Le poids de la géographie dans la fortune des élites des cités de Bithynie sous le Haut-Empire
p. 11-22
Texte intégral
1Les principales couches des sociétés municipales de l’Empire romain présentent-elles un profil uniforme ou réductible à quelques schémas généraux ? La question vaut particulièrement pour l’une de leurs composantes les moins mal connues et les plus visibles, celle des patriciats urbains. On entend par ce terme le cercle restreint des notables, que leur fortune, leur éducation et leur « noblesse » appellent naturellement à la direction de leur cité, de sorte qu’ils constituent tout à la fois l’élite sociale, économique, intellectuelle et politique de leur communauté, sans qu’on puisse réduire leur situation à une seule de ces catégories. Lorsque Plutarque et Dion Chrysostome parlent des notables, les qualificatifs employés ne suggèrent qu’une vague position sociale dans la cité, tout au plus des traits moraux qui rappellent la vieille dimension aristocratique de la notabilité : ce sont, pour ne prendre que quelques expressions couramment utilisées, les « hommes en vue » (οἱ ἄγαν ἐπιφανεĩς), « ceux qui détiennent le pouvoir et la première place dans la cité » (oἱ δυνάμενοι ἐν τῇ πόλει καὶ προτεύοντες), les « puissants » (oἱ δυνατώτατοι), les « meilleurs » (οι βέλτιστοι) ou les « plus raisonnables » (oἱ παρόντες oi μετριώτατοι)1.
2Pourtant au-delà de cette uniformité convenue, la diversité de caractères et de situations des patriciats urbains, d’une cité à l’autre, est bien réelle. Parmi les facteurs qui interviennent dans cette différenciation et la hiérarchisation qui distingue entre les notables des grandes et petites cités, le passé historique de ces dernières vient naturellement en premier, qu’elles aient été soit d’anciennes capitales royales soit de vieilles métropoles coloniales. Mais on voudrait ici suggérer comment les données de la géographie peuvent aussi avoir pesé sur la manière dont les élites se sont constituées dans la durée ainsi que sur leurs comportements fondamentaux. Pour mieux démontrer cette diversité et la part qu’y joue la géographie, nous limiterons volontairement notre propos à une région de l’Asie mineure, où s’est constituée, depuis le iiie siècle av. J.-C. une identité historique cohérente, la Bithynie. Ses rois ont su reprendre l’héritage des colonies grecques et le faire fructifier jusqu’au seuil du ier siècle av. J.-C, lorsque Rome, acceptant le legs de Nicomède IV en 74, la fit entrer dans son Imperium pour la faire prospérer finalement pendant toute l’époque du Haut-Empire.
3La partie bithynienne de la province bicéphale de Bithynie-Pont compte au ier siècle de notre ère dix cités2. L’ouest du pays, qui borde la Propontide, présente un relief ouvert ménageant des voies d’accès satisfaisantes. Les espaces importants de l’arrière-pays de Nicée ou de la presqu’île de Nicomédie sont propices à l’agriculture et à un élevage extensif, dont les grands domaines fonciers attestent l’existence sous le Haut-Empire. Enfin, la proximité de la Propontide et d’un littoral accueillant confère des atouts décisifs aux cités installées dans cette zone. A l’inverse, plus on s’éloigne vers l’est du pays, vers la Paphlagonie et le Pont, plus le relief devient heurté. Bithynion est établie dans une cuvette profonde, que seule la route venant de Nicomédie désenclave véritablement. Elle souffre de ne pas avoir de débouchés pratiques sur la mer ; la côte du Pont-Euxin, au nord, n’est certes pas éloignée, mais elle a toujours présenté un profil inhospitalier, si bien qu’entre le Bosphore et Héraclée, plus au nord-est, aucune installation portuaire importante n’a pu s’y implanter. Prousias ad Hypium, située dans une autre cuvette plus à l’ouest, subit à un degré moindre ces handicaps. Au moins dispose-t-elle, au nord, au-delà d’une barrière montagneuse toutefois difficile à franchir, du petit emporion de Dia. Quant à l’Hypios et au Billaeus qui drainent les deux plaines, leur navigabilité dans l’antiquité n’est pas certaine.
4Le relief, qui réserve d’ouest en est des difficultés de communication croissantes, ménage par conséquent des conditions de développement graduées, dont Nicomédie, Prousias ad Hypium et Bithynion constituent trois témoins. Même si l’on doit se garder d’un déterminisme trop étroit, ces quelques remarques préliminaires permettent, dans une certaine mesure, d’expliquer les différences notables qui caractérisent, à l’est et à l’ouest du pays, la promotion et la reproduction des notables urbains.
5Les rois aussi bien que Pompée avaient, chacun à leur manière, essayé de conjurer justement les contraintes de la géographie par des initiatives urbanistiques et administratives, qui devaient concerner l’ensemble de la Bithynie. Avant d’envisager l’époque du Haut-Empire, il faut dire un mot de ces politiques, essayer d’estimer comment, en retour, la géographie a facilité certaines des initiatives envisagées ou les a contrariées dans d’autres cas.
6La conquête des cités grecques de Bithynie, à partir du iiie siècle av. J.-C, par la monarchie thrace locale, ses initiatives systématiques de refondation ont eu un effet niveleur sur les cités, au point que l’ensemble du pays a paru concerné par un processus uniforme d’hellénisation. Les sites côtiers comme Nicomédie ou Kios ont été les héritiers de communautés plus anciennes qui avaient pâti de l’épisode de la conquête : Olbia et Astacos, au fond du golfe de Nicomédie, furent détruites vers 280 par Zipoétès, tandis que Kios était rasée par Philippe V en 2023. L’arrière-pays n’a pas échappé lui aussi aux effets de cette politique belliqueuse et volontariste. Prusa ad Olympum porte haut, dès l’époque qui suit sa fondation par Prusias Ier dans les années 185, les couleurs de la tradition grecque la plus pure, comme en témoigne le matériel épigraphique4. Dans l’est, enfin, Bithynion, elle aussi créée par Prusias, ne devait être au départ et très probablement qu’une simple installation de type militaire, que le roi établit dans les confins orientaux pour garantir ses récentes conquêtes aux dépens d’Héraclée Pontique5. Elle n’en contribua pas moins à l’urbanisation de zones jusqu’alors vierges de toute tradition citadine. Prousias ad Hypium, quant à elle, prit le relais de Kiéros, une ancienne agglomération urbaine dépendante d’Héraclée, que Prusias annexa vers la même date. Bien loin de toucher à l’ancienne répartition de ses citoyens au sein des deux tribus mégariennes d’origine, Θηβαίς ετ Μεγαρίς, le roi leur ajouta une troisième unité à laquelle il donna son nom6.
7La conséquence à tirer de mesures qui témoignent d’une volonté manifeste de préserver, voire d’encourager une continuité historique, serait l’uniformisation et l’homogénéisation des élites urbaines bithyniennes, si l’on recense particulièrement les quelques indices relatifs à l’origine démographique des communautés civiques nouvellement recréées, qui toutes sans exception ont subi des recompositions en profondeur du fait de synoecismes ou de créations ex nihilo. La portée de la politique royale en matière de « recolonisation » amène au moins à s’interroger sur le maintien et la validité de la distinction entre vieilles cités grecques et cités nouvellement fondées.
8Toutefois et dès cette époque, s’ébauche une forte hiérarchie entre les cités de l’ouest et de l’est du pays. Au départ, ce phénomène procède fondamentalement d’une initiative politique, celle prise par Nicomède Ier, vers 264, de doter son royaume d’une capitale et de l’installer en bordure de la Propontide. A été créé de facto un nouvel ordre de préséance entre les cités. Nicomédie devenait le grand pôle politique du royaume, éclipsant, au passage, ses voisines immédiates de la côte, Kios et Apamée, alors que la création d’une cour royale et de dignités auliques attirait les élites des cités voisines7. La géographie est venue conforter ce choix : choix d’une situation géographique bénéfique, à l’abri d’un golfe profond et sur la route commerciale qui passe en Propontide, sans que la jeune cité eût à subir la violence des courants marins qui balaient d’ordinaire le Bosphore8. Nicée, annexée très tôt dès les années 280 et qui venait après Nicomédie en importance, a dû, elle aussi, sa prospérité à la proximité de la Propontide. S’y ajoutait le passage de la grande « route du sud », qui filait en direction du sud-est jusqu’en Cappadoce. Son utilisation, abondamment attestée sous le Haut-Empire, semble avoir eu lieu très tôt, comme le suggèrent les trouvailles monétaires réalisées dans l’arrière-pays9. À l’inverse, pour des sites comme Prousias ad Hypium et Bithynion dans l’est, les efforts de restauration ou de création paraissent avoir eu des effets limités : leur situation excentrée les a condamnés plus ou moins à la discrétion, voire à l’obscurité, tandis que Kios et Apamée-Myrleia, les voisines occidentales de Nicée et Nicomédie, pâtirent de la prospérité de ces dernières10.
9On note le même effort, chez Pompée en 64-62, pour envisager l’ensemble de l’espace bithynien sans discrimination aucune entre l’ouest et l’est de la région. Comme le laissent suggérer les éléments de la lex Pompeia préservés par la tradition, la logique romaine, qui visait à partager le pays entre toutes les cités, tendait à traiter sur un même pied d’égalité les villes de la côte et celles de l’intérieur, tant sur le plan de la démographie (à travers une politique de la citoyenneté plus restrictive) que sur celui de l’économie, ces deux aspects étant étroitement liés l’un à l’autre11. La refonte des institutions locales suivant un modèle unique, même si la loi de Pompée prévoyait probablement de ménager des espaces à l’expression de particularismes locaux (dans le domaine des finances locales en particulier)12, participe, là encore, de la même tendance à l’uniformisation : dans toutes les cités bithyniennes, le pouvoir réel a été désormais confié à un ordre décurional local ainsi qu’à un collège d’archontes présidé par le πρῶτος ἄρχων. Parallèlement, la fonction de censeur (τιμητής) jusqu’alors inconnue, s’est généralisée13.
10Pourtant, ces réaménagements de grande portée se sont heurtés une fois de plus aux contraintes de la géographie ou, plus précisément, ont dû s’en accommoder. Dans l’est, l’extension du territoire de Bithynion a été largement entravée par le cloisonnement de l’espace et les limites de la chôra n’ont pas dû dépasser la crête des montagnes qui cernent de toutes parts la petite cité. Pour Prousias ad Hypium, les possibilités se sont révélées meilleures : alors que la passe du Boludagi, à plus de 30 km vers l’est, marque la frontière avec la cuvette de Bithynion, vers l’ouest les espaces libres demeurent considérables ; il est possible que la frontière de la cité, en atteignant le cours inférieur du Sangarios, ait été contiguë à celle de Nicomédie, de sorte qu’une bonne partie de la plaine centrale du pays bithynien a pu être confiée à Prousias ad Hypium par Pompée. C’est néanmoins Nicée, en particulier, qui a le plus largement profité du redécoupage de 64-62. De cette région nous vient l’essentiel des témoignages sur les grands domaines fonciers de l’époque impériale : douze documents épigraphiques14 attestent l’implantation de latifundia à l’intérieur d’un périmètre d’au moins 60 km surtout en direction du sud-est. Probablement toute la région du Moyen Sangarios était placée sous l’administration de Nicée, comme semblent le suggérer certaines bornes milliaires trouvées le long de la « route des pèlerins » (reliant Nicée à Ancyre) qui indiquent depuis le chef-lieu régional des distances dépassant 100 km15.
11Peut-être les conséquences néfastes des guerres civiles du ier siècle av. J.-C, avec leur cortège d’abus et d’extorsions, ont-elles ramené momentanément à une même situation la plupart des cités. Ces dernières ont été parfois contraintes à des démarches communes auprès des autorités romaines16. Deux cités n’en ont pas moins continué de se distinguer des autres, voire d’accroître le fossé qui les en séparait, Nicomédie devenue entre-temps capitale provinciale et Nicée. On en a un premier témoignage paradoxal dans l’attention que les financiers romains leur ont portée après la provincialisation et, par exemple, dans l’énormité des prêts à des taux usuraires qu’un T. Pinnius accorda aux Nicéens au cours des années 5017. Ce sont encore ces deux cités qui, à l’issue des guerres civiles, désirèrent accueillir — dès 29 av. J.-C. — les principales formes de culte associées au pouvoir impérial18. Il faut y voir non seulement un geste de fidélité mais surtout l’indice d’une officialisation de leur prépondérance politique, sociale et économique par rapport aux autres centres de la région.
12La hiérarchie des cités bithyniennes remonte loin dans le temps. La mise en place du système impérial, l’unification définitive des espaces géographiques et la disparition des frontières politiques n’ont fait que parachever le processus. L’épigraphie « externe » en rend compte en situant au premier rang les Nicomédiens et les Nicéens, puis les Prousiens, enfin les Bithynieis. Les premiers se rencontrent dans tout le Pont-Euxin (à Olbia, Odessos, Tomis, etc.)19, en Egée (en Grèce continentale et dans les grands ports de l’Asie mineure)20 et jusque sur les côtes lyciennes et chypriotes21. Les Nicéens se signalent approximativement sur les mêmes axes, avec une prédilection pour les régions de la Thrace. Viennent au troisième rang les citoyens de Prousias ad Hypium, qu’on compte en grand nombre dans le Pont-Euxin, à Panticapée, Olbia et Theodosia22. Les Bithynieis sont remarquablement discrets à l’extérieur de leur cité.
13On peut envisager tout d’abord, d’un point de vue général, le cadre de développement des cités bithyniennes et de leurs élites, avant de nous intéresser, plus précisément, aux notables des cités de l’est bithynien et aux comportements révélateurs qu’ils adoptent.
14Avant que la Constitutio Antoniniana ne généralise et ne banalise, à partir de 212 ap. J.-C, l’octroi de la citoyenneté romaine en l’élargissant à l’ensemble des populations libres de l’Empire, seuls les notables des cités les plus illustres et des quelques colonies romaines alors installées en Anatolie pouvaient espérer obtenir ce privilège et intégrer les ordres équestre et sénatorial. Les études de H. Halfmann et B. Holtheide ont montré que ce processus avait concerné dès le principat d’Auguste les élites d’Attaleia, Mytilène ou Antioche de Pisidie, entre autres23. Qu’en est-il de la Bithynie ? Dans un premier temps, l’examen, cité par cité, de la promotion juridique des élites est peu probant et ne trahit qu’imparfaitement la hiérarchisation entre les différentes communautés urbaines. On ne voit pas que les notables nicomédiens ou nicéens soient entrés en masse dans la citoyenneté romaine plus tôt que les habitants de Prousias ad Hypium ou ceux de Bithynion, soit, pour la majorité d’entre eux, pas avant le début du IIe ap. J.-C. Avant la période antonine, le nombre des gentilices impériaux se répartit équitablement entre les principales cités du pays, sans qu’il soit possible d’en inférer une quelconque déduction. On en dénombre 65 occurrences sur un total de 303 noms, soit une minorité de 22 %24. Toutefois les 17 Aelii recensés à Nicomédie (soit un chiffre très supérieur à celui obtenu dans les autres cités, exception faite de Bithynion — voir ci-après cependant) méritent une remarque : son statut de capitale du koinon bithynien la désignait naturellement à la générosité impériale, qui se manifesta en une occasion dramatique (lors du tremblement de terre de 120 ap. J.-C.) ou dans des contextes plus ordinaires (lors d’un litige interne à la cité qui avait pour origine des questions financières)25. A contrario, la promotion massive des élites de Bithynion toujours par Hadrien26 ne traduit en rien un rééquilibrage effectif entre la cité de l’est et ses grandes voisines de l’ouest du pays. Il faut y voir plus prosaïquement la conséquence d’une initiative personnelle de l’empereur, un aspect de son histoire propre, car son favori, Antinoos, était né dans les environs de la cité27.
15Plus parlantes sont les données fournies par la promotion dans l’ordre sénatorial : si l’on excepte le cas isolé d’un sénateur bithynien descendant de colons romains venu s’installer à Apamée-Myrleia ([Ca]tilius Longus), pour le ier siècle ap. J.-C.28, la répartition des nouvelles familles sénatoriales au deuxième siècle retranscrit fidèlement l’importance respective des cités : sous les Antonins sont promus des Nicomédiens et des Nicéens. L’historien L. Flavius Arrianus, dans le premier cas, et Sedatus29, dans le second, offrent le profil attendu de notables étroitement introduits dans les cercles philosophiques et intellectuels qui étendent leurs ramifications à travers l’Orient. Arrianus, qui naît entre 85 et 92, avait été l’élève d’Épictète vers 106-108. On le retrouve plus tard, se mêlant au milieu athénien et y assumant les charges les plus prestigieuses, dont l’archontat en 145-146 et peut-être la prytanie30. Quant à Sedatus, sa haute réputation littéraire lui attire l’amitié d’Aristide et lui fait côtoyer, cette fois-ci à Pergame, l’un des plus fameux évergètes de la cité, L. Cuspius Pactumeius Rufinus31. On n’en juge que mieux l’aptitude des deux grandes cités bithyniennes à produire des notables qui regardent naturellement au-delà des mers pour se fondre dans la haute société provinciale, celle des élites de l’Empire. Par comparaison, les notables des villes de l’est (Prousias ad Hypium et Bithynion) sont les derniers à intégrer l’ordre sénatorial, soit à l’extrême fin du iie siècle, voire au début du siècle suivant.
16Un tel retard qui entretient le sentiment d’un isolement géographique et politique produit-il chez les Prousiens et les Bithynieis, à des degré divers, des attitudes spécifiques ? Dans un premier temps on relève deux types de comportements contradictoires : celui qui trahit un état de solitude et, au contraire, celui qui traduit la ferme volonté de conjurer une situation d’infortune par une activité décuplée. Le cas de Prousias ad Hypium est à ce titre révélateur. Certains de ses notables ont vu sans doute dans l’isolement relatif de leur cité une raison supplémentaire pour consentir à des efforts que leurs voisins des cités de l’ouest bithynien ne ressentaient peut-être pas à un niveau aussi impérieux. L’épigraphie montre comment l’opiniâtreté d’un travail qui se prolongeait sur plusieurs générations pouvait être en définitive payante : l’utilisation des alliances matrimoniales et des amitiés bien placées, en somme l’exploitation de toutes les possibilités qui se présentaient aux notables dans le cadre étroit de leur région aboutissait à la promotion remarquable d’un des leurs. Je ne retiendrai qu’un exemple évocateur, celui du Prousien Tib. Claudius Piso, iudex ex quinque decuriis à Rome32 : proégore de la province de Bithynie-Pont au milieu du iie siècle (c’est-à-dire avocat des instances bithyniennes dans tous les litiges financiers qui pouvaient les opposer aux autorités romaines), il avait été bithyniarque et sébastophante du culte impérial et compta parmi ses amis un T. Ulpius Aelianus Papianus33, rejeton d’une famille sénatoriale locale. Le petit-fils de Piso devait lui-même entrer dans l’ordre sénatorial au début du iiie siècle34. De la même manière, les huit cursus équestres35 qui nous sont parvenus pour l’ensemble de la Bithynie sont tous ceux de notables de Prousias ad Hypium. Indépendamment du caractère fortuit de leur découverte, ces documents nous révèlent dans le détail des carrières une grande variété, ajouté au fait qu’elles atteignent parfois un niveau élevé dans la hiérarchie administrative et ce à une date précoce36. Enfin, il faut noter l’existence, toujours à Prousias mais aussi à Bithynion, de programmes édilitaires qui tendaient à reproduire à l’identique (mais probablement suivant une échelle moindre) les grands projets urbains entrepris cette fois-ci dans les métropoles de l’ouest.
17Si les signes d’une énergie galvanisée par l’importance des obstacles ne manquent pas, il importe d’ajouter immédiatement que les handicaps géographiques demeuraient paralysants à la longue pour une majorité des élites locales. Certains indices le suggèrent. Nous en retiendrons de trois sortes.
18La première série d’informations concerne les politiques matrimoniales menées par certaines des principales familles du cru. Lorsqu’on examine les décrets honorifiques retrouvés par exemple à Prousias ad Hypium, dans certains cas le niveau social des dédicants paraît avoir été supérieur à celui des dédicataires. Le même Tib. Claudius Piso mentionné plus haut, que ses compétences en matière judiciaire avaient porté à la dignité équestre s’était vu solliciter une alliance matrimoniale par T. Ulpius Aelianus Papianus. L’obligé comptait pourtant parmi ses aïeux des consulaires37. Cette position de force au sein de la cité ne l’empêcha pas pour autant de rechercher une alliance auprès de Piso, dont la carrière, il est vrai, était pleine de promesses. Ces éléments déconcertants peuvent être interprétés comme l’indice de démarches réfléchies : quitte à déchoir, les fils ou petit-fils de sénateurs étaient parfois amenés à entrer dans des familles de rang équestre, parce que leur isolement géographique les y contraignait. L’impression qui demeure, à la lecture du dossier prousien, est bien celle de familles sénatoriales dont le champ d’action ne dépassait guère le cadre régional. La cité comptait à la fin du IIe deux familles de ce rang, celles des Domitii et des Titii Ulpii. Des premiers on connaît cinq représentants ; or un seul a fait carrière à l’extérieur, M. Domitius Valerianus, qui a exercé le consulat entre 216 et 238. Quant aux Titii Ulpii, une branche de la famille n’a pas hérité, semble-t-il, de l’honneur sénatorial : Ulpius Titius Calpurnianus Fado a été honoré du cheval public38. Cette atmosphère « provinciale » explique plus généralement que le mode de renouvellement des élites ait toléré le recrutement d’éléments venus des rangs inférieurs de la société. On en a un exemple extrême à Bithynion, celui d’un paysan, Épicratès, qui parvint à une situation suffisamment aisée pour convoiter la charge de juge et briguer par deux fois la fonction d’archonte de la cité. Un tel parcours est inconcevable dans des cités comme Nicée ou Nicomédie, où les plus hautes responsabilités sont confisquées par des familles d’intellectuels et de sénateurs.
19Deuxièmement, les difficultés locales rencontrées par les petits notables de l’est du pays étaient telles en vérité que l’émigration vers d’autres centres urbains plus ouverts demeurait parfois leur seule chance d’échapper à l’isolement. Une cité comme Bithynion-Claudiopolis a souffert d’un tel phénomène et elle a dû voir une partie de ses plus brillants éléments fuir vers d’autres centres comme Amastris, par exemple39. De ce point de vue, l’émigration intérieure souligne plus que jamais dans les faits la hiérarchie entre les cités voulue par la géographie. Pompée, dans l’une des clauses de sa lex, avait tenté d’interdire ces mouvements de cité à cité. Preuve que le législateur avait déjà eu conscience des difficultés que ces migrations entraîneraient sur l’équilibre financier et économique des cités de l’intérieur, les principales perdantes dans l’affaire40. Trois siècles plus tard, ce principe de la loi pompéienne était oublié.
20Enfin, face à une telle situation, on comprend que les cités de second rang, désavantagées par leur situation géographique, aient d’autant plus attendu des quelques bienfaiteurs locaux et même de ceux qui n’avaient pas d’attaches directes avec la cité. Bithynion-Claudiopolis en fournit encore une fois l’illustration : un décret de consolation adopté par les instances politiques de la cité, à l’initiative d’un particulier, déplore la mort d’un jeune étudiant en rhétorique, Théodoros, fils d’Attalos, venu de la cité d’Agrippeia, peut-être Crateia-Flaviopolis, pour faire ses humanités à Bithynion (preuve, au passage, que cette dernière, malgré son isolement, avait su créer une tradition d’enseignement attractive pour les petites villes alentour)41. Ce jeune homme appartenait à une famille suffisamment riche, pour qu’il pût lui-même promettre aux instances de la cité des bienfaits. Le décret le rappelle amèrement. La mort, quand elle fauchait prématurément ces évergètes en puissance, était de ce fait ressentie comme un drame réel, parce qu’avec la disparition du jeune bienfaiteur s’évanouissaient les rares promesses de fondations ou de constructions.
21Sans vouloir emboîter le pas très humblement à Montesquieu, on constate combien la Bithynie, par sa situation et la configuration variée de son relief, permet de souligner l’importance de la géographie dans le développement des cités et l’épanouissement de leurs élites et la variété des cas qu’elle occasionne. Les initiatives urbanistiques n’ont pu aboutir que là où les facteurs géographiques étaient favorables. Nicée comme Nicomédie ont pu seules en profiter. On ne s’étonne pas dès lors que leurs élites aient été sous le Haut-Empire les plus actives et les plus visibles. Dion Chrysostome, qui trouvait incompréhensible que les deux cités, à la fin du ier siècle ap. J.-C, puissent encore trouver matière à querelle dans la recherche de titres purement honorifiques, « περὶ τῶν ὀνομάτων »42, encourageait au contraire Nicéens et Nicomédiens à conclure Γὁμονοία et à ainsi sceller définitivement la supériorité des deux cités sur toutes les autres villes bithyniennes43. Le tissu serré des alliances matrimoniales passées entre les familles les plus puissantes des deux bords prédisposait d’ailleurs à un rapprochement naturel44. Dans le reste du pays, particulièrement dans ses confins orientaux, là où le relief est venu de tout temps contrarier les initiatives des pouvoirs politiques, les communautés civiques ont réagi plus ou moins bien face au sort que leur réservait la géographie. Bithynion donne le sentiment d’une cité « provinciale » isolée. Prousias ad Hypium, plus dynamique, constitue un cas-limite de par sa situation géographique : seuls quelques notables prousiens ont réussi tant bien que mal à rayonner au-delà des limites de leur berceau d’origine.
22On mesure comment, par conséquent, chaque cité de l’Empire a produit des élites à son image. Ce ne sont pas les discours convenus, élaborés par celles-ci, qui parviennent à occulter durablement une grande diversité de profils et de parcours.
Notes de bas de page
1 Respectivement, PLUTARQUE, Thémistocle, 3, 1 ; DION CHRYSOSTOME, Discours, XL, 22 ; XLI,4.
2 PLINE L’ANCIEN, Hist. Nat., V, 148-151. À l’heure de la réorganisation quasi définitive de la province de Bithynie-Pont entre 64 et 62 av. J.-C, on dénombrait avec certitude, dans la partie bithynienne de cette province, huit cités, toutes issues de l’époque d’avant la provincialisation et susceptibles de profiter des mesures envisagées par Yimperator : Nicomédie, Nicée, Apamée-Myrleia, Prusa ad Olympum, Prousias ad Hypium, Bithynion, Chalcédoine et Kios/Prousias ad Mare, les deux dernières ayant le statut de ville libre (cf. respectivement PLINE, Hist. Nat., V, 149 ; STRABON, XII, 4, 3). S’y ajoutèrent par la suite Iuliopolis et Césarée Germanikè. La première, située dans le sud-est, à la frontière de la Galatie, procède de la promotion d’un bourg plus ancien, Gordion, par Octave vers 30-29 (STRABON, XII, 8, 9). La création de la seconde, attestée chez Dion Chrysostome et dans les notices épiscopales byzantines, est due à Germanicus qui fit un séjour dans la région en 18 ap. J.-C. (DION CHRYSOSTOME, Discours, XLVII, 13 ; TACITE, Annales, II, 54 ; cf. T. CORSTEN, « Caesarae Germanice », Epigraphica Anatolica, 15,1990, p. 19-42 ; S. SAHIN, « Studien zu den Inschriften von Perge I », Epigraphica Anatolica, 24,1995, p. 21-35). Demeurent à part Héraclée Pontique et Tieion, celles-ci n’ayant plus fait partie officiellement de la Bithynie à partir de 64-62 (cf. C. MAREK, Stadt, Ara und Territorium in Pontus-Bithynia und Nord Galatia, Istanbuler Forschungen, Band 39, Tubingen, 1993, p. 35-36).
3 À propos d’Olbia et d’Astacos, toutes deux créations mégariennes, la question demeure de savoir dans quelle mesure il faut distinguer ces deux cités pour lesquelles les renseignements manquent cruellement. Cf. F. K. DORNER, RE, XVII, col. 2403 ; L. D. LOUKOPOULOU, Contribution à l’histoire de la Thrace propontide, Méléthèmata, Athènes, 1986, p. 51 ; MEMNON D’HÉRACLÉE, 20, 12, dans F. JACOBY, Die Fragmente der Griechischer Historiker, Berlin-Leyde, 1923, III. B., n° 434, p. 267-283. À propos de Kios, APOLLONIOS DE RHODES, Les Argonautiques, I, 1177-1178 ; HÉRODOTE, V, 122 ; XÉNOPHON, Les Helléniques, I, 4, 7.
4 Cf. un décret honorifique voté par le Conseil et le Peuple de la cité pour un épistate royal : SEG, XVI, 1959, n° 744 (T. CORSTEN, Inschriften von Prusa ad Olympum, Bonn, 1991, n° 1 avec photo). La date du décret, incertaine dans le détail du décompte, reste très haute (les années 180-170) et traduit éloquemment la rapidité avec laquelle des institutions typiquement grecques trouvèrent un point d’attache dans ces terres originellement mysiennes. Cf. G. VTTUCCI, Il regno di Bitinia, Rome, 1953, p. 60-64 ; L. ROBERT, Études Anatoliennes, Paris, 1937 (rééd. Amsterdam, 1970), p. 228-235.
5 Vers 186-183. Cf. G. VTTUCCI, op. cit., p. 51 ; C. HABICHT, RE, XXIII, s.v. « Prusias », col. 1096.
6 Les trois tribus, Θηβαίς, Μεγαρίς et Προυσιάς sont attestées par des inscriptions de l’époque impériale, toutes datables du début du iiie siècle ap. J.-C. Cf. W. AMELING, Inschriften von Prusias ad Hypium, Bonn, 1985, n° 1-16 ; N. F. JONES, Public Organization in Ancient Greece, 1987, p. 8 et 349.
7 Concernant les dignités auliques à la cour de Nicomédie, F. K. DORNER, ΤΑΜ, IV, n° 2 ; cf. L. ROBERT, Études Anatoliennes, p. 235-239 ; I. SAVALLI-LESTRADE, Les Philoi royaux dans l’Asie hellénistique, Genève, 1998, p. 193-194. Dans un décret d’Aptère en Crète, qui honore de la proxénie et du titre d’évergète Prousias II (183-149 av. J.-C), apparaissent les noms d’au moins trois personnages qui furent visiblement délégués par le roi dans la cité Crétoise pour y recevoir les hommages de celle-ci : Dintiporis, fils de Skipraxis ; Dionysios, fils d’Apatourios et Dintiporis, fils de Diliporis. Le premier est citoyen de Prousias-sur-Mer (Kios), le second de Nicomédie : OGIS, 341.
8 Polybe, dans sa description des sites respectifs de Byzance et de Chalcédoine, met bien en lumière le caractère capricieux des courants qui viennent buter à plusieurs reprises et alternativement contre les rives asiatiques et européennes du détroit (IV, 2, 43-44). Pour les avantages commerciaux que Nicomédie pouvait tirer de sa situation, cf. la lettre de Ziaélas aux Coïens : Syll.3, 456 = ΤΑΜ, IV, 1978, n° 1 ; cf. en dernier lieu, K. J. RIGSBY, Asylia. Territorial Inviolability in the Hellenistic World, University of Californie Press, 1996, p. 118-121, n° 11.
9 L. ROBERT, Monnaies grecques. Types, légendes, magistrats monétaires et géographie, Paris, 1967, p. 35-36.
10 Prousias Ier n’avait pourtant pas ménagé ses efforts dans le cas de Kios. Les sources disent combien Prusias Ier s’est lamenté au spectacle de la ville détruite de fond en comble par Philippe V en 202 (POLYBE, XV, 23). Le roi était conscient de la valeur économique de la cité et des revenus qu’il pouvait en tirer, en particulier grâce à son débouché sur la mer. La reconstruction de la cité se situe dans cette logique mais, entre temps, Nicomédie s’était déjà développée, de sorte que Kios — Prousias-sur-Mer, avec les atouts moindres que lui réservait sa position géographique, avait perdu de sa valeur.
11 Cf. Digeste, L, 1,1,2, et, en regard, PLINE LE JEUNE, Lettres, X, 114.
12 Cf. le cas de Chalcédoine et de Kios/Prousias-sur-Mer, toutes deux déclarées villes libres dans les années qui suivirent la provincialisation, soit, peut-être, à la fin de la deuxième guerre mithridatique. S’est ajoutée à la liste des cités privilégiées Apamée-Myrleia, qui, refondée en Colonia lulia Concordia Apamea dans les années 30 du ier siècle av. J.-C, fit valoir encore à l’époque où Pline le Jeune exerçait sa légation (entre 111 et 113 ap. J.-C.) les privilèges que lui garantissait sa lex coloniae. Cf. PLINE LE JEUNE, Lettres, X, 47.
13 Sur la portée réelle de la lex Pompeia dans la réorganisation effective des institutions locales, cf. W. AMELING, « Das Archontat in Bithynien und die Lex Provinciae des Pompeius », Epigraphica Anatolica, 1984, p. 19-31. W. Ameling soutient l’idée d’une refonte totale des institutions, jusque dans leurs moindres détails, par la loi de Pompée. Contra C. MAREK, Stadt, Ara und Territorium..., op. cit., p. 42.
14 S. SAHIN, Catalog der antiken Inschriften des Muséums von Iznik (Nikaia), Bonn, 1979-1987, n° 192, 205, 1057, 1062, 1118, 1128, 1201, 1203, 1292, 1336, 1413, 1466.
15 S. SAHIN, op. cit., n° 1001-1016. La distance est calculée « A Niceae »/« ἁπò Νεικαίας ».
16 Cf. la base d’un monument érigé par au moins huit cités bithyniennes en l’honneur du proconsul de la province [-----]us Rufus, fils de Licius : CIL, VI, 1508, à une date qui reste indéterminée dans le siècle.
17 CICÉRON, Ad Fam., XIII, 61 (pour une créance de huit millions de sesterces).
18 À Nicée, le culte de Rome et de César divinisé ; à Nicomédie, celui de Rome et d’Octave lui-même : DION CASSIUS, LI, 20,6-9.
19 IGR, I, n° 854 ; L. ROBERT, Rev. Phil., 1959, p. 183 ; IG Bulg., III.l, n° 1009 ; L. ROBERT, BCH, CIL 1978, p. 424.
20 À Smyrne, Mytilène et Cos, par exemple, cf. W. RUGE, RE, XVII, col. 483.
21 ΜΑΜΑ, ΠΙ, n° 672 ; CIL, ΙII, n° 12109.
22 IPE, IV, n° 43 ; IPE, II, n° 40 ; IPE, IV, n° 194.
23 H. HALFMANN, Die Senatoren aus àem ôstlichen Teil des Imperium Romanum bis zum Ende des 2. Jh. n. Chr., Hypomnemata, 58,1978, passim ; B. HOLTHEIDE, Romische Burgerrechtspolitik und romische Neuburger in der Provinz Asia, Freiburg, 1983 ; cf. aussi M. SARTRE, L’Orient romain, Paris, 1991, p. 174-175.
24 On compte, pour les Caii lulii, 1 Nicéen, 4 citoyens de Pruse de l’Olympe et 2 Kianides. Pour les Claudii, 4 Nicéens, 5 Nicomédiens, 9 citoyens de Prousias ad Hypium, 1 citoyen de Bithynion, 5 de Pruse de l’Olympe et 2 de Kios. Pour les Flavii, les chiffres sont respectivement les suivants : 5-8-12-3-4-0.
25 Pour le tremblement de terre de 120, cf. EUSÈBE, VII, 1, 198, 10 ; VII, 2, 591 ; pour le litige financier, F. K. DORNER, Inschriften und Denkmaler aus Bithynien, Istanbuler Forschungen, 14, Berlin, 1941, p. 52, n° 23 (repris dans ΤΑΜ, IV, 1, n° 5).
26 Pour les Aelii, on compte 17 Nicomédiens, 4 Nicéens pour 18 Bithynieis.
27 Au lieu-dit Mantineion, cf. L. ROBERT, A travers l’Asie Mineure, Paris, 1980, p. 132-134 ; PAUSANIAS, VIII, 9, 7, à propos du temple de Mantinée d’Arcadie.
28 Promotion survenue dans les années 60-70 ; CIL, III, n° 335. Cf. H. HALFMANN, Die Senaloren aus dem ôstlichen Teil des Imperium Romanum, 1978, p. 115, n° 18.
29 À propos de Sedatus, ARISTIDE, Discours, 48, p. 405 ; 50, p. 429-436.
30 PIR2, F, 219 ; cf. H. HALFMANN, op. cit., n° 56 ; S. FOLLET, Athènes aux 2e/3e ap. J.-C. Études chronologiques et prosopographiques, Paris, 1976, p. 34-36. À propos d’Arrien et d’Épictète, cf. P. A. BRUNT, « From Epictetus to Arrian », Athenaeum, 65,1977, p. 19-48.
31 Inschriften von Pergamon, n° 434 ; OGIS, n° 491. Cf. PIR2, C. 1637.
32 A. KÖRTE, Ath. Mitt., 24, 1899, p. 428, n° 24 (OG1S, n° 528) ; cf. W. AMELING, Inschriften von Prusias ad Hypium, Bonn, 1985, p. 116-117. PIR2, C, 960. G. BARBIERI, L’albo senatorio da Settimio Severo a Carino, Rome, 1952, n° 165.
33 IGR, III, n° 69 et 1419 (SEG, IV, n° 724) ; cf. W. AMELING, op. cit.,n° 17.
34 CIL, III, n° 11082.
35 Respectivement, W. AMELING, Inschriften von Prusias ad Hypium, Bonn, 1985, n° 20 (le fils de M. Iulius Gavinius Sacerdos), 21 (M. Aurelius Antoninus), 22 (M. Valerius Iulianus Agrippa), 50 (M. Aurelius Augianus Philetianos), 54 (T. Ulpius Calpurnianus Fado), 56 (un inconnu), 57 (Tib. Claudius Ago[-----], 90 (L. Domitius Proclus).
36 Par exemple, le cas d’un procurator Augusti d’un domaine impérial en Germanie sous les Flaviens : IGR, III, 70 (= W. AMELING, Inschriften von Prusias ad Hypium, 1985, n° 56). Cf. H.-G. PFLAUM, Les carrières procuratoriennes équestres, I, p. 182, n° 85.
37 Son père, Ulpius Titius Aelianus Antoninus avait été bithyniarque et pontarque, avant d’être désigné logistès de Kios, cf. W. AMELING, op. cit., n° 17.
38 W. AMELING, op. cit., n° 6, 7, 38, 45, 53. Pour M. Domitius Valerianus, n° 45. À propos d’Ulpius Titius Calpurnianus Fado, n° 54 (ίππῳ δημοσίῳ τετειμημένον).
39 Le cas de M. Ulpius Aristaius de Bithynion-Claudiopolis et de sa descendance : IGR, III, n° 75 (H. HALFMANN, Die Senatoren aus dem ostlischen Teil des Imperium Romanum, p. 205, n° 148).
40 PLINE LE JEUNE, Lettres, X, 114.
41 Décret de consolation pour un étudiant en rhétorique, cf. R. MERKELBACH, Epigraphica Anatolica, 3, 1984, p. 137-140 (avec photo) = F. BECKER-BERTAU, Inschriften von Klaudiu Polis, Bonn, 1986, n° 70.
42 Cf. la lutte entre les deux cités pour le « premier rang » dans la province, cf. l’article fondamental de L. ROBERT, « La titulature de Nicée et de Nicomédie : la gloire et la haine », Harvard Studies in classical Philology, 1977, p. 1-39 (repris dans Opéra Minora Selecta, VI, Amsterdam, 1989, p. 211-251).
43 DION CHRYSOSTOME, Discours, XXXVIII, 34-35 : « Βουλοίμην δ’ ἂν καì ὲκείνους τἀ αυτἀ ποιέĩν, καì ποιήσουσιν έάν καταλλαγῆτε, καì μείζων ή δύναμις ὑμῶν γενήσεται συντεθεĩσα. καì γὰρ τῶν πόλεων όμοῦ γενόμενοι πασῶν ἂρξετε, καì τοĩς ήγεμόσι γενήσεται πλείων διατροπὴòος ὑμάς καì φόβος, έαν άδικέĩν θέλωσιν. τò δὲ νΰν έχον αἱ μὲν άλλαι πόλεις ύπό τῆς ὑμετέρας στάσεώς εἰσιν ἐπηρμένοι χρείαν γὰρ αυτῶν δοκεĩτε έχειν καì ταĩς ὰληθείαις έχετε διὰ τòν πρός ὰλλήλους ὰγώνα καì πάσχετε οΊόν τι πάσχουσιν έπειδαν δυο επιφανείς ομοίως άνδρες διαπολιτευωνται πρός αλλήλους . έξ ανάγκης ἄπαντας θεραπευούσι καì τοὺς πλεĩστον όσον άποδέοντας αὐτῶν, ώστε έν ᾠ περὶ τοῦ πρωτείου μάχεσθε ημεĩς, κινδυνεύει τό πρωτεĩον παρ’ έκείνοις εἶναι τοĩς θεραπευομένοις ὑφ’ υμῶν. οὐδὲ γὰρ ένεστιν οὐκ έχειν τοῦτο δοκεĩν τινας, "ο παρ’ αυτῶν εκείνων ύμεĩς λαμβάνειν άξιοῦτε. καì τάς πόλεις οὐν πᾶσα ἀνάγκη γενήσεται τὴν τάζιν τὴν έαυτών ἀπολαβεĩν, καì ώσπερ εἰκός έστι καì δίκαìον, έκείνας ὑμῶν χρῄζειν, οὑχ ὑμᾶς ἐκείνων. »
44 DION CHRYSOSTOME, Discours, XXXVIII, 22.
Auteur
Université de Bourgogne
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