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Changement climatique, famine et réforme de l’agriculture : la culture de la pomme de terre à Pistoia

p. 57-71


Texte intégral

1On dit parfois que les Italiens ont commencé à consommer des pommes de terre lors de la crise alimentaire de 1816-18172. Cet article réexamine cette affirmation en se basant sur un traité agronomique mineur, écrit par Francesco Chiarenti.

Francesco Chiarenti : médecin, propriétaire foncier, agronome

2Qu’est censé faire un médecin à l’esprit réformateur ? Après avoir reçu son titre de docteur en médecine à Pise (1785), exercé à l’hôpital Santa Maria Nuova à Florence, rejoint l’ordre des médecins de la ville (1787) et écrit divers essais médicaux (sur les nerfs, les sucs gastriques et le processus digestif), Francesco Chiarenti commença à s’intéresser aux philosophes français. À l’instar de nombreux intellectuels toscans de sa génération, Chiarenti fut inspiré par les réformes qui avaient lieu en France. Il fut même membre du « triumvirat » chargé de gouverner l’État de Toscane en novembre 18003. Cependant, lorsque le royaume d’Étrurie fut créé par Napoléon et confié à Lodovico di Borbone (prince de Parme), Chiarenti se retrouva sans occupation. En 1801 à 35 ans, Chiarenti revint s’installer dans sa ville natale de Montaione, près de Pistoia. Il en fut le maire pendant quatre ans. Toutefois, à cette époque, il consacrait la majeure partie de son temps aux grandes propriétés qu’il possédait dans la région. Ses efforts aboutirent à la publication, en 1819, d’un essai sur les caractéristiques de l’agriculture du grand duché de Toscane. La même année, grâce à ce livre, il devint membre de l’Accademia dei Georgofili à Florence, devant laquelle il présenta par la suite plusieurs essais sur le libre commerce des céréales. À sa mort, en 1828, il n’eut cependant droit qu’à ce commentaire de Raffaele Lambruschini : « Pauvre Dr Chiarenti, sa perte m’attriste vraiment car, en dépit de quelques idées bizarres, c’était un homme de valeur et animé de bonnes intentions »4. À quelles « idées bizarres » Lambruschini faisait-il allusion ? Aux efforts déployés par Chiarenti pour éduquer ses métayers et les impliquer dans la gestion de ses terres ? Ou, peut-être, à ses prises de position en faveur de la pomme de terre ? Avec le recul, on peut faire de nombreuses objections aux Riflessioni e osservazioni sull’agricoltura Toscana (Réflexions et observations sur l’agriculture toscane) de Chiarenti, livre paru en 1819. En premier lieu, on peut critiquer sa vision négative de l’état de l’agriculture du grand duché de Toscane.

Alors que la plupart des arts et des sciences ont plus ou moins évolué [déplore Chiarenti] seule l’agriculture, au sens large, ne s’est pas transformée et n’a pas su profiter des progrès réalisés dans les domaines qui lui sont connexes et complémentaires.5

3L’explication qu’il propose est également discutable. Chiarenti en attribue l’entière responsabilité, non pas aux paysans qui travaillent les champs, mais aux régisseurs, qui ne mettent pas en place de réformes agricoles. Enfin, la solution que propose Chiarenti est également contestable. Selon lui, les propriétaires fonciers devraient s’occuper eux-mêmes de leurs terres. L’investissement requis est minime.

En offrant aux paysans une récompense aussi simple qu’une bouteille de vin, le propriétaire foncier peut non seulement introduire certaines innovations mais, s’il le souhaite, il peut inverser toutes leurs anciennes pratiques. [Chiarenti prend l’exemple de ses dix métayers (coloni).] Ils ne savaient pas construire des murs ou des talus afin de rendre arables des terrains en pente et de réguler l’approvisionnement en eau et estimaient encore moins que ce travail en valait la peine. Maintenant la plupart d’entre eux le font et vont jusqu’à en prendre l’initiative, sans qu’il soit nécessaire de contrôler.6

4Chiarenti leur a même appris à planter des pommes de terre ! La pomme de terre était largement inconnue en Toscane, note Chiarenti ; le désintérêt était plus marqué chez les gens sans instruction, méfiants à l’égard de tout changement et de toute innovation7. C’est alors qu’arriva la famine.

La pauvreté et la faim, seules forces suffisamment puissantes pour réveiller même les hommes les plus paresseux et les plus grossiers, ont poussé les populations toscanes les plus misérables à se consacrer à la culture [de la pomme de terre] à grande échelle.8

5La mauvaise récolte de 1816 a incité les habitants des régions toscanes de Pistoia, Romagna, Casentino et Chianti à planter des pommes de terre. Les habitants de Pistoia, et Chiarenti s’en félicite, se sont « distingués entre toutes [les provinces] car la faim les a plus durement frappés, [affectant] un plus grand nombre de personnes »9. Pendant la famine Chiarenti lui-même a multiplié par huit la production de pommes de terre sur ses terres, la portant à 800 livres et il en a distribué la moitié à ses paysans pour qu’ils les plantent10. Bien que les Georgofili aient admis Chiarenti parmi les membres de leur académie agronomique à l’esprit réformateur, ils ne partageaient pas sa vision négative de l’agriculture toscane. Ils ont également rejeté sa critique des propriétaires fonciers, qu’il juge absents et négligents, et ses propositions en faveur de l’éducation des métayers. Manifestement, ils avaient le sentiment que les choses avaient évolué depuis que des idées analogues avaient été formulées, soixante ans auparavant, par le fondateur de l’Académie, le révérend Ubaldo Montelatici11. Ils approuvaient néanmoins les propositions et les solutions techniques de Chiarenti et reconnaissaient qu’elles étaient le fruit d’une expérience de première main et d’une étude attentive12. Et ils ont dû particulièrement apprécier les passages concernant la pomme de terre. En quoi la mauvaise récolte de 1816 fut-elle si terrible ? Et pourquoi envisager la pomme de terre comme solution possible, comme le fit le « bien intentionné » Chiarenti ?

Pommes de terre et volcans : la famine épidémique de 1815-1816

6En Italie, aussi étrange que cela puisse paraître, la culture de la pomme de terre à grande échelle a commencé en partie à cause de l’éruption d’un volcan, à des milliers de kilomètres de là. Une série d’éruptions, pendant les années 1811-1818, la plus importante ayant été celle du volcan Tomboro, en 1815, sur l’île de Sumbawa en Indonésie, a envoyé assez de cendres dans l’atmosphère pour modifier le climat mondial. En Europe, les contemporains de l’époque remarquèrent la présence d’une « vapeur fumante » dans l’air, ainsi que la faiblesse du soleil. Ils rapportèrent des phénomènes inhabituels, comme le rougeoiement du soleil et de la lune, et des crépuscules très colorés. En mai 1816, une chute de neige rouge et jaune terrorisa les habitants de Taranto (Puglia), région où la neige était en soi un événement exceptionnel13. Cette année-là, le printemps et l’été furent parmi les plus froids et les plus pluvieux de toute l’histoire de la météorologie du monde occidental. En fait, presque toute la décennie fut caractérisée par des étés froids et humides. Les mauvaises récoltes se succédèrent et culminèrent avec la catastrophe de 1816, qualifiée par John Post de « plus grande crise alimentaire » du monde occidental14. Dans l’État autrichien de Lombardie-Vénétie, le sol était encore couvert de neige en avril et en mai 1816. Il y eut d’importantes inondations partout dans la péninsule. Des orages endommagèrent les digues, les rivières sortirent de leur lit, les routes et les ponts furent coupés. Les céréales furent ramassées début septembre, en raison de gelées précoces. De toute façon, elles étaient impropres à la consommation humaine et furent destinées à l’alimentation animale. Les olives et les raisins n’arrivèrent pas à maturité15. La mortalité des animaux d’élevage augmenta. Le temps froid et humide entraîna une baisse de l’offre de bois de chauffage. Les productions de chanvre et de soie souffrirent toutes deux. Le miel fut rare, le mauvais temps ayant eu un impact sur l’activité normale des abeilles. La récolte de châtaignes, aliment de base des régions montagneuses italiennes, fut inexistante. Seule la Sicile fut épargnée. Les facteurs climatiques furent exacerbés par les facteurs sociaux et économiques. Les guerres napoléoniennes à peine terminées, les perturbations, le chômage et le brigandage étaient monnaie courante. Le commerce était destabilisé. Les réquisitions militaires et l’impôt représentaient un lourd fardeau, notamment pour les propriétaires fonciers, plus que jamais résistants au changement et soucieux de maintenir leurs privilèges. Les États italiens nouvellement restaurés prirent des mesures rigoureuses pour rétablir l’ordre et augmenter les ressources. De nombreux paysans vivaient dans des conditions misérables. Ceux des montagnes de Lombardie-Vénétie vivaient « dans un état pitoyable de faim, de misère et, on peut même dire, de désespoir »16. Partout, les paysans étaient complètement à la merci du rendement des récoltes. L’agriculture, toutefois, était en péril. Un contemporain de l’époque, faisant référence à sa propre province de Padoue, incriminait l’absentéisme des propriétaires fonciers, la trop grande taille des parcelles louées, le déséquilibre entre les surfaces de prairies et les surfaces de céréales, la fumure insuffisante et la pénurie de production de fourrage17. Les mauvaises récoltes persistantes entraînèrent la baisse de tous les prix exceptés, bien entendu, ceux des aliments de base, en même temps que le déclin de la production aggravait encore le niveau du chômage. Les artisans et les agriculteurs furent contraints de mettre en gage leurs outils, leurs meubles et leurs vêtements, parfois pour payer les impôts et les redevances, que les autorités autrichiennes continuèrent à prélever dans le Nord de l’Italie tout au long de la crise18. La persistance des mauvaises conditions météorologiques affecta la récolte de toutes les céréales. Les prix du blé, du seigle, de l’orge et de l’avoine augmentèrent tous dans des proportions comparables. Ces quatre céréales étaient interchangeables, mais l’augmentation des prix était générale et limitait la possibilité de reporter la demande des céréales les plus chères vers les céréales les moins chères, comme il arrive souvent en période de crise. Plus préoccupant pour les suzerains autrichiens de Lombardie-Vénétie, le prix du maïs augmenta énormément (la polenta de maïs était déjà un aliment de base dans la région). Pratiquement toute la péninsule dut faire face à la famine. En réponse à la mauvaise récolte de 1816, la plupart des États européens et tous les États de la péninsule italienne limitèrent l’exportation des céréales. Cela contribua encore davantage à limiter l’offre. Même après la bonne récolte de 1817, l’exportation de céréales à partir des États pontificaux demeura strictement interdite. À partir de septembre 1816, l’importation de céréales eut lieu à grande échelle dans les villes portuaires telles que Trieste, Venise, Gênes et Livourne, les gouvernements italiens ayant temporairement allégé les taxes sur le blé importé. Les céréales venaient de très loin : Odessa, Constantinople, Alexandrie et les États-Unis. Les acheteurs se faisaient concurrence. De toute manière, les nombreux pauvres habitant les zones rurales et montagneuses à l’extérieur des villes n’en tirèrent guère bénéfice car ils n’avaient pas les moyens d’acheter des aliments, quel qu’en fut le prix.

7Dans les États italiens, les gouvernements mirent en œuvre quelques mesures. Des soupes populaires publiques furent mises en place19, des asiles de pauvres ouverts, des projets d’infrastructures adoptés et des semences de maïs distribuées. Les fonctionnaires locaux furent chargés de recenser les pauvres dans leurs juridictions. Les œuvres de bienfaisance privées distribuèrent de la nourriture, des vêtements et des petites sommes d’argent. Mais cela ne suffit pas. En novembre 1816, la Commission de bienfaisance de Padoue, préoccupée, rapportait que « les deux-tiers de la province sont au bord de l’inanition et nous ne sommes même pas encore en décembre ; que se passera-t-il entre mars et juin ? »20. Les habitants des montagnes de Lombardie furent contraints, pour subsister, de consommer des racines et des feuilles. Aux alentours de Brescia et de Bergame, les habitants mangeaient des herbes et des racines. À Tramonti (Trévise) la plupart des habitants ressemblaient à des cadavres ambulants, réduits à manger du foin21. À Andreos (Udine), les pauvres ne mangeaient que des spathes de maïs. À Gorizia, « la population était réduite à un régime de salade et de soupe faite à partir d’herbes, et bien souvent n’avait absolument rien à manger »22. Les paysans déterraient les semences de maïs et de légumes pour les manger. Craignant des violences publiques, les fonctionnaires autrichiens demandèrent aux prêtres des paroisses de délivrer, dans leurs sermons, un message d’espérance, de patience et de confiance (envers le gouvernement). Les greniers et les boulangeries furent néanmoins, inévitablement, pillés. Les personnes suspectées de spéculer sur les céréales furent victimes d’agressions. À Vérone, une foule jeta des pierres à des marchands de grains et partit en emmenant quelques sacs de céréales23. Ces actes demeurèrent cependant isolés et ne donnèrent pas lieu à des manifestations organisées – rien de comparable aux émeutes qui se généralisèrent en France ou aux Pays-Bas par exemple24.

8Les taux de mortalité augmentèrent fortement pendant la crise, et les maladies épidémiques aggravèrent les effets de la famine. Les contemporains de l’époque rapportèrent de nombreux cas de personnes mortes de faim bien que, selon les connaissances médicales modernes, la faim soit rarement une cause directe de décès. C’est plutôt la malnutrition qui affecte la résistance de la personne à l’infection (tandis que les maladies infectieuses aggravent la malnutrition). Famine et épidémies sont liées car les conditions d’hygiène se détériorent, la résistance diminue et la contagion est favorisée par le déplacement des personnes à la recherche de nourriture. Les symptômes de la faim et de l’infection sont tellement liés qu’il est difficile de les démêler. Pendant la crise alimentaire de 1816, la maladie infectieuse la plus répandue était le typhus (spotted fever en anglais de l’époque ou tifo petecchiale en italien). La contamination par le typhus se faisait via les matières fécales des poux du corps. Les poux du corps et l’infection prospérèrent tous deux pendant la crise de 1816 car les personnes épuisées se blottissaient les unes contre les autres pour se tenir chaud, erraient en groupe à la recherche de nourriture et ne se souciaient guère d’hygiène. Le typhus apparut en 1816 des deux côtés de l’Adriatique et ravagea toute l’Italie. Dans le grand-duché de Toscane, on estima à 25 00025 le nombre de victimes de la famine et de la maladie, notamment du typhus. Dans la province de Padoue, le nombre de morts passa de 11 079 en 1 815 à 12 330 en 1816 et 19 374 en 181726. En Lombardie, le typhus fut précédé par le scorbut, la pellagre, les maladies liées à la malnutrition. La pellagre était déjà considérée comme un baromètre de la pauvreté. Un médecin anglais, Henry Holland, écrivit qu’en Lombardie le nombre de cas de pellagre avait été multiplié « par un facteur dix en deux ans ; l’impact des mauvaises récoltes s’ajouta à celui des guerres qui les ont précédées »27.

La campagne de promotion de la pomme de terre

9Planter des pommes de terre pouvait contribuer à résoudre le problème des mauvaises récoltes à répétition et des famines subséquentes. La culture de la pomme de terre avait déjà été tentée à deux reprises, en Italie. L’agronome toscan Marco Lastri s’exprimant en 1787, écrit :

Nous avons connu la pomme de terre, originaire d’Amérique, au milieu du siècle précédent [c.a.d. dans les années 1650] ; elle a toutefois été abandonnée, pour être à nouveau proposée ces dernières années, comme étant une nouveauté.28

10Les « leçons d’agriculture » de Lastri furent à nouveau publiées, suite à la crise de 1816, au moment où les pommes de terre furent plantées pour la troisième fois. Il semble que les Italiens se soient contentés de promouvoir la pomme de terre une fois par siècle. La troisième fois fut-elle la bonne ?

11Comme nous le savons et comme les réformateurs du xviiie siècle le savaient, la pomme de terre a beaucoup d’atouts. Elle constitue un aliment inégalable en période de famine, après une mauvaise récolte ou intercalée entre deux cultures de céréales. Cela est dû à son excellente adaptabilité à des conditions climatiques et environnementales extrêmes. Elle donne par ailleurs des récoltes très rapidement, certaines variétés produisant même des tubercules au bout d’à peine soixante jours. La pomme de terre peut rester sous terre, presque cachée, et être récoltée au fur et à mesure des besoins, ce qui la protège des armées de passage et des vagabonds à la recherche de nourriture. En termes de main d’œuvre, elle produit davantage de calories et de protéines par unité de surface que n’importe quelle autre culture de céréales ou de racines. En termes nutritionnels, lorsqu’elle est consommée en quantité, la pomme de terre fournit à l’organisme une quantité de calories adéquate, des protéines de bonne qualité et un apport de vitamine C suffisant. Conservée dans de bonnes conditions et bien cuite, elle n’est pas toxique, a un goût agréable et est roborative. Son seul inconvénient : elle ne peut être ni conservée plusieurs années (contrairement aux céréales) ni transportée facilement, ce qui est un handicap pour le commerce en période de famine29. Dans ces conditions, pourquoi n’était-elle pas universellement consommée dans toute l’Europe au moment de la crise alimentaire ? Un certain nombre de facteurs biologiques et culturels empêchaient l’acceptation de la pomme de terre. D’abord, si la pomme de terre était à l’époque largement acceptée dans de nombreuses régions de l’Europe du Nord, il restait encore beaucoup à faire en ce qui concerne le Sud. La pomme de terre n’avait pas encore réussi à s’implanter en tant que culture « méditerranéenne ». Ensuite, les Européens du Sud n’étaient pas du tout habitués à considérer les racines et les tubercules comme une production alimentaire. Ceux qu’ils connaissaient, comme par exemple le navet, étaient tout au plus des légumes d’hiver. Le troisième facteur qui limita l’acceptation de la pomme de terre, fut le fait que, contrairement au maïs et malgré plusieurs tentatives méritoires, on ne savait pas en faire du pain, aliment de base. Enfin, à ses débuts, les médecins et botanistes caractérisèrent la pomme de terre comme étant responsable de flatulences et difficile à digérer. On considéra qu’elle ne convenait que pour les paysans ou les animaux. Toutefois, les années 1815-1817 et la crise alimentaire poussèrent les élites gouvernantes et culturelles à introduire à nouveau la pomme de terre, comme cela avait été fait une première fois en Italie quelque cinquante ans auparavant, au moment de la famine de 1764. Il y eut une augmentation des ouvrages consacrés à ce tubercule. On vit paraître des séries de publications sur les pommes de terre, en même temps que les pommes de terre elles-mêmes se répandaient. En 1817, l’imprimeur florentin Leonardo Ciardetti contacta Giuseppe Sarchiani, secrétaire de l’Accademia dei Georgofili, pour lui demander son avis sur un projet de réimpression de deux ouvrages consacrés à la pomme de terre, réunis en un seul volume. La réponse de Sarchiani fut si enthousiaste que Ciardetti en fit la préface de l’ouvrage30.

12En vérité, Ciardetti ne pouvait guère douter de l’intérêt qu’il y avait à imprimer un ouvrage sur la pomme de terre à cette époque. Les propriétaires fonciers instruits étaient très demandeurs de toute information concernant les plantes capables de supporter la modification du climat, de donner un rendement et de nourrir leurs métayers. Les imprimeurs se précipitèrent pour répondre à la demande. À Modène, Vincenzi se dépêcha de publier un texte présenté à la société agraire locale dix ans auparavant (sur les utilisations et la conservation de la pomme de terre)31. En fait, durant les années 1815-1819, on publia en Italie au moins trente-huit livres consacrés à la pomme de terre, dont des ouvrages originaux, des rééditions et des compilations32 (il est intéressant de noter qu’il n’y eut pas de traductions). Rien qu’à Florence, Ciardetti imprima un deuxième ouvrage, Guglielmo Piatti imprima quatre autres titres et l’imprimeur de l’archevêché, un ouvrage. Au cours de l’année 1817, l’article de Verdiano Rimbotti sur la pomme de terre, après avoir été présenté devant l’Accademia dei Georgofili le 8 janvier, parut sous la forme d’un petit livre imprimé par Piatti à Florence, puis par F. Baroni à Lucca, puis dans une compilation de travaux imprimés par Piatti, et enfin dans une deuxième édition augmentée, imprimée par Ciardetti. Douze travaux furent publiés dans la principale région productrice de maïs : cinq à Udine, quatre à Milan et trois à Venise. À Pistoia, qui n’était pourtant pas un centre d’édition, en plus de la publication du traité de Chiarenti, les frères Manfredini imprimèrent deux autres ouvrages spécialement consacrés à la pomme de terre. Les publications sur la pomme de terre n’étaient pas l’apanage du centre et du nord du pays : cinq ouvrages furent imprimés dans le royaume de Naples. Le fait que sept imprimeurs aient édité dix-neuf de ces titres, semble indiquer qu’il y avait un marché pour ce type d’ouvrages. La demande vint, au moins en partie, des autorités civiles qui prônaient activement l’introduction de la pomme de terre. Pour rendre leurs recommandations plus efficaces, elles joignaient une ou deux brochures sur la pomme de terre. Ce fut le cas dans le grand-duché de Toscane. Dans une lettre du 15 janvier 1817, au plus fort de la crise, Girolamo Bartolomei, de l’Uffizio Generale della Comunità, écrivit à toutes les villes de Mugello (région montagneuse au nord de Florence) touchées par la famine. Chaque lettre était accompagnée d’un petit livre sur la culture de la pomme de terre. Bartolomei espérait que cela aiderait à

promouvoir et encourager, avec autant de zèle que possible, la culture de cette plante qui, au lieu de subir les infortunes liées à l’inclémence des saisons, serait une précieuse ressource pour la survie des classes nécessiteuses, notamment dans les périodes calamiteuses où la récolte de céréales était insuffisante.33

13Le livre en question était celui-là même que Ciardetti venait de publier qui contenait des travaux de Carlo Amoretti et Vincenzo Dandolo.

La culture de la pomme de terre à Pistoia

14Vers le début du xixe siècle, les propriétaires fonciers à l’esprit réformateur, comme Chiarenti, étaient, si on peut dire, bien enracinés dans le terreau local. Chiarenti et ses pairs plantaient des pommes de terre sur leurs propriétés depuis de nombreuses années. Comme l’indique Chiarenti dans ses Riflessioni, les pommes de terre n’étaient pas tant destinées à leur propre consommation qu’à la vente sur les marchés des principales villes du grand-duché, où elles répondaient à « la demande des voyageurs venant de l’autre côté des Alpes plutôt qu’au goût général des Toscans »34. En réalité, « malgré tous les travaux écrits en faveur de la culture de la pomme de terre à large échelle, les Toscans semblèrent l’ignorer ». Vinrent alors les mauvaises récoltes et un groupe de « propriétaires fonciers travailleurs et philanthropiques » du montagneux Vicariato de Pistoia se réunit en 1816 et décida d’agir face à cette situation. Ils décidèrent de planter beaucoup plus de pommes de terre que les années précédentes, afin de « porter secours à leurs semblables nécessiteux habitant la région », plutôt que pour en profiter eux-mêmes. Ensemble, ils plantèrent plus de 90000 livres de pommes de terre et non plus quelques milliers comme les années précédentes, et ils en récoltèrent plus de deux millions de livres35. Cela peut paraître impressionnant mais cela ne contribua guère à compenser la disette de cette année-là, dont l’absence quasi-totale de châtaignes, aliment de subsistance habituel de la population. Deux millions de livres à répartir entre les neuf mille habitants du Vicariato, cela ne représentait pas grand-chose. Le résultat, comme l’admit Chiarenti, fut que « de nombreux habitants de cette région montagneuse connurent la faim et la misère »36. L’année suivante, en 1817, les mêmes propriétaires fonciers plantèrent deux fois plus de pommes de terre. Ils en plantèrent 150000 livres et récoltèrent 3,2 millions de livres. Les hommes d’église, qui avaient voyagé à d’autres époques dans d’autres lieux, s’impliquèrent dans la promotion de la pomme de terre. L’archevêque de Bologne, Carlo Opizzoni, fit même circuler une lettre dans laquelle il encourageait ses fidèles à lire la brochure sur la pomme de terre, écrite par un certain « Prof. Contri »37. Certains prêtres eurent un rôle plus actif. Chiarenti cite l’exemple du curé de la paroisse de Santa Maria Novella, près de Radda, le révérend Montanti. En 1816, celui-ci augmenta considérablement la surface des terres dédiées à la culture de la pomme de terre, y consacrant dix-huit staiate, contre trois l’année précédente. Il fabriqua du pain à partir de pommes de terre, à raison d’un tiers de pomme de terre et de deux-tiers de farine (de céréales diverses). Avec ce pain, Montani nourrit non seulement ses métayers mais également d’autres nécessiteux de la région38. Entre-temps, en Lombardie-Vénétie, le curé de la paroisse de Pieve di Arbizzano (Vérone), Luigi Della Bella, alla jusqu’à écrire lui-même une brochure sur la pomme de terre et à la distribuer aux autres prêtres de la région39.

15Chiarenti, quant à lui, planta 800 livres de pommes de terre, soit huit fois plus que d’habitude. Il n’en récolta que 3 000 livres mais « étant donnée la misère généralisée, beaucoup [de pommes de terre] furent volées », vraisemblablement avant la récolte, et consommées par les paysans désespérés40. Chiarenti continua son travail méthodiquement, consultant le traité de Dandolo, s’interrogeant et interrogeant les autres propriétaires fonciers sur la manière d’obtenir le meilleur rendement. Il obtint la meilleure récolte sur les terres récemment déboisées dans les montagnes. Il en conclut que les pommes de terre poussaient très bien là où prospéraient les châtaigniers, si elles avaient beaucoup de lumière, ce qui en faisait des plantes idéales pour « les régions montagneuses les moins accessibles » du grand-duché41. Chiarenti note que les pommes de terre produisent nettement moins lorsqu’elles sont plantées sur des terres régulièrement cultivées. Cela pourrait expliquer pourquoi les régions d’Europe productrices des pommes de terre « ont souffert de terribles famines » ces dernières années, bien plus que la Toscane « qui ne cultivait pas de pommes de terre et qui, aujourd’hui encore, en produit très peu par rapport à ces régions »42.

Le (nouveau) déclin de la pomme de terre

16La situation redevient quelque peu normale avec les bonnes récoltes de 1817 et 1818. Le climat fut parfait, voire un peu sec. On revit, dans les campagnes florentines, les foires au bétail et les courses de chevaux. Pendant l’été 1817, le prix du blé fut réduit à presque la moitié de la valeur qu’il avait à peine six mois auparavant et celui du maïs au tiers43. La rapide baisse des prix entraîna toutefois une récession économique généralisée et une stagnation de l’agriculture. Les propriétaires fonciers n’avaient pas l’argent nécessaire pour faire travailler métayers et commerçants. Mais au moins personne ne mourrait de faim. La demande ayant fortement chuté, le prix des pommes de terre fut réduit au quart de sa valeur antérieure. En ce qui concerne la pomme de terre, elle souffrit du fait que dès que les gens eurent le choix, ils reprirent leurs habitudes et préférences alimentaires antérieures. Une fois passée la crise, la contribution de la pomme de terre fut rapidement oubliée. Le texte suivant, daté de 1775 et répondant aux fervents efforts de Zanon pour répandre la culture de la pomme de terre le résume parfaitement. L’auteur parle du Frioul, sa région natale :

De nombreux [propriétaires fonciers] étaient partants pour les cultiver, même dans les sols les plus stériles… Mais il devint vite évident que dans cette province, où de nombreuses et meilleures céréales poussent et donnent parfois deux récoltes par an, comme l’excellent et productif maïs, nous ne devons pas nous limiter sous prétexte qu’il faudrait trouver un nouvel aliment de base, encore moins un aliment caché sous la terre. Laissons volontairement les pommes de terre à ceux qui vivent sous les climats septentrionaux froids et rudes et nous, qui sommes nés et avons grandi sous des cieux cléments, jouissons des cadeaux que notre pays ensoleillé nous prodigue44.

17Selon Chiarenti, le beau temps de 1817 coïncida avec une réduction de la récolte de la pomme de terre, ce qui à son tour découragea de nombreux propriétaires fonciers toscans d’en faire la culture. La baisse du prix des céréales eut le même effet. Chiarenti en fut dépité. Même si, les céréales étant à nouveau disponibles et abordables, les gens se détournaient de la pomme de terre pour leur propre consommation, les pommes de terre demeuraient néanmoins un excellent fourrage pour les animaux. La Toscane ne produisait pas beaucoup de fourrage45. Les 30000 livres de pommes de terre que Chiarenti récolta en 1818 servirent à nourrir ses chevaux, ses porcs et ses moutons, « qui les mangeaient sans problème »46.

18Alors que les élites italiennes, aussi bien laïques que cléricales, faisaient campagne en faveur de la culture et de la consommation de la pomme de terre, les paysans italiens demeuraient largement réticents. Et pas seulement pour leur propre consommation ; ils ne voulaient pas la cultiver non plus comme fourrage pour les animaux, de peur qu’elle ne prenne la place d’autres cultures. La pomme de terre était associée à la pénurie et au désespoir, et cette connotation négative mit beaucoup de temps à disparaître. De plus, comme l’a noté Vito Teti, la culture de la pomme de terre était encouragée par les propriétaires fonciers, qui eux continuaient à manger du pain blanc (et pas des pommes de terre), et par les prêtres qui prêchaient le jeûne et la résignation aux paysans47. Les autorités toscanes ont fait tout leur possible pour développer la culture de la pomme de terre pendant la crise. Leurs efforts furent facilités par l’existence d’un important corpus d’ouvrages, favorables à la pomme de terre et à ses utilisations, rédigés par des auteurs toscans, dont Chiarenti. Ils bénéficièrent du soutien constant, de l’assistance et de l’expertise de l’Accademia dei Georgofili de Florence, favorable à la réforme. Le climat et les sols étaient adaptés. Si la pomme de terre devait s’imposer quelque part en Italie, cela aurait dû être en Toscane. Et pourtant ce ne fut pas le cas. La crise alimentaire cessant, les Italiens reconnaissants retournèrent à leur pain et à leur maïs. La pomme de terre redevint un aliment pour bétail, et le moins populaire d’entre eux. Une dizaine d’années après la crise, George William Tighe, un Irlandais résident en Italie note que :

Les meilleures variétés de pommes de terre y sont encore peu connues et [que] le fait de n’avoir ni des bonnes variétés ni les récoltes qui vont avec a empêché la pomme de terre de prendre sa place dans l’agriculture toscane.48

19Une description de 1832 renforce cette opinion, notant que « les propriétaires fonciers ont beaucoup de mal à imposer la culture de la pomme de terre et qu’habituellement seuls les animaux profitent de ses bienfaits »49. Bien que de nombreux Italiens aient consommé des pommes de terre pendant la crise alimentaire, ce produit n’entra pas dans leurs habitudes alimentaires en 1817. Il fallut attendre encore au moins cinquante ans. Mais ceci, comme ils disent, est une autre histoire.

Notes de bas de page

1  Cet article fait partie d’un livre que j’écris actuellement, sur l’histoire sociale et culturelle de la pomme de terre en Italie, depuis les temps les plus anciens jusqu’à nos jours. Ce livre s’inscrit dans un projet de recherches, financé par le Leverhulme Trust, portant sur l’arrivée et l’assimilation des plantes originaires du Nouveau Monde en Italie. Je remercie Marika Galli et Allen Grieco pour leurs suggestions et commentaires et les organisateurs de la conférence Jean-Pierre Williot et Marc de Ferrière le Vayer.

2  Lippi D., « Al tempo dei Lorena. Dalla fine delle carestie al trionfo della sobrietà », dans Ciuffolletti Z. et Pinto G. (dir.), Desinari nostrali. Storia dell’alimentazione a Firenze e in Toscana, Florence, Polistampa, 2005, p. 131-147.

3  Concernant sa biographie, voir Campinoti V., « Francesco Chiarenti, medico e politico montaionese fra Illuminismo e Restaurazione », introduction à Chiarenti F., Riflessioni e osservazioni sull’agricoltura Toscana e particolarmente sull’istituzione de’ fattori, Florence, Polistampa, 2007, p. VII-XL.

4  Lettre à Gian Pietro Vieusseux, 24 juin 1828, dans Carteggio Lambruschini-Vieusseux (1826-1834), Florence, Le Monnier, 1998, vol. 1, p. 148, cité dans Vergari D., « Francesco Chiarenti fra agronomia, istruzione e governo del territorio », dans Chiarenti F., Riflessioni…, op. cit., p. LIX.

5  Chiarenti F., Riflessioni e osservazioni sull’agricoltura Toscana e particolarmente sull’istituzione de’ fattori, Pistoia, Manfredini, 1819, réimpression photographique, Florence, Polistampa, 2007, p. 12-13. Sauf mention contraire, toutes les traductions sont de l’auteur.

6  Ibidem, p. 16. La construction des terrassements est vraiment le sujet du livre.

7  Ibid., p. 186.

8  Ibid., p. 186.

9  Ibid., p. 187.

10  Ibid., p. 190.

11  Montelatici fonda les Georgofili en 1753. À partir de 1767 et pendant deux ans, il publia tous les quinze jours un bulletin destiné aux propriétaires fonciers, les Veglie, non meno utili che piacevoli, di materie particolari appartenenti all’economia della villa. Il y encourageait les propriétaires à s’occuper eux-mêmes directement de la gestion de leurs terres et à se battre contre les préjugés populaires en matière d’agriculture, qui entravent la réforme et l’innovation. Il traitait de sujets tels que l’érosion des sols, la déforestation, les changements climatiques, autant de thèmes qui sont encore tout à fait d’actualité. Montelatici publia également un volume de travaux sur la culture et les utilisations de la pomme de terre, dédicacé à Giacomo de Sabouin, secrétaire et trésorier du cabinet du grand-duc : Estratto da’ più celebri autori, sì editi come inediti, che hanno trattato della diversa coltivazione ed usi vari della patata, Florence, Gaetano Albizzini, 1767.

12  Luttazzi Gregori E., « Fattori e fattorie nella pubblicistica Toscana fra settecento e ottocento », dans Cherubini G. (dir.), Contadini e proprietari nella Toscana moderna, Florence, Olschki, 1981, vol. 2, p. 37-38.

13  Comme le rapporte le National Intelligencer, 17 mai 1816, p. 2, cité dans Post J., The last great subsistence crisis in the Western world, Baltimore et Londres, Johns Hopkins University Press, 1977, p. 25.

14  Les mauvaises conditions météorologiques du printemps et de l’été 1813, avec averses de grêle et gelées précoces, entraînèrent des mauvaises récoltes dans la région de Lombardie-Vénétie, placée sous administration autrichienne. L’année suivante ne fut pas meilleure, la récolte de maïs et de blé fut inexistante. Il y eut une trêve en 1815. La récolte de blé de l’été fut mauvaise mais les récoltes plus tardives, comme le maïs, le millet et le riz, furent plutôt correctes. Les espoirs d’une bonne récolte pour 1816 furent vite brisés. Rath J., « The Hapsburgs and the great depression in Lombardy-Venetia, 1814-18 », The Journal of Modern History, vol. 13, 1941, p. 308-309.

15  Niles’Weekly Register, 1er février 1817, p. 379, cité dans Post J., The last great subsistence crisis…, op. cit., p. 24.

16  D’après une lettre à la Commission de l’organisation centrale à Vienne, le 7 février 1815, citée dans Rath J., « Great depression… », art. cit., p. 311.

17  Coppin P., Pensieri che riguardano la situazione antica e presente della provincia padovana, Padoue, 1817, p. 10-12, cité dans Monteleone G., « La carestia del 1816-1817 nelle province venete », Archivio Veneto, LXXXVI-LXXXVII, 1969, p. 28.

18  L’augmentation de la pression fiscale fut réelle, l’argument invoqué par Vienne étant la nécessité de disposer de revenus pour aider les villes et les provinces. La Lombardie-Vénétie était, après tout, la région la plus lucrative de l’empire autrichien.

19  La soupe aqueuse qu’on y servait était confectionnée avec des os d’animaux et quelques haricots, mais c’était certainement mieux que rien. Monteleone G., « Carestia… », art. cit., p. 48.

20  Archivio di Stato, Venise, Presidio del Governo, fasc. XIV, 2 janvier, 29 novembre 1816, cité dans Monteleone G., « Carestia… », art. cit., p. 66.

21  Archivio di Stato, Venise, Presidio del Governo, fasc. XIV, 1815-1816, 2 novembre, ibidem, p. 41.

22  D’après une note de l’empereur d’Autriche à Metternich, son chancelier, rédigée en août 1816, citée dans Post J., The last great subsistence crisis…, op. cit., p. 127.

23  Monteleone G., « Carestia… », art. cit., p. 43.

24  Post J., The last great subsistence crisis…, op. cit., p. 71.

25  Chini L., Storia antica e moderna del Mugello, 1876, Rome, Multigrafica, 1969, vol. 4, p. 85-86, cité dans Boncompagni A., « L’ultima grande crisi di sussistenza nel comprensorio mugellano : appunti d’archivio sull’epidemia di tifo petecchiale del 1816-1817 », Rassegna storica toscana, 41, 1, 1995, p. 95-96.

26  Monteleone G., « Carestia… », art. cit., p. 75.

27  Holland H., « On the pellagra, a disease prevailing in Lombardy », Medico-Chirurgical Transactions, 8, 1817, p. 336, cité dans Post J., The Last Great Subsistence Crisis…, op. cit., p. 128.

28  Lastri M., Lezioni di agricoltura, 1787, Florence, Gioacchino Pagani, 1819-21, vol. 1, p. 59.

29  Messer E., « Three Centuries of Changing European Tastes for the Potato », dans Macbeth H. (dir.), Food Preferences and Taste : Continuity and Change, Oxford, Berghahn, 1997, p. 103.

30  Amoretti C., Della coltivazione delle patate e loro uso, col discorso sul medesimo del sig. Vincenzo Dandolo e col giudizio sulle due opere dell’I. e R. Accademia dei Georgofili, Florence, Ciardetti, 1817.

31  Memoria letta alla Società agraria del dipartimento del Panaro nella di lei convocazione del 26 giugno 1806 da un socio ordinario, Modène, Vincenzi, 1816.

32  Mes calculs se basent essentiellement sur la bibliographie exhaustive de Biadene G., Storia della patata in Italia dagli scritti dei Georgici (1625-1900), Bologne, Avenue Media, 1996, p. 185-207.

33  La lettre de Bartolomei, avec ses annexes, existe encore dans Archivio Pre-Unitario, Vicchio, Gonfaloniere di Vicchio, lettere ed affari, b. 43, cité dans Boncompagni A., « L’ultima crisi… », art. cit., p. 88-89. Elle a sans doute été envoyée à toutes les villes du grand-duché.

34  Chiarenti F., Riflessioni…, op. cit., p. 186.

35  Ibidem, p. 188.

36  Ibid.

37  Il s’agit du livre de Contri G., Istruzioni agli agricoltori della provincia di Bologna sul coltivamento ed uso dei pomi di terra, Bologne, Gamberini, 1817.

38  Chiarenti F., Riflessioni…, op. cit., p. 189-190. Une staiata correspondait à la surface de terre nécessaire pour produire un boisseau (staio) de céréales.

39  Della Bella Luigi, La coltivazione, gli usi ed i vantaggi delle patate, Verona, 1816, ouvrage basé sur un travail anonyme imprimé localement, A villici, Vérone, 1768, d’après Biadene G., Storia della patata…, op. cit., p. 167.

40  Chiarenti F., Riflessioni…, op. cit., p. 190.

41  Ibidem, p. 194, 197, 205.

42  Ibid., p. 201. On ne sait pas exactement à quelles famines, dans quelles régions d’Europe, Chiarenti se réfère ici. Selon l’historien et économiste John Komlos, sans la pomme de terre, la crise alimentaire de 1816 aurait été bien pire en Europe. Globalement, les taux de mortalité ont été atténués par rapport aux crises antérieures. En effet, en Angleterre ou en Bohème, par exemple, la population continuait à augmenter. Komlos J., « The New World’s Contribution to Food Consumption during the Industrial Revolution », Journal of European Economic History, 27, 1998, p. 67-82.

43  Monteleone G., « Carestia… », art. cit., p. 77.

44  Edizione completa degli scritti di agricoltura, arti e commercio, Udine, Fratelli Mattiuzzi, 1828-1831, 10 vol., cité dans Maniacco T., La patata non è un fiore. Vivere e morire da contadini, Pordenone, Biblioteca dell’Immagine, 1997, p. 131.

45  Chiarenti F., Riflessioni…, op. cit., p. 206.

46  Ibidem, p. 207.

47  Teti V., « Le culture alimentari del Mezzogiorno continentale in età contemporanea », dans Capatti A., De Bernardi A., Varni A. (dir.), Storia d’Italia. Annali 13. L’alimentazione, Turin, Einaudi, 1998, p. 86. Tighe G. W., « Memorie intorno ad una nuova varietà di patata », Giornale Agrario Toscano, 1829, no 9, p. 343.

48  Tighe G. W., « Memorie intorno ad una nuova varietà di patata », Giornale Agrario Toscano, 1829, no 9, p. 343.

49  Zuccagni Orlandini A., Atlante geografico fisico e storico del Granducato di Toscana, Florence, Stamperia Granducale, 1832, tav. 8, cité dans Boncompagni A., « L’ultima crisi… », art. cit., p. 90.

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