Formation et affirmation d’un patriciat : le parlement de Bordeaux au xvie siècle
p. 283-296
Texte intégral
1Plutôt que de s’efforcer de proposer une définition du patriciat et tenter de l’adapter au cas bordelais, partons simplement du principe que les conseillers du parlement de Bordeaux ont constitué, plusieurs années après la création du parlement, en 1462, un groupe détenteur d’un pouvoir prépondérant dans la cité. Étudier ce groupe numériquement restreint, c’est déterminer les aspects et les étapes d’une domination forgée par l’institution à laquelle il appartient, par ses fonctions et les réseaux de ses relations. Après une longue période de mise en place consécutive à son installation dans la cité, apparaissent, au milieu du xvie siècle, les éléments constitutifs d’une solidarité faite de sauvegarde du groupe, d’empiétements progressifs sur les institutions locales et de résistance aux crises, notamment celle de 1548-1549 née d’une certaine complicité du parlement avec la révolte de la population bordelaise contre la gabelle. Cette solidarité, fragilisée de l’intérieur par des querelles familiales et des tensions d’intérêts, semble mise à mal par les engagements religieux de la Réforme et la longueur des guerres civiles. À force de déchirements et de ruptures, le parlement passe majoritairement dans le camp ligueur après avoir exclu les conseillers protestants et évincé les modérés. Cette attitude est renforcée par son hostilité à l’égard d’Henri de Navarre, gouverneur de la Guyenne à partir de 1576. À son avènement comme roi de France, en 1589, le parlement en est réduit à une obéissance passive et contrainte sous la pression du Maréchal de Matignon, lieutenant général du roi en Guyenne.
Naissance d’une oligarchie à Bordeaux
2Créé en 1462 après avoir été précédé par deux réunions des Grands Jours, émanation du parlement de Paris, en 1456 et 1459, le parlement de Bordeaux naît sous la protection vigilante des parlements de Paris et de Toulouse dont les ressorts ont été amputés pour permettre la constitution de son propre ressort. Entre ces deux aînés et leur cadet bordelais, les querelles de limites et de grignotages territoriaux se prolongent encore au xvie siècle. L’antériorité et le prestige de ces deux puissants voisins expliquent l’attrait de fins de carrières toulousaines et, surtout, parisiennes après plusieurs années passées au parlement de Bordeaux. Ils permettent aussi de comprendre les traits majeurs des deux premières générations de conseillers, contemporaines de la seconde moitié du xve siècle. Celles-ci sont constituées de parlementaires qui ne s’implantent pas durablement. Issus d’autres provinces que la Guyenne, ils ont un rôle fondateur pour l’institution mais non pour son enracinement dans la cité.
3Ces générations venues d’ailleurs présentent surtout l’avantage de n’avoir pas été compromises avec « l’occupant » anglo-gascon durant les dernières années de la guerre de Cent Ans. La véritable période d’enracinement se situe dans les premières décennies du xvie siècle grâce à l’arrivée et l’installation durable de conseillers originaires principalement du nord et nord-est de la Guyenne. Ainsi se met en place à Bordeaux une institution dont l’attrait se traduit par une captation d’élites aquitaines. Cette attraction ne se dément pas jusqu’à la fin de l’Ancien Régime même si, progressivement, les Bordelais de souche prennent une plus grande place. Tout au long du xvie siècle, le parlement de Bordeaux constitue donc un observatoire incomparable de conquête du pouvoir par une oligarchie dont la principale caractéristique est d’être majoritairement importée dans la cité1.
4Tel est le constat que permet de faire l’étude des origines géographiques des conseillers entre 1530 et 1550 : elles sont connues pour 58 des 112 conseillers présents alors au parlement, soit un peu plus de la moitié d’entre eux. Or, sur ces 58 conseillers, 9 seulement sont originaires de Bordeaux alors que 36 viennent des régions situées au nord et nord-est du ressort du parlement avec une prépondérance pour les Périgourdins. Ce recrutement, qui mérite une étude plus détaillée, résulte-t-il d’une volonté royale, de favoriser, comme aux lendemains de la guerre de Cent Ans, les marges septentrionales de la Guyenne au détriment de la région centrale constituée par l’axe garonnais ? Pour l’instant ce n’est qu’une hypothèse et elle peut être aisément contredite par une autre qui trouverait la principale raison d’être de ce recrutement géographique dans l’existence de réseaux locaux tissés par les premières générations de conseillers originaires principalement de ces régions2.
5Les origines sociales et professionnelles, difficiles à démêler pour un certain nombre de conseillers, doivent donner lieu à des interprétations prudentes. Au préalable, il existe entre eux un clivage essentiel et générateur de hiérarchies internes : pour les uns, l’entrée au parlement marque le début d’une carrière rapide et souvent brillante, sauf accident de parcours ; pour les autres, elle représente une ultime promotion après des années passées dans des cours de justice subalternes ou comme avocats au parlement, sans oublier quelques rares distributions royales d’offices de présidents pour bons et loyaux services rendus à l’armée ou dans la diplomatie. Leurs origines sociales rattachent la majorité des conseillers à la noblesse, mais avec toute la variété et toutes les nuances liées aux catégories nobiliaires, à leur date d’entrée en noblesse et à la condition antérieure de familles nouvellement anoblies ou sur le point de l’être. Autant de facteurs de diversité sociale qui obligent à s’interroger sur le rôle de creuset que peut jouer l’institution parlementaire et sur les conditions de constitution d’une catégorie que l’on est tenté de qualifier encore prudemment de noblesse de robe. À Bordeaux, pour ceux qui n’appartiennent pas déjà au milieu nobiliaire, le négoce et la marchandise constituent la meilleure chance d’accès au parlement même si elle n’est alors offerte qu’à un petit nombre de conseillers déjà distingués par la possession de seigneuries et détachés des activités commerciales de leurs ascendants. La famille de Montaigne, les Eyquem, est caractéristique de cette longue ascension sociale accomplie d’ordinaire en trois générations, exceptionnellement en deux3.
6L’une des premières tâches du nouveau parlement est la rédaction des coutumes de Bordeaux et du Bordelais. Ce travail considérable débute lentement et tardivement. C’est seulement en 1510 qu’une ordonnance de Louis XII presse le mouvement. Les premiers présidents en ont la responsabilité en qualité de commissaires. Une première rédaction, sous l’autorité de François de Belcier, est achevée en 1521. Le texte définitif — « Les Coustumes generalles de la ville de Bourdeaux seneschaucee de Guyenne et pays de Bourdelois » — qui est au point en 1528, fait la part belle au droit monarchique et à la législation royale. Les parlementaires ont aussi dirigé la rédaction d’autres coutumes dans les régions de leur ressort : Bayonne en 1514, Les Lannes en 1534, Saint-Jean-d’Angely.
Croissance et affirmation d’une oligarchie
7Sa croissance est le résultat de la mise en place de nouvelles chambres de justice dont la création entend répondre, à la fois, à l’augmentation du nombre des procès et aux besoins financiers d’une royauté en mal de ressources nouvelles, notamment sous les règnes de François Ier et d’Henri II, fertiles en guerres et diplomatie offensive.
8En soixante ans, de 1483 à 1543, le nombre des conseillers et présidents a donc été multiplié par trois. Durant cette période ont été mises en place, sur le modèle du parlement de Paris, des chambres qui témoignent de l’augmentation de la charge judiciaire. Sous Louis XII, est créée une Chambre des Enquêtes, chargée d’instruire les dossiers et préparer les arrêts de la Grande Chambre. En 1519, est instituée une Chambre criminelle spécialisée, la Tournelle, composée de huit conseillers et d’un président. En 1543, est installée une seconde Chambre des Enquêtes pourvue de quinze conseillers (8 laïcs et 7 clercs) et deux présidents. Une Chambre des Requêtes, chargée d’examiner la recevabilité des demandes, est créée en 1557. Elle disparaît quelques années plus tard, avant d’être réinstallée, définitivement, en 1581. En même temps sont venues s’ajouter des créations d’offices ponctuelles : deux en 1523, quatre en 1536, cinq en 1543 avec un avantage pour les charges de conseillers laïcs au détriment de celles des clercs. Cette laïcisation ne sera pas sans conséquence pour la constitution et le renforcement des dynasties parlementaires.
9Comme au parlement de Paris, ces créations successives renforcent la tutelle de la Grande Chambre et favorisent sa domination. Cette cascade hiérarchique, très sensible pour les conseillers qui la vivent de l’intérieur, est à la fois un élément dynamique d’émulation interne mais aussi la raison de carrières interrompues par défaut de promotions. Encore faudrait-il être sûr que ces décisions ont bien été dictées par manque de perspectives professionnelles : Montaigne a-t-il choisi d’abandonner sa charge en 1570 faute d’avoir pu quitter la Chambre des Enquêtes pour accéder à la Grande Chambre ou à la Tournelle ? La présence de son beau-frère dans la première et de son beau-père dans la seconde constituait pour lui un empêchement légal à moins d’obtenir une dispense royale. Démarche que Montaigne n’a pas entreprise. À moins que la mort de son père, intervenue deux ans plus tôt, et les difficultés liées à sa succession ne l’aient plus sûrement incité à prendre possession du château et de la seigneurie qui devaient lui revenir en sa qualité d’aîné.
10Comme le montre l’exemple de Montaigne et de ses proches parents ou alliés, la croissance du nombre des conseillers favorise la constitution de dynasties tout en compliquant les parcours des individus qui en font partie. Cette affirmation dynastique est inséparable de la reconnaissance de la vénalité des charges. Évolution capitale, permise à partir de 1522, avec l’autorisation de la transmission « familiale » des charges de conseillers grâce à la « resignatio in favorem », mise en pratique au parlement de Bordeaux à partir des années 1530. Officiellement, la réglementation va à l’encontre de ce processus déterminant pour la constitution d’une oligarchie et les ordonnances traquent les nominations de proches parents, mais l’existence de dispenses fausse le jeu et renforce la mise en place des dynasties parlementaires.
11À quel moment le rôle des dynasties devient-il significatif et quels sont les facteurs déterminants de leur renforcement au xvie siècle ? Les réseaux de relations, tels que les révèlent les actes notariés, se constituent — semble-t-il — à deux niveaux : celui des bonnes relations tissées entre collègues sollicités comme témoins lors des grands moments de l’existence et celui des parentés, proches et lointaines. De l’un à l’autre, les mariages représentent la meilleure et la plus fréquentée des passerelles. C’est dans la première moitié du xvie siècle que cet ensemble s’organise en mettant à profit, malgré des réticences initiales, l’arrivée de nouveaux conseillers. La reconstitution de leurs alliances, quand elle sera achevée, doit révéler l’existence d’une vaste toile d’araignée relationnelle soumise à rude épreuve, dans la seconde moitié du xvie siècle, par la violence et la durée des guerres de religion. Mais il n’est pas sûr, au bout du compte et en fin de guerre, que les liens familiaux aient été contrecarrés ou bouleversés par les engagements religieux.
12L’affirmation la plus précoce de ce patriciat en gestation est sans doute intellectuelle ou culturelle, même si ces deux termes recouvrent mal la réalité de pareil avantage. Leur supériorité en ce domaine s’impose d’emblée dans une ville comme Bordeaux, faute de concurrence véritable. En effet, qui pouvait leur porter ombrage, à l’exception de quelques membres du haut clergé ? Supériorité d’autant plus affermie qu’elle s’accompagne d’une hausse sensible du niveau d’étude des conseillers entre la fin du xve siècle et le milieu du xvie siècle avec une croissance continue du nombre des licenciés. Sans doute doit-on, non sans risque d’anachronisme, retenir le principe d’une double compétence au sein de la cité : celle de leurs connaissances juridiques et celle de leur culture humaniste qui résultent, l’une et l’autre, de longues études dans des universités plus prestigieuses alors que celle de Bordeaux comme Paris, Orléans ou Toulouse.
13Le besoin d’un accès à l’enseignement des collèges humanistes se fait sentir plus tard dans la ville et aboutit, en 1533, à la fondation du collège de Guyenne, creuset des élites en attendant la vive concurrence du collège des Jésuites implanté dans la ville en août 15724. Dans quelle mesure, les conseillers du parlement ont-ils joué un rôle dans cette création dont la demande émanait, à travers la jurade, des marchands et négociants de la cité soucieux de garder auprès d’eux leurs fils dont ils déploraient l’intense mortalité durant les années de collège passées hors de Bordeaux ? Très tôt, le collège de Guyenne devient pour le parlement un lieu de haute surveillance d’autant plus vigilante que ses régents et écoliers se montrent accueillants envers les idées réformées5.
14Ce capital culturel est entretenu par l’exercice même de leurs fonctions, par les vacances entre les sessions qui laissent du temps libre pour s’adonner à ces plaisirs littéraires à la mode que sont les traductions d’auteurs anciens ou la poésie latine et française. Cette soif de connaissances grandit et se développe au contact de collègues dont le petit nombre encourage la circulation, de mains en mains, de leurs écrits respectifs avec un souci d’approbation ou de critiques, en tout cas d’enrichissement au fur et à mesure des lectures : telles ont été, par exemple, les conditions de la première diffusion du Discours de la Servitude Volontaire et de sa découverte par Montaigne : « Il court pieça és mains des gens d’entendement, non sans bien grande et méritée recommandation : car il est gentil, et plein ce qu’il est possible. »6 Et l’on sait que cette découverte est à l’origine de sa première rencontre avec La Boétie : « Car elle me fut montrée longue piece avant que je l’eusse veu, et me donna la première connoissance de son nom, acheminant ainsi cette amitié que nous avons nourrie. »7. Parfaitement intégré dans ce réseau de circulation d’écrits entre « gens d’entendement », La Boétie dédicace son manuscrit au conseiller Lur-Longa qui l’a précédé dans sa charge au parlement de Bordeaux avant de partir pour celui de Paris, en 1554. Ce cheminement de manuscrits dans le cadre restreint des conseillers des parlements joue un rôle fondamental pour le façonnement de l’identité politique et culturelle d’un groupe qui devient l’élite intellectuelle du royaume.
15Le creuset où s’élabore cette domination est antérieur à la génération de Montaigne et de La Boétie. Pour en retrouver les éléments constitutifs, il faut sans doute remonter à la génération des premières décennies du xvie siècle, celle du président Nicolas Bohier, arrêtiste célèbre, de Briand de Valée, mis en scène par Rabelais dans son œuvre, d’Arnoul le Ferron, helléniste distingué et grand commentateur de la coutume de Bordeaux. Préservée de la tourmente des guerres civiles, contemporaine de l’essor humaniste de Bordeaux et de ses réseaux de relations italiennes, elles-mêmes entretenues par les foyers humanistes de l’Agenais et de la cour de Nérac8, cette génération des conseillers d’avant-guerres a bénéficié d’un autre avantage, celui d’être moins accaparée par ses fonctions que ses successeurs confrontés à des domaines de compétence de plus en plus larges.
16Cet élargissement est la conséquence d’édits royaux qui, à partir de l’édit de Crémieu en 1536, lui confèrent un monopole des appels en matière criminelle au détriment des maréchaussées. L’édit de Villers-Cotterêts et la déclaration du 21 novembre 1542 précisent les circonstances de cette extension. En conséquence, les arrêts criminels augmentent considérablement à partir de 1545. En même temps, à partir de 1540, les parlements se voient reconnaître une compétence élargie dans la lutte contre « l’hérésie », ceci au détriment des officialités. L’édit de Fontainebleau souligne l’objectif d’efficacité de ce transfert de juridiction : « Pour obvier au circuit et longueur desquelles, et à ce que la vindication publique et exemplaire de telles meschancetez soit plus promptement et diligemment faite et exécutée. » Dès lors, les problèmes religieux vont mobiliser l’activité des conseillers : l’historien Henri Patry, au début du xxe siècle, a recensé et publié les 450 arrêts du parlement de Bordeaux qui, de 1541 à 1559, traitent de la crise religieuse9. Leur nombre dit à lui seul l’intense activité des conseillers en ce domaine.
17Cet élargissement progressif qui se fait par le biais de ses fonctions judiciaires et législatives, occupe le parlement sur deux terrains bien distincts : Bordeaux intra muros et l’immense territoire de son ressort. Dans la ville, à force de légiférer sur tous les aspects de la vie quotidienne, aucun domaine ne lui est plus étranger. Ce contrôle et cette vigilance grandissent en cas de disette, d’épidémie ou de danger extérieur puisque la présence du port et la proximité de l’estuaire de la Gironde, entrée habituelle des navires ennemis, accroissent la vulnérabilité de la ville et de ses défenses, notamment sa citadelle du Château-Trompette en bord de Garonne. À cela s’ajoute le poids de la présence quasi-quotidienne de conseillers connus du plus grand nombre en raison de leur faible effectif et de la densité des lieux de pouvoirs urbains dans un territoire restreint où voisinent l’hôtel de ville et le palais de l’Ombrière, siège du parlement, à mi-chemin entre le port et la cathédrale Saint-André. La mise en tutelle progressive de la jurade illustre cette capacité de contrôle, notamment dans la réglementation de plus en plus contraignante de la pratique des élections : en 1566, Charles IX confère au parlement le droit d’approuver les élections à la jurade et deux de ses conseillers sont désormais présents aux élections et aux assemblées.
18Hors de la cité, cette emprise change de nature et se répercute à son tour sur Bordeaux en un système d’influences réciproques ressenties entre la ville et le ressort du parlement. Cette emprise, lorsqu’elle est prévue à l’avance, revêt une solennité qui reflète une mainmise autoritaire de la justice du roi face aux graves manquements de ses sujets. Elle s’apparente alors à la tenue de Grands Jours qui entraînent une mobilisation estivale ou automnale d’un certain nombre de conseillers : en 1533, ils sont à Périgueux, en 1540, à Agen, en 1542 à Limoges, en 1565 à Saintes, en 1572 à Périgueux10. Mais ce sont là des moments d’exception au regard de l’occupation habituelle des conseillers du parlement envoyés deux par deux en mission sur le terrain pour y enquêter, légiférer et rendre compte de leur activité à leur retour. En raison de ces nombreux déplacements, pour la plupart difficiles, les conseillers sont au xvie siècle des hommes de terrain qui courent des risques de toute nature et en font courir à l’institution qu’ils représentent lorsqu’il leur arrive d’être pris en otages ou rançonnés comme au temps des guerres de la Ligue.
19Cette évolution et ces responsabilités accrues ont-elles forgé au sein du parlement un esprit de corps capable de dépasser les tensions internes et les susceptibilités individuelles ou familiales ? S’il est facile de répondre positivement à cette question, il est difficile de retracer les étapes durant lesquelles se forge cette solidarité. Une seule certitude la caractérise : sa manifestation au grand jour à un moment essentiel de l’histoire du parlement qui est le milieu du xvie siècle. Résultat d’une évolution déjà longue qui a vu plusieurs générations se succéder au parlement, elle est révélée par le premier mouvement de résistance des conseillers face aux crues d’offices. Celles-ci apparaissent dès 1543 et elles sont alors apaisées par la promesse royale de supprimer les offices nouvellement créés par leur non renouvellement lors de leur vacance. Dès l’année suivante, un cas concret prouve aux conseillers que la promesse royale n’est pas tenue et que la résistance devient nécessaire. La manifestation suivante de cet esprit de corps, plus résolue et plus longue que la précédente, coïncide avec l’intégration forcée au sein du parlement de l’éphémère cour des Aides de Périgueux : créée en 1553, n’a-t-elle pas été supprimée quatre ans plus tard en raison de l’offensive conjuguée de ses rivales de Paris et de Montpellier ? La guerre d’usure qui se déclenche alors, faite de mesquineries et de querelles de préséances, ne s’apaise qu’en août 1561 lorsque l’édit de Saint-Germain-en-Laye met fin conjointement à l’existence de la cour des Aides et à celle de la Chambre des Requêtes, instaurée en 1546. C’est en défenseur des droits des magistrats périgourdins dont il faisait partie que Montaigne fait son entrée par une porte étroite au parlement.
20Entre ces deux mouvements de résistance et de défense de leurs intérêts qui forgent leur esprit de corps, les conseillers du parlement de Bordeaux ont traversé, en 1548 et 1549, une crise décisive qui a contribué à renforcer leur solidarité. Les origines de cette crise majeure sont bien connues : il s’agit de l’imposition de la gabelle et de l’instauration de greniers à sel en Guyenne, décidées par François Ier, qui ont déjà provoqué en 1545 une grave sédition en Périgord, notamment à Périgueux11. L’avènement d’Henri II ne modifie en rien la décision royale. En août 1548, l’émeute gagne Bordeaux où elle s’étend à partir du 19. Le 21, croyant pouvoir apaiser la foule révoltée en s’avançant vers elle, le lieutenant général Tristan de Moneins est massacré et littéralement mis en pièces, tandis que la chasse aux « gabelous » s’intensifie. Dès le lendemain, le calme revient et le parlement ainsi que la jurade reprennent les choses en main. Mais la répression royale ne tarde pas. La punition est terrible pour la ville et les autorités urbaines coupables de tiédeur ou d’atermoiements au début de la sédition. Elles sont suspendues et privées de leurs fonctions : les conseillers du parlement de Bordeaux sont alors remplacés par une juridiction de conseillers issus des parlements de Rouen, de Paris et de Toulouse. Cette cour siège six mois, d’août 1549 à janvier 1550.
21À partir de cette date, le parlement de Bordeaux retrouve ses fonctions : ainsi en a décidé Henri II qui accorde à la ville une large amnistie après la tourmente de la répression menée par le connétable de Montmorency. La jurade en sort diminuée et soumise au contrôle royal selon le modèle de l’organisation municipale parisienne. Le parlement qui a sauvé l’essentiel, sait mettre à profit cet affaiblissement municipal dans la gestion de la cité et sort finalement renforcé de la tourmente, aidé en cela par les difficultés financières de la monarchie.
22Une dernière offensive lui permet alors de mettre à l’épreuve sa cohésion interne et ses capacités de résistance face aux initiatives royales. Après s’être incliné, comme les autres parlements du royaume, devant la création des sièges présidiaux dans l’étendue de son ressort, en 1552, il va multiplier obstacles et contrôles afin d’empêcher, les années suivantes, les officiers « moyens » des présidiaux de Guyenne d’exercer pleinement leurs fonctions12. Le présidial le plus concerné par ces « tracasseries de mise en place » est celui de Bordeaux qui siège lui aussi au palais de l’Ombrière : à l’égard de ses magistrats, tout est prétexte à vexations dans un contexte hiérarchique qui rend impossible la réplique de ces officiers « moyens » par rapport à ceux du parlement.
23À tous ces événements extérieurs contemporains du milieu du xvie siècle et capables à eux seuls de constituer le ciment d’une solidarité s’ajoute l’éternel problème des retards cumulés du paiement des gages des conseillers et de leur personnel ainsi que la recherche de plus en plus difficile de recettes pour les assigner. Il y a là, en permanence, un ferment de mécontentement et une raison supplémentaire de mobilisation contre le pouvoir royal. Mais cet esprit de corps était-il suffisant pour résister à l’épreuve des guerres civiles qui occupent toute la seconde moitié du siècle ?
Le parlement face aux guerres civiles
24Durant toute la période des « troubles », les réactions du parlement sont en grande partie dictées par la situation géographique, politique et militaire de son ressort13. Cette vulnérabilité est liée à la proximité de la façade atlantique qui l’expose au danger des incursions espagnoles et anglaises. L’estuaire de la Gironde ou « rivière de Bordeaux » est une voie d’invasion qui menace les rives du Bordelais et fait courir des risques majeurs à la ville de Bordeaux dont les principales fortifications, ruineuses en entretien, se situent en bord de Garonne. A ces dangers extérieurs s’ajoute la domination d’une maison royale aux prérogatives princières : celle des Bourbons-Albret, prudemment ménagée par la monarchie et détentrice d’une fonction en Guyenne qui accroît sa puissance et celle de son immense réseau de clientèle : le gouvernement de la province.
25Au moment où débutent les guerres civiles, en 1562, il y a plus de trente ans déjà que les idées réformées ont pénétré dans la cité et au parlement. Il suffit de se référer à la surveillance exercée par les conseillers sur le tout récent collège de Guyenne pour mesurer leur vigilance et leur inquiétude. Il est vrai que les régents venus à Bordeaux ont largement contribué à la diffusion des idées nouvelles et à la formation de la jeune génération des conseillers qui entre au parlement au commencement du « temps des troubles ». Cette surveillance annonce la compétence nouvelle et décisive reconnue aux parlements par l’édit de Fontainebleau, en 1540. Désormais, ils sont en première ligne pour la lutte contre « l’hérésie » et multiplient, sur le terrain, missions de répression et recherche de solutions de pacification. Nul doute que ces responsabilités nouvelles ont influencé leurs choix religieux. Mais, pour l’instant, faute de mesure nominative ou familiale de leurs engagements dans la Réforme, il est impossible de se prononcer sur l’existence initiale de fêlures ou de failles idéologiques au sein du parlement. En 1555, au moment où la répression s’intensifie, un antagonisme interne de premier plan oppose le président Lagebaston au président Roffignac qui a pris le relais du président de Lage à la tête des catholiques intransigeants. Dès ce moment, malgré le rôle des modérés aux côtés de Lagebaston, la majorité des conseillers se range parmi les adversaires des protestants. Leur intransigeance est renforcée par l’installation à Bordeaux d’un archevêque de combat, promis à trente ans d’épiscopat bordelais : Antoine Prévost de Sansac.
26Cette intransigeance donne lieu au parlement, dès 1561, à la constitution d’un syndicat ultra-catholique, ligue avant les ligues. Ses adhérents profitent de la flambée des violences religieuses en Guyenne, de la modération du lieutenant général Burie et des difficultés rencontrées par la politique de Michel de L’Hospital pour affirmer leur union et leur résistance à toute tentative de paix religieuse. Aux côtés du président Roffignac se distinguent Lange, avocat au parlement, et le conseiller Baulon. C’est au premier des deux que reviennent l’organisation du syndicat et son implantation dans la ville en un dispositif de six quartiers. Le premier grand affrontement entre ultras et modérés est contemporain de la promulgation de l’édit de janvier 1562 : « La véhémence catholique est déjà annonciatrice de la guerre civile qui, après le massacre de Vassy, va inexorablement l’emporter sur la concorde. »14 Si, au parlement, les modérés sont, presque par surprise, parvenus à faire enregistrer l’édit, dès le 30 janvier, la suite des événements les fragilise considérablement. La première guerre civile qui survient quelques mois plus tard voit le renforcement du syndicat et la mise en défense de la ville, surtout après l’échec du complot protestant contre la forteresse du Château Trompette, protectrice de la ville côté rivière. Lors du grand tour de France de Charles IX et de Catherine de Médicis, en 1565, Michel de l’Hospital ne réussira que provisoirement à dissoudre le syndicat. À peine la grande caravane de la cour s’est-elle éloignée, emportant avec elle le chancelier, que le syndicat renaît.
27La reprise de la guerre, en 1567, et le renouvellement de la menace militaire contre Bordeaux rendent intenable la position des modérés et obligent Lagebaston à abandonner sa charge, sans oublier les quelques conseillers chassés du parlement pour cause d’hérésie. Les épurations de 1569 et 1570, orchestrées par les ultras du parlement, prennent très vite le relais. Consécutives au déclenchement des troisièmes troubles et à la décision de Jeanne d’Albret de rallier avec ses deux enfants la ville de La Rochelle, lieu de résistance majeure des chefs du parti protestant, elles se traduisent par deux flambées répressives à l’encontre de la clientèle des Bourbons-Albret et des protestants de la région : en 1569, 579 condamnations à mort sont prononcées par le parlement et, en 1570, 563... C’était là une revanche sur l’emprise mal supportée de la grande famille princière et royale. En même temps, le parlement édicte une série de règlements qui font de Bordeaux une cité en état de siège. L’épuration frappe tous les protestants titulaires d’offices, notamment 10 conseillers du parlement exclus des différentes chambres où ils siégeaient.
28La Saint-Barthélemy bordelaise d’octobre 1572, orchestrée par Lange et le jésuite Aymond Auger, clôt tragiquement ce cycle de violences : les conseillers Jean de Guilloche et Guillaume de Sevin sont massacrés lors de l’émeute du 3 octobre. Lagebaston, qui avait retrouvé sa charge de premier président après la paix de Saint-Germain, en 1570, est sauvé par le commandant de la garnison du fort du Hâ, forteresse protectrice de Bordeaux, côté voies de terre. Après ce paroxysme, le syndicat est maître du parlement, il impose alors aux Bordelais une confession de foi catholique et se prépare à répondre aux appels ligueurs des années suivantes, surtout après l’arrivée d’Henri de Navarre comme gouverneur en Guyenne, à la suite de la signature de la paix de Monsieur en 1576. Juste avant son retour, le roi de Navarre s’est converti à nouveau au protestantisme après son abjuration forcée de la nuit de la Saint-Barthélemy.
29D’emblée, les Bordelais refusent l’entrée de leur ville au nouveau gouverneur. Mais l’ardeur des conseillers catholiques n’est plus aussi ardente qu’avant la Saint-Barthélemy. Est-ce par crainte ou par lassitude ? N’est-ce pas aussi en raison de l’apparition au sein du parlement d’un groupe de conseillers tentés par la position intermédiaire des tenants du tiers parti qui peuvent être assimilés au courant des politiques ? Il reste à le prouver. En tout cas, le parlement se montre davantage docile à l’égard des clauses de la paix de Bergerac et de l’édit de Poitiers — qui interdisent la première ligue — et davantage obéissant aux consignes de Catherine de Médicis lors de son passage à Bordeaux, en 1578, qu’il ne l’avait été treize ans plus tôt, en 1565. Entre-temps, Lagebaston a été remplacé par Daffis à la tête du parti des modérés, tandis que leurs adversaires n’ont pas trouvé de fortes personnalités pour succéder aux initiateurs du premier syndicat. Dans ces conditions, la paix du Fleix, en novembre 1580, se traduit par un affaiblissement de l’autorité du parlement : une chambre de justice, composée de magistrats parisiens agréés par le roi de Navarre, se substitue aux conseillers bordelais pour juger des atteintes portées au nouvel édit et des relations entre protestants et catholiques. Ce sont des magistrats de talent qui ont été requis pour cette tâche délicate et risquée : Pierre Pithou, Antoine Loisel et Jacques de Thou en font notamment partie. Dans quelle mesure ce retour des Parisiens a-t-il rappelé à certains Bordelais la venue de leurs collègues après la révolte de 1548 contre la gabelle ? Une nouvelle fois, même s’il ne s’agit pas alors d’une punition, le parlement était mis sur la touche ou empêché de juger les différends qui pouvaient mettre la paix en péril. Ces magistrats siègent jusqu’en 1584, date à laquelle le parlement retrouve ses prérogatives. Ces premières années de la décennie 1580 sont justement celles durant lesquelles Montaigne occupe la charge de maire de Bordeaux avec l’agrément conjugué du roi, de la reine mère et d’Henri de Navarre, sans oublier la reine Margot.
30Cette situation s’aggrave considérablement en 1584 lorsque la mort du duc d’Anjou place Henri de Navarre en position de successeur d’Henri III sur le trône de France. Entre-temps, il s’est préparé à pareille situation Avec un entourage à toute épreuve, composé de protestants et de catholiques, il a patiemment ou brutalement transformé son gouvernement en un lieu de commandement militaire et religieux et en bastion défensif contre les armées royales venues pour le vaincre entre 1585 et 1587. S’il réussit, c’est grâce à la constitution et à la résistance d’un front militaire protestant qui relie La Rochelle à Montauban en franchissant la vallée de la Dordogne entre Sainte-Foy et Bergerac, passage obligé des troupes entre le Béarn et la Saintonge. Face à ce front, se dresse celui de la Garonne avec, pour priorité, la défense de Bordeaux et de ses accès fluviaux et terrestres. Forts de leur front du refus à l’encontre du gouverneur, les conseillers du parlement ont parfaitement conscience du danger de leur situation bordelaise.
31Au moment où se constitue la Ligue de 1585, l’engagement ligueur de la population bordelaise se manifeste à nouveau, sans pour autant l’emporter au sein du parlement. Ni les tentatives de complots, ni les raids des capitaines ligueurs, tel Lussan à Blaye, ni l’avancée des armées venues débusquer Henri de Navarre avant sa victoire à Coutras, en octobre 1587, ne permettent de donner l’avantage aux partisans de la Ligue à l’intérieur de la ville. Bien plus, après l’assassinat d’Henri III et à la suite de quelques mois d’expectative, le parlement, dès janvier 1590, reconnaît Henri IV comme roi de France et l’implore de se convertir. Cet événement qui préparait pour lui des acceptations bien plus douloureuses comme celle de l’édit de Nantes, n’est en rien spontané : il doit tout au lieutenant général de la Guyenne, subalterne direct d’Henri de Navarre : le maréchal Jacques Goyon de Matignon. Appelé en Guyenne pour y remplacer Biron, en 1581, il réussit en moins de dix ans grâce à ses talents de diplomate et de militaire à garantir Bordeaux des coups de main ligueurs, à garder le contact avec Henri de Navarre, même au plus fort de leurs escarmouches belliqueuses, et à continuer de servir Henri III et Catherine de Médicis. Au regard de ces relations de haute diplomatie, le contrôle du parlement de Bordeaux et de ses conseillers, n’était pas pour lui une tâche impossible. Il est sans contredit le premier artisan de l’acceptation contrainte et forcée du nouveau roi de France15.
32Le parlement s’était rendu, mais avec les honneurs, c’est-à-dire en formulant exigences et critiques pour ménager l’avenir et sa capacité présente de résistance active et passive : « Vostre authorité n’est que fort peu recogneue, vostre justice est sans force, vos bons subjects en divers lieux desnués de défense, la pluspart de vos peuples atterez... Tout est desbourdé comme au tems d’une anarchie. »16 De son côté, Henri IV savait à quoi s’en tenir même s’il était prêt à reconnaître quelques qualités au parlement de Bordeaux : « Le parlement de Bourdeaux tenoit tellement son authorité et dignité... que le roy disoit que, s’il n’estoit roy, il vouldroit estre conseiller à la cour du parlement de Bourdeaux. »17 Boutade ou double langage pour amadouer, tout en se moquant, ceux qui lui avaient tant résisté quand il était gouverneur de Guyenne ? C’est à ces mêmes conseillers qu’il adresse cette réponse bien sentie à leurs remontrances contre l’édit de Nantes, en 1599 : « Je suis vostre Roy légitime, vostre chef ; mon royaume en est le corps ; vous avés cest honneur d’en estre membres, d’obéir, et d’y apporter la chair, le sang, les os et tout ce qui en despend. Vous dictes que vostre parlement seul en ce Royaume est demeuré en l’obéissance de son Roy, et par tant ne devés avoir pire condition que le parlement de Paris et Rouen, qui, devant les desbordemens et orages de la Ligue, se sont dévoyez. Certes, ce vous a esté beaucoup d’heur ; mais après Dieu, il en faut rendre louange, non seulement à vous autres, qui n’avés eu faute de mauvaise volonté pour remuer comme les autres, mais à feu Mons. le mareschal de Matignon, qui vous tenoit la bride courte, qui vous en a empesché. Il y a longtemps qu’estant seulement roy de Navarre, je cognoissois dès lors bien avant vostre maladie ; mais je n’avois les remèdes en main ; maintenant que je suis Roy de France, je les connois encore mieux, et ay les matières en main pour y remédier et en faire repentir ceux qui voudront s’opposer à mes commandemens. »18 Ce message révèle la parfaite connaissance que le nouveau roi a du parlement de Bordeaux pour des raisons politiques, mais aussi personnelles et familiales. Il se garde bien de préciser qu’il sait pouvoir compter au parlement sur un groupe de conseillers minoritaires mais agissants qui ont habilement contourné l’hostilité des proligueurs, de loin les plus nombreux. Est-ce la preuve que l’esprit de corps des conseillers a été fragilisé par la longueur des guerres de religion ou que s’est maintenu au parlement, contre vents et marées, un noyau solide de modérés restés fidèles à la politique de Michel de L’Hospital et à sa volonté de concorde ? Question encore sans réponse d’une enquête complexe mais passionnante sur la constitution, à Bordeaux, d’un patriciat parlementaire au xvie siècle.
Notes de bas de page
1 C HIGOUNET dir., Histoire de Bordeaux, Bordeaux de 1453 à 1115, Bordeaux, 1966, p. 287-293.
2 C B. F. BOSCHERON DES PORTES, Histoire du parlement de Bordeaux, Bordeaux, 1877 et F. VINDRY, Les parlementaires français au xvie siècle, t. II, Le parlement de Bordeaux, Paris, 1910.
3 D. FRAME, Montaigne, une vie, une œuvre, 1533-1592, Paris, 1994,459 p.
4 E GAULLIEUR, Histoire du Collège de Guyenne, Paris, 1874.
5 E GAULLIEUR, Histoire de la réformation à Bordeaux et dans le ressort du parlement de Guyenne, t. 1, Les origines et la première guerre de Religion jusqu’à la paix d’Amboise (1523-1563), Paris, 1884.
6 MONTAIGNE, Oeuvres complètes, Paris, Bibliothèque de La Pléiade, 1962, Essais, I, XXVIII p. 182.
7 MONTAIGNE, op. cit., p. 182.
8 C. HIGOUNET dir., Histoire de Bordeaux, Bordeaux de 1453 à 1715, op. cit., ρ. 186-187.
9 H. PATRY, Les débuts de la Réforme protestante en Guyenne, 1523-1559, Arrêts du Parlement, Bordeaux, 1912.
10 J. CORNETTE, La mélancolie du pouvoir, Omer Talon et la raison d’État, Paris, 1998,442 p.
11 S. G. GIGON, La révolte de la gabelle en Guyenne, Paris, 1906.
12 A.-M. COCULA, « Le parlement de Bordeaux et les présidiaux de Guyenne : quelques tracasseries de mise en place », dans Les officiers moyens à l’époque moderne, études réunies par M CASSAN, PULIM, 1997, ρ. 247-259.
13 A.-M. COCULA, « Crises et tensions d’un parlement au temps des guerres civiles : le parlement de Bordeaux dans la seconde moitié du xvie siècle », dans Les Parlements de Province, pouvoir, justice et société du xve au xviiie siècle, Toulouse, 1996, ρ. 721-731.
14 D. CROUZET, La sagesse et le malheur, Michel de l’Hospital, chancelier de France, Paris, 1998, p. 450.
15 R. TAIT, The King’s Lieutenants in Guyenne (1580-1610), thèse dactyl., Oxford, 1977.
16 Archives historiques de la Gironde, t. VII, p. 216.
17 GAUFFRETEAU, Chroniques bordelaises, Bordeaux, 1877, t. l, p. 231.
18 Lettres missives de Henri IV, publiées par J. BERGER DE XIVREY, Paris, 1850, p. 180-181.
Auteur
Université de Bordeaux III
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