1 Pour le texte de cette lettre, nous renvoyons le lecteur à l’édition de F.G. Diercks, Sancti Cypriani epistularium, CCL 3B, Turnhout, Brepols, 1994, p. 177-182. La correspondance de Cyprien a été éditée et traduite en français par le chanoine Bayard, CUF, 2 vol., Paris, 1925 (2e éd. 1962 ; t. 1, p. 92-95 pour l’Ep. 37). Une traduction anglaise et un riche commentaire ont été publiés par G. Clarke, The Letters of St. Cyprian of Carthage, Newman Press, vol. 1, coll. « ACW », n° 43, 1984 : Letters 1-27 ; vol. 2, coll. « ACW », n° 44, 1984 : Letters 28-54 ; vol. 3, coll. « ACW », n° 46, 1986 : Letters 55-66 ; vol. 4, coll. « ACW », n° 47, 1989 : Letters 67-82. ACW est le titre abrégé usuel d’une collection donnant en traduction anglaise les œuvres des Pères de l’Eglise : Ancient Christian Writers- The Works of the fathers in translation. J’ai traduit moi-même les passages de Cyprien que je cite dans cet exposé.
2 Sur la persécution de Dèce, on pourra consulter R. Selinger, The Mid-Third Century Persecutions of Decius and Valerian, Frankfurt-am-Main, Peter Lang, 2002 et Y. Duval, « Le début de la persécution de Dèce à Rome (Cyprien, Ep. 37) », RÉA, no 46 (2000), p. 157-172, article repris par l’auteur dans Les chrétientés d’Occident et leur évêque au iiie siècle. Plebs in ecclesia constituta (Cyprien, Ep. 63), Paris, Institut d’Études Augustiniennes, 2005, p. 175-189 (sur la date de la mort du pape Fabius et celle de l’incarcération de Moïse et Maxime, p. 179-185).
3 S’adressant aux confesseurs romains dans le courant de l’été 250, Cyprien souligne avec exaltation le fait qu’ils ont été les premiers dans l’Empire romain à livrer le combat spirituel voulu par Dieu et à mourir glorieusement (Ep. 28, 1, 1).
4 Ep. 37, 2, 1, l. 32 : lam reuertentis anni uolubilem circulum (« Le cycle qui fait déjà revenir une année dans sa révolution »).
5 C’est le cas de Moïse, l’un des destinataires de l’Ep. 37, nommé dans l’adresse. L’évêque n’était donc pas encore informé de ce décès lorsqu’il composa sa lettre, et Celerinus avait quitté Rome avant d’apprendre la nouvelle (le martyrologe romain date le décès du 25 novembre 249), et donc n’avait pu la diffuser. Voir Y. Duval, Les chrétientés..., p. 185-188.
6 Cicéron, Tusculanes 3, 75 : Tollere aegritudinem funditus.
7 Voir K. Thraede, Grundzugegriechisch-römischer Brieftopik, Munich, Beck, coll. « Zetemata », vol. 48, 1970, notamment p. 149 sqq. pour Cyprien.
8 Ep. 37, 1, 1, l. 5 : Fidei ac uirtutis uestrae comes (« Votre compagnon dans la foi et la vaillance »).
9 Ep. 39, 2, 3 : Lucent in corpore glorioso clara uulnerum signa, eminent et apparent in neruis hominis ac membris longa tabe consumptis expressa uestigia. Sur Celerinus, voir Y. Duval, Les chrétientés..., p. 235 sqq. (chapitre intitulé « Celerinus, mérites personnels et saint lignage »). Celerinus fut libéré assez rapidement, puisqu’il quitta Rome pour l’Afrique, sans doute début novembre 250, avant la fermeture des mers.
10 Ep. 37, 1, 1, l. 7-9 : Vniuersos uos in illo ueniente conspeximus [conspicere retrouve ici son sens étymologique], et cum caritatem circa me uestram dulciter ac saepe loqueretur, in eius sermonibus uos audiebamus.
11 Sur le motif christianisé de l’union des cœurs, voir K. Thraede, Grundzüge..., p. 109 sqq.
12 Ep. 37, 4, 1 : Nunc est [...] ut memores meisitis, [...] simque in precibus et orationibus uestris.
13 Ep. 37, 1, 2, l. 10-11 : Vobiscum illic in carcere quodammodo et nos sumus ; l. 14 : Vos illic confessio, me affectio includit.
14 Cependant - et l’évêque ne le sait que trop - les titres de gloire ne vont pas sans les souffrances, et il ne peut partager les premiers sans partager les secondes. C’est peut-être ce que veut suggérer la phrase « pesamment élaborée », selon l’expression de G. Clarke, The Letters..., vol. 2, p. 173, Diuinae dignationis ornamenta uobiscum sentire nos credimus qui sic uestris cordibus inhaeremus. (l. 11-12) Faut-il donner à sentire son sens concret (« sentir », « éprouver ») et comprendre : « Avec vous, nous le croyons, nous percevons la marque des distinctions (nous éprouvons dans notre chair les distinctions) dont la grâce de Dieu vous décore, si fort est notre attachement à vos cœurs » ?
15 Cicéron, Tusculanes 3, 76 : Malum illud omnino non esse.
16 Loc. cit. : Abducere a malis ad bona.
17 Ep. 31, 5, 1-2 : Nemo hanc dilationis nostrae moram clementiam iudicet, quae nobis officit, quae impedimentum gloriae facit, quae caelum differt, quaegloriosum Dei conspectum inhibet. In huiusmodi enim certamine et in huiusmodi ubi decertat fides proelio moram martyres non distulisse uera clementia est. Pete ergo, Cypriane carissime, ut nos [...] uiribus potentiae firmet ac roboret, [...] producat iam ad propositi certaminis campum.
18 Ep. 37, 1, 3, l. 20-21 : Sperantes iam sola caelestia et tantum diuina meditantes.
19 Ep. 37, 1, 3 l. 21-28.
20 Ep. 37, 3, 1, l. 61-62 : Cotidie spectaculum Deo uestris uirtutibus exhibetis.
21 Ep. 37, 3, 2, l. 66 : Poena illic subicitur. La prison est désignée par locus poenalis (chap. 2, 1, 1. 36) et receptaculum poenale (chap. 3, 1, l. 65).
22 Quintilien, Institutions oratoires 3, 7, 6 : Proprium laudis est res amplificare et ornare.
23 Ep. 37, 3, 2, l. 70 : Non nisi Deipraecepta [...] cogitantur (« [dans votre cœur] il n’y a d’autre pensée que les préceptes de Dieu ») ; 3, 2, l. 81-85.
24 Ep. 37, 4, 2 : Disciplinam cum uirtute iunxistis, ad timorem Dei ceterosprouocastis, martyria uestra exempla fecistis.
25 Titre d’un chapitre de L. Pernot, La rhétorique de l’éloge dans le monde gréco-romain, Paris, Institut d’Études Augustiniennes, 1993, p. 710.
26 Quintilien, Institutions oratoires 3, 7, 28 : Totum habet aliquid simile suasoriis, quia plerumque eadem illic suaderi, hic laudari solent. Trad. Jean Cousin.
27 Sénèque, Ep. 94, 39 : Omnia ista [l’auteur vient d’énumérer divers genres littéraires, parmi lesquels les consolations et les éloges] monitionum genera sunt : per ista ad perfectum animi statum peruenitur. Trad. H. Noblot : « Chacun de ces genres est une forme dérivée de l’avertissement ; c’est par leur moyen que l’âme aboutit à la perfection absolue ».
28 Cicéron, Tusculanes 3, 77 : Alienum autem tempus docendi (« Ce n’est pas le moment d’instruire »).
29 S.K. Stowers, Letter Writing in Greco-Roman Antiquity, Philadelphia, Westminster John Knox Press, 1986, p. 77 : selon l’auteur, l’éloge peut être conçu comme un « type d’exhortation » ; dans La rhétorique..., p. 680 sqq., L. Pernot montre, par l’analyse de nombreux textes, que « l’éloge veut persuader ».
30 Ep. 37, 1, l. 26-28 : Semel uincit qui statim patitur. At qui manens semper in poenis congreditur cum dolore nec uincitur, cotidie coronatur.
31 Le mot fauentia n’est attesté qu’une fois, en dehors de celle-ci, cinq siècles plus tôt, chez le poète tragique Accius (Trag. 511). Le grammairien Festus met l’accent sur l’idée d’heureux présage contenue dans ce mot (cf linguis fauete : littéralement « ayez un comportement de bon augure avec vos langues » = « faites silence »). Selon un procédé de la seconde sophistique, Cyprien se livre aussi à la recomposition du sens à partir de l’étymologie : ainsi pour le verbe conspicere, « apercevoir », employé ici (l 7) avec le sens de « regarder entièrement », ou pour le verbe praelegere, « longer », employé ici (l. 25) avec le sens de « choisir d’avance ».
32 J. Fontaine, « Un cliché de la spiritualité antique tardive : stetis immobilis », dans Romanitas-Christianitas (= Mélanges J. Straub), Berlin-New York, de Gruyter, 1982, p. 528-552.
33 L. Pernot, La rhétorique..., p. 84.
34 M. Durry, Éloge funèbre d’une matrone romaine (éloge dit de Turia), Paris, Les Belles Lettres, 1950, p. XXVII.
35 J. Fontaine, Aspects et problèmes de la prose d’art latine au iiie siècle. La genèse des styles latins chrétiens, Torino, Bottega d’Erasmo, 1968, p. 175. Pour un commentaire détaillé de l’hymne en prose figurant dans la Lettre 37 de la Correspondance de Cyprien, on se reportera aux p. 172-176 de cet ouvrage.
36 Ainsi, les lettres de Cicéron à Fadius (Fam. 5, 18 ; Ep. 119 Beaujeu), ou à Nigidius Figulus (Ad familiares 4, 13 ; Ep. 498 Beaujeu), de Gallion à Ovide (lettre perdue, mentionnée dans Pontiques 4, 11), etc.
37 G. Clarke, The Letters..., vol. 2, p. 171-172 : « Penning such a lyrical composition was itself an act of charity. »