valdés Guia (M.). Politίca y religiόn en Atenas arcaica. La reorganizaciόn de la polis en época de Solόn. Una revisiόn de la documentaciόn arqueologica, literariay religiosa, Oxford, 2002, p. 129-130.
15 « Genealogische Streifragen und Nachlesen », RhM, 45 (1890), p. 384. Toepffer (I), dans son Attische Genealogie, Berlin, 1889, p. 292-293, s’était contenté d’évoquer le héros éponyme d’Ikarion et le rapport qu’il entretient avec Dionysos, alors qu’il étudiait les Semmachidai.
16 Cf. Hésychius, s. ν. Κωλιεῖς γένος ἰθαγενῶν, ὅπερ ή ἐκ Κωλιάδος. Sur ce γένος, cf. Parker, Athenian Religion, p. 304.
17 IG II2 1241 ; sur ce décret, cf. Ferguson (W.S.), « The Athenian Phratries », CPh. 5 (1910), p. 270 ; Hedrick (C.W. Jr.), « Phratry Shrines of Attica and Athens », Hesperia. 60.2 (1987). p. 244, T. 5 ; Lambert, Phratries, p. 299-307, T. 5 Dyalieis (texte et commentaire).
18 Toepffer (J.), « Genealogische Streifragen und Nachlesen », RhM, 45 (1890), 384. Voir aussi Toepffer (I.), Attische Genealogie, Berlin, 1889. p. 289-291.
19 Foucart (P.), Le Culte de Dionysos en Attique, Paris, 1904, p. 84.
20 Cette question sera développée plus tard. Voir, p.258 et suiv.
21 Cf. Foucart, Le Culte de Dionysos, p. 84, n. 4. Cette hypothèse est bien accueillie par De Sanctis (G.), Atthis. Storia della republicca ateniese dalle origine alla étà di Pericle, Rome, 1964, p. 73 n. 4. Le spécialiste considère que, dans le décret des Démotionidai, que l’οῖκος (« la casa ») des Décéliens, plutôt qu’un γένος (« anzichè una gente ») ou un simple groupe des citoyens du dème de Décélie, devait être une groupe de familles unies dès lors qu’elles se réclamaient d’une origine commune ; cependant, il ne s’agit pas de familles d’eupatrides, qui autrement auraient porté le nom de γένος et non de « maison ». Sur l’identification des différents groupes à l’intérieur du décret des Démotionides, cf. Wade-Gery (H.T.), « Studies in the Structure of Attic Society : I. Demotionidai », CQ, 25 (1931), p. 129-143 (=Essays in Greek History, Oxford, 1958, p. 116-134) ; Andrewes (A.), « Philochoros on phratries », JHS, 81 (1961), p. 3-5 ; Lambert, Phratries, Τ 3 Demotionidai/Dekeleieis (texte et commentaire) p. 285-293. Ce dernier commente également IG II2 1242 concernant l’οῖκος ou la phratrie des Dekeleieis (T 4 Dekeleieis, p. 294-298) Voir aussi Rhodes (P.J.), « Deceleans and Demotionidae Again », CQ, n.s. 47.1 (1997), p. 109-120.
22 Foucart, Le Culte de Dionysos, p. 84.
23 Foucart, Le Culte de Dionysos, p. 83-84.
24 Cette interprétation est fondée sur l’étymologie du verbe ἐπιθύω. Cf. Foucart, Le Culte de Dionysos, p. 85
25 Foucart, Le Culte de Dionysos, p. 85. Le savant compte parmi ces familles, les Semachidai et les Koironidai et les Krokonidai, les familles sacrées descendant de Triptolème Sur ces genè, voir aussi Parker, Athenian Religion, p. 302-303.
26 Aristote, fr. 515 Rose ; Ératosthène, Erigone. fr. 22-27 Powell (cf. Hygin, Astronomie, II, 4) ; Apollodore, Bibliothèque 3, 14, 7 ; Pausanias, 1 ; Hygin, Fables, 130 ; Elien, Histoires Naturelles. 7, 28.
27 Si l’on en croit Philochore, FGH 328 fr. 35 a, le terme pourrait s’appliquer aussi aux orgeones ou aux homogalaktes. Photius, 8, 11, dit que « les membres d’un génos sont des gennetai ou homogalaktes ». Voir Souda, s.v. όργεώνες. Pour une discussion concernant ce point, cf. entre autres Bourriot, Recherches, 1976, p. 663-676 ; Lambert, Phratries, p. 46 sq. ; Valdés Guίa. Politica, p. 129 ; Ismard (P.) dans ce volume, 17-33.
28 Foucart, Le Culte de Dionysos, p. 85.
29 Sur ce point, cf. particulièrement, Toepffer, Attische Genealogie, p. 12-13 ; Wieser (J.), « Der Gott auf dem Esel », Arch. Anz. (1969), p. 531-535 ; Guarducci (M.), « L’institutione delle fratrie nella Grecia antica e nelle colonie greche di Italia, parte prima, MAL, 1937, p. 5-101 ; Gernet (L.), « Les nobles dans la Grèce antique », dans Anthropologie de la Grèce antique, 1968. p. 338-339 ; Bourriot, Recherches, p. 1 071-1 074 ; Robertson (N.), « Athen's festival of New Wine », HSCP, 95 (1996), p. 197-250 ; Humphreys, The Strangeness of Gods. Historical Perspectives on the Interprétation of Athenian Religion. Oxford, 2004, p. 228-230.
30 Cf. Souda, s.v. Ίκαριεύς δῆμος τῆς φυλής Αἰγηίδος. Voir aussi Hésychius, s.v. Ἰκαριεῖς δῆμος Άθήνησι. φυλῆς Αἰγηίδος.
31 Daté de 450-425 av. J.-C, ce document dresse un inventaire des biens de Dionysos et d’Ikarios.
32 V, 66.
33 Lewis (D.W.), « Cleisthenes and Attica », Historia, 12 (1963), discute l’appartenance d’Isagoras au γένος des Philaïdes proposé par Sealey (R.), « Regionalism in Archaic Athens », Historia, 9 (1960), p. 172.
34 Sur ce point, cf. Lewis, « Cleisthenes... », p. 82.
35 Clisthène l’Athénien, Paris, 1964 (Annales Littéraires de l’Université de Besançon. 65), p. 41 n. 4.
36 Lewis, « Cleisthenes... », p. 82 n. 43 (= Selected Papers. p. 82 n. 46) observe que Forrest considérait que seule à la ligne 6 la divinité est sans équivoque Zeus Karios.
37 Lolling aurait été le dernier à avoir eu l’occasion de la voir. Cette stèle a été redécouverte récemment par Makres (A.K.) qui en donne une nouvelle édition en « The Rediscovery of IG I3 253-254 », dans Matthaiou (A.P.) (éd), ATTIKAI ΕΠIΓΡΑΦΑΙ. ΠΡΑΤΙΚΑ ΣΥΜΠΟΣΙΟΥ ΕΙΣ ΜΝΗΜΗ Adolf Wilhelm (1864-1950). Athènes, 2004, p. 126.
38 Cf. son commentaire à IG I3 254 : ad Ἰκάριος revenimus, a quo pago nomen certe inditum est. On remarquera cependant que P.J. Rhodes, l’éditeur des articles de D.M. Lewis, propose de lire dans le texte d’Hérodote V, 66, 1 non pas Zeus Carios mais Δίι <Ἰ>καρίῳ. Cf. 1997, p. 82 note 46. Certes, cette lecture est intéressante. Cependant, rien dans l’apparat critique ne laisse présager d’une faute ou d’un oubli du copiste.
39 Lewis, « Cleisthenes... », p. 32 (= Selected Papers, 1997, 89, utilise la formule « non-clistheman » que je traduis, faute de mieux, par pré-clisthénienne. Cf. aussi Wade Gery, Essays in Greek History, Oxford, 1958, p. 133-134.
40 Pourtant, en note, il ajoute ne pas avoir une idée arrêtée sur cette question des Ἰκαριεῖς (Lewis, « Cleisthenes... ». p. 32, n.46 = Selecled Papers, p. 89, n. 94).
41 Si l’on en croit D. Roussel, les membres des phratries archaïques se seraient attachés à une communauté de démotes lors des réformes de Clisthène. Dispersés à travers l’Attique, ils disposeraient d’un foyer se situant dans tel ou tel dème concentrant un noyau important de phratères. Roussel (D.), Tribu et Cité, Besançon-Paris, 1976, p. 141. À la lumière d’IG II2 1178, on pourrait dire que ce noyau se trouvait à Ikarion.
42 The Demes of Attica 508/7-c 250 B.C., Princeton, 1986, p. 31. Sur la question, cf. aussi Andrewes (A.), « Kleisthenes’ reform bill », CQ, 27 (1977), p. 243.
43 Cf. Whitehead, Demes, p. 76 où l’auteur cite Lewis, « Cleisthenes... », p. 32, n. 93.
44 Cf. Whitehead, Demes, p. 215-216
45 Cf. Whitehead, Demes, p. 76 et note 41. Voir aussi Whitehead, Demes, p. 215-216. Pour les inscriptions concernant la chorégie à Ikarion où le nom le démotique fait défaut, cf. IG II2 1178 ; IG II2 3094, 3095. 3098, 3099.
46 On aurait dans cette suggestion une acceptation tacite de la théorie de Wade-Gery, Essays. p. 133.
47 J’emprunte la citation à Roussel, Tribu, p. 141 et note 21.
48 Les exemples ci-dessous sont très significatifs : décrets du dème d’Halai : IG II2 1174 (rogator Euthemon) et IG II2 1175 (rogator Astyphilos) ; décrets d’Aixone : IG II2 1198 (rogator : Philoktemon, fils de Chremès ; chorèges honorés Démokratès, fils d’Euphyletos et Hégésias, fils de Lysistratos), IG II2 1200 (rogator Philoktemon fils de Chremès ; chorèges honorés Glaukon, fils de Kallikratès et Léontios, fils de Dion) ; Décret du dème de Lamptrai : IG II2 1294 (rogator : Kephisodoros ; honoré Philokédès, fils d’Aristarchos du dème d’Achames).
49 Malgré l’affirmation de Whitehead, Demes, p, 72, 27, le nom du citoyen, son patronyme et son démotique apparaissent surtout dans documents intéressant la vie de toute la communauté civique comme les listes de différentes natures (bouleutes, triérarques, noms des soldats morts au combat), décrets du Conseil et du peuple. Pourtant, là encore ils n’étaient pas obligatoires : il suffit de se souvenir que le nom des archontes n’est pas suivi sur les documents officiels ni de patronyme, ni de démotique.
50 Sur la question, cf. Wilson (P.), The Athenian Institution of the Khoregia. The Chorus, the City and the Stage, Cambridge, 2000, passim ; Ober (J.), Mass and Elite, Princeton, 1989, 153 ; Whitehead (D.), « Competitive Outlay and Community Profit : φιλοτιμία in Democratic Athens », C&M, 34 (1983), p. 55-74 et « Cardinal Virtues : the Language of Public approbation in Democratic Athens », C&M, 44 (1993), p. 37-75.
51 Pour comprendre cette évolution du système clisthénien, il faut avoir à l’esprit la réforme concernant le dème ou les démotes, Aristote, Constitution d’Athènes, 4, 4 Sur la question, cf. Ducat (J.), « Aristote et la réforme de Clisthène », BCH, 116 (1992), p. 42-44.
52 Makres, « The Rediscovery », p. 131 ajoute un point d’interrogation à cette datation comme le fait d’ailleurs D.M. Lewis, dans son édition d’IG I3 254. Cette datation tient vraisemblablement compte des difficultés qu’affrontait Athènes lors de la guerre du Péloponnèse En tout cas, il semble difficile que des grandes manifestations religieuses aient eu lieu entre 431 et 425, dans les dèmes en dehors des Longs-Murs De même, il semble difficile que l’inventaire des biens de Dionysos et d’Ikarios, inscrit sur l’autre face de ce document ait continué d’être tenu après le début de la guerre du Péloponnèse, d’autant plus que les biens des divinités honorées en Attique furent transférés à Athènes.
53 Cf. Makres, « The Rediscovery », p. 131-136.
54 Voir aussi SEG 33, 147.
55 Cf. addenda à IG I2. Cf. Lewis (D.W.), BSA. 51, (1956), p.172
56 En mars 1999, Angelos Matthaiou, a retrouvé la stèle dans un des dépôts du Musée National d’Athènes et l’a identifiée à IG I3 253-254. Lolling avait été le dernier savant à examiner cette pierre en 1891. Sur la question, cf. Makres, « The Rediscovery », p. 123-126.
57 IG II2 1186 = Clinton, n° 70 (peut-être IG II2 1185 = Clinton, n° 71 fait allusion également à un chorège thébain). Sur IG II2 1186, cf. Pickard-Cambridge (A.), Dramatical Festivals of Athens2, éd. revised by J.P.A. Gould and D.M. Lewis, Oxford, 1988, p. 47 ; Ghiron-Bistagne (P.), Recherches sur les Acteurs dans la Grèce antique. Paris, 1976, 90-91 ; Whitehead, Demes, p. 427, n° 142 et p. 151 ; Clinton (K.), Eleusis. The Inscriptions on Stone. Documents of the Sanctuary of the Two Goddesses and the Public Documents of the Deme, IA, Athènes, 2005, n° 70, p. 79-80 (pl. 29).
58 J’évoque ici l’opinion de Cohen (E.), The Athenian Nation, Princeton, 2000, p.73 et n. 157 et de Humphreys (S.), The Strangeness of Gods. Historical Perspectives on the Interpretation of Athenian Religion, Oxford, 2004, p. 151. Cette dernière observe que même si Ikarion ne semble pas avoir beaucoup à offrir aux métèques ou aux autres Athéniens, le simple achat d’une terre dans les dèmes pouvait faire que les propriétaires soient tenus d’exercer des liturgies. Donc, tout en acceptant la distinction entre Ἰκαριεῖς et les démotes d’Ikarion en IG I3 254, le chercheur ne discute nullement la restitution de Wilamowitz.
59 Whitehead, Demes, p. 152, note 1.
60 Buck (C.D.), « Discoveries », AJA, 5.3 (1889), n° 12. Voir aussi Robinson (D.M.), « A New Mortage Inscription from Ikaria », Hesperia, 19 (1950), p. 23-24 ; Finley (M.I.). Studies in Land and Credit in Ancient Athens, 500-200 B.C. The Horos Inscriptions, New Brunswick, 1985, n° 12. On trouve également à Ikarion des tombeaux d’Athéniens inscrits à d’autres dèmes, comme Pantaclès, fils de Pantainetos Plothéien, enterré avec Chairamenès, fils de Diodote Icarien. Robinson (D.M.), « Three New Inscriptions from the Deme of Ikaria », Hesperia, 17 (1948), p. 141-143
61 Selon Jones (N.), The Associations of Classical Athens. The Response to Democracy, Oxford. 1999, 70-71, l’absence de démotique dans les documents d’Ikarion peuvent corroborer l’hypothèse de D. Whitehead d’autant plus que les métèques ne semblent pas avoir fréquenté ce dème. Selon le chercheur, la région du Pentélique, retirée dans les terres, ne devait pas susciter l’intérêt des métèques qui s’installaient plus volontiers au Pirée.
62 Cf. par exemple, SEG 51, 115. Sur ce point, cf. Couvenhes (J.-Chr), dans ce volume, p. 294 et suiv.
63 Cf. Petrakos (B.C.), Ὀ δῆμος του Ραμνοῦτος σύνουη των ἀνασκαφων και των ἐρευνων (1813-1998), Athènes, 1999 (sera cité sous la forme Petrakos, IRhanmous), n° 6 (cf. IG II2 1217) ; n° 7, cf. Petrakos (B.C.), PAAH (1989), p. 31 -34 (SEG 41, 75).
64 Cf. Petrakos, IRhanmous 11 (= IG II2 1286, SEG 31, 117) où l’on lit, lignes 1-2, la formule : ἐδοξεν τοῖς στρατιώτας]/τοῖς τεταγμένοις ; n° 31 (= Pouiloux (J.), La Forteresse de Rhamnonte, Paris, 1954, 17 et SEG 21, 537), lignes 1-2 : ἐδοξεν ’Ραμνουσίοις καὶ τοῖς οἰκοῦσιν τῶν πολι τών/’Ραμνοῦντι.
65 Cf. IG I3 32, 1. 7 (circa 449-447 av. J.-C.) ; IG I3 36,1116 (circa 448 av. J.-C.) ; IG I3 40, 46 (circa 446/7 av. J.-C).
66 On remarquera que dans les documents cités à la note précédente, le sujet n’est jamais indéfini.
67 Cf. Kirchner, PA 12159 LPGN, Ikarion (7) et PA 4893 LPGN, Ikarion 66.
68 Cf. IG II2 3094 ; 3095 : 3098 : 3099. Sur la question, cf. Foucart, Le Culte de Dionysos, p. 82-83 ; Bottin (C.),»Étude sur la chorégie dithyrambique en Attique jusqu’à l’époque de Démétrios de Phalère », Revue Belge de Philologie, 10 (1930), p. 773 ; Pickard-Camdridge, DFA2, p. 47-49 ; Vittuci (G.V.), « Le rappresentazioni drammatiche nei demi attici », Dioniso, 7 (1939), p. 315-316 ; Csapo (E.) et Slater (W.J.), The Context of the Ancient Drama, Michigan, 1994, p. 126-127, Wilson, Khoregia, p. 244-245 ; p. 307 ; p. 249 ; p. 251.
69 Lambert, Phratries, 1993, p. 367. T.31.
70 Lewis, « Cleisthenes... », p. 32.
71 Lambert, Phratries, p. 112-119
72 Lambert, Phratries, p. 109, n. 52 et 323. Par exemple, les rapports entre les Miltieis et le dème de Mélite et la phratrie Therrikleidai analogue à celle des Dekeleieis vis-à-vis de Dekeleia et des Demotionidai. Le spécialiste suggère également un rapprochement entre ce groupe et la phratrie des Dyalieis où la dualité évidente dans la présence de deux phratriarques correspondrait soit à deux parties d’une même phratrie, ou une phratrie qui se serait scindée en deux ou encore deux phratries séparées qui se seraient fondues en une seule. Cf. p. 109, note 52. Lambert a le bon sens d’observer qu’un des éléments de cette triade est inconnu. En effet, on connaît les Ἰκαριεῖς et les démotes d’Ikarion sans que l’on sache quelle était la phratrie à laquelle ils étaient affiliés. Un autre élément fait également défaut ici En effet, les documents cités en appui à cette théorie ne mentionnent ni Mélite ni les Miltieis (T.11 = Kôhler 1817, p. 186-187 ; Wilamowttz-Moellendorf (U.), Aristoteles und Athen, Berlin, 1893, 269, n. 9 ; IG II2 4979 ; Guarducci (M.), « L’istituzione della fratria nella Grecia antica e nelle colonie greche di Italia », MAL ser. 6, 5 (1937). N°9 ; T. 12 = Walbank, Hesperia, 51 (1982), p. 48-50, n. 7, cf. Hedrick (C.W.Jr.), « Old and New on the Attic Phratry of the Therrikleidai », Hesperia, 52.3 (1983), p. 299-302). Enfin, l’analyse de S.D. Lambert repose sur une restitution. Cf. IG I3 243 et Lambert, Phratries. T. 12 Therrikleidai, p. 324-325.
73 Lambert. Phratries, p. 367.
74 Ibid Si IG II2 1233 avait été préservée en entier, nous trouverions exactement le parallèle qui permettrait de considérer que les Ἰκαριεῖς ne s’adonnaient pas à une tautologie grandiose Ils ne faisaient que reprendre une formulation qui était celle des autres phratries. En effet, si à la 1. 2. S.D. Lambert propose en traduction de restituer « des Médontidai », il faut supposer qu’en 1. 1 on devait lire Μεδοντίδαι καὶ ὁ δῆμος Μεδοντίδων.
75 Parker, Athenian Religion, p. 325.
76 Parker. Athenian Religion, p. 325.
77 Cf. l’usage chez Eschyle, Perses, v. 479 : « Il pensait devoir être plus fort que les dieux et que Poséidon en particulier ».
78 Foucart, Le Culte de Dionysos, p. 84.
79 On remarquera que Foucart (P.), Le Culte de Dionysos, p. 84, utilisait la même formulation pour affirmer la distinction entre les deux groupes.
80 Sur ce point, cf. Rubinstein (L.), « The Political Perception of the Idiotes », dans Cartledge (P.), Millett (P.) et von Reden (S.) (éds), Kosmos. Essays in Order, Conflict and Community in Classical Athens, Cambridge, 1998, p. 124-143. Pour les différents sens que prend le terme idiotês à Athènes, voir particulièrement, 127-128. Voir aussi Mossé (Cl.), « Politeuomenoi et idiotai. L’affirmation d’une classe politique à Athènes au ive siècle », REA, 86 (1984), p. 193-200.
81 Certes, il serait erroné de nier en bloc le fait que des individus pouvaient être dépositaires d’honneurs. Cependant, ces derniers étaient décernés par une association qui, tout en imitant le langage des décrets civiques, agissait officiellement en marge des cadres balisés par la cité. Sur la question, cf. Arnaoutoglou (I.), Thusias heneka kai sunousias. Private religious associations in Hellenistic Athens, Athènes, 1998, p. 68-83.
82 Lambert, Phratries, p. 312, Τ 9 Medontidai
83 Ce calcul est basé sur les lignes 4-5 du document, mieux, de l’édition de Kirchner.
84 Cf. Lambert, Phratries, p. 312.
85 Buck (CD.), « Discoveries », AJA, 5.2 (1889), p. 164, fig. 7. Voir aussi Cf. Voutiras (E), « A Dedication of the Hebdomaistai to the Pythian Apollo », AJA, 86.2 (1982), p. 229-233. Pour une description du sanctuaire et particulièrement du temple d’Apollon, cf. Buck (C.D.), « Discoveries », AJA, 5.2 (1889), p. 164, 1889, p. 63-64 et Biers et Boyd, « Ikarion in Attica, 1888-1891 », particulièrement p. 15-17 et pl. 7. Selon Voutiras, « A Dedication », 1982, p. 230, sur le temple d’Apollon étaient accrochés des reliefs votifs, ce qui serait un cas unique, du moins pour ce qui concerne le dieu.
86 Cf. Buck (C.D.), « Discoveries », AJA. 5.2 (1889), p. 115-125 ; pour les statues archaïques d’Ikarios, cf. Nicole (g.), « Remarques sur une statue inachevée de marbre pentélique », dans Mélanges Nicole. Recueil de Mémoires de Philologie classique el d’archéologie offerts à Jules Nicole. Genève, 1905, p. 401-405, pl. 1 et 1908, p. 40-42. Pour les reliefs votifs, cf. Voutiras, « A Dedication », p. 229-233.
87 Cf. Phratrie ds Achniadai, IG II2 4974 = Lambert, Phratries, T.2 ; Démotionidai, IG II2 1237 = Lambert, Phratries. T. 3 ; Therrikleidai, IG II2 4973 = Lambert, Phratries, T.11 ; Phratrie attachée à l’ancien dème de Paiania, IG II2 2344 = Lambert, Phratries, Τ. 18.
88 Sur la Couronne (XVIII), 141 : « J’invoque en votre présence, Athéniens, tous les dieux et toutes les déesses qui règnent sur la terre d’Attique, et Apollon Pythien qui est le dieu ancestral de notre pays (καὶ τòν ᾿Aπόλλω τòν Πύθιον, ὁς πατρῷός ἐστι τῇ πόλει). Sur cette formule, cf. Bourriot, Recherches, 654.
89 Biers et Boyd, « Ikarion » p. 1-18 évoquent la présence de deux autels dans cette enceinte. Cependant, il serait hasardeux d’affirmer que l’un serait utilisé par les phratères et l’autre par les démotes.
90 « Discoveries », AJA, 5.1 (1889), p. 175.
91 Lambert, Phratries, T.6. (B.D. Meritt, Hesperia, 17 (1948), n° 18). Dans ce document, le terme hieron est restitué.
92 Lambert, Phratries, T. 11 (IG II2 4973).
93 Lambert Phratries, T. 13 (IG I2 886).
94 Wilhelm (A.), Beiträge zur griechischen Inschriftenkimde, Vienne, 1909, p. 49-50, n° 37 (fig. 25) ; Lambert, Phratries, p. 311 T8 (= IG I2 872).
95 Lambert (S.D.), Phratries, 1993, p. 313.
96 IG I3 1015.
97 Cf. Mikalson (J.D.), The Sacred and Civil Calendar of the Athenian Year, Princeton, 1975, p. 19. On remarquera cependant que le terme έβδομει apparaît pu être utilisé à Ikarion pour indiquer, comme en IG II2 734, 4, la date précise d’une assemblée ou d’une activité politique autre que celle des hebdomaïstes
98 Cf. « A Dedication », p. 230. La provenance de ce relief est perdue. Cependant, E. Voutiras suggère qu’il était originaire d’Ikarion étant donné qu’il peut être rapproché du relief des Pythaïstes, daté des alentours de 330 av. J.-C. que CD. Buck avait trouvé lors de la fouille de 1888. Sur ce point, cf. Buck, « Discoveries », p. 119-121. Ce relief, représentant Apollon assis sur un omphalos. Derrière lui se tenait Artémis, Ce relief comporte l’inscription dédicatoire qui suit : Πυθαιστὴς Πεισικράτης / ᾿Aκροτίμου ἀνέθηκεν (IG ΙΙ2 2817. cf. Buck « Discoveries », p. 472). Sur les rapports entre ce relief et celui de Détroit, cf. Voutiras, « A Dedication », p. 223-229.
99 Cf. « A Dedication », p. 231.
100 Cf. IG II2 2816. Voir aussi IG II2 2817.
101 Buck, « Discoveries », p. 309, lisait également ce terme à la 1. 25
102 Les Thargélies célébrées à Athènes demandaient la désignation de chorèges à l’intérieur des tribus, voir Aristote, Constitution d’Athènes, 56. Il n’est donc pas exclu que les fêtes que les dèmes organisaient en l’honneur d’Apollon aient comporté la présentation de chœur. En tout cas, il convient de se souvenir que son culte était extrêmement important dans les localités du nord de l’Attique, comme l’a montré récemment Matthaiou, « The Rediscovery », p. 85-95.
103 Sch. II. XXII, 29 ; Elien, VH VII, 28 ; Nonnos, Dionysiaques, XLVII, 34-245 ; Hygin, Fables, 130 et Astronomie, II, 4 ; Stace, Thébaïde, XI, 644-647.
104 En étudiant les vases attiques, certains spécialistes tentent de montrer l’ancienneté des rapports qui se tissaient entre Dionysos et Ikarios en Attique à l’époque archaïque et plus particulièrement sous les Pisistratides : Shapiro (A.), Art and Cult under the Tyrants, Mayence, 1995, 95-96 ; Angiolillo (S.), « La visita di Dioniso a Ikarios nella ceramica attica : appunti sulla politica culturale pisistratea », DialArch, n.s. 3 (1981), p. 18-20.
105 Sophocle (fr. 214-215 Nauck2), Cléophon, Philoclès et Phrynichos, tous des poètes du ve siècle av. J.-C. auraient écrit des tragédies portant le titre Érigonè. On notera, également, que Sophocle, dans son hymne à Dionysos que chante le chœur de l’Antigone, v. 1118 sq., aurait pu être à l’origine ou du moins de la divulgation du mythe d’Ikarios, à condition d’accepter de corriger le terme Ἰταλίαν que l’on lit dans ce vers par Ἰκαρίαν Cette proposition de R. Unger est cependant critiquée par Henrichs, « Between », p. 268 Pour les traités sur la poésie dramatique, cf. Bagordo (A.), Die antiken Traktate über das Drama. Mit einer Sammlung der Fragmente, Stuttgart et Leipzig, 1998.
106 IG XII (5), 444, 1. 54 sq. Selon le chroniqueur, Sousarion (FGrHist 239 A 39) aurait introduit les chœurs comiques à Athènes. Cf. aussi IG XII (5), 444, 1. 54 sq. (FGrHist 239 A 43) où Thespis, premier poète tragique, selon cette source, apparaît comme un Athénien originaire d’Ikarion. Sur la question, cf. Pickard-Cambridge, DFA2, p. 48-49 et surtout DTC2, p. 69-89 Voir aussi Henrichs, « Between », p. 262 sq.
107 Fr. 22-27 Powell. Voir aussi Rosokoki (A.), Die Erigone des Eratosthenes, Heidelberg, 2005, T.l.
108 « Origin and Religious Meaning of Greek Tragedy and Comedy, according to the ‘Erigone’ of Eratosthenes », History of Religions, 1964, p. 175-190. Toute leur analyse est fondée sur les sources citées en note 117 étant donné que les fragments de l’Érigonè d’Ératosthène sont très maigres. Cf. fr. 22-27 Powell. Voir aussi Solmsen (Fr.), « Eratosthenes’Erigone : A Reconstruction », TAPA, 78 (1947), p. 252-275.
109 2,4.
110 Fable 130. Voir aussi Apollodore, Bibliothèque 3. 14. 7 ; Elien, HN 7, 28.
111 Pour la reconstruction de ce mythe, cf. aussi Roscher (W.H.), Ausführliches Lexicon der griechischen und römischen Mythologie, Leipzig-Berlin, 1884, s.v. Ikarios ; Flückiger-Guggenheim (D.), Göttliche Gäste. Die Einkehr von Göttern und Heroen in der griechischen Mythologie, Berlin-Francfort, New York, 1984, p. 108-112.
112 IG II2 2318 (Fasti) ; IG II2 2319-2325 (Didaskaliai et Listes de Vainqueurs). Sur ces inscriptions monumentales, cf. Pickard-Cambridge, DFA2, 104 sq. ; Ghiron-Bistagne. Recherches sur les acteurs, Paris, 1976, 7-26 (Fasti), 27 sq. (Didaskaliai) ; Mette (H.-J.), Urkunden dramatischer Auffühurngen in Griechenland, Berlin et New York, 1977.
113 À ce courant, appartiennent les Aitia de Callimaque qui évoque les rapports entre Érigonè et les Anthestéries. Cf. fr. 178-1-5 Pfeiffer.
114 Sur la question, cf. Solders (S.), Die ausserstädischen Kulte und die Einingung Attikas, Lund, 1931, p. 37-45 ; Pickard-Cambridge, DFA2 1988, p. 42-56 ; Whitehead, Demes, p. 212-222 Voir aussi Mikalson (J.), « Religion in the Attic Demes », AJP, 98 (1977), p. 424-435 ; Parker (R.), « Festivals of the Attic Demes », dans Linders (T.) et Nordquist (G.), éd., Gifts to the Gods. Proceedings of the Uppsala Symposium 1985, Uppsala, 1987, p. 137-147.
115 Les premières fouilles sur le site d’Ikarion remontent à la fin du xixe siècle et ont été dirigées par C.D. Buck. Aucune fouille n’a été entreprise au xxe siècle. Cependant, en 1981, l’École américaine a entrepris des travaux de nettoyage dans le site. Cf. Buck, AJA. 5 (1889), p. 5-33 ; p. 154-181 ; p. 304-319 ; p. 461-477 ; Biers et Boyd, « Ikarion », p. 1-18. Sur la question, cf. Goette (H.R.), Athens. Attica and the Megarid. An Archaeological Guide, Londres et New York, 1993, 262-264 ; Camp (J.M.), The Archaeology of Athens, New Heaven et Londres, 2001, p. 289-291.
116 Pour un résumé de la question, cf. Moretti (J.-CH.), « Le théâtre du sanctuaire de Dionysos Éleuthéreus à Athènes, au ve s. av. J.-C. », REG. 13 (2000), 278-279 (plan du site. p. 279, fig. 2 et Pallas ( 1992), p. 81) ; et Nielsen (I.), « Cultic Theatres and Ritual Drama in Ancient Greece », dans Isager (S.) et Ntelsen (I.), éd., Proceedings of the Danish Institut of Athens III. The Danish Institte at Athens, 2000, p. 116-117 (le dieu était honoré à l’agora, là où se trouve son sanctuaire et son théâtre, sous l’épiclèse Lenaios) ; Travlos (J.), Bildlexikon zur Topographie des antiken Attica, Tübingen, 1988, p. 85-89 ; Biers et Boyd, « Ikarion », p. 1-18 ; Stanley (A.E.), Early Theatre Structures in Ancient Greece : A Survey of Archaeological and Literary Records from the Minoan Period to 338 B.C., 1971, 109-116 ; Gebhardt (E.). « The Form of the Orchestra in the Early Greek Theater », Hesperia. 43 (1974), 434-436 ; Dilke (O.A.W.), « Details and Chronology of Greek Theatre Caveas », BSA. 45 (1950). p. 30-31 ; Dilke (O.A.W.), « The Greek Theatre Cavea », BSA, 43 (1948), p. 150-151 ; 176-177 ; Anti (C.), Teatri greci antichi, Padoue. 1947. p. 145-146.
117 Les fouilles ne permettent pas de tirer des conclusions définitives sur l’aire dionysiaque. Sur la question, cf. Biers et Boyd, « Ikarion », particulièrement, p. 12 et 14
118 Biers et Boyd, « Ikarion », particulièrement, p. 12.
119 IG I3 1015. Cf. Robinson, « Three New Inscriptions », p. 142 n° 2. Pour le style de la gravure, cf. Immerwahr (H.), Attic Script : A Survey, Oxford, 1990, p. 142 n. 971 a Romano (I.B.), « The Archaic Statue of Dionysos from Ikarion », Hesperia. 51 (1982), p. 406, pense que la statue archaïque de Dionysos a fait l’objet d’une réparation au ive siècle av. J.-C. IG II2 2851 en serait la preuve. La statue du dieu est conservée au Musée National d’Athènes (Inv. N° 3072-3074 et 3897). Sur cette statue, voir aussi Bald (I.), « The Archaic Statue of Dionysos from Ikaria ». AJA. (1978), p. 5.
120 Cf. Buck, « Discoveries », p. 93-104. Le chercheur donne également un rapport des sculptures trouvées à Ikarion, 1889, p. 122-123. On remarque parmi ces objets, un torse de satyre (122, n° 17, fig. 7), un buste de Silène (p. 122, n° 18, fig. 8), un masque d’acteur (p. 123, n° XX ; Musée National d’Athènes, inv. N° 3064). Sur ce dernier objet, cf. aussi Zoumaki, AD (Meletes), 42 (1987), n°32, pl. 11 a-b.
121 Cf. Buck, « Discoveries », p. 76-92.
122 Ce document concernant les comptes du dème se divise en trois fonds : celui de Dionysos (à peu près 3 000 drachmes), celui d’Ikarios (à peu près 2 000 drachmes) et le fond public, hosion (autour de 27 000 drachmes). Ces comptes couvent une période de six années qui ne sont pas arrangées de façon chronologique Comme le souligne Humphreys, Strangeness, p. 147-148, il est impossible de savoir comment l’argent d’Ikarion était géré, même si l’on peut supposer que le démarque devait jouer un rôle important dans les affaires financières du dème.
123 Sur les Aiora, cf. Deubner (L.), Attische Fesle, Berlin, 1932, p. 119-120 ; Robertson (N.), « Athens’ Festival of New Wine », HCPC, 95 (1993), p. 238-239 ; Spineto (N.), Dioniso a Teatro. Il contesto festivo del drama greco, Rome, 2005, p. 42 sq.
124 Sur la question, cf. Henrichs, « Between », p. 262-293.
125 Sur ce point, cf. Bourriot, Recherches, p. 1349 sq et note 5 ; Valdès Guía, Politica. p. 127-133.
126 Étant donné qu’Ikarios disposait de fonds propres, on peut supposer qu’il recevait un culte principal, outre celui dont il faisait objet aux côtes de Dionysos. Cependant, qui était le prêtre de ce culte ? Doit-on supposer que les rites en l’honneur du dieu et du héros étaient célébrés sous la responsabilité du seul démarque ? Toutes ces questions restent sans réponse étant donné que les sources ne mentionnent aucun prêtre dans le dème d’Ikarion.
127 Cf. Pickard-Cambridge, DFA2, p. 48. Pour ces documents, voir aussi Wilson, Khoregia, p. 249.
128 IG I3 253
129 IG I3 254.
130 Cf. note 68.
131 Raubitschek (A.E.). Dedicatiom from the Athenian Akropolis : a catalogue of the inscriptions of the sixth and fifth centuries B.C., Cambridge (Mass.), 1949, p. 200 ; p. 202
132 Editio princeps, Buck, « Discoveries ». AJA. 5.3 (1889), p. 115 n° 10 (= Papers. p. 104 n° 10).
133 Editoprinceps, Robinson, « Three New Inscriptions », p. 142-143, n° 3 (pl. 37, fig. 5-6).
134 Cf. IG II2 1179. Robinson, « Three New Inscriptions », p. 142-143 et SEG 22, 117.
135 Celui qui reçoit des honneurs ---aios, fils de Sosigenes d’Ikarion appartient peut-être à la famille de Peithon. le fils de Sosigènes. Ce dernier faisait partie des Pythaïstes qui offrirent à Apollon un relief aux alentours de 330 av. J.-C. Cf. IG II2 2816.
136 Cf. IG I3 96 et IG I3 101.
137 Agora I 5509.
138 IG II2 1233 et I2 872.
Auteur
Université de Nantes
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