Conclusion
p. 445-459
Texte intégral
1Le plaisir est ancré tout à la fois dans les structures sociales et culturelles, dont relève le processus de socialisation au(x) plaisir(s), et dans la production singulière des individus, renvoyant au rôle du plaisir sur la socialisation, ce qui rend complexe son analyse. Pour dépasser cette difficulté, les deux dimensions ont été intégrées dans une démarche bio-psycho-socio-anthropologique unificatrice. Par le prisme du processus de socialisation, il a été possible de montrer comment les enfants et les adolescents sont façonnés socialement et culturellement au travers de la manière dont ils reçoivent, s’approprient, acceptent ou refusent des plaisirs socialement, culturellement et historiquement construits. L’investigation sociologique mise en œuvre a permis également de s’interroger sur ce que déclenche le plaisir comme double acte de sens chez les jeunes mangeurs : ce que sensation et cognition apportent, par-delà les expériences et les ressentis de ces populations, aux dimensions sociales et culturelles du plaisir. Cette investigation a été possible par le recours à diverses échelles d’observation rendant compte de plusieurs niveaux de réalité et par la perspective multi-paradigmatique adoptée qui autorise plusieurs niveaux de lecture et d’interprétation. Un jeu d’aller-retour, fondateur des identités, entre structure et production singulière, a été repéré, même si ce travail est loin d’en avoir exploré toutes les dimensions ni complètement fouillé celles présentées. Néanmoins, les informations rassemblées ont permis de caractériser la place du plaisir dans la socialisation à partir de plusieurs niveaux. Avec l’échelle macrosociologique, il a été possible de s’emparer du plaisir au niveau macrostructurel. Le niveau microsociologique a aidé à éclairer l’effet de celui-ci sur le plan cognitif, physiologique, corporel et singulier. Enfin, la perspective méso-sociale a visibilisé le résultat des interactions entre plaisir des autres, plaisir de faire comme les autres, plaisir d’être avec les autres et plaisir pour soi, observés en fonction des entourages, des héritages, des situations et des contextes.
2L’approfondissement du thème de l’importance du plaisir commensal a permis de prolonger au moins deux questionnements : le premier, d’ordre bio-anthropologique, interroge son effet protecteur sur les maux de l’alimentation contemporaine, comme l’obésité ; le second intervient à un niveau sociologique en autorisant l’articulation entre les matrices de la différenciation sociale ainsi que de la condition moderne et en mettant l’accent sur la pluralité et la réflexivité les caractérisant. Ces dernières réinterrogent, de ce fait, les conditions du vivre-ensemble et de l’intégration. Il apparaît primordial de souligner qu’en articulant ces dimensions à certaines des problématiques centrales de la sociologie de la modernité – en termes de désajustement –, cette recherche offre la possibilité d’investir sociologiquement la question du plaisir à plusieurs niveaux de réalité. De surcroît, elle permet de discuter la conceptualisation du plaisir à l’œuvre dans la thématisation et de comprendre les raisons de l’émergence de cette question sur la scène sociale, médiatique comme scientifique.
3En reprenant la question bio-anthropologique des effets du plaisir commensal sur la santé sous un angle sociologique, nous avons montré que si le plaisir commensal était fortement représenté et transmis aux jeunes générations, la simplification des repas et la modification des prises constituant une journée alimentaire sont considérables. Cet écart conduit à de la dissonance cognitive, y compris chez les enfants et les adolescents. Si les données sont identiques aux résultats d’études antérieures, notamment en matière d’hétéronomie dans la contextualisation de l’alimentation, les compositions des journées alimentaires interrogent en retour les apports énergétiques et nutritionnels. Cet apport de la recherche peut alors constituer une nouvelle étape dans la réflexion des effets de l’alimentation moderne sur la santé des mangeurs et suggère de nuancer le rôle protecteur de la commensalité.
4De plus, ainsi que nous avons tenté de le démontrer, dans le prolongement de travaux dont cette recherche est héritière (Chiva, 1979 ; Fischler, 1979 ; de Garine, 1979 ; Poulain, 1985 ; Hubert, 1990 ; Corbeau, 1991 ; Le Breton, 2006), le plaisir permet, sur le plan d’une épistémologie de la discipline, de faire la synthèse entre l’objectivité et la subjectivité, entre le « fait social » et le « fait social total », et cela plus encore lorsqu’on s’y intéresse sous l’angle de la socialisation. En effet, l’analyse de cette dernière par le prisme de l’expérience de la modernité autorise à poser de façon centrale les notions de réflexivité, de pluralité des logiques d’action, de pluralité dispositionnelle, de compétences et de ressorts stratégiques, rendant encore plus opérantes les interactions entre subjectivité et objectivité d’une part, ainsi que les interactions entre niveau collectif et niveau individuel d’autre part. De ce fait, ces phénomènes peuvent engendrer plus de distance aux règles, aux conventions sociales et davantage d’affirmation de soi. Dans cette direction, nous avons montré à toutes les échelles d’analyses, macrostructurelle y compris, comment ces mécanismes intervenaient dans l’articulation entre une conformité au(x) plaisir(s) nécessaire à l’intégration du mangeur et l’affirmation d’un plaisir plus individuel. Nous avons décrit, essentiellement dans les perspectives méso et micro-sociales, quelques-uns des processus de basculement faisant pencher la balance d’un côté ou de l’autre. Variabilité dans les tensions éducatives, styles éducatifs, cohérence et stabilité dans les contenus ou les sources de la socialisation, héritages symboliques, fabrication identitaire, contextes, situations ou encore principe d’incorporation ont permis, diversement, de le mettre en exergue. Nous avons pu prendre la mesure de ce mécanisme dans les résultats de l’enquête quantitative. Ces derniers montrent – dans les comparaisons entre populations et au sein des unités familiales – davantage d’homogénéité sociale et, dans les styles éducatifs, un contrôle plus fort des parents à l’égard de leurs enfants pour ce qui concerne l’adoption ou le respect des composantes favorisant la commensalité. À l’inverse, hétérogénéité et relâchement du contrôle parental sont nettement plus significatifs pour le choix des produits composant certains repas ou hors repas ainsi que pour les produits de plaisir. Coexistent donc, dans ces formes du plaisir, hétéronomie et aspirations collectives d’une part, et autonomie et respect des préférences individuelles d’autre part, ce qui relève d’une conciliation de l’être ensemble et de l’être soi. L’hypothèse selon laquelle l’importance sociale qu’occupe le plaisir commensal pourrait constituer une réponse spontanée à la crise du lien social et au désenchantement de la société est alors analysable sous un nouvel angle. En effet, la transmission de valeurs commensale et conviviale a été attestée dans tous les niveaux d’analyse entrepris et se retrouve comme l’une des préoccupations éducatives centrale. Nous avons souligné que la commensalité favorisait sans doute la régulation et le contrôle social des comportements, et, de ce fait, la transmission. Dans le prolongement d’autres travaux sur la question, nous avons également évoqué son ancrage historique ou encore son enracinement dans des structures symboliques et imaginaires positives de l’alimentation et montré que, dans le contexte actuel, ces éléments pouvaient permettre de dédramatiser la relation anxiogène que les mangeurs modernes ont tissée avec leur alimentation.
5Un tout autre aspect du plaisir commensal peut être mentionné. Socialiser au plaisir commensal, c’est favoriser tout à la fois le vivre-ensemble dans une société vécue comme fragmentée ainsi que « l’unité du mangeur » dans un contexte enclin à le morceler en raison de la pluralité et de la réflexivité présentes dans la vie sociale. Les postmodernistes, dès la fin des années 1960, questionnaient les risques sociaux et individuels d’une société avide de plaisirs simples et décomplexés, rendus possibles par la consommation, et évoquaient la nécessité d’un réenchantement symbolique du monde. Dans le contexte actuel, on voit comment les inquiétudes générées par les transformations, tant dans le domaine de l’alimentation que dans celui de la famille et de l’éducation, ont des répercussions se traduisant par un besoin de réenchantement de l’alimentation, de la famille et plus largement de la société. Celui-ci repose non pas sur un désir de plaisir et de jouissance simples mais, bien au contraire, par un plaisir complexe, dense, comme nouveau « ferment » du lien social et des identités sur lequel les individus, « gourmands » et « gourmets » de symboliques et d’imaginaires positifs, projettent tous leurs espoirs. Transmettre auprès des jeunes générations ces valeurs positives de partage et de commensalité – tout en respectant les domaines de l’intime et des aspirations individuelles nécessaires à l’épanouissement et la réalisation de soi –, c’est, à travers elles, densifier le lien et renouveler la société par ce qui fait société : le plaisir des sens et du sens dans la nourriture. Mais cette conciliation de différentes formes du plaisir est difficile. Observons-en quelques cas en nous intéressant aux parents, aux acteurs de l’univers médical, à ceux de la filière agro-alimentaire, puis aux principaux acteurs de cette recherche, les enfants et les adolescents.
- Elle complexifie sans doute l’intervention des parents en matière d’éducation : nous l’avons vu dans les effets de la variation des tensions éducatives sur l’activation du plaisir des enfants. Celles-ci résultent de la répartition des tâches domestiques et parentales, des charges physiques et mentales en matière d’éducation qui pèsent inégalement et sont tributaires d’injonctions sociétales fortes et souvent paradoxales en matière de nutrition, de plaisir, de guidance, d’autonomisation, de contrôle, etc. Ainsi, la complexité du plaisir mise au jour dans les modes et dispositifs de socialisation parentaux à l’encontre des enfants se retrouve dans les difficultés et les tensions immanentes au « nourrir de plaisir » (Corbeau, 2008). Amour, affection, régulation, contrôle, don, transmission, accompagnement, éducation, formation, liberté et restriction constituent de multiples entrées avec lesquelles les parents composent pour éduquer leurs enfants.
- Elle rend probablement plus difficile la marge de manœuvre des professionnels issus du champ médical dans les modalités de contrôle du plaisir sur la santé ou dans les difficultés à gérer l’interférence du plaisir sur la mise en œuvre de démarches de prévention. Comment articuler les injonctions en matière de nutrition et le rapport des mangeurs au plaisir ? Force est de constater que, sur ce plan, ce travail pose au préalable plus de questions qu’il n’apporte de réponses. Il apparaît que les professionnels du monde médical doivent composer avec un plaisir complexe qui passe, entre autres, par le passage de conceptions d’un plaisir simple et compulsif dans l’acte alimentaire, alors plus aisément contrôlable, à un plaisir symbolique, chargé de sens et de « sens ». En voulant contrôler le plaisir dans des actions d’éducation, de prévention ou de mise en œuvre de régimes par exemple, les acteurs de ce secteur risquent finalement de toucher aux goûts et aux préférences alimentaires et, plus fondamentalement, d’interférer sur des histoires de vie, des héritages symboliques, des identités. Ils peuvent incidemment contribuer à bouleverser la structure et l’organisation des espaces sociaux et culturels ainsi qu’en témoignent nombre de travaux (Fischler, 1989 ; Hubert, 1995, 1997, 2000 ; Poulain, 2002, 2009 ; Corbeau, 2005b, 2007a, 2009a ; Fischler et Masson, 2008). De surcroît, l’importance du plaisir de manger ensemble questionne les acteurs du champ médical car elle rendrait difficile la mise en œuvre des programmes de promotion de la santé visant à changer les aspects défavorables du régime de l’individu (Westenhoefer et al., 1993). A fortiori, les dimensions sociales et culturelles du plaisir peuvent jouer comme un frein à la modification de certains comportements alimentaires, ainsi qu’en attestent certaines études sur les déterminants sociaux et culturels du suivi du régime (Fournier et Poulain, 2008).
- Les « alimenteurs », tels les industriels de l’agro-alimentaire, doivent aussi s’en accommoder car leurs produits sont obligés de susciter des projections à plusieurs entrées : sensorielles, symboliques, émotionnelles, commensales, sociales et culturelles. Alors que les produits sont emballés, ils ne peuvent être goûtés, bien qu’ils soient soumis aux impératifs de faire naître le plaisir. Dans des packagings individualisés, ils rendent le partage difficile et, standardisés, ils ne permettent pas la distinction. Pour « capter » leurs consommateurs, les professionnels de la filière agro-alimentaire sont contraints – en matière d’emballage – de combiner « polysensorialité et polycognitivité », c’est-à-dire jouer « sur tous les sens du mot sens : direction, sensation, signification », de sorte de concilier les quatre logiques de « captation » : sens et affect, valeurs, habitus et calcul (Cochoy, 2007, p. 168).
- Auprès des enfants et des adolescents, c’est sans doute la difficulté de devoir concilier des logiques différentes, voire paradoxales, qui peut être soulignée, même si ceux-ci semblent plutôt bien s’en accommoder. Nous avons montré comment ils devaient composer entre plaisirs des autres et plaisir pour soi, de sorte à être intégrés tout en ayant la possibilité d’exprimer leur singularité. Quelquefois, ils sont contraints de taire certaines de leurs inclinations au plaisir pour ne pas être rejetés. Cela relève en quelque sorte de la « tyrannie de la majorité » (Pasquier, 2005), phénomène reposant sur des tensions entre une autonomie plus importante qui est accordée par les parents et l’augmentation des pressions au conformisme entre pairs. Assurément, l’enquête quantitative a révélé des répertoires alimentaires enfantins et adolescents, distincts par bien des aspects de ceux des adultes les entourant, qui pourraient en partie relever de cette puissance socialisatrice entre pairs. Cette interprétation semble également confirmée par nombre d’éléments issus des entretiens à l’instar de l’inhibition de la consommation de légumes ou de goûters dans le cadre scolaire. D’autres éléments témoignent encore de la complexité de la relation au plaisir des enfants et des adolescents. Dans les conclusions de l’étude sur les diversités des alimentations adolescentes, Boëtsch et Hintermeyer (2009) soulignent les difficultés à gérer le plaisir dans un contexte où le couplage des dimensions hédoniques avec la santé, la corpulence et l’esthétique corporelle incitent les jeunes à davantage de restriction et de surveillance de soi, alors qu’ils se construisent et se revendiquent comme un âge de jouissance où l’on peut profiter, prendre du plaisir et s’amuser. Paradoxes que l’on retrouve avec acuité auprès des enfants poussés à la « réflexivité médico-nutritionnelle » cultivant l’ascèse ou, inversement, se construisant contre ces paradoxes en héritant de normes et de comportements érigeant le culte du « bien manger » chez les « réflexifs gastronomiques ». Les jeunes mangeurs doivent attribuer du sens à ce qu’ils reçoivent dans le don de plaisir et concilier la confrontation des expériences vécues dans plusieurs configurations et avec diverses personnes de leur entourage : comme apprendre – pour ne pas faire de peine – à taire qu’on a eu du plaisir avec l’un ou l’autre des parents lorsque ces derniers sont séparés, ou décider, au contraire, d’en jouer dans des stratégies de négociation ; choisir d’accepter l’héritage dans une forme de continuité symbolique par fidélité aux parents ainsi qu’aux origines, et pour faire le lien entre parents et enfants dans la famille, comme pour les aînés de famille ayant connu l’expérience de la migration et qui se construisent dans l’affirmation de la préférence au « manger de là-bas » plutôt qu’au « manger d’ici » qu’adoptent plus volontiers leurs cadets.
6Pour résumer, en multipliant les outils méthodologiques et en combinant sur un même objet les points de vue (par des échelles d’analyse, des perspectives matricielles, des niveaux de variables, de contextes et de situations différenciés et par le regard croisé qu’offrent les populations et sous-échantillons dans les enquêtes), les analyses conduites sur ces données mettent en évidence la complexité du plaisir alimentaire en révélant une pluralité de dispositions socio-culturelles et d’expériences vécues et sensibles ainsi qu’un faisceau d’articulations entre elles.
7 Nous avions interrogé en introduction les rapports entre science et société. Qu’il nous soit permis de ne pas revenir dans le détail sur cette question mais plutôt de l’aborder sous un angle différent, celui d’un questionnement d’ordre théorique sur les effets des représentations utilitaristes du plaisir et les relations qu’elles peuvent entretenir dans la thématisation de la question1.
8Partis du débat social en matière d’alimentation enfantine, nous avons commencé par prendre acte de la thématisation en cours sur ce sujet et de la dynamique de production scientifique qu’il a érigée. Nous avons alors dressé un tableau symptomatique permettant de prendre la mesure de l’étendue des inquiétudes et de leur ancrage dans des préoccupations sociétales plus larges, en matière d’alimentation et de transmission, qui convergent vers une demande sociale grandissante d’états des lieux de la question. Celle-ci établit un dialogue entre les chercheurs, à la faveur d’une intensification de la production scientifique depuis les années 2000 et d’un dynamisme des échanges. Une chaîne de causalité a été identifiée entre les mutations de l’alimentation contemporaine (avec les inquiétudes qu’elles font naître) et les transformations dans l’éducation, la transmission et, plus généralement, la socialisation des jeunes générations en montrant comment elles se cristallisaient sur la question de l’obésité infantile.
La sociologie a pris l’habitude de prendre en charge la part d’ombre du monde, de s’occuper des malheurs, des drames, des catastrophes sociales. […]. La sociologie connaît bien les peines et se méfie des plaisirs, au motif que le plan illusoire de l’homo oeconomicus masquerait et susciterait les peines de l’homo sociologicus. Le combat, le devoir et la gloire des sciences sociales sont du côté de l’autopsie des contraintes, de la dénonciation des fétiches, de la déconstruction des natures, bref de la mise en garde vis-à vis de l’égoïsme et de l’hédonisme. L’hédonisme, c’est-à-dire la propension à laisser le corps déployer son inclination au plaisir, est implicitement pris comme un danger pour la discipline et la société qu’elle protège.
Cochoy, 2008, p. 24
9Le phénomène que décrit Cochoy s’est-il inversé ? Le plaisir aurait des effets protecteurs contre les maux de la vie moderne, ce que décrivent les études sociologiques, et pourrait, en retour, accroître l’intérêt pour l’objet dans d’autres champs de la discipline que celui de l’alimentation. Plusieurs explications peuvent être fournies sur l’essor de l’intérêt scientifique et sociétal pour le plaisir. Elles correspondent à des postures de légitimations scientifiques et également culturelles et sociales.
10 Il importe de questionner les effets de la thématisation du plaisir car le réenchantement peut conduire partiellement, dans des sociétés principalement dictées par les représentations utilitaristes, à une « mission de réenchantement » avec les risques d’injonction à prendre du plaisir ou la naissance d’une nouvelle morale en vue du « bon usage » de celui-ci. Des effets de glissements de sens et de raccourcis, pouvant être reliés à l’actualité de la question du plaisir et au besoin urgent de la société de redonner du sens aux pratiques, peuvent apparaître. C’est dans un contexte où le sentiment de perdre quelque chose qui aurait à voir avec la tradition, avec un savoir-vivre, un savoir-être et un savoir-faire « typiquement français », se ferait sentir que l’argument en faveur d’un style alimentaire favorisant l’échange, la convivialité, l’ancrage temporel et spatial stable et les représentations symboliques – que l’on retrouve en arrière-fond, en France, le plus souvent dans l’étendard du plaisir ou du bien manger –, se ferait mieux entendre. C’est, entre autres, à une réflexion sur la régulation des comportements, au travers des dimensions commensales du plaisir posant la question de l’hétéronomie de l’alimentation et de la symbolique entourant l’acte de manger, que l’on est convié (Fischler et Masson, 2008).
11La médiatisation de cette question, par la dynamique de sélection et de filtrage des nuances apportées dans les travaux opérée dans ce processus, contribue à simplifier la pensée sur le plaisir et renforce par la même occasion le mythe d’une « francité heureuse » dans la prise des repas en commun et, comme en écho aux impératifs nutritionnels et de santé, d’une France en bonne santé car moins grosse, moins anxieuse, moins troublée par les maux de l’alimentation contemporaine. Revenir sur les fonctions du mythe du plaisir commensal au regard de la modernité alimentaire devient alors impératif pour éclairer, d’une part, les rôles des médias et acteurs, diffuseurs ou producteurs du sens, du discours dans une perspective de réenchantement et détrivialisation de l’alimentation moderne et, d’autre part, dans une acception politique et géostratégique, les fonctions de certains acteurs-clés dans les objectifs de défense et sauvegarde du patrimoine national (comme le repas gastronomique des Français inscrit au patrimoine mondial immatériel de l’Unesco). Le sociologue ou chercheur en général, plus sollicité que jamais sur ces questions brûlantes, peut aussi voir sa parole déformée : les jeux de nuances, de doutes et de précautions scientifiques disparaissant alors du paysage médiatique. Lorsque le plaisir commensal a été articulé au thème de l’obésité, en faisant l’hypothèse des bienfaits que pouvait avoir le premier sur le développement du second, l’impact médiatique a été retentissant. Il n’est aucunement question ici de faire le procès d’acteurs de la thématisation sociale qui contribuent aussi, à bien des niveaux, à documenter la question et à informer la société.
12Le postulat suivant peut être établi : la rationalisation fonctionnant sur un principe d’utilité tout à la fois individuel et collectif du plaisir, elle peut conduire à renouveler les approches utilitaristes soit en faveur d’un utilitarisme individualiste où, dans une acception radicale, seule la jouissance et le plaisir sont recherchés en vue du bien-être individuel, soit en faveur d’un projet de société, celui de redonner du sens, de la symbolique aux pratiques alimentaires, à leur échange, au rapport que les mangeurs entretiennent avec le monde, en réapprenant à goûter ce monde et ce qu’il offre et en rejetant la trivialisation de l’alimentation. La problématisation actuelle du plaisir peut alors être lue comme étant liée à une entreprise de rationalisation des comportements et des représentations à l’encontre du plaisir en faveur d’un principe d’utilité : d’une part, par l’expérience de la rationalité individuelle, il s’agit d’apprendre à le domestiquer en intériorisant des locus de contrôle. Il semble davantage opérant dans les univers anglo-saxons du fait d’une relation beaucoup plus individualisée à l’alimentation et à la santé résultant de l’éthique protestante de la liberté et de la responsabilité individuelles (c’est plutôt le paradigme implicite de la médecine et de la nutrition et d’une partie de la psychologie) ; d’autre part, par l’expérience de la rationalisation de la vie sociale, il s’agit alors d’offrir la garantie d’un encadrement social, collectif et partagé du plaisir de manger à l’individu : davantage observée dans les univers de tradition catholique ayant des logiques de communion et de partage des responsabilités (c’est le paradigme implicite de la sociologie et de l’anthropologie et d’une partie de la psychologie du goût). Il semble possible d’affirmer que les conceptions utilitaristes contemporaines du plaisir qui s’enracinent plus largement dans les fonctions sociales du plaisir et leur renouvellement visent, sur le plan scientifique, à connaître et mettre en pratique, dans une optique de philosophie sociale, l’utilité du plaisir alimentaire. Celle-ci peut, dans sa forme extrême, pencher en faveur d’une instrumentalisation du plaisir au service d’autre chose que cela soit la santé, l’épanouissement, la vie heureuse, la découverte du goût mais aussi l’identité.
13Il apparaît, de ce fait, envisageable de formuler quelques risques encourus en faisant la sociologie du plaisir. Qu’il y ait une production de sens sur les phénomènes sociaux, que soit adoptée une posture critique pour dévoiler le fonctionnement de la société, que soient proposés des modèles d’analyse, que soient diffusées des connaissances en matière de plaisir alimentaire, il s’agit en retour d’essayer de prendre la mesure ou d’analyser les effets de ces connaissances pour éviter que l’on ne passe d’une forme probablement utile de libération du plaisir alimentaire, dans un contexte de nutritionnalisation galopant, à une injonction de plaisir, sous couvert d’une rationalisation excessive des comportements utiles à l’épanouissement. Lorsque Guillebaud mentionne le thème de la tyrannie contemporaine du plaisir dans l’histoire de la sexualité (1998), on peut aisément transposer cette question à la dimension de l’alimentation.
14 L’émergence seulement très récente et plus systématique du thème du plaisir dans les analyses en sociologie de l’alimentation s’explique du fait d’un intérêt de cette dimension au sein de la société. L’objet futile devient tout à coup l’objet d’enjeux sociétaux. Ces derniers se traduisent en demandes sociales dont la discipline doit s’emparer pour les reformuler sur le plan scientifique en des questionnements de recherche et des grilles d’analyse sociologique plus fines. On voit ainsi se déployer ou se redéployer toute une série de phénomènes explicatifs – certains plus visibles que d’autres – sur le plaisir alimentaire qui participent à la scientifisation d’arguments sociétaux renforcés ou réfutés car connotés en termes d’angoisses d’un « mauvais usage » du plaisir, ou, au contraire, mobilisés car ils servent des logiques de revendications et de positionnements défensifs contre l’hygiénisme nutritionnel. La vulgarisation, sur le plan médiatique, du devenir du plaisir, de sa place dans les modèles alimentaires, de son lien avec la santé, contribue aussi à sa problématisation scientifique.
15Ces arguments peuvent par ailleurs asseoir durablement les postures utilitaristes sur le rôle du plaisir dans l’alimentation des mangeurs contemporains. À la préoccupation sociale de savoir si le plaisir est compatible avec la santé et s’il n’entraîne pas une augmentation des comportements alimentaires compulsifs, du fait d’une possible addiction au plaisir, les réponses varient fortement. Le panel s’étend des liens, analysés dès la philosophie antique grecque, tenaillant le plaisir et la santé dans la dieta, (Foucault, 1984 ; Coveney, 2000) aux effets protecteurs du plaisir commensal sur la prévalence de l’obésité dans l’époque contemporaine (Rozin et al., 1999, 2006 ; Fischler, 2003, 2004 ; Fischler et Masson, 2008). Les discours médiatisés sur la commensalité peuvent, en quelque sorte, l’instrumentaliser pour justifier le plaisir pris à manger ; elle l’autorise en même temps qu’elle l’encadre. Dans ce contexte, l’ordre social, émanant de toutes les rencontres, est considéré comme le produit en apparence spontané des besoins et des désirs individuels, comme le seul effet de la connexion des intérêts. Les manières dont les hommes se relient les uns aux autres seraient toutes à concevoir comme des « rapports d’utilité », selon l’expression employée par Marx. Pour lui, les théories de l’utilité sont vues comme une entreprise de rationalisation intellectuelle de la société bourgeoise.
16La modernité alimentaire se traduit aussi par les coups de boutoir d’un utilitarisme s’appliquant depuis peu dans des postures diverses et parfois contradictoires s’intéressant au plaisir alimentaire. En réaffirmant le rôle du plaisir dans les processus éducatifs et de socialisations alimentaires, dans la régulation des comportements et le partage des responsabilités, dans la mise en place d’une relation moins anxiogène à l’alimentation ou dans la mise en œuvre de positionnement défensif en vue de désamorcer le processus de médicalisation de l’alimentation contemporaine, on voit se dessiner les contours d’une finalité pragmatique. Celle-ci peut tendre à une tentative de rationalisation des fonctions biologiques, psychologiques, sociologiques et culturelles du plaisir alimentaire et redonne une apparence nouvelle à la représentation utilitariste du plaisir dans les sociétés occidentales : elle peut être positive, mais aussi soumise à des normes prescriptives, voire injonctives, pouvant fonctionner sur le mode doctrinal. Nous pensons à une grille de lecture « psychologisante » du plaisir alimentaire, largement diffusée dans les médias ; grille de lecture, rappelons-le, aussi mobilisée par le passé en matière de plaisir sexuel et qui a pu conduire à des conséquences paradoxales : une libération du plaisir se transformant en injonction à en ressentir pour être heureux (Guillebaud, 1998). Au niveau des modes d’éducation alimentaire parentaux, faire « bon usage » du plaisir dans l’éducation alimentaire peut s’avérer alors plus complexe lorsqu’elle fonctionne comme un dogme. De plus, même si dans la culture française le partage des repas avec d’autres personnes est source de plaisir, les risques de la commensalité liés à un certain nombre de règles sociales (Sobal, 2000 ; Poulain, 2002) permettent de comprendre que manger avec les autres peut constituer une prise de risque à un niveau objectif (hygiène, contamination, contagion, regard), à un niveau psychologique ou biographique (intimité offerte dans la réception, jugement, expression des goûts) et enfin à un niveau symbolique (dons, contre-dons ou contamination symbolique). Dans les règles sociales composant le partage du repas, nombreuses sont les incitations manifestes ou latentes de prises alimentaires. La description qu’a dressée Barthes de la consommation du vin et des présupposés la sous-tendant en témoigne (Barthes, 1957). L’étalement dans la durée du plaisir de boire pour la joie de l’ivresse s’accompagne aussi d’un conformisme contraignant. La commensalité est ambivalente.
17En outre, ainsi que l’on a observé un processus de médicalisation puis de nutritionnalisation de l’alimentation contemporaine, si l’on poursuit l’analogie « nutrition/nutritionalisation », la thématisation du plaisir pourrait aboutir à un processus d’« hédonisisation », voire, dans sa forme poussée, d’« épicurisation » de l’alimentation (au sens familier qu’on attribue à l’hédonisme et à l’épicurisme ainsi que vulgarisés car renforcés par leur médiatisation et non au sens de leur doctrine philosophique). Cela pouvant se traduire par une rupture des allant de soi et une augmentation de la réflexivité visant à reconstruire la relation « mangeur-alimentation-plaisir » en vue du vivre-ensemble, du bien-être et de l’épanouissement de soi pour prendre, donner et recevoir du plaisir. Phénomènes pour lesquels il s’agit de rester attentif pour éviter une tyrannie du plaisir alimentaire dans les formes éducatives (le plaisir que les parents donnent aux enfants) ainsi que dans tous les autres domaines, comme les ressentis et les expériences de table.
18Il paraît nécessaire, au terme de ce parcours, de synthétiser notre position. Il ne s’agit ni de défendre la posture utilitariste ni de la critiquer, mais de discuter les processus sous-tendus par la thématisation du plaisir et les éventuelles conséquences que pourraient avoir certaines représentations utilitaristes du plaisir dans la société, plus particulièrement dans un contexte où les enjeux sur ces questions sont brûlants. Cela doit amener à réfléchir, à l’instar des initiatives proposées par Fischler, Corbeau et Poulain, dans l’héritage maussien ou bachelardien, aux dimensions symboliques en termes d’imaginaires sociaux ou de dons, perspectives critiques de la posture utilitariste. Nous pensons aussi qu’il s’agit de ne pas réfuter la posture utilitariste ouverte à l’altruisme.
19Ainsi, face à un objet d’une telle complexité, un des enjeux de la sociologie est de nourrir cette question. La production de données et de savoirs s’avère essentielle. Dans cette perspective, déployer par exemple une réflexion relative au plaisir dans divers espaces sociaux alimentaires n’est pas une action sans importance, ni dénuée de sens. Connaître comment chaque société s’organise autour du plaisir, c’est aussi connaître le fonctionnement de chaque société pour transposer un précepte platonicien. Le rôle « protecteur » du plaisir contre les maux de l’alimentation contemporaine doit être compris dans le contexte désenchanteur de la médicalisation et de la nutritionnalisation et dans les frontières du modèle alimentaire français, ceci réduisant le champ d’application à d’autres aires culturelles, et a fortiori limitant les interprétations sur son rôle protecteur. En effet, chaque modèle alimentaire doit être pensé culturellement pour en comprendre les dynamiques de transformations et/ou d’apparitions de certains facteurs. Si les aspects de régulation inhérents au plaisir commensal semblent fonctionner en faveur d’un ralentissement de la perte de sens dans l’alimentation, voire en faveur d’une relative stabilité des normes et des pratiques alimentaires, ce même plaisir commensal, pris dans un espace culturel différent de la France, comme les États-Unis – pour lesquels l’individualisme est une valeur –, peut revêtir alors une dimension contraignante en bloquant les facteurs de régulation alimentaire de l’individu. Il s’agit, d’une part, de circonscrire le rôle du plaisir à la dynamique et l’évolution propre du modèle alimentaire français et, d’autre part, de comprendre que chaque société s’organise différemment autour de cette question, ce qui en limite la portée ou d’éventuelles tentatives de transposition. Les effets positifs du plaisir peuvent apparaître néfastes dans d’autres univers culturels. Sur le plan décisionnel, le plaisir peut revêtir un statut entravant. Il faut réfléchir à déchiffrer la part de la raison « scientifique » de celle des préjugés culturels. D’une part, les caractéristiques du modèle alimentaire français ne lui sont sans doute pas exclusives, d’autre part, culturellement construites, elles ne pourraient quoiqu’il en soit être « plaquées » dans un contexte autre que celui dans lequel elles ont émergé.
20Si nous nous sommes attachés à décrire, à partir d’une analyse en échelle et matricielle, la place du plaisir dans les processus de socialisation alimentaire d’enfants et d’adolescents, il semble que la production de données, essentielle pour débattre de cette question dans et hors de la discipline, consisterait à inventorier différents aspects du plaisir dans plusieurs espaces sociaux alimentaires. La réflexion à laquelle invite Poulain autour de la notion d’« espace social alimentaire » (1997, 2005) incite à envisager la manière d’analyser, dans une dimension programmatique, la place du plaisir dans divers espaces culturels et sociaux. À travers ce concept, il serait possible de saisir comment les mangeurs se sont organisés pour donner forme à leurs désirs et à leurs envies ainsi qu’aux manières dont, historiquement et culturellement, ils ont façonné leurs relations au plaisir, ce qui aurait pu générer des dispositions vers le plaisir et/ou des dispositions par le plaisir (supra partie 3, chapitre 3). Une telle transposition du concept initial sur le thème du plaisir favoriserait la compréhension chez les mangeurs de leurs conceptions de l’alimentation, et finalement de leur humanité puisque le plaisir est une composante essentielle dans la vie des êtres humains que toutes les sociétés ont essayé, à leur façon, de modeler, de réguler, de contrôler, de disposer ou d’incliner. Ainsi, il s’agirait, pour chaque espace social étudié, d’inventorier le plaisir dans toutes les dimensions allant de l’ordre du mangeable au système alimentaire, en passant par l’espace du culinaire ou les temporalités.
Tableau 40. Le plaisir dans l’« espace social alimentaire ».
Le plaisir dans l’« espace social alimentaire » | |
Ordre du mangeable | Sensation et sens Bon-mauvais Plaisir-déplaisir Goût-dégoût Préférences alimentaires ; inclinations Plaisir partagé Principe de l’incorporation Goût et recherche du bon goût Morale des plaisirs |
Système alimentaire | Système de don, héritage symbolique, nourrir de plaisir, offrir Gastronomie Marketing alimentaire avec promesses d’activation du plaisir ou promesses gustatives Organisation de la filière : logiques de patrimonialisation, cuisines de terroir Ludo-alimentation « Fooding » |
Espace du culinaire | Cuisine Gastronomie Plaisir esthétique Goût et dégoût Préférences alimentaires |
Le plaisir dans l’« espace social alimentaire » | |
Espace des habitudes de consommation | Pratiques festives Restauration Plaisir commensal, partage, échange Rituels Éducation au plaisir |
Temporalité | Temporalité du plaisir : court, long, éphémère, différé Souvenir alimentaire Héritage symbolique Rituels d’initiation au plaisir Formation au plaisir |
Différenciation sociale | Systèmes de valeurs du plaisir Plaisirs esthétiques, « bon » goût Recherche du « bon » goût, distinction Plaisir « inférieurs » versus « supérieurs » Plaisirs « corporels » versus « intellectuels » Morale des plaisirs Déterminants socio-culturels du plaisir |
21 Il est sans doute difficile, à l’heure actuelle, de s’éloigner d’une vision utilitariste du plaisir dominante en raison de l’actualité de cette question et de sa thématisation ainsi que de l’importance, en général, des représentations utilitaristes caractérisant les sociétés occidentales.
22En outre, le travail de problématisation scientifique en cours de réalisation sur cette question rend difficile une certaine distanciation en raison des demandes sociales de connaissances s’inscrivant dans l’urgence et la courte durée. Il ne faut pas oublier que l’histoire de la pensée occidentale sur le plaisir à travers les siècles s’est attachée à réfléchir aux conditions de son « bon usage ». Poser l’existence de représentations utilitaristes héritées de la modernité implique de prêter une attention aux rémanences ou nouvelles formes que pourrait prendre le « bon usage » du plaisir dans les sociétés occidentales contemporaines. Ces représentations utilitaristes ont partie liée avec un utilitarisme au service d’un projet de société en raison des enjeux inhérents à la modernité alimentaire et à la socialisation.
23L’expérience de la modernité questionne la place et le rôle des enfants ainsi que des adolescents dans la société. Des représentations sur l’enfance moderne semblent laisser poindre trois imaginaires sur l’enfant. Le premier est celui d’un enfant « morcelé », d’une innocence enfantine « abîmée » par la modernité. Le deuxième s’inscrit dans une conception de l’enfance en quelque sorte « travestie » et « viciée » par la modernité ; l’expérience de la pluralité et la réflexivité leur permettant de se distancer, les enfants seraient précoces, plus enclins à se faire entendre et à abuser de leur capacité à contourner les règles2. Le troisième, enfin, renvoie – en creux – au désir de retrouver l’enfant « innocent ».
24Finalement, à travers la transmission auprès des jeunes générations des valeurs positives du plaisir, pourrait transparaître un projet de société : celui de renouveler à travers elles le vivre-ensemble, le bonheur et le bien-être pour tous avec l’imaginaire positif l’imprégnant.
25Cette direction de réflexion pourrait aider à mieux comprendre et la place donnée au plaisir et celle accordée aux enfants et adolescents dans les sociétés.
Notes de bas de page
1 Réflexion amorcée dans le chapitre 3 de la partie 1.
2 Représentation d’autant plus intéressante à analyser que, longtemps, la conception d’une « naïveté » enfantine a prévalue dans les représentations. De ce point de vue, l’intérêt sur l’enfant traduirait une inquiétude relative à l’absence de « prises » des adultes sur des enfants « trop » matures.
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