Les cités s’entraident dans la guerre : historique, cadres institutionnels et modalités pratiques des conventions d’assistance dans l’Asie Mineure hellénistique
p. 115-176
Texte intégral
Introduction
1L’Asie mineure a vu différentes puissances monarchiques étendre sur toute ou partie de la région leur hégémonie politique et militaire entre le début du IIIe siècle et le milieu du Ier siècle av. J.- C. : par ordre d’importance, les autorités séleucide, attalide, lagide, puis celles des royaumes dits périphériques, de Bithynie et du Pont. Face à elles, les cités se trouvèrent très majoritairement dans une situation de soumission plus ou moins grande, sauf cas remarquable : des poleis entièrement indépendantes et suffisamment puissantes militairement, comme Rhodes ou Héraclée du Pont, menèrent une diplomatie autonome pendant l’essentiel de la période hellénistique. Les autres communautés civiques, sujettes des pouvoirs royaux, conduisaient une diplomatie à deux niveaux : tout d’abord, au niveau de leurs relations avec les monarques, dont elles s’attachaient à obtenir, à préserver ou à augmenter leurs privilèges ; d’autre part, à un échelon local, au niveau de leurs relations avec les cités voisines.
2Au premier abord, on serait amené à penser que toute velléité des communautés civiques sujettes fut bridée, canalisée et soumise à l’assentiment des autorités royales de tutelle. Les sources décrivent de nombreux exemples où les cités n’auraient pas eu la maîtrise de leur destin, jouets des diplomaties royales et de leur puissance militaire. Souvent celles-ci paraissent ballottées entre deux puissances monarchiques qui se disputent telle ou telle région de l’Asie mineure, et certains traités semblent dictés par une volonté royale, soucieuse d’avancer ses propres pions. Ainsi de la convention conclue vers 244/243 av. J.- C. entre Smyrne et Magnésie du Sipyle1, sur laquelle on reviendra plus en détail. L’ensemble des dispositions aurait été pris sous le regard du roi Séleucos II, dont l’alliance est rappelée en exergue au traité et dont les intérêts ont, semble-t-il, déterminé l’attitude des responsables de Smyrne. Si la cité y a trouvé son avantage en étendant son influence politique vers le nord, H. H. Schmitt avance qu’une telle démarche s’est faite en étroite concertation avec les autorités séleucides2.
3La tendance est forte de déceler partout une influence royale envahissante, d’autant que les rapports de force entre cités et monarchies sont très déséquilibrés. Cités sous influence, cités victimes de la puissance des royautés, les cas de communautés civiques démunies face aux armées royales paraissent nombreux. Quand une cité sollicite et obtient l’aide d’une alliée, cette assistance donne souvent l’impression d’être sans effet et dérisoire face à la puissance des moyens mis en œuvre par un Séleucide ou un Antigonide. Ainsi du cas d’Abydos, sur l’Hellespont. Polybe en décrit le siège tragique mené par le roi de Macédoine Philippe V à l’automne 200 av. J.- C.3 Avant d’être coupée de l’extérieur, la cité avait reçu l’aide de Rhodes, Cyzique et du roi Attale II de Pergame. Cette assistance était en fait plus symbolique que réelle, les deux cités ayant envoyé chacune un navire (une tétrère rhodienne et une trière cyzicène)4. Les Abydéniens ne durent compter que sur leurs seules forces pour résister jusqu’à la dernière extrémité, mais en vain, aux forces antigonides, dont le déploiement matériel, aux dires de Polybe, n’avait rien d’extraordinaire. Un tel déséquilibre entre forces royales et forces civiques pourrait éclairer d’autres situations comparables et expliquer les réticences de certaines cités à dispenser leur aide militaire. Ainsi de Priène, attaquée conjointement par Attale II de Pergame et le roi Ariarathe V de Cappadoce en 156 av. J.- C., parce qu’elle refusait de restituer à celui-ci le trésor qu’y avait déposé son frère Oropherne deux ans plus tôt5. Les Priéniens, assistant, impuissants, au saccage de leur territoire, à la capture du bétail et des esclaves, dépêchèrent une ambassade jusqu’à Rhodes pour solliciter son assistance militaire. Peine perdue.
4Faut-il conclure rapidement – trop rapidement – à une faiblesse dirimante des cités ?
5Il importe d’introduire ici deux critères, qui permettront de saisir les nuances de chaque situation et l’état d’esprit qui prévalait dans les cités réputées sujettes.
6Tout d’abord, et comme l’a déjà souligné J. Ma6, les communautés soumises à l’autorité des monarques ne renoncèrent jamais à leur liberté, du moins s’attachèrent-elles à défendre les prérogatives de leur autonomie, ce qui leur permettait d’envisager des politiques locales servant leur propre jeu. Dans cette optique, et dès lors que de telles démarches ne contredisaient pas les intérêts de l’autorité de tutelle, une politique d’assistance était parfaitement envisageable.
7D’autre part, il est essentiel de tenir compte du contexte historique, qui a connu des évolutions considérables en termes de rapport de force. Chaque cas de cité doit être resitué dans un contexte précis. C’est à cette condition qu’on évitera les généralisations sur l’inanité de la diplomatie des cités à l’époque hellénistique. La datation des documents revêt, à cet égard, une importance parfois très grande. Voyons le cas de la convention d’isopolitie entre Milet et Séleucie-Tralles. Datée par A. Rehm de l’année 212/211 av. J.- C., elle aurait été alors initiée, selon H. H. Schmitt, par Antiochos III, dont l’entreprise de reconquête, amorcée depuis 216 av. J.- C., visait certaines villes importantes du littoral sous obédience lagide, dont Milet justement. Base séleucide, Séleucie-Tralles aurait pris l’initiative de la démarche, justifiant l’hypothèse d’une influence royale directe dans le processus. La nouvelle chronologie des documents milésiens proposée par M. Wörrle et R. M. Errington, en remontant de quelques années la date de la convention (maintenant datée de 218/217 av. J.- C.) et en la situant dans un contexte différent, celui de la fragilisation du pouvoir séleucide en raison de l’usurpation d’Achaïos, amène à reconnaître au traité des intentions et des sous-entendus différents, qui sont ceux d’une cité soucieuse de saisir toutes les opportunités (l’ambassade de Séleucie-Tralles) pour étendre son influence politique en pleine période d’incertitude7. De même les réticences de Rhodes à aider Abydos et Priène s’éclairent à la lumière des circonstances du moment, en fonction de l’identité des protagonistes, et non en raison d’une impuissance congénitale des cités à se mobiliser. On ne saurait en conclure que toute aide militaire entre cités était vouée à l’échec, parce que l’histoire était désormais écrite par les monarchies.
8L’existence, avérée tout au long de la période, de formes d’assistance entre cités conduit donc à reconsidérer et à caractériser plus précisément la situation des communautés civiques face à la menace de la guerre. Beaucoup dépend de la situation particulière des cités, des rapports de force prévalant, à chaque moment, entre elles et les rois et entre les cités elles-mêmes. Le sens à donner à chaque assistance en dépend : assistance librement consentie entre deux cités libres, assistance imposée (dans le cadre d’une absorption par exemple) par l’une aux dépens de l’autre ; assistance suggérée par une autorité royale ; assistance sollicitée en parallèle à cette dernière. La finalité des démarches est différente d’un cas à l’autre. D’une manière générale, tout renvoie, nous le verrons, à l’idée d’une implication profonde des cités dans la gestion active et réfléchie des conflits et des dangers.
9La question que l’on voudrait poser est donc celle de l’aptitude des cités à concevoir des stratégies préventives à plus ou moins long terme, de leur faculté à penser la guerre et ses dangers, et les moyens d’y faire front. Les conventions d’assistance en constituent l’un des outils privilégiés. J’entend l’expression convention d’assistance dans une acception très large : simple entente conclue suite à des échanges diplomatiques, alliance plus officielle selon les cas, traité, dont l’ensemble des clauses ou une partie d’entre elles présente sous une forme juridique plus ou moins aboutie la promesse d’une aide à définir (militaire, politique, diplomatique, financière). Je reviendrai, dans la suite, sur le contenu précis de ses différentes modalités. Une telle capacité d’initiative coule de source dans le cas de communautés comme Rhodes ou Héraclée, dont c’était l’une des prérogatives principales de leur liberté réelle. La situation est plus complexe dans le cas des cités formellement sujettes.
10Nous commencerons par détailler quelques unes de ces situations locales. On examinera ensuite, sous un angle institutionnel, les conventions, qui reçurent une forme juridique définie. On se demandera, à cet égard, si le statut politique des cités (sujettes ou indépendantes) influença la conception des traités. On analysera, dans un troisième temps le détail des clauses, et enfin leur application pratique, en s’interrogeant sur leur efficacité.
I. Les cités actrices de la scène politique régionale : instabilité politique et rapprochements entre communautés civiques
11Si l’on pense communément que les royaumes se stabilisèrent à partir de la décennie 280/270 av. J.- C., il est bon de rappeler que ces hégémonies connurent, pendant toute la période en Asie Mineure, des phases d’expansion et de repli plus ou moins importantes causées par des facteurs internes ou externes : problèmes successoraux fragilisant temporairement les monarchies, interventions extérieures bouleversant de diverses manières la donne régionale. L’instabilité chronique du continent asiatique avec son cortège de menaces de guerre et d’agressions a dû conduire les cités à conclure dès le début du IIIème siècle (et jusqu’à la fin du IIème siècle au moins) des conventions, dont nous ne saisissons vraiment la réalité et le détail qu’à partir des années 220, début du récit polybien, qui est notre principale source.
12Avant cette date, on peut relever deux périodes, qui présentent des facteurs majeurs d’instabilité. Tout d’abord, à partir de 278/277 av. J.- C., l’irruption des Galates dans le nord de l’Anatolie, suscitée par le roi de Bithynie Nicomède Ier pour s’imposer sur le trône et se protéger d’Antiochos Ier, plongea toutes les cités dans les dangers les plus graves8. La situation était d’autant plus préoccupante qu’il n’y avait pas, à cette date, d’autorité tutélaire vraiment capable de les défendre efficacement. Antiochos, retenu depuis 281, date de son intronisation, en Syrie pour y affirmer son pouvoir, ne revint en Anatolie qu’en 279 pour conforter l’héritage de son père Séleucos sur la côte occidentale et recueillir celui de Lysimaque dans la région des Détroits. Mais, les obstacles s’accumulant sur le chemin du séleucide (opposition de la ligue du Nord autour d’Héraclée Pontique, danger galate), les cités (comme Ilion ou Abydos dans l’Hellespont)9 se retrouvèrent en première ligne, certaines sollicitant alors l’assistance de leurs voisines. Cette situation devait durer jusqu’en 269/268 av. J.- C., date probable d’une victoire d’Antiochos sur les bandes celtes10.
13La seconde période d’instabilité correspond à la troisième guerre de Syrie ou « guerre laodicéenne » (246/241 av. J.- C.). La conclusion d’une convention entre Smyrne et les colons de Magnésie du Sipyle (vers 244/243 av. J.- C. ?)11 intervint à un moment où la cohérence de l’autorité séleucide était gravement mise en cause par la querelle opposant les deux veuves d’Antiochos II, à savoir Laodice et Bérénice, qui soutenaient chacune leurs fils, Séleucos II et Antiochos Hierax dans le cas de Laodice, le petit roi d’Antioche (au nom resté inconnu) dans celui de Bérénice. Dans le trouble qui suivit, la Syrie avait été provisoirement occupée par Ptolémée III (246/245 av. J.- C.), alors que l’Asie Mineure semblait fermement tenue en main par le pouvoir séleucide (l’oncle maternel de Séleucos II, Alexandre, continuait d’exercer les fonctions de gouverneur général à Sardes). Fausse apparence toutefois, comme le révèle le traité entre Smyrne et Magnésie du Sipyle. On y apprend que la cité, parce que fidèle au roi légitime, avait subi des attaques lancées probablement par les partisans du fils de Bérénice, pour lequel s’étaient déclarés le gouverneur d’Ephèse et d’autres cités12. C’est en se réclamant de cette fidélité que les Smyrniens conclurent leur convention avec les Magnètes (voir supra). Elle fut décidée au terme d’un processus diplomatique et juridique précis, qui vit les Smyrniens dépêcher une première ambassade porteuse de l’offre de traité, à laquelle répondit en retour une délégation magnésienne ; puis le peuple des Smyrniens d’adopter un décret sanctionnant cette volonté conjointe de rapprochement puis décidant l’envoi d’une nouvelle ambassade porteuse du serment, que devraient prêter les Magnètes. A partir de quoi, et après réception de ce serment, l’« amitié » entre les deux cités fut déclarée effective. Cet accord répondait pour l’essentiel à des impératifs de défense. Smyrne, qui connaissait une période difficile, était préoccupée par sa propre sécurité, préoccupation, qui l’a-mena à compléter les clauses de l’accord, en prévoyant l’occupation militaire d’une zone voisine de celle du territoire magnète, le lieu-dit Palaimagnesia (τὸ χωρίον Παλαιμαγνησίαν, l. 94). Une clause suggère notamment une assistance théorique mutuelle entre les deux communautés : Smyrne et Magnésie auraient mêmes amis mêmes ennemis (l. 17).
14Pour la période 220/160 av. J.- C., les temps de crise paraissent s’être multipliés, l’intervention de Rome achevant de bouleverser les équilibres. J’en dresse ici la liste et, à chaque fois, j’en rappelle brièvement le contexte politique.
15Les troubles des années 220-215 av. J.- C. sont liés, de manière directe ou indirecte à la crise de l’autorité séleucide, elle-même consécutive à l’accession au pouvoir d’Antiochos III en 223 av. J.- C. On relève dans toute la région la conclusion d’un nombre important de conventions, signe que certaines cités entendirent conforter leur indépendance, alors que d’autres, sujettes, s’efforcèrent de se prémunir des dangers les plus immédiats.
16Dans le nord, les événements politiques paraissent s’être s’accélérés : Byzance, contrainte au versement d’un tribut de plus en plus accablant aux Celtes de Commontorios et Cavaros entre 227 et 220 av. J.- C., sollicita l’aide financière et militaire des cités grecques, qui lui donnèrent une réponse dilatoire13. Ce faisant, les Byzantins imposèrent une taxe aux navigateurs franchissant le Bosphore, ce qui déclencha un conflit avec Rhodes et, par voie de conséquence, la conclusion de deux alliances adverses, l’oncle et représentant officiel d’Antiochos III en Asie, Achaïos, se rangeant aux côtés de Byzance14. On voit ainsi ce conflit déborder largement le seul cadre géographique du Bosphore et faire intervenir plusieurs cités du sud de l’Asie mineure, Rhodes et ses « alliés ». À la même date, Rhodes, à nouveau, et Cos furent sollicitées pour offrir leur assistance à la cité indépendante de Sinope, sur la côte du Pont-Euxin. Celle-ci craignait que le roi du Pont Mithridate IV ne l’assiégeât15. Toujours vers la même époque, régnait dans la quart sud-ouest de l’Asie mineure, en Carie, une situation tout aussi troublée : Rhodes, encore une fois, vint en aide à la cité carienne d’Iasos, victime des méfaits d’un certain Podilos, qui agissait au nom d’Olympichos, lui-même représentant officiel de Philippe V de Macédoine, qui avait reçu en héritage, de son prédécesseur Antigone Dôsôn, une partie de la Carie16 En Pisidie méridionale on vit s’affronter, en 218 av. J.- C., deux alliances symmachiques autour des cités de Selgé et Pednelissos17. Enfin, dans la zone de l’Hellespont, les Galates qu’Attale Ier avait fait venir d’Europe pour lutter contre Achaïos saccagèrent les villes côtières. Ilion, assiégée, demanda et reçut l’aide d’Alexandreia Troas18.
17Tous ces événements seraient liés de près ou de loin à l’affaiblissement temporaire de la puissance séleucide dans toute la région. Les causes en sont connues. Au lendemain de l’intronisation d’Antiochos III (223 av. J.- C.), deux usurpations fragilisèrent le pouvoir du jeune roi, celle de Molon en Médie à l’été 222 av. J.- C., et surtout celle de son oncle Achaïos, qu’Antiochos avait désigné vice-roi pour l’Asie Mineure en 222 av. J.- C. Installé à Sardes, Achaïos se fit proclamer roi en 220 av. J.- C. et, aux dires de Polybe, préserva l’essentiel de l’héritage séleucide en deçà du Taurus, devenant le plus puissant prince de la région. Il est difficile toutefois d’établir le bilan de son activité militaire et de ses succès en particulier.
18Si, dans le nord, son aide promise à Byzance fit naître beaucoup d’espoirs dans la cité des Détroits (selon Polybe), la situation d’Achaïos paraît néanmoins avoir été gravement compromise en Eolide et en Ionie par les initiatives d’Attale Ier19. De même, dans les régions du sud, la présence antigonide en Carie, initialement considérée sans défaveur particulière par le pouvoir séleucide, qui avait perdu pied dans cette zone depuis la guerre laodicéenne et qui voyait là, peut-être, un moyen de contrer les velléités attalides20, créa toutefois une instabilité politique locale, à laquelle Achaïos ne semble pas avoir pu ou voulu apporter de solution. Le représentant officiel d’Antigone Dôsôn puis de son successeur Philippe V (arrivé au pouvoir en 220 av. J.- C.), le dynaste Olympichos, prit, semble-t-il, des initiatives intempestives sans en référer à l’autorité supérieure, en razziant le territoire d’Iasos et en dépossédant Mylasa du sanctuaire de Labraunda. Les Iasiens, sujets du pouvoir antigonide, sollicitèrent alors l’assistance rhodienne21.
19À l’inverse, en direction de l’est, en Myliade, Pamphylie et Pisidie, Achaïos intervint directement pour imposer son autorité, comme en témoigne l’aide militaire qu’il organisa pour soutenir la petite cité de Pednelissos, qui voyait là probablement le seul moyen de se défendre de sa puissante voisine Selgé. Le succès immédiat du lieutenant d’Achaïos, Garsyeris, ne cache pas néanmoins la complexité de la situation locale, la force des antagonismes entre cités, cause du demi-échec final d’Achaïos à résoudre le problème22. Il n’est pas sûr que les cités de Pamphylie aient toutes reconnu son autorité23. Certaines d’entre elles comptaient garder la bienveillance d’Antiochos III, absent du théâtre d’opération parce que retenu en Coélé-Syrie pour y mener une « quatrième guerre de Syrie » contre le tout jeune roi lagide Ptolémée IV. L’incertitude politique est manifeste.
20La reconquête systématique par Antiochos III de son héritage familial, l’Asie Mineure cis-taurique, commencée en 216 et relancée dès 204-203 ne signifia pas la fin des désordres locaux. La raison tient essentiellement à l’existence d’une entente tacite entre le séleucide et Philippe V pour éliminer des côtes d’Asie Mineure les dernières positions lagides. Ce faisant, une telle alliance renforça Rhodes, d’autres cités et le pouvoir pergaménien dans leurs velléités de résistance, d’où la conclusion de nouvelles conventions dans le sud-ouest de la région. Il est incontestable que Philippe V, dont le « territoire » carien devait se limiter, vers 220 av. J.- C., à la région d’Eurômos, de Bargylia et de Mylasa (au nord du golfe Céramique), désirait élargir sa zone d’influence et, ce faisant, voyait dans l’existence d’une pérée rhodienne au sud une entrave à son action. Surtout c’est l’activité diplomatique de Rhodes qui posait les plus gros problèmes au roi antigonide. Entre 220 et 214 av. J.- C., Rhodes n’avait pas hésité à intervenir effectivement à Iasos24. Cos partageait les mêmes intérêts et les mêmes principes que la cité insulaire. Toujours en 220 av. J.- C., elle avait, comme sa voisine, apporté son aide à Sinope (voir supra).
21Lorsque Philippe, en 206-204 av. J.-C., lança la piraterie crétoise contre Rhodes, cette dernière et Cos imposèrent autour d’elle un réseau serré de conventions destinées à garantir leur sécurité. Celles-ci furent maintenues en place et renforcées en 201-200 av. J.-C., lorsque le roi Antigonide mena lui-même campagne en Carie et en Ionie25. Enumérons-les26 : homopolitie entre Cos et Calymna (entre 205 et 201/200 av. J.-C.), convention militaire probable entre Cos et Rhodes (vers 205/203 av. J.-C.)27, convention entre Rhodes et Hiérapytna28. Dans leur organisation interne, les cités resserrèrent leurs liens avec leurs dèmes et les cités placées sous leur dépendance directe pour les mettre en état de défense : Halasarna à Cos29, Nisyros pour Rhodes (jusqu’en 201 av. J.-C.)30. Dernier élément du puzzle, une alliance entre Rhodes et Pergame, qui fut effective en 201 av. J.-C.31 L’accord tacite conclu entre Philippe et Antiochos, la politique agressive de ce dernier en Carie envers les cités (soumission en 203 av. J.-C. d’Amyzon)32 puis son départ pour la Coélé-Syrie, qu’il devait enfin conquérir (vers 202 ?/200 av. J.-C.), tous ces éléments n’étaient pas fait pour rassurer les communautés civiques de la région sur leur avenir.
22La décennie suivant le traité d’Apamée en 188 av. J.- C. présente un profil tout autre. Les conventions d’assistance y sont attestées en grand nombre en particulier dans la région du Méandre. L’élément d’incertitude tient ici aux conditions créées par le traité d’Apamée de 188 av. J.- C., qui chassa de l’Asie mineure cis-taurique l’autorité séleucide, pour lui substituer deux nouvelles tutelles très différentes, l’attalide et la rhodienne, la ligne de démarcation correspondant à la vallée du Méandre. Si dans sa sphère d’autorité élargie, Pergame organisa avec poigne les cités en s’inspirant du modèle séleucide33, Rhodes n’eut point sous son autorité directe les cités du littoral (Priène, Milet, Héraclée du Latmos…), qui lui étaient attachées uniquement par des liens de clientèles. L’incertitude tenait à cette liberté enfin rendue aux cités de la région, liberté dont elles firent un usage immédiat.
23La nouvelle situation les encouragea dans leurs démarches diplomatiques et les conforta dans leur intention de trancher des litiges politiques, dont certains pouvaient être en suspens depuis des années, d’où une série de conventions dont l’épigraphie permet de reconstituer le fil au cours de la décennie 190/180 av. J.- C.
24Je me contente ici d’en rappeler les principaux éléments. Ce sont à chaque fois des litiges territoriaux qui furent cause des conflits. On notera aussi qu’ils se nouèrent ou éclatèrent au grand jour dans les dernières années de la seconde guerre de Macédoine : un premier litige, dont la nature exacte est inconnue, avait opposé Milet à Priène (après 200 av. J.- C.) ; litige résolu par l’entremise de Smyrne et qui avait donné lieu à un traité de paix, dont certaines clauses avaient à voir avec la sécurité des deux parties contractantes34. Vers la même époque (en 200 av. J.- C.), Philippe V, qui paraît s’être ingénié à attiser les rivalités entre les cités de la région depuis 201 av. J.- C., donna à Magnésie du Méandre le territoire de Myonte, qui appartenait à Milet depuis 206/205 av. J.- C. (par sympolitie). La situation en resta provisoirement là jusqu’en 188 av. J.- C., lorsque Rome rétrocéda le territoire aux Milésiens, provoquant les événements en chaîne : guerre entre Milet et Héraclée (vers 186/185 av. J.- C. ?), qui se sentait elle aussi menacée par l’influence de sa puissante voisine (sentiment renforcée par la récente sympolitie entre cette cité et la petite communauté de Pidasa – vers 188/187 av. J.- C. ?)35. La fin du conflit donna lieu à une convention entre les deux cités en 185/184 av. J.- C. ( ?)36, convention qui trouva une traduction pratique immédiate dans un nouveau conflit entre Milet et Magnésie du Méandre (après 184 av. J.- C.). La guerre opposa deux alliances militaires, Milet et sa nouvelle alliée Héraclée, d’un côté, Magnésie et Priène, de l’autre. Le conflit se conclut par un traité de paix (entre 184 et 180 av. J.- C.)37.
25Au cours de ces années, Milet trouva dans les torts que lui avaient causés Philippe V des raisons supplémentaires de mener une politique d’influence et d’extension territoriale, dont ses voisines, Héraclée du Latmos et Magnésie du Méandre prirent ombrage ; la politique milésienne, déjà velléitaire dans les dernières années du IIIème siècle38, acquit un tour plus agressif avec le bouleversement de la donne internationale à partir de 188 av. J.-C.
26La dernière période d’instabilité que la source polybienne permet de cerner avec quelque précision est celle qui, faisant suite à la troisième guerre de Macédoine, se situe principalement en Lycie et en Carie. C’est l’affaiblissement notable, du moins la remise en cause de l’autorité régulatrice rhodienne dans une région qui lui avait été confiée par Rome et le traité de 188 av. J.- C. pour y exercer une autorité directe, qui semble avoir amené plusieurs petites cités à affirmer leur autonomie et à multiplier les initiatives politiques. Cette remise en cause procédait d’un malentendu entre Rome et Rhodes d’une part, entre les Rhodiens et les Lyciens et Cariens d’autre part, à propos de la nature du protectorat consenti aux Rhodiens en 188 av. J.- C. Cariens et Lyciens croyaient devoir être traités en « alliés et amis » de Rhodes (ce qui supposait une autonomie locale relative), tandis que celle-ci escomptait, en vertu du don consenti sur toute la région, y exercer une tutelle directe sur les cités39.
27La résistance armée des Lyciens, en 181/180 av. J.-C., amena une modification officielle par Rome de leur statut en 178/177 av. J.-C. S’en suivit une deuxième guerre, provisoirement gagnée par Rhodes, mais qui ruina son autorité morale. L’important, ici, est le discrédit de plus en plus patent de l’autorité tutélaire à la veille de la troisième guerre de Macédoine. En 167/166 av. J.-C., Rome rendit aux cités lyciennes et cariennes leur liberté. On vit dès lors celles-ci nouer une série de conventions, au gré des circonstances tumultueuses nées du recul rhodien, tandis que Rhodes devenait un acteur à part entière de la scène locale à défaut d’en être la puissance hégémonique : convention entre Caunos et Cybira en 167 av. J.-C., pour faire face à la tentative de Rhodes de rétablir sa tutelle sur la première40 ; convention entre Keramos en Carie et Rhodes (après 167 av. J.-C.) pour se protéger de sa voisine du nord Stratonicée41 ; convention entre la petite cité lycienne de Calynda et Cnide, tout d’abord, Rhodes ensuite, conclue en 163 av. J.-C. pour faire pièce aux attaques de Caunos42. Un long décret trouvé dans la cité lycienne d’Araxa fait connaître une série d’événements survenus probablement après 167 av. J.-C., et dont la ligue lycienne, devenue indépendante par rapport à Rhodes, était la principale actrice43 : convention entre les cités dans le cadre de la ligue « lycienne » en vue de la guerre contre Cibyra, et contre les tyrans de Xanthos et Tlos ; convention entre la ligue et les Termessiens près d’Oinoanda (après 164/163 av. J.-C., selon A. Bresson)44.
28Ce rappel des événements survenus au cours d’une période relativement brève (entre les années 270 et 160 av. J.- C.), permet de mettre en évidence la diversité des situations locales et, simultanément, la pérennité de certaines attitudes. Si les cités indépendantes poursuivirent avec opiniâtreté des politiques servant leurs intérêts propres et dans lesquelles entraient naturellement les questions d’assistance, les cités sujettes ou clientes ne furent pas toujours des victimes expiatoires, passives face aux événements et se résolvant à être sacrifiées sur l’autel de la politique des rois. Elles tirèrent prétexte des périodes d’instabilité pour prendre des initiatives dans le même domaine.
29Je rappellerai que les appels à l’assistance faites en direction de cités voisines ne constituaient point une dénonciation systématique des pouvoirs de tutelle. La liberté limitée consentie aux cités sujettes prévoyait la possibilité d’entreprendre de telles démarches45. L’exemple remarquable de la convention entre Iasos et Rhodes montre que, loin d’être visée ici, l’autorité antigonide était sollicitée par les deux parties contractantes (surtout par Iasos) comme moyen de pression contre le véritable coupable, Olympichos.
30D’une manière générale, ce que trahissent ces nombreuses conventions d’assistance, c’est la persistance dans toutes les cités d’une tradition d’autonomie et de liberté, dont l’un des aspects essentiels était la garantie de la sécurité du territoire et de ses habitants. Cet aspect ressortira davantage quand nous étudierons la forme et le contenu des conventions d’assistance.
II. Quel cadre institutionnel choisir pour les conventions d’assistance ?
31Si certaines conventions virent probablement le jour dans la précipitation des événements au gré de contacts diplomatiques conclus dans la hâte, d’autres naquirent au terme d’un processus réfléchi qui reçut une sanction et une forme officielle plus ou moins aboutie. Il faut nous demander dans quels cadres juridiques celles-ci s’insérèrent-elles. Existait-il des critères qui déterminaient le choix de la forme institutionnelle à donner à la convention ?
32On retient dans la documentation essentiellement deux types de traités, dans lesquels apparaissent à différents degrés des clauses d’assistance : les traités d’isopolitie et ceux de type symmachique. Un troisième cas doit être envisagé à part, celui des conventions de sympolitie.
A) Les conventions symmachiques spécifiques
33Comme on l’a vu plus haut, plusieurs symmachies attestées dans les sources le sont dans le cadre d’accords plus larges (l’alliance entre Milet et Héraclée du Latmos, celle entre Parion et Scepcis…). Les conventions symmachiques spécifiques sont peu présentes dans la documentation disponible et parfois de manière peu explicite. Certains passages de Polybe ou des décrets votés à posteriori et en d’autres circonstances font écho à des alliances militaires, sans que nous ne possédions toutefois le texte du traité lui-même, si bien qu’il est difficile de se prononcer sur la forme exacte de celui-ci.
34Ainsi de l’alliance entre Samos et Iasos, contractée vers la fin du IIe siècle av. J.- C., dont on apprend dans une inscription honorifique qu’elle reçut une application pratique (Oἱ στρατευσάμενοι ἐν τῇ καταϕράκτῳ νὴι τῇ ἀποσταλείσῃ ὑπὸ τοὺς δήμου πρὸς Ἰασεὶς ἐπὶ συμμαχίαν...)46. La convention conclue entre Rhodes et Iasos pour faire pièce aux agissements d’Olympichos (entre 220 et 214 av. J.- C.) semble bien être de nature symmachique, comme le suggère un décret iasien de la fin du IIIe siècle pour des juges rhodiens47. Le processus de prise de décision conduisant à la conclusion de l’assistance se laisse restituer grosso modo grâce aux trois décrets rhodiens rédigés à cet effet (dans l’ordre logique, décret A : rappel des circonstances ; décret C : décisions du conseil et du peuple de Rhodes ; décret C : lettre de créance aux ambassadeurs rhodiens chargés d’aller à Iasos pour y faire connaître les décisions de Rhodes)48, malheureusement la partie des décisions où l’on attendrait la définition de la symmachie est gravement mutilée49. Ces exemples pourraient être rangés dans la catégorie des alliances militaires spécifiques.
35D’autres cas s’avèrent plus incertains. L’aide militaire apportée à Ilion par Alexandreia Troas contre les Galates en 216 av. J.- C., signalée par Polybe sans autre précision50, pourrait s’inscrire dans le cadre particulier de la confédération des villes de Troade, dont les ressorts sont toutefois et avant tout religieux (autour de l’organisation du culte d’Athéna Ilias et de la panégyrie)51. L’origine institutionnelle des conventions militaires passées entre les cités de Carie et de Lycie après 167 av. J.- C. fait tout aussi problème. Si l’assistance apportée par Rhodes à Calynda en 163 av. J.- C. paraît n’avoir d’autre ressort juridique que la symmachia52, que penser de l’alliance entre Cybira et Caunos en 167 av. J.- C. ? Aucun lien particulier ne semble les avoir rapprochées jusqu’alors, la première ayant été dirigée par un tyran local, Moagétès, dans les années précédentes53.
36C’est de Rhodes que nous viennent les documents les plus complets et les plus explicites en la matière. La cité avait conclu une série d’alliances militaires spécifiques, au moment où Philippe V de Macédoine menaçait directement ses intérêts en 201 av. J.- C. (voir supra pour le contexte événementiel). Ce sont les circonstances et, plus encore, l’identité de ses nouveaux alliés, qui conduisirent les Rhodiens à s’en tenir à une simple symmachie, sans adjonction de clauses ouvrant la possibilité d’une sympolitie ou d’une isopolitie. Les deux alliés de circonstance, Hierapytna et Olos, deux cités crétoises, s’étaient trouvées aux côtés de Philippe V pendant la « guerre crétoise » de 206/204 av. J.- C.54. Les clauses des deux traités d’alliance55, très semblables dans les deux cas, font sentir dans le détail de leur énoncé, la dépendance et la soumission dans laquelle se trouvent les deux communautés crétoises.
B) Les conventions d’isopolitie
37Les traités d’isopolitie officialisaient un rapprochement entre deux cités autonomes, d’importance à peu près égale. Elles présentent une très grande variété de forme et de contenu. Si le fond en demeure l’échange de la citoyenneté entre deux cités, sont parfois agrégés à ce noyau des clauses, qui peuvent définir des modalités d’assistance. Cette diversité de rédaction tiendrait pour une large part à la situation géographique et politique des deux cités contractantes, et aux circonstances entourant la conclusion du traité.
38Les conventions passées par Milet avec Cyzique (avant 323 av. J.-C.)56, Olbia (avant 323 av. J.-C.)57, Kios (en 228 av. J.-C. ?)58 et Mylasa (en 215/214 av. J.-C.)59, cités toutes quatre éloignées géographiquement d’elle, ne traitent que de l’échange de citoyenneté, sans la moindre allusion à des questions de sécurité et d’assistance éventuelle. Dans ce cas précis, il faudrait y voir, comme le suggère P. Herrmann, la volonté chez les Milésiens d’étendre leur influence politique, l’isopolitie servant d’instrument diplomatique à une cité dominante60.
39D’autres traités d’isopolitie, qui s’insèrent dans des contextes politiques plus équilibrés, présentent au contraire un contenu composite, alliant questions de citoyenneté et modalités d’assistance. Les unes et les autres s’articulent entre elles de différentes manières.
40Dans le cas des cités libres de Kios (en Propontide) et de Chalcédoine (dans le Bosphore), qui furent amenées à passer des conventions d’isopolitie avec la ligue étolienne dans les circonstances politiques dangereuses de la première guerre de Macédoine (entre 215 et 205 av. J.- C.)61, on ne possède malheureusement pas le texte des traités. Toutefois on déduit du récit de Polybe et des modalités d’application du traité (présence d’épistates étoliens), que devaient y être incluses des clauses afférentes à la sécurité des deux cités. D’autres documents sont heureusement plus explicites.
41Un texte provenant de Scepcis, signalé par L. Robert dans le Bulletin épigraphique et partiellement analysé par lui, indique plus clairement comment une convention d’isopolitie pouvait être étroitement associée à une alliance symmachique. Il s’agit d’un traité entre les cités de Parion et de Scepcis, deux cités d’importance à peu près égale. L. Robert date le document du début de l’époque hellénistique62. On peut penser au moins à deux périodes plus précises : celle qui suivit la paix de 311 av. J.- C. Antigone le Borgne, alors maître de la Troade, dans une lettre adressée justement à Scepcis, enjoignit les cités de s’entraider les unes les autres, dans l’espoir « que par la suite la liberté serait préservée plus sûrement pour tous les Grecs si à la fois eux et les hommes au pouvoir étaient liés par des traités »63. La convention entre Parion et Scepcis pourrait être l’une des conséquences de cette politique. Autre période, celle qui vint après la disparition de Lysimaque à Couroupédion en 281 av. J.- C. Vers cette époque, Parion dut traverser la période dangereuse de la décennie 280/270 av. J.- C., sans que l’on sache précisément quand et dans quelle mesure elle passa sous contrôle séleucide (l’instabilité dangereuse provoquée par la présence des Galates aurait pu amener Antiochos Ier, alors incapable d’y exercer une véritable hégémonie, à encourager des rapprochements stratégiques entre les petites cités du cru)64.
42Sur un plan juridique et institutionnel, le rapprochement avec Scepcis pourrait s’expliquer naturellement, si nous étions sûrs de l’appartenance des deux cités (certaine à cette date pour Parion) à la confédération des villes de Troade créée à l’extrême fin du IVe siècle av. J.- C. par Antigone le Borgne65. L’intitulé du texte, malheureusement très mutilé, ouvrait sur un traité d’assistance militaire composé de plusieurs clauses spécifiques (les 10 premières lignes). Suivait ensuite immédiatement (l’articulation syntaxique est marquée par la particule δέ) une convention d’isopolitie (l. 10-24) commençant par l’énoncé de l’échange des citoyennetés (l. 8-11 [ἐν ἡμ]έραις πέντε ἀϕ᾿ ἧς ἄν ἐπαγγ[είλωσιν κατὰ ?] πρεσβείαν άποστέλλε(ι)ν ?, ἐν δέκα ἡμέραις ἀϕ᾿ ἧς ἄν ἡμέρας ἐπαγγείλωσι. Πολίτην δὲ εἶναι τὸν Παριανὸν Σκηψίων ἐὰν θέ[λ]ῃ...). Le serment final, renouvelé chaque année par les instances politiques des deux cités (« le Conseil et les autres magistratures »), porterait, selon L. Robert, simultanément sur les deux parties de la convention. Il semble donc qu’il faille traiter symmachie et isopolitie comme un tout, les deux se complétant l’une l’autre. Les modalités d’assistance (transfert de troupes d’une cité à l’autre dans des délais convenus) constituent le pendant militaire au rapprochement juridique entre les deux communautés (octroi de la citoyenneté potentielle, droit effectif à acquérir la terre dans la cité amie)66.
43Le texte du traité entre Milet et Héraclée du Latmos (vers 185/184 av. J.- C.), là aussi deux cités d’importance à peu près égale, a la même finalité que celui de Scepcis et de Parion, le rapprochement entre les deux communautés civiques. Il présente toutefois une formulation d’apparence plus désordonnée et d’un caractère beaucoup plus composite, où les questions de sécurité côtoient d’autres sujets comme l’échange des citoyennetés, les litiges territoriaux et autres67. C’est, en fait, un traité de paix, qui fait suite au conflit survenu l’année précédente (186/185 av. J.- C. ?) entre les deux cités. Celles-ci sont voisines géographiquement, autonomes l’une par rapport à l’autre. De fait, les décisions prises par Milet précisent que le rapprochement désiré entre les deux communautés servira équitablement leurs intérêts (l. 17 sq.). Dans les attendus sont précisés textuellement la nature globale et le but de la convention, dont les Héracléotes sont demandeurs : il s’agit d’une σύνθεσις, qui vise à procéder à l’isopolitie entre les deux cités et à leur garantir tous les autres bienfaits (l. 11-13 :... καὶ πρεσβευτὰς ἀποστει᾿λαντες ἠξίωσαν τὸν δῆμον συνθέσθαι πρὸς αὑτοὺς ὑπὲρ τῆς ἰσοπολιτείας καὶ τῶν ἄλλων ϕιλάνθρώπων...). J’entendrais par « bienfaits » toute question à résoudre par le présent texte hors celle de l’isopolitie (voir supra). C’est dans ce cadre juridique général que prennent place les modalités d’assistance.
44À l’inverse du traité entre Scepcis et Parion, dans lequel deux paragraphes traitaient l’un à la suite de l’autre le problème de l’alliance symmachique et celui de l’isopolitie, ici les deux questions sont abordées simultanément, les clauses s’enchaînant les unes aux autres, ce qui suggère, me semble-t-il, qu’isopolitie et modalités d’assistance sont, là encore, étroitement liées l’une à l’autre dans l’esprit des intéressés. Est décidé, sous certaines conditions restrictives, l’octroi de la citoyenneté effective à celui qui viendrait s’installer dans la cité alliée, tandis qu’on prévoit une aide militaire immédiate (l. 39 sq.), ainsi que des facilités d’évacuation et de repli (l. 67-70) pour les citoyens potentiels restés dans leur communauté d’origine.
C) Un cas difficile : les conventions de sympolitie
45Les conventions de sympolitie passent pour présenter les déséquilibres les plus accusés entre une partie dominante et une partie assujettie. En même temps, parce qu’elles consistent théoriquement en la fusion de deux communautés en une seule, la question des modalités d’assistance semblerait ne plus avoir de sens. La logique de la démarche mérite néanmoins d’être examinée, surtout si nous envisageons le point de vue de la partie dominante, dont l’intérêt sécuritaire est déterminant. Nous aurions à faire, non à une alliance équitable librement consentie, mais à une assistance imposée dans le cadre d’une annexion pure et simple.
46On dispose de plusieurs exemples significatifs, propres à envisager les principaux cas de figure : sympolities conclues sous l’obédience d’une autorité extérieure, et celles passées entre deux cités libres, dont l’une est donc dominante.
47La convention entre Smyrne et Magnésie du Sipyle (vers 244/243 av. J.- C. ?)68 Ce traité est représentatif d’une démarche conventionnelle entre deux communautés, décidée, semble-t-il, sous l’autorité d’une puissance extérieure, celle du pouvoir séleucide. Le texte se décompose en trois documents : un premier décret de Smyrne (l. 1-33) rappelle les circonstances du moment (la troisième guerre de Syrie ou « guerre laodicéenne ») et l’échange d’ambassades préludant à la décision de conclure l’amitié entre les deux communautés ; le traité lui-même avec les serments de fidélité (l. 33-88) ; enfin, un deuxième décret de Smyrne, qui prévoit une convention avec une autre installation de colons séleucides voisine, à Palaimagnesia (l. 89 sq.)69. Dans les trois textes, Smyrne, qui est à l’origine du processus, met en avant les intérêts de Séleucos II, dont elle est un soutien dans la région. Cela lui a valu les attaques de ses ennemis (l. 3), de sorte que les mesures de défense et d’assistance prévues par elle semblent s’inscrire dans la logique et la stratégie de la politique séleucide.
48Les intérêts de la cité déterminent néanmoins les tenants et aboutissants de la convention.
49La communauté, à laquelle Smyrne désire se lier, n’est pas une cité-Etat à proprement parler. Ce sont des κάτοικον έμ Μαγνησίαι, des colons militaires installés par les Séleucides à cet endroit, et qui forment une communauté composite avec d’autres éléments (l. 35 :... καὶ οἱ ἐμ Μαγνησίαι κάτοικοι οἵ τε κατὰ πόλιν ἱππεῖς καὶ πεζοὶ καὶ [οἰ] ἐν τοῖς ὑπαίθροις καὶ οἱ ἄλλοι οἰκηταί...). Juridiquement, parce que les Magnètes sont appelés à recevoir la citoyenneté smyrnienne (l. 35), leur obligation d’assister leur cité d’adoption en cas d’agression extérieure compte au nombre des devoirs dus par l’ensemble des membres de la communauté civique. Cela peut expliquer qu’il n’y ait aucune clause, dans le texte, explicitant les modalités d’assistance.
50Celles-ci, imposées dans le cadre d’une annexion, sont néanmoins implicites. S’il est prévu que certains colons de Magnésie déménageront pour s’installer à Smyrne (l. 57), on attend que d’autres restent sur le site d’origine, d’où l’adoption de certaines mesures visant à comptabiliser la population des Magnètes (l. 45 sq. : l’enregistrement sur des listes aussi exactes que possible par les « secrétaires des troupes » des cavaliers et des fantassins répartis en bataillons). Cette décision, normale dans le cas d’une fusion de deux communautés, présente pour les Smyrniens un intérêt militaire évident, puisqu’ils peuvent compter dorénavant sur des effectifs connus d’eux et susceptibles d’être alignées et dépêchées jusqu’à Smyrne. On est toujours dans une logique où les deux sites sont géographiquement distingués et où l’un viendrait au secours de l’autre en cas de péril.
51Quand on compare le contenu des serments prêtés par les Magnètes et les Smyrniens, on retient d’une part, les différences de traitement entre les deux communautés, qui ne devraient en constituer plus qu’une seule, et, d’autre part, le fait que l’on reste dans une logique d’assistance militaire. En exergue au serment des Magnètes on invoque le respect de la symmachia passée avec Séleucos II et Smyrne (l. 61 sq. : ἐμμενῶ ἐν | ταῖς συνθήκαις αἷς συντέθειμαι πρὸς Σμυρναίους εἰς ἃπαντα τὸγ χρόνον [κ]αὶ διατηρήσω τήν τε συμμαχίαν καὶ τὴν εὔνοιαν τῶι βασιλεῖ Σελεύκωι | καὶ τῆι Σμυρναίων πόλει...). Dans cet esprit, la défense des institutions smyrniennes, l’engagement des Magnètes à révéler tout complot qui mettrait en péril la ville de Smyrne et son territoire, enfin leur promesse de lui porter secours manu militari (l. 67-68 :… καὶ βοηθήσω ἀγωνι[ζόμ]ενος μετὰ πάσης ϕιλοτιμίασ), tout s’apparente à des clauses d’assistance. L’aide est prévue dans le sens inverse, les Smyrniens jurant d’aider les Magnètes et leurs descendants en cas d’agression (l. 77).
52La sympolitie entre Cos et Calymna (vers 200 av. J.- C.)70 :
53Cos, à cette date, était une cité libre et autonome, qui entretenait des rapports suivis avec les Lagides et avec Rhodes, dont elle était une alliée71. Le texte de sa convention passée avec Calymna, se présente dans des termes voisins de ceux entre Smyrne et Magnésie. Il consiste essentiellement en un serment prêté par les Coïens et les Calymniens (l. 14 sq.). Les uns et les autres jurent tout d’abord de rester fidèles à la démocratie, aux lois de Cos et aux décisions de l’Assemblée du Peuple. Fondus dans le corps politique coïen (en vertu de leur répartition dans les tribus de Cos, l. 3 et 5), les habitants de Calymna perdent leur identité politique et institutionnelle. Second serment, qui sanctionne la perte de cette liberté, les Calymniens s’engagent à rester fidèles à l’amitié de Ptolémée (IV ou V en l’occurrence), à la symmachie passée avec celui-ci et aux traités conclu avec les alliés du peuple de Cos (l. 18-20 : ἐμμενῶ δὲ καὶ τᾶι | ποτὶ βασιλῆ Πτολεμαῖον ϕιλίαι καὶ συμμαχίαι καὶ ταῖς συνθή|καις ταῖς ποτὶ τοὺς συμμάχους τῶι δάμωι κεκυρωμένανς). En troisième lieu, ils s’engagent à ne pas promouvoir l’oligarchie ou tout autre régime que la démocratie (l. 21-22), ensuite, à ne pas s’emparer des forts ni de l’acropole, à n’apporter d’aide à quiconque dans ce dessein (l. 23-25 : οὐδὲ τῶν | ϕρουρίων οὐθὲν οὐδὲ ἄκραν κατα λαψεῦμαι οὒτε αὐτός ἐξι-|διαζόμενος οὒτε ἂλλωι συνεργῶν παρευρέσει οὐδεμιᾶι…) ; enfin, à s’opposer à tout amoindrissement du territoire de Cos, qu’il importera plutôt d’augmenter dans la mesure du possible (l. 26-27 : οὐδὲ τὰγ Κώιαν ἐλάσσω γινομέναν περιοψεῦμαι, ἀλλ’ αὐξήσω | κατὰ δύναμιν τὰν αὑτοῦ).
54Les clauses de la convention font manifestement la part belle aux intérêts de Cos. L’accent est mis sur la définition juridique de l’intégration des Calymniens à l’intérieur de la cité de Cos, sur leur rôle de citoyen dans leur nouvelle communauté. Dans ce cas, leur place dans la défense de la cité n’est réglée que de manière imprécise et générale, car les Calymniens sont dorénavant et en théorie des citoyens à part entière de Cos. On rappelle qu’ils doivent, comme tout autre citoyen coïen, défendre les institutions en vigueur, défendre le territoire, ne pas s’emparer de l’acropole dans l’intention d’y mener une sédition, respecter les engagements diplomatiques conclus antérieurement par le Peuple avec les puissances étrangères, lagides en l’occurrence. L’assimilation des nouveaux citoyens est-elle pour autant totale ? La cité de Calymna garde son emplacement géographique, car il n’y a pas transfert de la totalité de la population vers Cos. Par conséquent, il me semble que les clauses afférentes à l’engagement des Calymniens dans la défense de la cité de Cos supposent implicitement des formes d’assistance, décidées désormais au niveau des organismes centraux mais que Calymna, en tant que dème, était chargée de maître en œuvre72.
55Le contexte historique de la convention (la fin de la guerre contre Philippe V en Carie en 201/200 av. J.- C.), comme la manière dont cette dernière visait à restaurer une convention plus ancienne (restauration de l’homopolitie indiquée l. 15/16 :… καὶ τᾶι ἀποκαταστάσει | τᾶς ὁμοπολιτείας...), provisoirement abolie en 201 par le roi de Macédoine, tout indique que la définition juridique de l’assistance demandée aux Calymniens n’avait rien d’aléatoire ni de flou. On en attendait une traduction concrète dans des circonstances précises.
56Les deux exemples de Smyrne-Magnésie du Sipyle et Cos-Calymna illustrent ainsi, au-delà de la situation politique des cités et de la nature des formes d’intégration mises en œuvre, la persistance d’une logique d’assistance, qui se traduit dans les textes par la rédaction de clauses visant le renforcement de la sécurité de la cité dominante. Dans le même esprit, d’autres exemples de sympolitie entre cités d’inégale importance suggèrent que ce besoin de sécurité était largement partagé par les deux parties contractantes et que la plus faible des deux, appelée à fournir occasionnellement un secours et à participer à la défense de la communauté la plus importante, cherchait aussi à mettre en état de défense son territoire sous l’autorité directe de la cité dominante (par l’envoi, prévu dans le texte des conventions, de contingents aux endroits stratégiques de sa chôra). Ainsi de la convention entre Teos et Kyrbissos (IIIème siècle av. J.- C.)73 ou entre Milet et Pidasa (vers 188/187)74.
57En résumé, les conventions d’assistance se présentent sous des formes institutionnelles variées. L’aide promise ou imposée par une cité à une autre était prévue et incluse dans des traités généraux, qui très souvent n’avaient rien de spécifique, dans le sens où ceux-ci, à l’exception des conventions symmachiques, traitaient d’autres questions en suspend entre les deux parties contractantes. En d’autres termes, il n’existait pas, sauf cas signalé plus haut, de texte ad hoc abordant exclusivement la question de l’aide.
58Comment choisissait-on alors tel cadre juridique plutôt qu’un autre ? Au premier abord, le statut politique des cités (statut de sujétion ou d’indépendance) n’entrait pas fondamentalement dans le choix de la forme juridique à donner aux conventions. De son propre point de vue, la cité continuait de choisir les formes juridiques habituelles, dont elle pensait avoir besoin. Les clauses d’assistance s’inséraient dans le cadre d’une sympolitie, lorsqu’il y avait déséquilibre manifeste entre les parties contractantes, à l’inverse des traités d’isopolitie où l’égalité de traitement prévalait théoriquement. Autant que les rapports de force, le contexte événementiel déterminait le choix du cadre institutionnel. Selon les circonstances, les traités d’isopolitie présentaient ou non des clauses d’assistance et voyaient, par conséquent, leur signification changer sensiblement. Simples outils politiques et diplomatiques dans le cas des conventions entre Milet, Cyzique, Kios ou Milasa, ils avaient une valeur beaucoup plus concrète dans d’autres cas (entre Milet et Héraclée du Latmos, Scepcis et Parion…) : l’échange de la citoyenneté, qui visait effectivement à solidariser davantage les parties en présence, quand les circonstances l’exigeaient, était complémentaire des modalités d’assistance définies entre les deux cités concernées (on décidait d’assister militairement, si nécessaire, les citoyens qui avaient acquis la politeia potentielle et qui désiraient rester dans leur cité d’origine).
III. La cité en délibération : la « cuisine » institutionnelle et politique
59Un très grand pragmatisme semble avoir prévalu dans le choix des textes juridiques, qui accueilleraient les clauses d’assistance. Les démarches aboutissant à la conclusion des conventions d’aide ne laissaient, pour autant, rien au hasard. Nous allons en voir maintenant le détail, du point de vue des procédures diplomatiques, politiques et juridiques.
60Plusieurs documents épigraphiques rappellent, dans les attendus en particulier, l’ensemble de la procédure réalisée en amont.
A) Le rôle des instances politiques dans la conclusion des conventions
61La mise en place d’une convention d’assistance requérait l’intervention des organes politiques officiels de la cité, le conseil et l’assemblée, aux côtés desquels certains magistrats, directement intéressés aux questions de sécurité, prenaient part aux processus.
Conseil et assemblée à l’ouvrage
62Le document le plus explicite en la matière est le traité entre Milet et Héraclée du Latmos75. On est en mesure de restituer l’ensemble du processus depuis ses origines. L’assemblée d’Héraclée avait pris la décision de proposer aux Milésiens une isopolitie assortie de clauses de sécurité. Il y avait eu vote et rédaction d’un pséphisma, puis désignation d’une ambassade chargée de porter à la connaissance de Milet le contenu des propositions. L’ambassade fut introduite devant l’assemblée milésienne et, en audience officielle, lui fit lecture du décret. Un certain délai s’est écoulé avant qu’une réponse ne fût avancée par les Milésiens, puisque ceux-ci prirent soin d’aller consulter l’oracle de Didymes. Devant la réponse favorable du dieu, l’assemblée milésienne acquiesça à la requête d’Héraclée. S’en suivit la décision (l. 17 sq.), tout d’abord, de rédiger un projet de convention (l. 17-104), qui serait avalisé par l’assemblée, et, ensuite, de désigner une commission de trois citoyens chargés de faire prêter serment aux ambassadeurs héracléotes, puis, à Héraclée même, de faire prêter le même serment au peuple d’Héraclée (l. 104-108) :
[104] ... ὁμοίως δὲ καὶ οἱ πορθμεῖς λήψονται, ὅσον
[105] καὶ παρὰ Μιλησίων λαμβάνουσιν. ὅπως δὲ ἔκαστα πραχθῆ(ι) συμϕερόντως ἀμϕοτε-
[106] ραῖς ταῖς πόλεσιν, ἑλέσθω μὲν ὁ δῆμος ὁ Μιλησίων ἄνδρας τρεῖς μετὰ τὸ κυρωθῆναι το
[107] ψήϕισμα καὶ τὴν συνθήκην, οἱ δὲ ἀποδειχθέντες ὁρκισάτωσαν μετὰ τοῦ ἱεροκήρυκος
[108] τοὺς πρεσβευτὰς τοὺς ἥκο(ν)τας παρὰ Ἡρακλεωτῶν καὶ εἰς Ἡράκλειαν παραγενόμενοι τὸν δῆμον...
63Un processus similaire fut à l’œuvre dans le rapprochement entre Rhodes et Hiérapytna. Même si le document épigraphique, qui est un décret du peuple de Rhodes, présente la convention symmachique sous sa forme finale76, sans rappel des étapes législatrices et des démarches diplomatiques initiales, il donne à voir l’importance de la sanction officielle des assemblées populaires. Je reproduis les clauses des lignes 85 à 89 :
[85] ... ἐξέστω δὲ καὶ διορθώσασθαι τὰς συνθήκας, εἴ τι κα δοκῆι ἀμϕοτέραις ταῖς πόλεσιν δια-
[86] πρεσβευσαμέναις ποθ’ αὑτάς · ἃ δέ κα κοινᾶι δόξηι, ταῦτα κύρια ἔστω. Κυρωθείσας δὲ τᾶς συνθήκας ἑλ[έσ]-
[87] θω ὁ δᾶμος παραχρῆμα ἄνδρας πέντε · τοὶ δὲ αἰρεθέντες μετὰ τῶν παραγεγενημένων ἐξ Ἱεραπύτν[ας]
[88] πρεσβευτᾶν ὁρκιξάντων τὸν νόμιμον ὅρκον Ῥοδίους ἅπαντας τοὺς ὄντας ἐν ἁλικίαι, ἐμμενεῖν τᾶι συμ<μ>αχ[ίαι]
[89] καὶ τᾶι συντάξει τᾶι γεγενημέναι τῶι δάμωι ποτὶ Ἱεραπυτνίους ἀδόλως καὶ ἀπροϕασίστως...
64On y distingue bien la phase de validation du texte du projet de convention (l. 86 :… κυρωθείσας δὲ τᾶς συνθήκας…), avant la prestation de serment, dont le contenu est lui-même défini par la loi (τὸν νόμιμον ὅρκον). Seulement à ce moment, alors, le contenu du traité, tel qu’il a été rédigé, peut entrer en vigueur. Ce qui fait foi, c’est le texte écrit et voté sous cette forme, tel qu’il est publié à Rhodes et à Hiérapytna sur décision du peuple (l. 95-97) :
[95] ... ὅπως δὲ καὶ τὰ δεδογμένα περὶ τᾶς συμμαχίας καὶ τᾶς συντά ξιος ἀνα-
[96] γραϕέντα εἰς στάλας ϕανερὰ ἦι εἰς πάντα τὸν χρόνον, ὁ μὲν δᾶμος ἀναθέτω στάλαν ἐν Ῥόδωι ἐν [τῶι
[97] ἱ]ερῶι τᾶς Ἀθάνας...
65Le contrôle et la sanction officielle de l’assemblée populaire intervenait donc aux principaux moments de la procédure, lorsque était rédigé un projet avant les démarches diplomatiques, puis lorsque était validé le document final, avant la prestation de serment qui constituait le dernier acte du processus.
66Le texte des conventions finissait parfois par énoncer des clauses conservatoires ou par envisager la possibilité d’apporter des modifications au document initial. Il était prévu que les assemblées populaires des cités concernées seraient seules habilitées à intervenir à ce moment, ce qui supposait un nouvel échange d’ambassade et une nouvelle délibération. Dans son traité avec Héraclée du Latmos, Milet se réserva le pouvoir et l’autorité de veiller au respect strict de la convention. En cas de violation, c’est devant elle que seraient portées les dénonciations. En cas d’adjonction de nouvelles clauses ou de modifications, la procédure exigerait la consultation des assemblées de Milet et d’Héraclée après échange d’ambassades (l. 120-122). Mêmes dispositions dans le texte symmachique entre Rhodes et Hiérapytna (voir plus haut, l. 85-86)77.
67Ainsi, seul le vote par les assemblées populaires du projet de convention donnait à celui-ci force de loi. Elles gardaient la maîtrise du processus législatif de bout en bout, depuis la décision de principe jusqu’à l’adjonction éventuelle de clauses additionnelles.
68Dans les cas où il y avait déséquilibre manifeste entre les deux parties contractantes, l’assemblée de la cité dominante se montrait encore plus directive. Dans le traité de sympolitie entre Milet et la petite cité de Pidasa, par exemple78, toute violation de la convention devait être révélée devant le conseil et l’assemblée de la seule cité de Milet (l. 51 sq.). Dans la convention entre Rhodes et Hiérapytna79, toute guerre envisagée par cette dernière, si elle ne recevait pas l’accord préalable des instances politiques rhodiennes, n’astreignait pas Rhodes à l’envoi d’une aide militaire (l. 73-74) :
[73] ... εἰ δέ κα πόλεμον ἐξενέγκωντι Ἱεραπύτνιοι
[74] [ποτί τινας ἄνε]υ τᾶς Ῥοδίων γνώμας, μὴ ἐπάναγκες ἔστω Ῥοδίοις ἀποστέλλει<ν> συμμαχίαν
69Plus directive encore est la convention entre Rhodes et la cité crétoise d’Olonte (vers 201/200 av. J.- C.)80, dont une clause interdit à celle-ci d’envisager toute guerre sans l’assentiment de l’assemblée populaire rhodienne (l. 24-25) :
[24] ... μὴ ἑ[ξ]είμειν δὲ Ὀλουντίοις μηδὲ κατάρχειν πολέμου
[25] [πο]τὶ μ<η>θένα ε[ἴ] κα μὴ συνδοκῆι τῶι δάμωι τῶι Ῥοδίων.
70Les assemblées pouvaient aussi être amenées à définir le contenu des serments respectifs et les conditions de leur prestation. Le projet de sympolitie entre Cos et Calymna rend compte de cet autre aspect dirigiste81. Il se présente sous la forme d’une proposition faite par un Coïen devant les instances de sa cité pour former deux commissions d’ὁρκωταῖ l’une à Cos, l’autre à Calymna (l. 1-5) :
Στασίλας Λυκόϕρονος εἶπε· ἑλέσθαι ὁρκωτὰς δύο ἐξ ἑκάστας
[2] Φυλᾶς, οἵτινες ὁρκιζεῦντι τοὺς πολίτας ἐν τᾶι ἀγορᾶι
πρὸ τῶν ἀρχείων, καὶ γραμματῆ ἐς ἐκάσταμ ϕυλὰν καὶ τὸν
[4] ὑπαγορεύοντα τὸν ὅρκον · ἑλέσθαι δὲ καὶ εἰς Κάλυμναν ἕνα
ἐξ ἑκάστας ϕυλᾶς καὶ γραμματῆ τούτοις...
71Sont précisées les modalités de désignation des deux commissions (deux oJrkwtai` tirés au sort dans chaque tribu civique à Cos, un par tribu à Calymna) et les conditions dans lesquelles interviendront les serments : à Cos, les ὁρκωταῖ feront prêter serment aux citoyens sur l’agora, devant le bâtiment des archives ; à Calymna, un stratège délégué par Cos supervisera l’opération. Sont précisées aussi la nature et les conditions des sacrifices accompagnant la cérémonie.
72Quant à l’organisation effective de l’aide, étudiée plus loin dans le détail, on notera ici seulement qu’elle n’échappait point au contrôle des assemblées, qui veillaient à la mobilisation des moyens. Dans le cas, par exemple, où une cité était sollicitée pour une aide matérielle, elle avait l’opportunité de créer des commissions temporaires ad hoc, auxquelles on fournissait des fonds en argent pour d’éventuels achats. C’est devant l’assemblée du peuple de Rhodes que les émissaires de Sinope, alors menacée par le roi Mithridate IV, se présentèrent en 220 av. J.- C., pour lui demander une aide militaire82. C’est cette même assemblée, qui, après délibération, décida de former une commission de trois membres, auxquels serait versée une somme précise pour financer l’achat de matériels et de fournitures nécessaires au soutien d’un siège éventuel.
Rôle et pouvoirs des ambassadeurs
73Le moment crucial était celui où s’établissait le contact diplomatique entre les deux cités. Après avoir pris en amont une décision de principe (la recherche d’un accord conventionnel), les instances dirigeantes confiaient le soin à des ambassades, composées le plus souvent de plusieurs membres83, de faire connaître à leurs futurs partenaires leurs propositions (quand il s’agissait d’un premier contact diplomatique) ou leurs décisions (dans le cas d’une confirmation des contacts entre les deux cités). Etant donné l’attachement des organes politiques à définir les conditions dans lesquelles s’engagerait leur cité, on peut se demander quels pouvoirs étaient conférés aux représentants officiels des communautés civiques.
74Examinons le cas de la sympolitie entre Milet et Pidasa84. On lit l’intitulé suivant (l. 1-10) :
Ἀγαθῆι Τύχηι. Ἐπὶ στεϕανηϕόρου Πασικλείους μηνὸς Ἀνθεστηριῶνος
[2] τάδε ὡμολόγησαν καὶ συνέθεντο Μιλήσιοι καὶ Πιδασεῖς, ὑπὲρ μὲν τοῦ
δἠμου τοῦ Μιλησίων οἱ πρυτάνεις καὶ οἱ εἱρημένοι ἐπὶ τῆι ϕυλακῆι καὶ οἱ ἀποδει-
[4] χθέντες σύνεδροι - - -
- - - (suivent les noms des 10 responsables milésiens)
[6] - - -
- - -, ὐπὲρ δὲ τοῦ δήμου τοῦ Πιδασέων οἱ πεμϕθέντες ὑϕ’ αὐτῶν αὐτο-
[8] κράτορες πρεσβευταὶ - - -
- - - (suivent les noms des 10 ambassadeurs pidaséens)
- - -·εἶναι Πιδασεῖς ...
75L’énumération des représentants des deux cités fait sentir une différence de statut assez nette entre les uns et les autres. Du côté milésien, trois collèges de magistrats, les prytanes, les « responsables de la sécurité » et les synèdres, représentent la cité, sans que soient précisés les pouvoirs qui leur ont été dévolus par l’assemblée populaire. Du côté de Pidasa, il s’agit d’ambassadeurs plénipotentiaires (οἱ πεμϕθέντες ὑϕ’ αὐτῶν αὑτοκράτορες πρεσβευταὶ).
76La dissimilitude de statut s’explique, ici, probablement par la différence de situation des deux cités et par les circonstances prévalant à ce moment. Pidasa, petite cité ballottée au cours des années précédentes par des événements qui la dépassaient85, se sentait menacée par sa grande voisine du nordouest Héraclée du Latmos, qui entretenait de mauvais rapports avec Milet. En 188/187 av. J.- C., soit peu de temps après la reconquête de sa liberté (en 189 av. J.- C. grâce à Rome), elle crut trouver dans la sympolitie avec les Milésiens le moyen d’échapper aux visées héracléotes86. Cela expliquerait que, pressée par la situation, elle ait donné tout pouvoir à ses ambassadeurs pour traiter dans les meilleurs conditions avec les représentants milésiens, qui, de leur côté, ne se trouvaient pas poussés à une telle extrémité. Le contenu du traité confirme ce sentiment. Les clauses favorisent très largement les intérêts de Milet, tant au plan militaire qu’économique et fiscal (voir infra pour le détail des clauses).
77Les pleins pouvoirs accordés à des ambassadeurs sont rarement attestés dans les textes épigraphiques, qui mettent beaucoup plus fréquemment l’accent sur la précision des instructions données et sur la fidélité des ambassadeurs à la lettre de leur mission. Ainsi de l’ambassade iasienne partie à Rhodes pour y obtenir une protection contre les agissements du dynaste Olympichos. L’assemblée de Iasos avait pris la décision de dépêcher dans l’île deux ambassadeurs, qui seraient porteurs d’un décret, dans lequel étaient rappelés la nature des rapports entre Iasos et Rhodes, la situation de dangers dans laquelle se trouvaient les Iasiens et l’appel à l’aide adressé à Rhodes. À charge pour les deux ambassadeurs, une fois arrivés à Rhodes, d’« expliquer » (…...ἐμϕανίζοντι τ[ὰ γεγονότα] ἀδικήματα...…) la situation de leur cité et de « donner lecture » de ses décisions. Tout ceci est rappelé dans le premier des trois décrets rhodiens votés et rédigés à cette occasion :
[1] [Ἔ]δοξεν τῶι δάμωι· περὶ ὦν Ἰασεῖς συνγενε[ῖς] καὶ ϕίλο[ι
[ὑ]πάρχοντες τοὐ δάμου ἀποστεί[λαν]τες ψάϕισμα καὶ
[3] [πρ]εσβευτὰς ἀμϕανίζοντι τ[ά γεγονότα ] ἀδικήματα...
78Les deux ambassadeurs ont rempli leur tâche dans les limites imparties à leur mission. « S’étant présentés devant le conseil et l’assemblée "de Rhodes", ils y ont pris la parole conformément à ce qui était écrit dans le décret, avec tout le zèle et l’empressement possible » (l. 13-15).
79La lettre de mission pouvait être le décret, dans lequel l’assemblée populaire de la cité formulait son appel à l’aide. S’ajoutaient occasionnellement d’autres documents, comme des lettres de créances, qui explicitaient le sens de la mission des ambassadeurs et en fixaient les limites. Ainsi comprend-t-on, toujours à propos de l’épisode Rhodes – Iasos (mais, cette fois-ci, pour ce qui concerne la réponse de Rhodes), la série des trois décrets rhodiens votés en réponse aux sollicitations de Iasos87 : le deuxième décret (décret B) est la lettre de créance remise par l’assemblée rhodienne à ses deux ambassadeurs en partance pour la cité carienne, Timasithéos, fils de Dionysios, et Epicratès, fils de Timasistratos. C’est, en l’occurrence, le décret du peuple qui les a choisis comme ambassadeurs et qui fixe le contenu de leur mission : se rendre à Iasos, y être reçu en audience par l’assemblée, lui rappeler la parenté entre les deux communautés civiques, enfin et surtout, lui donner lecture des décisions prises par les Rhodiens en faveur de Iasos (décret C). Les ambassadeurs sont ainsi partis de Rhodes porteurs de deux documents officiels de l’assemblée.
80Les trois décrets (B et C, puis le texte A, qui rappelle la démarche initiale des Iasiens), une fois la convention d’assistance conclue, ont été publiés à Rhodes et à Iasos sur une pierre qui porte le titre général « Ψηϕίσματα
παρὰ Ῥοδίων » (« décrets des Rhodiens »).
81Les honneurs éventuellement accordés aux ambassadeurs faisaient tout autant l’objet d’un contrôle assidu de la part de la cité, dans laquelle ils se rendaient, comme de celle dont ils étaient originaires. On citera pour exemple le décret honorifique voté par Sinope pour Dionnos de Cos88. Celui-ci avait été envoyé en ambassade dans la cité du Pont, au moment où les Sinopéens subissaient les agressions du roi Mithridate IV (soit au lendemain de la démarche de Sinope à Rhodes). On ignore très exactement le but de la mission de Dionnos, si elle avait à voir avec l’offre d’une aide quelconque. Quoi qu’il en soit, Dionnos, arrivé à Sinope « ἐν τῶι πολέμωι », travailla, par ses propos et ses actes, à l’intérêt de la cité. Il prit la parole devant l’assemblée sinopéenne « περὶ τούτων », « au sujet de ces choses », c’est-à-dire probablement au sujet de la guerre. Des honneurs lui furent votés par les Sinopéens et une copie du décret envoyée à Cos pour y être exposée dans le sanctuaire d’Asclépios.
Le rôle des collèges de magistrats
82L’initiative des démarches pour la conclusion d’une convention pouvait venir de certains collèges de magistrats, qui intervenaient en étroite collaboration avec le conseil et le peuple.
83À Smyrne, le processus aboutissant à la réalisation de la convention avec les « colons » magnètes89 s’est déroulé en deux temps, à l’initiative manifestement des stratèges de la cité.
84Le texte du traité, tel qu’il est publié dans OGIS, 229, rappelle dans les attendus que, précédemment à la conclusion de la convention, le Peuple de Smyrne avait eu soin de préserver les intérêts du roi Séleucos II, qui s’était absenté d’Asie mineure pour se rendre en Séleucide : l. 3-5 :
[3] ... διεϕύλαξεν ὁ δῆμος τὴμ πρὸς αὐτὸν εὔνοιάν τε καὶ ϕιλίαν, οὑ καταπλαγεὶς τὴν τῶν ἐναντίων ἔϕοδον
[4] οὐδὲ ϕροντίσας τῆς τῶν ὑπαρχόντων ἀ[π]ωλείας, ἀλλὰ πάντα δεύτερα ἡγησάμενος εἶναι πρὸς τὸ διαμεῖ-
[5] ναι ἐν τῆι αἱρέσει καὶ ἀντιλαβέσθαι τῶμ π[ρ]αγμάτων κατὰ τὴν ἑαυτοῦ δύναμιν καθότι ἐξ ἀρχῆς ὑπέσστη.
85Les organes de décision de la cité avaient été remerciés de leur activité zélée (l. 7-8 : ἐτίμησεν τὴμ πόλιν ἡμῶν διά | τε τὴν τοῦ δήμου εὔνοιαν καὶ ϕιλοτιμίαν ἣν ἐπεποίητο εἰς τὰ πράγματα αὑτοῦ...) par le roi séleucide, qui avait envoyé des lettres recommandant à des « rois », « dynastes », « peuples » et « cités » de reconnaître l’asylie du temple d’Aphrodite Stratonikè.
86Pendant toute cette période, les instances politiques de la cité n’avaient donc eu de cesse de réaffirmer leur attachement à l’alliance séleucide. Ce furent toutefois et précisément les stratèges de la cité, qui proposèrent d’envoyer une ambassade, composée d’un des leurs, à Magnésie du Sipyle pour conclure la convention : l. 12-14 :
[12] ... νῦν τε ὑπερ-
[13] βεβληκότος τοῦ βασιλέως εἰς τὴν Σελευκίδα οἱ στρατη[γο]ὶ σπεύδοντες διαμένειν τῶι βασιλεῖ τὰ πράγματα συμϕερόντως διε-
[14] πέμψαντο (...) καὶ ἀπέστειλαν ἐξ αὑτῶν...
87S’il est très probable qu’ils agirent après avoir consulté le conseil et l’assemblée, toutefois, dans la suite du texte des attendus, on note que les propositions faites par l’ambassadeur smyrnien aux Magnètes sont présentées comme venant des stratèges et non des assemblées (l. 19-21) :
[19] ...τά τ[ε] ἀξιωθέντα ὑπὸ τῶν στρατηγῶν ϕιλοτίμως ἀπεδέξαντο καὶ ἐπαγγέλ-
[20] λονται τὴν αὐτὴν ἔξειν αἵρεσιν τῶι δήμωι τῶι ἡμετέρωι εἰς πάντα τὰ τοῦ βασιλέως Σελεύκου συμϕέροντα καὶ ἀπεστάλκασιν
[21] πρὸς ἡμᾶς πρεσβευτὰς...
88Si la démarche initiale revenait aux stratèges de la cité, la conclusion officielle de la convention fut sanctionnée, dans un second temps, par l’assemblée de Smyrne, qui réceptionna la réponse favorable des Magnètes, y dépêcha une nouvelle ambassade, porteuse du texte du traité. Son contenu ainsi que les prestations de serment sont indiquées dans la suite du document. L’ensemble de la démarche, sur proposition des stratèges, a été avalisé par le peuple et publié comme tel.
B) Le détail des clauses conventionnelles
89Il nous semble que si un tel soin était apporté à la conclusion des conventions, c’était qu’on attachait une importance concrète aux décisions prises, parce qu’elles répondaient à des situations précises. Certaines études ont pourtant douté du contenu réel des conventions. Devons-nous suivre, par exemple, Th. Pistorius, quand celui-ci suggère que ces conventions passaient, d’une manière générale, pour traduire des rapports de force de nature politique, sans considération pour de possibles implications militaires ?90 Avant d’aborder les clauses qui règlent effectivement les modalités d’assistance, il vaut la peine de s’arrêter un instant sur la notion d’amitié, que les textes invoquent souvent en préambule sous des formes variées. Cette invocation est récurrente dans les traités, au point qu’elle semble en constituer la principale justification. Je m’arrêterai sur la clause qui affirme le principe « mêmes amis, mêmes ennemis », car elle a une formulation juridique qui semble aboutie. Comment la comprendre plus en avant ? Simple leitmotive politique, topos aux résonances plus ou moins creuses, ou appel à une solidarité politique et militaire effective ?
a) La clause « mêmes amis, mêmes ennemis »
90Les attestations de la clause « mêmes amis mêmes ennemis » se comptent, somme toute, rarement dans la documentation épigraphique. Dans le traité entre Smyrne et Magnésie du Sipyle91, cette disposition se rencontre deux fois, tout d’abord dans les attendus, qui rappellent notamment la nature de la mission confiée à l’ambassadeur smyrnien auprès des colons magnètes (les appeler à respecter l’alliance et l’amitié de Séleucos, à avoir mêmes amis mêmes ennemis, ce dont Smyrne et le roi séleucide leur seront redevables)92 ; d’autre part, dans les décisions des Smyrniens, où il est dit que les Magnètes auront la même citoyenneté qu’eux, partageront les mêmes ennemis et les mêmes amis, sans que ce choix ne crée de discordes entre eux93. La même formulation se retrouve dans le traité entre Milet et Héraclée du Latmos. On y lit, au début des décisions prises par l’assemblée de Milet, la promesse de l’échange des citoyennetés, puis la clause « mêmes ennemis mêmes amis », suivie immédiatement de l’engagement des deux parties contractantes à ne rien faire de contraire à l’alliance avec Rhodes94.
91Comparons immédiatement cette clause avec d’autres textes, qui formulent différemment la logique des rapports d’amitié.
« Amitié et parenté »
92Dans plusieurs documents, l’amitié est invoquée en même temps que la parenté. Parenté réelle dans le cas, par exemple, des relations entre une métropole et sa colonie ; parenté mythologique à caractère politique dans d’autres cas95. Dans le traité entre Milet et Séleucie-Tralles, cette dernière rappelle, dans les attendus de ses décisions, la ϕιλία et de l’οἰκειότης, qui la lient à la grande cité portuaire, ce qui lui permet de justifier sa démarche et la demande de l’isopolitie96. Même procédé utilisé par Mylasa envers Milet à nouveau. Son décret s’ouvre sur une invocation des liens amicaux et filiaux l’unissant depuis quelques temps déjà à celle-ci, liens qu’elle désire renforcer97. On retrouve une démarche comparable dans le décret milésien en faveur de Kios, lequel décret rappelle les justifications avancées par la cité de Propontide dans sa démarche diplomatique : elle est une colonie milésienne et veut, à cet égard, préserver, voire renforcer l’amitié la liant à sa métropole98.
93La confrontation de ces deux séries d’exemples permet, semble-t-il, d’expliciter le sens et les implications de la clause « mêmes ennemis mêmes amis ». Comme l’avait déjà suggéré Th. Pistorius99, la notion de ϕιλία offre une très grande souplesse sémantique. On peut retenir un premier critère de définition, celui de la place qu’occupe la notion dans le texte des conventions. Dans les décrets d’isopolitie passés par Milet avec Kios, Mylasa et Séleucie-Tralles, la mention de la philia est toujours invoquée dans les attendus en guise de justification. Etant donné qu’on ne compte, dans la suite des textes, aucune clause concrète au sujet d’une assistance éventuelle entre les deux communautés, l’invocation de l’amitié, ici, demeure une simple formule, un topos, une déclaration d’intention100. Comptant au nombre des premières clauses des traités, le principe « mêmes ennemis mêmes amis », a de toutes autres implications, sur lesquelles on peut discuter. G. Ténékidès lui trouve, selon les cas, deux significations en s’appuyant sur des exemples de la période classique101 : Tantôt elle a pour objet d’assurer la cohésion de la symmachie sans rompre pour cela l’égalité des cités coalisées (sont invoqués le serment de la ligue délienne conclu en 478/477 av. J.-C. et le traité entre Athènes et Corcyre) ; tantôt, au contraire, cette clause implique une inégalité de fait entre contractants (…) Dans tous les cas, l’Etat satellite perd toute initiative en matière de politique extérieure (voir le traité entre Athènes et les Bottiens). Cette analyse est aussi celle de Th. Pistorius102. De fait, le second critère que l’on retiendra est celui du rapport de forces existant entre les deux protagonistes de la convention. Les deux exemples de Smyrne-Magnésie du Sipyle et de Milet-Héraclée du Latmos illustrent les deux cas de figure dégagés par G. Ténékidès. Rapport inégalitaire pour le premier, égalité de traitement pour le second. Peut-être ne suivra-t-on pas tout à fait Th. Pistotius, lorsque celui-ci, à partir de l’exemple de Smyrne et de Magnésie, suggère qu’une telle clause, dans le cas d’un traité déséquilibré, revêt un caractère politique plutôt que militaire103. Il en vient à douter qu’elle soit significative d’un traité avec obligations offensives et défensives, parce qu’il garde, avant tout, en référence les conventions de l’époque classique104.
94Cette « politisation » paraît exagérée au vu de la documentation épigraphique. Le traité entre Smyrne et Magnésie, pour ne prendre que lui, revêt dans l’ensemble de ses clauses un caractère éminemment concret, dont le volet militaire constitue l’un des principaux aspects. Pareillement, le traité entre Rhodes et Hiérapytna, lui aussi déséquilibré, présente une clause similaire (« être dévoué, ami et allié pour toujours »)105, qui, eu égard au reste du texte, ne constitue nullement une formule aux résonances simplement politiqu²es. Ici, la ϕιλία n’est pas une formule purement conventionnelle. Elle implique un partenariat militaire concret106.
b) Les clauses fixant les modalités pratiques de l’assistance
95Les clauses relatives à l’organisation de l’assistance sont parfois d’une extrême précision. Sont envisagés alors tous les aspects de l’aide, du convoyage des troupes jusqu’aux délais à respecter, en passant par les questions de financement. C’est, naturellement dans les conventions symmachiques que l’on trouve les dispositions les plus détaillées.
96On réunit les informations données dans l’ensemble de la documentation.
Le respect des alliances
97L’alliance résultant de la conclusion de la convention redéfinit la situation diplomatique des deux parties contractantes par rapport aux autres cités voisines et à leurs anciennes alliances. Elle n’est pas nécessairement exclusive de celles-ci, tout dépend des rapports de force entre les nouveaux alliés et des circonstances de la conclusion du traité. L’isopolitie entre Milet et Héraclée107, parce qu’elle est équilibrée et semble avoir reçu l’appui de Rhodes, affirme, dans une de ses premières clauses, sa complémentarité avec l’alliance rhodienne (l. 36). A contrario, dans les traités où il y a domination d’une partie sur une autre, l’alliance avec la partie dominante prévaut sur toute les autres. Mais cette clause était assortie de certaines conditions, que la cité hégémonique s’imposait à elle-même. Dans le traité Rhodes – Hiérapytna108, il est stipulé que les Hierapytniens devaient venir en aide aux Rhodiens, si ces derniers étaient en guerre avec une cité, qui était pourtant leur alliée (l. 35-38 : ... εἰ δέ κα συσταῖ πόλεμος Ῥο|δίοις ποτί τινα τῶν ἐν συμμαχίαι ἐόντων Ἱεραπυτνίοις, εἰ μέν | κα πολεμῶντ<α>ι Ῥόδιοι, ἀποστελλόντων τὰν συμ- μαχίαν Ῥοδίοις | Ἱεραπύτν<ι>οι...). Toutefois, si Rhodes engageait le conflit, les Hiérapytniens ne devraient pas se sentir obligés d’intervenir (l. 38-39 :.. .εἰ δέ κα πολεμῶντι κατάρξαντες πολέμου, μὴ ἐπά|ναγκες ἔστω Ἱε-ραπυτνίοις ἀποστέλλειν συμμαχίαν Ῥοδίοις...). La symmachie entre Rhodes et la cité crétoise d’Olonte (vers 201/200 av. J.-C.)109 était encore plus impérative : celle-ci devait rompre toutes ses anciennes alliances (l. 21-22).
La mise à disposition du territoire et des structures, commandements de garnisons
98Ce type de disposition se trouve a priori dans les conventions où le rapport de force est déséquilibré. Elle révèle chez la cité dominante le souci d’assurer la sécurité de son propre territoire en créant un glacis protecteur, les communautés dépendantes devenant des avant-postes fortifiés. Magnésie du Sipyle se vit ainsi imposer un « magistrat » envoyé par Smyrne, auquel seraient remises les clefs de la ville (l. : 55-56 : … καὶ ἄρχοντα δὲ ὃv ἂν ἀποστέλληι ὁ δῆμος κυριεύσοντά τε | τῶν κλειδῶν καὶ ἐσόμενον ἐπὶ τῆς ϕυλακῆς τῆς πόλεως καὶ διατηρήσοντα τὴμ πόλιν τῶι βασιλεῖ Σελεύκωι παραδέξονται οἱ ἐμ Μαγνησίαι). Parallèlement, les Smyrniens décidèrent, toujours dans l’intention de sécuriser leurs confins, l’envoi d’un commandant et de garnisaires au lieu-dit Palaimagnésia, une autre installation peuplée de colons militaires, qui acceptaient eux aussi le traité (l. 93-94)110. La convention entre Milet et Pidasa donne des détails plus précis111. Les Pidaséens devaient accueillir des soldats commandés par un phrourarque milésien, qui veillerait à la remise en état des fortifications « à travers la campagne » (l. 16-17 : … προνοεῖν ὅπως | τὰ τείχη ἐπισκευάζηται καὶ κατὰ χώραν μένηι…).
99Pareillement, les Rhodiens eurent soin, chaque fois que cela était possible, de dépêcher dans les cités, avec lesquelles ils avaient passé une convention, des stratèges et de s’y assurer des points d’appuis fortifiés. Ainsi, avant 220 av. J.- C., avaient-ils déjà délégué dans la cité carienne de Iasos des « commandants » chargés de veiller à la sécurité de son territoire (l. 84-85 : ...πρότερόν τε ἰτύγχανε δεδωκὼς ποτίταγμα τοῖ[ς] | ἂρχουσι τοῖς ἀποσ- τελλομένοις ὑπ᾿ αὐτοῦ ἐπιμελεῖσθαι τᾶς Ἰασ[έων] χώρας...)112. Dans le traité entre Rhodes et Hiérapytna (vers 201/200 av. J.- C.)113, l’une des premières règles stipulait que les Hiérapytniens devraient tenir à disposition des Rhodiens la cité, le port et les lieux fortifiés (l. 10-11 :… καὶ πόλιν καὶ λιμένας καὶ ὁρματήρια παρέχει<ν>.. .)114. Cela se traduit, dans la suite de la convention, par l’envoi sur place de « commandants » rhodiens, qui dirigeront les forces navales hiérapytniennes (l. 60-61 :… καὶ τοὶ ἄρχοντες τοὶ ἀποστελλόμενοι ὑπὸ Ῥοδίων | ἐπὶ τᾶν ναυτικᾶν δυναμίων ἐπιμελέσθω τᾶς πόλιος τᾶς | Ἱεραπυτνίων...)
100Kios, au moment où elle entra en isopolitie avec la ligue étolienne (à l’époque de la première guerre de Macédoine), connaissait depuis plusieurs années une période difficile, tant sur le plan financier que politique115. S’ajoutait la menace directe du royaume bithynien. La ligue étolienne, sollicitée, y dépêcha un stratège « chargé de gouverner la cité »116.
Les délais de mise en œuvre de l’assistance
101Les délais étaient plus ou moins importants suivant la position géographique respective des cités partenaires. Ils étaient de 5 jours (à compter de celui où était dépêchée l’ambassade) dans le cas de la convention entre Scepcis et Parion117 ; de 10 jours dans le cas de la convention symmachique entre Termessos et Adada (dans le sud-est de la Pisidie)118. Dans le traité entre Rhodes et Hiérapytna119, le délai entre le moment où Rhodes lancait son appel à l’aide et celui où l’assistance devait être effectivement fournie par les Hiérapytniens, était fixé à 30 jours120 (l. 15-18 : ... εἰ δέ κα ὁ δάμος ὁ Ῥοδίων | μεταπέμπηται συμμαχίαν παρὰ Ἱεραπυτνίων, ἀποστελλόντων | τὰν συμμαχίαν Ἱεραπύτνιοι ἐν ἁμέραις τριάκοντα, ἀϕ’ ἇς | κα παραγγείλωντι Ῥόδιοι...). Les mêmes délais prévalaient pour toute aide rhodienne promise à Hiérapytna (l. 75-76).
Les moyens militaires à fournir
102La précision des textes varie considérablement. La convention d’Isopolitie de Milet avec Héraclée du Latmos121, indique de manière très vague qu’en cas d’attaque contre la cité milésienne, son territoire ou ses fortins, sa nouvelle alliée devrait intervenir παντὶ σθένει, « avec toutes ses forces » (l. 39). Au contraire, très précis, le traité Rhodes – Hiérapytna122 prévoyait la mobilisation de deux types de troupes. Troupes civiques, tout d’abord. Si Rhodes était menacée, Hiérapytna devrait y expédier 200 hoplites, dont la moitié serait des citoyens (la cité crétoise d’Olos, elle aussi liée à Rhodes à la même époque, devait fournir 100 hommes dont 50 citoyens)123. Rhodes concéda toutefois que si Hiérapytna était, elle-même, en guerre, elle enverrait le nombre de soldats qu’elle pourrait (l. 18-21 :… ἄνδρας διακοσίους ὅπλα ἔχοντες, εἴ | κα μὴ ἐλασσόνών χρείαν ἔχωντι Ῥόδιοι · τῶν δὲ ἀποστελλομέ|νων έόντων μὴ ἐλασσους τῶν ἡμίσων Ἱεραπύτνιοι. Vac. εἰ δέ κα | πόλεμος περιέχηι Ἱεραπυτνίους, ἀποστελλόντων ὅσους κα{τὰ} δυ-|νατὸν ἦι αὐτοῖς…). Troupes mercenaires crétoises, d’autre part : même si cela n’est pas expressément dit, Hiérapytna était probablement chargée de faciliter leur recrutement sur place avant leur convoyage jusqu’à Rhodes (l. 39-44). Le traité stipulait qu’en cas de guerre menée contre la piraterie et contre toute cité qui accueillerait ou assisterait celle-ci, Rhodes recevrait l’aide directe de Hiérapytna, sans précision sur la nature des effectifs (l. 51-56 : … καὶ εἴ κα συνίσταται | λᾳστήρια ἐν Κρήται καὶ ἀγωνίζωνται Ῥόδιοι κατὰ θάλασσαν | ποτὶ τοὺς λᾳστας ἢ τοὺς ὑποδεχομένους ἢ τοὺς συνεργοῦντας | αὐτοῖς, συναγωνιζέσθω καὶ Ἱεραπύτνιοι κατὰ γᾶν καὶ κατὰ | θάλασσαν παντὶ σθένει κατὰ <τὸ>δυνατὸν τελέσμασι τοῖς αὑ|τῶν…). En retour, Hiérapytna pouvait faire jouer la clause d’assistance dans des conditions précisées par le traité (privation de ses revenus tirés de la mer, atteintes à son régime politique) et attendre de Rhodes l’envoi, là aussi, de deux types de troupes : troupes civiques, sous la forme de deux trières (l. 66-70) ; troupes mercenaires, que les Rhodiens aideraient à recruter, en Asie (l. 82-84 :… εἰ δέ κα ξενολογήσωντι Ἱεραπύτνιοι ἐκ τῆς Ἀσίας εἰς ἴδιο[ν]| πόλεμον, πάντα τὰ δυνατὰ συμπρασσόντων αὐτοῖς Ῥόδιοι εἰς τὸ ἀσϕαλῶς διακομισθῆμεν τὸ ξενολόγιο[ν]| εἰς Ἱεράπυτναν …).124125
103La mobilisation des troupes était à la charge de la cité sollicitée, qui disposait de ses archives pour mener à bien cette tâche. La documentation archivistique restait en sa seule possession, sauf cas particulier prévoyant l’envoi d’une copie dans la cité partenaire dominante. Les « secrétaires des troupes » à Magnésie du Sipyle126 durent ainsi faire parvenir à Smyrne la liste des cavaliers et des fantassins répartis en bataillon (l. 45-46). Les Smyrniens disposaient ainsi d’une estimation précise des forces mobilisables chez les Magnètes.
Le convoyage des troupes
104Le convoyage des troupes était du ressort de la cité qui sollicitait l’aide. Dans le cas de troupes mercenaires, c’était du ressort de la cité qui aidait sa partenaire dans leur recrutement. Le traité Rhodes – Hiérapytna127 distingue, en vertu de cette logique, quatre cas de figure. Premier cas, Hiérapytna dépêche à Rhodes des troupes régulières : les Rhodiens s’engagent alors à assurer leur convoyage depuis la Crète (l. 22-24 :… τοῖς δὲ πεμπομένοις παρὰ Ἱεραπυτνίων παρ|εχόντων Ῥόδιοι πορεῖα εἰς τὰν διακομιδὰν τὰν ἐκ Κρήτας εἰς Ῥοδον…)128. Second cas, Hiérapytna aide au recrutement des troupes mercenaires : elle est responsable de leur sécurité, dans les limites de son territoire et au-delà (dans les îles alentours). Tout doit être entrepris, convoyage compris semble-t-il, pour que celles-ci soient mis à la disposition des Rhodiens (l. 39-44 :… εἰ | δέ κα ξενολογίου χρείαν ἔχωντι Ῥόδιοι ἐκ Κρήτας, παρεχόντων | Ἱεραπύτνιοι ἀσϕάλειαν τῶι ξενολογίωι ἐν τᾶι πόλει, παρεχόντων| δέ καὶ ἐν τᾶι χώραι καὶ ταῖς νάσοις ταῖς παρ᾿ αὑτῶν κατὰ | τὸ δυνατόν, καὶ πάντα συνεργούντων εἰς τὸ συντελεσθῆμεν | Ῥόδιοις τὸ ξενολόγιον...). Troisième cas, Rhodes envoie des troupes régulières à Hiérapytna : celle-ci prend à sa charge leur convoyage (l. 48-51). Quatrième cas, Rhodes aide à recruter des mercenaires : elle les convoiera jusqu’en Crète (l. 82-84).
Le financement de l’assistance
105Un point important était celui des soldes versées aux troupes de secours.
106La convention symmachique entre Scepcis et Parion prévoyait une clause de ce type, malheureusement mutilée129. On sait avec plus de certitude que la petite cité lycienne d’Araxa (milieu du IIème siècle av. J.- C.) versait elle-même leurs soldes aux troupes qu’elles mettait à la disposition de la ligue lycienne130.
107Dans ses traités, Rhodes imposa des règles de financement, qui étaient, en dernier ressort, toujours à son avantage. Mais d’un cas à l’autre, on constate des traitements assez différents. Dans la convention avec Hiérapytna131, les clauses financières paraissent assez équilibrées. Si les Rhodiens sollicitaient l’aide des Hiérapytniens au cours des quatre premières années de l’alliance, ils s’engageaient à verser une solde journalière de 9 oboles rhodiens à chaque soldat hiérapytnien et une de 2 drachmes à leurs commandants (à partir d’un certain grade)132, depuis le jour de leur arrivée à Rhodes (l. 24-29 : … καὶ εἰ μέν κα τὰ<ν> συμμαχίαν μεταπέμπωνται | Ῥόδιοι ἐν τέσσαρσι τοῖς πράτοις ἔτεσιν, ἀϕ’ ἇς κα παρα|γένωνται ἁμέρας εἰς Ῥόδον οἱ σύμμαχοι διδόντων ἑκάστῳ | ἀνδρὶ Ῥόδιοι ἑκάστας ἁμέρας ἐννέ ᾿ ὀβολοὺς Ῥοδίους, τοῖς δὲ | ἁγεμόσι ἁγουμένοις ἑκάστωι ἀνδρῶν μὴ ἐλασσόνών πεντή|κοντα διδόντων ἑκάστωι τᾶς ἁμέρας ἑκάστας δραχμὰςδύο...…). Cette obligation tombait au-delà de la quatrième année, le versement des soldes incombant alors à Hiérapytna pendant trente jours, terme au-delà duquel les Rhodiens prendraient la suite (l. 29-35 :… εἰ | δέ κα μετὰ τὸν γεγραμμένον χρόνον μεταπέμπωνται Ῥόδιοι | τὰν συμμαχίαν, τὰ μὲν ἄλλα γινέσθω κατὰ ταὐτά, ἀϕ᾿ ἇς δέ κα | ἔλθωντι ἁμέρας τοὶ ἀποστελλόμενοι σύμμαχοι παρὰ Ἱεραπυ|τνίων εἰς Ῥόδον, παρεχόντων Ἱεραπύτνιοι τοῖς ἁποσταλεῖσι συμ|μάχοις τὰ ὀψώνια ἁμέρας τριάκοντα, τοῦ δὲ ὐπολοίπου χρόνου | διδόντων Ῥόδιοι καθὰ γέγραπται…). Dans le sens contraire, l’aide rhodienne dépêchée à Hiérapytna était prise en charge par celle-ci suivant des modalités précises. La première, très générale, stipule que cette aide rhodienne devait recevoir, sur place, toute l’assistance possible (l. 48-51 :… ταῖς δὲ | δυνάμεσι ταῖς ἀποστελλομέναις ὑπὸ Ῥοδίων πάντα συμπρασ|σόντων Ἱεραπύτνιοι κατὰ δύναμιν τὰν αὑτῶν, πᾶσαν πρόνοιαν | ποιούμενοι καθότι καὶ τῶν ἰδίων πολιτᾶν). Selon la seconde, plus précise, l’expédition de deux trières dépêchées par Rhodes, en cas d’appel à l’aide, serait financée par des fonds rhodiens pendant les deux premiers mois ; au-delà Hiérapytna financerait à hauteur de 10 000 drachmes par trière et par mois (l. 71-72 :… [τὰ δὲ τελεύμενα εἰς τὰς τριήρεις μηνῶ]ν δύ[ο] διδόν[τω]ν Ῥόδιοι · τοῦ [δὲ] ὐπολοίπου χρόνου δι[δ|όντων Ἱεραπύτνιοι εἰς ἑκατέραν] τριήρη τοῦ μηνὸς ἑκάστου δραχ|μὰς μυρίας). Il y avait une tentative de répartition de l’effort financier. Plus dur apparaît le traitement réservé à la cité d’Olos133 : pas de clause liminaire prévoyant pendant les quatre premières années de l’alliance un financement rhodien en cas d’appel à l’aide. Olos aurait la charge des soldes de ses propres troupes pendant les 30 premiers jours de l’expédition, terme au-delà duquel Rhodes prendrait la relève, à raison de 8 oboles par jour et par hommes et 2 drachmes pour les commandants (l. 37 sq.)
L’assistance matérielle et économique aux particuliers
108Certains traités liant deux cités, dont les territoires étaient adjacents, prévoyaient l’ouverture de ces derniers aux citoyens de la communauté alliée, qui fuiraient devant une invasion. Cette mesure pouvait être assortie de clauses d’allègement ou d’exemption fiscale. Ainsi du traité d’isopolitie entre Milet et Héraclée du Latmos134, qui prévoyait une exemption fiscale sur les biens immobiliers et les troupeaux que les Milésiens seraient désireux de mettre à l’abri en les transportant à Héraclée ou en leur faisant traverser le territoire héracléote (l. 67-70 ; 72-77). Même mesure pour les habitants d’Héraclée (l. 70-72). Les barrières douanières étaient alors levées mais les paysans devaient jurer qu’ils agissaient sous la contrainte d’une agression. La convention entre Milet et Pidasa, qui ne soumettait pas à condition (celle d’une agression) les clauses fiscales135, témoigne, dans l’ensemble, d’un souci manifeste pour l’intégration des Pidaséens dans la cité milésienne en aménageant une phase transitoire, pendant laquelle Pidasa jouirait notamment d’exemptions temporaires.
Conclusion sur les clauses : à propos des finalités des conventions
109Si les clauses militaires les plus explicites (concernant les délais de mise en œuvre des aides, les questions de solde et d’effectif) trouvent place dans les traités symmachiques, les conventions d’isopolitie et de sympolitie ne sont pas dénuées de règles stipulant un partenariat éventuel en cas d’agression. L’essentiel des règles énoncées traitait avec une précision plus ou moins grande de l’organisation de l’aide, dans ses aspects proprement matériels et financiers. Mais on constate qu’elles n’envisageaient jamais les conséquences d’un conflit. Il n’était ainsi jamais question du partage du butin ou d’un quelconque profit. Une exception, semble-t-il : le traité entre Rhodes et Hiérapytna136, dans une de ses clauses, prévoyait que les pirates capturés et leurs navires devraient être remis à Rhodes et que tout le reste ferait l’objet d’un partage entre les deux alliés (l. 56-58 :… καὶ τοὶ μὲν λᾳσταὶ τοὶ ἁλισκόμενοι καὶ τὰ πλοῖα αὐτῶν | παραδιδόσθω Ῥοδίοις, τῶν δὲ ἄλλων ἔστω τὸ μέρος ἑκάστωι | τῶν συναγωνιξαμένων). Les Rhodiens semblent ainsi s’être réservés les profits éventuellement tirés de la vente en esclavage des pirates crétois.
110Ce sont ces mêmes Rhodiens, qui avaient dénoncé, dix ans plus tôt, le traité d’alliance entre les Etoliens et Rome en 212/211 av. J.- C., sous le prétexte qu’il était une incitation à la violence, une machine de guerre contre les Grecs : Vous dites que vous faites la guerre à Philippe pour le bien des Grecs et pour que, sauvés par vous, ils n’aient plus à lui obéir ? Mais en fait vous combattez pour asservir et ruiner la Grèce. C’est bien là ce que prévoient les clauses de votre traité avec les Romains, un traité qui ne fut d’abord qu’un texte, mais qu’on voit aujourd’hui se traduire dans les faits… (discours du Rhodien Thrasycratès devant les Etoliens)137. La convention prévoyait en effet, en échange d’une aide aux armées romaines face à Philippe V, la reconnaissance des conquêtes étoliennes. Aux Romains le butin, aux Etoliens les villes138.
111Les Rhodiens ne se scandalisaient point à l’idée que les Etoliens pussent faire du butin et même que cette possibilité trouvât une formulation dans une des clauses du traité. Eux-mêmes prévirent cette perspective dans leur convention avec Hiérapytna (voir supra). L’objet du scandale résidait dans l’intention générale du traité, qui avait un caractère offensif avéré. L’offre d’une assistance n’était qu’un prétexte à une politique déclarée de conquête et de butin. La réputation peu flatteuse des Etoliens et le fait que des cités grecques pussent en être les victimes ajoutaient à la colère des Rhodiens.
112Il faut rappeler à quelles fins servaient traditionnellement et « normalement » les conventions prévoyant une assistance. Elles sont principalement de quatre sortes :
113En premier lieu, il importait, s’agissant d’une cité indépendante, de se prémunir contre la menace d’une armée royale. On relève dans ce cas les alliances de Rhodes avec Hiérapytna et de Cos avec Calymna, toutes deux contre Philippe V en 201/200 av. J.- C. Dans le même esprit, on citera l’aide apportée par les Rhodiens à Sinope vers 220 av. J.- C., alors en passe d’être assiégée par les armées pontiques de Mithridate IV.
114La menace pouvait provenir, en second lieu, d’une cité voisine puissante, dont on voulait se protéger en se rapprochant d’une autre communauté de la région. Ainsi de la sympolitie conclue entre Mylasa et Eurômos après 167 av. J.- C., pour faire pièce aux velléités d’Héraclée du Latmos située plus au nord139. Ainsi de la convention entre Milet et Pidasa, face à Héraclée du Latmos encore une fois. De même, après 167 av. J.- C., la petite cité de Keramos en Carie, après la rupture d’une sympolitie imposée par sa voisine Stratonicée, connut une période d’insécurité, qui touchait toute la région (voir supra pour le contexte historique régional), et à laquelle elle mit fin en contractant une alliance avec Rhodes140.
115En troisième lieu, un danger extérieur, étranger à la région, pouvait se profiler. La menace galate, apparue en Anatolie à partir des années 270 av. J.- C., renforça certaines solidarités locales. Si certaines cités se retrouvèrent incontestablement seules face aux agressions (par exemple Erythrée et Priène)141, d’autres trouvèrent une aide décisive auprès de leurs voisines. En 216 av. J.- C., Alexandreia – Troas dépêcha un corps expéditionnaire à Ilion, alors pressée par les bandes galates142.
116Enfin, une alliance pouvait trouver à se matérialiser, s’il s’agissait de se défendre des velléités d’un tyran local ou d’en libérer une cité voisine. C’est ce que suggère un épisode relaté dans le décret d’Araxa pour Orthagoras143 : Quand, successivement, Xanthos et Tlos versèrent soudainement dans la tyrannie, la ligue lycienne y dépêcha une armée fédérale (après 167 av. J.- C.). La même situation survint, quand les Ephésiens, vers 300/297 av. J.- C., soutinrent les démocrates priéniens contre le tyran Hiéron (voir infra).
117D’une manière générale, toutes ces conventions avaient un caractère défensif avéré. Leurs clauses, rédigées dans cet esprit, ne visaient nullement à légitimer une politique de conquête ou de pillage, à l’instar du traité romano-étolien. On connaît quelques cas d’alliances offensives : celle entre Selgé et des alliés non identifiés, qui convoitèrent la petite cité de Pednelissos en Pisidie méridionale pendant l’été de 218 av. J.- C.144 ; celle rapprochant, en 189 av. J.-C., les deux cités pamphyliennes de Telmessos et Philomelium aux dépens d’Isinda145 ; celle entre Mylasa et Alabanda, qui envahirent le pays d’Euromos en 167 av. J.- C.146. Encore ces alliances n’avaient-elles qu’un caractère temporaire et limité, que renforçait la portée très locale de leurs rivalités de voisinage.
IV. L’application pratique des conventions d’assistance et leur efficacité
118On sait grâce aux sources qu’un certain nombre de conventions, officiellement conclues entre deux cités et comportant des clauses d’assistance plus ou moins explicites, trouvèrent une traduction dans les faits.
119Peut-on déjà avoir une idée de la durée effective de ces conventions d’assistance ?
120À défaut d’une documentation explicite sur ce point, on est obligé de procéder par recoupements et par hypothèses. Ainsi du traité entre Milet et Héraclée du Latmos. On ne connaît pas la date précise de sa signature (vers 186/185 av. J.- C. ?), du moins subodore-t-on qu’entre sa conclusion et son application dans le cadre de la guerre magnéso-milésienne (après 184 av. J.- C.) il a dû s’écouler un ou deux ans. De même sommes-nous réduits aux mêmes conjectures concernant l’isopolitie entre les Etoliens et Kios : Le traité, dont la conclusion se situe probablement pendant la première guerre de Macédoine (entre 215 et 205 av. J.- C.), était encore en vigueur en 202 av. J.- C. Au moins deux raisons incitent à penser que ces conventions avaient toute chance de durer parfois. D’une part, les tutelles royales pouvaient y trouver leur compte dans le jeu complexe des rapports de force. D’autre part, l’instabilité chronique des régions d’Asie Mineure incitait à la fidélité dans les alliances. L’exemple de Keramos, un temps liée (mais pendant combien de temps ?) par sympolitie à Stratonicée, avant qu’elle ne rompît avec elle pour s’allier à Rhodes, trahit, en même temps, la fragilité et l’ambiguïté des relations entre les cités.
121L’assistance promise ou imposée eut ses effets escomptés dans certains cas, dans d’autres non. L’important est que les cités sollicitées furent très souvent capables de se mobiliser. Les démarches entreprises par Sinope, vers 220 av. J.- C., auprès de Rhodes pour solliciter son aide aboutirent effectivement, malgré la distance considérable entre les deux cités, au financement d’une aide matérielle conséquente147. L’alliance recherchée par Keramos auprès de Rhodes après 167 av. J.- C. remplit les attentes de la petite communauté carienne, qui retrouva la sécurité pour ses citoyens et son territoire :… δι᾿ ἧς συνβέβηκεν οὑ μόνον τοῖς πολίταις τὴν ἀσϕάλειαν ὑπ[άρχειν εἰς] τὸν ἀεὶ χρόνον ἀλλὰ καὶ τοῖς κατοικοῦσιν τὴν πόλιν καὶ τὴν χώραν …148.
122L’expression ἐπὶ συμμαχίαν (« en vertu de l’alliance ») rencontrée quelque fois dans les décrets exprime la traduction effective d’une alliance de type symmachique : par exemple, au sujet de l’aide que Samos apporta à Iasos « en vertu du traité » passé entre les deux cités (vers 100 av. J.- C.)149. De même, certains traités d’isopolitie, qui ouvraient la possibilité d’une assistance, débouchèrent sur une application pratique. On citera, dans ce cas, la convention passée entre Milet et Héraclée du Latmos vers 185/184 av. J.- C. L’année suivante ( ?) les Milésiens, dans leur guerre contre Magnésie du Méandre, comptèrent dans leurs rangs des Héracléotes. Le traité de paix passé entre Milésiens et Magnètes dit explicitement que s’affrontèrent alors deux coalitions, Milésiens et Héracléotes contre Magnètes et Priéniens150.
123La nature de l’assistance effectivement fournie, tantôt précisée dans les clauses des traités symmachiques en particulier, tantôt définie en dernière extrémité quand s’étaient établis les contacts diplomatiques entre les deux cités, correspondait à ce que les cités étaient en mesure de mobiliser pour leur propre compte.
124On rappellera que ces moyens n’étaient pas négligeables et correspondaient à une incontestable capacité des communautés civiques à organiser leurs forces, à les mobiliser et à les employer quand la situation l’exigeait151 : contingents civiques, effectifs mercenaires supplétifs, forces navales attestées à Cyzique, Chios, Cos… Une formation militaire des jeunes citoyens continuait d’être dispensée dans les gymnases, où l’on enseignait non seulement le maniement des armes hoplitiques traditionnelles mais aussi, occasionnellement, celui des matériels de guerre, comme la catapulte152. Nanties donc de moyens conséquents et d’une volonté politique de les utiliser, si la nécessité l’imposait, les cités purent développer trois formes d’assistance principales.
125On dispose, à cet égard, de quelques chiffres :
Les effectifs militaires déployés par les cités
126Les effectifs militaires consistaient soit en troupes terrestres – fantassins ou cavaliers, soit en moyens navals. Les éléments d’infanterie avaient une origine civique ou mercenaire. On a vu plus haut ce que Rhodes exigeait de ses alliés plus ou moins assujettis, vers 200 av. J.- C. : de Hiérapytna, 200 hoplites dont 100 devaient être des citoyens ; d’Olonte, 100 hoplites, dont 50 seraient des citoyens. Des effectifs beaucoup plus considérables pouvaient être alignés. En 218 av. J.- C., la coalition contre Selgè suscitée par Pednelissos et appuyée par Garsyeris, un lieutenant d’Achaïos, réunit 8 000 hommes venus d’Etenna, une localité située au nord de Sidé, et 4 000 hommes d’Aspendos153. On ignore si c’étaient des mercenaires ou des contingents locaux. En face, Selgè, l’agresseur, avait complété ses effectifs civiques par des soldats de métier154. En 216 av. J.- C., 4 000 hommes furent envoyés par Alexandreia Troas au secours d’Ilion, alors menacée par les Galates155.
127Le décret d’Araxa pour Orthagoras156, sans fournir de chiffres, donne deux indications précieuses sur le type de troupes mobilisables par une cité aussi petite qu’Araxa : contre les tyrans de Xanthos et Tlos, cette communauté fournit à la ligue lycienne un détachement de neanivskoi, des « jeunes gens » qui devaient accomplir alors leur éphébie ; contre Termessos, la même cité mobilisa, cette fois, un contingent de cavalerie157.
128Comme moyens navales, Samos dépêcha à Iasos un navire cataphracte avec son équipage de fantassins158. De même, Rhodes et Cyzique dépêchèrent, à l’automne 200 av. J.- C., respectivement une tétrère et une trière à Abydos159.
La fourniture de matériels militaires
129L’exemple le plus clair est celui de la convention passée entre Sinope et Rhodes. Nantie de 140 000 drachmes, la commission créée ad hoc par les instances rhodiennes acheta le matériel demandé par les Sinopéens pour faire face au siège, que Mithridate IV menaçait de leur imposer. Polybe donne la liste des fournitures160 : 10 000 amphores de vin, 300 talents de cheveux tressés, 100 talents de boyaux traités, 4 catapultes et leurs servants, l’armement complet pour 1 000 hommes. Le vin, dont la présence à côté de matériels spécifiquement militaires pourrait étonner, devait servir probablement de remontant moral aux défenseurs de la place. Aux 1 000 boucliers, lances, épées et cuirasses s’ajoutaient 4 catapultes avec le matériel de réparation indispensable (les cheveux tressés et les boyaux servaient à fabriquer le mécanisme de torsion). Ces catapultes, une fois transportée à Sinope, trouvèrent effectivement place dans le système défensif élaboré par les Sinopéens, qui avaient fortifié tout le pourtour de la presqu’île, sur laquelle était bâtie la ville. Des plates-formes furent aménagées à cette fin le long de la palissade et les Sinopéens prévirent d’y entreposer des projectiles de cata pulte.
130Un autre exemple moins précis, mais tout aussi évocateur à Ephèse. Vers 300/297 av. J.- C., les instances de la cité, qui obéissaient alors à l’autorité de Démétrios Poliorcète, eurent à se prononcer sur une requête formulée par des exilés priéniens. Bannis depuis trois ans par un certain Hiéron, qui s’était autoproclamé tyran, ceux-ci avaient réussi à reprendre pied sur le territoire de leur cité en se retranchant dans un fortin appelé Karax. De là ils avaient député une ambassade à Priène pour y demander du matériel, dont des armes161 :
[3] ... ὕ]στερον δὲ ἀποστείλαντες πρεσβείαν πρὸς τὸν δῆμον ῆξίω σαν ὅπλα τε αὐτ[οῖς
δοῦναι καί χρήματα πρὀς ϕυλακὴν τοῦ ϕρ]ουρίου, καὶ ἔϕασαν, ἄμ μὲν ὦσιν αὐτοὶ δυνατοί, διασώισειν τὸγ Χάρακα
[5] [καὶ τὸ ϕρούριον · ἂν δὲ μὴ ὦσιν, δύναμιν π]ροσλήψεσθαι παρὰ τοῦ δήμου τὴν συνδιαϕυλάξουσαν αὐτοις το ϕρουρίον vac.
[δεδόχθαι τῆι βουλῆι καὶ τῶι δήμωι · ἐπαινέ]σαι τῶμ πολιτῶν ἐκ Πριήνης τοὺς ἐν τῶι Χάρακι ὄντας, ὅτι διαϕυλάττου-
[7] [σιν τὴμ πρὸς τοὺς συμμάχους πίστιν καὶ εὐμέ]νειαν καὶ τῆς προυπαρχούσης ἡμῖν ϕιλίας ἂξια καὶ λέγουσι καὶ πράττουσιν, δοῦνα[ι
δὲ αὐτοῖς τά τε ὅπλα καὶ τὰ χρήματα...
131Les Ephésiens, avec le consentement du représentant de Démétrios Poliorcète, Ainetos, accédèrent à la demande des démocrates priéniens. Une commission composée de magistrats, les Essènes et les conseillers préposés aux affaires de Priène, fut chargée de rassembler l’argent nécessaire à l’achat des armes162. Nous avons à nouveau ici l’illustration du caractère concret et volontaire d’une convention d’assistance : les instances politiques créèrent une commission ad hoc chargée des affaires priéniennes, dont le but était de soutenir les Priéniens exilés et de diriger la guerre contre Hiéron. Toute la cité se mobilisa politiquement et financièrement, avec l’accord de son autorité tutélaire, pour dispenser du secours, en résolvant tous les problèmes matériels et financiers qui surgiraient.
L’aide financière
132Venaient parfois, en complément de l’aide matériel ou à la place de celle-ci, des mesures d’ordre financier.
133Les Ephésiens, afin de pourvoir le fond destiné à l’achat des armes pour les Priéniens, vendirent leur droit de cité à des étrangers à raison de 6 mines par tête. C’était une souscription publique, dont à vrai dire la majorité des sommes recueillies irait au remboursement d’emprunts contractés par les citoyens d’Ephèse, le reliquat servant à financer l’aide aux Priéniens. Une estimation de la somme perçue peut être avancée : étant donné que le nombre des nouveaux citoyens oscilla entre 10 et 19 individus, l’argent récolté a dû s’élever au moins à 1 talent (6 000 drachmes)163. Ephèse, saisissant l’occasion de la requête prienienne, trouva moyen, de manière très pragmatique, de résoudre ses problèmes financiers. Elle ne se déroba pas moins à ses obligations envers les Priéniens.
134En 220 av. J.- C., Sinope obtint, pour sa part, en plus des catapultes et des armement, une allonge de 3 000 statères d’or (don ou prêt ?)164.
135On peut assimiler à ce type d’aide les mesures fiscales prises dans le cadre de certaines conventions de sympolitie, comme entre Milet et Pidasa (voir supra).
L’aide politique et diplomatique
136Avant d’en venir à l’emploi de moyens militaires, les ambassades constituaient un outil non dénué d’importance dans la défense des intérêts de la partie alliée. On citera en exemple l’envoi, promis par Rhodes à la cité de Iasos, d’une ambassade auprès d’Olympichos et de son subordonné Podilos pour leur faire entendre raison et faire cesser leurs agressions contre les Iasiens. Les Rhodiens étaient prêts à faire pression sur ceux-ci, en les menaçant d’en référer à leur autorité de tutelle, c’est-à-dire Philippe V de Macédoine, et à prendre des mesures militaires adaptées. Autre illustration, l’ambassade envoyée par Mylasa à Héraclée du Latmos (IIème siècle av. J.- C.) pour y défendre les intérêts de la cité partenaire Eurômos, qui venait d’être victime des razzias perpétrées par les Héracléotes165.
137L’efficacité de ces différentes formes d’assistance était réelle. Leur succès dépendait des rapports de force et des aléa du moment. Si l’aide rhodienne à Sinope se révéla vaine à long terme, si Abydos, en dépit de Cyzique et de Rhodes, succomba sous les coups de Philippe V, de telles coalitions eurent, en d’autres circonstances et sur d’autres terrains, gain de cause, même contre des armées royales : ainsi, en 190 av. J.- C., une escadre rhodienne, renforcée de deux quinquérèmes, l’une de Cos, l’autre de Cnide, réussit à contraindre les troupes d’Antiochos III à lever le siège de la localité de Daidala en Carie166. Philippe V de Macédoine fut conscient des difficultés que de telles alliances pouvaient lui causer, lorsqu’il opéra en Asie Mineure en 201/200 av. J.- C. Cette prise de conscience l’amena, comme l’a suggéré de manière convaincante W. E. Thompson, à dissoudre (en plus de la coalition entre Périnthe et Byzance) les deux alliances entre Rhodes et Nysiros et entre Cos et Calymna, preuve de leur efficacité potentielle167. Les conventions coïennes et rhodiennes étaient d’un type particulier, puisqu’elles entraient dans le cadre d’une sympolitie, Nysiros et Calymna ayant été absorbée respectivement par Rhodes et Cos dès l’époque de la guerre crétoise (206/204 av. J.- C.). L’activité et la disponibilité militaire des deux petites communautés pour leur cité tutélaire convainquit Philippe de s’en emparer après sa victoire de Ladé sur la flotte rhodienne et de leur redonner leur indépendance. Cos et Rhodes s’empressèrent d’y rétablir leur autorité.
Conclusion générale
138La question que l’on posait en préambule était celle de l’aptitude des cités à conclure entre elles des conventions plus ou moins formelles, débouchant sur une assistance effective. Etaient-elles, en fait, capables d’appréhender une menace et de lui apporter des solutions adaptées ?
139Le premier moyen de répondre à cette question serait de distinguer entre cités indépendantes et cités sujettes. Dans le cas des premières, cette capacité coulerait de source, puisqu’elle est l’une des principales prérogatives de leur statut, tandis que les secondes se seraient vues confinées au rang de spectatrices passives de la scène politique. Les documents que nous avons étudiés conduisent à un tout autre diagnostic. Plusieurs remarques s’imposent d’évidence : dans tous les traités, les organes politiques traditionnels furent à l’œuvre et s’appliquèrent à maîtriser les procédures législatives et diplomatiques ; le contenu des clauses, qui n’avait rien d’évanescent, répondait toujours à une attente précise de la communauté civique qui délivrait le traité ; en fait et surtout, le statut des cités, sujettes ou indépendantes, n’interférait pas fondamentalement dans la conception de la forme des conventions ; enfin, la cité fut capable de se mobiliser en conséquence.
140Tout cela révèle un trait essentiel de la mentalité des cités à l’époque hellénistique. Celles-ci, bien que sujettes à plus ou moins échéance, n’en gardèrent pas moins les réflexes et le comportement de cités libres, en particulier face à la menace de guerre. Toujours elles continuèrent d’intégrer les enjeux de la guerre, de concevoir des stratégies préventives comme de prendre des mesures dans l’urgence, de délibérer des solutions militaires, financières et diplomatiques à prendre. Leur ténacité et leur réalisme politique les conduisirent à conclure, le cas échéant, des conventions en accord avec les autorités de tutelle, en s’aidant et en s’appuyant sur elles. Cette aptitude se révélait d’autant plus flagrante, lorsque disparaissait le pouvoir tutélaire. En somme, la cité hellénistique continua de penser la guerre, d’en mesurer les dangers et d’en concevoir les solutions éventuelles.
Bibliographie
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WÖRRLE (M.), « Inschriften von Herakleia am Latmos I : Antiochus III, Zeuxis und Herakleia », Chiron, 18 (1988), p. 421-471.
Annexe
Annexe : Conventions entre cités traitant globalement ou en partie des questions d’assistance
1) Ephèse – démocrates priéniens (vers 300/297 av. J.- C.)
HILLER VON GAERTRINGEN (F.), Inschriften von Priene, p. 208, no 494 ; Syll.3, 363
Cf. HOLLEAUX (M.), REG, 29 (1916), p. 29-45 ; MIGEOTTE, L’emprunt public, p. 287-290, no 89
: constitution d’un fond pour l’achat de matériels dont des armes.
2) Scepcis – Parion (début de l’époque hellénistique)
ROBERT (J. et L.), Bull. épigr., 1972, 371
Cf. ROBERT (J. et L.), ibid.
: isopolitie et alliance symmachique
3) Teos – Kyrbissos (IIIème siècle av. J.- C.)
ROBERT (L.), OMS, VII, p. 297-235
: sympolitie
4) Smyrne – colons de Magnésie du Sipyle et de Palaimagnesia (244/243 av. J.- C. ?)
OGIS, 229 (SCHMITT, Staatsverträge, III, no 492 ; IHNKEN (Th.), I. Magnesia am Sipylos, no 1)
Cf. IHNKEN (Th.), ibid. ; COHEN, Seleucid Colonies, p. 15, 22, 60-61 ; ELWYN (S.), JHS, 110 (1990), p. 177-180
: annexion par Smyrne de Magnésie et de Palaimagnesia. Clauses d’assistance.
5) Rhodes – Sinope contre Mithridate IV, roi du Pont (vers 220 av. J.- C.)
POLYBE, IV, 56
Cf. WALBANK, A Historical Commentary on Polybius, p. 512
: constitution d’un fonds pour l’achat de fournitures de guerre
6) Cos – Sinope contre Mithridate IV, roi du Pont (vers 220 av. J.- C.)
HALLOF (L.), HALLOF (Kl.), HABICHT (Chr.), Chiron, 28 (1998), p. 137-140, no 21 (SEG, 48, 1097)
: ambassade coïenne à Sinope
7) Byzance – cités grecques contre les Celtes (vers 220 av. J.- C.)
POLYBE, IV, 46
: demande, sans suite, d’une aide militaire et financière
8) Iasos – Rhodes contre Olympichos (entre 220 et 214 av. J.-C.)
HOLLEAUX, Études, IV, p. 146-162 (I. Iasos, no 150)
Cf. MEADOWS (A.), Chiron, 26 (1996), p. 251-266.
: échange d’ambassades et promesse d’un appui militaire et politique
9) Selgé et alliés contre Pednelissos (été 218 av. J.- C.)
POLYBE, V, 72-76
Cf. WALBANK, A Historical Commentary on Polybius, p. 598-600 ; MA (J.), « Fighting poleis of the Hellenistic World », dans VAN WEES (H.), éd., Violence in Ancient Greece, p. 345
: alliance symmachique entre, d’une part, Selgé et des alliés (non nommés) et, d’autre part, Pednelissos, les Etenniens, Aspendos et Garsyeris, lieutenant d’Achaïos.
10) Abydos – Rhodes – Cyzique contre Philippe V (automne 200 av. J.- C.)
POLYBE, XVI, 30-34
Cf. WALBANK, A Historical Commentary on Polybius, p. 541-544 ;
WALBANK, Philip V of Macedonia, p. 132 sq. ; WILL, Histoire politique, II, p. 133-135
: assistance militaire
11) Ilion – Alexandreia Trôas contre les Galates (216 av. J.- C.)
POLYBE, V, 111
Cf. WALBANK, A Historical Commentary on Polybius, p. 633
: assistance militaire
12) Kios – Ligue étolienne contre Philippe V (entre 215 et 205 av. J.- C.)
POLYBE, XV, 23
Cf. WALBANK, A Historical Commentary on Polybius, II, p. 478
: isopolitie
13) Rhodes – Hierapytna contre Philippe V (entre 206/204 et 201 av. J.- C.)
SCHMITT Staatsverträge, III, no 551
Cf. AGER (S.L.), Historia, 40 (1991), p. 18-19 ; CHANIOTIS, Die Verträge zwischen Kretsichen Poleis in der hellenischen Zeit, p. 38 sq.
: alliance symmachique
14) Rhodes – Olonte contre Philippe V (entre 206/204 et 201 av. J.- C.)
SCHMITT, Staatsverträge, III, no 552
Cf. CHANIOTIS, Die Verträge zwischen Kretsichen Poleis in der hellenischen Zeit, p. 38 sq.
: alliance symmachique
15) Cos – Calymna contre Philippe V (vers 200 av. J.- C.)
SCHMITT, Staatsverträge, III, no 545
Cf. THOMPSON (W.E.), TAPhA, 102 (1971), p. 615-620 ; SHERWIN-WHITE (S.M.), Ancient Cos, p. 126-127 ; BAKER, Cos et Calymna, p. 15, n. 44
: sympolitie
16) Termessos – Adada (après 200 av. J.- C.)
TAM, III. 1, no 2
Cf. WILHELM (A.), Neue Beiträge, II (1912), p. 5-26
: alliance symmachique
17) Milet – Priène (après 200 av. J.- C.)
HILLER VON GAERTRINGEN (F.), Inschriften von Priene, no 28
: traité de paix
18) Daidala – Rhodes - Cos et Cnide contre Antiochos III (190 av. J.- C.)
TITE-LIVE, XXXVII, 22, 2
Cf. BRESSON (A.), « Rhodes and Lycia in Hellenistic Times », dans GABRIELSEN (V.), BILDE (P.), ENGBERG-PEDERSEN (T.), HANNES-TAD (L.) et ZAHLE (J.), éd., Hellenistic Rhodes : Politics, Culture and Society, Studies in Hellenistic Civilization, 9, Aarhus University Press, 1999, p. 109-110.
: assistance militaire
19) Milet – Myonte contre Magnésie du Méandre (188 av J.- C. ?)
HERRMANN (P.), MDAI, 15 (1965), p. 90-103
Cf. ROBERT (J. et L.), Bull. épigr., 1966, 375
: sympolitie
20) Milet – Pidasa contre Héraclée du Latmos ? (187-186 av. J.- C. ?)
REHM, Milet, I. 3, no 149
Cf. REHM, ibid. ; GAUTHIER (Ph.), « Les Pidaséens entrent en sympolitie avec les Milésiens : la procédure et les modalités institutionnelles », dans BRESSON et DESCAT, Cités d’Asie mineure, p. 117-129 ; MIGEOTTE, ibid., p. 129-137.
: sympolitie
21) Milet – Héraclée du Latmos (185/184 av. J.- C. ?)
REHM, Milet, I. 3, no 150
Cf. REHM, ibid. ; HERRMANN (P.), « Milet au IIe siècle a. C. », dans BRESSON et DESCAT, Cités d’Asie mineure, p. 109-116
: traité d’alliance
22) Caunos – Cibyra contre Rhodes (167 av. J.- C.)
POLYBE, XXX, 5
: alliance symmachique
23) Calynda – Cnide et Rhodes contre Caunos (163 av. J.- C.)
POLYBE, XXXI, 4-5
Cf. BRESSON (A.), REA, 100 (1998), p. 82
: assistance militaire
24) Koinon lycien contre Kibyra (après 167 av. J.- C. ?)
POUILLOUX (J.), Choix d’inscriptions grecques, p. 32, no 4 (SEG, 18, 570)
Cf. ROBERT (J. et L.), Bull. épigr., 1950, 183 ; ERRINGTON (M.), Chiron, 17 (1987), p. 114-118 ; ZIMMERMAN (M.), Klio, 75 (1993), p. 126 sq ; BRESSON (A.), REA, 100 (1998), p. 87.
: opérations militaires communes
25) Keramos – Rhodes contre Stratonicée (après 167 av. J.- C.)
HICKS (E.L.), JHS (1890), p. 114 sq. (MICHEL, Recueil, no 458)
Cf. ROBERT (L.), Villes d’Asie mineure, p. 60-61
: Alliance symmachique
26) Koinon lycien contre les tyrans de Tlos et Xanthos (après 167 av. J.- C. ?)
POUILLOUX (J.), Choix d’inscriptions grecques, p. 32, no 4 (SEG, 18, 570)
Cf. ROBERT (J. et L.), Bull. épigr., 1950, 183
: alliance militaire
27) Priène et Rhodes contre Ariarathe V et Attale II (156 av. J.- C.)
HILLER VON GAERTRINGEN (F.), Inschriften von Priene, no 108
Cf. HILLER VON GAERTRINGEN (F.), ibid. ; WILL, Histoire politique, II, p. 372 et p. 383
: demande, sans suite, d’une assistance auprès des Rhodiens
28) Mylasa – Eurômos contre Héraclée du Latmos (fin du IIème s. av. J.- C. ?)
I. Mylasa, no 102
Cf. ROBERT (L.), Villes d’Asie mineure, p. 59
: sympolitie
29) Samos – Iasos (vers 100 av. J.- C.)
ROBERT (L.), OMS, I, p. 568, n. 1
: aide navale
Notes de bas de page
1 OGIS, 229 (I. Smyrna, no 573 ; I. Magnesia am Sipylos, no 1), cf. SCHMITT (H.H.), Die Staatsverträge der griechisch-römischen Welt von 338 bis 200 v. Chr., Munich, C. Beck, 1969, vol. 3, p. 163, no 492 (sera cité sous la forme SCHMITT, Staatsverträge, III).
2 SCHMITT, Staatsverträge, III, p. 172-173.
3 POLYBE, XVI, 30-34.
4 POLYBE, XVI, 31.
5 POLYBE, XXXIII, 6 et I. v. Priene, no 108.
6 MA (J.), Antiochus III and the Cities of Western Asia Minor, Oxford, 2000, p. 173, en particulier.
7 REHM (A.), Milet, 1.3. Das Delphinion in Milet, no 143 (sera cité sous la forme REHM, Milet, I. 3). SCHMITT, Staatsverträge, III, p. 270. Pour la nouvelle chronologie des documents milésiens : WÖRRLE (M.), « Inschriften von Herakleia am Latmos I : Antiochos III., Zeuxis und Herakleia », Chiron, 18 (1988), en particulier p. 428-448 ; ERRINGTON (R. M.), « The Peace Treaty between Miletus and Magnesia (I. Milet, 148) », Chiron, 19 (1989), p. 279-288. Cf. HERRMANN (P.), « Milet au IIe siècle a. C. », dans BRESSON et DESCAT, Cités d’Asie Mineure, p. 109-116.
8 Tableau général dans WILL (E.), Histoire politique du monde hellénistique, I, Nancy, 2e éd., 1979, p. 135-144.
9 Faut-il placer ici le traité isopolitique et symmachique entre Parion et Scepcis ? voir infra, note 64 et 65.
10 Pour la datation de cette victoire : située vers 275/274 av. J.- C. par WILL, Histoire politique, I, p. 143. Date abaissée par M. WÖRRLE en 269/268 av. J.- C., au vu du décret des Neoteicheitai et des Kiddioukömetai : WÖRRLE (M.), « Antiochos I., Achaios der Ältere und die Galater », Chiron, 5 (1975), p. 59-87 (en particulier p. 69-71) ; K. Strobel avancerait, quant à lui, la date de l’été 268 av. J.- C. : STROBEL K., Die Galater. Geschichte und Eigenart der keltischen Staatenbildung auf dem Boden der hellenistischen und römischen Kleinasien, I, Berlin, 1996, p. 257-260.
11 ELWYN (S.), « The Recognition Decrees for the Delphian Soteria and the Date of Smyrna’s Inviolability », JHS, 110 (1990), p. 177-180.
12 WILL, Histoire politique, I, p. 248-250.
13 POLYBE, IV, 46.
14 POLYBE, IV, 50.
15 POLYBE, IV, 56. Pour l’aide de Cos, voir HALLOF (L.), HALLOF (Kl.), HABICHT (Chr.), Chiron, 28 (1998), p. 137-140, no 21 (SEG, 48, 1998, no 1097 : décret honorifique de Sinope pour Dionnos de Cos). 16
16 MEADOWS (A.), « Four Rhodian Decrees, Rhodes, Iasos and Philipp V », Chiron, 26 (1996), p. 251-266 ; HOLLEAUX (M.), « Trois décrets de Rhodes », REG (1899), p. 20-37 (repris dans Etudes d’épigraphie et d’histoire grecques, IV, Paris, 1952, p. 146-162 ; CRAMPA (J.), Labraunda. III. 1. The Greek Inscriptions (Period of Olympichos), Lund, 1969, p. 93-96.
17 POLYBE, V, 72-76.
18 POLYBE, V, 111.
19 POLYBE, V, 77.
20 WALBANK (F. W.), Philip V of Macedon, Cambridge, 1940 (rééd. 1697), p. 125-126 ; CRAMPA (J.), Labraunda. III. 1. The Greek Inscriptions (Period of Olympichos), Lund, 1969, p. 130 ; LE BOHEC (S.), Antigone Dôsôn roi de Macédoine, Presses universitaires de Nancy, Nancy, 1993, p. 339.
21 Voir infra, note 24.
22 Garsyeris réussit partiellement à fédérer les cités de Pisidie et Pamphylie. Si Aspendos répondit à son appel, Sidé fit la sourde oreille par haine pour sa voisine pamphylienne et dans l’intention, selon POLYBE, V, 73, de bien se faire voire d’Antiochos. Après la défaite militaire de Selgé, Achaïos, arrivé sur place, échoua à prendre la ville.
23 Voir note précédente à propos de l’attitude de Sidé. À quoi on ajoutera le problème des émissions monétaires des cités de la région, qui porteraient une ère d’autonomie civique inaugurée peu après la mort de Ptolémée III en 221 et maintenue à l’époque d’Achaïos, cf. SEYRIG (H.), « Monnaies hellénistiques », Revue numismatique, 6e série 5, (1963), p. 40 sq. ; BOEHRINGER (Chr.), Zur Chronologie mittelhellenistischer Münzserien 220-160 v. Chr., Berlin, 1972, p. 52 sq.
24 Iasos et Rhodes donnaient à leur alliance des fins contraires. La première n’entendait pas remettre fondamentalement en cause la tutelle antigonide, tandis que la seconde espérait limiter celle-ci en élargissant sa propre zone d’influence. Pour les relations entre Rhodes et la Carie dès le milieu du IIIème siècle av. J.-C., cf. REGER (G.), « The Relations between Rhodes and Caria from 246 to 167 B. C. », dans GABRIELSEN (V.) et alii, Hellenistic Rhodes : Politics, Culture and Society, Studies in Hellenistic Civilization, 9, Aarhus University Press, 1999, p. 76-98 ; BRESSON (A.), « Les intérêts rhodiens en Carie à l’époque hellénistique jusqu’en 167 av. J.-C. », dans PROST (F.), éd., L’orient méditerranéen de la mort d’Alexandre aux campagnes de Pompée. Cités et royaumes à l’époque hellénistique. Actes du colloque international de la Sophau, Rennes, avril 2003, PUR, 2003, p. 169-192.
25 BERTHOLD (R. M.), « Lade, Pergamum and Chios. Operations of Philip V in the Aegean », Historia, 24 (1975), p. 150-163.
26 BAKER (P.), Cos et Calymna. 205-200 a.C. Esprit civique et défense nationale, Université Laval, 1991.
27 MIGEOTTE (L.), Les souscriptions publiques dans les cités grecques, Droze, Genève, 1992, no 50 ; Syll3., no 568 (décret d’Halasarna pour Nikostratos), cf. HOLLEAUX (M.), Etudes, IV, p. 236, no 2 ; BRULÉ (P.), La piraterie crétoise hellénistique, Paris, 1978, p. 36 note 2.
28 SCHMITT, Staatsverträge, III, no 551.
29 Syll3., no 569
30 Syll3., no 673.
31 POLYBE, XVI, 1-10, cf. STARR (C. G.), « Rhodes and Pergamum, 201-200 B. C. », Classical Philology, 23 (1938), p. 63-68.
32 Lettre d’Antiochos III à la cité d’Amyzon : WELLES (C. B.), Royal Correspondence in the Hellenistic Age : A Study in Greek Epigraphy, New Haven, 1934, no 38. Sur cette guerre de reconquête conduite par le Séleucide, voir Ma (J.), Antiochos III and the Cities of Western Asia Minor, Oxford, 1999 (2e éd. 2001), p. 26-33.
33 SAVALLI-LESTRADE (I.), « Les Attalides et les cités grecques d’Asie Mineure au IIe siècle a.C. », dans BRESSON et DESCAT, Cités d’Asie mineure, p. 77-91.
34 I. v. Priene, no 28.
35 REHM, Milet, I. 3, no 149, cf. HERMANN (P.), Milet, VI. 1, p. 184-185 ; GAUTHIER (Ph.), « Les Pidaséens entrent en sympolitie avec les Milésiens : la procédure et les modalités institutionnelles », dans BRESSON et DESCAT, Cités d’Asie mineure, p. 117 sq.
36 REHM, Milet, I. 3, no 150.
37 REHM, Milet, I. 3, no 148.
38 HERRMANN (P.), « Milet au IIe siècle a.C. », dans BRESSON et DESCAT, Cités d’Asie Mineure, p. 112-113 en particulier.
39 Voir en dernier lieu BRESSON (A.), « Rhodes, Cnide et les Lyciens au début du IIe siècle av. J.- C. », REA, 100 (1998), p. 65-88, surtout, p. 66-77, pour l’analyse du contenu juridique des termes δωρεά et ϕιλία καὶ συμμαχία.
40 POLYBE, XXX, 5.
41 ROBERT (L.), Villes d’Asie mineure, Paris, De Boccard, 1962, p. 60-61 (HICKS, JHS (1890), p. 114 sq. ; MICHEL, Recueil, no 458).
42 POLYBE, XXXI, 4-5.
43 BEAN (G. E.), « Notes and Inscriptions from Lycia », JHS, 68 (1948), p. 46-56, no 11 (Trad. fr. dans POUILLOUX (J.), Choix d’inscriptions grecques, p. 33, no 4). Voir ROBERT (J. et L.), Bull. épigr., 1950, 183. Pour la datation du décret, voir ERRINGTON (M.), « Θεὰ Ῥώμη und römischer Einfluss südlich des Mäanders im 2. Jh. v. Chr. », Chiron, 17 (1987), p. 97-118 (en particulier p. 114-118), qui date après 167 et avance la période 140/120 ; ZIMMERMANN (M.), « Rhodische Vorherrschaft in Lykien », Klio, 75 (1993), p. 126 sq. (après 167 mais certains événements relatés dans le décret pour remonter à la période 188/167) ; BRESSON (A.), REA, 99 (1997), p. 504-505 ; id., « Rhodes and Lycia in Hellenistic Times », dans GABRIELSEN (V.), BILDE (P.), ENGBERG-PEDERSEN (T.), HANNES-TAD (L.) et ZAHLE (J.), éd., Hellenistic Rhodes : Politics, Culture and Society, Studies in Hellenistic Civilization, 9, Aarhus University Press, 1999, p. 98-131.
44 LE ROY (Chr.), « Une convention entre cités en Lycie du nord », CRAI, 1996, p. 962-980. Voir BRESSON (A.), « Rhodes, Cnide et les Lyciens au début du IIe siècle av. J.- C. », REA, 100 (1998), p. 77-88.
45 À des degrés divers, voir, par exemple, le cas de la convention entre Smyrne et Magnésie du Sipyle sous le regard de Séleucos II (SCHMITT, Staatsverträge, III, no 492) ; celui de la sympolitie entre Cos et Calymna (SCHMITT, Staatsverträge, III, no 545). Il faut ajouter que les rois encouragèrent parfois les rapprochements entre les petites cités d’une même région, pour y constituer des bases solides utiles à leur propre pouvoir (par exemple, la lettre d’Antigone le Borgne à Scepcis, encourageant les Grecs « à s’aider les uns les autres pour préserver leur liberté et leur autonomie… » (WELLES, Royal Correspondence, no 1).
46 Inscription citée dans une note par ROBERT (L.), « Les Asklepieis de l’Archipel », REG (1933), p. 442 (repris dans OMS, I, p. 568).
47 I. Iasos, I, no 76 : Ἐπειδὴ Ῥόδιοι συγγενεῖς [τε ὑπάρχοντες καὶ ϕίλοι κ]αὶ [σ]ύμμα-
χοι τῆς [πόλεως...
48 I. Iasos, I, no 150.
49 HOLLEAUX (M.), « Trois décrets de Rhodes », REG (1899), p. 20-37 (repris dans Etudes d’épigraphie et d’histoire grecques, IV, Paris, 1952, p. 146-162 ; MEADOWS (A.), « Four Rhodian Decrees, Rhodes, Iasos, Philipp V », Chiron, 26 (1996), p. 251-266.
50 POLYBE, V, 111.
51 ROBERT (L.), Monnaies antiques en Troade, Paris, 1966, p. 37-38. S’il existe des magistrats fédéraux (synèdres, agonothètes), il n’y a nulle mention d’un ethnique commun.
52 POLYBE, XXXI, 4-5.
53 POLYBE, XXI, 34. Sur les tyrannies en Cybiratide, voir WILHELM (A.), Neue Beiträge, II, p. 5-8 ; ROBERT (L.), Bull. épigr., 1950, 183.
54 CHANIOTIS (A.), Die Verträge zwischen kretischen Poleis in der hellenistischen Zeit, Stuttgart, Fr. Steiner Verlag, 1996, p. 38 sq.
55 Traité Rhodes-Hiérapytna : SCHMITT, Staatsverträge, III, no 551 ; traité Rhodes-Olos : SCHMITT, Staatsverträge, III, no 552.
56 REHM, Milet, I. 3, no 137.
57 REHM, Milet, I. 3, no 136.
58 REHM, Milet, I. 3, no 141.
59 REHM, Milet, I. 3, no 146.
60 HERRMANN (P.), « Milet au IIe siècle a.C. », dans BRESSON et DESCAT, Cités d’Asie Mineure, p. 112 (avec la mise au point de GAUTHIER (Ph.), Les cités grecques et leurs bienfaiteurs, BCH, suppl. XII, Paris, De Boccard, 1985, p. 152-153).
61 POLYBE, XV, 23. Voir WALBANK (F. W.), A historical Commentary on Polybius, II, p. 478.
62 ROBERT (J. et L.), Bull. épigr., 1972, 371.
63 WELLES (C.B.), Royal Correspondence, no 1.
64 SEYRIG (H.), « Parion au 3e siècle avant notre ère », dans Scripta numismatica, Institut français d’archéologie du Proche Orient, 1986, p. 189-214. Les premières monnaies de Parion frappées sous obédience séleucide seraient celles à l’effigie de Séleucos II. Voir toutefois TENGER (B.), « Zur Geographie und Geschichte der Troas », Asia Minor Studien, 33 (1999), surtout, p. 146-148. Tenger rappelle la résistance de certaines cités de la région, dont Parion, à la mise en place de l’autorité de Séleucos Ier, en 281 av. J.-C.. Son fils et successeur, Antiochos Ier y serait parvenu, non sans mal. On mesure difficilement, pour la période 279/269 av. J.-C., la solidité et la réalité de la domination séleucide dans la région. Selon Tite-Live (XXXVIII, 16), les cités furent tributaires des Galates pendant plusieurs années.
65 Pour une présentation de la confédération des villes de Troade, voir HOLLEAUX (M.), « Un décret du koinon des villes de Troade », REG (1896), p. 359-370 (repris dans Etudes d’épigraphie et d’histoire grecques, I, Paris, 1938, p. 289-300 ; ROBERT (L.), Monnaies antiques de Troade, Paris, 1966 ; passim. L’appartenance de Parion à la confédération est certaine depuis les origines. Pour Scepcis, elle n’est assurée qu’à partir du Ier siècle av. J.- C. (cf. OGIS, 444).
66 On lit l. 20-22 : ἢν δέ τις χρήματα μεταβάληι ϕυγῆς ἕνεκεν, ἀτελής εἶναι ἕνα ἐνιαυτόν. Faut-il comprendre qu’un citoyen de l’une des deux cités, frappé d’exil, s’il venait à transférer dans l’autre cité des biens (les siens ?), recevrait l’exemption d’impôt pendant un an ? Ce serait un privilège considérable, une forme d’assistance financière garantie aux citoyens des deux communautés, indépendamment du grief initial.
67 REHM, Milet, I. 3, no 150.
68 OGIS, 229 (SCHMITT, Staatsverträge, III, no 492 ; IHNKEN (TH.), Inschriften von Magnesia am Sipylos, no 1 ; I. Smyrna, II, 1, no 573). Cf. ELWYN (S.), JHS, 110 (1990), p. 177-180 (pour la date de 244/243 av. J.- C. ?).
69 Pour l’origine des colons installés à Palaimagnesia, voir COHEN (G. M.), The Seleucid Colonies. Studies in Founding, Administration and Organization, Historia Einzelschriften, 30, 1978, p. 15, 22, 60-61.
70 SCHMITT, Staatsverträge, III, no 545. Pour la datation du décret, voir THOMPSON (W. E.), « Philip V and the Islanders », TAPhA, 102 (1971), p. 615-620 ; BAKER, Cos et Calymna, p. 14-15, avec note 44.
71 SHERWIN-WHITE (S.M.), Ancient Cos, Göttingen, 1978, p. 90-131.
72 Assistance militaire comme financière, voir le cas d’une souscription de Calymna datée de la même époque que la sympolitie (SGDI, no 3590, cf. MIGEOTTE (L.), Les souscriptions publiques dans les cités grecques, Genève, Droz, 1992, no 53). Il s’agit d’une souscription organisée localement à Calymna, avalisée par les instances coïennes.
73 ROBERT (L.), « Une inscription grecque de Teos en Ionie. L’union de Teos et Kyrbissos », JS (1976), p. 152-235 (repris dans ROBERT (L.), OMS, VII, p. 297-379) ; cf. MA (J.), « Fighting Poleis of the Hellenistic World », dans VAN WEES (H.), éd., War and Violence in Ancient Greece, Duckworth and the Classical Press of Wales, 2000, p. 341.
74 REHM, Milet, I. 3, no 149, avec installation d’une garnison milésienne sur le territoire de Pidasa dans des structures fortifiées, cf. RADT (W.), « Pidasa bei Milet. Ergänzende Bemerkungen zu einer karischen Stadtanlage », MDAI(I), 23-24 (1973-1974), p. 169-174.
75 REHM, Milet, I. 3, no 150.
76 SCHMITT, Staatsverträge, III, no 551.
77 SCHMITT, Staatsverträge, III, no 551.
78 REHM, Milet, I. 3, no 149.
79 SCHMITT, Staatsverträge, III, no 551.
80 SCHMITT, Staatsverträge, III, no 552.
81 SCHMITT, Staatsverträge, III, no 545.
82 POLYBE, IV, 56.
83 Un exemple parmi d’autres, celui de la petite cité de Keramos, qui sollicita et obtint l’alliance militaire de Rhodes, entre 167 et 133 av. J.- C., pour se prémunir contre Stratonicée. Elle envoya à Rhodes une ambassade composée de plusieurs citoyens, dont un, pour lequel a été voté un décret honorifique (HICKS, JHS (1890), p. 114 sq. ; MICHEL, Recueil, no 458) :… παρεστήσατο μετὰ τῶν συνπρεσβευτῶν Ῥοδίους ποιήσασθαι τὴν συμμαχίαν...
84 REHM, Milet, I. 3, no 149.
85 Au début du IIème siècle, elle compta parmi les petites cités de la région aux mains de Philippe V de Macédoine, cf. POLYBE, XVIII, 44 ; TITE-LIVE, XXXIII, 30. Elle obtint sa liberté lors des pourparlers de 189 av. J.- C.
86 A. Rehm parle d’un coup de main d’Héraclée contre Pidasa, cf. REHM, Milet, I. 3, p. 134, avec renvoi à MICHEL, Recueil, no 472.
87 Voir essentiellement pour la compréhension de l’articulation des trois textes : HOLLEAUX (M.), « Trois décrets de Rhodes », REG (1899), p. 20-37 (repris dans Etudes, IV, p. 146-162).
88 HALLOF (L.), HALLOF (Kl.) et HABICHT (Chr.), Chiron, 28 (1998), p. 137-140, no 21 (SEG, 48, 1097).
89 SCHMITT, Staatsverträge, III, no 492.
90 PISTORIUS (Th.), Hegemoniestreben und Autonomiesicherung in der grieschichen Vertragspolitik klassischer und hellenistischer Zeit, Francfort sur le Main – Berne – New York, 1985.
91 SCHMITT, Staatsverträge, III, no 492
92 l. 15-16 : … παρακαλέσοντα αὐτοὺς δια[ϕυ]λάσσειν τὴμ ϕιλίαν καὶ συμμαχίαν βασιλεῖ Σελεύκοη εἰς | πάντα, τὸν χρόνον, ἐξαγγελλόμενοι διατηρούντων αὐτῶν τὰ πράγματα καὶ τὸν αὐτὸν ἐχθρὸγ καὶ ϕίλον...
93 l. 39-40 : …[πολ]ι|τεύσονται δὲ μετὰ Σμυρναίων κατὰ τοὺς τῆς πόλε ως νόμους | [ἀ]στασιάστως...
94 REHM, Milet, I. 3, no 150 : (l. 34-36) εἶναι πολίτας Μιλησίους Ἡρακλεωτῶν καὶ Ἡρακλεώτας Μιλησίων, ὑπάρχειν δὲ αὑτοῖς εἰς ἅ-|παντα τὸν χρόνον τὸν αὐτὸν ἐχθρὸν καὶ ϕίλον, μηθὲν ὑπεναντίον πρασσόντων τῶν δή-|μων τῆι πρὸς Ῥοδίους συμμαχίαι...
95 Voir CURTY (O.), Les parentés légendaires entre cités grecques, Droz, Genève, 1995.
96 REHM, Milet, I. 3, no 143 : (l. 46) Ἐδοξε τῆι βουλῆι καὶ τῶι δήμωι · βουλῆς γνώμη ·ἐπειδὴ Μιλήσιοι ϕίλοι καὶ οἰκεῖοι ὑπάρχοντες διὰ προγόνων...
97 REHM, Milet, I. 3, no 146 : (l. 59-64) Ἐδοςε τῆι βουλῆι καὶ τῶι δήμωι · γνώμη ἀρχόντων εἰσγραψα.μένω[ν] | αὐτῶν · ἐπειδὴ Μιλήσιοι ϕίλοι καὶ οἰκεῖοι ἐξ ἀρχῆς ὑπάρχοντες τοῦ δή|μου πᾶσαν σπουδὴν καὶ ἐπιμέλειαν δι[α]τελοῦσιν τῆς πόλεως ποιού-|μενοι οὑθένα καιρὸν παραλείποντες τῶν εἰς τὸν δῆμον χρησίμων · ὅπω[ς]| οὗν καὶ Μυλασεῖς ϕαίνωνται τήν τε οἰκειότητα καὶ τὴν ϕιλίαν τὴν ὑπάρχουσαν ταῖς πόλεσιν...
98 REHM, Milet, I. 3, no 141 : (l. 6-9)… ἐπειδὴ | Κιανοὶ ἄποικοι ὄντες τῆς πόλεως καὶ διαϕλάσσον|τες τὴμ πρὸς τὸν δῆμον ϕιλίαν ἀπεστειλαν ἰεροποι|οὺς...
99 PISTORIUS, Hegemoniestreben und Autonomiesicherung, p. 74-77.
100 GAWANTKA (W.), Isopolitie. Ein Beitrag zur Geschichte der zwischenstaatlichen Beziehungen in der grieschichen Antike, Munich, 1975, p. 93-94.
101 TÉNÉKIDÈS (G.), La notion juridique d’indépendance et la tradition hellénique, Athènes, 1954, p. 88.
102 PISTORIUS, Hegemoniestreben und Autonomiesicherung, p. 78 sq.
103 PISTORIUS, Hegemoniestreben und Autonomiesicherung, p. 101-104. Pour Pistorius, Smyrne n’envisage ses rapports avec Magnésie que par rapport à ceux qu’elle entretient avec Séleucis II. Pour cette raison, le traité n’est pas une symmachie bilatérale. La clause « mêmes ennemis mêmes amis » est unilatérale et situe Magnésie dans la dépendance et la ligne politique fixée par le roi séleucide. Pistorius reconnaît ainsi au texte une dimension politique éminente (Dieses Dokument verdeutlicht, dass die Freund-Feindklausel keineswegs ausschliesslich ein Element der Bündnis-bzw. Kapitulationsverträge sein musste, sondern auch in andere Bereiche vordringen konnte, die zwar gleichfalls als zwischenstaatlich zu charakterisieren sind, daneben aber auch eine innenpolitische Dimension enthalten, die jedoch nicht vom aussenpolitischen Bereich zu trennen ist).
104 PISTORIUS, Hegemoniestreben und Autonomiesicherung, p. 108-112.
105 SCHMITT, Staatsverträge, III, no 551 (l. 11-12) :… καὶ εὔνους καὶ ϕίλους καὶ συμμάχους ὑπαρχειν εἰς τὸν ἅπαντα χρόνον...
106 GRUEN (E. S.), The Hellenistic World and the Coming of Rome, University of California Press, Berkeley – Los Angeles – Londres, 1984, p. 69 sq.
107 REHM, Milet, I, 3, no 150.
108 SCHMITT, Staatsverträge, III, no 551.
109 SCHMITT, Staatsverträge, III, no 552.
110 Pour l’origine des colons installés à Palaimagnesia, voir COHEN (G. M.), The Seleucid Colonies. Studies in Founding, Administration and Organization, Historia Einzelschriften, 30, 1978, p. 15, 22, 60-61.
111 REHM, Milet, I, 3, no 149.
112 I. Iasos, no 150.
113 SCHMITT, Staatsverträge, III, no 551.
114 Mêmes dispositions dans le traité entre Rhodes et Olonte (SCHMITT, Staatsverträge, III, no 552, l. 25-26).
115 Pour ses difficultés financières, voir le décret de Milet (REHM, Milet, I, 3, no 141). Pour ses troubles politiques intérieurs, cf. POLYBE, XV, 21 sq. ; pour la menace que le roi de Bithynie Prusias Ier fit peser sur elle à la fin du IIIe siècle, voir FERNOUX (H.-L.), Notables et élites des cités de Bithynie, du IIIe siècle av. J.-C. au IIIe siècle ap. J.-C. Essai d’histoire sociale, Lyon, Maison de l’Orient méditerranéen, à paraître, p. 18-19.
116 POLYBE, XV, 23 :… στρατηγοῦ παρ᾿ Αἰτωλων ἐν αὐτῆ διατρίβοντος καὶ προεστῶντος τῶν κοινῶν.
117 ROBERT (J. et L.), Bull. épigr., 1972, 371.
118 TAM, III. 1, no 2, cf. WILHELM (A.), Neue Beiträge, II (1912), p. 5-26 :… βοηθούντων ἀλ]λή<λο>ις κατὰ δύναμιν τὴν ἑαυτῶν ἑκ[άτ]ε[ρ]ο[ι | παντὶ σθένει ἐ]κ τῆς ἑαυτῶν χώρας ἅμα τῶι προσανγ[έλ|ματι αδόλως καὶ ] ἀπροϕασίστως, πέμποντες συμμαχίαν | τοῖς ἐπικαλουμέ]<ν>οις ἐν ἡμέραις δέκα, ἀϕ᾿ ἧς ἡμέρας ὁ παρ[α|καλούμενος] πρεσβευτὴς ἢ γραμματηϕόρος πα[ρ]ῆ[λθεν...
119 SCHMITT, Staatsverträge, III, no 551.
120 Même délai de 30 jours prévu dans la convention entre Rhodes et Olonte (SCHMITT, Staatsverträge, III, no 552, l. 32-34).
121 REHM, Milet, I, 3, no 150.
122 SCHMITT, Staatsverträge, III, no 551.
123 SCHMITT, Staatsverträge, III, no 552, l. 33-34. La clause précise que ce doit être 100 hommes « libres ».
124 Voir néanmoins le cas de la cité pisidienne de Selgé. Elle mobilisa, dans sa guerre contre Pednelissos des soldats-citoyens et des professionnels : POLYBE, V, 72.
125 POUILLOUX (J.), Choix d’inscriptions grecques, Paris, 1960, p. 32-37, no 4.
126 SCHMITT, Staatsverträge, III, no 492.
127 SCHMITT, Staatsverträge, III, no 551.
128 Même disposition dans le traité entre Rhodes et Olonte (SCHMITT, Staatsverträge, III, no 552, l. 35-36).
129 ROBERT (J. et L.), Bull. épigr., 1972, 371 (l. 6 :… ἓξ δραχμὰς ἑκάστωι.…).
130 POUILLOUX (J.), Choix d’inscriptions grecques, Paris, 1960, p. 32-37, no 4 (§ 10). Le personnage honoré dans l’inscription d’Araxa, Orthagoras, servit dans un contingent de cavalerie lors de la guerre contre Termessos, en refusant la solde. Je comprends que celle-ci était versée par sa cité d’origine, qui le remercie de ce geste généreux.
131 SCHMITT, Staatsverträge, III, no 551.
132 Ils doivent commander une section d’au moins 50 hommes.
133 SCHMITT, Staatsverträge, III, no 552.
134 REHM, Milet, I. 3, no 150.
135 REHM, Milet, I. 3, no 149. Pour le commentaire des clauses fiscales, MIGEOTTE (L.), « Le traité entre Milet et Pidasa : les clauses financières », dans BRESSON et DESCAT, Cités d’Asie mineure, p. 129-135.
136 SCHMITT, Staatsverträge, III, no 551.
137 POLYBE, XI, 5.
138 TITE-LIVE, XXVI, 24.
139 I. Mylasa, no 102 : décret de Mylasa pour un concitoyen, le prêtre Moschion (fin IIème/début Ier siècle av. J.-C.). Ce dernier était intervenu à Héraclée en faveur des Eurôméens, qui avaient subi des razzias de la part des Héracléotes. Les cités de cette région, distantes les unes des autres d’une quinzaine de kilomètres, étaient en compétition, comme le rappelle L. ROBERT. Voir ROBERT (L.), Documents d’Asie mineure, Paris, 1987, p. 211 ; Villes d’Asie mineure. Etudes de géographie ancienne, Paris, 1962, p. 59-60.
140 HICKS, JHS (1890) ( = MICHEL, Recueil, no 458) ; cf. ROBERT (L.), Villes d’Asie mineure, p. 60-61. Voir supra note 83.
141 Pour Erythrée, le décret en l’honneur de Polycritos, cf. I. Erythrai, I, no 28 ( = BIELMAN (A.), Retour à la liberté. Libération et sauvetage des prisonniers en Grèce ancienne, Etudes épigraphiques 1, EFA – Université de Lausanne, 1994, no 21). Pour Priène, le décret en l’honneur de Sotas, cf. I. v. Priene, no 17 ( = BIELMAN, Retour à la liberté, no 22). A. Bielman note, à propos de l’attitude des cités grecques face au péril galate, que celles-ci n’opposèrent jamais un front commun (Retour à la liberté, p. 85), les unes s’opposant nettement aux agresseurs, les autres se résolvant à payer un tribut. Dans ce sens, on citera l’exemple éloquent de Byzance, qui, victime des attaques régulières des Gaulois de Comontorios après 227 av. J.-C., versa tout d’abord un tribut, puis, épuisée financièrement, sollicita l’aide militaires des cités grecques. Celles-ci lui adressèrent une réponse dilatoire mais s’insurgèrent contre les Byzantins, quand ceux-ci imposèrent une taxe sur le Bosphore pour subvenir à leurs besoins financiers. Cf. POLYBE, VIII, 38-47.
142 Voir supra, notes 50 et 51.
143 POUILLOUX (J.), Choix d’inscriptions grecques, Paris, 1960, p. 32-37, no 4.
144 POLYBE, V, 72.
145 POLYBE, XXI, 35.
146 POLYBE, XXX, 5.
147 POLYBE, IV, 56.
148 HICKS, JHS (1890), p. 114 sq.
149 ROBERT (L.), OMS, I, p. 568, note 1.
150 REHM, Milet, I. 3, no 148, ll. 58-59.
151 Ici, l’article synthétique d e J. Ma : MA (J.), « Fighting Poleis of the Hellenistic world », dans VAN WEES (H.), éd., War and Violence in Ancient Greece, Duckworth and the Classical Press of Wales, 2000, p. 337-376 ; BAKER (P.), « La guerre à l’époque hellénistique », dans PROST (F.), éd., L’orient méditerranéen de la mort d’Alexandre aux campagnes de Pompée, Actes du colloque international de la Sophau, Rennes, avril, 2003, PUR, 2003, p. 381-401 (en particulier, p. 393-397).
152 Sur l’importance de l’institution gymnique dans la formation militaire des jeunes citoyens, voir GAUTHIER (Ph.), « Notes sur le rôle du gymnase dans les cités hellenistiques », dans WÖRRLE (M.) et ZANKER (P.), éd., Stadtbild und Bürgerbild im Hellenismus, 1997, p. 1-10 ; MA, Fighting poleis, p. 347.
153 Pour la localité d’Etenna et l’identité de la tribu des Etenneis, qui y habitait, WALBANK (F. W.), A historical Commentary on Polybius, p. 599.
154 POLYBE, V, 72, cf. MA, Fightings poleis, p. 345.
155 POLYBE, V, 111.
156 POUILLOUX (J.), Choix d’inscriptions grecques, Paris, 1960, p. 32, no 4.
157 Sur la place de la cavalerie dans les effectifs déployés par les cités grecques : à Priène, le décret pour Sôtas, où il est question de citoyens payés par leur cité pour entretenir leur cheval (Inschriften von Priene, no 17 = BIELMAN (A.), Retour à la liberté, no 22), cf. ROBERT (L.), La Carie, II, Paris, 1954, p. 105 ; MA, Fighting Poleis, p. 344-345, avec d’autres exemples.
158 ROBERT (L.), OMS, I, p. 568, note 1.
159 POLYBE, XVI, 30-34.
160 POLYBE, IV, 56 : ἔδοξε τοῖς Ῥοδίοις προχειρίσασθαι τρεῖς ἄνδρας καὶ δοῦναι τούτοις δραχμῶν δεκατέτταρας μυριάδας, τοὺς δὲ λαβόντας παρασκευάσαι τὰ πρὸς τὴν χρείαν ἐπιτήδεια τοῖς Σινοπεῦσιν. Οἱ δὲ κατασταθέντες ἡτοίμησαν οἴνου κεράμα μύρια, τριχὸς εἰργασμένης τάλαντα τριακόσια, νεύρων εἰργασμένων ἕκατον τάλαντα, πανοπλίας χιλίας, χρυσοῦς ἐπισήμους τρισχιλίους, ἔτι δὲ λιθοϕόρους τέτταρας καὶ τοὺς ἀϕέτας τούτοις.
161 Syll3., no 363.
162 Pour le commentaire, voir HOLLEAUX (M.), REG, 29 (1916), p. 29-45 ; MIGEOTTE (L.), L’emprunt public dans les cités grecques, Les Belles Lettres, Paris – Québec, 1984, no 89, p. 287-290.
163 MIGEOTTE, L’emprunt public, p. 289.
164 Syll3., no 363.
165 I. Mylasa, no 102.
166 TITE-LIVE, XXXVII, 22.
167 THOMPSON (W. E.), « Philipp V and the Islanders », TAPhA, 102 (1971), p. 615-620.
Auteur
Université de Bourgogne, Dijon
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