Quand colonisation rime avec hors-saison. La production maraîchère marocaine sous protectorat français
p. 141-156
Texte intégral
1Quand l’administration française impose son protectorat au Maroc en 1912, elle a déjà une grande expérience de la colonisation en Afrique du Nord, en Algérie (depuis 1830) et en Tunisie (depuis 1881). De plus, sa présence est déjà effective au sein de la population européenne, facilitée par la conférence de Madrid en 1880. Ainsi, c’est de façon rapide et assez « naturelle » que les colons mettent en place des mesures pour valoriser le territoire marocain en plein processus de pacification1 par la construction d’infrastructures, d’industries, et d’expérimentations agronomiques. Il apparaît vite évident, dans la littérature produite par le Protectorat, que le Maroc doit devenir le grenier, voire le jardin potager de la France selon des objectifs qui vont évoluer tout au long de la période. Il s’agit d’abord d’approvisionner la métropole en céréales pendant la première guerre mondiale, de produire sur place des denrées que les colons sont obligés d’importer jusqu’alors et d’exporter des produits « exotiques » vers les marchés européens (bien que les exportations algériennes aient déjà donné à découvrir certains aliments comme les dattes). Puis, après la guerre, l’objectif est de créer une culture d’exportation pour fournir la France en fruits et légumes, en plus grande quantité, et surtout sur une plus longue période que le climat hexagonal ne le permet, tout en se passant des cultures espagnoles ou italiennes. Enfin, le Maroc doit devenir un grand pays exportateur mondial de produits frais mais aussi de conserves2. Le début du xxe siècle verra donc apparaître sur les marchés français les premiers fruits et légumes « hors saison » grâce, en grande partie, à la colonisation de l’Afrique du Nord. Pour ce faire, le « Service de l’Agriculture » centralise et vulgarise toutes les informations, études, financements liés à l’agriculture3 et, outre le jardin d’acclimatation du bois de Boulogne et le jardin d’essai colonial (aujourd’hui jardin d’agronomie tropicale) ouvert en 1899 en lisière du bois de Vincennes, des établissements d’expérimentation sont créés sur place, au Maroc, afin de fabriquer et de tester les semences les plus adaptées au climat pour faire de ce territoire une « Californie française ». On compte, en 1923, trois jardins d’essais à Rabat, Meknès et Marrakech, trois fermes expérimentales à Fès, Casablanca, Marrakech et deux fermes d’élevage à Oujda et Mazagan4.
2Dans cet article, nous nous demanderons donc dans quelle mesure la colonisation a participé au développement de la consommation « hors saison » en France, en s’attachant au cas du protectorat marocain. Quelle est l’évolution de la culture maraîchère au Maroc ? Les sources nous permettent-elles d’identifier les produits concernés et de dater leur apparition sur les marchés français ? Le développement d’une culture d’exportation a-t-il eu des conséquences sur les habitudes alimentaires de la population marocaine ?
3Les études sur les sols et les climats de chaque région constituent une littérature immense nous informant sur les cultures existantes, sur celles que le protectorat souhaite développer davantage et sur celles à implanter. Ces études sont regroupées dans des monographies sur le développement du Maroc mais également dans des revues spécialisées en botanique et horticulture5, dans des revues commerciales spécialisées sur les primeurs et l’agriculture6 ou encore dans des revues plus générales7 du protectorat. À ces documents, qui constituent nos sources principales, on peut adjoindre des petits fascicules dédiés chacun à un produit agricole.
4 Nous montrerons d’abord quelles cultures sont présentes à l’établissement du Protectorat, puis comment elles ont été orientées par la colonisation et les agents du protectorat jusqu’à faire du Maroc un grand pays exportateur mondial de fruits et légumes permettant une consommation de produits frais toute l’année en Europe et dans les pays tempérés.
Une culture et une consommation de légumes assez faibles au début du XXe siècle au Maroc
5Si nous ne disposons pas de livres de recettes expliquant de quoi se nourrit la population marocaine à l’aube du xxe siècle, nous pouvons nous en remettre aux notes et rapports des employés du protectorat décrivant les terrains mis en culture par la population marocaine. La première observation des auteurs est que le Maroc s’inscrit dans le même climat et donc le même type d’alimentation que les autres colonies d’Afrique du Nord : « Le Maroc, comme nous l’avons déjà dit, ne diffère nullement de l’Algérie et de la Tunisie comme productions agricoles et, en général, les conditions agrologiques ont une grande analogie8 ». Effectivement, l’unique production spécifiquement marocaine et qui le reste jusqu’à aujourd’hui, est de fruit de l’arganier, transformé en huile.
Une alimentation à base de céréales…
6L’agriculture marocaine, au début du xxe siècle, se caractérise donc d’abord par la culture des céréales, dont les rendements, selon les observateurs, sont très faibles. La graine la plus cultivée est de loin l’orge, utilisée de façon importante dans l’alimentation de la population berbère et dont on voit encore l’héritage dans certaines préparations actuelles comme le pain, les soupes, le couscous (balboula), même s’il est aujourd’hui plus souvent fabriqué à base de blé. Cela semble être une constante au Maghreb puisqu’en 1864, le docteur Leclerc affirme qu’en Kabylie, le couscous est fait avec un mélange de farine d’orge et de farine de gland9.
7Le blé dur est la deuxième céréale la plus cultivée au début du siècle, elle est aussi utilisée dans le couscous et dans le pain, alors que le blé tendre était « inconnu il y a quelques années et importé par les Européens10». Là aussi, on constate l’héritage de ces pratiques jusqu’à aujourd’hui puisque bon nombre de recettes sont à base de semoule de blé dur (couscous mais aussi msemen11, beghrir12, harcha13, pain et autres pâtisseries), la farine de blé tendre étant d’utilisation plus récente dans la fabrication du pain, et peut servir dans celle du couscous, pour agglomérer les grains. Ensuite, les céréales cultivées par la population autochtone sont le sorgho, le maïs et le mil. Plusieurs sources confirment que l’avoine est une culture nouvelle au Maroc, introduite par les Européens également14.
… Complétée par des légumineuses
8Avec les céréales et les produits laitiers, la base de l’alimentation au Maroc à l’époque de l’établissement du Protectorat est complétée par des légumineuses, lesquelles, comme elles sont déjà consommées par la population et donc déjà cultivées, sont les premières à être exportées avec les céréales15. Au premier rang des légumineuses cultivées sont les fèves, qui occupent une surface d’environ 68 000 hectares (dont 64 000 par la population marocaine) en 1918-1919, suivies par les pois chiches (30 000 hectares environ), puis par le fenugrec et les lentilles, les petits pois, le cumin et la coriandre16 : ces plantes sont de consommation courante dans le pays17. En effet, ces ingrédients entrent dans nombre de recettes traditionnelles marocaines, comme la bissara, soupe de fèves, la carentica (ou caliente), consommée dans l’Est marocain et en Algérie, sorte de flan à base de purée de pois chiche (présents également dans le couscous). Le r’fissa ou « plat de l’accouchée », comporte des lentilles et doit sa saveur particulière au fenugrec. Ces productions et les plats qui leur correspondent sont qualifiés de « plats d’hiver » au Maroc car étant consistants, ils « réchauffent le corps18 » dans les périodes de froid et peuvent se conserver comme légumes secs durant plusieurs mois. Mais ces légumineuses ne sont pas seulement consommées sur place, elles font déjà l’objet d’exportation dès avant le protectorat. En 1911, 171 708 quintaux de fèves sont exportés par les commerçants déjà sur place à partir des ports de la future zone française, également 20 819 quintaux de pois chiches, 109819 quintaux de fenugrec19.
Les potagers « indigènes »
9En revanche, il semble que la production maraîchère, celle qui dépend sans doute le plus des saisons, soit assez faible au début de notre période d’études puisqu’elle ne fait pas partie des tableaux représentants les surfaces cultivées par produit. En 1911, seuls les petits pois et les haricots sont mentionnés pour des surfaces cultivées restreintes20 : « À part Casablanca, où la culture maraîchère a pris un grand développement, la plupart des villes du Maroc ne sont pas encore ravitaillées en légumes dans des conditions satisfaisantes de bon marché21 ». Les légumes ne figurent pas non plus sur les tableaux d’exportations avant la fin des années 1920. Ceci ne signifie pas pour autant que la population marocaine ne consomme pas du tout de fruits et légumes : beaucoup de textes mentionnent les jardins potagers « indigènes » qui cultivent, comme ceux observés dans la banlieue de Fès, des « choux, navets, carottes, oignons, haricots, patates douces, piments, tomates, aubergines, courgettes, pastèques, melons, concombres, etc.22 », ainsi que les vergers d’abricotiers, d’amandiers, et de figuiers, la région disposant d’un climat favorable et d’un réseau et technique d’irrigation anciens, comme la noria. Cependant, pour les agronomes, ces légumes sont de qualité médiocre par rapport à ceux cultivés par les Européens dont la production maraîchère dure toute l’année, comme les petits pois à Meknès23. Les zones de maraîchage dépendent beaucoup du climat et du relief et ce jusqu’à la fin du protectorat : en 1951, René Raynal affirme que la culture maraîchère de la zone d’Agadir et du Souss, au sud-ouest du Maroc, occupe une superficie de seulement 1000 hectares24, ce qui explique que la consommation de légumes reste inégale dans le pays selon que l’on habite en plaine ou en montagne, dans une région tempérée ou aride. De plus, plusieurs sources nous laissent penser que certains légumes ont été implantés assez récemment, du moins dans certaines régions, leur culture en est donc à ses débuts. C’est le cas de la pomme de terre : à Bahlil, dans la région de Fez, elle serait cultivée depuis une trentaine d’années seulement25. Selon François Bernard, professeur d’économie politique et chargé de mission au Maroc, « ce sont les Européens qui ont introduit les légumes et les fruits d’Europe. La pomme de terre au Maroc, comme en Algérie et en Tunisie, est peu cultivée par les indigènes ; à peine peut-on en signaler quelques petits champs plantés par eux et où les rendements sont faibles26 ». En revanche, Henri Cosnier, ingénieur agronome et homme politique français, affirme au contraire que « la culture de la pomme de terre était déjà connue au Maroc antérieurement à l’occupation française, mais elle est restée cantonnée chez les Berbères de l’Atlas et ne s’est jamais répandue parmi les habitants indigènes des grandes plaines27 ». Pour lui, la présence de la pomme de terre est peut-être le fruit des échanges entre Berbères et les habitants des Canaries28. Émile Miège (1880-1969), fondateur et directeur du Service de recherches agronomiques au Maroc a poussé ses recherches sur l’apparition de la pomme de terre au Maroc et arrive aux conclusions qu’elle est « nettement localisée, chez les indigènes, dans les régions montagneuses, en particulier dans les Grand Atlas et le Riff » et d’ajouter « dans le Grand Atlas, on pense qu’elle a été introduite dès le xviiie siècle (en même temps que le maïs et l’agave américaine)29 ». Quant à la tomate, aujourd’hui légume méditerranéen par excellence, elle est la grande absente des tableaux statistiques concernant les surfaces et les exportations du début du protectorat, tout juste est-elle mentionnée dans la description des jardins indigènes.
10Le Maroc a donc d’énormes potentialités agricoles, notamment en culture maraîchère, mais, jusqu’au milieu des années 1920, les légumes, « productions inessentielles à l’alimentation de base du “peuple”30 », sont plutôt destinés à la population locale, qui en consomme plus ou moins selon les saisons et selon les régions. Néanmoins, les agronomes observent que cette culture a de l’avance sur la production métropolitaine, il faut donc augmenter la production afin d’obtenir des légumes primeurs réservés à l’exportation, c’est-à-dire des légumes qui arrivent sur le marché français avant la production hexagonale.
Des deux côtés de la Méditerranée, les productions agricoles sont les mêmes et se trouvent en présence sur les mêmes marchés. Ce sont les mêmes vins, les mêmes grains, les mêmes huiles, le même bétail, les mêmes primeurs, et de cette similitude de protection est née une certaine concurrence, une opposition d’intérêts peut-être plus apparente que réelle, qui n’est pas sans préoccuper les économistes […]. Il ne faut pourtant pas exagérer cette divergence d’intérêts ; en effet les primeurs d’Afrique arrivent sur les marchés français quand ceux-ci sont libres et ne sont pas encore alimentés par les produits méridionaux. Les productions de l’agriculture indigène suppléent au déficit de la production en France31.
11En réalité, les agronomes et colons du Maroc se lancent dans l’aventure du maraîchage de légumes primeurs sans réelle garantie, et sans savoir s’ils vont pouvoir se démarquer de la production métropolitaine et algérienne tant dans les produits que dans la période de vente de ceux-ci.
La transformation en culture d’exportation toute l’année ?
Des premiers essais mitigés
12Contrairement aux autres colonies de l’Empire français, le climat du Nord de l’Afrique n’offre pas de possibilité de culture de produits tropicaux : « il n’y a aucun espoir de voir prospérer au Maroc les cultures tropicales que tant de personnes bien intentionnées ont poussé l’Administration à y implanter », il faut donc « conclure à l’impossibilité d’obtenir en grande culture le café, le thé, la vanille23 ». De ce fait, les jardins d’essais et fermes d’expérimentation créés sur le territoire marocain concentrent leurs études sur de nouvelles variétés de plantes déjà existantes plutôt que sur l’introduction de nouvelles espèces, à l’image de la ferme de Fès, aménagée en 1916, dont les missions sont de vulgariser les cultures déjà mises en place en Algérie et Tunisie, d’en introduire et d’en acclimater d’autres, et de « contribuer à l’instruction professionnelle de contremaîtres et d’ouvriers indigènes32 ». Pour chaque produit agricole, différentes semences sont envoyées depuis l’Europe afin de sélectionner celles qui conviennent le mieux aux conditions locales et sont ensuite distribuées aux agriculteurs, sous forme de prêts, remboursables au moment de la récolte33.
13La priorité est donnée, comme le montre l’intitulé de la première notice sur la production agricole publiée par la Résidence générale de la République française au Maroc en 1914, à la culture de la pomme de terre, dont les qualités nutritives vont servir à nourrir la population locale, et dont la conservation facile permettra le transport pour l’exportation dans un futur proche34. Grâce aux essais et à l’expérience algérienne, les colons observent non seulement que les périodes de récoltes sont plus longues, mais également qu’il est envisageable d’en réaliser deux par an. Ainsi, en 1922, Henri Cosnier indique que les conditions climatiques permettent d’obtenir deux récoltes de pommes de terre dans l’année, une que l’on sème en octobre pour obtenir une production en février/mars et une seconde semée au printemps pour une récolte en juillet. Néanmoins, cette agriculture n’en est encore qu’à ces débuts dans les années 1920, le rendement ne permet qu’une production destinée à l’alimentation locale, et les infrastructures ne permettent pas encore d’envisager une exportation35. L’ouvrage d’Henri Fazy, publié en 1947, corrobore ces informations, en précisant que si la pomme de terre « ordinaire » est cultivée depuis longtemps, la culture de la « primeur » a été introduite par les colons en 1922 en compagnie d’autres cultures maraîchères (haricots, carottes, etc.)36.
14Mais la volonté d’obtenir des produits primeurs est forte et devient vite une réalité. Ainsi, « les premiers colis de primeurs du Maroc parurent aux Halles de Paris en 1922, à l’occasion d’une manifestation agricole37 », puis, « les premiers essais d’exportation ont été tentés en 1924 et le Maroc envoie actuellement [1928] à la métropole en plein hiver, un grand assortiment de légumes variés comme les tomates, les artichauts, pois, haricots verts, asperges, pommes de terre. L’oignon semble aussi devenir un légume d’exportation38 ». Le développement de la culture de contre-saison marocaine reste néanmoins très lent pendant plusieurs années. En effet, selon Henri Fazy, les tomates occupent une surface de 1 500 hectares en vue de l’exportation durant la campagne 1936-193739, les haricots verts 800 hectares, pour des surfaces de l’ordre de 17 000 hectares pour la culture de la lentille à la même date40. De plus, la part de la production marocaine de légumes primeurs dans le total des exportations d’Afrique du Nord est minime, si on la compare aux exportations algériennes à peu près à la même époque. En effet, ayant été colonisée bien plus précocement, l’Algérie voit son commerce d’exportation des légumes et fruits primeurs prendre de l’importance à partir de 188041. Elle exporte, en 1929, 780 000 quintaux de fruits et légumes primeurs, pour 49 000 quintaux pour le Maroc en 193042. De plus, si le Maroc est favorisé par son climat, l’Algérie n’est pas en reste, et livre vers la France des artichauts récoltés en décembre près d’Alger et d’Oran. Les tomates, dont la culture a été implantée dans l’ouest de l’Algérie, selon Charles Lassus, ingénieur agroalimentaire, par les Espagnols au début du xxe siècle43, connaissent également plusieurs récoltes dont la première a lieu à Oran au mois de mars tandis que les haricots verts sont récoltés trois fois dans l’année et que la durée d’exportation des petits pois dure de janvier jusqu’à mai44. Le Maroc doit donc rattraper son retard, d’autant plus que les droits de douane le pénalisent45, ce qui n’est pas le cas de l’Algérie dont le statut de colonie facilite les exportations.
De nouvelles stratégies
15Pour cela, le Protectorat met en place des stratégies consistant non seulement à augmenter la production, mais également à améliorer sa qualité, dans le but de se différencier et de ne plus seulement viser des exportations vers la France mais vers l’international. Comme pour l’Algérie46, c’est la Californie qui devient un modèle de production à suivre.
16Entre 1929 et 1933, plusieurs missions, dont une envoyée par la Résidence Générale et une autre par le journal La Terre marocaine, partent en Californie pour observer les nouvelles cultures et la commercialisation des produits californiens. Les ingénieurs y suivent des cours théoriques dans différents instituts et participent parfois eux-mêmes aux travaux sur place afin d’acquérir une expérience pratique47. L’idée de créer une sorte de label pour les produits marocains se fait jour, sur le modèle du California Fruit Growers Exchange48, une coopérative fondée en 1893 dans les plantations de citron au sud de la Californie dans le but de protéger les intérêts des producteurs engagés dans une culture de fruit particulière49.
La création d’une marque chérifienne
17C’est dans ce contexte qu’est créé, le 12 avril 1932, le cadre de l’Office chérifien de contrôle et d’exportation (OCE). Étant à l’origine un bureau administratif, l’OCE devient un établissement public par le dahir du 22 janvier 1937 et paraît donc au Bulletin officiel du Protectorat. Son but est le contrôle de la production destinée à l’exportation, la recherche de débouchés, la propagande commerciale en France et à l’étranger, la présentation des produits marocains dans les foires, concours et expositions. Le fait marquant de ce dahir est d’instaurer une « marque nationale chérifienne » garantissant « l’origine, la qualité, le conditionnement et le classement des produits marocains destinés à l’exportation50 » le 12 mai 193251. Ces entreprises sont en fait une reproduction quasi exacte des mesures prises en Algérie quelques mois auparavant, avec la création, le 29 octobre 1931, de l’Office algérien d’action économique et touristique (OFALAC), désigné par un décret du 2 mars 1936 pour organiser la standardisation de la production agricole, et dans le cadre duquel est créée la marque Algeria, en février 1932, dans le même objectif que la marque chérifienne52. Ainsi, alors que la filière primeur a mis des décennies à s’organiser en Algérie, le Maroc profite des politiques menées et des expériences vécues plus à l’est pour les mettre en application quelques mois après (voir figure 1).
Figure 1. Contrôle des cageots par l’OCE au port de Casablanca en 1934, impression d’écran du documentaire muet de Jean Benoit-Levy, L’agronomie au Maroc, source ina.fr.

18Les produits concernés par cette « marque » sont la plupart des produits alimentaires et des articles de la production artisanale marocaine : céréales, fruits, légumes, œufs, poisson, conserves, graines, huile, vin et sucre doivent faire l’objet du contrôle de l’office chérifien et obéir à des normes pour pouvoir être exportés. Les produits de l’agriculture doivent avoir les qualités minima exigées d’une marchandise « saine, loyale et marchande ». Pour bénéficier de la « marque nationale chérifienne », les fruits et légumes doivent être de qualité supérieure, répondre à un certain calibre, ne pas être difformes ni présenter de taches de plus de 5 millimètres de diamètre. Les empaquetages sont également strictement réglementés.
19Pour être vendus à l’Angleterre, certains légumes doivent obéir à des critères de qualité supérieure. Une catégorie « luxe » est créée dans laquelle les tomates doivent être « parfaitement rondes, lisses, à chair ferme et pleine, de calibre 3 et 4 » (la catégorie « de choix » pouvant contenir des tomates de calibre 1, 2, 3 et 4). Un marquage indélébile doit être apposé avec la mention « tomatoes » ou « potatoes », « produce of French Morocco ». Les colis de la catégorie « luxe » portent le mot « Luxe » et la marque nationale. La mention de la provenance des pommes de terre est aussi exigée sur les emballages et des caisses spéciales sont prévues pour l’expédition des pommes de terre à destination de l’Angleterre (voir figure 2).
Figure 2. « Les produits marocains partent vers le monde entier ». Illustration du Code marocain du commerce extérieur, 1939. p. 76.

Agir sur le mode de production et sur le mode de consommation
20Les agronomes différencient de plus en plus, dans un souci d’efficacité qui marque l’instauration d’un capitalisme appliqué à l’agriculture marocaine, la production « primeur » de la production « de saison » :
Il faut, en effet, pour être bien placé sur les marchés étrangers, offrir à la clientèle de bonne heure en saison, une marchandise régulière et de premier choix. Ce sont ces trois points-là qui priment sur les autres53.
21Comme le code du commerce extérieur l’indique, les produits doivent être au goût de la clientèle. Or, en ce qui concerne les tomates, les marchés européens ont une préférence pour la tomate lisse, adoptée par les primeuristes algériens, au détriment de la tomate côtelée ou demi-côtelée, plus rustique. Cependant, la tomate lisse est trop fragile pour les transports marocains, c’est pourquoi est créée par hybridation une tomate « demie-lisse hâtive résistante d’assez belle présentation que l’on peut désigner sous le nom de « variété des Zenatas54 ». En effet, l’heure est à la « standardisation » des fruits et légumes. En mars 1932, Jean Etchepare, vice-président du syndicat des commissionnaires en fruits et primeurs de Marseille, incite les primeurs marocains à produire pour l’exportation uniquement « des tomates rondes de semence anglaise, comparables à celles des Canaries » car « Tous les marchés français ne veulent, en tomates primeurs, que des tomates rondes et ce n’est que cette seule qualité que produisent dans ce but, la Hollande, qui a donné l’exemple, et l’Italie55 ». Même la présentation et l’emballage doivent être soignés : « La couleur du papier employée doit être verte ou bleue ; n’employer en aucun cas le rouge ni le jaune, car il faut avant tout une couleur qui atténue la verdeur de la tomate et ne fasse ressortir que les parties rouges en les accentuant même par contraste56 », il ne sera plus possible non plus de réutiliser les mêmes cagettes ou billots usagés : « en Algérie comme au Maroc, les emballages doivent être en bois non résineux, neufs, secs et sans odeur57 ».
22Enfin, pour produire plus et produire mieux, le climat favorable ne suffit pas, les services de l’agriculture marocaine incitent fortement les agriculteurs locaux à utiliser des engrais. Dès 1914, le fascicule sur la culture de la pomme de terre recommande d’utiliser, à défaut de fumier, un mélange de nitrate de soude, de chlorure de potassium, et de superphosphate de chaux58. La même recette est appliquée à la tomate et, une fois les fruits formés, il faut traiter les plants à la bouillie ou au verdet pour éviter le mildiou59 (figure 3).
Figure 3. « Une vue des vastes cultures de tomates sous abri, sur le littoral entre Casablanca et Rabat », Photo de Demeure, Revue technique de la production et de l’exportation des fruits et primeurs de l’Afrique du Nord, janvier 1931, p. 16.

Le bilan de l’activité primeur marocaine, jusqu’à la fin du protectorat
Mise en péril de la production métropolitaine
23En 1913, Augustin Bernard, professeur à la faculté d’Alger et chargé de cours à la Sorbonne, affirme que « la liste des productions agricoles du Maroc mise en valeur par les Européens restera vraisemblablement à peu de chose près ce qu’elle est aujourd’hui mais l’importance absolue et relative de ces diverses productions changera considérablement60 ». Augustin Bernard a-t-il vu juste si l’on observe les évolutions jusqu’à la fin du Protectorat ?
24Alors que les agronomes des années 1930 donnent un ton enthousiaste et optimiste à leurs articles, force est de constater que la réalité est beaucoup plus contrastée pour les colons qui éprouvent parfois des difficultés dans la vente de leurs produits. Même si la production algérienne commence à péricliter et délaisse la production de légumes pour se spécialiser dans celles des agrumes61, elle reste une sérieuse concurrente au milieu des années 1930, au même moment où d’autres pays, plus proches de la France, et avec un climat semblable de celui de l’Afrique du Nord sont présents également sur les marchés français, comme l’Espagne. L’année 1933 est notamment marquée par une surproduction mondiale62, dont les effets en France ne doivent pas être aggravés par les exportations marocaines. On assiste donc à une contradiction dans le fait de continuer à coloniser et mettre des terres en culture alors que la métropole n’est pas capable d’absorber toutes les exportations et donc de subvenir aux besoins des colons. D’autres horizons doivent être trouvés pour les produits marocains : une ligne de navigation s’ouvre entre Casablanca et Dunkerque63, afin de court-circuiter l’approvisionnement du nord de la France par la capitale, ce qui supprime quelques intermédiaires et donc rend la production un peu plus rentable. Il devient même urgent de trouver des débouchés à l’étranger. Pour cela, la tâche de trouver les clients est confiée à un organisme spécialisé : la maison Geo Monro dont le siège social est à Londres et qui a des agences dans le monde entier64. Celle-ci choisit les destinations des produits qu’on lui a confiés et en 1933 sont envoyés des colis en Allemagne du Sud et en Angleterre. De plus, la maison Geo Monro met en place une campagne publicitaire pour les produits marocains.
Des conséquences sur l’alimentation des Marocains ?
25Le mode de production dans son ensemble a été bouleversé au Maroc par l’introduction de nouvelles méthodes culturales. Néanmoins, il reste que la plupart des terres restent cultivées par la population locale « indigène » à la fin du protectorat et que le changement ne peut venir que de leur propre volonté. Ainsi, même si l’installation française a entraîné un accroissement de la consommation selon Hoffherr65, leur grande présence dans la gastronomie marocaine est assez récente et elle a longtemps dépendu des régions et des reliefs. D’ailleurs, en 1947, Henri Fazy fait un tableau de « la nourriture indigène » qui confirme, certes de façon plus qu’approximative, que la population marocaine consomme encore davantage de céréales et de légumineuses que de légumes à proprement parler, puisque selon lui, les marocains consomment le blé, l’orge et le maïs « en grande quantité », et les légumes « en grande quantité » également, mais ajoute entre parenthèses : « surtout fèves et pommes de terre66 », ce qui est assez réducteur et inexact si l’on considère les fèves comme des légumineuses. On peut noter également qu’à la même époque, le blé tendre n’est toujours pas entré dans les modes de consommation locale selon le même auteur, pour qui, malgré l’importance que cette céréale a prise au Maroc, « est surtout consommée par les Européens et, d’une façon générale, est très peu appréciée des indigènes qui consomment plus volontiers du blé dur67 ».
En conclusion
26Les premiers légumes de contre-saison arrivés sur les étals français provenaient plutôt d’Algérie au tout début des années 1920. Mais le Maroc envoie très peu de temps après, à partir de 1924, sa propre production, qui doit trouver sa place entre la production française métropolitaine et les exportations algériennes. Pour cela, les colons bénéficient d’un climat encore plus clément qu’en Algérie et peuvent espérer envoyer leurs légumes de 15 jours à un mois avant leurs voisins algériens. Mais ce laps de temps est court et la production espagnole arrive elle aussi sur les marchés. Malgré son organisation (création de l’OCE, coopératives), les sélections de semence, les ajouts d’engrais, les efforts de présentation, etc., la filière primeur marocaine s’avère plutôt un échec, du moins durant la colonisation. Cependant, on observe tout de même un réel désir commun de chaque rive de la Méditerranée d’« étaler » la saison estivale, que ce soit du côté des colons pour des raisons commerciales mais aussi du côté des consommateurs européens, dans un contexte de construction d’une société d’abondance68. L’Angleterre, dont le climat est connu pour sa morosité, a d’ailleurs elle aussi très tôt fait construire des serres autour de Londres, ce qui montre le goût des Européens pour les produits hors-saison. Toutefois, une nuance est apportée par certains agronomes à propos des marchés français, qui affirment que si les premiers rayons de soleil du printemps provoquent une demande de fruits et légumes à laquelle il faut répondre immédiatement, la tomate est un produit, « qui est consommé principalement en hors-d’œuvre, cru et en salade, […] n’est pas recherché pendant les grands froids ou les périodes pluvieuses de l’hiver69 ».
27En tout cas, même si la réalisation des projets maraîchers d’exportation marocains est restée très en deçà de ce qui avait pu être imaginé, l’idée d’allonger les périodes de vente des fruits et des légumes et donc de plus en plus les désaisonnaliser, apparaît à la lumière de l’utilisation des possessions coloniales par la métropole française comme une constante de la fin du xixe siècle jusqu’à la seconde guerre mondiale.
28Aujourd’hui, la tomate est le « fleuron de la production et des exportations marocaines » avec 6 000 hectares de serres localisées notamment dans le Souss70, région, nous l’avons dit, nullement prédestinée à la culture de légumes pendant la période étudiée. Il serait maintenant intéressant d’explorer de quelle façon l’État marocain indépendant s’est servi de l’expérience des colons pour devenir aujourd’hui un grand exportateur de primeurs et être présent sur les marchés français et européen.
Notes de bas de page
1 La pacification s’achève en 1935.
2 Caquel M., « L’impact du protectorat français sur la production et la consommation de poisson au Maroc », French Cultural Studies, vol. 26, no 2, mai 2015.
3 Résidence générale de la République française au Maroc, La renaissance du Maroc, dix ans de protectorat 1912-1922, Poitiers, impr. Marc Texier, 1922, 495 p., ici p. 288.
4 Ibidem, p. 289.
5 Revue horticole de l’Algérie, qui commence en 1897 puis devient en 1930 Revue horticole et d’agriculture de l’Afrique du Nord.
6 Revue technique de la production et de l’exportation des fruits et primeurs de l’Afrique du Nord de 1931 à 1934, devient Revue marocaine des fruits et primeurs de l’Afrique du Nord de 1935 à 1936 et Fruits et primeurs de l’Afrique du Nord et la Revue française de l’oranger en 1937.
7 Telles que France-Maroc, Terre marocaine, le Bulletin économique et social du Maroc…
8 Rivière C., Lecq H., Cultures du midi, de l’Algérie, de la Tunisie et du Maroc, Paris, Édité par J.-B. Bailliere & Fils, Paris, 1924, p. 74.
9 Leclerc L., Une mission médicale en Kabylie, Paris, J.-B. Baillière, 1864.
10 La renaissance du Maroc…, 1922, op. cit., p. 308.
11 Crêpe feuilletée.
12 Crêpes « 1000 trous » pour la traduction française.
13 Galette de semoule cuite sur une poêle.
14 Perrot E., Gentil L., Sur les productions végétales du Maroc, Paris, Larose, 1921, p. 16.
15 C’est en effet la population locale qui exploite la majorité des espaces cultivés et ce, jusqu’à la fin du Protectorat.
16 Perrot E., Gentil L., 1921, op. cit., p. 15.
17 Ibid., p. 16.
18 Expression utilisée par une femme marocaine lors d’un entretien dans le cadre de la thèse de doctorat de l’auteure de cet article « Les transferts culturels gastronomiques entre la France et le Maroc depuis la fin du xixe siècle jusqu’à nos jours ».
19 Protectorat de la République française au Maroc, L’agriculture et l’élevage au Maroc, 1917, p. 4. Le fenugrec peut être utilisé comme engrais ou fourrage pour les animaux.
20 Perrot E., Gentil L., 1921, op. cit., p. 15.
21 Notice sur les produits de l’agriculture marocaine, 1928, p. 61.
22 Rouppert H., Aperçu agricole sur la région de Fez, Abbeville, F. Paillart, 1921, p. 45.
23 Berthaut M., Aperçu agricole de la région de Meknès, Rabat, Imp. R. Berthoumieux, 1924, p. 17.
24 Raynal R., « Les cultures maraîchères au Maroc », Annales de géographie, t. 60, no 319, 1951, p. 156.
25 Rouppert H., 1921, op. cit., p. 45.
26 Bernard F., Le Maroc économique et agricole, Paris/Montpellier, Georges Masson éditeur/Coulet et fils libraires-éditeurs, 1917, p. 158.
27 Cosnier H., L’Afrique du Nord, son avenir agricole et économique, Paris, Larose, 1922, p. 54.
28 Ibid., p. 174.
29 Miege E., « La culture de la pomme de terre au Maroc », Revue technique de la production et de l’exportation des fruits et primeurs de l’Afrique du Nord, novembre 1935, p. 374.
30 Bernard De Raymond A., 2013, op. cit., p. 11.
31 Rivière C., Lecq H., 1924, op. cit., p. 75.
32 Service des renseignements de Fès, Notice sur la région de Fès, Rabat, 1917, p. 20.
33 Cosnier H., 1922, op. cit., p. 55.
34 Résidence générale de la République française au Maroc, Notice sur la culture de la pomme de terre, no 1, 1914, p. 3.
35 Ibidem.
36 Fazy H., Agriculture marocaine et protectorat, Guéret, impr. Lecante, 1947, p. 51.
37 Cornice L., « Le contrôle à l’exportation des fruits et primeurs du Maroc », Revue technique de la production et de l’exportation des fruits et primeurs de l’Afrique du Nord, novembre 1933, p. 335.
38 Notices sur les produits de l’agriculture marocaine, op. cit., p. 62.
39 À titre de comparaison, elle occupe en 2014, 15 639 hectares au Maroc, en ligne http://www.hortitecnews.com/tomate-la-culture-occupe-environ-5-millions-d’hectares-dans-le-monde-quelle-est-la-part-du-maroc/
40 Fazy H., 1947, op. cit., p. 54.
41 Clevenot E., La production des primeurs dans l’Afrique du Nord et leur commerce d’exportation, Paris, Société d’éditions géographiques, maritimes et coloniales, 1933, p. 47.
42 Ibid., p. 79.
43 Lassus C., « Culture de la tomate primeur en Algérie », Revue technique de la production et de l’exportation des fruits et primeurs de l’Afrique du Nord, décembre 1931, p. 343.
44 Ibid., p. 43.
45 Le statut douanier du Maroc sous le protectorat a été institué par l’acte d’Algésiras en 1906. Ce traité instaure le principe de la stricte égalité économique pour toutes les importations. Quelle que soit leur provenance, les marchandises entrant au Maroc par mer sont soumises à un droit de 10 % de leur valeur et à une taxe de 2,5 % au profit de la caisse spéciale des travaux publics. En ligne http://www.douane.gov.ma/c/journal/view_article_content?groupId=16&articleId=31794&version=1.0
46 Bernard De Raymond A., « “Une Algérie californienne” ? L’économie politique de la standardisation dans l’agriculture coloniale (1930-1962) », Politix, 2011/3 (no 95), p. 23-46.
47 « Un marocain revient de Californie », Revue technique de la production et de l’exportation des fruits et primeurs de l’Afrique du Nord, octobre 1932.
48 Mac Curdy R.-M., The History of the California Fruit Growers Exchange, Los Angeles, G. Rice & Sons, 1925.
49 Daniel E.-C., Bitter Harvest, History of California Farmworkers, 1870-1941, Berkeley/ Los Angeles, University of California Press, 1982, p. 42. Smith A. F., Eating History : Thirty Turning Points in the Making of American Cuisine, chapter 10, New York/ Chichester, Columbia University Press, 2009.
50 Code marocain du commerce extérieur, 3e édition, publié à Casablanca en 1939, p. 19.
51 « L’Office chérifien de contrôle et d’exportation », Revue technique de la production et de l’exportation des fruits et primeurs de l’Afrique du Nord, avril 1934, p. 113.
52 Bernard de Raymond A., 2011, op. cit., p. 32.
53 Hibon J., « Comment faut-il pincer la tomate ? », Revue technique de la production et de l’exportation des fruits et primeurs de l’Afrique du Nord, janvier 1932, p. 343.
54 Le Tajer, « La tomate en Algérie et au Maroc », Revue technique de la production et de l’exportation des fruits et primeurs de l’Afrique du Nord, janvier 1931, p. 15-17.
55 Etchpare J., « L’emballage et la présentation des tomates du Maroc pour la vente sur les marchés français », Revue technique de la production et de l’exportation des fruits et primeurs de l’Afrique du Nord, mars 1932, p. 448.
56 Ibid., p. 449.
57 L.C., « Quelques considérations sur la présentation de la tomate », Revue technique de la production et de l’exportation des fruits et primeurs de l’Afrique du Nord, avril 1933, p. 97.
58 Notice sur la culture de la pomme de terre, op. cit., p. 5.
59 Hibon J., « Quelques nouvelles précisions sur la culture, la fumure et les soins d’entretien exigés par la tomate », Revue technique de la production et de l’exportation des fruits et primeurs de l’Afrique du Nord, avril 1933, p. 93.
60 Bernard A., Le Maroc, Paris, Alcan F., 1913, p. 367-368.
61 À cet égard, le changement de nom de la Revue technique de la production et de l’exportation des fruits et primeurs de l’Afrique du Nord en Fruits et Primeurs de l’Afrique du Nord et la Revue française de l’oranger en 1937 est significative.
62 Revue technique de la production et de l’exportation des fruits et primeurs de l’Afrique du Nord, juin 1933, p. 153.
63 Barety L., « Les primeurs du Maroc dans le nord de la France », Revue technique de la production et de l’exportation des fruits et primeurs de l’Afrique du Nord, juillet 1933, p. 153.
64 J.C., « La production marocaine et la recherche de nouveaux marchés », Revue technique de la production et de l’exportation des fruits et primeurs de l’Afrique du Nord, août 1933, p. 241.
65 Cité par Henri Fazy.
66 Fazy H., 1947, op. cit., p. 22.
67 Ibid., p. 34.
68 Bernard De Raymond A., 2013, op. cit., p. 286.
69 Le Tajer, 1931, op. cit., p. 16.
70 « Tomate primeur, fleuron de la production et des exportations marocaines », Agriculture du Maghreb, no 98, septembre-octobre 2016, p. 36.
Auteur
Université de Lorraine, CERCLE.
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