1La pomme de terre est réellement un produit exceptionnel, et ce n’est pas parce que le CNIPT a vocation à en faire la promotion que je le dis.

2Son intérêt nutritionnel est de premier ordre. L’ONU a fait de 2008 l’Année internationale de la pomme de terre précisément pour attirer l’attention des populations et des gouvernants sur le rôle qu’elle pouvait et devait jouer pour contribuer à réduire la faim et la malnutrition dans le monde. C’est, en effet, la culture la plus énergétique à l’unité de surface, donc la moins exigeante en terre et en eau, ressources rares s’il en est, et 85 % de la plante peuvent être consommés.

3Les Européens le savent, qui ont connu l’explosion démographique et industrielle que l’on sait en grande partie après la généralisation de la consommation de pommes de terre. Ne disait-on pas au début du XIX^e siècle, avant la terrible crise du mildiou, que la population irlandaise était la plus robuste, du fait des énormes quantités de pommes de terre qui constituaient son régime quotidien ?

4Ironie du sort : la pomme de terre ne pourrait-elle pas devenir le remède aux méfaits de la surnutrition que connaissent nos pays ? C’est en tout cas la conviction des nutritionnistes sérieux qui n’ont de cesse d’en vanter les bienfaits.

5En France, la pomme de terre est un élément majeur du patrimoine culinaire et gastronomique. Les recettes qui la mettent en valeur sont innombrables, chaque province a la sienne, et chaque région sa variante. La créativité des chefs et des cuisiniers et cuisinières amateurs est sans limite. Cela a stimulé notre production, qui a inventé les variétés qui convenaient à cette richesse et amélioré ses pratiques agricoles pour élever la pomme de terre à la hauteur des attentes des consommateurs.

6Mais que de chemin pour en arriver là, tant son adoption par les populations européennes a été lente et difficile, au-delà des habituelles réticences devant l’inconnu. Mais, aussi, que sa diffusion a été large et rapide une fois les résistances vaincues. La pomme de terre est devenue un aliment vraiment mondial. Il n’est pas un pays où elle ne figure pas sur les tables, jusqu’à la forme la plus achevée de mondialisation que sont les frites des fast foods.

7C’est toute cette histoire passionnante de la pomme de terre jusqu’à sa place dans les cultures actuelles, y compris musicales, qui a été brillamment retracée au cours du colloque que nous remercions l’Université François-Rabelais de Tours d’avoir organisé à l’automne 2008. Vous serez, j’en suis sûr, passionné à la lecture des contributions qui sont publiées aujourd’hui, comme nous l’avons été à les entendre.