La représentation de la noblesse urbaine en Allemagne médiévale : les tournois et les premiers livres de famille*
p. 431-445
Texte intégral
1En 1516, Christoph Scheurl, humaniste de Nuremberg et syndic du conseil municipal, décrivit à son ami Johann Staupitz, vicaire général de l’ordre des Augustins, la manière selon laquelle la res publica nostra, autrement dit la commune de Nuremberg, était gouvernée. D’emblée l’auteur précisa ce qu’était le senatus, le conseil, constitué de 42 senatores, 34 patricii et 8 plebeii1. C’est la première fois — mais nous sommes déjà au seuil des Temps modernes — qu’on utilise l’appellation romaine — patricii — réservée à l’aristocratie sénatoriale, immédiatement associée d’ailleurs avec la notion classique — et qui lui fait pendant — de membres de la plebs — plebeii —, pour évoquer la situation d’une ville de l’Allemagne médiévale2. Antérieurement à ce texte officiel, Conrad Celtis avait parlé des patres dans la cité, à côté des mercatoreset de la plebs, dans sa laus urbis « Norimberga », de 1495/15023.
2À cause de ce témoignage tardif, les spécialistes ont parfois hésité ces derniers temps à employer le mot « patriciat » pour le Moyen Âge. Et, pour désigner la couche dominante, on a préféré l’appellation Meliorat, une notion qui dérive du terme meliores — les meilleurs — couramment utilisé au Moyen Âge4. Mais cette appellation collective, au demeurant assez floue, n’est qu’une parmi bien d’autres : on entend parler également de seniores (vieux), de nobles, de riches, d’oisifs (otiosi, Mùβiggänger), de lignées (Geschlechter) ou simplement de Bürger pour désigner la couche supérieure et la distinguer de la commune (Gemeinde).
3La diversité des appellations correspond à la diversité des structures sociales dans telle ou telle ville : ici, on aura une couche moyenne (Mittelschicht) bien marquée qui arrive à pénétrer dans la couche supérieure (Oberschicht) par le jeu des mariages, là, elle fera défaut. Ce qui est plus important à prendre en considération que la question de la terminologie. Il est néanmoins symptomatique que ce soit précisément à propos de Nuremberg que la notion romaine de patricii se soit imposée à notre observateur humaniste5. Car, dans cette ville, de manière précisément atypique, la couche des artisans est restée faible pendant tout le bas Moyen Âge. À cause de la domination incontestée des lignées, des Geschlechter — c’est le terme allemand que j’emploierai par la suite — les corporations n’ont pu se former, si bien qu’il n’y a pas eu non plus de « révolution des corporations », la proportion — 34 patricii contre 8 plebeii (représentant les huit métiers de la ville) au sein du conseil interne — reflétant assez nettement le rapport des forces6. Aussi Nuremberg passe-t-elle pour un cas particulier parmi les villes allemandes du bas Moyen Âge, quoique la forte présence des « honorables » (Ehrbarkeit), le groupe qui fait suite dans la hiérarchie, au sein du conseil externe traduise son poids économique7.
4Restons encore un moment avec la lettre de Scheurl sur la res publica de Nuremberg, car ses circonstances nous rapprochent du sujet de ma conférence, les formes de représentation de la noblesse urbaine en Allemagne. Cette esquisse de la situation nurembergeoise trouva apparemment tout de suite un écho favorable auprès des autorités. Ce qui n’a rien d’étonnant, l’existence de l’oligarchie des patricii, dont les ancêtres sont réputés avoir toujours le haut du pavé à Nuremberg, y étant célébrée comme un fait divin et naturel et le gouvernement de la cité ne pouvant de ce fait échoir aux « parvenus » (advenae) et aux plebeii. Car tout pouvoir vient de Dieu (saint Paul, Lettre aux Romains, 13, 1) et l’art de bien gouverner n’est concédé qu’à très peu de gens qui semblent être dotés d’un talent (ingenium) particulier par le Créateur de toutes choses et aussi par la nature. Le patriciat : c’est le cercle des personnes dont le monopole politique est défini par une sagesse spéciale et par la naissance.
5Cette légitimation du pouvoir patricien, dont la réalité historique a à juste titre été mise en doute par la recherche ces dernières années8, parut alors mériter un écho plus charge et une traduction « officielle » en fut immédiatement préparée9. On buta sur la notion de patricii que l’on rendit par une paraphrase : 34 « auβ den edeln geschlechten der alten wappens genossen » ou encore « auβ den alten geschlechten »10. Une origine ancienne et noble ainsi que l’appartenance au groupe de ceux qui ont le droit de porter des armoiries depuis longtemps11 — ce sont les traits essentiels des patriciens nurembergeois. On touche ainsi aux deux domaines importants de la tradition familiale12 et de la société nobiliaire13, caractérisée par ses blasons et ses pratiques culturelles. On pouvait s’attendre à ce que ce soient justement ces deux domaines qui aient de l’importance pour la représentation du patriciat. Ce que l’on voit immédiatement, ne serait ce qu’en prêtant attention à la façon dont cette lettre sur le bon gouvernement de la louable ville de Nuremberg (das gute regiment der loblichen stat Nurnberg) a été officiellement conservée : dans les trois codices du xvie siècle elle se trouve associée à des textes concernant les Geschlechter, leurs mariages et leurs armoiries14.
6Voici mis en place le cadre idéologique dans lequel a été élaborée la représentation du patriciat, à Nuremberg, mais aussi dans beaucoup d’autres villes comme Cologne, Lübeck ou Bâle, pour n’en citer que quelques unes : d’un côté la lignée et son fleuron actuel, d’un autre côté la Wappengenossenschaft qui renvoie à l’organisation de la société en ordres (Stände). Quelles sont à présent les formes de représentation déployées par le patriciat pour donner à voir ces deux traits essentiels qui le caractérisent ? A quoi s’ajoute une deuxième question : dans quelle mesure ces conditions familiales et personnelles requises par le statut patricien étaient-elles liées à la prétention d’exercer une domination publique au sein du conseil municipal ? Pour y répondre, je commencerai par donner un aperçu du « style » de représentation pratiqué par le patriciat, tel que l’historiographie allemande contemporaine l’a dégagé, puis je m’attaquerai plus précisément à mes deux sujets — celui des tournois et celui des livres de famille, en privilégiant l’exemple de Nuremberg.
7En parlant à l’instant de « style de représentation », je n’ai fait que reprendre l’expression Repräsentationsstil, employée par le médiéviste Hartmut Boockmann, de l’université de Gottingen, prématurément décédé l’année passée15. C’est grâce à lui — ainsi qu’à Peter Johanek et à quelques autres — que l’historiographie urbaine allemande, trop longtemps orientée vers les problèmes juridiques, économiques et sociaux du patriciat, s’est récemment ouverte aux aspects culturels et intellectuels et, ce faisant, aux rapports entre le monde noble et le monde bourgeois, tel qu’ils sont consignés dans les témoignages écrits et monumentaux16. Noblesse urbaine, noblesse et ville au Moyen Âge : c’est en référence à ces mots-clés que toute une série de publications ont vu le jour en Allemagne au cours des dernières années17. Le sujet est en vogue chez les historiens, bien après sa découverte par les germanistes. Ce qui fournit de bonnes bases à cette étude.
8Que peut-on à présent rassembler sur ce thème des « formes de la représentation patricienne » ? Le mieux est d’organiser ce matériau abondant et divers autour des deux aspects que nous avons déjà rencontrés à propos du discours sur les patriciens, tenu à Nuremberg en 1516 : d’un côté le monde de la famille et des individus, d’autre part celui du groupe et de l’ordre (Stand) social18. Ce qui ne signifie pas que ces deux domaines doivent être rigoureusement séparés ! C’est précisément leur proximité et leur entrecroisement qui font l’intérêt du sujet.
9Commençons par le monde de la famille et des individus. En ce domaine, il nous faut mentionner ces signes monumentaux de représentation patricienne que sont les demeures urbaines, les Geschlechtertürme et les Geschlechterburgen, comme par exemple, au xiiie-xive siècle, à Ratisbonne, la maison des Runtinger, une importante famille de marchands19. On a conservé dans ces palais de multiples fresques ayant une fonction de représentation interne. Dans la demeure des Overstolz à Cologne, ou dans celle « zum Weingarten » à Constance, les scènes de tournois donnent à voir le style de vie chevaleresque et agonistique des habitants — à eux-mêmes et surtout à leurs hôtes20. Par ailleurs, il y a aussi des exemples de représentation de la tradition familiale avec un ancrage historique : une gravure du début du xviiie siècle nous permet de savoir qu’à Ratisbonne, dans la demeure des Dollinger, datant des années 1300, il y avait un groupe sculpté montrant le roi Henri Ier (l’oiseleur) et l’ancêtre-fondateur (Stammvater) de la famille Dollinger en plein combat chevaleresque avec le prince païen Krako21. La mémoire familiale étant ici associée à ce personnage important que fut le premier « roi allemand » !
10Les propriétés acquises à la campagne par les patriciens ont joué un rôle comparable. À maintes reprises, elles devinrent un élément du nom porté par la « maison », comme, par exemple, à Constance, avec la famille patricienne des Blarer qui s’est appelée « Blarer von Giersberg » du nom du château qu’elle possédait en Thurgovie22. L’exemple des Blarer peut également servir à illustrer deux autres formes de représentation patricienne : la fondation d’hôpitaux, de chapelles, d’autels et de vitraux et la peinture de chevalet23. Sur le tableau votif, représentant la mort de Marie, réalisé au milieu du xve siècle pour la chapelle de l’hôpital de Saint-Esprit, sont représentées, sur le tableau et dans le texte qui l’accompagne, trois générations de la famille Blarer, réparties sur plusieurs siècles24. D’autre part, Heinrich Blarer a fait faire son portait en 1460 : il est représenté avec le ruban de l’ordre du pichet (Kannenorden), institué par l’empereur Frédéric III — autrement dit une représentation du statut personnel surmontant le cadre urbain25.
11Tandis qu’ici c’est la proximité du patricien par rapport à l’empereur qui est rappelée, les patriciens de Nuremberg, Stephan et Lukas Paumgartner, se firent peindre sous les traits de saint Georges et de saint Eustache par Albrecht Durer sur les volets latéraux du retable — le panneau central représente la Nativité du Christ — fondé sur l’autel de sainte Catherine, la représentation patricienne étant ainsi intégrée dans le monde des saints médiévaux26. Restent encore à mentionner comme autres monuments les sépultures héréditaires des familles patriciennes dans les églises de leur ville, par exemple celle de la famille Jude de Cologne à Sainte-Marie-au-Capitole, fondée en 1281 par le chevalier Daniel Jude27.
12Je ne mentionnerai à présent que brièvement les formes écrites de représentation patricienne, ayant trait à la famille et aux individus, parce que nous nous en occuperons plus tard : à savoir les récits de pèlerinage et de voyage, qui connaissent une forte croissance dans la seconde partie du xve siècle28, et les livres de famille du xive et surtout du xve siècle, à propos desquels le médiéviste de Berne, Urs Martin Zahnd, a écrit un article important29. Ces témoignages sont particulièrement précieux pour nous parce qu’ils reflètent une double représentation : d’une part sous la forme d’une mise par écrit de l’histoire personnelle et familiale, d’autre part à travers les dates et faits eux-mêmes. C’est ce que l’on peut montrer très nettement à partir de l’exemple du voyage à Jérusalem, entrepris en 1479-1480 par les patriciens nurembergeois Hans Tucher et Sebald Rieter, qui a eu une postériorité écrite très variée et pleine d’enseignements pour notre propos. J’y reviendrai.
13Mais au préalable, il nous fait dire quelques mots sur les domaines où le patriciat donne collectivement une représentation : sur ce point, notre attention doit se porter particulièrement sur les sociétés et confréries. En ville, une Trinkstube commune leur servait de lieu central de sociabilité ; cette Stube donnant dans bien des cas son nom à la société30. Je me bornerai à citer la célèbre Richerzeche de Cologne, la société Alten-Limburg de Francfort, la Herrentrinkstube de Nuremberg ou la Hohe Stube de Bâle31. Ici encore, Constance peut nous servir d’exemple utile : la société des Geschlechter « zur Katz » s’y est reconstituée dans les années 20 du xve siècle face à la classe forte des métiers, et a fait construire une maison nouvelle dans la Mùnstergasse : mêlant une architecture démodée — le bossage — et une élégante façade rappelant celle des palais, ce bâtiment semble représenter l’idéologie de cette société patricienne d’une double manière. D’une part, en rappelant le temps de l’architecture à bossage, ce temps glorieux des Staufen où, à Constance, à la différence de l’époque contemporaine de la construction, la puissance des Geschlechter était encore inébranlée. D’autre part, en faisant allusion au Palazzo Vecchio, le siège du magistrat florentin, voulant ainsi exprimer clairement, face à la puissante bourgeoisie des corporations, sa prétention à détenir le pouvoir32.
14Il faut faire attention à la langue des sources : lorsque l’empereur Frédéric III fit admettre, en 1465, son familier Konrad Grünenberg et le frère de ce dernier, Hans, dans la société de « Katz », il parla des bourgeois (burgern) à Constance, « die man nennet der Alten geslecht der gesellschaft auf der Katzn »33. La formulation fond ensemble les deux éléments : les Geschlechter représentent la « Katz », et la « Katz » représente les Geschlechter !
15Quel style de représentation ces Geschlechter et ces sociétés pratiquaient-ils ? Pour Constance ainsi que pour beaucoup d’autres villes — Cologne par exemple34 — nous entendons parler des tournois et de la danse comme des formes de la sociabilité patricienne. D’une façon plus générale, on parlera de culture nobiliaire et chevaleresque, et il est intéressant de voir comment ces fêtes — le tournoi ainsi que la danse — ont pu devenir des lieux symboliques de distinction sociale aussi bien pour la noblesse rurale (dès le début du xve siècle) que, en partie plus tardivement, pour la noblesse urbaine. Lors du tournoi organisé à Schaffhouse, en 1436, par la chevalerie on n’admit au tournoi et à la danse que ceux qui pouvaient faire la preuve de quatre ancêtres au sein de la chevalerie35 et, à la fin du xve siècle, les grands tournois des quatre Lande de Bavière, de Souabe, de Franconie et de Rhénanie montrent très clairement36, si l’on juge d’après les Turnierordnungen, la tendance à la fermeture adoptée par la noblesse chevaleresque à l’égard de la noblesse urbaine.
16À Nuremberg, en 1521, le conseil décréta, quels Geschlechter et quels individus devaient avoir l’honneur d’être admis à danser à l’hôtel de ville37. On distingua plusieurs groupes : les Geschlechter susceptibles d’appartenir au conseil, eux-mêmes divisés en Geschlechter anciens et récents ainsi qu’en familles dont la première date d’admission avait été enregistrée depuis le milieu du xve siècle — 15 familles tout de même, ce qui plaide contre la fermeture du patriciat, se comportant comme une caste, dès le xve siècle38. En outre, on admit quelques familles issues du cercle plus vaste de l’Ehrbarkeit (le groupe des « honorables ») et pour finir quelques individus, les uns parce qu’ils étaient mariés avec une patricienne, les autres, parce qu’ils avaient une mère patricienne. Danser à l’hôtel de ville témoignait du statut honorifique d’un ordre (Stand), minutieusement contrôlé par les Herren, c’est-à-dire par le conseil.
17Observons maintenant plus précisément la fonction représentative des tournois des patriciens et des livres de famille, à partir surtout de l’exemple de Nuremberg. C’est avant tout dans les chroniques urbaines — ce miroir de la conscience que la bourgeoisie avait d’elle-même39 — que nous entendons parler des tournois. Ainsi, selon la chronique de la ville sainte de Cologne, imprimée chez Johan Koelhoff en 1499, les 15 Geschlechter de la ville — qui prétendaient descendre du patriciat romain — étaient tous des gens de noblesse ancienne, comme l’attestent leurs écussons et leurs heaumes ainsi que leurs victorieuses participations à des tournois40. Jamais on ne les avait renvoyés des diètes royales ou des tournois, jamais il n’avaient été mis à bas de leur cheval41. L’auteur reflète ainsi manifestement la pratique courante au xve siècle, également attestée à Nuremberg, qui voulait que les nobles urbains ne fussent pas admis aux tournois, une pratique qui, sans aucun doute, portait atteinte à l’honneur des patriciens42.
18Une autre pratique se mit en place dès le xiiie siècle qui voulait que les nobles urbains pussent organiser leurs propres tournois. Nous en entendons parler à propos de Magdeburg : les jeunes bourgeois y fêtaient chaque année, à la Pentecôte, la fête de saint Gral avec une table ronde, ce jeu chevaleresque emprunté à la matière de Bretagne43. À l’époque où cette pratique nous est transmise, au milieu du xve siècle, dans la Schöppenchronik de Magdeburg, c’étaient les conseillers de Magdeburg qui présidaient aux jeux. La représentation du patriciat, réitérée chaque année, était entre-temps passée sous le contrôle de l’institution suprême de la ville44.
19Deux exemples empruntés à Nuremberg font tout particulièrement ressortir la fonction représentative des tournois dans la société urbaine : Johannes Mùllner, l’auteur des annales de la ville d’Empire de Nuremberg écrites en 1623, relate qu’en 1387, à l’époque du carnaval, les anciens Geschlechter avaient organisé un Gesellenstechen (une sorte particulière de tournoi) et une danse sur la place du marché. Cela eut lieu à Nuremberg au moment même où les bouchers avaient traditionnellement leur danse et organisaient leur course appelée Schönbart, une mascarade45. Nous voyons là comment deux groupes urbains ont mis en pratique leur propre représentation. On remarquera également que les douze participants du Gesellenstechen ont été enregistrés dans la chronique avec leurs blasons. Ce tournoi représentait le groupe des patriciens et, par la suite, on ne cessa de l’invoquer comme une preuve quand il s’agissait d’établir la tradition nurembergeoise d’une famille46.
20On observe de façon très prégnante cette fonction du tournoi lors du Gesellenstechen organisé à Nuremberg en 1446. L’occasion en fut le mariage de Wilhelm Löffelholz — dont la famille n’avait été admise à danser à l’hôtel de ville, pour la première fois, que six ans auparavant — avec une femme de la famille Paumgartner (appartenant à la catégorie seconde des Geschlechter nurembergeois). 39 « junge Gesellen von alten adelichen nürnbergischen Geschlechten » organisèrent avec 5 autres champions un magnifique et somptueux jeu chevaleresque pour lequel l’épousée avait prévu trois prix : une agrafe valant 12 florins, un bague en or valant 8 florins, une couronne valant 4 florins47.
21Ce tournoi devait bien sûr rendre hommage aux nouveaux mariés et témoigner de manière symbolique l’admission du « nouveau » Lôffelholz dans le cercle des anciens Geschlechter. Mais il eut une suite du plus haut intérêt : il passa pour avoir déclenché la querelle qui éclata bientôt entre le margrave Albrecht Achilles de Brandebourg et la ville de Nuremberg, car la pompe du tournoi passait pour avoir contrarié les nobles48. Tout cela est à prendre comme une légende révélatrice des tensions générales entre la noblesse et les villes au xve siècle49. Mais nous pouvons vérifier plus concrètement l’écho que cet événement eut à Nuremberg même. Un des participants fit peindre le Gesellenstechen dans sa maison, Konrad Haller inséra cette représentation dans son fameux Geschlechterbuch de 1536, et dans le nouvel hôtel de ville construit au xviie siècle, un stuc représentait le tournoi. Un impact en trois temps : de la mémoire personnelle d’un participant, en passant par le Standesbuch du patriciat nurembergeois, jusqu’à la représentation officielle du conseil !
22Avant que j’aborde, pour finir, les livres de famille, je voudrais mentionner une autre légende nurembergeoise qui se rapporte à la représentation patricienne dans les tournois. Dans la tradition écrite de la ville à l’époque moderne, à savoir les Annales de Müllner de 1623, on peut lire que l’empereur Henri VI avait organisé en 1198 (date à laquelle il était déjà mort !), à Nuremberg, un grand tournois avec des princes, des comtes, des seigneurs et des chevaliers, en marge duquel beaucoup de membres des anciens Geschlechter s’étaient illustrés à la course et à la lance (Rennen und Stechen), deux formes de jeu chevaleresque devenus à la mode dans les derniers siècles du Moyen Âge. Toujours selon cette tradition, se rendant à Donauwörth, l’empereur avait été accompagné par une grande escorte nurembergeoise à la tête de laquelle se trouvaient les patriciens. Pour marquer sa gratitude, Henri VI avait anobli tous les Geschlechter et les avait mis sur le même rang que les autres lignées (Geschlechter) ressortissant à la noblesse rurale50.
23Nous savons par les recherches de Lotte Kurras, spécialiste des manuscrits du Germanisches Nationalmuseum, que le conseil de Nuremberg avait confié au héraut impérial Georg Rixner, surnommé « Jérusalem », le soin de lui établir, en 1526, un récit et du prétendu tournoi d’Henri VI en 1198 et de l’anoblissement des Geschlechter. On l’avait vraisemblablement chargé d’authentifier cette tradition qui fut reprise plus tard dans le Tumierbuch de Rixner, véritable bible de la noblesse allemande à l’époque moderne51. Une rétroprojection ayant ainsi une fonction de légitimation et servant à sa manière à la représentation du patriciat nurembergeois au même titre que la lettre de Christoph Scheurl en 1516 et que le Geschlechterbuch de Konrad Haller en 1536, dans lequel tous les Geschlechter susceptibles d’appartenir au conseil et les autres lignées honorables ont été enregistrés52. Ici aussi incombe au Gesellenstechen de 1446 une fonction importante mémorielle.
24Le Geschlechterbuch de Haller que je viens de citer, est l’exemple même de ces livres de familles nurembergeoises qu’il nous faut examiner pour finir53. Ces livres ne traitent que d’une seule famille patricienne. Mais ce qui frappe, c’est que dans le premier exemple connu, qui date de la fin du xive siècle, le Puechel von meim geslehet und von abentewr du Nurembergeois Ulman Stromer, nous voyons que les autres Geschlechter sont intégrés54 : « Ich, Ulman Stromeir, schreib hernach alle erberg lewt, die ich erkant hab, di bey mein zeiten tod sein, den got genedig sey ; aber ir wirt vil vergessen, di niht geschriben werden. » (« Moi, Ulman Stromer, je vais noter tous les gens honorables dont j’ai fait la connaissance et qui sont décédés pendant ma vie. Que Dieu leur soit en aide ! Mais beaucoup d’eux sont oubliés desquels il n’y a pas de trace écrite. ») C’est ainsi que le membre d’une famille prise pour elle-même, dans notre cas celle des Stromer55, célèbres pour leur maison de commerce et leurs moulins à papier, se représente au sein de ses pairs, se portant garant par la même occasion de leur mémoire56.
25De manière frappante, le texte d’Ulman Stromer mêle dans son récit les expériences personnelles, l’histoire de sa famille, l’histoire de sa cité, des rois et de l’Empire (avec une attention particulière pour le roi Ruprecht), des informations concernant le commerce et l’activité marchande. Les spécialistes ont supposé l’influence d’exemples étrangers, avant tout celle des ricordanze toscanes57, et, à cause des notices concernant l’activité marchande, ont parlé d’un livre de famille secret58. C’est fort possible, mais on ne doit pas négliger, à mon avis, l’aspect de la représentation de la famille dans le cercle du patriciat nurembergeois, lui aussi d’une grande importance.
26Le xve siècle nous a transmis une série d’autres récits familiaux, notamment des Tucher, une famille marchande comme les Stromer, impliquée également dans l’exploitation minière59. Le Memorial d’Endres Tucher qui embrasse les années 1421 à 1440, tout comme le Tuchersche Memorialbuch qui s’étend de 1386 à 1454, contiennent l’histoire de la famille, du patriciat et de l’Empire sous la forme d’annales60. En revanche, les Gedechtnusse (c’est le titre originel qui contient peut-être une allusion aux ricordanze ?) de Nikolaus Muffel, qui datent de 1468, sont totalement concentrés sur la personne et sur la vie de l’auteur, telle une sorte d’autobiographie. Muffel s’adresse à ses enfants et petits-enfants et leur donne des conseils61 : « Seyt nicht hoffertig, gebt euch nicht die ere, sunder gebt dem herren lob und ere und helft treulich an einander » (« Ne soyez pas arrogants, ne vous honorez pas, mais rendez à Dieu louange et honneur et aidez-vous mutuellement ! ») Mais il s’agit d’un cas exceptionnel dans les chroniques de Nuremberg du xve siècle, à l’instar du personnage de Muffel dans l’histoire de la cité : on lui intenta en effet un procès pour le vol de quelques centaines de florins dans les caisses publiques et il fut exécuté en 1469, un an après ses Gedechtnusse, dans lesquelles il avait mis ses enfants en garde contre l’arrogance62.
27Le caractère « normal » de l’historiographie nurembergeoise du xve siècle — à savoir l’association de l’histoire de patriciat et de l’histoire politique — est particulièrement manifeste, pour ce qui a trait à la question de la représentation, dans mon dernier exemple de représentation patricienne, le voyage de Hans Tucher et Sebald Rieter à Jérusalem en 1479. L’un et l’autre en ont laissé un récit de voyage dans le style de l’époque, celui de Tucher ayant plusieurs fois imprimé, à partir de 1482, tant à Augsbourg qu’à Nuremberg63. L’imprimerie : un nouveau lieu de représentation patricienne !
28Quel fut l’écho à ce voyage dans l’historiographie nurembergeoise ? Les Jahrbücher des 15. Jahrhunderts — la première histoire de la ville, composée par le bourgeois et brasseur de Nuremberg Heinrich Deichsler64 — mentionnent brièvement le voyage de Hans Tucher et Sebald Rieter en Terre sainte, leur séjour d’une année et le récit de Tucher65.
29Tout autre est la présentation qui en est faite dans une autre version des Jahrbiicher, réalisée apparemment à la demande de la famille Tucher66 ! Nous y lisons que Hans Tucher et Sebald Rieter, tous deux membres du petit conseil, s’étaient rendus au Saint Sépulcre et y avaient été armés chevaliers67. L’accolade à Jérusalem, le plus haut degré de la chevalerie à la fin du Moyen Âge, paraissait à l’auteur tout aussi notable que l’appartenance des deux personnages au petit conseil de la ville, le plus haut degré de l’influence politique à Nuremberg. Évoquant leur retour, il écrit : « Und sie warn herlichen hie entpfangen, das in vil hinauβ entgegen riten, eins teils pis gen Kornburg und im wald ummer hin auβ, ritt in entgegen ped burgermeister herr Rupreht Haller und Paulus Rieter und der merer tail im rat, auch all söldner, und luffen vil hin auβ entgegen pis an den walt zufuβ und lof das volck zu, als ob einfürst ein rit, vom tor pis über den Markt her auf, das iederman sie sehen wolt von sölicher rais wider zu komen, das seltzam hie was. » (« Ils furent accueillis ici magnifiquement, si bien que beaucoup de gens sortirent de la ville pour chevaucher à leur rencontre, allant en partie jusqu’à Kornburg [la propriété terrienne des Rieter à laquelle ils empruntèrent ultérieurement leur nom !]. Chevauchèrent à leur rencontre les deux bourgmestres Ruprecht Haller et Paulus Rieter et la plupart des membres du conseil ainsi que tous les mercenaires. Beaucoup de gens du peuple se pressèrent à leur rencontre, comme si un prince faisait son entrée, allant de la porte jusqu’au marché. Tout le monde voulait les voir au retour d’un pareil voyage. Pareil événement étant plutôt rare ici. ») Des bourgeois de la ville accueillis comme des princes : telle est la perspective de la famille Tucher qui dirigea ici la plume de l’auteur. Pour nous, un double témoignage de représentation : l’événement du retour extraordinaire des deux patriciens et la mémorisation de cet événement dans l’historiographie « urbaine ».
30J’en arrive à ma conclusion. Les tournois et les livres de famille peuvent — j’espère du moins que cela est devenu clair — être considérés comme des actes et des témoignages significatifs de la représentation patricienne dans les villes allemandes du Moyen Âge tardif. Ils représentent les deux parties constitutives du statut de patricien (ou, mieux encore, peut-être, de la conscience que les patriciens avaient d’eux-mêmes) : la lignée (Geschlecht) ancienne et noble et la Wappengenossenschaft (la communauté de ceux qui ont le droit de blason depuis longtemps), tout comme avait été paraphrasée, dans sa version allemande, l’inhabituelle notion de patricii utilisée dans sa lettre par Christoph Scheurl. Si, pour finir, nous nous demandons à l’intention de qui cette représentation patricienne était mise en œuvre, il nous faut bien sûr différencier chronologiquement et selon les villes. À Constance, ou encore à Cologne, il s’agissait pour les patriciens, dès le début du xve siècle, de manifester leurs prétentions face à une forte bourgeoisie des corporations (Zunftbürgertum), que ce soit par une architecture significative, telle la nouvelle maison de la « Katz » à Constance, que ce soit par la chronique de Cologne, la ville sainte, éditée par Kôlhoff et d’inspiration « patricienne », avec sa reprise de la tradition, remontant aux années 1300 selon Wolfgang Herborn, de l’origine romaine des 15 Geschlechter68. À Nuremberg, au contraire, me semble-t-il, les Geschlechter patriciens, pendant le xve siècle, n’ont pas construit leur représentation au premier chef contre les artisans ni même contre la noblesse rurale, mais pour un usage interne, dans une idéologie oligarchique caractérisée par une dynamique de concurrence allant parfois jusqu’au conflit, comme l’a souligné Valentin Groebner69.
31Une idéologie oligarchique ? Celle de ces paucissimi que Dieu et la nature ont dotés du singulare ingenium qui les rend aptes à bien gouverner. Telle était en tout cas la vision du bourgeois et juriste de Nuremberg Christoph Scheurl, en 1516, lorsque la puissance économique des honorables (Ehrbarkeit), poussant ces derniers en avant, provoqua cette légitimation du patriciat fondée sur la naissance et l’ancienneté.
Notes de bas de page
* Je remercie mon ami Gérald Chaix de m’avoir aidé pour la traduction du texte en français.
1 La lettre a été éditée par A. WERMINGHOFF, Conrad Celtis und sein Buch über Nürnberg, Freiburg i. Br., 1921, p. 212 sq., ici p. 214.
2 Cf. H. LIEBERICH, « Patrizier », dans Handwörterbuch zur deutschen Rechtsgeschichte, t. 3, Berlin, 1984, col. 1551-1558 ; K. MILITZER et alii, « Patriziat », dans Lexikon des Mittelalters, t. 6, München, 1993, col. 1797-1806.
3 A. WERMINGHOFF, Conrad Celtis..., op. cit., p. 181.
4 Cf. en vue d’ensemble E. ISENMANN, Die deutsche Stadt im Spätmittetalter, Stuttgart, 1988, p. 269 sq.
5 Cf. G. PFEIFFER ed., Nurnberg. Geschichte einer europaischen Stadt, München, 1971. Très utile récemment G. FRIEDRICH, Bibliographie zum Patriziat der Reichsstadt Nurnberg (Nürnberger Forschungen, t. 27), Nurnberg, 1994.
6 Pour l’ordre politique de Nuremberg au bas Moyen Âge, cf. M. DIEFENBACHER, « Stadt und Adel - Das Beispiel Nürnberg », Zeitschrift fur die Geschichte des Oberrheins, n° 141, 1993, p. 51-69, ici p. 53 sq.
7 Cf. récemment la réserve de V. GROEBNER, « Ratsinteressen, Familieninteressen. Patrizische Konflikte in Nürnberg um 1500 », dans K. SCHREINER et U. MEIER ed., Stadtregiment und Bürgerfreiheit. Handlungsspielräume in deutschen und italienischen Städten des Späten Mittelalters und der Frühen Neuzeit (Bürgertum. Beitràge zur europaischen Gesellschaftsgeschichte, t. 7), Göttingen, 1994, p. 278-308.
8 V. GROEBNER, « Ratsinteressen... », op. cit., p. 279 sq.
9 Die Chroniken der deutschen Städte vom 14. bis ins 16. Jahrhundert, t.11 : Die Chroniken der fränkischen Städte. Nurnberg, t. 5, Leipzig, 1874, réimpression Göttingen, 1961, p. 781 sq.
10 Ibidem, p. 786.
11 Cf. Deutsches Wörterbuch, t.13, Leipzig, 1922, col. 1958 sq.
12 G. DUBY et J. LE GOFF éd., Famille et parenté dans l’Occident médiéval (Collection de l’École française de Rome, t. 30), Rome, 1977 ; A. HAVERKAMP ed., Haus und Familie in der spätmittelalterlichen Stadt (Städteforschung series A, t.18), Köln-Wien, 1984.
13 F. VÂCLAV, « Wappen », dans Lexikon des Mittelalters, t. 8, München, 1997, col. 2031-2034.
14 Die Chroniken..., op. cit., t. 11, p. 783 sq.
15 H. BOOCKMANN, « Lebensgefühl und Repräsentationsstil der Oberschicht in den deutschen Städten um 1500 », dans « Kurzweil viel ohn Maβ und Ziel ». Alltag und Festtag auf den Augsburger Monatsbildern der Renaissance, Munchen, 1994, p. 33-47.
16 H. BOOCKMANN, Die Stadt im späten Mittelalter, München, 1987. Cf. aussi E. MASCHKE, « Burgerliche und adlige Welt in den Städten der Stauferzeit », dans E. MASCHKE et J. SYDOW ed., Südwestdeutsche Städte im Zeitalter der Staufer (Stadt in der Geschichte, t. 6), Sigmaringen, 1980, p. 9-27.
17 R. ELZE et G. FASOLI ed., Stadtadel und Bürgertum in den italienischen und deutschen Städten des Spätmittelalters (Schriften des Italienisch-Deutschen Historischen Instituts in Trient, t. 2), Berlin, 1991 ; « Adel und Stadt. Regionale Aspekte eines problematischen Verhàltnisses », Zeitschrift fur die Geschichte des Oberrheins, n° 141, 1993, p. 21-154 ; Der Adel in der Stadt des Mittelalters und der frühen Neuzeit, Marburg, 1996 ; A. MINDERMANN, Adel in der Stadt des Spätmittelalters : Gottingen und Stade 1300 bis 1600 (Veröffentlichungen des Instituts fur Historische Landesforschung der Universität Gottingen, t. 35), Bielefeld, 1996 ; Adel und Stadt (Vereinigte Westfälische Adelsarchive. Veröffentlichung, t. 10), Munster, 1998.
18 Cf. O. G. OEXLE, « Stand, Klasse, I-VI », dans Geschichtliche Grundbegriffe, t. 6, Stuttgart, 1990, p. 155-200.
19 L. JUST ed., Handbuch der deutschen Geschichte, t. 5 : Athenaion-Bildatlas zur deutschen Geschichte, Frankfurt am Main, 1968, planche 198. À Überlingen, le médecin Reichlin de Constance a fait construire un palais en 1462. Trois ans après, l’empereur Frédéric III lui a confirmé le statut noble de sa famille. Cf. H. BOOCKMANN, Die Stadt..., op. cit., p. 315.
20 Cologne : L. JUST ed., Handbuch..., op. cit, planche 199. Constance : Stadtluft, Hirsebrei und Bettelmönch. Die Stadt um 1300, Stuttgart, 1992, p. 67.
21 A. KRAUS et W. PFEIFFER, Regensburg. Geschichte in Bilddokumenten, Munchen, 1979, fig. 132 sq. Cf. aussi W. STÖRMER, « Bürgerliche Korporationen im spätmittelalterlichen Bayern », dans P. JOHANEK ed., Einungen und Bruderschaften in der spätmittelalterlichen Stadt (Städteforschung series A, t. 32), Köln-Weimar-Wien, 1993, p. 111-147, ici p. 125 sq.
22 O. FEGER, « Blarer », dans Neue deutsche Biographie, t. 2, Berlin, 1955, p. 287 sq. ; H. MAURER, Konstanz im Mittelalter, t. 2, Konstanz, 1989, p. 125 sq.
23 Cf. pour Nurnberg, C. SCHLEIF, Donatio et Memoria. Stifter, Stiftungen und Motivationen an Beispielen aus der Lorenzkirche in Nurnberg, Munchen, 1990 ; complétant H. DORMEIER, « St. Rochus, die Pest und die Imhoffs in Nurnberg vor und nach der Reformation », dans Anzeiger des Germanischen Nationalmuseums, 1985, p. 7-72 ; M. DIEFENBACHER, « Stadt und Adel - Das Beispiel Nürnberg », op. cit., p. 60.
24 H. MAURER, Konstanz..., op. cit., p. 128.
25 Ibidem, p. 128 sq.
26 F. ANZELEWSKY, Albrecht Durer. Das malerische Werk, Berlin, 1991, Katalog Nr. 50-54K, p. 156 sq.
27 Cf. K. MILITZER, « Führungsschicht und Gemeinde in Köln im 14. Jahrhundert », dans W. EHBRECHT (Hrsg.), Städtische Führungsgruppen und Gemeinde in der werdenden Neuzeit (Städteforschung A 9), Köln-Wien, 1980, p. 1-24, ici p. 3.
28 Cf. W. PARAVICINI ed., Europdische Reiseberichte des späten Mittelalters Teil 1 : C. HALM ed., Deutsche Reiseberichte (Kieler Werkstücke series D, t. 5), Frankfurt am Main, u. a., 1994.
29 U. M. ZAHND, « Einige Bemerkungen zu spätmittelalterlichen Familienbüchern aus Nürnberg und Bern », dans R. ENDRES ed., Nurnberg und Bern. Zwei Reichsstädte und ihre Landgebiete (Erlanger Forschungen Reihe A 46), Erlangen, 1990, p. 7-37.
30 Pour ces sociétés cf. E. ISENMANN, Die deutsche Stadt..., op. cit., p. 301 sq.
31 Cf. aussi K. SCHULZ, « Patriziergesellschaften und Zünfte in den mittel- und oberrheinischen Bischofsstädten », dans B. SCHWINEKÖPER ed., Gilden und Zünfte. Kaufmännische und gewerbliche Genossenschaften im frühen und hohen Mittelalter (Vortràge und Forschungen, t. 29), Sigmaringen, 1985, p. 311-335 ; W. STÖRMER, « Vergesellschaftungsformen des Meliorats und Handwerks in den Städten des bayerisch-österreichischen Raumes », dans ibidem, p. 337-375.
32 Cf. H. MAURER, Konstanz im Mittelalter, op. cit., t. 2, p. 51 sq. Pour la grande confrontation entre les Geschlechter et les bourgeois faisant partie d’une corporation à Constance cf. K. D. BECHTOLD, Zunftbürgerschaft und Patriziat. Studien zur Sozialgeschichte der Stadt Konstanz im 14. und 15. Jahrhundert (Konstanzer Geschichts- und Rechtsquellen, t. 26), Sigmaringen, 1981, p. 133 sq.
33 J. CHMEL, Regesta chronologico-diplomatica Friderici IV, Romanorum regis, Wien, 1838, réimpression Hildesheim, 1962, Nr. 4322 ; cf. P. F. KRAMML, Kaiser Friedrich III. und die Reichsstadt Konstanz (1440-1493) (Konstanzer Geschichts- und Rechtsquellen, t. 29), Sigmaringen, 1985, p. 437.
34 H. WENZEL, Höfische Geschichte. Literarische Tradition und Gegenwartsdeutung in den volkssprachigen Chroniken des hohen und späten Mittelalters (Europäische Hochschulschriften series I, t. 284), Bern-Frankfurt am Main-Las Vegas, 1980, p. 209 sq.
35 Cf. T. ZOTZ, « Adel in der Stadt des Spätmittelalters. Erscheinungsformen und Verhaltensweisen », Zeitschrift für die Geschichte des Oberrheins, n° 141, 1993, p. 22-50, surtout p. 42 sq.
36 A. RANFT, « Die Turniere der vier Lande : Genossenschaftlicher Hof und Selbstbehauptung des niederen Adels », Zeitschrift fur die Geschichte des Oberrheins, n° 142, 1994, p. 83-102.
37 Cf. H. H. HOFMANN, « Nobiles Norimbergenses », dans Untersuchungen zur gesellschaftlichen Struktur der mittelalterlichen Städte in Europa (Vortràge und Forschungen, t. 11), Konstanz-Stuttgart, 1966, p. 53-92, ici p. 63, 77 ; T. AIGN, Die Ketzel. Ein Nürnberger Handelsherrn- und Jerusalempilgergeschlecht (Freie Schriftenfolge der Gesellschaft fur Familienforschung in Franken, t. 12), Neustadt/Aisch, 1961, p. 103 sq.
38 Cf. V. GROEBNER, « Ratsinteressen... », op. cit., p. 283 sq.
39 H. SCHMIDT, Die deutschen Stàdtechroniken als Spiegel des bürgerlichen Selbstverstàndnisses im Spätmittelalter (Schriftenreihe der Historischen Kommission bei der Bayerischen Akademie der Wissenschaften, t. 3), Munchen, 1958.
40 Die Chroniken der deutschen Städte vom 14. bis ins 16. Jahrhundert, t. 14 : Die Chroniken der niederrheinischen Stàdte. Cöln, t. 3, Leipzig, 1877, réimpression Gottingen, 1968, p. 708 ; cf. H. WENZEL, Höfische Geschichte..., op. cit., p. 320.
41 Die Chroniken der deutschen Städte vom 14. bis ins 16. Jahrhundert t. 13 : Die Chroniken der niederrheinischen Stàdte. Cöln, t. 2, Leipzig, 1876, réimpression Gottingen, p. 320.
42 Cf. T. ZOTZ, « Adel, Bürgertum und Turnier in deutschen Stàdten vom 13. bis 15. Jahrhundert », dans J. FLECKENSTEIN ed., Das ritterliche Turnier im Mittelalter. Beiträge zu einer vergleichenden Formen und Verhaltensgeschichte des Rittertums(Veröffentlichungen des Max-Planck-Instituts fur Geschichte, t. 80), Göttingen, 1985, p. 450-499, ici p. 484 sq.
43 A. GIER, « Tafelrunde », dans Lexikon des Mittelalters, t. 8, Munchen, 1997, col. 421 sq.
44 Cf. T. ZOTZ, « Die Stadtgesellschaft und ihre Feste », dans D. ALTENBURG et alii ed., Feste und Feiern im Mittelalter, Sigmaringen, 1991, p. 201-213, ici p. 202 sq.
45 G. HIRSCHMANN ed., J. MULLNER, Die Annalen der Reichsstadt Nurnberg von 1623, Teil 2 : 1351 -1469 (Quellen zur Geschichte und Kultur der Stadt Nürnberg, t. 11), Nurnberg, 1984, p. 104 sq.
46 Ibidem, p. 397.
47 Le Gesellenstechen fut brièvement mentionné dans Die Chroniken der deutschen Städte vont 14. bis ins 16. Jahrhundert, t. 10 : Die Chroniken der fränkischen Städte. Nurnberg, t. 4, Leipzig, 1872, réimpression Gottingen, 1961, p. 166 sq. Plus longuement J. MÜLLNER, Die Annalen..., op. cit., p. 377. Cf. T. ZOTZ, « Adel, Bürgertum... », op. cit., p. 488 sq.
48 J. MÜLLNER, Die Annalen..., op. cit., p. 379. Cf. la critique de C. HEGEL dans Die Chroniken..., op. cit., t.10, p. 392 sq.
49 Cf. généralement K. GRAF, « Feindbild und Vorbild. Bemerkungen zur städtischen Wahrnehmung des Adels », Zeitschrift fur die Geschichte des Oberrheins, n° 141, 1993, p. 121-154.
50 J. MÜLLNER, dans G. HIRSCHMANN ed., Annalen der Reichsstadt Nurnberg von 1623, Teil 1 : Von den Anfängen bis 1350 (Quellen zur Geschichte und Kultur der Stadt Nürnberg, t. 8), Nürnberg, 1972, p. 137 sq.
51 L KURRAS, Die Handschriften des Germanischen Nationalmuseums. t. 3 : Norica. Nurnberger Handschriften der frühen Neuzeit, Wiesbaden, 1983, p. XI sq.
52 F. HEINRICH, « Das Geschlechterbuch des Konrad Haller », Archivalische Zeitschrift, n° 2, 1877, p. 254-262.
53 Cf. le tour d’horizon donné par H. Frhr. HALLER VON HALLERSTEIN, « Nurnberger Geschlechterbücher », Mitteilungen des Vereins fur die Geschichte der Stadt Nurnberg, n° 65, 1978, p. 212-235.
54 Die Chroniken der deutschen Städte vom 14. bis ins 16. Jahrhundert, t.1 : Die Chroniken der fränkischen Stàdte. Nurnberg, t. 1, Leipzig, 1862, réimpression Göttingen, 1961, p. 1-106, ici p. 83 sq. Article complémentaire : W. E. VOCK, « Ulman Stromeier (1329-1407) und sein Buch. Nachträge zur Hegelschen Ausgabe », Mitteilungen des Vereins fur die Geschichte der Stadt Nürnberg, n° 29, 1928, p. 85-168.
55 Cf. L. SPORHAN-KREMPEL et W. Frhr. STROMER VON REICHENBACH « Das erste Handelshaus der Stromer von Nürnberg und die Geschichte der ersten deutschen Papiermühle », Vierteljahrschrift fur Sozial und Wirtschaftsgeschichte, n° 47, 1960, p. 81-104 ; G. FRIEDRICH, Bibliographie..., op. cit., Nr. 1586-1647.
56 Sur cet aspect cf. aussi M. ZAHND, « Einige Bemerkungen... », op. cit., p. 29 ; J. SCHNEIDER, « Stromer », dans Lexikon des Mittelalters, t. 8, Munchen, 1997, col. 245 ; Idem, « Ulman Stromer », dans ibidem, col. 245 sq.
57 M ZAHND, « Einige Bemerkungen... », op. cit., p. 18, 35 sq.
58 W. Frhr. STROMER VON REICHENBACH, « Das Schriftwesen der Nurnberger Wirtschaft vom 14. bis 16. Jahrhundert. Zur Geschichte Oberdeutscher Handelsbücher », dans Beiträge zur Wirtschaftsgeschichte Nürnbergs, Nürnberg, 1967, p. 751-799, surtout p. 781 sq.
59 J. SCHNEIDER, « Tucher », dans Lexikon des Mittelalters, t. 8, Munchen, 1997, col. 1077 sq.
60 Die Chroniken der deutschen Städte, t. 2 : Die Chroniken der fränkischen Städte. Nürnberg, t. 2, Leipzig, 1864, réimpression Gottingen, 1961, p. 1- 30. Die Chroniken..., op. cit., t.10, p. 1-26.
61 Die Chroniken..., op. cit., t. 11, p. 737-751, ici p. 749.
62 Cf. G. HIRSCHMANN, « Nikolaus Muffel », dans Fränkische Lebensbilder, t. 3, Würzburg, 1969, p. 50-68. Réimpression dans K. ULSHÔFER ed., Aus sieben Jahrhunderten Nurnberger Stadtgeschichte. Ausgewählte Aufsätze von Gerhard Hirschmann (Nurnberger Forschungen, t. 25), Nurnberg, 1988, p. 31-49.
63 Cf. W. PARAVICINI ed., Europäische Reiseberichte..., op. cit., p. 188 sq.
64 Pour l’auteur cf. Die Chroniken..., op. cit., t. 10, p. 77. Récemment J. SCHNEIDER, Heinrich Deichsler und die Nurnberger Chronistik des 15. Jahrhunderts (Wissensliteratur im Mittelalter, t. 5), Wiesbaden, 1991.
65 Die Chroniken..., op. cit., t.10, p. 357.
66 Die Chroniken…, op. cit., t. 11, p. 41-507, introduction p.443 sq.
67 Ibidem, p. 472 sq.
68 W. HERBORN, « Bürgerliches Selbstverständnis im spâtmittelalterlichen Köln. Bemerkungen zu zwei Hausbüchern aus der ersten Hàlfte des 15. Jahrhunderts », dans Werner BESCH et alii ed., Die Stadt in der europaischen Geschichte. Festschrift für Edith Ennen, Bonn, 1972, p. 490-520, ici p. 504.
69 V. GROEBNER, « Ratsinteressen... », op. cit.
Auteur
Université de Fribourg (Allemagne)
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