Un texte fondateur ? Note sur L’Histoire et recueil de la triomphante et Glorieuse Victoire...
p. 311-331
Texte intégral
1On ne parvient que difficilement à deviner la genèse conceptuelle de la réaction des tenants de l’orthodoxie religieuse face aux idées nouvelles venues d’Allemagne, une réaction dont on sait qu’elle est d’abord formulée, de manière ponctuelle seulement, par la Determinatio theologicae Facultatis Parisiensis Super doctrina Lutheriana que la Sorbonne rend publique le 15 avril 1521. La condamnation systématique et affirmée unanime de 104 des thèses de Luther1 est basée non pas sur les articles de la Dispute de Leipzig mais sur des propositions contenues dans des textes comme le De captivitate babylonicae Ecclesiae2 et tenant aux sacrements, au Purgatoire ou aux œuvres. Le docteur de Wittemberg est accusé, dans cette optique, de répandre des doctrines renouvelant les erreurs des manichéens sur le libre arbitre, des hussites sur la contrition, des wicléfites sur la confession..., tous hérétiques parce qu’ayant nié également l’autorité de l’Eglise. Il est dénoncé non seulement pour avoir ressuscité les erreurs des hérétiques des temps passés mais surtout pour les avoir surpassées3. Il est l’homme qui a séduit le peuple en attaquant le pouvoir de l’Eglise et de la hiérarchie, en créant un schisme, en déformant l’Ecriture et en blasphémant contre le Saint Esprit.
2Très tôt, à partir de cette première et décisive prise de position, débute dans Paris une guerre à distance qui est une guerre agencée par le biais de l’imprimerie. Tout va très vite. Composée en mai, la réponse rédigée par Melanchton à la Determinatio sous le titre Adversus furiosum Parisiensium Theologastrorum decretum est, dès juillet, vendue à Paris. Elle accuse les théologiens de la Sorbonne d’être des sophistes et des calomniateurs. Elle aurait connu un grand succès, au point que, parce qu’elle est plus perméable à l’humanisme, la faculté des Arts aurait autorisé sa consultation par les étudiants et que, le 3 octobre, en guise de réaction, tous les exemplaires qui ont pu être saisis sont brûlés publiquement4. Une Determinatio secunda almae facultatis theologiae parisiensis, probablement écrite par Luther lui-même, est ensuite diffusée dans Paris : il s’agit d’une satire se présentant comme une censure rédigée par le théologiens parisiens de la défense de Melanchton5. Une guerre textuelle a donc débuté. Le 4 novembre, il est arrêté que l’amende sera portée à 500 livres parisis et que la peine du bannissement sera appliquée aux infracteurs de l’édit du mois d’août qui avait prescrit aux libraires-imprimeurs et "autres gens" d’apporter sous huitaine au greffe du parlement tous les livres de Luther qui seraient en leur possession ; car des libelles "diffamatoires" se vendent publiquement et quotidiennement, tant à l’Université qu’au Palais : "et mesmement, depuis peu ença, estoit sorty de la maison et bouticque du maistre de l’escu de Basle pres Sainct-Benoist-Bien-Tourné une apologie pour ledict Leuther plaine de injures atroces et contumelieuses contre la declaration des livres dudict Leuther faicte par la Faculté de theologie et contre la nation gallicane, disant les Françoys n’avoir point de cerveau : aussy contre les sainctz concilles de Lyon soubz Gregoire dixiesme, de Vienne, soubz Clement cinquiesme, et de Constance faictz et celebrez, disant les deux premiers concilies approuvans intollérablement les decretalles et que les clez de l’Eglise estaient communes à ung chacun ; que ledict concille de constance ne contenoit verite..."
3Cette lutte à distance se modifie peu à peu, avec le passage du latin au français. En 1525, c’est la première édition, en français, d’un livre de Luther qui, selon Francis Higman, est sorti des presses strasbourgeoises de Jean Schott pour Wolfgang Köpfel, sous le titre Livre tresutile de la vraye et parfaite subjection des chrestiens, et ensemble de la sacrée franchise et liberté qu’ilz ont en Saint-Esprerit6. Selon W.G. Moore, dès ces années, "l’expression littéraire" fut "le grand véhicule" des idées de la Réforme7. Cette dernière proposition présente l’inconvénient de minorer le travail de disqualification des idées nouvelles dont le livre imprimé est précocement l’instrument, de minorer encore la mise en place, très tôt dans la chronologie, d’un discours fixant, en français même, les grandes structures d’un système de représentation dramatique du surgissement hérétique. Ce serait en effet entre 1523 et 1526 qu’un travail de dénonciation traditionaliste est entamé, Francis Higman l’a noté.
4Ce travail débute certes avec, par exemple, les deux livrets latins, analysés par André Godin, que Simon de Colines publie en 1523 et dont l’auteur est le dominicain d’origine allemande Lambert Campester : l’Heptacolon in summum scripturae sacrilegae Martini Lutheri in Apologia ejus contentam et l’Apologia in Martinum Lutherum Haeresos Acephalorum, ac Sacrilegorum antesignanum...8 Puis il se continue par l’intervention d’un proche de Jacques Lefèvre d’Etaples qui fait le choix, quant à lui, de la controverse anti-luthérienne. Josse Clichtove, ainsi, fait imprimer, sans doute sur la fin de l’année 1525, l’Antilutherus.
5Mais ce travail de disqualification à la fois de la personne même de Luther et de ses avancées théologiques cherche sans doute un public plus large que celui qui est apte à lire le latin ; et c’est pour cette raison que le recours à l’usage du français intervient, tout d’abord avec de petits opuscules de grande circulation probablement traduits de l’allemand et dont on devine la circulation dans Paris, dès même la fin de l’année 1522, à partir de cette notation du livre de raison d’un bourgeois de la capitale9. Ce dernier consigne en effet la nouvelle de ce que, dans la ville de Freiberg en Saxe, un boucher qui ouvrait le ventre d’une vache morte y a découvert un monstre : "lequel avoit la teste d’un grand homme mal formée, avec couronne large en la teste, laquelle tiroit sur le blanc, et le reste du corps, en forme de beuf, approchoit à la forme d’un pourceau ; et la couleur de la peau estait baye et obscure, tirant sur le rouge, avec laqueue de pourceau". Un ballade devait terminer l’opuscule par lequel l’information de la naissance de ce Mönchkalb était connue :
"Lorsque Luther print la religion
Des Augustins en humaine semblance,
Son visaige fut sans corruption,
Qu’il a pollu par son oultre cuidance.
Car ce monstre démonstre sa présence
A tous humains, difficile et estrange ;
Car il s’est mis de vices en la fange.
Dont congnoissans, et saiges et sciens,
Plus que pierres sont durs Saxoniens,
Qui estiment que ce monstre soit vain.
Point ne lairont leurs pechez enterrez
Tant qu’ilz sentent du hault juge la main"
6D’autre part, et tout aussi important, l’offensive traditionaliste est également formulée en français à travers des ouvrages de controverse ou de définition théologique, avec le Trialogue nouveau du franciscain Jean de Gacy, de 1524 et Le Viat de Salut du docteur de la faculté de Théologie et confesseur du roi François Ier, le dominicain Guillaume Petit, de 152610.
7Or, si l’on constate le rôle pionnier des mendiants et des docteurs de la Sorbonne, il n’en est pas moins vrai qu’est laissée par l’historiographie, dans la composition de cette défense contre les idées nouvelles, complètement de côté l’intervention d’un agent extérieur au royaume, en l’occurrence le duc de Lorraine. Il apparaît en effet qu’autour de ce prince se constitue comme une véritable machine de guerre idéologique contre Luther, qui ne se limite pas à sa traduction en une action répressive en Lorraine même ou en Alsace, mais dont les retombées sur le royaume de France sont agencées par le biais d’impressions de textes. On peut citer, dans ce cadre d’une offensive, le petit livret de quatorze pages qui est publié à Paris sous le titre de Le Blason des hérétiques, et qui a cette particularité très signifiante d’être dédié au duc Antoine de Lorraine que l’auteur, Pierre Gringoire, a accompagné dans son expédition contre les paysans d’Alsace. Y est représenté un moine, soldat, paysan et artisan tout à la fois, tenant une longue lance et un livre, mais des poches ou bourses duquel sortent des serpents et des rats, signes du mal qui est en lui, du péché et des dissensions qu’il apporte. Ce personnage est une figure de Luther, qui est donc défini comme le grand collecteur de toutes les hérésies passées :
"De tous estatz l’hereticque veult estre
Maistre et seigneur pour humains decevoir ; Son effigie à tous peult apparoistre ;
Difficile est et très fort à congnoistre,
Voullant en mal apliquer son sçavoir.
En gibecière on luy voit ratz avoir,
Qui sont rongeans, et serpens detestables,
En son girons faisant mords diffammes ;
De son sain sort ung aspre feu vollant,
Qui cueur et corps et livres est bruslant...
L’hereticque est subtil à decevoir
Les simples gens, et sugect à debatre
Contre les fors puissans, pour abatre
Et esbahyr gens non clercz par ses dictz ;
Oultrecuidez esmeuvent contredictz"11.
8On peut encore repérer, en 1525, certaines données élémentaires d’une contre-attaque anti-réformée que le médecin du duc de Lorraine, Symphorien Champier, formule indirectement dans les éditions lyonnaise et parisienne de Les gestes ensemble la vie du preulx chevalier Bayard. Sous le masque d’un "roman" mais replacé dans les enjeux immédiats du temps, cet ouvrage est autant une défense du libre arbitre de l’homme capable par lui-même de participer à l’œuvre de son salut que le simple récit de la vie du chevalier sans peur et sans reproche12.
9Il semble s’être ainsi constitué, autour du duc Antoine de Lorraine, un noyau dur de résistance aux idées nouvelles13, un groupe d’humanistes qui refusent radicalement les idées nouvelles en s’appuyant sur deux registres d’informations. D’une part, leurs relations avec les milieux intellectuels allemands de résistance à la vague luthérienne peuvent être devinées, un des motifs majeurs de leur dénonciation étant probablement emprunté au corpus prophétique qui avait, depuis les années 1480-90, circulé dans les terres d’Empire et le principal acteur de cette mobilisation, Nicolas Volcyr, ayant étudié à Cologne. D’autre part, une des sources de leur culture, une source dont ils se font les propagateurs en la diffusant par le truchement de l’imprimerie, semble avoir été le cordelier Thomas Illyricus, homme de prophéties et de miracles qui est encore dans ces années installé en Guyenne : c’est au début de l’année 1525 qu’est imprimé à Saint-Nicolas-du-Port, dans une transcription française de Nicolas Volcyr, le Sermon de Charité, avec les probations des erreurs de Luther14. Il s’agit d’une dénonciation de la "liberté évangélique" luthérienne.
10De ce faisceau d’informations ressort un souci évident du duc de Lorraine de se poser, grâce à ce travail de rédaction et d’impressions, comme un défenseur divin de l’ordre chrétien, d’être le prince paradigmatique qui, à la différence des autres princes de son temps, tout à la fois refuse toute compromission avec les ennemis de Dieu et la coutume des luttes intestines à la chrétienté. Et il est patent que, dans la même séquence chronologique, Antoine de Lorraine veut se mettre en représentation comme le prince de l’unité religieuse, le prince croisé qui place le service de Dieu avant tout. Le discours qu’il fait diffuser à travers les écrits de son cercle humaniste apparaît comme un discours alternatif, avec ainsi le récit de la "desecration et execution" de l’augustin Jean Castellan, mis à mort à Metz le 26 janvier 1525, dont Nicolas Volcyr est l’auteur et dont une première édition fut sans doute immédiate, du moins si l’on suit ce dernier15. La pratique ne l’est pas moins, elle aussi, puisque, sur les terres mêmes du duché de Lorraine, au retour de l’expédition d’Alsace, le mardi 20 juin 1525, à Nancy "fut degradé ung josne religieulx, tenant l’heresie dudit Luther. Mais pour ce qu’il vint à vraye cognoissance et qu’il se repentoit tres fort, il ne fut pas brulé, ains fut mis d’une part qu’on ne seult qu’il devint. Puis au lundemain, vingt et uniesme jour dudit mois de jung, fut audit lieu de Nancey brulé le prestre de Sainct Ypolite, pour ce meisme fait ; car il tenoit la loy Luther et s’estoit marié et ne s’en voult jamais repentir, ains mourut fermement et comme tout en riant, tenant son erreur ; et estait ung biaul josne homme entre mille"16. Et Nicolas Volcyr est l’auteur d’une relation de l’apostasie et du châtiment du curé de Saint-Hippolyte.
11Il faut constater, de plus, que l’on est dans un moment où Antoine a pris ses distances par rapport à François Ier, au sacre duquel il avait pourtant été présent parmi les douze pairs du royaume. On sait qu’il choisit une attitude de neutralité dans le conflit qui oppose, après l’échec de l’entrevue du Drap d’or à laquelle la duchesse Renée de Bourbon s’était rendue, la France à l’Angleterre et aux Habsbourgs. Il ne participe pas à l’expédition qui donne lieu à la bataille de Pavie17. Il est certain, de plus, que l’état des relations avec la monarchie française a pu être dégradé par le traitement infligé au connétable Charles de Bourbon et qu’il peut y avoir un certain ressentiment à la cour de Lorraine18. La duchesse fera écrire une Complainte de la mort de feu Mgr de Bourbon, après 152719, afin de tenter de réhabiliter celui que la propagande française a désormais consacré comme le paradigme du prince félon.
12Il est fort possible alors que, derrière ce support implicitement donné, à travers la glorification d’une politique d’éradication radicale, aux milieux hostiles à la politique de réformisme religieux de François Ier, il y ait eu l’activation d’un certain contentieux avec une monarchie française qui, avec la donation de Charles de Blois, avait en quelque sorte dépossédé la Maison de Lorraine à la fois d’un titre providentiel et d’une mission sacrée qu’elle considérait lui appartenir par une filiation revendiquée à Godefroy de Bouillon. On ne doit pas oublier que le père d’Antoine de Lorraine, le duc René II, mort le 10 décembre 1508, sur son tombeau de cuivre, dans l’église des Cordeliers de Nancy, fit encore graver l’épitaphe suivante : "cy-gist tres hault, très puissant et tres chevaleureux Prince, René de Lorraine, Roy de Jherusalem, de Sicile..."20. Il est, de toute façon, certain qu’Antoine de Lorraine, par le choix qu’il fait de réprimer par la force les idées nouvelles dans son duché et par sa volonté de diffuser et de répandre publiquement des modèles de dénonciation théologique de la pensée de Luther dans le royaume de France, adopte une position alternative des choix de François Ier, et que, de plus, son désir de se donner comme le prince défenseur de l’Eglise et le guerrier victorieux des forces sataniques intervient dans un contexte d’affaiblissement de l’autorité royale en France, simultanément durant le temps de la crise larvée qui met avant 1524-25 cette dernière aux prises avec les tenants de la répression et durant les lendemains de la défaite de Pavie.
13Cette stratégie de dénonciation se dévoile surtout à l’occasion de la publication parisienne d’une grande relation historique, une manière d’épopée biblico-homérique rédigée par un proche du duc Antoine de Lorraine, son secrétaire à compter du premier janvier 1514, surtout son "indiciaire et historien", Nicolas Volcyr [Volkyr] de Serrouville21. Le titre complet est L’Histoire et recueil de la triomphante et glorieuse victoire obtenue contre les seduitz et abusez lutheriens mescreans du pays d’Aulsays et autres, par tres-hault et tres-puissant prince et seigneur Anthoine, par la grâce de Dieu duc de Calabre, de Lorraine et de Bar..., en deffendant la foy catholique, nostre mere l’eglise et vraye noblesse, à l’utilité et prouffit de la chose publique.
14Il s’agit d’un texte qui fixe une relation entre l’histoire – donc le passé, le présent et le futur – Dieu, et une noble maison, une relation privilégiée qui est une relation de devoir, de service de Dieu dans la lutte contre l’hérésie, contre ceux qui ont été prédits par saint Paul et qui sont définis comme les "malveillans infracteurs des droictz tant humains que divins"22. Car L’Histoire et recueil de la triomphante et glorieuse victoire... est mise en forme, souligne dès le prologue Nicolas Volcyr, non pas comme un simple exercice de mémoire, non pas comme un récit de glorification, mais pour que, à l’exemple des "hardys faictz et entreprinses" ainsi rapportés, "les princes et gens nobles de grand sçavoir puissent vivre et eulx gouverner comme sages et pleins de vertus, et que, par la bonne souvenance et recordation des anciens, ilz facent en sorte qu’ilz soient meritoires et dignes de louenge". Il s’agit, pourrait-on observer, d’une manière de police ou d’institution chrétienne du Prince idéal. Sont proposés ainsi "perfaictz mouvemens et nourrissemens de vertu".
15Il ne s’agit pas, dans cette étude, d’analyser l’exaltation du duc de Lorraine et de ses trois frères comme combattants croisés d’une guerre contre Satan, une guerre qui est présentée comme le préliminaire d’une œuvre de délivrance de la chrétienté par le combat contre les démons qui la troublent, dans une finalité d’obtention de la miséricorde divine. Il s’agit de définir les cadres de la composition d’une image de la force contre laquelle Nicolas Volcyr invite, au nom de Dieu, les princes chrétiens à se mobiliser, l’hérésie, ainsi que de cerner la nécessité en fonction de laquelle il y a appel à la lutte. L’important, on va le voir, est que l’historien façonne cette image dans l’espace d’une culture panique, d’une culture prophétique d’autant plus intéressante historiquement qu’elle est appelée bien vite à envahir le champ de l’écrit comme de la parole catholique, au point de figer les fidèles de la religion traditionnelle dans une angoisse qui va être oppressante jusqu’à la fin du siècle : angoisse de l’accomplissement des prophéties et de la colère de Dieu sur une humanité pécheresse. C’est pour cette raison que l’hypothèse est ici proposée, selon laquelle L’Histoire et recueil de la triomphante et glorieuse victoire serait comme un texte fondateur, à travers lequel auraient été mises en place des techniques de représentations et de disqualifications de l’hérétique. Techniques auxquelles vont recourir dans les décennies qui suivent la plupart des grands polémistes et prédicateurs catholiques, ces "acteurs du changement religieux dans le royaume de France", d’Artus Désiré à François Le Picart, d’Antoine de Mouchy à Simon Vigor... : invocation prophétique, certification de l’entrée du monde dans une durée de tribulation, description d’un univers envahi à la fois par les avertissements divins et par la présence démoniaque, sotériologie de violence, exaltation d’une union divine dans l’engagement à combattre pour Dieu.
16L’histoire, telle que Nicolas Volcyr déclare qu’elle a été une nécessité, renvoie en effet à une conscience prophétique, la conscience d’une incitation divine qui intervient de façon liminale. L’homme qui écrit le récit de l’expédition militaire d’Antoine de Lorraine fait acte de foi en transmettant à ses contemporains et à la postérité l’événement de la défaite des rustauds, non pas seulement parce que cette défaite a été la victoire de la religion instituée contre une "hérésie", mais parce qu’il y a eu un appel : l’historien n’est ainsi que l’instrument de la Providence, celui à travers lequel Dieu parle aux chrétiens, leur dit et redit la nécessité d’obéir à sa Loi et à son Eglise. Tout s’est passé, selon la rhétorique de l’aveu de Nicolas Volcyr, après l’écrasement des bandes paysannes quand, le dimanche 22 mai 1525, il sommeillait. Le rêve, dans l’univers ancien, est un espace-temps de communication d’un message divin : il semble que Nicolas Volcyr se soit vu lui-même cheminant à travers un paysage boisé. Cette promenade a été l’occasion d’une rencontre : "trois dames, de stature ambiguë et beauté supellative, s’apparurent à l’acteur de ce présent recueil, ayant couvert son chief de l’ung des bassinets d’une balance... ; en sorte que lesdictes dames l’empeschoient si fort, à cause de leur grandeur, que possible ne luy estait de passer oultre ne choisir les aultres disciplines particulierement sans grant difficulté ; en telle sorte que, durant son doulx sommeil, il tressailloit de peine". Puis, après être un temps demeuré ainsi, Nicolas Volcyr put enfin passer outre, car les trois dames lui montrèrent le chemin à suivre : il les voit, en effet, qui se détournent "ung petit à costière du chemin estroict, lequel estait fort empesché et de gros boys marriens et rappailles en plusieurs et divers lieux ; combien que, par subtil art et moyen, il evita le passage".
17Le rêve se fait alors interprétation, selon les référents d’une symbolique active dont il est, à vrai dire, difficile de cerner les composantes mais qui, au dire de Nicolas Volcyr, impose son système immédiat de significations : "laquelle chose povoit estre significative de l’office hystorial par lequel il estait en continuel pensement comment il pouvoit rediger en memoire les nobles et excellens faits..." Car il s’avère que l’une des dames est l’Histoire et que c’est elle qui l’incite dans son sommeil à persévérer dans son projet, tandis que ses deux compagnes, qui vont l’accompagner dans son labeur elles aussi, sont Art et Prudence"23. Mais l’important est que, dans cette justification de l’acte d’écrire, ce soit dans l’univers onirique que Nicolas Volcyr affirme avoir pris conscience d’un rôle qui lui était dévolu. L’historien est un rêveur, parce qu’il témoigne de Dieu, parce qu’il est parcouru d’une virtus qui est autant un art de la mémoire qu’une faculté de prédiction ou de diction de la volonté divine. Avant encore d’être le narrateur de la guerre des rustauds, Nicolas Volcyr confie en effet avoir été le visionnaire de leur extermination, alors que l’armée croisée marchait sur Selestat. A nouveau, le sommeil a été le temps qui prédispose au surgissement d’un savoir qui procède de Dieu. Tout a commencé cette fois-ci de manière très classique, par une affaire de porte que le rêveur n’est pas parvenu à franchir et qui a été l’occasion d’une douleur : "et luy estait advis que, à l’entrée d’une maison, il donnoit si grant coup de la teste encontre le sueil, qu’il estait recullé de cinq ou six pas en arrière, et comme le cas luy fut advenu par plusieurs fois". Puis il y a eu la résolution de monter, en bordure du chemin, sur un petit monticule : là, le rêveur a pu voir "la révolution des quatre vents principaulx", jusqu’à ce que la bise finisse par souffler si fortement qu’elle est devenue dominante et a soulevé la poussière du chemin pour l’emporter vers les visages des paysans luthériens. Pour Volcyr, il s’est agi d’une annonce de la victoire des Lorrains qui lui a été ainsi merveilleusement dictée24.
18Si l’historien est avant tout l’homme qui rêve et qui prend conscience de sa mission en fonction du contenu de ses rêves, le rêve a, dans son univers culturel, une signification plus large et dramatique : dans son surgissement, il ne fait que témoigner de l’entrée de l’humanité dans un temps de tribulations. Lorsque les songes se feront nombreux, l’instant du châtiment divin sera imminent, c’est ce que les prophéties ont prédit. Et l’écriture de l’histoire, ainsi imposée et structurée thématiquement par suggestion onirique, est en elle-même un des signes de cette imminence. L’histoire que Nicolas Volcyr a écrite est donc une histoire panique, saturée de citations prophétiques qui veulent introduire les lecteurs à une conscience de la durée qui est cruciale et qui doit les inciter à la fois à s’amender et à persévérer dans la religion de leurs pères. Le temps présent est le temps d’une réalisation prophétique, et c’est cette réalisation que tout le travail d’écriture veut décrypter et exposer, dès le "Prologue", afin que tous ceux qui en prendront connaissance en prennent également exemple et puisse surtout savoir qu’il y a encore une espérance de voire le cours linéaire des temps se stabiliser.
19Tout débute, dans l’exposition de ce temps d’angoisse, par une référence implicite à la seconde épître aux Thessaloniciens (chapitre 2) qui prédit que l’Avènement du Seigneur sera précédé par l’Apostasie et par la révélation de l’Homme d’iniquité. Le prophétisme, tel qu’il se recroise avec l’histoire qui est écrite dès la décennie 1520, se veut d’abord de source paulinienne25 : "sainct pol a notamment prédit qu’il sera ung temps que les hommes ne soustiendront aucunement la doctrine saine et exquise, mais, pour satisfaire à leurs desirs, ils assembleront les maistres qui se delectent à ouyr choses sales et desordonnées, et destournant leurs oreilles arrière de verité, ilz seront du tout convertis à fables et resveries de ce mortel monde. A quoy tous historiens et orateurs doivent prendre leur advis, à cause des accidens qui adviennent journellement entre les vivans, selon que le prince des apostres en sa Canonicque, qu’il y aura aucuns maistres mensongers qui introduyront certaines sectes de perdition en renyant celluy qui les a rachaptez, et faisans leur appareil pour aller en damnation, sicomme les hereticques enfans de Belial et disciples de Luther, qui se font appeler evangelistes nouveaulx, combien qu’ilz soyent engendrez de Martion, Huys et Wicleff, de Ebion et Cherinthe, lesquelz ne font autre chose sinon refreschir les anciennes heresies par doulces paroles et persuasion faicte, sans faire honneur et reverence à nos majeurs et peres grans, qui ont tant travaillé et si escript de la foy catholicque, sans laquelle il n’est possible de plaire à Dieu".
20Dans cette perspective, un second référent, toujours néo-testamentaire, intervient pour replacer dans le sens de l’histoire chrétienne l’action de ceux qui encourent la malédiction divine et qui font que le Ciel menace l’humanité d’un déluge, de la peste, de tremblements de terre, de la famine ou de la guerre. L’Histoire et recueil de la triomphante et glorieuse victoire... fait la démonstration, dans le monde parcouru de multiples "fouetz et maulx infinis" qui environnent les chrétiens de tous les côtés, de la prophétie du Christ rapportée dans saint Marc (chapitre 13). Le caractère terrifiant des temps qui s’ouvrent est mis en représentation par Nicolas Volcyr, pour mieux persuader ses lecteurs de ce que les vrais fidèles, ceux qui échapperont à la vengeance divine, seront ceux qui auront persévéré et n’auront pas douté. La dénonciation vise une culture des apparences, une religion trompeuse et fallacieuse, qui, par sa propre apparition énoncée scripturairement, implique que chacun doit désormais être sur ses gardes : "voyez que aucun ne vous seduyse, car plusieurs viendront en mon nom, disans : Je suis Christ et en seduyront plusieurs... Advisez que ne soyez troublez, car il convient que ces choses soyent faictes ; mais la fin n’est encore, car les gens se esleveront contre les gens, et royaulme contre royaulme, et seront pestilences et famines et tremblemens de terre par les lieux ; mais toutes ces choses sont commencemens de douleurs. Et plusieurs faulx prophetes se dresseront et seduyront plusieurs. Et pour autant que iniquité habondera, la charité se refroidira : mais qui perservera jusques à la fin, celluy saulvé sera"26. L’élaboration d’une vision panique acquiert ainsi une finalité, elle fonctionne comme le moyen d’une mobilisation conservatrice : il s’agit de persuader tout ceux qui vivent le fait immédiat de la dissociation religieuse de ne pas se laisser aller vers les idées nouvelles que les prêtres défroqués, envoyés par Luther, distillent un peu partout. Dans ce système, chacun doit se convaincre que le châtiment, de toute manière, guette inexorablement les injustes, tandis que les justes ne seront jamais délaissés par Dieu.
21Ce qui a lieu – ce à quoi Antoine de Lorraine a pris part dans le camp des justes – est en conséquence figuré comme une lutte eschatologique engagée contre les "fils de Satan", et l’image qui est construite du docteur de Wittemberg rejoint les mots mêmes de la dénonciation prophétique : Martin Luther est explicitement identifié à la Bête de l’Apocalypse, lui qui vomit "venin conceu loingtainement"27. Surtout, sa venue parmi le monde chrétien ne doit ni surprendre ni séduire, c’est la leçon essentielle que l’historien doit enseigner à travers la capacité divine qui lui est donnée de comprendre les événements présents et de les rapporter aux prophéties scripturaires.
22Et cette capacité de compréhension, l’auteur de L’Histoire et recueil de la triomphante et glorieuse victoire... l’articule essentiellement au corpus des prophéties inspirées qui est alors mis en circulation par l’imprimerie : certes Nicolas Volcyr s’appuie sur une citation de l’Evangile selon saint Luc (chapitre 21), qui dit toute l’horreur de la grande tribulation subie par le peuple de Dieu et toute la frayeur qu’endureront les hommes dans l’attente des menaces planant sur le monde ; certes, encore, il s’appuie sur l’Evangile selon saint Matthieu (chapitre 24), qui exprime la malédiction de Dieu sur Jérusalem et annonce l’abomination de la désolation tout en insistant sur le principe que nul n’est en mesure de connaître ni le jour ni l’heure du Jugement. Mais, surtout, il lit les événements présents à travers l’univers terrorisant et terroriste de Joachim de Flore, de sainte Hidegarde, de saint Cyrille, de Henri de Hasse [Hesse], et de saint Vincent Ferrier de Valence : car ceux-ci ont tous prophétisé qu’avant la surrection de l’Antéchrist viendrait un faux pape, "lequel sera érigé par un grant prince ès parties d’Alemagne". Nicolas Volcyr laisse donc son lecteur deviner que Luther est ce faux pape, lui dont on sait qu’il est depuis la diète de Worms protégé par l’électeur de Saxe. Et, par là même, il le conduit à discerner dans les idées nouvelles le mal dont l’Esprit de Dieu a parlé à certains esprits inspirés. Luther s’énonce en tant qu’hérétique à travers la concordance entre sa propre histoire et le contenu d’une série de prophéties paniques, car sa prédication est dite s’accorder "avec ce que dit saincte Brigide, ès livres de ses Revelations, que cedit grant scisme adviendra soubz l’aigle, laquelle nourira le feu en sa poictrine. oultre plus que l’Eglise sera conculquée... parquoy nous est donné à entendre que Dieu provocquera les haulx Allemans (selon l’oppinion d’aucun) contre l’Eglise, lesquelz se confient plus en la puissance humaine que divine ; et s’ensuyt que de juste jugement la nef sainct Pierre sera conculquée et le clergé troublé..."28.
23Il faut penser qu’ici L’Histoire et recueil de la triomphante et glorieuse victoire... ne fait que refléter certains données qui structurent l’univers polémique de l’Allemagne contemporaine. On sait, en effet, que catholiques comme luthériens utilisent alors les prophéties des visionnaires chrétiens pour se disqualifier les uns et les autres, recourant à la compilation mise en forme par Hans Virdung et publiée dès la première décennie du siècle sous le titre Practica von dem Entchrist und dem junsten tag auch was geschehen sal vor dem Ende der Welt. Entre autres nouvelles calamiteuses, Hans Virdung annonçait, à partir des prophéties de Méthode et de Joachim et aussi des sibylles, la naissance de Gog29. Puis, entre 1518 et 1521, ce furent plusieurs éditions d’une collection d’extraits des prophéties les plus "populaires", selon la formule de Richard W. Scribner, les Practica ausgezogen von Sybilla, Brigitta, Cirilli..., dont l’auteur semble avoir été un catholique annonçant la venue d’un saint homme et un règne spirituel. C’est dans ce contexte d’une fascination allemande pour la venue de l’Antéchrist que luthériens et catholiques recourent au capital signifiant de ces prophéties afin de donner un sens à l’histoire conflictuelle qui se dessine dans le cadre de l’Empire. Certes, ce capital n’était pas méconnu en France, car on sait que Jean Michiel et Jean Lemaire des Belges, par exemple, l’avaient connu dans sa version italienne, mais il est certain que Nicolas Volcyr renouvelle les données mêmes de son interprétation en important dans l’univers culturel du royaume les identifications paniques de l’hérésie.
24Ce qui est advenu est ce qui est le plus dramatique qui puisse être envisagé, car les faits sont en conformité, rapporte Nicolas Volcyr, avec les prédictions de l’abbé Joachim et de sainte Hildegarde, avec les révélations de sainte Brigitte et de frère Reinhart, d’après lesquelles ce doit être en terre allemande qu’une révolte se produira contre l’Eglise, qu’un faux pape viendra précéder l’Antéchrist. Dieu a donc choisi les princes lorrains pour combattre pour le salut de son Eglise, après un temps au cours duquel il n’a cessé d’avertir ses fidèles de la menace qui planait sur eux. Utilisant une prophétie de Méthode, Nicolas Volcyr authentifie un contexte de fin et dépasse le seul enjeu de la surrection des paysans infidèles à Dieu : la prophétie de ce que les hommes seront mis en captivité par les quatre vents est désormais accomplie, puisque les Turcs peuvent pénétrer dans la chrétienté "par les quatre parties du monde". Les filz d’Ismael, au terme des six mille ans du monde, verront leurs mains libérées par Dieu pour la punition des péchés des hommes. Et les Chrétiens, selon Méthode, seront affligés, avec cette vision d’une terre remplie de gens "qui contraindront toutes les nations soubz leur joug et tribut ; ilz raviront tous les ornemens des riches, et tout ce qui aura esté aux eglises... et distribueront les mystères de dieu. Et seront les prestres comme le peuple ; car les eglises seront arses et bruslées. La tribulation sera grande..."30.
25Est aussi discernée comme accomplie la prophétie d’un temps concomitant qui doit voir l’"honneur de Dieu opprimé" ainsi que la surgie de la Bête décrite par saint Jean et identifiée en Mahomet et sa secte de "vie meschante et brutale entre volupté et excès désordonné". Nombre d’empires et de royaumes sont, déclare Nicolas Volcyr, déjà tombés aux mains des Turcs, et "se garde Romme si bien qu’elle vouldra, que le temps de sa destruction s’approche, selon la revelation saincte Brigide, et mesme comme il est contenu ou livre du beau Cyrille, patriarche alexandrin, que, devant le renouvellement de l’Eglise, vacant le siege apostolique, Dieu permettra naistre de tres grans scismes entre l’empereur allemant et les Rommains et Italiens, pour ce qu’il vouldra ordonner et faire ung pape ; mais lesditz Rommains resisteront au grant aigle, dont maulx infinis adviendront au monde ; et aucuns des clercz feront rair leurs couronnes, et les autres s’enfuyront ès boys et ès montaignes, charchant leur salut, jusques à ce que la fureur des mescreans aura fait son cours et que l’ire de Dieu sera appaisée".
26L’esprit de prophétie est mis en valeur par Nicolas Volcyr afin de faire comprendre le drame qui a éclos et d’expliquer le caractère vital de la mobilisation du duc de Lorraine contre les paysans. Il s’agit de faire comprendre qu’un temps de tribulations a commencé, et que le malheur s’avance inexorablement parce que ce qui se passe doit être assimilé de manière univoque : est citée aussi la prophétie de la sibylle de Cumes, selon laquelle, "après ces choses", ce sera un aigle qui sortira d’Allemagne accompagné de plusieurs griffons et pénétrera par force dans le jardin de l’Eglise. Le pape sera chassé, et l’aigle dévorera l’épervier, s’installant dans le nid de ce dernier. Le temps de sa domination néfaste durera cinquante années, au cours desquelles la terre ne connaîtra pas la paix...."Oultre plus, frère Reinhart a voulu dire que la persecution du clergé se feroit soubz les roys des Rommains et de France ; laquelle tribulation sera semblable à celle qui fut au temps des Machabées, quant le souverain ordre de prestrise fut occupé par Jason, Menelaüs et Alchinus, qui estoient idolatres et faulsaires..."31. Il s’agit de persuader de ce que l’humanité est en situation de seuil : toutes les épouvantables tribulations sont sur le point d’être accomplies.
27Après le support néo-testamentaire, puis celui des visionnaires chrétiens, la dimension eschatologique se trouve encore renforcée par une autre donnée culturelle à connotation également panique, l’astrologie. Si le monde est peut-être entré dans les temps de la grande Tribulation, c’est parce que la théologie naturelle des astres semble pleinement aller en ce sens. Nicolas Volcyr connaît les écrits du grand astrologue Johannes Lichtenberger, dont il cite les supputations pour les mettre en relation avec le schisme luthérien. Même si une traduction de Lichtenberger est parue confidentiellement en 1514 à Valence, il demeure plausible que, là encore, c’est l’univers culturel allemand et ses modalités terrorisantes qui sont importés vers la France par L’Histoire et recueil de la triomphante et glorieuse victoire.... Le monde, souligne Nicolas Volcyr, est sous l’influence néfaste de la grande conjonction de Jupiter et de Saturne, qui a eu lieu en 1484 et dont les effets dangereux ont été prévus comme devant réaliser leur "grant opération" à compter de 1506 : alors sera le temps, selon les prédictions de l’astrologue, que Jupiter, "qui est seigneur du pape et des gens d’eglise", sera opprimé "en la maison du mauvais Mars et de Saturne le malveillant". Un devenir noir pour toute l’humanité placée sous la domination saturnienne.
28Par delà la logique des discours néo-testamentaire, visionnaire et astrologique, le temps de la Tribulation est un temps qui a ses repères, les avertissements du ciel, les merveilles et prodiges qui seront les avertissements de Dieu. Et il n’est pas étonnant de constater que le récit de Nicolas Volcyr est, de manière discontinue, scandé de rappels de ces signes dont il finit comme par être une manière de dictionnaire : durant le cours de leur marche à travers l’Alsace, les croisés du duc de Lorraine peuvent entendre un "venerable personnage" leur raconter une nouvelle venue de Rome, selon laquelle le bois de la vraie croix y aurait été rompu. Ils peuvent encore apprendre, de la bouche même de certains grands seigneurs et d’autres gens fiables qu’au début du printemps trois soleils ont été vus au ciel, dénotant de "grandes choses futures", comme chacun, selon les mots mêmes de l’auteur de L’Histoire et recueil de la triomphante et glorieuse victoire..., peut le vérifier en lisant Pline l’Ancien et aussi "comme l’on a experimenté par les trois soleilz et trois lunes, avecques autres impressions veues, l’année mil cinq cens et vingt, sur la cité de Vienne en Austria ; non sans donner grant terreur aux vivans, à cause des grandes incendiations que depuis advindrent a plusieurs lieux"32.
29S’ajoute un environnement démoniaque, qui démasque la vraie appartenance des luthériens d’Alsace, faux prophètes et apostats tout à la fois, infidèles, un environnement auquel il faut prendre garde et qui explique la mission que s’est suggéré divinement le duc de Lorraine : d’abord il y a eu le cas, auparavant, d’un possédé de Lorraine : l’esprit malin répondit au prêtre exorciste qu’il se trouvait désormais seul parce que ses compagnons l’avaient délaissé pour s’en aller vers l’Alsace s’emparer des corps des paysans. Il ajouta que l’enfer se trouvait vidé de tous ses diables, tellement tous avaient émigré sur terre pour aller occuper les cœurs des hérétiques, qui désormais y pullulent et ne cherchent qu’à offenser et profaner le corps du Christ. Ce qui explique pourquoi, quand un "prédicateur" des paysans est fait prisonnier près de Marmoutier et qu’il est pendu, son corps "devint aussi noir que ung charbon"33. Etre hérétique, dans cette culture qui fait parler le diable de ceux qui sont les siens, c’est avoir en soi Satan, cacher sous une enveloppe charnelle une présence : image d’une dissimulation qui est appelée à devenir dominante dans l’imaginaire catholique et qui va façonner les rêves de violence. Et, comme dans un curieux effet de miroir, le prodige d’un dragon de feu volant au ciel alors, est à comprendre, dit Nicolas Volcyr, comme signifiant la défaite imminente des 50 000 paysans.
30Ce présent merveilleux se décrit encore dans le règne de la famine, "partout", qui ne peut apporter avec elle qu’une mortalité, dans les morts récentes d’un nombre exorbitants de grands seigneurs, durant la bataille de Pavie. Ensuite, il y a eu, à Bâle, un monstre, suivi ailleurs par l’apparition de la figure épouvantable d’un veau tonsuré comme un moine34. ici, il est impossible de savoir si l’information collationnée dans L’Histoire et recueil de la triomphante et glorieuse victoire... prend sa source dans la version allemande originelle de ce prodige ou dans l’impression française qui a été évoquée au début de ce texte. Cette fois-ci en Lorraine, ce sont des femmes qui donnent naissance, l’une à un serpent "qui avoit des piedz ou nombre de dix huyt", l’autre à un lézard monstrueux. Enfin, ce sont des croix qui tombent du ciel sur les hommes, pour avertir des afflictions et tourments que le genre humain s’apprête à endurer s’il ne cesse ses péchés et offenses. Mais l’environnement est aussi l’environnement du miracle, avec le bruit qui court d’enfants morts-nés ayant pu être baptisés grâce à l’intercession de la Vierge. Aussi bien l’activité démoniaque que miraculeuse tendent à assurer "que Dieu, qui vit et regne, n’a moins de puissance qu’il avoir ou temps des prophètes Elizée et Helye, et même de la Sunamite et du Lazare..."35.
31Enfin, il faut voir que la construction d’un univers panique passe par une dernière approche, qui est celui du "verkehrte Welt". Dans l’eschatologie chrétienne, le temps des tribulations verra le mal reconnu comme le Bien, l’Antéchrist adoré comme le Christ, et il se produira donc un grand basculement dans l’inversion. Or le monde, contre lequel Antoine de Lorraine a la mission de lutter dans le cours du récit donné par L’Histoire et recueil de la triomphante et glorieuse victoire..., est un monde qui est représenté comme mis à l’envers, à l’initiative de prêtres apostats qui sont dits avoir rompu leurs vœux pour vivre selon le vouloir de leur chair et avoir introduit le mal démoniaque qui était en eux dans les "gens de petit sçavoir" en leur promettant la liberté et le pouvoir. C’est ainsi, déclare Nicolas Volcyr, qu’un "villain" tanneur s’est intitulé capitaine des bandes paysannes, contre l’ordre de Dieu qui veut que le gouvernement du peuple appartienne seulement à celui que "Dieu aura eslu, c’est a sçavoir a l’esleu qui a l’esperit de Dieu et ses sainctz commandemens devant sa face, lequel doit estre congeu et familiaire de Moyse, ayant science et clarté de la loy"36. Le monde est un monde inversé encore parce que les hommes qui s’étaient voués, par leurs vœux solennels à la vie contemplative dans les cloîtres, en sont un peu partout sortis et qu’ils en sont sortis pour vivre une vie chamelle : tout le mal est venu de ce qu’ils ont choisi de passer désormais leur temps en "yvrognant" la nuit et le jour, et "en faisant leur dieu en leur ventre".
32Ces hérétiques se sont même mariés, pour satisfaire à leur lubricité. Comme on le voit, apparaît la thématique de ce qui va être la dénonciation des hérétiques, luthériens puis calvinistes : gourmandise, luxure, refus de l’autorité... Car Nicolas Volcyr avance que les inspirateurs des paysans ont une Trinité pour laquelle ils ont apostasié et qui est celle d’une religion à l’envers : le monde, la chair et le diable. Et de cette inversion liminaire est venue une inversion plus grande encore, peut-être plus pernicieuse, car ces apostats, ajoute Nicolas Volcyr, n’ont eu de cesse que de répandre leur "zizanie" parmi les "gens de petit sçavoir". Pour ce faire, comme tout séducteur, ils leur ont promis une liberté illusoire, une liberté à l’envers puisqu’elle est contraire à l’ordre de la cité terrestre tel que Dieu l’autorise. Une liberté illusoire, parce que les paysans d’Alsace, conduits par le "villain" Erasme Gerber de Molsheim, acceptent la police donnée par ce dernier et en conséquence acceptent de se trouver commandés plus "estroictement... que jamais ne furent soubz les empereurs, roys, princes et seigneurs"...37. Une liberté illusoire parce qu’elle se réalise dans la rapine et la destruction, surtout des biens d’Eglise. Une image surgit conséquemment : l’hérétique est celui qui est moins dans l’erreur que celui qui, parce qu’il est au service du diable, fait semblant de servir Dieu au nom d’une vérité évangélique qu’il soutient avoir été trop longtemps cachée aux hommes. Il est celui qui, la plupart du temps, repousse les croyants qui cherchent à sauver son âme en lui montrant la vraie foi38. L’hérétique, parce que Luther lui a donné le droit de vivre selon son plaisir et son désir, s’avère incapable, dans cette vision, de revenir sur ses erreurs : le mal est comme "si fort imprimé" en son cœur que seule la mort peut le faire disparaître. C’est un univers qui est comme à sens unique que L’Histoire et recueil de la triomphante et glorieuse victoire... met en forme, dans lequel il ne peut être question de pardon ou de clémence et dans lequel l’ordre de la Loi ne peut être recomposé que par la violence
33Et c’est ici que la thématique de l’inversion est intégrée dans une exemplarité vetero-testamentaire, dans une adresse à un peuple endurci dans son défi à Dieu. Le pouvoir n’est pas le pouvoir que s’attribuent spontanément les bandes paysannes : "la succession des biens et actions appartient au plus prochain ; mais le gouvernement du peuple doit estre donné à celluy que Dieu aura esleu, c’est à sçavoir a l’homme qui a l’esperit de Dieu et ses sainctz commandemens devant sa face..." Il est illicite de se retirer de l’autorité des princes. La rébellion et la résistance sont contraires à la volonté divine qui fonde l’autorité "par privilège de promesse et droict de geniture”. Même si la justice de Dieu n’est pas suivie par les gouvernants, "on les doit patiemment adviser jusques à ce qu’il est cogneu qu’ilz sont obstinez en leur malice"39. Tout écart à cette Loi divine, selon L’Histoire et recueil de la triomphante et glorieuse victoire..., met le monde à l’envers et précipite le temps de la colère de Dieu, et ce qui est advenu avec la surrection des paysans est replacé dans le cadre d’une malédiction divine dont témoigne l’Ancien Testament : "car Roboam ne fut incontinent deposé du siege de son pere pour avoir mesprisé le conseil des anciens et desvoyé du sentier de Salomon, en voulant mettre ung fardeau insupportable sur les espaules des filz d’Israel. Et fut le royaulme divisé pour avoir adheré au conseil des jeunes gens, en contemnant les commandemens de prudence, pource qu’il est impossible de disposer la principaulté si on ne besogne par le conseil des sages ; car malediction est donnée a la terre où le prince qui est enfant gouverne..."
34L’ordre de l’inversion eschatologique a enfin sa manifestation gestuelle qui accompagne le sacerdoce universel et le refus du purgatoire : le pillage des église et les profanations des corps saints, et autres actes iconoclastes. Pour Nicolas Volcyr, cet ordre se condamne de lui-même à travers la référence à Nabuchodonosor et à son neveu Balthasar : le premier devint fou tandis que le second perdit et son royaume et la vie, pour raison des "pilleries qu’ilz avoient fait ou temple de Dieu..."40. Et le discours insiste aussi sur l’inversion théologique qui est la grande erreur de Luther. Il se fonde sur l’Ecclesiaste pour avancer que l’homme qui cherche à rendre raison des oeuvres de Dieu, "tant moins il les trouvera". L’abomination prédite en la prophétie de Daniel est de chercher à s’enquérir des mystères divins, alors qu’il faut se contenter de "recevoir le franc arbitre humblement"41. D’où les signes qui surgissent à l’instant de la bataille décisive et qui viennent solenniser la restauration d’un ordre, opposant l’armée du mal à celle de Dieu : vision du Christ en l’arbre de sa croix, près du soleil, puis vision du crucifix rouge et comme ensanglanté42.
35Mais il faut insister sur un ultime point : certes, l’objet de L’Histoire et recueil de la triomphante et glorieuse victoire... est de faire prendre conscience de l’imminence eschatologique et aussi de faire participer les contemporains d’un imaginaire panique qui est un imaginaire mobilisateur. Toutefois, le récit de Nicolas Volcyr bascule sans cesse dans un biblicisme compensateur, qui fournit les cadres d’un prophétisme de la victoire divine, ou plutôt une sotériologie. Il est souligné que le duc, dans son combat contre la "bête", est devenu un nouveau Moïse ou un autre Josué et que, comme ces deux chefs d’Israël, il a été inspiré durant son sommeil divinement : c’est Dieu qui a marché devant lui, un Dieu de vengeance irrité par l’"orreur des pechez irremissibles" commis par les paysans43. De cette certitude découle la certitude que rien ne pouvait arrêter l’armée de chevaliers unis sous la bannière du Christ, portés par le Mystère même de la vertu divine dont ils étaient les défenseurs. Ce qui façonne le discours historique, donc, c’est que, dans une durée panique, ceux qui portaient la croix ne pouvaient que transcender la Mort et le Mal, et "par lequel signe ilz ont cueilly si grant force qu’ilz ne craignent javelotz, ne dardz ; mais sont tousiours prestz et appareillez de vivre et mourir pour le sainct nom de Jesuchrist, comme sainct Paoul recite avoir esté dict par ung desdictz chevaliers : qu’il n’y a mort, ne vie, ne force, ne haulteur, ne profondité, ne autre creature que nous puisse séparer de la charité de Dieu, laquelle est en Jesus christ nostre seigneur..."44. Leur histoire ne pouvait être que l’histoire d’un triomphe, comme le sera l’histoire de tous ceux qui se ligueront ultérieurement face à l’hérésie. Le prophétisme s’articule à un imaginaire sacrificiel, dans lequel l’Homme se donne à Dieu, pour l’augmentation et la défense de la foi. Le combat est affaire de charité, et le combattant qui a le cœur rempli de charité peut ainsi, comme le duc de Lorraine, être durant cinq nuits et jours divinement admonesté de la punition qui va s’abattre sur les hérétiques. Il peut, comme tous ceux qui le suivent, savoir que c’est Dieu qui va œuvrer dans la geste même de ses bras.
36La volonté de victoire du duc Antoine de Lorraine est alors à la fois une volonté de pitié et de violence, et le duc est dit, précisément, avoir fondé son action sur le sens des signes célestes qui l’avertissaient de ce qu’il ne pouvait pas y avoir de voie de conciliation. Le guerrier de Dieu, le croisé, est l’homme qui vit dans le système panique et qui agit en fonction du langage merveilleux de ce système, dans l’appréciation d’une colère de Dieu que rien ne doit entraver et que la violence humaine honore et épouse : il est "visiblement adverty que la sentence divine, donnée par arrest, estoit inévitable, et que, pour l’orreur des pechez irrémissibles par eulx commis et perpetrez, infailliblement devoient estre pugnis, exterminez et occis"45. Le duc, dans L’Histoire et recueil de la triomphante et glorieuse victoire..., devient un prophète de Dieu en ce qu’il a actualisé la "vertu et force mosaïque" dont il avait été instruit par Dieu et qui lui a ordonné de ne pas prendre de paysan "à mercy". Et lui-même a été le lieu d’un message divin, puisque durant la marche d’approche des luthériens, des révélations divines l’ont saisi, révélations de ce qu’il ne pouvait pas être défait même par une multitude telle que celle que Josué avait jadis affrontée dans son combat contre les Amorrhéens, révélations de ce que Dieu, comme toujours du temps de Josué était son "conducteur" et celui de son armée46. Antoine de Lorraine a été ainsi averti qu’il était le bras du jugement de Dieu, et une comète, dite semblable à celle qui a précédé la victoire du roi René sur Charles Le Téméraire, avait été vue sur l’Alsace, signe invitant les vrais chrétiens à se fortifier dans leur foi face au mal.
37Et l’imaginaire vétéro-testamentaire est, en quelque sorte, mis en scène par Antoine, toujours nouveau Moïse, qui n’a pas cherché à mobiliser une immense armée contre des paysans qu’il savait pourtant très nombreux : son corps expéditionnaire a été comme la preuve même de sa foi dans la toute-puissance divine qui l’inspire, de son abandon mosaïque à la Toute-puissance de Dieu : "a cause de quoy, le noble duc Anthoine, sicome divinement instruict et cognoissant que la victoire ne consiste au gros nombre de ceulx qui bataillent, ainsi est entre les mains de Dieu vivant, ordonna son exercite et armée comme s’ensuyt, en disant de cueur entier et parfaict : se Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? se confiant du tout à dame Providence, comme à celle qui soustient le fondement unic et immuable de perfection chrestienne, qui est foy vraye et parfaicte, laquelle, selon sainct Pol, besogne par amour et dilection"47. La puissance humaine n’est rien pour ceux qui ne craigne pas les ennemis et qui ne veulent que vivre et mourir pour le Christ, pour ceux encore qui comme les quatre princes lorrains ne cherchent que l’"utilité, bien et prouffit de la chose publique"48.
38De plus, si les prodiges les plus paniques ont précédé l’avancée des troupes du duc, ils l’ont accompagnée aussi en répétant fondamentalement les temps bibliques et en se faisant prophéties de victoire : lors du siège de Saverne, Nicolas Volcyr s’arrête sur le fait que pluie et grêle sont tombées en abondance sur ceux qu’il appelle les luthériens, alors que les Lorrains en ont été préservés. C’est le signe de ce que Dieu protège les siens, qu’il est avec eux et que la sentence divine est sur le point de se réaliser. Volcyr cite le 9eme chapitre de l’Exode, quand, sur ordre de Dieu, Moïse étendit sa verge vers le ciel et que Dieu fit tomber la grêle et le feu sur l’Egypte, sauf sur la terre où se trouvaient installés les Hébreux49. Dieu n’a ainsi pas délaissé les siens ; certes son ire plane sur le monde à l’envers des Luthériens, certes cette surrection du mal luthérien est à comprendre comme la certification de ce que les hommes n’ont pas honoré sa gloire comme ils l’auraient dû, mais Dieu est demeuré et demeure proche des siens, il est tout aussi proche d’eux qu’il l’était lors des hauts faits relatés par l’Ancien Testament. La guerre, comme dans les temps mosaïques, est l’instant d’une présence continue de Dieu, avec cette voix aussi qui, depuis les cieux, a résonné à l’occasion d’une sortie des "lutheriens" de Saverne et qui a appelé les hommes du duc de Lorraine à la violence : "Frappez dessus, il nous est permis"50. Et le massacre qui suivit et qui a jonché les rues de la ville de cadavres, les princes lorrains n’ont pu l’empêcher, tant, selon L’Histoire et recueil de la triomphante et glorieuse victoire..., les gens de pied ont été saisis par la puissance de cet appel et tant leur violence s’est imposée comme une violence de possession divine. Cette démesure a consacré que la bataille "n’est pas à vous, mais à Dieu". Elle a été la geste de Dieu, prophétique par elle-même. Dans le cours du récit de Volcyr, elle a le sens de résoudre ou dissiper les interrogations humaines en ce qu’elle s’avère une théologie absolue et en ce qu’elle annonce qu’"en telz ou semblables cas de infidelité et heresie, chacun y doit courir comme au feu, avec le bon zèle que lesditz princes ont tousiours eu vers Dieu"51. Elle est appelée ainsi à devenir le mouvement même de l’histoire. Un ordre de guerre doit sortir de la guerre des paysans et de la victoire sanglante des princes lorrains.
39Et, en guise de conclusion, on peut rajouter que L’Histoire et recueil de la triomphante et glorieuse victoire... est aussi appelée à être le mouvement même d’une part capitale de l’histoire de la France du XVIe siècle. Cette narration définit les cadres de l’imaginaire catholique et, surtout, les modalités d’un processus de mobilisation panique qui ne va cesser de monter en puissance dans le royaume jusqu’à s’exprimer, avec la plus grande intensité, dans les grands événements de violence des années 1560-1572. Ce serait donc en ce sens que l’on pourrait parler de la virtualité d’un texte fondateur...
Notes de bas de page
1 Voir F. HIGMAN, Censorship and the Sorbonne (...) 1520-1551, Genève, 1979.
2 D. HEMPSALL, "Martin Luther and the Sorbonne 1519-1521”, in Bulletin of the Institute of Historical Research, t. 46,1973, p. 28-40, ici p. 34-35.
3 J. K. FARGE, Orthodoxy and Reform in Early Reformation France : The Faculty of Theology of the University of Paris (1500-1543), Leyde, 1985, p. 166-170.
4 IMBART DE LA TOUR, Les origines de Réforme. III L’Evangélisme (1521-1528), Paris, 1914 et D. HEMPSALL, "Mesures to Suppress "La Peste Luthérienne" in France, 1521-1522", in Bulletin of the Institute of Historical Research, t. 49,1976, p. 296-299.
5 J. K. FARGE, op. cit., p. 48.
6 R. PETER, "La réception de Luther en France au XVIe siècle", in Revue d’histoire et de philosophie religieuse, t. 63, 1983, p. 67-89, dit que ce texte peut être daté de 1525 puisque Jean Leclerc, le cardeur de laine détenu à Metz pour bris d’images reconnaît l’avoir reçu la veille de son arrestation, le 23 juillet 1525.
7 W. G. MOORE, La Réforme allemande et la littérature française. Recherches sur la notoriété de Luther en France, Strasbourg, 1930, p. 18.
8 André GODIN, "Lambert Campester, controversiste francophile et gyrovague”, in Luther en son temps 1483-1546, Table ronde de Montpellier, 22-23 avril 1983, Michel PERONNET éd., Université Paul Valéry, Montpellier, 1985, p. 85-97.
9 Le journal d’un bourgeois de Paris sous le règne de François Ier (1515-1536), V. L. BOURILLY éd., Paris, 1908, p. 81.
10 Voir F. HIGMAN, "Premières réponses catholiques aux écrits de la Réforme en France, 1525-C. 1540", in Le livre dans l’Europe de la Renaissance. Actes du XXVIIIe Colloque international d’Etudes humanistes de Tours, Pierre AQUILLON – Henri-Jean MARTIN éd., Paris, 1988, p. 361-377.
11 Cité dans R. PETER, art. cit.. Voir aussi R. SAUZET, "Les religieux mendiants acteurs du changement religieux dans le royaume de France (1480-1560)", in Revue d’Histoire de l’Eglise de France, t. 77, 1991, p. 173-183 et surtout R. SAUZET, Les réguliers mendiants acteurs du changement religieux dans le royaume de France (1480-1560), Publications de l’Université de Tours, Tours, 1994.
12 Symphorien CHAMPIER, Les gestes ensemble la vie du preulx chevalier Bayard, D. CROUZET éd., Paris, 1992, "Présentation", p. 7-101.
13 sur l’entourage du duc, l’introduction à Johannes Aluysius Crassus Cataber – Jean LOYS –, Vie du duc René, imprimée à Saint-Dié en 1510, Nancy, 1875, qui énumère les membres de ce groupe humaniste qui compte dans ses rangs Jean Loys, Jean Lud, Pierre de Blarru, Jean Basin, Symphorien Champier, Nicolas Volcyr, Mathias Ringmann, l’imprimeur Gauthier Lud et l’évêque de Toul Hugues des Hazards.
14 Voir D. CROUZET, Les guerriers de Dieu. La violence au temps des troubles de Religion, 2 vol., Seyssel, 1990,t. I, p. 525.
15 "Relation de la Guerre des rustauds par Nicolas Volcyr", in Recueil de documents sur l’histoire de la Lorraine II, Nancy, 1856, p. 13.
16 Philippe de VIGNEULLES, Les chroniques de la ville de Metz 900-1552, J.-F. HUGUENIN éd., Metz, 1838, p. 824.
17 F. DUVERNOY, "Politique des ducs de Lorraine avec la France et l’Autriche de 1477 à 1545", in Mémoires de l’Académie de Stanislas, 5e série, t. IX, p. 259-344, p. 321.
18 M. BRETAGNE, "Médaille de Renée de Bourbon, duchesse de Lorraine (1515-1539)", in Mémoires de la société d’archéologie lorraine et du musée historique lorrain, 3e série, 6e vol., 1878, p. 46-59, p. 52, ceci – bien que le contrat de mariage du 16 mars 1514 entre Renée de Bourbon et Antoine de Lorraine ait entériné que Charles de Bourbon fournirait à sa sœur une dot de 120000 livres, à la condition que celle-ci renoncerait en sa faveur à toutes les successions qui pourraient lui échoir, soit en ligne directe soit indirecte.
19 Voir Bulletin historique et philologique du comité des travaux historiques et scientifiques, 1897, p. 336.
20 P. MAROT, "Le trépas et les funérailles de René II duc de Lorraine", in Revue historique de la Lorraine, 1931, p. 91-107.
21 voir sur ce point, P. MAROT, "Notes sur Nicolas Volcyr de Serrouville, historiographe du duc de Lorraine Antoine", in Revue historique de la Lorraine, janv.-fév. 1931, p. 5-13.
22 "Relation de la Guerre des rustauds par Nicolas Volcyr", op. cit., p. 4.
23 ibid., p. 315.
24 ibid., p. 262.
25 ibid., p. 4.
26 ibid., p. 12
27 ibid., p. 24.
28 ibid. I, p. 56.
29 Sur ce point, voir Robert W. SCRIBNER, For the Sake of Simple Folk. Popular Propaganda for the Germon Reformation, Cambridge, 1981, p. 184.
30 "Relation de la Guerre des rustauds par Nicolas Volcyr", op. cit., p. 195.
31 ibid., p. 305-307.
32 ibid., p. 64.
33 ibid., p. 271.
34 ibid., p. 207.
35 ibid., p. 207-211.
36 ibid., p. 76.
37 ibid., p. 70.
38 ibid., p. 79.
39 ibid., p. 76.
40 ibid., p. 109.
41 ibid., p. 232-233.
42 ibid., p. 291.
43 ibid., p. 85-87.
44 ibid., p. 121.
45 ibid., p. 86.
46 ibid., p. 79.
47 ibid., p. 113.
48 ibid, p. 130.
49 ibid., p. 177.
50 ibid., p. 186.
51 ibid., p. 310.
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