Grenoble (1880-1960) : un district industriel autour de la « houille blanche » ?
p. 291-306
Texte intégral
1Dans le cas grenoblois, peut-on utiliser le concept de « district industriel » pour caractériser les rapports entre industrie et territoire ? Oui, si l’on suit les analyses des économistes Jean-Charles Monateri et Jean-Jacques Chanaron1 ainsi que celles du sociologue Michel Grossetti2 dans ses travaux sur les relations locales entre science et industrie. Cet usage peut surprendre. L’industrie grenobloise a connu plusieurs phases, marquées par la prédominance successive de différents secteurs : ganterie jusqu’au xixe siècle, construction mécanique puis électrique, chimie (sans oublier la cimenterie et la papeterie) des années 1860 aux années 1960, électronique et informatique depuis. Elles offrent a priori peu de points communs avec les types d’organisations industrielles, « mélange de concurrence-émulation-coopération au sein d’un système de petites et moyennes entreprises », qui ont servi de base à la réactualisation du concept de Marshall depuis la fin des années 19703.
2Pourtant, si l’on suit Jean-Charles Monateri et Jean-Jacques Chanaron, l’industrialisation grenobloise serait caractérisée par le passage d’un « district industriel », organisé des années 1880 à la seconde guerre mondiale autour des industries liées à la « Houille Blanche »4, à un « district technologique », construit autour des technologies de l’information à partir des années 1950. Ce passage aurait été permis par l’affirmation d’une « culture industrielle et technologique » propice à l’émergence d’un milieu innovateur au sens large. Cette « culture » aurait produit des « irréversibilités en orientant la nature et le rythme de la création et de la diffusion de la technologie »5 dans un espace urbain identifié à Grenoble et sa proche agglomération. Michel Grossetti, lui, décrit Grenoble comme un cas de « système scientifique local », à l’instar de Toulouse, « résultat de processus historiques étalés sur au moins deux siècles »6.
3On sait que le concept de district industriel comprend deux aspects. L’un analyse un type de structure industrielle caractérisée par un réseau d’entreprises petites et moyennes, spécialisées dans un secteur, qui obtiennent, du fait de leur complémentarité, des économies externes provenant de l’organisation propre du district. L’autre tient à l’explicitation de la notion marshallienne d’atmosphère industrielle en terme de « valeurs », voire de « culture » communes, de normes et de règles tacites, supposées créer un climat de confiance favorable à une coopération durable. Dans le cas de Grenoble, ce second aspect est privilégié. L’originalité de son histoire industrielle, justifiant le recours au concept de district, proviendrait d’une propension particulière à générer ou à développer des innovations techniques et scientifiques et à les valoriser industriellement sur place. Au cœur de cette aptitude, l’existence de liens intenses et précoces entre recherche et industrie aurait permis à Grenoble de devenir la « capitale de la Houille Blanche »7 dans les années 1920 puis une « métropole des sciences »8 à partir des années 1950. Cette analyse, présentée ici de façon fort rapide, pose de nombreuses questions théoriques (qu’est-ce qu’un milieu innovant ? comment introduire la notion de territoire, de proximité, de réseaux ?) soulevées par ailleurs par des sociologues, des économistes ou des géographes9. La place de l’innovation dans les figures de l’identité urbaine locale, ce « mythe de Grenoble » tour à tour célébré et déconstruit depuis les années 1960, incite par ailleurs à être attentif aux effets de représentation et aux discours qui entourent cette notion10.
4Sans prétendre tester dans sa globalité l’historicité de la notion de district industriel dans le cas grenoblois, notre objectif consiste à éclairer certains aspects des relations entre industrie et territoire à Grenoble, du dernier tiers du xixe siècle au début des années 1960. Nous voudrions montrer que, si district il y a, c’est moins du fait de la nature des activités industrielles ou de leur organisation que par l’action très volontariste de certaines élites locales dans l’élaboration de pratiques et d’Images liant les industries locales à leur territoire, autour de la notion de modernité et d’innovation. Ce phénomène, au caractère fortement urbain, a vu intervenir trois acteurs : les industriels (plus exactement certains d’entre eux), les universitaires et chercheurs impliqués dans la recherche appliquée (en fait, certains grands patrons) et les élus locaux (de manière relativement constante). Précisons : nous ne nous situons pas ici dans l’analyse d’un discours, mais dans la tentative de mise à jour d’une forme d’action collective qui a mêlé étroitement réalisations concrètes et promotion de celles-ci pour aboutir à ses fins.
5Pour suivre ces mécanismes, l’étude des différentes associations qui se sont succédées entre la fin du xixe siècle et les années 1960, avec comme objectif de favoriser les liens recherche-industrie, nous a paru être une bonne porte d’entrée. Cette étude reste incomplète car si nous avons eu accès aux archives d’une de ces associations, l’A.U.G.11, fort intéressantes mais portant sur la période postérieure à 1945, nous n’avons pas, par contre, travaillé directement sur celles des associations antérieures12 qui sont partiellement connues par d’autres travaux13. À partir de ces éléments, ainsi que des recherches en cours sur les entreprises et le patronat local14, il est cependant possible de mettre en perspective historique le concept de « district industriel » grenoblois.
Développement et organisation industriels
6Grenoble est jusqu’au milieu du xixe siècle une petite ville (27 000 habitants en 1840). Son activité économique est dominée par la ganterie. Son organisation, de type proto-industrielle, n’est pas prise en compte par les analyses en terme de district évoquées plus haut. Le concept est mobilisé pour expliquer la phase suivante à partir du milieu du xixe siècle. Les activités industrielles de la région grenobloise connaissent alors un net essor et une diversification liés à la fois à des facteurs locaux favorables et à des apports extérieurs en terme d’initiative patronale et de capitaux15. La modernisation des techniques hydrauliques, puis la mise au point de celles de l’hydroélectricité ont suscité dans les vallées alpines et l’avant-pays dauphinois le développement de secteurs anciens comme la papeterie et la cimenterie, puis de secteurs nouveaux, électrochimie et électrométallurgie, production-distribution d’électricité. Certes, ces activités n’ont pas toutes des implantations urbaines ; cependant par leurs dirigeants, et plus partiellement par leur financement, elles sont très liées à Grenoble. Dans la ville même, le secteur de la construction mécanique a bénéficié de l’essor de la Houille Blanche et participé largement à l’équipement des papeteries et cimenteries (établissements Neyret-Beylier) ainsi qu’à la fourniture des installations hydroélectriques en conduites forcées, vannes (établissements Bouchayer et Viallet), turbines (entreprise Neyret-Beylier Piccard-Pictet, dite Neyrpic depuis 1948, entreprise Bouvier), pylônes (établissements Para). Après la guerre de 1914, l’entreprise Merlin-Gerin se lance dans le secteur de l’appareillage électrique, tandis qu’au sud de Grenoble le pôle chimique de Jarrie Pont-de-Claix émergeait à partir de la chimie du chlore développée pendant le conflit. Cette configuration, qui vaut jusqu’au début des années 196016, relève t-elle d’un fonctionnement de « district industriel » ?
7La diversité du tissu industriel forme une première difficulté. Si les industries bées à la Houille Blanche sont mises en avant parce que considérées comme modernes et donc valorisantes pour l’histoire locale, elles ne présentent pas toute l’industrie grenobloise. Grenoble reste pour partie une ville gantière17 et plus généralement textile18. Le secteur de l’alimentaire (pâtes Lustucru, sirops Teisseire, biscuits Brun, chocolat Cémoi) n’est pas non plus à négliger. Entre ces entreprises, il est difficile de repérer des relations pouvant évoquer un district, même s’il a pu exister des liens familiaux ou financiers reliant leurs fondateurs.
8Si l’on s’en tient aux entreprises liées à la Houille Blanche, repère-t-on une configuration de type district industriel ? Les complémentarités entre les entreprises locales pour l’accès aux marchés, sans être inexistantes, sont moins évidentes qu’il n’y paraît. Elles ont joué avant 1914 dans l’accès aux marchés d’équipement hydroélectrique alpin19. Elles sont ensuite devenues de moins en moins opérantes face à l’emprise des groupes nationaux sur le secteur et aux limites des possibilités locales de financement qu’illustre la faillite de la banque Charpenay en 1931. Pour une entreprise comme N.B.P.P. (Neyrpic) qui produit des turbines, l’accès aux marchés des grands chantiers hydroélectriques a ainsi été fortement conditionné par ses relations avec les sociétés nationales de matériel électrique fournissant les alternateurs (Schneider et Alsthom) ou les sociétés de BTP (comme la S.G.E.), beaucoup plus qu’avec les sociétés locales20. On sait aussi que l’entreprise de matériel électrique Merlin-Gerin doit son essor à des marchés qui n’avaient rien de locaux, dans l’équipement des mines et de la marine21. Restent des effets d’entraînements, dont le secteur de la construction mécanique a particulièrement bénéficié. L’émergence de quelques firmes importantes, à partir d’un dense tissu de petits ateliers22, est bien à relier à leur capacité de réponse à une demande locale, en machines à papier, concasseurs pour la cimenterie et en matériel hydraulique. On peut aussi supposer, sans pouvoir le démontrer, que des relations étroites entre entreprises clientes et fournisseurs, favorisées par la proximité et l’étroitesse du milieu industriel, ont pu favoriser la constitution d’un potentiel local de compétence technique dans le domaine du gros matériel, hydraulique notamment. Il est cependant impossible de faire la part des relations propres au milieu local de celles issues des relations avec l’ensemble du marché. De par son organisation et son fonctionnement, le milieu industriel grenoblois présente donc certains traits d’un district, du moins si on veut bien s’en tenir aux industries liées à la Houille Blanche, mais de manière partielle.
9Pourtant, il est possible de repérer des relations qui ont contribué, d’une autre manière, à structurer les activités locales. On pourrait décrire les réseaux personnels qui se sont constitués autour de grands patrons comme Aristide Bergès, à la fin du siècle, et Aimé Bouchayer, dans les années 1920, ou les relations financières favorisées par les banquiers locaux, notamment Georges Charpenay23. Ce mélange de connivences, voire d’amitiés, et d’intérêts économiques a sans doute contribué au bon fonctionnement des affaires jusqu’aux années 1930, sans qu’il soit possible d’en quantifier les effets. Même après 1945, alors que le poids de la finance locale n’était plus que modeste, les rôles de fortes personnalités patronales comme Paul-Louis Merlin, président des établissements du même nom, ou Maurice Gariel, président et directeur (salarié) de Neyrpic sont loin d’avoir été négligeables. Ces dirigeants, représentatifs en cela d’une partie du patronat grenoblois, ont eu en commun un intérêt marqué pour leur environnement allant bien au-delà de leurs stricts intérêts industriels. Ils ont développé une forme d’identification avec leur région, définie comme les Alpes, avec en son centre, ou du moins présentée comme telle, Grenoble.
10Signe le plus évident de cet intérêt, la mairie de Grenoble a été occupée, depuis la fin du xixe siècle, par des industriels, issus de la ganterie (Édouard Rey, Stéphane Jay) puis des nouveaux secteurs industriels (Félix Viallet, métallurgiste, Nestor Cornier, cimentier), avant qu’elle ne revienne en 1919 à un socialiste, Paul Mistral, qui gardera néanmoins des relations régulières avec la frange moderniste du patronat local24. Parallèlement, depuis la fin du xixe siècle également, certains industriels et ingénieurs ont développé un discours relativement cohérent pour présenter leur rapport à leur territoire, leur « pays de la Houille Blanche », avec Grenoble comme capitale25. À travers des brochures, dans des articles de revues professionnelles ou lors d’allocutions dans des manifestations officielles, ils affirmaient leur rôle de découvreurs et de modernisateurs des Alpes, grâce à l’électricité et à l’industrie. Grenoble est présentée comme le heu où surgit la modernité, grâce au progrès technique. Cette démonstration a pu prendre un tour très concret : les deux expériences de transport de courant réalisées à Grenoble en 1882 et 1883, l’une sur l’Initiative de l’industriel Aristide Bergès, l’autre du marre Édouard Rey, ont été ouvertement réalisées pour promouvoir dans un même mouvement Grenoble et l’électricité, non sans succès. Aristide Bergès, inventeur du concept de « Houille Blanche », a fortement contribué, avec d’autres26, à construire cette association entre Grenoble, ses industriels et la modernité.
11On sait que cette auto-célébration des industriels et des ingénieurs locaux par la valorisation de leur milieu a rencontré, dans les années 1920, deux autres mouvements intéressés à la redéfinition des Alpes et de Grenoble. L’un correspond à l’invention de la géographie alpine par Raoul Blanchard, dans un double mouvement d’affirmation de la spécificité des Alpes et de sa spécialité universitaire. L’autre, de nature régionaliste et relayé par les élus locaux, tendait à affirmer la position de Grenoble comme capitale des Alpes, face à Paris et surtout à Lyon. Ces intérêts ont convergé, ainsi que l’a montré Philippe Veitl27, dans une forte mobilisation pour obtenir la création d’une région Alpes, capitale Grenoble, dans le cadre de la mise en place des régions économiques dites Clémentel. L’A.P.A.F. (Association des producteurs des Alpes françaises), qui regroupait les principaux industriels grenoblois autour des métallurgistes Aimé Bouchayer et Charles-Albert Keller, a joué un grand rôle dans cette mobilisation au côté d’universitaires comme Raoul Blanchard, un des animateurs du journal de l’A.P.A.F., les Alpes économiques28. L’ensemble a culminé en 1925 avec la tenue de l’exposition internationale de la Houille Blanche et du tourisme qui a sacré, selon Raoul Blanchard, Grenoble « ville sainte de la Houille Blanche et du tourisme »29.
La collaboration de l’industrie et de la recherche
12Cette surenchère dans la métaphore lyrique ne doit pas conduire à cantonner ces mouvements convergents à la production d’un discours auto-valorisateur. En effet, la capacité d’action des élites locales a été réelle. Si elles ont échoué dans leur tentative régionaliste, elles ont réussi à construire une association entre l’image de la ville et l’innovation par leur soutien à la création de l’Institut électrotechnique de Grenoble (I.E.G.). Les modalités de ce soutien sont intéressantes. Elles témoignent d’abord d’une capacité de mobilisation des bonnes volontés locales. Mais elles montrent aussi une réelle aptitude à utiliser, voire à mettre en scène cette mobilisation pour obtenir de l’État les financements indispensables à la pérennisation de leurs initiatives. C’est sous cet angle que l’on peut juger de l’efficacité des associations qui ont encadré le développement et la diversification de l’université et de ses écoles d’ingénieurs.
13Une première association, la Société de soutien au développement de l’enseignement technique près de l’université de Grenoble (S.D.E.T.), a été créée en 1901 pour encadrer la mise en place de l’Institut électrotechnique de Grenoble. On retient parfois à Grenoble l’idée d’une création de l’I.E.G. effectuée à l’instigation d’industriels clairvoyants contre l’immobilisme de l’université. Les travaux d’Éric Robert30 montrent une réalité différente. Le financement du démarrage de l’Institut s’est effectué à parts relativement égales entre les donations des industriels locaux, les financements propres de l’université, les subventions du ministère et de la municipalité, mais à des rythmes différents, seuls les financements municipaux étant réguliers.
14L’engagement de la mairie apparaît fort important et tranche par rapport à l’attitude réservée d’une large part du patronat local qui paraît encore peu convaincu de l’utilité directe de l’école pour les entreprises. Il faut rappeler que la création d’un tel institut, à cette date et selon ces modalités, n’a rien de très original : « un peu partout, rappelle M. Grossetti, souvent sur la base de cours du soir publics, de nouvelles chaires sont créées, puis s’autonomisent jusqu’à former des instituts » appuyés sur les spécificités industrielles locales. Le soutien des industriels, en association étroite avec les pouvoirs publics locaux, n’est pas non plus spécifique. On le retrouve même, semble-t-il, dans la plupart des cas de création d’instituts du même type31.
15À Grenoble, la Société de soutien au développement de l’enseignement technique près de l’université de Grenoble (S.D.E.T.) visait à rassembler « toutes les personnes qui, par leur action industrielle, commerciale, agricole ou simplement par esprit philanthropique ou dauphinois, pouvaient contribuer à la prospérité du nouvel institut en lui procurant les ressources nécessaires à son essor »32. On trouve donc parmi les fondateurs de grands industriels et banquiers locaux qui ont cherché à instaurer un ben durable entre l’industrie et le jeune institut, mais sans vraiment y réussir. Ils ont lancé, non sans succès, plusieurs souscriptions et milité pour que les industriels utilisent les services des laboratoires d’essais progressivement créés en électricité industrielle, puis dans l’hydraulique, l’électrochimie et la papeterie. Mais, financièrement comme techniquement, les liens étaient encore faibles et discontinus.
16En fait, avant 1914, les relations sont restées principalement de l’ordre du mécénat. Elles ont engagé les fortunes de quelques patrons, comme Casimir Brenier qui a effectué plusieurs donations importantes en faveur de l’Institut en 1907 et 1908, plus que des entreprises. Ce soutien patronal apparaît ainsi tout aussi proche des logiques « volontaires, honorifiques et désintéressées » propres à les distinguer comme élite locale33 que de subtiles stratégies industrielles. À un autre niveau, la participation d’ingénieurs des entreprises grenobloises à la formation des étudiants, y compris parfois bénévolement, marque un autre type de relations plus personnelles qu’institutionnelles. Ce schéma ne vaut d’ailleurs pas pour tous les secteurs. L’école de papeterie, créée en 1907 par le syndicat professionnel des papetiers, apparaît ainsi comme « l’expression de son milieu professionnel »34. Il est vrai que la création de cette école découlait d’une initiative nationale et non spécifiquement locale. D’une manière générale, avant 1914, les relations entre les entreprises et l’université sont cependant restées ponctuelles, utiles, voire déterminantes pour un institut électrotechnique qui se voulait au service de l’industrie locale, mais faiblement structurantes pour le milieu industriel lui-même. Il n’est pas possible de lire ces relations comme une forme précoce de liens recherche-industrie, notion anachronique tant du côté de l’université, et plus encore de l’Institut où les activités de recherches étaient très embryonnaires, que du côté des entreprises. Par contre, elles témoignent d’un engagement réel de quelques fortes personnalités patronales, dans la création d’une école d’ingénieurs certes, mais au-delà dans la promotion et le développement de la ville de Grenoble comme centre industriel et technique incarnant la modernité.
17La première guerre mondiale marque une nouvelle étape. Comme dans bien des domaines, elle a été l’occasion d’expérimenter de nouvelles formes de collaboration entre industriels, universitaires et pouvoirs publics (ministère de l’Armement) dans la résolution de problèmes techniques cruciaux pour l’époque, en matière de production d’alliages spéciaux et de produits chimiques divers. Dès 1919, un nouveau laboratoire, le Laboratoire d’essais mécaniques et physiques des métaux, chaux et ciments (L.M.E.), est ainsi créé, grâce à une souscription locale relayée par des financements du ministère des Travaux publics, avec comme ambition de répondre aux besoins des industriels locaux. Il est difficile d’évaluer la part de ses activités de recherche ayant eu des retombées locales. Louis Néel affirme qu’» une bonne partie des essais étaient de pure routine »35, Éric Robert estime cependant que ce fut « un point de rencontre assez rare en France entre les milieux industriels et universitaires »36. Dans d’autres domaines, l’hydraulique surtout, mais aussi la papeterie et l’électrcKrhimie, il semble que les laboratoires de l’Institut commencent à développer des activités que l’on peut qualifier de recherche industrielle, sans qu’il soit cependant possible d’en évaluer précisément les retombées.
18Parallèlement à cette modification de « l’offre » universitaire, on constate aussi une modification dans l’attitude de certaines entreprises. Dans un cas au moins, de réelles relations scientifiques et techniques se sont établies. L’entreprise N.B.P.P. (Neyrpic) offre un bon exemple de l’apparition d’un nouveau type de collaboration, intégrée à sa stratégie. Lors de la création de la firme, sur l’initiative du ministre Louis Loucheur qui souhaitait en 1917 créer un constructeur français spécialisé dans les turbines hydrauliques, la présence de l’I.E.G. ne semble pas avoir été un élément important. Grenoble a été choisie pour son potentiel industriel dans la construction mécanique mais en imposant un constructeur suisse comme réfèrent technique, ce qui montre bien que la notion de potentiel local d’innovation restait à construire. L’entreprise est ainsi formée à partir des activités hydrauliques du constructeur grenoblois Neyret-Beylier et de l’entreprise suisse Picard-Pictet. À partir de 1924, Picard-Pictet ayant fait faillite, N.B.P.P. a développé une politique de maîtrise de sa technologie sans recours à des licences extérieures. Elle crée ses propres laboratoires et stations d’essais mais collabore aussi étroitement avec l’école d’hydraulique créée en 1929. Pierre Danel, directeur du laboratoire d’hydraulique de N.B.P.P., a ainsi dirigé celui de l’Institut et assuré le cours d’hydraulique de l’école d’ingénieurs hydrauliciens (E.I.H.) de 1934 à 1947. L’accueil d’élèves ingénieurs en stage dans l’entreprise devient régulier, facilitant par la suite des relations d’affaires profitables. Il semble ainsi que la création de la filiale de N.B.P.P. au Portugal a été directement liée aux liens tissés avec un ingénieur portugais durant ses études à Grenoble. Le cas de l’hydraulique apparaît cependant comme exceptionnel. Dans le cas de l’entreprise de matériel électrique Merlin-Gerin37, on sait ainsi que sa propre politique de recherche doit plus aux alliances conclues avec des entreprises extérieures (la Compagnie de Béthune et la société anglaise Reyrolles dont elle était licenciée) qu’au milieu local. Elles lui ont ouvert leurs laboratoires et permis de se mettre à niveau techniquement dans le domaine de la haute tension. D’autres entreprises très innovantes, comme A. Raymond (qui passe dans les années 1930 du bouton-pression aux fixations pour automobile), semblent d’ailleurs ne jamais avoir eu de relations avec l’université.
19Si, structurellement, les cas de relations recherche universitaire-entreprise restent donc encore isolés dans l’entre-deux-guerres, le soutien à l’université se confirme comme un des axes d’action du patronat sur le milieu local. Il s’est illustré notamment par la création d’une nouvelle structure, la Société des amis du laboratoire d’essais mécaniques et physiques des métaux, chaux et ciments38, en 1928. Son conseil d’administration regroupait, à parts égales, des industriels de l’Association des producteurs des Alpes françaises (A.P.A.F.) et des représentants du monde universitaire (recteur, doyen de la faculté des sciences, directeur de l’I.E.G., etc.). Cette association a repris en partie l’action de la précédente association (lancement de souscription, promotion de l’I.E.G. auprès des industriels), en allant cependant au-delà. D’une part, elle réussit, ce qui n’avait pas été possible avant 1914, à assurer « un financement régulier, d’origine industrielle »39 de certains travaux de recherches du L.M.E. D’autre part, elle marque une modification des formes de l’action patronale. Du mécénat d’avant la première guerre, on passe à une forme de « patronage » par certains industriels qui acceptent de s’inscrire dans des réseaux d’influences dont l’enjeu principal est l’obtention de subventions de l’État. A des titres divers, des industriels comme Charles-Albert Keller, des hommes politiques comme Léon Perrier, député puis sénateur radical de l’Isère et président de la Compagnie nationale du Rhône, des universitaires comme René Gosse, doyen de la Faculté des sciences et directeur de l’I.E.G., ont fait jouer leurs relations, siégé dans les bonnes commissions, relayé les demandes de subventions et permis le développement de l’I.E.G. et de la Faculté des sciences. Leur capacité à mobiliser réseaux locaux et nationaux, à mettre en avant les financements industriels, même limités, pour débloquer des financements publics a été d’une réelle efficacité, notamment pour assurer la construction de nouveaux bâtiments.
20L’efficacité de ce type de soutien a conduit à créer, en 1947, une autre association, l’A.U.G. (Association des amis de l’Université de Grenoble, devenue Alliance Universitaire de Grenoble en 1971). On retient localement, toujours dans cette propension à mettre en avant les industriels comme gage d’efficacité et de modernité, qu’elle a été fondée par Paul-Louis Merlin, président fondateur de l’entreprise Merlin-Gerin. En fait, l’initiative revient à Raoul Blanchard, le géographe fondateur de la géographie alpine dont on a évoqué l’engagement dans la création de l’image de Grenoble comme capitale alpine grâce à la Houille Blanche. C’est lui qui a convaincu le recteur, puis P.-L. Merlin de créer une association qui soutienne toute l’université. Officiellement, l’objectif de l’association vise à favoriser les liens entre l’industrie et l’université. Au regard de son action, il s’agissait aussi de drainer vers l’ensemble de l’université (et non seulement les sciences « dures » et les sciences de l’ingénieur) la manne des dons privés et surtout d’utiliser le soutien d’un grand industriel dans les négociations budgétaires avec les différents services de l’État40. P.-L. Merlin a exprimé très clairement cette manière de concevoir le rôle de l’A.U.G. : « Le concours [de l’Association] a été parfois financier [...] mais ces concours financiers ne sauraient, en aucune manière, [être] une mesure de la portée de l’amitié de l’Association envers l’université. Une association privée, même riche et puissante, ne peut sur le terrain financier se mesurer à l’État. Elle manifeste son amitié, son affection, essentiellement d’une autre manière par le dévouement de ses membres. Ce concours efficace et pratique qui consiste à lever les obstacles, à accomplir des démarches, à veiller à l’exécution des projets universitaires, on peut en trouver la trace permanente dans les pierres de construction ou, pour certaines, la marque dans les livres et publications, le souvenir plus fugitif dans les réceptions et cérémonies universitaires »41. P.-L. Merlin a donc mis au service de l’A.U.G. ses compétences, ses réseaux d’influences et sa propre vision des choses. Il s’est engagé avec fougue dans cette action, au point de se voir reprocher de se prendre pour le « vice-recteur de Grenoble ». Dans les années 1950, son efficacité a été réelle pour accompagner la croissance de l’université en matière de logement étudiant, de soutien aux publications et en finançant des bourses pour faciliter la mobilité des étudiants et les stages à l’étranger. À partir des années 1960, son action apparaît de plus en plus décalée tant par rapport à la réalité du monde universitaire qui dénonce une attitude jugée paternaliste, que par rapport à celle du milieu industriel local. Les années 1960 marquent de plus l’entrée des entreprises régionales dans une phase de restructuration et d’intégration dans les groupes industriels nationaux, sonnant le glas de l’autonomie, certes partielle, du patronat local42 et de relations basées sur la connivence des notabilités.
Vers de nouvelles relations université-industrie
21En fait – et heureusement –, ces relations de « patronage » au profit de l’université s’étaient déjà doublées, depuis les années 1940, d’un net développement de réels liens recherche-industrie. La guerre a amené à Grenoble un petit groupe de physiciens, dont Louis Néel43, après le repli de la Faculté de Strasbourg dont ils dépendaient. Ils vont être un des points de départ de la formation d’un pôle de recherche scientifique de haut niveau, appuyé sur de denses relations avec l’industrie. Dans ses mémoires, Louis Néel explique de manière intéressante pourquoi il a choisi de rester à Grenoble après-guerre. Il avance d’abord des motifs liés au fonctionnement du monde universitaire et à ses propres choix de carrière. Ensuite, présentant les atouts de Grenoble44, il cite les différents éléments activement construits par les élites locales avant-guerre : une image moderniste (« Grenoble me semblait plus orientée vers le progrès scientifique et social, Strasbourg vers le passé »45), des locaux disponibles dus à l’intense activité de construction du doyen Gosse dans les années 1930, et des relations avec les industriels susceptibles de fournir des financements complémentaires plus intenses qu’à Strasbourg, encadrées par l’Association de soutien au laboratoire des essais mécaniques qu’il contribuera à transformer en A.D.R. en 1958.
22Même s’il faut se garder de toute personnification abusive (la figure de Néel relayant pour partie celle de Bergès comme incarnation du « mythe » grenoblois), le choix de Néel a été très positif pour Grenoble. Dans ses stratégies de création d’un « empire physicien en province », selon l’heureuse formule de Dominique Pestre, il a d’une part initié une politique d’implantation de laboratoires nationaux (Centre d’études nucléaires de Grenoble, division du CEA en 1955) et internationaux (Institut Laue Langevin, Institut de radioastronomie millimétrique, prolongé par l’installation du Synchrotron en 1994) qui ont fortement contribué à faire de Grenoble un pôle de recherche majeur. D’autre part, il a aussi, dès l’immédiat après-guerre, permis la valorisation industrielle des résultats de la recherche de ses collaborateurs par la création d’entreprises. La S.A.M.E.S., issue en 1947 des travaux de Noël Félici sur les machines électrostatiques, est la première d’une série qui témoigne de la modification des rapports entre recherche et industrie à Grenoble. Comme le souligne Michel Soutif, un des acteurs de ce mouvement, les relations entre université et industrie s’inversent à partir de 1945 pour jouer dans le sens d’un possible développement industriel à partir des résultats de la recherche locale46. Les conditions de la mise en œuvre de ces possibilités, plus ou moins faciles des années 1950 à nos jours, et de la naissance d’un « système scientifique local » ou « district technologique » sont alors en place47.
23L’industrie grenobloise a-t-elle fonctionné comme un « district industriel », centré sur les industries de la Houille Blanche ? On a vu que le concept permet de décrire une partie du tissu industriel local, à condition de l’entendre non comme une configuration d’entreprises complémentaires sur un secteur ou une branche, mais comme un « construit socio-économique et institutionnel », pour reprendre le langage des économistes48. Il apparaît nettement que le rapport entre industrie et territoire a été considéré, à Grenoble, comme déterminant. Il a été soigneusement bâti dans un mouvement de renforcement réciproque de la ville, de l’université et de l’industrie. Les relations recherche-industrie qui ont acquis après 1945 une réelle efficacité, ne découlent pas spécifiquement de la nature des activités industrielles d’avant-guerre, ni même de l’existence d’une université et d’une école d’ingénieurs dont les activités de recherche restaient embryonnaires. L’affirmation de l’existence d’une spécificité locale basée sur les liens recherche-industrie depuis un siècle repose pour partie sur une reconstruction, tant la nature de ces relations a varié dans le temps. Avant 1945, il convient plutôt de parler de relations de mécénat entre une fraction du patronat et l’université, puis d’un soutien plus large (ce que nous avons appelé « patronage »), les conditions même d’une possible collaboration en matière de recherche industrielle ne se mettant en place que très progressivement. Ce type de relations n’a bien sûr rien de nécessaire. Le contre-exemple de Toulouse est ainsi éclairant49. À Toulouse, un pôle de recherche scientifique en partie comparable à celui de Grenoble, s’est développé quasiment sans lien avec l’industrie, ce qui n’a pas empêché la création d’un secteur industriel de haute technologie, grâce au soutien de l’État. À Grenoble, la situation découle des choix effectués dès la fin du xixe siècle de jouer la carte des liens industrie-université pour assurer le développement de l’université et asseoir l’image de la ville.
24Une forme de consensus s’est dégagée pour considérer que Grenoble avait pour vocation d’être un des pôles de la modernité technicienne ou, du moins, qu’il était essentiel pour les élites locales qu’elle le soit. Pour les universitaires, il s’agissait de construire l’image d’une ville innovante ayant besoin d’une université elle-même dynamique, donc des moyens de ce développement en terme de postes et de crédits. Pour les élus locaux, la modernité a été un des éléments d’affirmation de l’identité urbaine et le cœur du projet de certaines équipes, dans les années 1920 notamment autour de Paul Mistral, comme plus tard autour d’Hubert Dubedout50. Pour les industriels, les enjeux apparaissent finalement moins nets. Certes, afficher leur appartenance à une communauté dynamique, ancrée dans un espace alpin associé à la Houille Blanche, pouvait renforcer leur visibilité sur certains marchés. Certes, la constitution d’un pôle local de formation puis de recherche semble a priori favorable. Mais, en l’état actuel des connaissances, les retombées positives pour les entreprises sont difficiles à mesurer. M. Grossetti souligne fort bien que « s’il est clair que ces institutions scientifiques doivent une bonne partie de leur développement à l’effort des industriels, l’impact de leur présence sur le fonctionnement des entreprises est difficile à évaluer. Le seul argument que l’on peut avancer dans le sens d’un effet de cette présence est que, si les industriels investissent à ce point dans leurs institutions scientifiques, c’est qu’ils en ont d’une certaine façon besoin, mais il ne s’agit que d’un argument indirect »51. Argument indirect et peu satisfaisant. On a vu que l’investissement des entreprises est en fait limité, qu’il relève parfois de stratégies patronales visant à modeler leur environnement, dans un sens certes favorable à leurs intérêts, mais sans en attendre forcément des retombées immédiates tandis que, dans d’autres cas, il est intégré dès l’entre-deux-guerres à leur stratégie de développement. C’est donc du côté de l’histoire des entreprises que l’on peut attendre d’utiles compléments à la compréhension du rôle économique de cette configuration territoriale particulière.
Notes de bas de page
1 MONATERI J.-C. et CHANARON J.-J., « Dynamiques industrielles et technologiques. Le pôle grenoblois », in COURLET C, SOULAGE B. (dir.), Industrie, territoires et politiques publiques, L’Harmattan, 1994, p. 173-201.
2 GROSSETTI M., Science, industrie et territoire, Presses universitaires du Mirail 1995.
3 BENKO G., DUNFORD M., HEURLEY J., « Les districts industriels : 20 ans de recherche », in Espaces et sociétés, n° 88/89, 1997
4 On entend par « Houille Blanche », selon l’expression forgée par l’industriel Aristide Bergès en 1889, l’utilisation industrielle de la force hydraulique des torrents alpins, sous une forme hydromécanique puis hydroélectrique.
5 COURLET C, SOULAGE B. (dir.), op. cit., p. 24.
6 GROSSETTI M., op. cit., p. 33.
7 L’expression est reprise par Pierre Barrai dans BLIGNY B. (dir.), Histoire du Dauphiné, Privat, 1973, p. 379. Elle est en fait peu fréquente, le terme de « pays de la Houille Blanche » pour désigner les Alpes du Nord étant par contre très courant de la fin du xixe siècle aux années 1950.
8 Titre de l’ouvrage réalisé par le Pôle européen universitaire et scientifique de Grenoble (groupement d’intérêt public rassemblant les institutions de formation et de recherche, les pouvoirs publics locaux dans le but de « promouvoir le site universitaire et scientifique grenoblois à l’échelle européenne et internationale »). FRAPPAT P. (dir.), Grenoble Métropole des sciences, Glénat, 1997.
9 Outre les travaux de Claude Courlet et de son équipe, de Michel Grossetti cités plus haut, voir notamment AYDALOT P., « L’aptitude des milieux locaux à promouvoir l’innovation », in Technologie nouvelle et ruptures régionales, Economica, 1986 ; GAFARD J.-L., La dynamique de l’innovation, Economica, 1988.
10 Le terme est lancé par l’essai de Pierre FRAPPAT, Grenoble, mythe blessé, A. Moreau, 1979. Sur l’analyse du « mythe » voir BRUNETEAU B., « Le "mythe de Grenoble" des années 1960 et 1970, un usage politique de la modernité », in Vingtième siècle, avril-juin 1998, p. 111-126 ; BOUMAZA N., « Grenoble, un mythe urbain moderne », in Revue de géographie alpine, 1997, p. 175-185 ; FREMONT A., « Milieux géographiques et innovation : le cas de Grenoble », in Revue de géographie alpine, 1987, p. 293-314. La modernité technicienne n’est qu’un aspect d’une figure qui comprend également un important volet social et politique.
11 Association des amis de l’Université de Grenoble fondée en 1947, devenue Alliance Universitaire de Grenoble en 1971.
12 Notamment celles de l’Association des amis du laboratoire des essais mécaniques et physiques des métaux, chaux et ciment, devenue Association pour le développement de la recherche (A.D.R.) en 1958.
13 PESTRE D., Louis Néel, le magnétisme et Grenoble. Récit de la création d’un empire physicien dans la province française, 1940-1969, Cahiers pour l’histoire du CNRS, 1990; ROBERT E. sous la direction de MORET R., L’ingénieur, moteur de l’innovation. Un siècle de formation d’ingénieurs à Grenoble, éditions des Vignes-l’Editeur-INPG, 2001. Voir aussi les témoignages de Lucienne Gosse sur l’action menée par son mari et de Louis Néel : GOSSE L., René Gosse (1883-1943), Bâtisseur de l’Université, Résistant des « années noires », 2e édition, PUG, 1994 ; NÉEL L., Un siècle de physique, éd. Odile Jacob, 1991.
14 Travaux en cours portant sur les entreprises de construction mécanique et d’ingénierie issues de la « Houille Blanche », notamment Neyrpic (Alstom power hydro) et SOGREAH.
15 Pour la période antérieure à 1869 voir LEON P., La naissance de la grande industrie en Dauphiné (fin du xviie siècle-1869), PUF, 1954 et pour la période postérieure MORSEL H. et PARENT J.-F., Les industries de la région grenobloise, PUG, 1991.
16 À partir des années 1950, un nouveau cycle industriel se dessine, relayant le précédent, autour de l’électronique puis l’informatique.
17 En 1939, la ganterie, pourtant en net déclin depuis la crise, employait encore plus de 2 000 personnes dans une trentaine de fabriques. Mais la métallurgie et la construction électrique comptaient alors plus de 4 000 salariés. MORSEL H., « Grenoble, ville des industries hydroélectriques sous la Troisième République », in CHOMEL V. (dir.), Histoire de Grenoble, Privat, 1976, p. 314.
18 L’essor du textile relève soit de la reconversion du patronat gantier, comme pour Valisère (lingerie indémaillable) créée par la Maison Perrin, soit d’initiatives extérieures comme pour la Viscose (fabrication de fil de soie artificielle) issue du groupe lyonnais Gillet.
19 MORSEL H., PARENT J.-F., op. cit., p. 159.
20 DALMASSO A., « Des entreprises régionales face à l’internationalisation : le cas des entreprises issues de la Houille Blanche dans les Alpes françaises », 4° colloque de l’Association européenne d’histoire des entreprises, Bordeaux, 15-16 septembre 2000.
21 TORRES F. (dir.), Une histoire pour l’avenir. Merlin-Gerin, 1920-1992, Public Histoire et Albin Michel, 1992.
22 78 ateliers de mécanique et chaudronnerie en 1898 selon MORSEL H. et PARENT J.-F., op. cit., p. 156.
23 MORSEL H., « Grenoble, ville des industries hydroélectriques... », op. cit. ; PILLET J., Charpenay Banquier de la Houille Blanche, imp. des Eaux Claires, Échirolles, 2000 ; SMITH R., « Patron, famille et entreprise, Bouchayer et Viallet de Grenoble (1847-1971) », in Le Monde alpin et rhodanien, 1996, p. 149-167.
24 PARENT J.-F., SCHWARTZBROD J.-L., Deux hommes, une ville, Paul Mistral, Hubert Dubedout, Grenoble, La pensée sauvage, 1995.
25 DALMASSSO A., « L’ingénieur, la Houille Blanche et les Alpes : une utopie modernisatrice », in Progrès, retard, arriération. Les représentations de l’histoire, xixe-xxe siècles, colloque UMR Telemme Aix en Provence - HESOP CRHIPA, mai 2000, actes à paraître.
26 Notamment René de La Brosse, ingénieur en chef du Service des Forces hydrauliques, Louis Barbillon, directeur de l’Institut électrotechnique de Grenoble de 1904 à 1928, les ingénieurs Audebrant et Dusaugey.
27 VEITL P., Les régions économiques Clémentel et l’invention des Alpes Françaises, thèse de doctorat de sciences politiques, Grenoble, 1992.
28 ECK J.-F-, « Une revue patronale face aux problèmes de son temps : “les Alpes Économiques” durant l’entre-deux-guerres », in Accademie, Salotti, circoli nell’arco alpino occidentale, Actes du VIIIe colloque franco-italien Centro Studi Piemontesi, Torino, 1994, p. 255-285.
29 VEITL P., « De Nice au Leman, l’impossible « invention » des Alpes françaises », in Le Monde Alpin et Rhodanien, n°3-4,1987, p. 141.
30 ROBERT E., sous la direction de MORET R., op. cit.
31 GRELON A., « Les enseignements de l’électricité », in CARON F. et CARDOT F. (éds), Histoire générale de l’électricité en France, t.1, Fayard, 1991.
32 ROBERT E., op. cit., p. 173.
33 CORBIN A., «Du loisir cultivé à la classe de loisir», in L’Avènement des loisirs, 1850-1960, Flammarion, 1995, p. 58.
34 ROBERT E., op. cit., p. 44.
35 NÉEL L., op. cit., p. 72.
36 ROBERT E., op. cit., p. 217.
37 TORRES F. (dir.), Une histoire pour l’avenir, op. cit.
38 Ou Société de soutien du laboratoire d’essais mécaniques... Transformée en A.D.R. en 1958, elle a joué « un rôle déterminant dans l’essor des laboratoires grenoblois » en devenant une « véritable association de gestion de contrats [de recherche] ». ROBERT E., op. cit., p. 232. Cf. également PESTRE D., op. cit. et NÉEL L., op. cit.
39 ROBERT E., op. cit., p. 216.
40 La gestion des contrats de recherche est du ressort de l’A.D.R.
41 MERLIN P.-L., « La vie universitaire à Grenoble de 1948 à 1954 », cité in ROBERT E. op. cit., p. 192.
42 L’intégration de Neyrpic dans Alsthom en 1967, tout comme l’entrée de Merlin-Gerin dans le groupe Schneider en 1975, sont significatives de ce basculement.
43 Voir PESTRE D., op. cit. et les mémoires de NÉEL L., op. cit.
44 Il est vrai, à côté de critères plus classiques, comme le climat et la gastronomie. Notons surtout, puisqu’il s’agit de mémoires, qu’il s’agit de sa perception du Grenoble des années 1940 en 1991.
45 NÉEL L., op. cit., p. 118.
46 SOUTIF M., « Grenoble : la physique et l’informatique, un destin international au xxe siècle », in Les Alpes, l’Europe, le monde, Université Pierre Mendès-France, Grenoble, 1999, actes de colloque à paraître.
47 DE BERNARDY M. et BOISGONTHIER P., Grains de technopoles, micro-entreprises grenobloises et nouveaux espaces productifs, PUG, 1988, et La technopole, une certaine idée de la ville, l’Harmattan, 1996.
48 COURLET C., SOULAGE B. (dir.), op. cit., p. 27.
49 GROSSETTI M., op. cit.
50 BRUNETEAU B., op. cit.
51 GROSSETTI M., op. cit., p. 122.
Auteur
Université de Grenoble 2
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