Nouvelles modalités d’étude de l’espace et des lieux des sociétés anciennes
p. 229-245
Texte intégral
1Note portant sur l’auteur1
2La perspective qui est la mienne, en répondant à votre invitation, est de tenter de vous présenter quelques idées générales sur l’état de notre recherche. Nous sommes en effet quelques-uns à participer à un GdR du CNRS (2137, Tesora) pour essayer de faire évoluer notre façon de travailler et pour donner un corps de doctrine à l’archéogéographie (Études Rurales, 2003). Ce “nous” recouvre des historiens, des archéologues, des paléo-environnementalistes, et aussi, quelques géographes physiciens et écologues du paysage.
LES CONTOURS D’UN PROJET DE RECHERCHE
3Notre projet présente les caractéristiques suivantes.
- Nous travaillons dans un domaine particulièrement académique et désuet, celui de la morphologie des espaces ruraux, traditionnellement couvert par la géographie physique et humaine, par l’histoire des territoires et l’archéologie des paysages, etc. Nous avons pris la mesure de la distance, plus que critique, qui s’est installée entre cette pratique et les tendances les plus récentes et novatrices de la recherche. Pourtant, une simple substitution ne nous satisfait pas, et il ne suffit pas d’installer la recherche historique dans un nouveau cadre pour estimer avoir changé. Ce serait de la poudre aux yeux que de passer d’une thèse sur le territoire des Bituriges ou des Andes à une thèse sur le bassin-versant ou le val de Loire dans l’Antiquité, si on meublait ce nouveau cadre des objets les plus traditionnels et les plus usés de la recherche.
- Nous posons comme base qu’il y a nécessité à refonder l’histoire du rapport entre les sociétés et l’écoumène, et à enrichir ce rapport d’une masse de connaissances qui ont été dégagées depuis quelque temps déjà, et qui sont issues d’enquêtes archéologiques, géoarchéologiques, archéomorphologiques, écomorphologiques, etc. Nous pouvons envisager ce rapport sur d’autres bases que le déterminisme géographique, en proposant une posture épistémologique globale de modernité symétrique ou réflexive qui se fonde sur le paradigme de la médiance (Berque, 2000) et sur celui de transmission dynamique (Chouquer, 2003).
- Mais nous observons que malgré cette accumulation, “rien ne bouge” (Burnouf, 2003) et nous voyons les causes de cette immobilité dans la résistance des “grands objets” que sont les problématiques d’antan, les grands récits sur l’histoire de notre écoumène et, par voie de conséquence, les concepts mêmes de la recherche. D’où notre orientation vers la définition de nouveaux objets, grands et petits, et notre envie de délibérer des objets les plus “installés”, comme la centuriation romaine, l’openfield, la planification médiévale, les territoires antiques et médiévaux, la cité antique, la paroisse et la seigneurie médiévales, les grands défrichements, les “domaines” (fundi antiques et villae alto-médiévales), etc.
- Enfin nous pensons qu’il y a nécessité de proposer un ordre fondé sur une intelligibilité différente que le classement selon les formes et les périodes en usage en histoire et géographie rurales, et que cette intelligibilité doit émaner des objets recomposés, et des processus eux-mêmes et non de classements extérieurs. Nous prenons position, dans le débat sur les “échelles d’espace et de temps”, pour une autre posture, celle qui consiste à quitter une théorie de l’emboîtement autosimilaire d’échelles, si variées et intéressantes que soient ces dernières, pour une théorie des associations et des conflits de formes, qui précisément ne réduit pas les discontinuités entre les êtres en cherchant à les ranger de force dans un système. Au contraire, nous aimerions être capables d’observer le développement des processus “historiques” (“dynamiques” fait moins référence à l’école historienne et à ses catégories) à partir de la rencontre ou du conflit entre les formes.
- Notre projet archéogéographique est donc une étude des formes de l’expérience qui se rencontrent dans l’espace des sociétés du passé et dans les dynamiques qu’on y relève. Ce n’est plus seulement l’étude de l’application d’un projet social sur le terrain, malgré les déterminismes et l’intérêt de celui-ci. C’est l’étude des hybridations complexes qui se produisent entre nature et sociétés, temps présent et temps anciens, représentations et matérialités, projets et milieux, continuités et discontinuités, etc. Nous faisons la part de ce qui est reconstitution historique ciblée et pointilliste d’une séquence donnée du passé, propos habituel des communautés historienne et archéologique, et de ce qui est compréhension de la formation de la mémoire des espaces dans la durée, et qui est le plus souvent estimé gênant ou peu pertinent par les mêmes communautés.
LA DISCONTINUITÉ : CONTRAINTE OU POTENTIEL ?
4C’est une évidence que de le rappeler : la recherche sur l’espace des sociétés du passé est totalement déterminée, 1. par l’existence ou non des documents, 2. par notre capacité à en inventer de nouveaux, 3. par notre choix de hiérarchisation et de représentation, 4. enfin par l’histoire même des lieux qui conserve ou non les traces et, lorsqu’elle les conserve, les transforme, ce qui fait que les traces sont très rarement en situation de témoigner d’une époque précise, mais plutôt du processus de transformation dont elles sont l’objet. Ensuite, comme nous n’avons pas les mêmes documents, selon qu’on travaille sur la protohistoire, l’époque romaine, telle ou telle partie du Moyen Âge, etc, nous ne reconstituons pas les espaces à niveau constant. C’est de cette discontinuité dont je me propose, principalement, de vous parler.
5Je le fais dans l’état d’esprit suivant. Historiens, archéologues et paléoenvironnementalistes se sont installés dans des discontinuités subies comme des contraintes de la recherche, agissant comme des interdits pour franchir telle ou telle limite (spatiale, chronologique, conceptuelle, etc.), et toujours éclairées, en principe du moins, par le lointain fanal de l’utopie accumulatrice, celle qui devrait, un jour, révéler la situation de Connaissance à laquelle les ouvriers honnêtes et consciencieux que nous sommes doivent, moralement, avoir droit. Or nous découvrons qu’il y a possibilité d’inverser cette posture, et de considérer que les discontinuités sont au contraire sources de connaissances, à condition de les admettre comme possibilité et non comme contrainte. Une discontinuité c’est, par exemple, d’observer la matérialité d’une situation écouménale d’une part, la forme d’un projet ou d’une représentation d’autre part, de prendre la part des situations de décalage qui les caractérisent, et ensuite de constater quelles dynamiques sont issues de la rencontre ou du conflit de ces deux réalités. Or cela nous ne savons pas encore le faire, puisque nous préférons toujours reléguer les matérialités dans les déterminismes et les fixismes, pour autonomiser le point de vue des sociétés sur les choses et le monde (ce que propose par exemple B. Lepetit, 1995).
6Le résultat est d’aboutir à une “histoire” des plus curieuses. Je vais l’exprimer de façon anecdotique.
7Le préhistorien, qui n’a pas de textes, pas de formes développées dans l’espace et de rares habitats, restitue l’espace sous forme d’ambiance végétale et minérale, par l’extrapolation des résultats de paléoécologie. Ensuite, le protohistorien, surtout celui spécialiste de l’espèce finale, dite laténienne, parce qu’il dispose d’abondants documents céramologiques et monétaires, se met à pratiquer une archéologie spatialiste très proche de ce que fait la géographie spatialiste, et il restitue des territoires d’approvisionnement, des espaces géométriques de distribution des artefacts, des sortes d’aires de chalandise de ses monnaies, de ses tumulus, de ses amphores et autres récipients.
8L’antiquisant spécialiste de Rome, qui peut s’appuyer sur la connaissance des techniques de l’arpentage, se met à voir des formes partout, surtout si elles sont carrées et dupliquées à l’infini, et il restitue des morphologies quadrillées. Avec lui l’espace connaît les formes planimétriques, les parcellaires, sur la base de modèles fameux (Tunisie, Romagne), mais dont on a oublié de poser la question de la validité pour d’autres régions du monde conquis par Rome. Bref les formes deviendraient universelles. N’est-ce pas l’antiquité, d’ailleurs, qui a inventé le concept tout terrain de res publica ? Dans ces conditions, comment en irait-il autrement ?
9Le médiéviste, en revanche, surtout celui des siècles réputés obscurs (haut Moyen Âge), renonce à toute approche technique, en raison de la décadence qui marquerait les sociétés, et s’enferme dans la reconstitution de territoires encellulés, identitaires et autistes, jusqu’à ce qu’une espèce de naissance ne vienne l’en délivrer, un peu avant la fin officielle de l’époque médiévale. Lui, ne connaît d’espace que confiné, et sa tasse de thé, c’est la géographie historique des seigneuries et des paroisses enclavées ; depuis près de vingt ans, grâce aux archéologues, il vient tout juste de sortir de son château et de son église, pour s’apercevoir qu’il y avait autour des enclos funéraires et des villages, et même, autour, des milieux ; mais sa véritable sortie dans l’espace rural n’étant prévue que d’ici à quelques années, j’ai l’honneur de vous annoncer que les parcellaires des sociétés médiévales de l’ancienne France verront massivement le jour à l’horizon de 2005-2010, alors que les chercheurs anglais ont les leurs depuis près d’un siècle. Une plaisanterie ? Eh ! bien qu’on prenne acte, par comparaison, du fait que les protohistoriens français viennent seulement de prendre conscience que leurs sujets d’étude (les agriculteurs de la protohistoire) avaient des champs, et ceci en 1993 au colloque de Paris sur les fermes indigènes, et en 1997 au colloque d’Orléans sur les parcellaires.
10Finalement la vie scientifique est mal faite ! L’antiquisant regorge de champs et de parcellaires stéréotypés, quand le haut-médiéviste n’en possède pas un seul, et même pense qu’il n’en existe pas à son époque (R. Fossier, 1995, 12-13 écrit : [à propos du haut Moyen Âge] : “aucun parcellaire fixe. Il paraît dans ces conditions hors de propos de croire à un terroir structuré, s’appuyant sur des chemins fixes”) ! Le protohistorien disparaît derrière ses polygones de Thyssen, ses aires de Christaller, ses hiérarchies d’Auerbach ou de Zipf, ses cartographies de Shannon, quand l’antiquisant pense qu’il n’a pas besoin de tout cela et reconstruit l’espace à partir de trois lignes de César ou de Tacite, et surtout de lignes quadrillées, délimitées par quelques bornes milliaires et inscriptions de vétérans !
11Je cesse-là l’ironie (évidemment caricaturale, j’en conviens). Mais je peux vous garantir que ce n’est pas uniquement parce que nous ne pouvons pas faire autrement que les uns et les autres nous avons tel ou tel type d’espace géographique et pas d’autre. Par exemple, si les protohistoriens et les haut-médiévistes français n’ont pas beaucoup de champs, c’est qu’ils ne veulent pas en avoir, un point c’est tout, et non pas parce qu’ils n’en trouvent pas ou qu’ils n’y en aurait pas.
12Nous sommes donc en présence d’une discontinuité fondamentale de l’étude de l’espace historique qui est le problème scientifique du moment, discontinuité que les grandes synthèses ont masquée, dans leur intention louable mais fallacieuse de proposer une histoire linéaire (de l’espace, du paysage, des territoires, de l’habitat, etc.) ou d’apparents lissages par des disciplines (archéologie agraire ; archéologie des paysages). Et ces multiples approches, différentes d’une période à l’autre, s’ignorent parce qu’elles sont étanches. Il faut ainsi, à chaque nouveau seuil historique, se donner un discours des origines, se créer une dynamique, et s’inventer une sortie crédible à la fin du cycle, si possible grâce à une crise quelque peu apocalyptique.
13Pouvons-nous ou devons-nous tenter de prendre en charge et de dépasser cette discontinuité introduite par nos sources et le traitement que nous en faisons ? Je propose quelques réponses qui sont autant de pistes de recherche.
DES ORDRES SANS INTELLIGIBILITÉ
14Les ordres historiques masquent, par l’impérialisme de leurs chronologies et de leurs périodisations, l’intelligibilité de l’espace. En définissant des “périodes” - réalité académique surdéterminée - ces mises en ordre d’historien imposent de dégager des objets spatiaux à bords francs, délimités et circonscrits, et si possible qu’on puisse mettre en liaison avec des faits établis par l’histoire institutionnelle, économique et politique. Depuis longtemps, on a donc éliminé de la recherche des objets, formes, trames ou réseaux, qui sont “échevelés”, rebelles aux classifications, aux périodisations. Ce sont, par exemple, les formes ordinaires de nos paysages, que l’on rejette au profit des formes planifiées. En archéologie préventive, ce sont par exemple les fragments de fossés agraires, dont on ne sait que faire, ou encore les terres noires des sols urbains, etc.
15La périodisation agit donc comme une espèce de stratification qui bloque l’idée de transmission dynamique et la reconnaissance des processus de longue durée. Mais les ordres disciplinaires, en tant que cloisons verticales, cette fois, exercent un effet identique en déshybridant ce qui l’est.
16Illustration par l’inverse : ne trouve-t-on pas des chercheurs prêts à durcir ces objets mous pour leur permettre d’accéder à la dignité historique sans laquelle ils ne pourraient pas être pris en compte ? Quel archéologue ne sera pas tenté, dans un premier temps, de faire du bout de fossé, un fragment d’une plus grande trame viaire et parcellaire, si possible planifiée, si possible nommée, si possible datée ? Notre groupe démontre, en ce moment, l’ampleur de ces “durcissements”. Par exemple, à propos des centuriations romaines, mal exploitées, dont on voudrait couvrir toute l’Europe, ou de ces formes circulaires qu’on voudrait attribuer aux Capétiens en France, aux Guilhems en Languedoc, et autres géniteurs prestigieux ? La genèse de l’openfield entre dans ce cas et bloque toute avancée, à la fois sur la planification médiévale (celle des arpenteurs, comme il ressort d’une thèse innovante, par Cédric Lavigne [2002], aujourd’hui publiée) et sur les formes ordinaires de l’espace médiéval (Lavigne, 2003).
17Le rapport entre planification et expérience ne doit-il pas être réexaminé ? Doit-on considérer que l’étude des systèmes de représentation de l’espace par les élites d’une époque, augmentée d’une étude des morphologies planifiées suffit à qualifier un espace d’une période donnée ? Ou bien doit-on réévaluer ce rapport ?
TAPHOCHRONIE ET UCHRONIE, DEUX PROCESSUS SPATIO-TEMPORELS FONDAMENTAUX
18Il faut admettre que les processus à l’œuvre dans le développement historique des formes planimétriques dans la longue durée sont complexes et répondent à plusieurs cas de figure. À côté de rares cas de fixité des formes, qui sont créateurs d’espaces ou de paysages reliques, on observe surtout d’autres situations.
- Une situation d’érosion conduisant à une disparition possible de portions entières du sol superficiel, masquant ou tronquant les continuités historiques de l’occupation du sol. C’est le domaine de la géoarchéologie taphonomique que de les étudier, celle-ci n’étant pas conçue uniquement comme une science auxiliaire de la connaissance par l’archéologue de son seul gisement, mais bien comme une des sciences de la dynamique des processus socio-pédosédimentaires.
- Mais surtout une situation de transmission dynamique qui assure la continuité en plan des formes malgré les mutations et les ruptures constatées dans la stratigraphie, c’est-à-dire dans les fonctions successives des espaces. Nous avons désormais des dossiers abondants pour expliquer cette modalité uchronique de la transmission qui rend souvent compte de l’orientation et de la forme d’une figure planimétrique observée sur la carte ou la photographie aérienne.
19Le motif du palimpseste, couramment évoqué pour rendre compte de l’histoire des formes, ne convient donc pas, si on prend le terme dans son sens propre : un parchemin dont on a volontairement gratté l’écriture pour pouvoir réécrire quelque chose de différent. Les sociétés agissent rarement comme cela.
20C’est ici qu’il faut rappeler une idée importante pour notre propos. Transmettre n’est pas seulement transporter une information dans le temps, par opposition au communiquer qui serait le transport d’une information dans l’espace (selon la distinction faite par R. Debray, 2000, 3). Cela ne veut rien dire dans nos disciplines, car le découplage espace-temps est une catégorisation moderne dont on peut se passer. Transmettre, c’est transporter une information spatio-temporelle, et en outre lui faire opérer un passage, ou une série de passages, d’une nature à une autre. Dès lors, transmettre nous conduit à accepter l’idée que les changements et la pérennité sont consubstantiels (notion de résilience des trames et réseaux de formes), mais aussi que telle nature de changements peut produire une transmission affectant d’autres natures de faits. C’est ainsi que des fonctions sociales prenant souvent la forme de projets, objets d’histoire, produisent des formes objets de géographie morpho-historique, et des modelés, objets d’archéologie agraire, lesquels, ensuite, deviennent des traces, dont les vicissitudes spatiotemporelles sont l’objet de l’archéologie et de la géoarchéologie, lesquelles transmettent et produisent de nouvelles formes, objet d’une géographie morpho-dynamique, lesquelles supportent aussi des modelés, objets d’archéologie, de géographie, d’histoire, et d’ethnologie. Mais cette présentation dit mal les rétroactions, les trajectoires plus complexes en réalité et elle ne doit pas introduire l’idée que cela se déroulerait nécessairement ainsi et uniquement dans cet ordre et dans ce sens.
21Si la conception médiologique est particulièrement opportune, parce qu’elle met la transmission au centre du propos, l’opposition entre communiquer et transmettre, entre espace et temps est une simplification inopportune, car elle maintient l’idée de la dissociation entre l’immobilité du socle physique et la mobilité des constructions sociales dans le temps. Décidément les intellectuels français, si excellents par ailleurs, sont bien peu géographes !
UNE SEULE SOLUTION, LA RÉSOLUTION ?
22Le choix de réaliser des observations archéologiques et paléoenvironnementales à très grande échelle conduit les chercheurs à faire de l’extrême résolution l’horizon de la recherche, et à poser le constat de l’infinie diversité des situations locales et micro-locales. Chaque lieu dispose de paramètres physiques et humains réellement spécifiques et dont la combinatoire est, ou paraît unique. À cette échelle les phénomènes locaux de nature aléatoire l’emportent sur les phénomènes généraux. Jean-Paul Bravard et les paléo-environnementalistes ont proposé la notion d’asynchronisme pour qualifier les discontinuités dues à la finesse croissante de la résolution des enregistrements de faits paléo-environnementaux (Bravard et al., 2002). C’est le cas des orages brutaux de faible extension, classiques en régime méditerranéen, qui induisent des réponses sédimentaires très variables d’un lieu à l’autre, et qui peuvent s’avérer trompeurs si l’on cherche à en inférer des interprétations climatiques plus générales. Nous faisons le même constat. Des décalages existent entre les projets des sociétés, objets d’historiens, les traces archéologiques, objets d’archéologues, et les formes héritées inscrites dans la planimétrie, objets de morphologues ou de géographes. Les pratiques agraires des sociétés introduisent des usages, des modelés et des formes locales spécifiques qui varient d’une région à l’autre et même d’une micro-région à l’autre.
23S’il y a situation d’asynchronie, c’est bien parce qu’on constate l’extrême diversité locale des processus et des combinatoires. L’asynchronie est donc de fait et sa connaissance corrige l’impression de synchronisme et même de fixisme diachronique que l’approche morpho-historique et l’histoire. Pour ces raisons, la connaissance des morphologies de l’expérience est à rechercher dans cette mosaïque des situations locales, et se trouve à la charnière des lectures hyperesthésiques et paradigmatisantes que nous en faisons volontiers et de la masse et de l’importance des faits qui affectent les situations locales par de l’événementiel atypique ou imprévu. La résolution la plus fine serait-elle la solution à la crise des spatio-temporalités ?
24Les géoarchéologues et paléo-environnementalistes écrivent : “En d’autres termes, la finesse conduit à l’asynchronisme alors que l’approximation facilite la recherche des synchronismes” (Bravard et al., 2002, 308). On pourrait comprendre la phrase ainsi : le réel serait juste et asynchrone et ce seraient les hommes qui simplifieraient, et donc fausseraient les choses, en proposant des généralisations inévitablement approchées.
25Extrapolons un peu. Le risque serait qu’on nous conduise vers la dualité suivante : asynchronisme des situations matérielles locales (le domaine du réel, du scientifique, du quantifiable) et synchronisme des représentations sociales de ces situations locales (le domaine du non scientifique, des perceptions, des jugements de valeurs) ? S’il en était ainsi, nous serions à nouveau renvoyés à un partage, et, de fait, à une instrumentalisation. Certains représentants des sciences fermes et comptables pourraient alors s’appuyer sur cette idée pour dire : laissez-nous vous “compter” l’histoire s’étant réellement déroulée, et amusez-vous avec vos représentations si cela vous aide à exister.
26J’ai commencé à réfléchir à ce risque dans ma contribution au numéro d’Études Rurales consacré à la très longue durée (Chouquer, 2000), en soulignant les limites de la tentation du géoarchéologue de réétalonner la mesure de l’histoire, s’il en vient à renforcer la chronologie, les périodisations, les seuils, les reconstitutions, la notion de vestiges-témoins, etc., toutes conceptualisations qui vont à l’encontre des contenus imbriqués de la transmission et de la transformation. Car il est contradictoire que le géoarchéologue d’une part innove en inventant une autre mesure de l’histoire indépendante des faits institutionnels, si, d’autre part, il continuait à inscrire ses observations dans les objets traditionnels de l’histoire agraire et environnementale, par exemple la cité antique ou la grande villa, au moment où ceux-ci cèdent du terrain (ex. dans Berger, 2000, 63). Dans ce cas la résolution ne serait qu’un aspect de l’académisme.
27Il est donc utile qu’en matière de dynamiques des milieux et des environnements, nous montrions comment les spatio-temporalités sont le produit des interactions subtiles qui se produisent entre les matérialités (physiques, historiques, hybrides), les projets des sociétés historiques, et les représentations qui gouvernent la “reconstitution” de ces matérialités par les sciences de la terre et l’archéologie. Que nous montrions ensuite comment la dynamique de la transmission fait qu’un projet (prédicat) social passé est devenu sujet écouménal actuel, dans une inversion caractéristique de la trajectivité dynamique qui existe dans les milieux.
28Pour reprendre l’opinion de Jean-Paul Bravard et al. citée ci-dessus, ce n’est peut-être pas l’approximation qui permet de réaliser la synchronie, mais la volonté de cohérence de l’observateur, acteur de jadis ou scientifique d’aujourd’hui, toujours placé en situation de prédicat par rapport à la complexité, connue ou non, des situations écouménales.
29D’un point de vue anthropologique, il faut se demander sur quel plan se situe cette notion d’asynchronie. En quelque sorte, s’agit-il de déplacer l’interprétation d’une synchronie historienne et structuraliste, ignorante et même négatrice des situations locales (donc approximative), vers une asynchronie révélatrice des infinies variantes du réel ? Dans ce cas, ka quantification, instrument de mesure des combinatoires locales (et dont il faut rappeler qu’on entend souvent en faire la modalité d’unification des sciences), n’aboutirait qu’à cataloguer des exceptions. Au lieu de reconnaître les situations de potentialités et de décalage et leurs effets “processuels”, qui nous oblige à imaginer d’autres échelles que l’échelle chronologique, l’asynchronie ne serait que le parfait symétrique de la synchronie. On n’aurait pas changé l’échelle pour autant, mais simplement déplacé le curseur d’un extrême à l’autre.
UN POINT DE VUE ÉCOUMÉNAL
30Nous considérons, en effet, que la restauration d’un point de vue écouménal est une nécessité pour garantir la qualité de nos analyses et de nos reconstitutions. Nous estimons nécessaire de relier nos analyses spatiales et locales, de même que l’étude des schémas de représentations que les élites anciennes ont eues de leur espace, à des matérialités éco-bio-sociales, à des processus d’hybridation qui sont à l’œuvre depuis des millénaires. Pas de représentations sans réalités, sommes-nous tentés d’ajouter à ceux qui insistent surtout sur la proposition inverse : pas de réalité sans représentations, pour mieux se libérer des réalités et se délecter de représentations “pures”. Voilà pourquoi nous utilisons couramment la notion de formes ou encore le concept de paysage, en raison de leur valeur pour rendre conscience des attachements, et selon le paradigme de la médiance conçu par Augustin Berque. Ce n’est pas le retour à une posture nostalgique de description typologique, mais le lieu d’affirmation de ces nouvelles modalités et de ces nouveaux concepts.
31Notre groupe de travail avait pris l’habitude de dire que l’espace n’était pas simplement le cadre d’inscription de notre travail archéologique ou historique, mais bien une source en lui-même, par sa capacité à permettre une autre formulation des problématiques et même des objets de la recherche. La lecture du livre d’Augustin Berque, Écoumène, nous permet de mieux comprendre et de mieux exprimer ce que nous faisons : nous donnons à l’espace, dans toute sa diversité, valeur de sujet qui s’impose aux projets des sociétés et les équilibre, voire les détermine, et qu’en retour les sociétés transforment grâce à une gamme de motifs ou de “prédicats”. La terre n’est pas un objet, dont nous pourrions faire ce que bon nous semble par nos aménagements ou transformations univoques.
32Cependant, sur la base de cette formulation d’Augustin Berque, nous croyons devoir ajouter la connaissance et la prise en compte de la dynamique et de l’historicité des processus à l’œuvre, par la connaissance que nous avons des modalités spatio-temporelles présentes dans les formes. En effet, les logiques de sujet sont à la fois géographiques et historiques.
33Quelles sont ces modalités ?
34Dans le cadre d’une étude de la transmission dynamique des formes dans la durée, nous sommes intéressés à faire la part entre les interventions planifiées des sociétés sur leur espace et la masse des processus à l’œuvre de façon non concertée et qui construisent la résilience des ensembles de formes, processus qui n’ont que très peu été étudiés par les archéologues et les historiens. Dans la notion de résilience nous ne mettons cependant pas l’idée de “résistance au changement” mais plutôt celle de “construction d’une stabilité grâce aux (et non pas malgré les) infinis changements dont les formes sont le lieu”. Une thèse remarquable de Claire Marchand a modélisé cette relation entre planifications et formes auto-organisées, au sujet des réseaux parcellaires dans la durée (Marchand, 2000).
35L’étude renouvelée des dynamiques nous conduit ainsi à diversifier nos outils. Nous trouvons que c’est se limiter et même ne pas comprendre que de poser les questions sous la forme de la diversité des échelles de temps et d’espace, ce qui est devenu un poncif des colloques et des appels d’offres et ne fait guère avancer. Il y a longtemps que nous savons que la diversité des échelles existe et multiplie à l’excès les logiques d’ordre. Ainsi consacrer un colloque aux temps de l’environnement est utile, dans un premier temps, mais une infirmité ensuite car ce sont des modalités spatio-temporelles qui sont en jeu et non pas des ordres historiques empilés. Infirmité car c’est renforcer l’impérialisme des disciplines qui datent, qui offrent des chronologies, qui ordonnent, qui “séquencent”, qui “périodisent” (par l’archive écrite, gravée, sédimentée, calibrée, carbodatée) au détriment des combinaisons et des liens qui expliquent les processus.
36Nous considérons que les modalités de la transmission des formes, par isoclinie (maintien d’une orientation identique) et isotopie (maintien de l’emplacement), nous conduisent à diversifier les spatio-temporalités, et à ajouter à la synchronie et à la diachronie habituelles, une hystéréchronie et une uchronie qui sont mieux adaptées à des phénomènes de longue durée.
37Mais ces potentialités (“uchronies”) ou ces décalages (“hystérésies”) ne produisent pas, contrairement à ce qu’on pense, de la mémoire figée ou de la survivance, mais bien de nouvelles dynamiques.
OBJETS RECOMPOSÉS
38Nous avons ouvert quelques chantiers dont je vous donne sommairement la liste, vous renvoyant aux articles et ouvrages où il en est question.
- Une première série de recherches porte sur un début de recomposition des grands objets de l’histoire rurale et environnementale.
- -Réexamen de l’histoire de la planification antique. Nous promouvons un courant de critique des reconstitutions de formes agraires centuriées (Favory, 1997 ; Chouquer, 2000). Nous promouvons, ensuite, une réévaluation du rôle des littératures techniques de l’Antiquité que sont les textes des agronomes et surtout ceux des arpenteurs (les fameux textes “gromatiques”). Concernant ces derniers, nous soutenons un point de vue renouvelé sur le fait que le corpus est un ensemble d’instructions cadastrales visant à commenter des situations acquises et non pas à modéliser des projets (Chouquer et Favory, 2001).
- Recherches sur les formes agraires protohistoriques. Nous soutenons que l’espace agraire protohistorique est structuré, et que l’idée d’un espace se limitant à être un espace d’Îles, non encore continentalisé, est une survivance de thèses anciennes. Dès l’Âge du Bronze peuvent coexister et s’imbriquer formes planifiées et non planifiées. Quant au deuxième Âge du Fer, il est le temps d’un ample développement des campagnes et du paysage rural, donnant leur unité aux deux millénaires qui suivent.
- Recherches sur la modélisation des formes agraires médiévales. Dans ce domaine, nous posons les attendus suivants : l’histoire agraire médiévale ne peut plus du tout être présentée dans les termes traditionnels d’une opposition entre paysages d’openfield, qui seraient une planification globale, paysages de bocage et paysages méditerranéens, sur la base de “régimes agraires” opposés. Nous avons entrepris une critique serrée de la littérature sur l’openfield (Lavigne, 2003 ; Chouquer, 2003), et dans le même temps, montré que la planification médiévale existe, et qu’on ne l’avait pas vue (Lavigne, 2002).
- Recherches sur la dynamique de l’habitat. Contrairement à l’idée que la forme du village, encore visible dans la structure des campagnes, serait une création du Moyen Âge, nous montrons que cette forme existe depuis longtemps, et qu’il faut insérer les villages médiévaux dans l’étude d’une dynamique de long terme des réseaux d’habitat. Cette perspective innovante a été ouverte en France par l’équipe Archaeomedes (Raynaud, Sanders et Van der Leeuw, 1998) et la question de la “naissance” du village médiéval vient de faire l’objet d’une synthèse éclairante (Watteaux, 2003b).
- Recherches sur la morphologie des espaces irrigués historiques en milieu méditerranéen (Gonzales Villaescusa, 2002).
- Une autre série porte sur la recomposition des objets morphologiques eux-mêmes.
- Quelle est la part d’autonomie des processus morphologiques par rapport aux processus sociaux ? En quoi l’abandon d’une lecture déterministe des formes (ce que nous qualifions d’attitude morpho-historique) permet-il de recomposer les objets eux-mêmes ? Nous entreprenons de le démontrer, par exemple en substituant au modèle radio-concentrique estimé représentatif du Moyen Âge, une forme radio-quadrillée plus auto-organisée (Watteaux, 2003a).
- Redéfinition de formes à partir de concepts hybrides que nous forgeons en combinant les apports de la morphologie dynamique et ceux de l’écologie du paysage. Dans ce domaine nous avons initié ou développé une gamme d’objets servant à renouveler le langage de la description : la régularité organique (Gonzales Villaescusa, 2002), les formes hydro- et fluvioparcellaires, hydro-géométriques (pinoteau, 2003), les villages-r s, les corridors et les formes fluviaires (Foucault, 2003), les villages-crêtes et les formes interfluviaires, les connecteurs géométriques (pinoteau, 2003), etc.
UNE THÉORIE DES ASSOCIATIONS ET DES CONFLITS DE FORMES
39Nous préconisons une nouvelle délibération et une nouvelle articulation des travaux de recherche sur les dynamiques de l’espace et des lieux des sociétés anciennes qui passe par la prise de conscience et par l’étude des associations et conflits de formes, en donnant au mot “formes” un sens général, dépassant, bien entendu, les seules planimétries rurales et urbaines. Notre idée est que ce sont les relations entre les ordres de faits, par leur différence de nature, qui sont productrices de dynamiques, dans les associations et les conflits d’échelle, de disciplines et de valeurs que ces relations provoquent. Il faut donc chercher à comprendre comment on peut faire interagir les diverses approches de l’espace des sociétés anciennes, des plus “traditionnelles” (géographie historique), aux plus “innovantes” (archéologie spatialiste, morphologie dynamique, géarchéologie). Il faut ainsi redéfinir les objets de l’étude, et faire de l’espace une qualité au moins aussi prégnante que le temps.
40Nous avons donc besoin d’une formalisation de ces discontinuités et de leur dynamique, et probablement pas d’une “théorie” universelle qui nous permettrait de rendre compte de l’ensemble des relations dans l’espace et le temps, en une construction harmonieuse mais irréelle. Il nous faut, pour cela, dire ici et maintenant, la nature de l’histoire possible. En tel lieu, avec la morphologie nous reconstituons telle forme d’espace ; avec l’archéologie spatialiste, telle autre ; avec les paléo-environnements, encore une autre ; etc. ; entre les unes et les autres quelles sont les dynamiques à l’œuvre ? et ces différents produits de la dynamique, en quoi deviennent-ils eux-mêmes processus, et de quoi ? et ainsi de suite. Ce qui est devant nous c’est donc l’élaboration d’une archéogéographie historique et environnementale, de dynamiques d’échelles et de modalités, qui cherche en quoi les différents types d’espace que nous reconstituons sont producteurs de dynamiques, et à quelles échelles d’espace et de temps ces dynamiques se produisent et selon quelles modalités elles se transmettent.
41Ne nous cachons pas la question des valeurs que véhiculent nos concepts. Plusieurs interrogations peuvent concerner les changements qui s’amorcent. L’auto-organisation ne revient-elle pas à une espèce de dérégulation, en laissant sous-entendre que les sociétés ne peuvent agir qu’à la marge mais que l’essentiel des processus leur échappe ? La question de la restauration de la relation écoumènale ne pose-t-elle pas, subrepticement, le retour d’une forme de déterminisme physique, ou pire encore d’une foi en une espèce de religion de la nature ? La question des attachements et des objets hybrides ne remet-elle pas en cause la valeur d’émancipation avec les avancées qui lui sont corrélatives ? À chacune de ces questions il est possible d’apporter une réponse argumentée pour dire que ce n’est pas le cas. L’archéogéographie entreprend la refondation du récit de la transformation de la nature en écoumène, un écoumène habité, transformé, transmis, exploité, mais elle le fait avec la préoccupation de respecter les qualités des lieux, et non pas de vanter la possibilité d’un affranchissement total et irrespectueux.
42Ce débat ne doit pas être esquivé, parce que la réponse ne va pas de soi, et la question des valeurs doit autant occuper nos esprits que celle des modalités, des techniques et des méthodes. Mais, ce qui ne doit pas être confondu avec ce débat, c’est la compétence du géographe dans l’étude des espaces, des lieux et des paysages des sociétés du passé. Les historiens, les archéologues, les paléoenvironnementalistes, par leur façon de se comporter, donnent souvent l’impression que ces compétences sont de faible valeur ajoutée, et que la dimension géographique va de soi, donc accessible par eux, même sans formation particulière. Ce faisant, ils réduisent souvent leur propos à ces simplifications que sont la localisation, la “spatialisation”, la recherche de commodes lois génératives d’espace qui évitent d’entrevoir la complexité des relations. Point n’est besoin de chercher longtemps l’impossibilité, pour eux, de voir les formes qu’on leur montre.
Bibliographie
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Notes de bas de page
1 UMR 7041 ArScAn et GDR 2137 Tesora (Traitement de l’Espace des Sociétés Rurales Anciennes), Maison de l’Archéologie et de l’Ethnologie, Nanterre.
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Quatre ans de recherche urbaine 2001-2004. Volume 2
Action concertée incitative Ville. Ministère de la Recherche
Émilie Bajolet, Marie-Flore Mattéi et Jean-Marc Rennes (dir.)
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Quatre ans de recherche urbaine 2001-2004. Volume I
Action concertée incitative Ville. Ministère de la Recherche
Émilie Bajolet, Marie-Flore Mattéi et Jean-Marc Rennes (dir.)
2006