Annexes
p. 395-402
Texte intégral
1 Les documents I, II et III sont transcrits en respectant l’orthographe utilisée dans les ouvrages d’où ils sont tirés. Nous avons cependant remplacé le J par le I et réciproquement, si nécessaire, pour la compréhension. De même pour le U et le V. Conformes aux usages de la fin du xvie siècle et du xviie siècle, la ponctuation, la syntaxe, la grammaire et l’orthographe de ces textes peuvent parfois nous troubler. En outre, certains mots sont abrégés sans qu’un tilde ne signale l’abréviation.
Document I. Extrait du Phutopinax, par Gaspard Bauhin, en 1596
2Source : Phutopinax seu enumeratio plantarum ab herbariis nostro seculo descriptarum, cum earum differentis, additis aliquot hactenus non sculptarum plantarum vivis iconibus, in 4, Sebastianum Henricpetri, 1596, p. 301-302. Bibliothèque d’étude et de conservation, Besançon : 232313. Cet exemplaire provient de l’ancienne bibliothèque publique de l’abbaye Saint-Vincent de Besançon.
Hoc solanum vocamus propter formam aliquam foliorum, fructuum, quae Malis aureis, deinde florum, qui Malis insanis, tum seminis quod cum solanis convenit, et propter graviorem aliquem ipsius odorem solanis communem. Pappar Hispanorum, aliquando et Indorum nomine semen missum, quod in hortis nostris facile quasi in fruticem ramosam excrevit, ut in horto cl. doctoris Martini Chmielecij qui et flore albo habuit ; cuius figuram coloribus delineatam, sed sine fructu, et radicum appendicibus clariss (issimus) doctor Laurentius Scholtzius Vratislaviensium medicus (in cujus cultissimo horto crevit) pro veteri nostra amicitia transmisit.
3Traduction proposée :
Nous la nommons solanée à cause des formes des feuilles et des fruits, qui sont celles de la Malus aureus ; puis de la forme des fleurs, qui est celle de la Malus insanis ; enfin de la semence qui correspond à celle des solanées ; et à cause de l’odeur assez forte qu’elle a en commun avec les solanées. La semence que nous avons reçue, parfois nommée pappar des Hispaniques et pappar des Indiens, a grandi facilement dans nos jardins, devenant un arbrisseau aux nombreux rameaux ; de même, dans le jardin de l’illustre docteur Martin Chmielecii ; lequel eut aussi des fleurs blanches. Le dessin colorié de ces fleurs, mais sans le fruit, et celui des racines en forme d’appendice m’a été transmis, au nom de notre ancienne amitié, par le très illustre docteur Laurent Scholtzius, médecin à Bratislava (dans le très admirable jardin duquel [le tubercule] a poussé.
Document II. Extraits de l’Historiae plantarum, par Jehan Bauhin en 1651
4Source : Johanne Bauhino, Joh. Henrico Cherlero, Dominicus Chabraeus, Fr. Lud. Agraffenried, Historiae plantarum universalis, Ebroduni, MDCLI [1651], III. Exemplaire conservé à la Bibliothèque municipale de Montbéliard : FRM 529-III1.
Tandem relatum sibi ait apud Burgundos [qui ex ramis in terram reclinatis, terraque tectis propagabant, quo pluta tubera acquirerent] harum radicum usum interdictum, ut quibus persuasum sit, earum usum lepram causaret & artiscokos indicos vocari. (III, p. 622).
Praeterea planta illa, quam Burgundos artiscokum indicum vocare refert, a pappa americano, sive solano eius tuberoso esculento, plurimum differt (III, p. 623).
Nostrates, inquit Casp. Bauhinus, aliquando tuberum modo sub cineribus assant, & cuticula ablata, cum pipere comedunt ; alii affatas & mundatas, in taleolas dissecant & jus pingue cum pipere affundunt & comedunt, ad venerem excitandam, semenque augendum ; alii & tabidis quoque utiles esse volunt, quod bonum alimentum praebeant, & non minus quam castaneae & pastinacae alant, & flatulentae sint. (III, p. 623).
5Traduction proposée :
Enfin, on lui a relaté, dit-il, que chez les Bourguignons [qui les multipliaient en enfouissant certaines branches dans la terre, de façon à obtenir plus de tubercules], l’usage de ces racines a été interdit, au prétexte que leur usage causerait la lèpre, et qu’on les appelle artichauts des Indes.
En outre, cette plante que, dit-on, les Bourguignons nomment artichauts des Indes, ne ressemble pas du tout à la papa américaine, ou à sa solanée tubéreuse, comestible.
Chez nous, dit Gaspard Bauhin, on cuit parfois simplement le tubercule sous la cendre, et après l’avoir épluché, on le mange avec du poivre. Les uns le coupent en tranches cuites et nettoyées, versent de la sauce grasse au poivre et le mangent de façon à exciter le désir de Vénus et à améliorer la qualité du sperme. Les autres les utilisent même s’ils sont sales, parce qu’ils les tiennent pour un bon aliment, qu’ils nourrissent autant que les châtaignes et les panais et parce qu’ils sont flatulents.
Document III. Extrait du Prodromos theatri botanici, par Gaspard Bauhin, en 1671
6Source : « Prodromos theatri botanici in quo plantae supra sexcentae ab ipso primum descriptae cum pluris figuris proponuntur », in 4, Basileae, Joannis Regis, 16712.
Sic nostrates, aliquando tuberum modo sub cineribus assant, et cuticula ablata, cum pipere comedunt : alii assatas, et mundatas, in taleolas dissecant, et jus pingue cum pipere affundunt et comedunt, ad venerem excitandam, semen augendum : alii et tabidis utiles volunt, cum bonum alimentum praebeant : non minus quam castaneae et pastinacae alunt, et flatulentae sunt. Relatum mihi, nunc apud Burgundos harum radicum usum interdictum, persuasi earum lepram causare, et artiscokos Indicos vocati.
7Traduction proposée :
Ainsi chez nous on fait cuire la truffe simplement sous les cendres, et les cuticules ayant été enlevées (ou : après l’avoir épluchée), on la mange avec du poivre. Les uns la coupent en tranches cuites et nettoyées, versent (ou : répandent) de la sauce grasse avec du poivre, et les mangent pour exciter le désir de Vénus et accroître la semence. Les autres les utilisent même s’ils sont sales puisqu’ils les tiennent pour un bon aliment. Les truffes ne sont pas moins nourrissantes que les châtaignes et les panais, et sont flatulentes. Mais on m’a relaté que maintenant en Bourgogne [= Franche-Comté de Bourgogne] la consommation de ces racines est interdite, parce qu’on est persuadé qu’elle causent la lèpre ; on les y appelle artichauts des Indes.
Document IV. Transaction entre une Roubaisienne et son fils, marchands de frites à Roubaix (25 novembre 1868)
8Minutes de Me Taquet, notaire à Roubaix [aimable autorisation de Me Brocard]
Par devant Me Charles Taquet, notaire à la résidence de Roubaix soussigné […], ont comparu :
Mad. Virginie Happe, veuve de M. Florimond-Joseph Tiberghien, marchande de pommes de terre frites, demeurant à Roubaix,
Et M. Florimond-Joseph Tiberghien, son fils, marchand de pommes de terre frites, demeurant à Roubaix,
lesquels ont dit et arrêté ce qui suit.
Il a existé entre les comparants depuis six années environ une société de fait pour l’exploitation d’un commerce de pommes de terre frites.
Aujourd’hui, les parties voulant dissoudre cette société s’en sont partagés l’actif et le passif de manière à n’avoir plus rien à se réclamer l’un à l’autre. M. Tiberghien fils reprendra pour son compte les objets mobiliers ci-après, savoir :
La petite barraque [sic], un comptoir en dépendant, trois vieux fourneaux, deux pots de fer, une bonne et une mauvaise bassine à pommes de terre, une boîte au sel, une boîte au sucre, une douzaine d’assiettes, une grande et une petite écumette, seize vieux rideaux avec bandes rouges, une étagère, un grand comptoir, un grand fer à gaufres et trois petits fers à rosaces.
M. Tiberghien fils rendra à Mad. sa mère huit mètres cinq centimètres de toile qu’il s’était attribué à tort.
Mad. veuve Tiberghien acquittera seule les deux dettes sociales ci-après, à savoir :
Trente francs dus à M. Chevalier loueur de voitures
Et le prix d’un chapeau fourni par M. Beghin chapelier à Roubaix, ledit chapeau évalué dix francs.
Mad. veuve Tiberghien conservera tout le surplus de l’actif social.
Sur l’interpellation qui lui en est faite par Mad. veuve Tiberghien, M. Tiberghien fils déclare n’avoir rien à réclamer à cette dernière à raison de la communauté de biens qui a existé entre ladite dame et son défunt mari, attendu que cette communauté était nulle et que ledit Sieur Tiberghien n’avait aucune fortune personnelle, en conséquence M. Tiberghien fils déclare renoncer à toute action en revendication qu’il peut avoir à ce sujet contre ladite dame sa mère.
Dont acte.
Fait et passé à Roubaix en l’étude dudit maître Taquet.
L’an mille huit cent soixante-huit, le 25 novembre
Et Mad. Tiberghien ayant déclaré ne savoir écrire ni signer, de ce interpellé par Me Taquet, M. Tiberhien fils a seul signé avec le notaire et les témoins après lecture faite.
Document V. Comparaison des menus du Tai Ping Koon et de Mido
9Données collectées sur la période 2007-2009.
10Pour représenter les tea cafés, on a choisi Mido parce que c’est l’un des plus anciens (fondé en 1950) et qu’il sert des plats que l’on retrouve dans la plupart des tea cafés. De plus il a été très souvent choisi par Wong pour le tournage de ses films.
Notes de bas de page
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Un aliment sain dans un corps sain
Perspectives historiques
Frédérique Audouin-Rouzeau et Françoise Sabban (dir.)
2007
La Pomme de terre
De la Renaissance au xxie siècle
Jean-Pierre Williot et Marc de Ferrière le Vayer (dir.)
2011