L’agglomération transfrontalière : un objet géographique, produit de relations singulières entre continu et discontinu
L’exemple de l’agglomération trinationale de Bâle
p. 311-326
Note de l’auteur
Note portant sur l’auteur1
Texte intégral
INTRODUCTION : LES AGGLOMÉRATIONS TRANSFRONTALIÈRES, DES OBJETS GÉOGRAPHIQUES SINGULIERS QUI INTERPELLENT LE GÉOGRAPHE
1Tout pouvoir qui s’exerce sur un territoire cherche à en garantir la cohérence2. Pour les États dont la construction territoriale s’est souvent faite sur de longues durées, les frontières ont joué un rôle essentiel de délimitation3. La cohérence du territoire est garantie en partie par la stabilité des frontières. Limites intangibles, contrôlées, souvent militarisées, ces frontières marquent la fin du territoire et le passage à l’altérité. Le concept de “frontière naturelle” a symbolisé à l’excès parfois, ce besoin de matérialiser dans l’espace cette rupture avec un autre système territorial.
2A contrario, les villes apparaissent comme des pôles structurants de l’espace en raison de leurs potentialités “de maximisation des interactions sociales”4 et de leur capacité à accumuler et à diffuser les flux. Or, la ville, même affranchie de ses enceintes5 est considérée comme une forme continue, comme semble l’accréditer la notion de système urbain.
3Dans ce contexte, les villes frontalières constituent un premier ensemble d’éléments singuliers : elles ont souvent été considérées comme des villes de marge et ont été entravées dans leur développement par la présence de la frontière d’État6. Or, le rapport entre ville et frontière est certainement plus complexe qu’on ne le croit7. Sur de nombreuses frontières, y compris certaines considérées comme sensibles, se sont développées des agglomérations urbaines transfrontalières.
4L’expression révèle, dès l’abord, une ambiguïté. Ces objets géographiques présentent un continuum du tissu bâti qui est entrecoupé par une ou plusieurs frontières d’États. Agglomération signifie qu’il y a continuité morphologique, matérialisée dans le paysage urbain et induit l’existence de relations de proximité. La frontière d’État correspond à une ligne séparant deux souverainetés et renvoie alors à l’existence de deux systèmes territoriaux contigus : elle est considérée par les géographes comme une discontinuité territoriale.
5Cette apparente contradiction nous conduit à nous interroger sur les relations entre continuité et discontinuité. Nous formulerons l’hypothèse que continuité et discontinuité correspondent à deux composantes d’un même processus spatial et que loin de s’opposer, ils s’emmêlent, s’enchevêtrent et participent tous deux à la construction de ces agglomérations. Le cas de l’agglomération trinationale de Bâle nous servira de cadre pour illustrer cette idée.
6Cette agglomération qui compte plus de 500 000 habitants se trouve à cheval sur trois États : l’Allemagne, la France et la Suisse où se trouve le noyau urbain. La répartition de la population est fort inégale entre les trois composantes nationales de l’agglomération : la partie suisse est peuplée d’environ 400 000 personnes, la partie allemande environ 90 000 et la partie française moins de 40 000. Treize postes de douanes rappellent le passage des frontières aux voyageurs empruntant le réseau routier. Trois frontières d’État coupent donc cet espace urbain. Cependant, deux autres singularités méritent d’être soulignées : la frontière de la Suisse avec les États limitrophes est également une “frontière externe” de l’Union Européenne ; la partie suisse de l’agglomération s’étend sur quatre Cantons disposant chacun d’une véritable autonomie et qui sont soucieux de conserver leurs prérogatives. Les limites cantonales sont assimilées à des “frontières internes” nécessitant des ententes et des contrats pour régler certaines situations. Face à cet enchevêtrement de frontières de différentes natures, nous examinerons principalement les relations entretenues entre les frontières d’État et les processus d’agglomérations. Un premier point concernera l’inscription spatiale de la frontière dans l’espace urbain. Puis nous examinerons les composantes spatiales des processus transfrontaliers et les nouvelles ruptures qu’ils engendrent. Enfin, dans un troisième point, nous tenterons de comprendre ce que la combinaison continu/discontinu nous apporte pour mieux comprendre l’espace de façon générale en proposant une illustration sur les espaces insulaires.
1 - LA FRONTIÈRE D’ÉTAT, UNE DISCONTINUITÉ TERRITORIALE LINÉAIRE QUI GÉNÈRE DES CONTINUITÉS SPATIALES
7Les frontières d’État se distinguent clairement des autres limites territoriales. En tant que limite de souveraineté, la frontière d’État révèle l’existence de disparités entre des systèmes territoriaux (inscription spatiale des pouvoirs des États)8. Les systèmes juridiques, institutionnels et politiques diffèrent, ce qui se traduit par la juxtaposition de systèmes d’aménagement et de planification. Quelles que soient les relations entre deux États voisins, la frontière traduit la présence de discontinuités qui vont se matérialiser dans l’espace urbain.
1.1 - LA FRONTIÈRE ET SES EFFETS SUR L’ESPACE URBAIN : LA DISCONTINUITÉ ENTRE LES SYSTÈMES TERRITORIAUX
8Dans le cas de Bâle, la discontinuité frontalière est soulignée par quatre caractéristiques qui se conjuguent le plus souvent :
La frontière constitue une zone non construite plus ou moins large selon les endroits. L’ancien lit majeur de la Wiese, zone tampon entre Suisse et Allemagne en est l’élément le plus significatif. Un projet transfrontalier visant à créer un parc urbain transfrontalier à partir de deux zones vertes établies de part et d’autre de la frontière est en cours de réalisation Tout en valorisant cette zone, ce projet maintient la discontinuité paysagère.
De part et d’autre de la frontière, l’occupation du sol est rarement similaire. Des zones aux fonctions différentes se juxtaposent sans qu’une logique apparaisse aux yeux d’un observateur. Les pouvoirs ont rarement pris en compte le territoire contigu dans les perspectives d’aménagement de leur propre territoire9.
Les zones proches de la frontière ont souvent été considérées comme des espaces périphériques où ont été installées des activités peu valorisantes ou présentant des nuisances. C’est particulièrement le cas de la ville de Bâle, à l’étroit dans son territoire urbain : dans la zone frontalière se trouve ainsi l’usine d’incinération, un asile psychiatrique, une zone portuaire, la prison, des zones industrielles, etc.
La ligne est d’autant plus marquée qu’elle se matérialise par des différentiels dans les densités dans le tissu bâti. Les fortes densités d’occupation de la partie suisse contrastent avec celles des parties françaises et allemandes. Dans certains cas, la frontière souligne l’existence d’un front de hautes densités qui se matérialise dans le paysage urbain et qui révèle de substantiels écarts dans le coût du foncier. Le rapport serait ainsi de 1 à 4 entre la Suisse et la France et de 1 à 2 entre la Suisse et l’Allemagne pour la location d’un logement10.
9Tous les éléments décrits ne sont pas systématiquement présents, mais ils se combinent le plus souvent par deux ou trois. La frontière apparaît dans le paysage comme une ligne de discontinuité qui s’épaissit en certains lieux : elle souligne la juxtaposition de deux pouvoirs qui s’inscrivent dans des territoires contigus, mais différents dans leur conception d’aménagement du territoire. Malgré le continuum du tissu bâti, la ligne frontière souligne de véritables contrastes spatiaux. La présence de trois ports, distincts chacun de moins d’un kilomètre dans la partie nord de l’agglomération, est à cet égard révélatrice d’une absence de vision globale de l’aménagement jusqu’à ce jour. Les cadres étatiques sont restés prégnants. En ce sens, le différentiel est plus sensible que sur une limite communale à l’intérieur d’un territoire national.
10Les règles et les principes participant à la production de l’espace urbain ne sont donc pas les mêmes de part et d’autre de la frontière : cette agglomération semble composée de trois espaces urbains qui se juxtaposent plus qu’ils ne se soudent sur le plan morphologique.
11Cependant, cette frontière révélatrice de différentiels est également source de relations, d’échanges, voire de complémentarités.
1.2 - DE LA FRONTIÈRE À L’ESPACE TRANSFRONTALIER : L’EXPLOITATION DES DIFFÉRENTIELS SPATIAUX
12Comme tout pôle urbain, l’agglomération bâloise attire de nombreux navetteurs. Cependant, la présence des frontaliers11 dans la partie suisse de l’agglomération introduit une dimension particulière.
13Environ 50 000 frontaliers se rendent quotidiennement en Suisse du Nordouest12 en 1998 dont environ 30 000 en provenance de France et 20 000 en provenance d’Allemagne13. La ville de Bâle accueille à elle seule environ 27 000 frontaliers qui occupent près de 15 % des emplois. Le nombre de frontaliers connaît des fluctuations, mais une tendance lourde a été observée sur le temps long : l’aire de recrutement ne cesse de s’étendre. Le phénomène, tout d’abord contigu à la frontière dans les années 1960, concerne peu à peu un nombre croissant de communes avec le temps. Le phénomène frontalier est véritablement significatif pour toutes les communes situées dans un rayon de 20 à 30 kilomètres (aire urbaine de Bâle - Saint-Louis pour la partie française et Kreis de Lorrach pour la partie allemande). Les différences de coûts salariaux jouent ici un rôle primordial pour expliquer les migrations des navetteurs. Pour les entreprises suisses, les zones allemandes et surtout françaises correspondent à des bassins de main d’œuvre jeune et à moindre coût, alors que pour les frontaliers, le marché d’emploi bâlois offre une possibilité substantielle de gain de revenu (100 % pour les Français, entre 30 % et 50 % pour les Allemands). Une complémentarité s’est esquissée entre les zones suisses et les deux zones voisines au-delà de l’agglomération transfrontalière. Pour les acteurs économiques, le recours à une main d’œuvre étrangère, mais ne résidant pas sur place est un avantage d’autant plus que la formation initiale est souvent assurée dans le pays de résidence.
14L’aéroport de Bâle-Mulhouse (Euroairport) est un autre exemple de la gestation de cet espace transfrontalier à travers des complémentarités. Dès l’entre-deux guerre, l’aérodrome de Bâle-Sternenfeld se trouve à l’étroit. Le Canton de Bâle-ville souhaite alors se doter d’un aéroport de dimension internationale pour garantir le développement économique de la ville. L’espace disponible est rare dans les deux Cantons bâlois (forte densité de population, extension de la zone montagneuse qui limite la présence de zones horizontales). Un accord est signé entre la France et la Suisse en 1939 pour réaliser un aéroport sur territoire français en plaine d’Alsace à trois kilomètres de la frontière14. Les premiers vols sont accueillis en 1946 sur une piste provisoire. Une convention est signée en 1949 : elle permet la création d’un établissement public de droit international dont le siège est en France et prévoit la construction des équipements aéroportuaires. Les terrains sont mis à disposition par l’État français (qui s’est chargé des procédures d’expropriation) et les équipements sont financés par la Confédération helvétique. L’aéroport est géré en commun par les deux États. Des représentants des autorités siègent au Conseil d’administration de l’autorité aéroportuaire selon un système paritaire. Le Président et le Directeur sont systématiquement de nationalité différente (soit française, soit suisse). Sur le plan fonctionnel, l’aéroport est connecté à la fois au réseau routier français et au réseau routier suisse. Une route douanière, protégée par des grillages, a été construite sur territoire français et relie directement Bâle à l’aéroport. L’aéroport possède deux zones entre lesquelles existe depuis 1997 un poste de douane. Il est en quelque sorte le symbole de l’existence des espaces transfrontaliers et est souvent cité comme un exemple de coopération. Le statut de l’aéroport est binational, mais sa clientèle est trinationale. Alors qu’en 1970, la clientèle suisse était largement majoritaire (85 % du trafic), en 1998, les passagers suisses ne représentent plus que 40 % du trafic total, les Français 38 % et les Allemands 22 %.
15D’autres exemples de “continuité transfrontalière” pourraient être cités. Ainsi, les grandes entreprises bâloises (Novartis, Roche, Endress & Hauser) comptent un ou plusieurs établissements dans chacun des États dans un rayon de 30 kilomètres autour de la ville, selon une spécialisation bien définie : la production est localisée en Allemagne et en France alors que la direction et la conception sont implantées en Suisse.
16La fonction de passage de la frontière n’a jamais été oubliée, y compris par les États qui investissent fortement dans les contrôles des points de passage et qui filtrent les flux. Ceci est d’autant plus vrai que, pour la Suisse, Bâle constitue une des principales portes du pays sur le Monde et notamment sa porte maritime (à travers le Rhin, fleuve international) et que, pour l’Allemagne, Bâle représente une des portes vers l’Europe du Sud (à travers les cols et les tunnels alpins). Plusieurs passages transfrontaliers existent dans l’agglomération, y compris quelques passages locaux15 : ils attestent en quelque sorte, avec la continuité du tissu urbain, de l’existence de liens étroits et souvent anciens qui transgressent les frontières.
17Ces exemples révèlent tous l’existence d’acteurs qui assurent le passage. La continuité s’exerce en raison de l’exploitation de différentiels par ces acteurs de l’entre-deux qu’ils soient privés ou institutionnels. La proximité de différences est donc source d’opportunités et, sous certaines conditions, de complémentarités et partant de certaines formes de continuités16.
2 - L’ESPACE TRANSFRONTALIER, UN ESPACE ORIGINAL MARQUÉ PAR DE NOUVELLES DISCONTINUITÉS
18Un espace transfrontalier original est ainsi déterminé et caractérisé par l’intensité de ses liens avec les territoires étrangers limitrophes.
2.1 - LES “LIMITES” DE L’ESPACE TRANSFRONTALIER : LA RUGOSITÉ DE LA DISTANCE
19Or, l’intensité du phénomène transfrontalier varie en fonction de la distance. La part des frontaliers est significative dans les communes situées jusqu’à 30 kilomètres de Bâle. L’aire d’implantation des établissements à capitaux suisses est en revanche plus étendue et atteint Colmar en Alsace et Fribourg en Brisgau en Bade, à une distance d’environ 70 kilomètres. Cependant, l’exploitation des différentiels n’est vraiment possible que lorsqu’il existe une proximité géographique. En effet, pour connaître le système voisin, il faut le fréquenter, percevoir les différences pour pouvoir l’évaluer. Il faut également être à l’affût des mutations des systèmes notamment les changements législatifs qui peuvent ouvrir de nouvelles opportunités. Seule une véritable proximité permet de franchir fréquemment la frontière pour percevoir les changements, même si l’information utilise d’autres canaux. Les effets de la distance se font vite sentir : les relations transfrontalières s’estompent progressivement (gradients) ou brutalement (seuils).
20Par ailleurs, l’existence d’une zone frontalière est reconnue par les acteurs institutionnels. Les zones frontalières constituent des zones spécifiques, caractérisées par l’intensité des liens avec les territoires étrangers voisins ou en fonction de leur positionnement par rapport à ces derniers. Les contours de ces zones frontalières ne sont pas toujours bien établis selon les acteurs considérés. Le territoire frontalier est associé à l’idée de zone de transition, à un entre-deux territorial (tant dans son fonctionnement que dans les représentations). Cette spécificité des zones frontalières se reflète dans les noms. Les Trois-Frontières (ou Dreilandereck) identifient, dans les trois États, un ensemble de communes marquées par la présence de ces frontières. Dans le cas de la France, la communauté de communes des Trois-Frontières englobe 8 communes. Le plus souvent, le nom est associé à une zone floue, celle où se trouve l’Euroairport, mais il concerne parfois une zone plus étendue (jusqu’aux portes de Mulhouse), voire englobe parfois l’Alsace du Sud dans son ensemble. Un seuil semble donc exister entre une zone où les relations transfrontalières sont intenses, significatives et les autres espaces où elles sont considérées comme négligeables.
2.2 - L’ESPACE TRANSFRONTALIER, UNE ZONE DE CONDENSATION DE RUPTURES ET DE TENSIONS
21La diffusion de certains phénomènes transfrontaliers contribue autant à renforcer les relations qu’à générer de nouvelles ruptures. L’épaisseur de l’espace transfrontalier est variable. Cependant, cette zone est loin d’être homogène. Tous les acteurs ne transgressent pas la frontière et n’en voient pas forcément l’intérêt. Cette différenciation entre les acteurs est synonyme de nouvelles ruptures.
22Dans les communes frontalières, existe ainsi un écart entre les ménages de frontaliers et les autres ménages. Une forte pression foncière caractérise (avec des degrés) les zones frontalières françaises et allemandes : les coûts sont plus élevés qu’ailleurs17. Attractives pour les frontaliers, ces communes deviennent répulsives pour les ménages aux revenus plus modestes. Les ménages, où l’un des membres est frontalier, sont d’ailleurs plus nombreux à être propriétaires de leur logement18, soulignant ainsi leur relative aisance financière. L’espace frontalier se présente alors comme une zone de tension entre populations : disparités sociales qui s’exacerbent en raison des écarts existant sur le marché foncier. Ceci s’observe d’autant plus que la zone française apparaît comme une zone rurale longtemps considérée comme étant en marge du développement19.
23L’aéroport, cité comme parfait exemple de coopération, est lui-même révélateur de certaines ruptures. L’autorité aéroportuaire est un acteur à part entière, qui poursuit ses propres objectifs : sa logique de développement de la plate-forme aérienne entre en contradiction avec celle des riverains d’une région urbaine et densément peuplée. Ses projets se heurtent cependant aux associations de résidents qui protestent contre les nuisances et les projets de développement. Ces tensions reproduisent d’ailleurs souvent les différences territoriales : chaque association dispose d’une base essentiellement nationale. Par ailleurs, la zone aéroportuaire est divisée en trois zones : une Française (devenue zone Schengen depuis 1995), une Suisse et une internationale (pistes, entretien, etc.)
24L’aéroport a connu une forte croissance du trafic voyageurs et du trafic de marchandises dans les années 1990 qui a eu pour corollaire un développement économique. Plusieurs sociétés, spécialisées dans la maintenance, des prestataires de services, des compagnies aériennes se sont installées sur la zone aéroportuaire, de préférence dans la zone suisse ou dans la zone internationale, là où les statuts et la fiscalité semblaient plus avantageux que dans la zone française. Le dynamisme de l’aéroport n’a donc eu qu’un impact limité pour les collectivités territoriales françaises (ville de Saint-Louis notamment) et est source de tensions. L’aéroport joue en quelque sorte un rôle d’enclave et d’extraterritorialité.
25Par ailleurs, alors que la clientèle est trinationale, son statut est toujours binational. Les autorités allemandes (Land, ville de Fribourg, etc.) ont un statut d’observateur et aimeraient entrer dans le Conseil d’Administration pour faire valoir leur point de vue. L’aéroport apparaît donc comme un symbole de cet espace, symbole de la coopération, de la continuité institutionnelle et en même temps comme élément de cristallisation, de tension entre les acteurs soit de part et d’autre de la frontière, soit entre acteurs internes à l’intérieur du territoire français.
26L’espace transfrontalier connaît des discontinuités dont les formes sont variées et qui ne se matérialisent pas sur la ligne frontière. Ces ruptures sont soit ponctuelles (communes), même si elles révèlent des tensions entre des acteurs situés de part et d’autre des frontières d’État (entre collectivités, entre associations, etc.). La frontière ressurgit sous des formes multiples et est source d’enjeux et de tensions. Mais si à l’échelle locale, l’espace transfrontalier semble connaître une succession de discontinuités, il forme à l’échelle internationale ou nationale, une zone de transition, donc une discontinuité en tant que telle. Les continuités transfrontalières créent ou révèlent d’autres tensions dont la localisation est parfois difficile, mais qui n’en sont pas moins géographiques. Continuité et discontinuité semblent ainsi former les deux faces d’un même processus de construction d’une agglomération transfrontalière et d’une région urbaine transfrontalière. Cette combinaison de deux propriétés spatiales semble bien caractériser la frontière. En partant de cette dernière, nous tenterons de voir si cette combinaison continu/discontinu a une portée plus générale, et si elle permet de répérer ou d’analyser d’autres objets géographiques.
3 - À LA RECHERCHE D’OBJETS GÉOGRAPHIQUES PRODUITS D’UN JEU DIALECTIQUE ENTRE CONTINU ET DISCONTINU
27L’ambivalence caractérise la frontière : le besoin de couper est aussi fort que celui d’échanger. La frontière est protection, séparation (discontinuité) ou interface (continuité) selon les besoins, les moments. Cette double propriété est d’autant plus importante actuellement dans un contexte de frontière apaisée. Entre, Allemagne, Suisse et France, les conflits territoriaux ont disparu. La frontière est une ligne stable, reconnue et aisément franchissable. Les contrôles sont rares et sporadiques (y compris avec la Suisse). Or, d’autre objets géographiques peuvent être analysés selon cette double propriété. Il faudrait s’interroger plus généralement sur la manière de lire l’espace en combinant l’approche continue.
3.1 - LA FRONTIÈRE, UN OBJET GÉOGRAPHIQUE, SOURCE DE CONFRONTATIONS ET D’OPPORTUNITÉS
28Dans ce contexte, la frontière est source d’opportunités et provoque une stimulation en raison de la proximité géographique de micro-différentiels. Les acteurs, qu’ils soient politiques, économiques ou individuels ont intégré cette dimension symbolique de la frontière : l’opportunité semble avoir remplacé la crainte du contrôle. Ceci étant, cette différence provoque stimulation ou rejet. Il existe un jeu où le continu et le discontinu s’alimentent réciproquement, d’autant plus que le tracé de la frontière est stable et n’est pas remis en cause. Les acteurs jouent avec la frontière et conçoivent des moyens pour la transgresser, en jouant sur la proximité de la différence. Ils ne cherchent pas pour autant à la supprimer ou à la faire disparaître : selon le cas, elle sert de protection ou peut être transgressée.
29Les regards et les perceptions sur les zones frontalières diffèrent en fonction des niveaux territoriaux. Ce que l’État voit comme les confins d’un territoire, une bordure, le niveau local peut l’envisager comme une ouverture vers d’autres perspectives. L’éloignement du centre national de décision politique et des autres composantes du territoire national est mis en regard d’une proximité de la différence. Les pouvoirs locaux et notamment les villes ont ainsi été confrontés pendant plusieurs décennies, voire plusieurs siècles aux différences et ont appris à composer, voire à l’instrumentaliser, en servant de ville-refuge et de lieu de médiation. Même en cas de fermeture de la frontière, les acteurs se positionnent au moins partiellement par rapport au territoire voisin, au besoin pour s’en dissocier, s’en démarquer. Le changement d’échelle induit une autre relation à la frontière. En effet, pour les acteurs locaux qu’ils soient privés ou publics, les frontières ouvrent toujours des perspectives. Loin de subir la frontière, ces acteurs cherchent à utiliser les potentialités offertes par l’étranger de proximité.
30Un jeu s’est institué entre les deux facettes de la frontière qui sont souvent utilisées conjointement par l’ensemble des acteurs, mais pas au même moment, ni de manière simultanée. La frontière est une membrane qui s’ouvre ou se ferme20, qui génère de l’entre-deux. L’ancienneté de la coopération transfrontalière (création de la Regio Basiliensis en 1963) montre cette habitude régulière de dépasser les frontières quand le besoin s’en fait sentir. La confrontation d’une différence dans la proximité, dans le temps long, est productrice d’un espace original et peut se transformer en véritable savoir-faire. Ceci est d’autant plus vrai que des villes sont situées sur la frontière. La ville, lieu d’opportunité et d’échanges par excellence, est d’autant plus valorisée que la frontière reste ouverte (c’est le cas ici, hormis durant les deux guerres mondiales). Ceci permet aux acteurs urbains de se saisir des opportunités à condition de bien comprendre le fonctionnement des systèmes territoriaux limitrophes.
31Dans le cas de Bâle, le jeu est démultiplié en raison de l’existence de plusieurs frontières internationales et internes (Suisse), mais également en raison de la présence d’acteurs institutionnels possédant une identité et des pouvoirs politiques étendus (Cantons de Bâle-ville et de Bâle-campagne).
32L’agglomération transfrontalière constitue bel et bien un objet géographique singulier, fruit d’une articulation originale entre discontinuité et continuité. Cette articulation provient en partie des représentations qui varient en fonction des niveaux géographiques. Le regard sur la frontière n’est pas le même selon les acteurs, selon qu’on en est proche ou qu’on est loin. Or, cette combinaison entre continu et discontinu articulé avec d’autres outils est susceptible d’ouvrir de nouvelles pistes pour analyser l’espace.
3.2 - LIRE L’ESPACE À TRAVERS LA COMBINAISON DU CONTINU ET DU DISCONTINU
33Les objets géographiques qui se prêtent à une analyse par une double approche, comme celle du continu et du discontinu, sont souvent de type linéaire. En effet, la ligne correspond plus à une représentation commune de la discontinuité et sur laquelle il est possible de greffer de la continuité. C’est le cas des infrastructures de transport. Elles relient les lieux, mais elles traduisent aussi une coupure dans l’espace : une autoroute renforce l’accessibilité entre deux lieux desservis par des échangeurs, mais sa traversée reste difficile et des lieux proches de l’autoroute, mais éloignés des échangeurs sont marqués par l’effet-tunnel. Continuité et discontinuité se trouvent ainsi à nouveau mêlées, mais l’approche est différente de la frontière : la ligne dans sa longueur exprime la continuité alors que sa traversée (largeur) traduit une discontinuité.
34Le fonctionnement du littoral se rapproche de celui de la frontière. Cette ligne de rupture génère dans certains contextes de la continuité. La rupture de charge imposée par la rencontre entre deux espaces physiques (la terre et la mer) ne produit-elle pas de la continuité (système portuaire composé de l’espace portuaire avec son avant-pays et son arrière-pays) ? Or cette articulation ne se trouve pas sur la totalité du trait côtier. D’autres parties présentent plutôt des caractéristiques de front : la coupure physique est renforcée dans l’espace géographique (front urbain, front touristique, etc). Comme la frontière, le littoral n’est pas concernée sur toute sa longueur par la combinaison, mais les lieux où elle existe présentent souvent des organisations complexes et structurantes sur le plan spatial.
35Dans les deux exemples évoqués (le littoral, les infrastructures de transport), l’utilisation des niveaux géographiques est essentielle pour repérer les zones de continuité et les zones de discontinuité. La combinaison des deux approches (les niveaux, continu/discontinu) révèle ainsi une autre manière de lire l’espace.
36Par ailleurs, le jeu des représentations est essentiel pour analyser les continuités et les discontinuités spatiales. Notre vision du monde est conditionnée par l’idée implicite que les discontinuités correspondent aux lieux, aux lignes et aux zones dont l’organisation qui ne fonctionnent pas selon certains principes d’organisation, selon un référentiel. Roger Brunet a montré que “l’espace géographique est profondément discontinu”21, mais la lecture dépend de ce qui est d’abord considéré comme continu. Ainsi, les espaces ruraux sont des zones de discontinuité par rapport à l’espace urbain. Or, on peut très bien imaginer qu’au contraire, la ville soit envisagée comme une discontinuité et la campagne comme une zone continue. Cette inversion de perception pourrait être étendue à d’autres objets géographiques. De ce point de vue, les îles offrent un exemple intéressant car notre système de représentation les assimile à des objets géographiques clairement délimités, insérées dans un espace maritime considéré comme discontinu.
37L’île, cet espace terrestre de faible étendue et entourée d’un espace maritime, semble constituer par essence cet objet géographique clairement identifiable comme le laisse supposer l’appel à communication du colloque. Mais n’est-ce pas le regard de géographes habitués à l’étude des grandes masses continentales ? Au-delà des aspects physiques ou fonctionnels, il convient d’analyser les îles en fonction des représentations.
38En faisant abstraction des grandes îles de dimension continentale (l’Angleterre, Australie, Java, etc.), deux propriétés semblent caractériser les îles : leur petite taille et leur isolement22.
39La première propriété se traduit par la faible diversité, l’absence de taille critique pour développer un véritable marché. Cette insularité peut également se mesurer en raison du faible degré de complexité du réseau de circulation terrestre23. L’absence d’un réseau hiérarchisé, complexe et plurimodal va de pair avec l’insularité. Par ailleurs, les îles sont éloignées fréquemment des grands foyers économiques qui se trouvent sur les continents ou dans les archipels proches de ces continents (Taiwan, Japon).
40Or, ces deux conditions diminuent les possibilités de générer une diversité interne. Les populations des îles sont habituées à transgresser la “discontinuité maritime”. D’ailleurs, les représentations n’associent pas l’espace maritime à la discontinuité, mais à la continuité24. Dans la cosmogonie polynésienne, le territoire correspond à la fois à un archipel et à son espace maritime. Le territoire des insulaires correspond alors à un ensemble d’îles, reliés par l’espace maritime. La vision des Européens est exactement l’inverse et tend progressivement à se substituer à la vision traditionnelle polynésienne. L’espace maritime est de plus en plus perçu comme discontinu. L’insularité n’est pas forcément synonyme de repli sur soi, derrière ses limites.
41Cependant, l’analyse de la topologie des réseaux qui structurent ces espaces montre que la représentation traditionnelle n’est pas éloignée des réalités contemporaines. En effet, les réseaux terrestres des îles du Pacifique sont rudimentaires et faiblement hiérarchisés. Les réseaux maritimes et aériens sont plus complexes et surtout, ils sont vitaux pour assurer le fonctionnement des îles. Avant même la venue des Européens, l’île est insérée dans un système d’archipels. Par la suite le système s’élargit, incorporant des espaces continentaux avec lesquels les îles sont en communication. Des réseaux maritimes et aériens ont ainsi émergé, mettant les îles en relation avec les continents et entre elles. L’espace maritime sert donc de support à des réseaux qui sont plus structurants pour les îles que les réseaux terrestres. La continuité est ainsi assurée par le réseau aérien ou maritime. La combinaison discontinuité, continuité apparaît ici sous l’angle de représentations contradictoires, mais dont l’une s’impose vis-à-vis de l’autre. Par ailleurs, ce renversement de perception permet d’offrir une lecture plus dynamique de l’insularité.
42L’intégration des îles dans des systèmes de communication et de circulation de plus en plus complexe grâce au progrès technique et à la réalisation d’infrastructures semble accréditer l’idée d’une intégration et d’une continuité de plus en plus grande entre les îles et les espaces continentaux. En réalité, la logique est inverse. Plus les progrès sont marqués, plus les îles révèlent leur incapacité à rester connectées au monde et plus la diversité des situations devient sensible. Une fracture se révèle entre les territoires intégrés sur le plan politique (Guam, Hawaï, Polynésie Française, Nouvelle-Calédonie) ou économique (Fidji) à des territoires continentaux et ceux disposant d’une autonomie politique et qui n’ont souvent d’autre choix que celui de développer une stratégie d’espace périphérique (tourisme insulaire jouant sur les représentations de l’éloignement, de l’aventure, accueil d’activités peu attractives, etc.). Les continentaux assimilent les îles à des escales qui ne dispose pas d’une réelle attractivité.
43Cet exemple sur les îles illustre le jeu des représentations dans la perception des continuités et des discontinuités. Or, ces perceptions sont sources d’actions et de réactions et modifient l’espace physique. La combinaison discontinu-continu apparaît alors comme un outil précieux d’analyse de l’espace à condition de le croiser avec d’autres éléments (échelles, représentations, etc.).
CONCLUSION : LE JEU ENTRE DISCONTINUITÉ ET CONTINUITÉ DANS LES AGGLOMÉRATIONS TRANSFRONTALIÈRES : UN MODÈLE POUR ANALYSER LE FONCTIONNEMENT ACTUEL DES VILLES ?
44L’espace géographique dans son ensemble est le produit d’un jeu entre continu et discontinu, mais certains objets plus que d’autres sont le produit de relations particulières entre continuité et discontinuité. L’agglomération transfrontalière en est un exemple, produit de deux forces contradictoires qui sont des propriétés des frontières : la séparation, la mise en relation. Dans un contexte de mondialisation, de métropolisation et de regain du pouvoir local, la continuité urbaine l’emporte sur la séparation et la rupture. La discontinuité apparaît alors comme le fruit d’un héritage. S’agit-il d’une époque révolue ? Une région urbaine structurée autour de Bâle émerge peu à peu.
45Des recompositions spatiales sont à l’œuvre : l’espace frontalier se structure, se complexifie et se différencie du reste du territoire. Un seuil peut se matérialiser, mais de façon imprécise et floue. L’espace frontalier est ainsi une zone de tensions traversées par de nouvelles ruptures. De nouvelles formes de discontinuités apparaissent car tous les acteurs ne fonctionnent pas dans un contexte transfrontalier. L’importance de l’ouverture d’une frontière peut d’ailleurs apparaître comme la fin d’une protection, le symbole de mutations incertaines et non maîtrisées. Ces discontinuités ne se matérialisent plus sur la ligne frontière, mais entre les systèmes spatiaux dans les zones proches de la frontière. Dans le cas des agglomérations transfrontalières, la discontinuité et la continuité apparaissent comme les deux facettes d’un même processus.
46Ce jeu ne préfigure-t-il pas aussi le fonctionnement d’autres objets géographiques et notamment les villes, qui loin d’être caractérisées par la continuité, semblent de plus en plus marquées par des ruptures et des phénomènes de ségrégation comme semble le montrer l’usage de plus en plus courant d’expressions comme “territoires urbains”, “polycentrisme urbain” qui se substituent aux notions habituelles de ville et d’agglomération ?
Bibliographie
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Notes de bas de page
2 Raffestin 1980.
3 Nordmann D., 1998.
4 Claval P., 1981.
5 Walter F., 1999
6 Guichonnet P., Raffestin C., 1974 ; Waack, 2000.
7 Reitel B., Zander P., Piermay l.-L., Renard l.-P., 2002.
8 Nordmann D., 1998 ; Guichonnet P., Raffestin C., 1974.
9 Probst A., 2000.
10 Reitel B., Zander P., Piermay l.-L., Renard l.-P., 2002.
11 C’est-à-dire résidents dans un État et travaillant dans un autre État, mais franchissant quotidiennement une frontière d’État.
12 Elle comprend les deux Cantons de Bâle-ville et de Bâle-campagne, ainsi que certains arrondissements des Cantons d’Argovie et de Soleure. Cet ensemble correspond approximativement à la région urbaine fonctionnelle de Bâle (partie suisse).
13 Schwartz A., 2000.
14 Lefèbvre Y., 2002.
15 Quelques points de passages ont fait l’objet d’accords spécifiques et accueillent des flux de piétons et de cyclistes (d’après Probst A., ibid).
16 Sandtner M., Eder S., 2000.
17 Kocher A., 2001, Cogit Habilis, 2000.
18 Insee, 2002.
19 Juillard É., 1976.
20 Dagonet F., 1993.
21 Brunet, 1997.
22 Dupon J.-F., 1993.
23 Reitel B., 1993.
24 Bachimon P., 1990.
1 Université de Haute-Alsace, Mulhouse ; Laboratoire Image et Ville, Strasbourg.
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Quatre ans de recherche urbaine 2001-2004. Volume 2
Action concertée incitative Ville. Ministère de la Recherche
Émilie Bajolet, Marie-Flore Mattéi et Jean-Marc Rennes (dir.)
2006
Quatre ans de recherche urbaine 2001-2004. Volume I
Action concertée incitative Ville. Ministère de la Recherche
Émilie Bajolet, Marie-Flore Mattéi et Jean-Marc Rennes (dir.)
2006