46 – Lettre du 18 brumaire an iii
p. 141-142
Texte intégral
1Après être resté de longues semaines alité, victime de fièvres et de coliques, Pierre Dubreuil Chambardel reprend contact avec la vie extérieure, en particulier avec la Convention dont il s'est tenu à l'écart pendant plus d'un mois. Il fait ici allusion à son activité au sein de la Commision des Vingt-et-un. Ses membres sont nommés par la Convention et ont pour charge d'enquêter sur la mise en accusation de représentants du peuple. La Commission des Vingt-et-un se réunit le 30 octobre afin d'étudier les crimes de Carrier à Nantes. Le 11 novembre, Romme, son rapporteur, fait savoir qu'elle est favorable à l'inculpation de Carrier. Le 23 du même mois, celui-ci sera mis en accusation par la Convention à l'unanimité moins deux voix. Il sera guillotiné le 16 décembre.
2Dubreuil Chambardel exhorte par ailleurs son fils à la patience et à la "RéSignation au hotoritté constitué" car celui-ci s'est probablement plaint des réquisitions qu'il subit. Ces dernières sont pratiquées par l'administration locale et selon la loi du 4 mai 1793 touchent essentiellement le commerce des grains1. Elles doivent permettre d'approvisionner les marchés déficitaires. D'autres prélèvements sont menés par l'armée pour les besoins des troupes. Il est vrai qu'en ce mois de novembre, les sacrifices qu'a fait la République pour ses soldats donnent des résultats. Le 30 août, la reprise de Condé sur Escaut permet de libérer entièrement le territoire national. Cette victoire est suivie d'une avancée régulière au delà du Rhin puisque le 23 octobre, la prise de Coblence par le général Marceau permet d'occuper toute la rive gauche sauf les places de Maestricht, Luxembourg et Mayence qui résistent encore2.
3Si les généraux parviennent à remporter ces victoires, à Paris les Thermidoriens se divisent car ils forment une coalition hétéroclite de terroristes de la veille, d'hommes de la Plaine ou d'anciens Girondins. Beaucoup sont inquiets d'un éventuel retour à la Terreur promis par Billaud-Varenne. C'est pourquoi ils laissent faire la "jeunesse dorée", ces muscadins formés de jeunes bourgeois, d'insoumis, de clercs de notaires, de commis de boutique qui mènent une agitation bruyante contre les Jacobins, leur attitude encourageant à prévoir maints règlements de compte.
Paris le 18 brumaire lan 3e dela République3
Mon cher Chambardel[,] jai recula lettres je suis très sensible à linthérest que tume démontre prandre àma santé, qui est unpeu meillieur[.] Je suis sanfièvre nulle douleur necefond santir mon sommeil commance àestre meillieur mon apétit revient sans dégoûx, mais je suis sans force et tellemant épuizé queje crin ne pouvoir me rétablir detous livert,[.] Mon courage méfait assister tous les jours deux foix àla commission des Vingt où cette opération est de douze heure parjours[,] je pence quelle vafinir sous trois jours cedon je serai bien aize cart mais force nepourai pasy tenir,[.] Japrand avec plèsirs que laffaires avec Dambas est finie margré la grosse perte quily a[.] Je présume que tuapoint emmener les chien puisque tu ne mandit rien, je vous plin sur les pluies qui vous empaiche de semmé4 inci que des entraves quevous éprouvé par les réquisition,[.] Il faute savoir ce soumettre avecrésignation au hotoritté constitué[.] Espéron un tamps plus heureux mais en latandant obéisance àla loi voilà le vrai principe du véritable républicain[.] Je ne sai ci tua veü laveuve Ferruyau comme je tan priai par ma dernière[.] Adieu je vous embrace tous dumeillieur de mon coeur et suis ton véritable ami.
Pierre Dubreuil Chambardel
Hier un nouveaux décret fut présenté pourun maximum sur les grin[,] foin et paillie5[.] Le premier article est décrété que lon prandera pour prix moiens ce que les grin on vallu en 1790 et que lon auguemantera des deux tiers ensus[,] par example ce qui valloit en 1790 9" vaudera 15"decequivallait.
Notes de bas de page
1 J Godechot, Les Institutions de la France sous la Révolution et l’Empire, op. cit., p 411.
2 J Godechot, La Révolution Française…, op. cit., p 175-176.
3 8 novembre 1794.
4 Les conditions climatiques de 1794 furent particulièrement mauvaises : grêle de printemps, pluies d'été et d'automne suivies par un hiver particulièrement rigoureux.
5 Le maximum général est de moins en moins observé. C'est pourquoi le 9 novembre et non le 7 comme l'écrit Pierre Dubreuil Chambardel, un maximum des grains par district est substitué au maximum général. (J Godechot, Les Institutions de la France sous la Révolution et l'Empire, op cit, p 417.
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