1 Lord John Emerich Acton, notice inédite, vers 1860 (« le pire est rarement connu ») ; cité par Herbert Butterfield, Man on His Past : The Study of the History of Historical Scholarship, Cambridge, Cambridge University Press, 1955, p. 84.
2 Communication au 42e congrès national des historiens allemands (Historikertag) à Francfort-sur-le-Main, 10 septembre 1998. J’ai conservé ici à dessein la version publiée dans les actes qui reprend la version prononcée au congrès. Seules les notes infrapaginales de cette version française ont été modifiées et actualisées par rapport à l’original. Pour une documentation complète des débats de Francfort et quelques prises de positions ultérieures, cf. les actes publiés par Winfried Schulze et Otto Gerhard Oexle : Historiker im Nationalsozialismus, Francfort-sur-le-Main, Fischer, 1999. Sur le rituel de ces congrès des historiens allemands, qui n’ont pas d’équivalent en France, cf. Julia Radke, « Der Historikertag : ein akademisches Ritual », http://www.zeitgeschichte-online.de/kommentar/der-historikertag-ein-akademisches-ritual. Pour l’écho international, cf. Édouard Husson, Comprendre Hitler et la Shoah. Les historiens de la République fédérale d’Allemagne et l’identité allemande depuis 1949, Paris, PUF, 2000, p. 269 sq. ; Chris Lorenz, « Border Crossings : Some Reflections on the Role of German Historians in Recent Public Debates on Nazi Germany », in Dan Michman (dir.), Remembering the Holocaust in Germany, 1945-2000 : German Strategies and Jewish Responses, New York, P. Lang, 2002, p. 59-94, http://www.culturahistorica.es/chris_lorenz/german_historians.nazi_history.pdf.
3 Il s’agit ici d’une allusion au fait que ce terme Entjudung (« déjudaïsation ») joue un rôle dans les textes de jeunesse de certains historiens qui deviendront très influents en RFA, tels que Theodor Schieder ou Werner Conze. Cf. W. Schulze et O.G. Oexle, Historiker…, op. cit., p. 163 sq. Ces deux historiens ont maintenant fait l’objet de plusieurs biographies : Christoph Nonn, Theodor Schieder. Ein bürgerlicher Historiker im 20. Jahrhundert, Düsseldorf, Droste, 2013 ; Thomas Etzemüller, Sozialgeschichte als politische Geschichte. Werner Conze und die Neuorientierung der westdeutschen Geschichtswissenschaft nach 1945, Munich, Oldenbourg, 2001 ; Jan Erich Dunkhase, Werner Conze. Ein deutscher Historiker im 20. Jahrhundert, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 2010. Sur ces livres, cf. mes comptes rendus critiques : Die Tageszeitung, 11 décembre 2001, http://www.taz.de/1/archiv/print-archiv/printressorts/digi-artikel/?ressort=pb&dig=2001%2F12%2F11%2Fa0191 ; H-Soz-Kult, 19 décembre 2013, http://hsozkult.geschichte.hu-berlin.de/rezensionen/2013-4-227. Pour une mise en contexte plus générale, cf. la somme de Saul Friedländer : Les Années d’extermination. L’Allemagne nazie et les Juifs. 1939-1945, Paris, Seuil, 2008, p. 67 sq.
4 Pour une réflexion plus approfondie sur ce problème de l’éventuelle culpabilité des historiens professionnels, cf. mon introduction à Geschichtsschreibung als Legitimationswissenschaft 1918-1945, dir. par Peter Schöttler, Francfort-sur-le-Main, Suhrkamp, 1997, p. 7-30. Ce livre se fonde sur une table ronde organisée au 40e Historikertag à Leipzig en septembre 1994. J’ai également repris ce thème dans mon introduction au colloque de l’Institut historique allemand de Paris consacré à ses pères fondateurs : « Deutsche Historiker auf vermintem Terrain », in Ulrich Pfeil (éd.), Das Deutsche Historische Institut Paris und seine Gründungsväter, Munich, Oldenbourg, 2007, p. 15-31, http://www.perspectivia.net/publikationen/phs/pfeil_gruendungsvaeter/schoettler_historiker.
5 Je rappelle que ce texte fut prononcé en 1998. Depuis lors, un grand nombre de recherches ont été entreprises. Cf. les notes infrapaginales et la bibliographie sélective à la fin de ce livre.
6 Cf. Michael Kater, Das « Ahnenerbe » der SS 1935-1945. Ein Beitrag zur Kulturpolitik des Dritten Reiches, Stuttgart, DVA, 1974 (rééd. 2009).
7 Une des curiosités de l’étude volumineuse de Helmut Heiber (Walter Frank und sein Reichsinstitut für die Geschichte des neuen Deutschlands, Stuttgart, DVA, 1966, 1 274 p.), qui avait dépouillé pour la première fois tous les documents alors disponibles, est que le réseau des VFG n’y apparaît presque pas. L’historiographie nazie, telle est l’impression suggérée par l’auteur, consistait essentiellement en batailles de propagande adossées à des querelles de personnes. Vu par le petit trou de la serrure du Reichsinstitut, tout cela semblait parfaitement grotesque – et très banal. De plus amples recherches, par conséquent, paraissaient inutiles.
8 Sous le nom de « Arbeitsgemeinschaft für westdeutsche Landes-und Volksforschung » (pour la Westforschung) et de « Herder-Forschungsrat » (pour la Ostforschung). Il n’est donc point étonnant que la première étude approfondie sur ces réseaux ait été entreprise en RDA : Rudi Goguel, Über die Mitwirkung deutscher Wissenschaftler am Okkupationsregime in Polen im Zweiten Weltkrieg, untersucht an drei Institutionen der deutschen Ostforschung, thèse de doctorat, Université Humboldt, Berlin, 1964. Malheureusement, ce travail n’a jamais été publié. Il fut suivi, en 1988, par le livre pionnier de Michael Burleigh, Germany Turns Eastwards. A Study of Ostforschung in the Third Reich, Cambridge, Cambridge University Press, 1988, qui n’a trouvé que peu d’écho en Allemagne et ne fut pas traduit. Ce n’est que dans les années 1990 que les Forschungsgemeinschaften sont devenues un objet de recherche au sens fort. Cf. Michael Fahlbusch, Wissenschaft im Dienst der nationalsozialistischen Politik ? Die « Volksdeutschen Forschungsgemeinschaften » von 1931-1945, Baden-Baden, Nomos, 1999.
9 Sur les réseaux subversifs du SD, cf. Jürgen Matthäus, « “Weltanschauliche Forschung und Auswertung”. Aus den Akten des Amtes VII im Reichssicherheitshauptamt », Jahrbuch für Antisemitismusforschung, vol. 5, 1996, p. 287-330 ; Lutz Hachmeister, Der Gegnerforscher. Die Karriere des SS-Führers Franz Alfred Six, Munich, Beck, 1998, p. 144 sq. ; Joachim Lerchenmüller (dir.), Die Geschichtswissenschaft in den Planungen des Sicherheitsdienstes der SS. Der SD-Historiker Hermann Löffler und seine Denkschrift « Entwicklung und Aufgaben der Geschichtswissenschaft in Deutschland », Bonn, Dietz, 2001 ; Michael Wildt (dir.), Nachrichtendienst, politische Elite, Mordeinheit. Der Sicherheitsdienst des Reichsführers SS, Hambourg, Hamburger Edition, 2003.
10 Ainsi, par exemple, un historien a récemment mis en relation la production scientifique de Günther Franz (1902-1992), professeur d’histoire moderne à Iéna, puis à la Reichsuniversität de Strasbourg entre 1941 et 1944, avec ses activités dans le cadre du SD et du RSHA. Cf. Wolfgang Behringer, « Bauern-Franz und Rassen-Günther. Die politische Geschichte des Agrarhistorikers Günther Franz (1902-1992) », in Schulze/Oexle, Deutsche Historiker…, op. cit., p. 114-141.
11 Pour le modèle d’une « lecture symptômale » d’un grand historien nazi, fortement marqué par Carl Schmitt, cf. Gadi Agazi, « Otto Brunner – “Konkrete Ordnung” und Sprache der Zeit », in Peter Schöttler (dir.), Geschichtsschreibung als Legitimationswissenschaft 1918-1945, Francfort-surle-Main, Suhrkamp, 1997, p. 166-203.
12 Sur ce mot favori des banalisateurs, voir les observations pertinentes de l’historien militaire Wolfram Wette, « Was ist Verstrickung ? », in Die Zeit, 18 février 1999, http://www.zeit.de/1999/08/Was_ist_Verstrickung_, qui rappelle que cette notion suggère une sorte de « causalité fatale par rapport à laquelle l’individu ne peut être tenu pour responsable. […] Le mot Verstrickung transforme complices, témoins muets, bourreaux ou profiteurs en victimes sans défense d’une force surpuissante. »
13 La Ranke-Gesellschaft (« Société Ranke »), fondée en 1950, regroupe des historiens ayant appartenu au parti nazi et aux SS à la fois pour combattre la « conception alliée de l’histoire » et pour récupérer les chaires perdues au moment des purges de l’immédiat après-guerre. Voir infra chapitre 6.
14 Michael Salewski, « Geschichte und Geschichtswissenschaften. Ihre Grundzüge im 19. und 20. Jahrhundert », in Heiner Timmermann (dir.), Geschichtsschreibung zwischen Wissenschaft und Politik : Deutschland – Frankreich – Polen im 19. und 20. Jahrhundert, Sarrebruck, Dadder, 1987, p. 21-36, ici p. 34.
15 Donc même des historiens-SS comme Günther Franz, évoqué à l’instant. À moins que M. Salewski ne prétende que son prédécesseur à la tête de la Ranke-Gesellschaft n’ait jamais écrit d’ouvrage sérieux ?
16 Cf. Hartmut Boockmann, Der Historiker Hermann Heimpel, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 1990, p. 16. Une telle critique rappelle certains coups de gueule contre les émigrés antinazis après la guerre : Carl Schmitt ne traitait-il pas Thomas Mann de « héros de radio californien » ? Cf. Dirk van Laak, « “Nach dem Sturm schlägt man auf die Barometer ein…” Rechtsintellektuelle Reaktionen auf das Ende des Dritten Reiches », Werkstatt Geschichte, no 6, 1997, p. 25-44, ici p. 29, http://www.werkstattgeschichte.de/werkstatt_site/archiv/WG17_025-044_LAAK_STURM.pdf.
17 Sur l’incapacité des historiens allemands de revenir de manière critique sur leur passé, cf. Nicolas Berg, « Zwischen individuellem und historiographischem Gedächtnis. Der Nationalsozialismus in Autobiographien deutscher Historiker », BIOS, vol. 13, 2000, p. 1181-1207 ; Martin Sabrow, « Die Ohnmacht der Objektivierung. Deutsche Historiker und ihre Umbruchserinnerungen nach 1945 und nach 1989 », Aus Politik und Zeitgeschichte, vol. 28, 2001, p. 31-42, http://www.bpb.de/apuz/26157/die-ohnmacht-der-objektivierung-deutsche-historikerund-ihre-umbruchserinnerungen-nach-1945-und-nach-1989. Voir également infra chapitre 6.
18 Je pense notamment aux archives fermées de Hermann Heimpel (1901-1988), ancien médiéviste à la Reichsuniversität de Strasbourg, auxquelles seulement quelques rares personnes ont eu accès. Cf. Pierre Racine, « Hermann Heimpel à Strasbourg », in W. Schulze et O.G. Oexle, Deutsche Historiker…, op. cit., p. 142-156.
19 Ceci vaut notamment pour les papiers de Walther Kienast (1896-1985), autre médiéviste ayant beaucoup publié sur la France et longtemps responsable de la partie des comptes rendus dans la Historische Zeitschrift.
20 Primo Levi, Les Naufragés et les rescapés, quarante ans après Auschwitz, Paris, Gallimard, 1986, p. 26-27.
21 Ibid.
22 Ces dernières années, la découverte des cas de Theodor Maunz (1901-1993) et de Hans Ernst Schneider (1909-1999) – le premier fut un grand juriste nazi, puis un des principaux auteurs de la littérature juridique en RFA, dont on découvrit après sa mort la connivence secrète avec les néonazis ; le second fut un officier SS qui, après la guerre, se fit passer pour mort et entama une deuxième carrière sous le nom de « Hans Schwerte » qui le mènera jusqu’à la présidence de l’université d’Aixla-Chapelle – ont montré à quel point l’hypothèse du « silence communicatif » (kommunikatives Beschweigen), selon l’expression du philosophe Hermann Lübbe, lui-même nazi dans sa jeunesse, est problématique lorsqu’on est confronté à des tentatives de tricherie et d’imposture. Sur Maunz, cf. Michael Stolleis, « Theodor Maunz – Ein Staatrechtslehrerleben », in Michael Stolleis, Recht im Unrecht. Studien zur Rechtsgeschichte des Nationalsozialismus, Francfort-sur-le-Main, Suhrkamp, 1994, p. 306-317 ; sur le cas exemplaire de Schneider/Schwerte, cf. Ludwig Jäger, Seitenwechsel. Der Fall Schneider/Schwerte und die Diskretion der Germanistik, Munich, Fink, 1998 ; Helmut König (dir.), Der Fall Schwerte im Kontext, Opladen, Westdeutscher Verlag, 1998.
23 Cf. par exemple Ursula Wolf, Litteris et Patriae. Das Janusgesicht der Historie, Stuttgart, Steiner, 1996, qui écrit : « Les catégories de pensée et de connaissance de notre époque démocratique ne valent pas comme échelle de comparaison ou comme base de compréhension pour les modes de penser ou de comportement d’une génération qui se trouvait influencée par d’autres valeurs sociales et d’autres buts politiques. » (p. 24) Par la voie d’une telle historicisation du nazisme, auquel l’auteur prête d’ailleurs une « forte capacité d’attraction » (p. 395), on désavoue, en fait, une seconde fois les universitaires chassés en 1933 : comme si l’échelle de comparaison historique n’était pas la démocratie de Weimar ou des autres pays occidentaux, mais le régime nazi lui-même.
24 Cf. Marc Bloch, Apologie pour l’histoire ou Métier d’historien, nouvelle éd. établie par Étienne Bloch, Paris, A. Colin, 1993, p. 124 sq.
25 Cf. mon intervention au débat organisé par Jürgen Kocka à l’Université libre de Berlin en 1997 : « Deutsche Historiker im Nationalsozialismus – 10 Thesen », Werkstatt Geschichte, no 6, 1997, p. 93-9, http://www.werkstattgeschichte.de/werkstatt_site/archiv/WG17_093-097_SCHOETTLER_THESEN.pdf. Parfois, ce « syndrome de l’avocat de la défense » peut prendre des formes bizarres. Ainsi Hans-Ulrich Wehler parlait-il encore peu de temps avant le congrès des historiens de Francfort de « diffamations dépourvues de toute connaissance » (Die Herausforderung der Kulturgeschichte, Munich, Beck, 1998, p. 143), ensuite il prendra la chose plus au sérieux, mais pour reprocher aux intervenants un « moralisme à court terme » car il ne rendrait pas suffisamment justice aux « processus d’apprentissage » accomplis après 1945. Il proposait donc une sorte de comptabilité (morale) entre « crime et châtiment ». Pourtant, il ne fait aucun doute que la plupart du temps ce fameux « processus d’apprentissage » n’eut lieu que dans la « sécurité du mutisme », selon la belle formule de Dirk van Laak (Gespräche in der Sicherheit des Schweigens. Carl Schmitt in der politischen Geistesgeschichte der frühen Bundesrepublik, Berlin, Akademie, 1993). Aussi Wehler se permettait-il de comparer l’engagement nazi de son maître Schieder avec l’engagement communiste d’un E.P. Thompson ou d’un Eric Hobsbawm, voire avec l’activisme des étudiants contestataires de 1968 (« In den Fussstapfen der kämpfenden Wissenschaft », Frankfurter Allgemeine Zeitung, 4 janvier 1999). Tout le monde se serait donc trompé. Face à ce genre de mise en parallèle absurde, rappelons la boutade de l’historien de Harvard, Charles Maier, qui estimait que si les historiens allemands n’étaient pas prêts au « meurtre du père », il vaudrait mieux laisser l’histoire de leur passé aux non-historiens ; cf. Hartmut Lehmann et James van Horn Melton (dir.), Paths of Continuity. Central European Historiography from the 1930s to the 1950s, Cambridge, Cambridge University Press, 1994, p. 394 sq.
26 Sur cette question de déontologie et d’éthique, cf. le texte fondamental de Günther Patzig qui démonte l’argument que sous le nazisme les normes morales étaient différentes : « Veritas filia temtemporis ? Ein Vorschlag zur Differenzierung », in Jürgen Mittelstrass (dir.), Die Zukunft des Wissens. XVIII Deutscher Kongress für Philosophie, Berlin, Akademie, 2000, p. 60-73.
27 Cf. les remarques pertinentes de Jacques Rancière, « Le concept d’anachronisme et la vérité de l’historien », L’Inactuel, no 6, 1996, p. 53-68, même si on ne partage pas son parti pris contre l’histoire en tant que discipline scientifique.
28 Pour une perspective différente, voir par exemple U. Wolf, Litteris…, op. cit., p. 389, qui cite le programme scolaire du ministère nazi de l’enseignement à propos des doctrines raciales pour conclure : « Si la notion d’historiographie national-socialiste est définie au regard de ces directives, elle n’a jamais existé sous le Troisième Reich. » Son livre se résume d’ailleurs dans la thèse : « En règle générale, les prêtres de Clio restèrent fidèles à leur muse. » (p. 405) Ici, la « compréhension » est confondue avec la confiance dans la sincérité et la véracité des acteurs, dont il est pourtant bien connu qu’ils ont tous assuré, dès le lendemain de la défaite, de n’avoir jamais été de « vrais nazis ».
29 Voir également les autres chapitres de ce livre ainsi que mon article « Die historische “Westforschung” zwischen “Abwehrkampf” und territorialer Offensive », in P. Schöttler (dir.), Geschichtsschreibung…, op. cit., p. 204-261. Pour une excellente étude de l’« espace frontalier occidental » dans l’imaginaire allemand des xixe et xxe siècles, cf. Thomas Müller, Imaginierter Westen. Das Konzept des « deutschen Westraums » im völkischen Diskurs zwischen Politischer Romantik und Nationalsozialismus, Bielefeld, Transcript, 2010.
30 Cf. Michael Jeismann, La Patrie de l’ennemi. La notion d’ennemi et la représentation de la nation en Allemagne et en France, de 1792 à 1918, Paris, CNRS, 1997 ; Michael Nerlich, « La haine de la France », Magazine littéraire, no 359, 1997, p. 54-59.
31 Voir supra chapitre 1.
32 Voir supra chapitre 1.
33 Cf. Fritz Blaich, Grenzlandpolitik im Westen 1926-1936. Die « Westhilfe » zwischen Reichspolitik und Länderinteressen, Stuttgart, DVA, 1978.
34 Cf. Michael Fahlbusch, « Wo der Deutsche… ist, ist Deutschland ! » Die Stiftung für deutsche Volks-und Kulturbodenforschung in Leipzig 1920-1933, Bochum, Brockmeyer, 1994.
35 Voir supra chapitre 1, tableau 1, ainsi que les travaux cités note 8.
36 Carl Petersen et Otto Scheel (dir.), Handwörterbuch des Grenz-und Auslanddeutschtums, 3 vol., Breslau, Hirt, 1933-1938 (de l’entrée « Aachen » à « Massachusetts »). Pour plus de détails, cf. Willi Oberkrome, « Geschichte, Volk und Theorie. Das “Handwörterbuch des Grenz-und Auslanddeutschtums” », in P. Schöttler (dir.), Geschichtsschreibung…, op. cit., p. 104-127.
37 Hedwig Hintze, Staatseinheit und Föderalismus im alten Frankreich und in der Revolution, nouvelle éd. de Rolf Reichhardt, Francfort-sur-le-Main, Suhrkamp, 1989 (1re éd. 1928). Pour la biographie de cette historienne expulsée de l’université de Berlin en 1933, cf. Hinnerk Bruhns, « Hedwig Hintze (1884-1942). Une historienne en avance sur son temps, un destin tragique, une reconnaissance tardive », in André Burguière et Bernard Vincent (dir.), Un siècle d’historiennes, Paris, Des Femmes, 2014, p. 97-115.
38 Kleo Pleyer, Die Landschaft im neuen Frankreich. Stammes-und Volksgruppenbewegung im Frankreich des 19. und 20. Jahrhunderts, Stuttgart, Kohlhammer, 1935 ; Id., Die Kräfte des Grenzkampfes in Ostmitteleuropa, Hambourg, Hanseatische Verlagsanstalt, 1937. Sur Pleyer, dont le discours était particulièrement fanatique et génocidaire, cf. P. Schöttler, « Westforschung », p. 221 et 229 sq. Pour une esquisse biographique, cf. Gerhard Oberkofler, Ludwig Spiegel und Kleo Pleyer. Deutsche Misere in der Biografie zweier sudetendeutscher Intellektueller, Innsbruck, Studien Verlag, 2012.
39 Par völkisch, nous désignons une posture idéologique difficile à traduire se situant entre un nationalisme classique et un racisme déclaré. Sur son champ sémantique, cf. Félix Lusset, « Note sur l’épithète “voelkisch” : problème de traduction ou exigence intellectuelle ? », Allemagne d’aujourd’hui, no 7, 1967, p. 54-56.
40 Cf. Joseph Jurt, « La romanistique allemande sous le Troisième Reich : attentistes, résistants, émigrés », Actes de la recherche en sciences sociales, nos 86-87, 1991, p. 125-128 ; Frank-Rutger Hausmann, « Vom Strudel der Ereignisse verschlungen ». Deutsche Romanistik im « Dritten Reich », Francfort-sur-le-Main, Klostermann, 2000.
41 Voir leurs principaux ouvrages sur la France : Walter Frank, Nationalismus und Demokratie im Frankreich der Dritten Republik 1871 bis 1918, Hambourg, Hanseatische Verlagsanstalt, 1933 ; K. Pleyer, Landschaft…, op. cit. ; Adolf Helbok, Grundlagen der Volksgeschichte Deutschlands und Frankreichs. Vergleichende Studien zur deutschen Rassen-, Kultur-und Staatsgeschichte, 2 vol., Berlin, De Gruyter, 1937 ; Ernst Anrich, Die Bedrohung Europas durch Frankreich. Dreihundert Jahre Hegemoniestreben aus Anmassung und Angst, Berlin, Junker & Dünnhaupt, 1940.
42 Sur ces historiens, cf. T. Etzenmüller, Sozialgeschichte…, op. cit., p. 132 sq. ; Reto Heinzel, Theodor Mayer. Ein Mittelalterhistoriker im Banne des « Volkstums » 1920-1960, Paderborn, Schöningh, 2016.
43 Sur F. Steinbach, qui n’était pas membre du parti nazi mais de la fédération nazie des professeurs (NS-Dozentenbund), ce qui n’était pas obligatoire, cf. Ulrich Tiedau, « Franz Steinbach », in I. Haar et M. Fahlbusch, Handbuch…, op. cit., p. 661-666. Durant la guerre, Steinbach enseigna comme « professeur invité » à l’université de Gand, puis servit comme officier en Norvège.
44 Sur F. Petri, membre du parti nazi depuis 1937, cf. Karl Ditt, « Die Kulturraumforschung zwischen Wissenschaft und Politik. Das Beispiel Franz Petri (1903-1993) », Westfälische Forschungen, no 46, 1996, p. 73-176. Bien que ce portrait ne soit pas dépourvu d’esprit critique, il débouche malheureusement sur une réhabilitation discrète. Presque tous les documents incriminants sont minimisés et dans la présentation détaillée de la thèse de Petri (p. 77-97), le mot « race », pourtant fréquemment employé, n’apparaît jamais. Selon l’auteur, Petri n’aurait été « vraiment nazi » que pendant la guerre, lorsqu’il était responsable de la « politique culturelle » en Belgique et en France du Nord.
45 Franz Steinbach, Collectanea. Aufsätze und Abhandlungen zur Verfassungs-, Sozial-und Wirtschaftsgeschichte, geschichtlichen Landeskunde und Kulturraumforschung, éd. par Franz Petri et al., Bonn, Röhrscheid, 1967 ; Franz Petri, Zur Geschichte und Landeskunde der Rheinlande, Westfalens und ihrer westeuropäischen Nachbarländer, éd. par Edith Ennen et al., Bonn, Röhrscheid, 1973. Dans ce contexte, la maison d’édition Wissenschaftliche Buchgesellschaft (WBG), fondée en 1949 par l’ancien historien nazi Ernst Anrich (1906-2001), joua un rôle clé en republiant systématiquement la littérature d’avant-guerre, parfois avec une terminologie « épurée ». Sur Anrich, qui dans les années 1960 était membre de la direction du parti néonazi NPD, cf. Lothar Kettenacker, « Ernst Anrich und die Reichsuniversität Strassburg », in Christian Baechler, François Igersheim et Pierre Racine (dir.), Les Reichsuniversitäten de Strasbourg et de Poznań et les résistances universitaires. 1941-1944, Strasbourg, PUS, 2005, p. 83-96.
46 Franz Steinbach, « Bürger und Bauer im Zeitalter der Industrie », in F. Steinbach, Collectanea…, op. cit., p. 867-868.
47 Franz Steinbach, Studien zur westdeutschen Stammes-und Volksgeschichte, Iéna, Fischer, 1926 (réimp. Darmstadt, WBG, 1962).
48 Cf. Johannes Haller, Tausend Jahre deutsch-französischer Beziehungen, Stuttgart, Cotta, 1930. Il est significatif que ce livre, qui provoqua en France un compte rendu au vitriol de Marc Bloch (RH, vol. 175, 1935, p. 158) et une longue réplique de Gaston Zeller (La France et l’Allemagne depuis dix siècles, Paris, A. Colin, 1932), fut à son tour l’objet d’une critique völkisch de la part d’un collègue de la Westforschung, Kurt von Raumer, dans la Deutsche Literatur-Zeitung (1931, no 1, col. 32-37). Sur l’obsession anti-française de Haller, un médiéviste de renom, cf. Heribert Müller, « Der bewunderte Erbfeind. Johannes Haller, Frankreich und das französische Mittelalter », Historische Zeitschrift, vol. 252, 1991, p. 265-317.
49 Tandis que ces renvois se combinent avec des références à l’anthropogéographie de Friedrich Ratzel, il est intéressant de voir que Steinbach prend nettement ses distances vis-à-vis de la « géopolitique » de Karl Haushofer (Studien…, op. cit., p. 27). Comme la plupart des historiens professionnels de son temps, il se méfie des simplifications « spatiales ». La même démarcation domine au sein de la géographie universitaire qui servira plus tard la politique nazie sans recourir aux dogmes « géopolitiques ». Cf. Mark Bassin, « Race contra Space : The Conflict between German “Geopolitik” and National Socialism », Political Geography Quarterly, no 6, 1987, p. 115-134 ; Mechtild Rössler, « Wissenschaft und Lebensraum ». Geographische Ostforschung im Nationalsozialismus, Berlin, Reimer, 1990.
50 F. Steinbach, Studien…, op. cit., p. 150.
51 Ibid., p. 179.
52 La conversion de Steinbach au dogme völkisch et racial peut se lire notamment dans sa contribution, intitulée « Das Frankenreich », au manuel dirigé par Arnold Oskar Meyer, Handbuch der deutschen Geschichte, t. 1, Potsdam, Athenaion, 1936, p. 106-146, en particulier p. 142. Voir aussi les publications de guerre de Steinbach : Der geschichtliche Sinn des Waffenstillstands mit Frankreich, Bonn, s.n., 1940 ; Id., « Holland, Belgien, Luxemburg », Deutschlands Erneuerung, no 24, 1940, p. 475-483 ; Id., « Luxemburg », in Friedrich Heiss (dir.), Deutschland und der Westraum, Berlin, Volk und Reich, 1941, p. 145-155 ; etc.
53 Cf. Uta Jungcurt, Alldeutscher Extremismus in der Weimarer Republik, Berlin, De Gruyter, 2016, p. 155 sq.
54 Franz Petri, Germanisches Volkserbe in Wallonien und Nordfrankreich. Die fränkische Landnahme in Frankreich und den Niederlanden und die Bildung der westlichen Sprachgrenze, 2 vol., Bonn, Röhrscheidt, 1937 (réimp. 1942).
55 Ceci ressort à la fois de leurs publications communes (cf. Franz Steinbach et Franz Petri, Zur Grundlegung der europäischen Einheit durch die Franken, Leipzig, Hirt, 1939) ainsi que de leur correspondance conservée dans le archives de Petri, aujourd’hui déposées aux archives régionales de Westphalie (ALWL) à Münster.
56 F. Petri, Germanisches Volkserbe…, op. cit., p. 853.
57 Sur ce personnage et son audience, cf. Dirk Preuss, Anthropologe und Forschungsreisender. Biographie und Anthropologie Egon Freiherr von Eickstedts (1892-1965), Munich, Utz, 2009.
58 F. Petri, Germanisches Volkserbe…, op. cit., p. 854-856.
59 Ibid., p. VI.
60 Cf. la critique virulente du médiéviste Maurice Wilmotte dans la revue Le Moyen Âge, vol. 48, 1938, p. 66-74, ainsi que dans le quotidien Le Soir du 19 octobre 1939.
61 Franz Petri, « Offener Brief an einen wallonischen Gelehrten », Rheinische Vierteljahrsblätter, vol. 9, 1939, p. 296 sq.
62 Cf. Marnix Beyen, Oorlog & verleden. Nationale geschiedenis in België en Nederland, 1938-1947, Amsterdam, Amsterdam University Press, 2002, p. 84 sq. et passim.
63 Cf. Dirk Martin, « Les universités belges pendant la deuxième guerre mondiale », in Étienne Dejonghe (dir.), L’Occupation en France et en Belgique. 1940-1944. Actes du colloque de Lille, 26-28 avril 1985, t. 1, Villeneuve-d’Ascq, 1987, p. 315-336 (numéro spécial de la Revue du Nord).
64 Cf. Andrée Despy-Meyer et al. (dir.), 25.11.1941. L’Université libre de Bruxelles ferme ses portes, Bruxelles, ULB, 1991.
65 Cf. ALWL, Fonds Franz Petri, 914/136. On y trouve également un exemplaire du catalogue avec une longue introduction de Petri (p. 5-13).
66 Henry Picker, Hitlers Tischgespräche im Führerhauptquartier 1941-42, éd. par Gerhard Ritter, Bonn, Röhrscheidt, 1951, p. 425 (trad. fr. : Hitler cet inconnu, Paris, Presses de la Cité, 1969). Sur l’accueil et le coté scandaleux de cette édition, cf. W. Schulze, Geschichtswissenschaft…, op. cit., p. 29 sq.
67 ALWL, Fonds Franz Petri, 914/315, pelure d’une lettre du 23 février 1942.
68 Voir infra chapitre 4.
69 Cf. Ernst Anrich, Die Geschichte der deutschen Westgrenze, Leipzig, Quelle & Meyer, 1939, p. 10 sq. ; du même, Die Strassburger Eide vom 14. Februar 842 als Markstein der deutschen Geschichte, Strasbourg, Hünenburg, 1943, p. 101 sq. Sur ce personnage, voir supra note 45.
70 Cf. par exemple Hermann von Bothmer, Germanisches Bauerntum in Nordfrankreich, Goslar, Bluten-und-Boden-Verlag, 1939 ; Heinrich Römer (dir.), Rhein – Reich – Frankreich. Zeitgeschichte in Berichten, Reden und Urkunden, Leipzig, Brandstetter, 1940 ; F. Heiss, Deutschland und der Westraum, op. cit. ; Karl Jacobs (dir.), Führer durch Nordfrankreich, Flandern und Artois, Bruxelles, Verlag der Zentrale der Frontbuchhandlungen, 1943.
71 Cf. le remarquable mémoire de fin d’études de Johannes Kraft dirigé par Jakob Vogel : « Flandria irredenta ». Nordfrankreich im volks-und landeskundlichen Diskurs des « Dritten Reiches », Université de Cologne, 2010.
72 Sur cet historien haut en couleur, cf. Christian Cornelissen, Gerhard Ritter. Geschichtswissenschaft und Politik im 20. Jahrhundert, Düsseldorf, Droste, 2001.
73 Cf. H. Picker, Tischgespräche…, op. cit., p. 425. Signalons que cette note disparaîtra dans les éditions ultérieures des « propos ». Mais la correspondance entre Petri et Ritter révèle que Petri lui-même avait rédigé la note infrapaginale qui devait le dédouaner (ALWL, Fonds Franz Petri, 914/93). Sur les enjeux de ce livre, qui constituait la première publication du nouvel Institut für Zeitgeschichte de Munich, voir aussi infra chapitre 6.
74 Voir ses remarques sur le « Vlaamsch Verbond van Frankrijk » (Grundsätzlichen Bemerkungen zur Denkschrift des Vlaamsch Verbond van Frankrijk), datées de juillet 1941, ou nous lisons en conclusion : « Au cas où il y aurait des détachements importants de territoires français on devrait évidemment s’attendre à des conséquences politiques et ethniques sérieuses. […] Dans la mesure où de tels détachements de la France s’imposeraient pour des raisons stratégiques, ils devraient en tous cas avoir lieu non pas en raison, mais malgré le caractère ethnique de ces territoires. » (ALWL, Fonds Franz Petri, 914/161) Sur le Vlaamsch Verbond van Frankrijk et son chef, l’abbé Gantois, cf. Étienne Dejonghe et Yves Le Maner, Le Nord-Pas-de-Calais…, op. cit., p. 101 sq.
75 Cf. K. Ditt, « Kulturraumforschung », art. cit., p. 122 sq. Mais comme la plupart des anciens universitaires nazis, Petri en fera après la guerre « un sujet tabou » (p. 154).
76 Cf. Ernst Gamillscheg, Germanische Siedlung in Belgien und Nordfrankreich, Berlin, De Gruyter, 1938. F. Petri réplique par son article « Um die Volksgrundlagen des Frankenreichs », Deutsches Archiv für Landes-und Volksforschung, vol. 2, 1938, p. 913-962 ; on y trouve aussi une liste des autres comptes rendus consacrés à son livre.
77 Wolfgang Haubrichs, « Germania submersa. Zu Fragen der Quantität und Dauer germanischer Siedlungsinseln im romanischen Lothringen und Südbelgien », in Harald Burger et al. (dir.), Verborum Amor, Studien zur Geschichte und Kunst der deutschen Sprache. Festschrift für Stefan Sonderegger zum 65. Geburtstag, Berlin, De Gruyter, 1992, p. 633-666. Cf. aussi Klaus von See, « Politisch-soziale Interessen in der Sprachgeschichtsforschung des 19. und 20. Jahrhunderts », in Werner Besch et al. (dir.), Sprachgeschichte. Ein Handbuch zur Geschichte der deutschen Sprache und ihrer Erforschung, t. 1, Berlin, De Gruyter, 1984, p. 253-256.
78 Dans Germanisches Volkserbe…, op. cit., p. 997, Petri reprend la métaphore de la « voix inaudible du sang » de l’historien antiquisant Erich Wahle (Deutsche Vorzeit, Leipzig, Kapitzsch, 1932, p. 125). À une autre occasion il l’utilise ensuite de manière autonome et écrit notamment que « la voix du sang peut certes rester silencieuse, mais jamais véritablement s’éteindre tant que le Volkstum continue de vivre » ; cf. son article « Flandern als germanisches Grenzland », De Vlag, nos 1-2, 1938, p. 22-28, ici p. 28. Comme l’on sait, la métaphore du sang était souvent employée par le régime pour naturaliser et magnifier certaines décisions politiques. Ainsi, à travers les lois sur l’hygiène raciale (1933) ou le référendum concernant la Sarre (1935), la « voix du sang » restait victorieuse : « Die Stimme des Blutes hat gesiegt » (« La voix du sang a triomphé »), annonçaient les affiches allemandes/nazies après le vote. Pour une analyse critique de ce langage, cf. le livre pionnier de Victor Klemperer, LTI. La Langue du Troisième Reich, Paris, A. Michel, 1996, chap. 36 (1re éd. all. 1947).
79 Voir P. Schöttler, « Westforschung », art. cit., p. 213 sq. Comme il ressort de son échange des lettres avec Anrich, Petri avait accepté cette nomination, et ce sont seulement les coupes budgétaires qui ont fait échouer le projet.
80 Sur la biographie du jeune Petri, cf. K. Ditt, « Kulturraumforschung… », art. cit, p. 128-131.
81 Cf. Peter Schöttler, « Karl Ferdinand Werner et l’histoire du temps présent », Francia, vol. 38, 2011, p. 179-189.
82 Cf. Karl Ferdinand Werner, « La “conquête franque” de la Gaule. Itinéraires historiographiques d’une erreur », Bibliothèque de l’École des Chartes, vol. 154, 1996, p. 7-45.
83 Cf. également Carlrichard Brühl, Naissance de deux peuples. Français et Allemands (ixe-xie siècle), Paris, Fayard, 1995 ; Patrick Geary, Quand les nations refont l’histoire. L’invention des origines médiévales de l’Europe, Paris, Flammarion, 2011.
84 Voir P. Schöttler, « Westforschung », art. cit, p. 258, note 157.
85 Sur la continuité de la recherche raciale après 1945, cf. Peter Weingart, Jürgen Kroll et Kurt Bayertz, Rasse, Blut und Gene. Geschichte der Eugenik und Rassenhygiene in Deutschland, Francfort-surle-Main, Suhrkamp, 1988, p. 562 sq. ; Heidrun Kaupen-Haas et Christian Saller (dir.) Wissenschaftlicher Rassismus. Analysen einer Kontinuität in den Human-und Naturwissenschaften, Francfort-sur-le-Main, Campus, 1999.
86 Otmar von Verschuer (1896-1969), ancien directeur du Kaiser-Wilhelm-Institut für Anthropologie à Berlin et à ce titre en contact régulier avec son ancien assistant, le Dr Mengele à Auschwitz, devint ensuite professeur à l’université de Münster. Cf. Hans-Walter Schmuhl, Grenzüberschreitungen. Das Kaiser-Wilhelm-Institut für Anthropologie, menschliche Erblehre und Eugenik 1927-1945, Göttingen, Wallstein, 2005.
87 Cf. Ilse Schwidetzky et Hubert Walter, Untersuchungen zur anthropologischen Gliederung Westfalens, Münster, Aschendorff, 1967 (vol. V/1 de la série « Der Raum Westfalen »). Dans la préface est évoqué l’exemple des « grandes enquêtes anthropologiques » menées par Egon von Eickstedt et Ilse Schwidetzky dans les années 1930, mais le titre de leur ouvrage (Die Rassenuntersuchung in Schlesien, Breslau, Priebatsch, 1940-1941) est savamment passé sous silence (p. XIV). Sur la raciologie de cette période, cf. aussi Benoit Massin, « Anthropologie raciale et national-socialisme : heurs et malheurs du paradigme de la “race” », in Josiane Olff-Nathan (dir.), La Science sous le Troisième Reich, Paris, Seuil, 1993, p. 197-262 ; Édouard Conte et Cornelia Essner, La Quête de la race. Une anthropologie du nazisme, Paris, Hachette, 1995.
88 Cf. Saul Friedländer, L’Antisémitisme nazi. Histoire d’une psychose collective, Paris, Seuil, 1971, p. 146 sq.
89 Felix Dahn, Ein Kampf um Rom. Historischer Roman, Munich, DTV, 2003 (1re éd. 1876), p. 63 ; Ludwig Woltmann, Die Germanen in Frankreich, éd. par Otto Reche, Leipzig, Dörner, 1936 (1re éd. 1907), p. 53 et 58 (trad. fr. : Les Germains en France, Villeurbanne, Doxa, 2008). Sur ces auteurs et la mémoire mythologique du « second empire » allemand, cf. Rainer Kipper, Der Germanenmythos im Deutschen Kaiserreich. Formen und Funktionen historischer Selbstthematisierung, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 2002, p. 118 sq. et 316 sq.