1 Dresser un bilan, même lacunaire, des dynamiques réformatrices du franciscanisme à l’orée du siècle qui vit apparaître les récollets relève de la plongée en haute mer ; le choix a donc été fait, dans ces pages, de limiter les renvois bibliographiques et l’apparat critique.
2 Selon l’expression de Grado G. Merlo, Au nom de saint François. Histoire des Frères mineurs et du franciscanisme jusqu’au début du xvie siècle, Paris, Le Cerf, Éditions Franciscaines, 2006, p. 244.
3 Je me permets de renvoyer, sur ce point, à Ludovic Viallet, Les sens de l’observance. Enquête sur les réformes franciscaines entre l’Elbe et l’Oder, de Capistran à Luther (vers 1450 – vers 1520), Münster, Lit Verlag, coll. « Vita Regularis ».
4 J’utilise l’édition en italien, Lettera al Papa. Paolo Giudiniani e Pietro Quirini a Leone X, édition Geminiano Bianchini, Modène, Artioli Editore, 1995, p. 114.
5 Ibid., p. 132-135.
6 Ibid., p. 115-116.
7 Ibid., p. 130.
8 G. G. Merlo, Au nom de saint François, op. cit., p. 307.
9 Ordinationes de Jean de Capistran pour l'Observance cismontaine, in Chronologia historico-legalis Seraphici Ordinis Fratrum Minorum Sancti Patris Francisci, t. 1, Naples, C. Cavalli, 1650, p. 105. Ajoutés au chapitre V de la règle consacré au travail, ces « exercices spirituels » étaient préconisés dans une optique de complémentarité avec les activités physiques.
10 Chronica Fratris Nicolai Glassberger Ordinis Minorum Observantium, Analecta Franciscana, II, Quaracchi, 1887, p. 342-343.
11 On trouvera toutes les références aux textes législatifs évoqués ici, ainsi que des éléments d’analyse, dans Ludovic Viallet, « Prière au cloître et refus du monde dans la législation franciscaine du xve siècle », Le Silence du cloître, l’exemple des saints. Identités franciscaines à l’âge des réformes, II, s. d. F. Meyer et L. Viallet, Clermont-Ferrand, Presses Universitaires Blaise-Pascal, 2011, p. 91-104, ainsi que L. Viallet, « La vie rêvée des Anges. À propos de la prière mentale dans l’Observance franciscaine du xve siècle », Études franciscaines, n. s., t. 2, 2009, p. 365-373.
12 Constitutiones Ordinis Fratrum Minorum Capuccinorum saeculorum decursupromulgatae, vol. 1, Conditutiones antiquae (1329-1643). Editio anastatica, Rome, Curia generalis OFM Cap, 1980, p. 17-31. Ici p. 19-20 : « Ancora ordiniamo che non si aggiunga altro offitio di gratia in Choro, eccetto quello della Madonna. E se ad alcuno delli frati piacesse, et li rendesse più devotione dire li sette salmi, l’offitio de morti, Benedicta, o altre orationi vocali, si contentara dirle da perse, o vero con un altro compagno, fuora di Choro, a tempo che non si dice l’officio in Choro ; accio’non dia molestia ad alcun frate che stesse in Chiesa, o vero in Choro, ad essercitarsi in oratione secreta o vero mentale. Et questo si ordina accioche gli fratelli tutti insieme dicano piu devotamente, et con le debite pause, l’officio di debito, commandato dalla Regola ; et accioche li fratelli habbiano piu tempo da essercitarsi in orationi secrete et mentali, multo piu fruttuose che le vocali. » Les Constitutions prévoient aussi l'existence de cellules isolées dans les maisons, pour les frères qui voudraient vivre dans le silence total, avec l’accord des supérieurs (ibid., p. 27). Je remercie Bernard Dompnier de m’avoir fourni ces éléments.
13 Annales Minorum seu trium Ordinum a S. Francisco inditutorum, t. 16, an. 1523, Quaracchi, 1933, p. 193-197 (l’expression « cum silentium sit quasi clavis animae » figure dans le chap. 2, p. 194).
14 J’ai proposé quelques jalons de cette progression (notamment, pour le monde germanique, du Sud vers le Nord) dans L. Viallet, « La vie rêvée des Anges », art. cit., p. 369-371.
15 Je reprends ici volontairement les deux termes utilisés par Claudio Leonardi dans un texte consacré au statut de la prophétie à l’époque de Savonarole, texte dans lequel il oppose de façon excessivement stricte le monachisme (« perçu par l’humanisme en termes exclusivement polémiques ; il est vu comme son propre contraire ») et l’humanisme (en citant, comme adversaires de celui-ci par leurs projets de réforme de la vie chrétienne, le dominicain Jean Dominici et le franciscain Bernardin de Sienne, soit deux des fondateurs du mouvement de observantia dans leurs ordres respectifs) : « S’il est possible de distinguer entre chrétienté et Eglise, l’humanisme est une critique triomphante de la chrétienté médiévale. L’Église peut être définie, dans ce contexte, comme la société des hommes qui, en croyant au Christ, s’unit mystiquement à Dieu et aux autres hommes dans un rapport d’amour ; la chrétienté, au contraire, est l'utilisation idéologique de l’Église et la présence des principes chrétiens dans les institutions politiques et sociales. L’humanisme italien, et en particulier florentin, croit qu'il existe un espace de connaissance propre à l'homme, un espace dans lequel la révélation n’est pas nécessaire : c’est l’espace de l’éthique et celui de la politique, les espaces mêmes de la chrétienté » (« Jérôme Savonarole et le Statut de la prophétie dans l’Église », Mélanges de l’École française de Rome. Moyen Âge, Temps modernes, 102,1990, p. 590-591).
16 Epistola ad Paulum Volzium (1518), in Erasmus von Rotterdam : Ausgewählte Schriften, édition Werner Welzig, B. 1, Darmstadt, Wissenschaftliche Buchgesellschaft, 1968, p. 48 ; et pour Jean Gerson, comparant la société chrétienne à une communauté régulière ayant le ChriSt pour abbé, De vita épirituali, aegritudine et morte animae, in Jean Gerson : œuvres complètes, édition P. Glorieux, t. 3, Tournai, Desclée, 1962, p. 170.
17 On pensera à la formule-clef du Sacrum Commercium (Hoc est claustrum nostrum, domina), en la détournant pour dépasser le cadre de la seule conversion à la pauvreté – c’est peut-être dans ce débordement, d'ailleurs, que le « franciscanisme » de l’Observance du xve siècle se distingue du projet des disciples de François Sacrum Commercium sancti Francisci cum domina Paupertate, in E. Menestô, S. Brufani, Fontes Franciscani, Assise, 1995, p. 1730 ; trad. dans François d’Assise. Écrits, Vies, témoignages, J. Dalarun, Paris, Le Cerf, 2010, coll. « Sources franciscaines », vol. 1, p. 911.
18 Je renvoie ici aux différents jalons de sa réflexion, depuis « La profezia tra il pulpito e lo Stato », Profeti e profezia : politica, potere e società nella doria del cridianesimo (Atti del Colloquio, Trento, 14-16 aprile 1998), Bologne, 2000, p. 433-456, jusqu’à « Prédication et politique dans la péninsule italienne au xve siècle », Prédication et société politique. Depuis l’Antiquité tardive jusqu’à la fin du Moyen Âge, 16e Symposium of the International Médieval Sermon Studies Society – Saint-Maurice (Suisse), 18-22 Juillet 2008, sous presse, et « Faire en disant. Aspects performatifs de la prédication à l’automne du Moyen Âge », communication au séminaire international Dal dire al fare. Gli effetti della predicazione alla fine del Medioevo organisé par M. G. Muzzarelli à l’Université de Bologne les 27-28 septembre 2010, à paraître aux Éditions Brepols.
19 Voir Henri Lemaître, « Statuts des Religieuses du Tiers-Ordre franciscain dites Sœurs grises hospitalières (1483) », Archivum firanciscanum hidoricum, t. 4,1911, p. 713-731 et « Les soins hospitaliers à domicile donnés dès le xive siècle par des religieuses franciscaines, les Sœurs noires et les Sœurs grises, leurs maisons », Revue d’histoire franciscaine, 1,1924, p. 180-208.
20 Voir notamment la notice de Pierre Moracchini, « Tertiaires régulières de Saint-François (Ancien Régime) », Guide pour l'histoire des ordres et des congrégations religieuses. France, xvie-xxe siècles, D.-O. Hurel, Turnhout, Brepols, 2001, p. 169-170, ainsi que, du même auteur, « La mise sous clôture des Sœurs grises de la province franciscaine de France parisienne au xviie siècle », Les Religieuses dans le cloître et dans le monde, Actes du 2e Colloque international du CERCOR (Poitiers, 29 septembre – 2 octobre 1988), Saint-Étienne, Presses Universitaires de Saint-Étienne, 1994, p. 635-655.
21 Jacques Chiffoleau, « Conclusion », Économie et religion. L’expérience des ordres mendiants (xiiie-xve siècles), s. d. N. Bériou et J. Chiffoleau, Lyon, Presses Universitaires de Lyon, 2009, p. 735.
22 Selon le mot d'André Vauchez, Les laïcs au Moyen Âge entre ecclésiologie et histoire, in Études, 402, 2005-1, p. 67.