Réception de l’étranger dans la Revue historique (1886-1887)
Pour une mise en perspective des politiques de traduction
p. 249-267
Texte intégral
1Pour son numéro 30 de 1886 qui marque l’entrée dans « sa seconde période décennale », la Revue historique s’affirme comme la plus internationale des revues du même genre « par le nombre et la précision des renseignements qu’elle fournit sur les mouvements historiques dans divers pays1 » et se place comme « une sorte de moniteur international des sciences historiques2 ». Ce rôle se traduit par la volonté de faire une place encore plus large aux publications étrangères et de surmonter les difficultés que la revue avait rencontrées jusque-là, à savoir la difficulté d’avoir des collaborateurs réguliers et fiables dans un grand nombre de pays européens ainsi qu’aux États-Unis et de pouvoir rendre compte dans des délais raisonnables des productions étrangères. L’accent qui est ainsi mis sur l’ouverture internationale de la revue3, ainsi qu’au cours des différents articles et comptes rendus, sur une émulation scientifique commune aux différentes nations ne peut manquer d’étonner les premiers lecteurs de la revue par le contraste qu’il y a entre le panorama historique dressé par Gabriel Monod en 1876 pour le numéro 1, où domine l’école française aux dépens d’une historiographie anglaise à qui le créateur de la revue ne reconnaît rien, de références à l’école italienne rejetées au début de la Renaissance et aux balbutiements de l’historiographie moderne et de quelques pages fort peu nombreuses consacrées à l’Allemagne seule rescapée de la suprématie française sur le plan européen.
2Cet infléchissement évident en l’espace de dix ans, nous invite à mettre en perspective le positionnement international de la revue en 1886 afin de voir sous quelles formes elle se manifeste. Il s’agira à partir de là de voir quelle est la place des traductions et si les divers témoignages de reconnaissance, à savoir les comptes rendus ou les éloges et les nécrologies de savants étrangers, ont été influencés par des traductions antérieures ou ont donné lieu à une politique concertée de traductions ultérieures. Nous voulons par ce biais comprendre la place particulière des historiens et de l’historiographie dans les échanges des idées et la circulation des livres principalement vers la France et expliquer la part réduite des traductions dans ces transferts culturels. L’étude porte sur les années 1886 et 1887, pour tenir compte des délais nécessaires qui existent entre la publication d’un ouvrage et des réactions qu’il est susceptible de susciter. À l’issue de ce parcours, nous pouvons ainsi montrer comment la réception de l’étranger, les politiques de traduction servent à définir un canon à la fois scientifique et littéraire dans le paysage de l’écriture historique, mais sont aussi évoqués parce que ce corpus de références internationales confirment des normes d’écriture existantes.
3Les références aux ouvrages et aux historiens étrangers apparaissent sous plusieurs formes dans la Revue historique : des notes bibliographiques lorsque les articles de fond traitent de sujets étrangers, de comptes rendus critiques étendus, au même titre des ouvrages français, selon parfois sous la forme d’un compte rendu parallèle entre deux auteurs, un Français (Henri Delpech pour la livraison 9 du tome 35 paru en 1887), et un étranger, allemand en l’occurrence (Gustav Koehler), qui ont traité d’un sujet analogue (la tactique militaire médiévale pour le premier, le développement de la stratégie militaire au temps de la chevalerie pour le second4). La comparaison sert ici à mettre en avant les différences de méthodes et d’établir lequel des deux auteurs propose l’étude la plus aboutie. À côté de ces comptes rendus critiques, la rubrique des bulletins historiques fait état des décès des figures marquantes de l’histoire internationale, des programmes de publications et de financement, celle des bulletins critiques cite nombre de revues étrangères et en donne la table des matières à la fois des articles et des comptes rendus. Parfois, les articles ainsi cités sont rapidement commentés (bon, soigné, excellent, médiocre) ou résumés. Mais la pratique n’est pas constante, bien qu’on remarque que les commentaires, fussent-ils brefs, sont plus fréquents dans le recensement des revues anglaises.
4L’ampleur des références aux revues les plus diverses est impressionnante et correspond bien au programme annoncé dans l’avis au lecteur de 1886. Elle contraste non seulement avec l’article programmatique de Monod en 1876, auquel nous avons fait déjà allusion, mais avec les débuts de la Revue des questions historiques, fondée en 1867 par le Marquis de Beaucourt et dont Monod et Gustave Fagniez s’étaient démarqués précisément en fondant leur propre publication scientifique. Dans le cas de la Revue des questions historiques, le tropisme avait été d’emblée anglais par la parution régulière de la rubrique « courrier anglais » rédigée par l’anglo-français Gustave Masson5.
5Dans la Revue historique de Monod-Fagniez, certains pays l’emportent assurément, puisque pour l’Allemagne, cette revue cite une trentaine de périodiques et va jusqu’à s’intéresser aux revues régionales (Zeitschrift des Vereins für Thüringische Geschichte, Preussische Jahrbücher notamment), témoignant ainsi, du foisonnement des sociétés savantes ainsi que d’une activité historique soutenue, aux deux sens du terme, puisque les publications sont intenses et relèvent d’une véritable politique régionale voire municipale qu’on retrouve également en France et en Grande-Bretagne. Elle fait la part belle aussi bien aux revues théologiques, protestantes (Jahrbücher für protestantische Theologie) ou catholiques (Der Katholik)6, alors qu’elle-même avait été fondée en 1876 contre la Revue des questions historiques, réputée trop catholique et conservatrice. La Belgique est bien représentée par des publications monographiques ou des articles en français ou en néerlandais et par des périodiques. Il est régulièrement fait référence à l’historiographie italienne (environ cinq à dix revues, dont la Rivista Storica Italiana fondée en 1884 et toujours vivante aujourd’hui ou des revues locales tels l’Archivio Storico Siciliano ou l’Archivio veneto), anglaise (environ cinq, six revues plutôt généralistes pour chaque numéro du bulletin critique, à savoir The English historical Review de création récente, The Academy, The Atheneum, revue littéraire, The Contemporary Review, tournée vers l’actualité, plus rarement The Scottish Review, The Nineteenth Century Monthly Review), enfin le bulletin critique renvoie aux travaux américains dans The Nation, voire roumains (RH, 1887/05, t. 34), hollandais, autrichiens.
6Ce panorama, qui est fourni au lectorat éclairé de la Revue historique, permet de donner la juste mesure de la place qui est accordée, dans chaque pays, aux études historiques et à l’organisation scientifique et institutionnelle de la discipline. Il est complété plus ponctuellement par des rubriques spéciales consacrées à la Suisse, à son histoire et aux documents qu’elle a publiés (RH, 1886/05, t. 31), au Danemark (RH, 1887/12, t. 35, p. 372-387) – qui suscite un intérêt croissant, annoncé justement dès 1886 par celui qui s’affirme en France comme le grand traducteur et le spécialiste du domaine danois, E. Beauvois (1886/01, t. 30, p. 173), et qui a également publié, on l’a vu, dans la Revue des questions historiques. Des rubriques sur l’Espagne, la Hongrie, la Grèce, et sur la Pologne font leur apparition notamment dans la première livraison du tome 33 (1887) qui a une très forte coloration internationale en raison de notices consacrées à la Russie et à la Bohème.
7Les éditeurs de la revue s’emploient à classer les revues ou les articles, dont les titres sont le plus souvent traduits par le correspondant dans le cas des langues plus rares, par sujet (par exemple les Vaudois) et non seulement par discipline (histoire médiévale, histoire ancienne ou générale) et par nationalité, ce qui a pour effet de mettre en lumière (est-ce un effet de perspective ou une réalité, il est parfois difficile d’en juger) une politique scientifique de publication concertée et cohérente, presque à l’échelle internationale7. Pour les pays qui ne font pas l’objet d’une rubrique régulière, la Revue historique cherche à encourager des écoles locales, encore considérées comme en marge du grand mouvement européen, en témoignant de leur état d’avancement supposé dans la voie des bonnes pratiques historiques (selon les normes éditoriales véhiculées par les disciples de Gabriel Monod). Enfin, chaque numéro est complété par une liste d’auteurs et d’ouvrages reçus qui confirme la nette prédominance du pôle allemand au sein des publications étrangères. La comparaison avec les sommaires des autres revues historiques françaises cette fois, qui apparaissent aussi dans le bulletin critique, semble corroborer l’avis au lecteur de 1886, à savoir la Revue historique est bien celle qui s’intéresse le plus aux recherches menées à l’étranger et qui y fait le plus largement écho.
8Toutefois, malgré l’étendue visible et tout à fait remarquable des rubriques ouvertes sur l’Europe et les États-Unis, les jugements portés sur l’étranger ne sont pas sans condescendance, condescendance qui est à la fois liée aux pratiques historiques employées qu’on juge encore défectueuses ou au regard qui est porté sur une nation encore à définir. La revue se pose alors pleinement comme le moniteur de l’Europe, pour reprendre le texte programmatique de 1886, puisqu’il s’agit de conduire sur le droit chemin les écoles historiques archaïques ou balbutiantes. Elle salue la fondation de sociétés historiques patronnées par le pouvoir, comme la société historique russe créée en 1882, sous l’égide de l’empereur lui-même, à laquelle la revue accorde une mention spéciale en 1886 (livraison 5, t. 31, p. 136 sqq.). Elle fait également écho au patronage de collègues historiens étrangers (ainsi la société pour l’étude de l’histoire anglaise sous le patronage de « l’éminent jurisconsulte du xviie siècle, Roger Selden8 »). Elle met en avant la création de revues qui semblent inspirées par la Revue historique elle-même ou rapporte la mise en œuvre de dictionnaires biographiques, sur le modèle de ce qui existe déjà en France : le lecteur est régulièrement informé des progrès du Dictionary of National Biography publié en Grande-Bretagne (RH, 1887/01, t. 33, p. 235) ou du Dictionnaire biographique espagnol « sur le modèle de la Biographie nationale belge » (RH, 1886/01, t. 30, p. 2739), ou encore des débuts timides de la biographie nationale que le Danemark ne possédait pas encore « tandis que la plupart des autres pays en étaient pourvus »(RH, 1887/09, t. 35, p. 335). Les parallèles sont ainsi dressés afin de montrer comment il existe un seul et même mouvement scientifique (l’article programmatique de la revue en 1876 est clair là-dessus, il y a un mouvement vers le progrès), les nations moins avancées prenant exemple sur ce qui se passe ailleurs pour l’imiter et se mettre au diapason :
Une petite collection de récits sur l’histoire de France, publiée par M. Zeller va avoir son pendant en Angleterre : sous la direction de M. York Powell, un volume composé d’extraits des chroniqueurs, de papiers d’état, de mémoires, de lettres etc. sera consacré à chaque époque caractéristique de l’histoire de ce pays. Nous souhaitons bonne fortune à cette entreprise que le succès, malgré les inexpériences peut-être inévitables, au début, a déjà récompensée en France. (RH, 1887/01, t. 33, p. 236-237)
9Il faut savoir que Frederick York Powell n’était pas encore l’historien reconnu qu’il est devenu par la suite, puisqu’il ne s’était fait connaître que par son Early England up to the Norman Conquest10 publié en Grande-Bretagne en 1876, tandis que l’entreprise que Paul Louis Berthold Zeller a entamée en 1876 s’était déjà traduite par 65 volumes publiés régulièrement jusqu’en 1888. On mesure alors pleinement le décalage que suggère la Revue historique entre les deux projets, l’un encore à ses balbutiements et l’autre couronné de succès.
10La condescendance de la revue s’exprime de façon récurrente dans les jugements qui sont portés sur les historiens et sur les méthodes employées : il s’agit de véhiculer des valeurs et des normes d’écriture par les fautes et les manquements que l’on décèle. Il serait fastidieux de faire un catalogue des reproches qui ont été faits, mais ils sont tellement nombreux et empreints de préjugés nationaux qu’il est important d’en donner quelques exemples afin de comprendre quel est le regard qui est jeté sur l’historiographie étrangère et en déduire les raisons pour lesquelles les auteurs, même majeurs, ont été sous-traduits comme on le verra plus loin. Ainsi Samuel Berger, spécialiste d’histoire religieuse, parlant de l’Histoire des Vaudois d’Italie, depuis leurs origines jusqu’à nos jours (publié à Paris, Fischbacher, 1887) reproche à l’auteur Emilio Comba d’avoir un style « en dehors des usages » (RH, 1887/09, t. 35, p. 413), et l’invite à « compren[dre] que les questions de méthode sont des questions de forme autant que de fond, qu’un livre d’histoire doit avoir l’air d’être impartial s’il veut l’être en effet et que le style lui-même dans un livre d’histoire doit être strictement historique sous peine de séduire l’auteur et de l’entraîner hors de la vérité » (RH, 1887/09, t. 35, p. 415). On pourrait n’y voir qu’une attaque générale contre un auteur trop engagé, toutefois des présupposés analogues (à savoir que le progrès scientifique a imposé certains canons d’écriture auxquels il est impératif de se soumettre sous peine d’être disqualifié) apparaissent dans un compte rendu critique publié en 1886 sur Metz et Thionville sous Charles Quint (1880), de l’historien belge francophone Charles Rahlenbeck, spécialiste de l’histoire des Pays-Bas :
On peut regretter seulement que l’auteur […] ait oublié […] que la gravité de l’histoire n’admet plus de nos jours les amplifications à la Tite-Live et nous ait offert à certaines pages de son récit des conversations dont il ne serait guère possible de retrouver les minutes dans les pièces d’archive. (RH, 1886/01-04, t. 30, p. 175)
11Le jugement est tellement caractéristique du ton général de la Revue historique qu’il peut servir d’excuse pour évoquer ici un auteur francophone. En effet, ce n’est pas la seule occurrence – le trait se retrouve pour le Belge Joseph-Bruno Kervyn de Lettonhove qui fait l’objet de fréquentes attaques en règle11 – où on reproche à un étranger d’avoir une conception archaïque de l’histoire et de répondre à des critères esthétiques qui appartiennent au mieux à la première moitié du siècle ou qui renvoient, au pire, à une période où l’histoire n’avait aucune prétention à être scientifique.
12Parmi le flot des reproches, ce sont certainement les historiens anglais qui essuient le plus de critiques, à la fois méthodologiques et idéologiques, alors que la génération précédente d’historiens – on peut penser à François Guizot ou à Augustin Thierry – s’en était largement inspirée et, dans le cas de Guizot, les avait même traduits. On peut se demander dans quelle mesure il ne s’agit pas là d’une réaction contre la Revue des questions historiques puisque le « courrier anglais » de Gustave Masson ne trahit pas du tout cette condescendance de principe, même lorsque celui-ci fait état d’entreprises historiques qui n’ont pas été menées par des professionnels (femmes de lettres, nobles, par exemple12). Le compte rendu critique de Charles Gross sur The Literature of Local Institutions de George Laurence Gomme (RH, 1887/09, t. 35) est caractéristique de ce revirement à maints égards. D’abord, il se moque de l’historien anglais et lui reproche de vouloir « rechercher les vestiges encore vivants de formes primitives et de types archaïques, comme si le seul problème essentiel dans l’histoire des institutions locales était de prouver qu’elles dérivent des anciennes communautés du village » (RH, 1887/09, t. 35, p. 195-196). Gross marque ainsi une critique fondamentale à l’encontre de l’historiographie britannique whig, libérale, en particulier, qui accorde une large place aux précédents les plus anciens dans l’établissement du droit, celle-là même qui a inspiré les Guizot ou les Thierry. Ensuite, il s’attaque aux méthodes de recherches qui règnent encore, selon lui, en Grande-Bretagne, à savoir l’intérêt pour de « futiles étymologies, de[s] généalogies interminables, d’innombrables épitaphes et de récits emphatiques de visites royales ». Le ton d’ensemble est des plus cinglants et suggère fortement l’incompétence générale des historiens d’outre-Manche : « Il est un peu humiliant pour l’érudition historique en Angleterre de penser que jusqu’ici presque personne n’ait encore osé mettre le pied sur ce sol vierge, si facilement accessible. » (RH, 1887/09, t. 35, p. 196) Même si Gross accorde à Gomme un rôle de pionnier, dans certaines des données qu’il a su recueillir, on ne s’étonnera pas, en raison du ton d’ensemble que l’auteur anglais, pourtant membre fondateur de la Folklore Society en 1878 et membre important de la communauté des historiens anglais, n’ait jamais été traduit.
13Mais même lorsque l’ouvrage se rapproche des canons de la Revue historique, la rivalité nationale l’emporte le plus souvent dans les jugements qui sont portés sur cette production étrangère qui est globalement sous-traduite. La volonté de réduire, en particulier, l’influence de l’Allemagne se fait nettement sentir. Monod ne s’est-il pas plaint de l’importance exagérée accordée aux recherches et ouvrages allemands ? On appréciera dans l’article anonyme de 1886 sur Franz von Wegele, auteur d’un ouvrage sur l’histoire de l’historiographie allemande (Geschichte der deutschen Historiographie seit dem Auftreten des Humanismus, 1885), la réaction qui est attribuée à son lecteur français :
Plus d’un lecteur, je le crains, poussera un profond soupir de compassion en prenant ce gros volume […] « Voilà bien, diront-ils, un vrai livre allemand ! » Les côtés intéressants du sujet ne sont qu’effleurés ; les points secondaires, les détails fastidieux sont, au contraire traités avec un soin qui fait honneur à la puissance de travail et à la persévérance de l’auteur, mais qui laisse en doute s’il est capable de discerner ce qui est vraiment important de ce qui l’est moins ou de ce qui ne l’est pas du tout. (RH, 1886/05, t. 31, p. 186)
14Le commentaire témoigne de toute la force du préjugé. On aurait pu croire que grâce aux valeurs de scientificité historique défendues par la Revue historique la prévention contre l’érudition tatillonne allemande, lieu commun de la première génération d’historiens français du xixe siècle, ne serait plus de mise. En fait, elle ne cesse d’affleurer. Une telle force du préjugé confère d’ailleurs à la suite du compte rendu une sorte d’ironie involontaire lorsque l’auteur anonyme reproche à l’école allemande et à Wegele en particulier de ne pas avoir reconnu les influences étrangères en aucun point essentiel.
15Des faits, des documents originaux, voilà bien la norme scientifique défendue par la Revue, mais il s’agit de trouver un point d’équilibre entre les données factuelles et les notes d’un côté et les qualités d’exposition de l’autre. Là encore les préjugés anti-allemands ont la vie dure, ne serait-ce qu’en creux, lorsqu’il s’agit de montrer comment Alfons Huber, autrichien, a réussi à éviter les défauts habituels de l’historiographie germanique : « Malgré l’abondance des faits particuliers, ce livre est moins touffu que la plupart des livres allemands ; l’air y circule avec plus d’aisance. » (RH, 1887/12, t. 35, p. 391) L’enjeu de ces remarques n’est pas seulement ici pour la Revue historique de renvoyer une image flatteuse de ses propres pratiques et d’en montrer la valeur universelle. La question nationale n’est jamais loin et transparaît souvent dans les comptes rendus et explique peut-être pourquoi tel ouvrage a été traduit ou a été reçu favorablement ou non. L’ouvrage de Huber (Geschichte Österreichs) fait partie en effet de la collection allemande de l’histoire des États européens initiée par Arnold Herman Ludwig Heeren et Georg Heinrich Ukert en 182813. Cette vaste collection intitulée Geschichte der europäischen Staaten14 a été poursuivie par Wilhelm von Giesebrecht15 et Karl Lamprecht jusqu’en 191416. Les difficultés, dont il est fait état dans le compte rendu de 1887, sont liées explicitement au sujet et au pays, l’Autriche, qui « dépourvue d’unité géographique et de frontières naturelles, déchirée par des oppositions de race, de langues, de religions n’est même pas une nation » (RH, 1887/12, t. 35, p. 389). Dès lors, il semble difficile d’appliquer les méthodes en vigueur propres à une étude scientifique ainsi que les critères historiques habituellement utilisés de nationalité, de langue et de géographie.
16Si la place qui est laissée à l’étranger est considérable dans la Revue historique, elle ne témoigne pas d’une circulation aisée des textes et des idées en dehors des cercles érudits. Malgré l’influence de l’école de Monod en France, il est remarquable de constater que les historiens qui ont été traduits ou qui seront traduits par la suite sont minoritaires, ce qui signifie, en somme, qu’un auteur peut être reconnu et distingué par la communauté scientifique française sans que cela donne lieu à la moindre traduction. De façon corollaire, les historiens n’ont pas besoin d’être traduits pour la plupart pour être connus et pour être soumis aux normes d’écriture historique françaises.
17En effet, si l’on prend tous les noms d’historiens étrangers qui ont été distingués, en bien ou en mal, dans les comptes rendus critiques, ou de façon des plus élogieuses dans les nécrologies ou les bulletins critiques, on s’aperçoit en entrecroisant les noms que bien peu de ces figures européennes ont été traduites. Il serait fastidieux de citer tous les noms mais Ernst Dümmler, spécialiste d’histoire médiévale qualifié pourtant d’« érudit le plus compétent de notre époque en tout ce qui concerne l’histoire carolingienne » (RH, 1887/09, t. 35, p. 66) n’a pas été traduit, pas plus que ne l’ont été Ludwig Prowe, « l’érudit biographe de Copernic », de renommée internationale (RH, 1887/09, t. 35, p. 236), Köhler ou Huber, évoqués plus haut. Il en est de même pour Bernhard Sepp dont on loue l’enthousiasme historique, si rare (RH, 1887/09, t. 35, p. 396), ou encore pour le Hollandais Franz de Potter – couronné par l’Académie (RH, 1887/05, t. 34, 1887, p. 146). La liste pourrait être encore fort longue. Plus remarquable est peut-être l’absence de traduction de Giovanni Livi, dont l’ouvrage La Corsica et Cosimo I de’ Medici a été publié en 1885 – le compte rendu paraît l’année suivante (RH, 1886/01, t. 30, p. 174) – et donne lieu à des polémiques politiques sur Nice, la Savoie et la Corse, du premier intérêt pour le public français, d’autant que l’auteur du compte rendu dramatise son propos et voit dans l’ouvrage les signes de l’irrédentisme italien qu’il perçoit comme ferment d’une future guerre européenne. On peut noter également dans cette rubrique des oubliés tels Samuel Lawson Gardiner, cité à de très nombreuses reprises comme un historien majeur et dont on reconnaît pourtant l’importance pour le renouvellement des études historiques en Grande-Bretagne – « ouvrage très remarquable par l’étendue des recherches, le talent de l’écrivain, l’impartialité des jugements » (RH, 1887/01-4, t. 33) –, mais qui n’a apparemment pas été traduit avant le xxe siècle17. Le grand Heinrich von Sybel est sous-traduit18 et seule son histoire de la Révolution amorcée en 1853, traduite par une femme19, un pamphlet et des lettres de Marie-Antoinette qu’il a éditées échappent au désintérêt des traducteurs.
18La nature des écrits et le rapport entre le lectorat et les œuvres étrangères expliquent en partie cette sous-traduction. En fait, on le devine à la lecture des pages de la Revue historique, une traduction est rarement ressentie comme nécessaire, parce qu’il est sous-entendu que l’historien doit être capable de lire les ouvrages en version originale, sauf si la langue ne fait pas partie des langues accessibles :
Si le livre de M. Huet était traduit dans une langue plus familière aux étrangers, il comblerait cette lacune importante dans la connaissance de l’histoire européenne […]. Espérons que ce livre important sera traduit en français ou en allemand, en français surtout, parce que le style de M. Huet est peut-être un peu plus français qu’un Hollandais pur sang ne l’aurait désiré. (RH, 1886/01, t. 30, p. 187 et 190)
19À cela, il faut ajouter, et cela réduit encore le champ des traductions, les nombreux cas où les historiens étrangers, tels certains Danois ou Hollandais, le Russe Jacques Novicow, ou l’Italien Emilio Comba, pour son Histoire des Vaudois (1887), écrivent directement en français. La suprématie encore visible de la France et le prestige du français permettent des modes de circulation des textes alternatifs en quelque sorte à la seule traduction. C’est une évidence qu’il convient de rappeler ici.
20Puisqu’il ne s’agit pas d’une activité nécessaire à la transmission des idées et des connaissances, qu’est-ce qui fait qu’il y a traduction ? Pour répondre à cette question, on s’appuiera ici seulement sur les ouvrages modernes traduits qui ont été cités ou commentés dans la Revue historique en 1886 et 1887, ainsi que sur les annonces de traduction.
21Un manuel-outil de vulgarisation aura plus de chances d’être traduit. On l’a vu pour Gardiner, il en est de même, à une date qui nous intéresse davantage, pour Ernst Guhl et Wilhelm Koner, La Vie antique des Grecs et des Romains, traduit par Florentin Trawinski20, historien et collaborateur de la Revue historique :
C’est un de ces manuels indigestes, à la mode allemande, où l’auteur tient à ne rien laisser de côté, pour ne pas perdre son renom de savant. En France nous concevons les manuels d’une autre manière et nous pensons que leur suprême qualité est de se faire lire, d’éveiller la curiosité par un choix d’ingénieux exemples, de donner le goût des choses que l’on veut enseigner […]. Le traducteur paraît avoir compris qu’il était nécessaire de répandre un peu d’air et de jour dans cette composition touffue […]. Peut-être aurait-il bien fait d’alléger aussi ses phrases et de ne pas donner sous prétexte de fidélité, le calque de périodes traînantes et enchevêtrées de style germanique. (RH, 1886/01, t. 30, p. 130-131)
22On soulignera encore une fois le préjugé à l’égard de l’érudition allemande qui est trop pointilleuse pour savoir distinguer ce qui est important de ce qui ne l’est pas. Le compte rendu sous-entend que le travail de vulgarisation du traducteur n’est pas allé assez loin : la critique pointe du doigt le statut particulier de l’écrit historique : c’est un texte qui peut être largement amendé pour répondre à des normes d’écriture ou d’érudition.
23Cette traduction des manuels reflète le sentiment des Français que les Allemands ont, malgré les critiques récurrentes, une nette supériorité pour les études antiques dans le domaine de l’érudition. C’est ainsi qu’est saluée, non sans ambiguïtés toutefois, la traduction « monumentale » initiée par Gustave Humbert et ses collaborateurs du Handbuch de Théodore Mommsen et de Joachim Marquardt21 :
C’était un lieu commun, il a quelques années, lorsqu’on comparait les conditions de la science en France et en Allemagne, de déplorer le manque de manuels et de livres de référence qui nous créait une infériorité fâcheuse à l’égard de nos voisins. Ces plaintes ont cessé d’être légitimes. La France sera bientôt le pays du monde le plus riche en manuels, parce que nos savants en composent et traduisent les meilleurs livres de ce genre publiés en Allemagne […] on serait presque tenté de se plaindre d’une abondance de biens et souhaiter qu’un temps d’arrêt se produisît dans l’accroissement de cette littérature de seconde main […]. (RH, 1887/12, t. 35, p. 113)
24Cet appel à l’arrêt des traductions d’ouvrages de référence au moment où l’auteur du compte rendu Camille Couderc rend hommage au travail de Hubert et de Giraud (le traducteur du premier volume de droit public) paraît pour le moins paradoxal : la Revue historique est encore habitée dans les années 1886-1887 par la défaite de la France en 1870 face à Bismarck.
25Il en résulte que si Mommsen, Ranke, Heinrich Schliemann sont traduits, si Mommsen est appelé « l’illustre historien dont le nom éclipse peut-être à l’étranger tous les autres » (RH, 1886/05, t. 31, p. 191), les piques sont nombreuses et les remises en cause de leurs thèses fréquentes.
26Les divers comptes rendus ou remarques sur Schliemann oscillent entre l’éloge et le scepticisme – voir notamment RH, 1887/05, t. 34, p. 321 sqq. sur Troie, publié chez Frimin-Didot en 188522, le compte rendu expose de façon critique les différentes hypothèses archéologiques sur le sujet ; la première livraison du tome 33 (1887) parle en revanche des résultats remarquables de Schliemann et de la traduction patiente et profonde de Mme Émile Egger à partir de l’anglais (1887/01, t. 33, p. 334). En dehors de toute considération de revanche intellectuelle, à moins qu’on ne considère que les remarques récurrentes sur les améliorations scientifiques apportées par les traducteurs ne soient le reflet de cet esprit de revanche, la première livraison du tome 30 (1886) de la Revue historique rappelle que la publication de la traduction de Tirynthe a été retardée afin de prendre en compte les derniers résultats (« ce n’est pas la simple traduction de l’ouvrage allemand, l’éditeur a retardé la mise en vente […] à cause des fouilles nouvelles qui l’ont enrichi d’un chapitre inédit », RH, 1887/01, t. 33, p. 218. Rien n’est dit sur l’auteur du chapitre23). Ces mentions indiquent que dans un texte d’érudition, c’est la source d’information qui prime24 sur le texte original, d’autant que dans le cas de la traduction annoncée des Antiquités grecques de Georg Friedrich Schömann par Charles Galusky un appendice apparaît dans la traduction indiquant clairement des point de désaccord – c’est souligné par la revue (RH, 1887/12, t. 35, p. 22925).
27Outre les manuels et les ouvrages sur l’Antiquité, les œuvres à portée politique ont toutes les chances d’être traduites : lorsque le sujet concerne la France, les chances sont encore plus grandes, que ce soit l’œuvre de Bartholomaeus Stürmer, Napoléon à Sainte Hélène, publiée à la Librairie illustrée et traduite par Jacques Saint-Cère (RH, 1887/12, t. 35, p. 142), ou l’ouvrage de Sybel, évoqué à de nombreuses reprises, qui est un ouvrage « de premier ordre que tout Français instruit devrait lire » et qui dans sa forme traduite est accompagné d’une table alphabétique « plus complète que l’original » (RH, 1887/12, t. 35, p. 153). Ranke est remis au devant de la scène au cours des années 1886-1887 grâce à une deuxième vague de traduction de son Histoire de France26 : la lecture qui est faite de la personnalité et les présupposés de l’historien allemand sont presque entièrement politiques (conservateur, proche du pouvoir prussien). En somme, comme le rappelle le compte rendu anonyme de ses Sämtliche Werke, il aurait dû être mieux connu et mieux diffusé, ses idées sur la Prusse auraient dû se réaliser dans les faits à une époque où la France aurait pu encore s’y opposer sans perdre (RH, 1887/12, t. 35, p. 411). L’esprit de revanche n’est pas loin. C’est donc de façon tout à fait exceptionnelle qu’on peut lire dans la première livraison du tome 33 (1887) de la Revue historique, suite à la traduction du droit public romain de Mommsen, un appel à la réconciliation par la traduction, appel qui tout en prenant acte des malentendus (politiques et historiques) qui séparent la France et l’Allemagne invite à intensifier les liens entre les deux pays et à les placer dans un rapport d’égalité : « Cet ouvrage se répandra vite chez nous. Il contribuera encore à resserrer les liens intellectuels qui rattachent si étroitement la France à l’Allemagne. Par quelle fatalité faut-il que deux pays, faits pour s’entendre à tant d’égards, soient si profondément divisés par la politique qu’à certains moments ils semblent plutôt prêts à s’entre-égorger ! » (RH, 1887/04, t. 33, p. 365-366), conclut C. B. (Charles Bémont, collaborateur de la Revue historique dès ses origines).
28L’Allemagne, toutefois, n’est pas la seule cible de cette lecture politique. Bien que cela soit moins fréquent, parce que les historiens britanniques, on l’a vu, jouissent d’une aura moins grande, la Revue historique se livre également à une lecture politique des traductions portant sur des ouvrages anglais. Ainsi, Monod et Bémont font un commentaire centré sur l’actualité de la traduction, par le Colonel Baille, de James Scott Jeans27 (RH, 1887/05, t. 34, p. 294) :
M. le Colonel Baille, qui avait eu déjà la main heureuse en traduisant pour la maison A. Colin l’Expansion de l’Angleterre, par M. Seeley, a traduit pour la librairie Guillaumin la Suprématie de l’Angleterre, ses causes, ses organes et ses dangers par M. Jeans. C’est un des ces livres qu’il serait bien difficile d’analyser, tant il est rempli de faits, de tableaux statistiques, etc.
29Les auteurs de la Revue historique soulignent les faiblesses cachées de l’Angleterre, notamment en ce qui concerne les affaires de l’Irlande qui est le talon d’Achille du Royaume-Uni. Quelques lignes plus loin, les présupposés des auteurs se lisent clairement dans un jugement sur la traduction d’un ouvrage de Joseph Comyns Carr28 (RH, 1887/05, t. 34, p. 295-296), déclaré inférieur dans le traitement à l’ouvrage français sur le même sujet muséologique de Clément de Ris :
[…] ce qui a décidé M.J. Comte à en patronner la publication c’est l’appréciation de l’organisation de notre enseignement des arts en province, donnée par un des critiques les plus distingués d’un pays dont nous sommes trop portés à exagérer les progrès et à admettre la supériorité. Pour nous d’ailleurs, le véritable intérêt du livre est dans la préface et les notes qui accompagnent le texte anglais.
30Là encore c’est la prétendue avancée anglaise qui est interrogée. La France n’a pas à avoir honte d’elle-même, tel est le message clair de la Revue historique, elle peut être ouverte sur le monde parce qu’elle a une place de choix dans le concert européen.
31Ces remarques prouvent qu’en matière de traduction des œuvres historiques la transmission des connaissances et la circulation des savoirs ne constituent pas les buts premiers. Il s’agit de toucher un large public, celui des hommes instruits, les historiens, eux, sont censés lire les œuvres en langue originale. Il faut donc qu’il y ait un enjeu supplémentaire, le plus souvent politique, pour que les œuvres traversent les frontières linguistiques et qu’elles soient jugées sous cette nouvelle forme potentiellement rentables. Dans certains cas, la notoriété d’un auteur ou des polémiques savantes qu’il a pu susciter peut représenter un deuxième moteur à l’entreprise de traduction, mais le phénomène est de toute évidence secondaire, parce que la transmission des textes, les débats sur l’écriture de l’histoire se font de plus en plus dans un milieu spécialisé où la connaissance tant des normes historiographiques que des langues étrangères est attendue dans le nouveau métier de l’historien. Lors du cinquantenaire de la Revue historique, la question même des traductions et de leur rôle dans la diffusion des connaissances est presque totalement évacuée, les indications bibliographiques, les résultats des recherches classées par pays puis par thèmes laissent place à la mention parfois commentée des textes en version originale presque exclusivement, la chronologie retenue par les auteurs des écoles historiques et de leur développement au sein des nations coïncide le plus souvent avec la chronologie française, c’est-à-dire en somme avec la date d’apparition de la revue29, ce qui témoigne d’un manque d’intérêt certain pour une réception décalée des textes et pour des problèmes d’interprétation liés à des question de langue30.
Notes de bas de page
1 Revue historique, dirigée par Gabriel Monod et Gustave Fagniez, 11e année, livraisons 1-4, t. 33, p. II. Par la suite, pour suivre l’indexation Gallica, les références seront notées ainsi : RH, 1886/01-04, t. 33.
2 Loc. cit.
3 Ouverture qui est confirmée lors du cinquantenaire de la revue. Voir Histoire et historiens depuis cinquante ans, méthodes, organisation et résultats du travail historique de 1876 à 1926, Paris, Librairie Félix Alcan, 1927, p. XIII-XIV.
4 RH, 1887/09, t. 35, p. 185-195.
5 Par la suite on voit paraître un « courrier italien » tenu par le folkloriste Giuseppe Pitrè, un « courrier polonais » tenu par l’artiste Bronislas Zaleski et enfin un « courrier du nord » tenu par l’antiquaire Eugène Beauvois qui contribue à la diffusion des œuvres historiques danoises en France. Voir Revue des questions historiques, 1876/01, t. 19, notamment p. 250, 258, 279 et 292.
6 Il s’agit de références à des revues de 1886 pour la plupart qui ont été citées dans la Revue historique (1887/12, t. 35, p. 435 pour les revues de théologie, 438 pour la revue thuringienne, 442 pour la revue prussienne).
7 RH, 1887/05, t. 34, p. 367
8 RH, 1887/01, t. 33, p. 459.
9 L’auteur de ces remarques est Domingo Rostrituerto.
10 Publié chez Longman, Green and Co. en 1876.
11 Voir notamment RH, 1887/05, t. 34, p. 370.
12 Voir Revue des questions historiques, 1867/01, le jugement sur Miss Freer (p. 307) ou celui sur Mrs Green (p. 311). Le second est encore plus favorable que le premier.
13 Les œuvres individuelles de Georg Heinrich Ukert ont été traduites en français, mais pas celles d’Arnold Herman Ludwig Heeren.
14 Le catalogue de la BnF répertorie la liste suivante des ouvrages publiés dans la collection : [1-5] Geschichte der Teutschen, von J.C. Pfister. – 1829-1835. 5 vol. ; [6-10] Geschichte der italienischen Staate, von Dr. Heinrich Leo… – 1829-1832. 5 vol. ; [11-15] Geschichte des preussischen Staats, von Gustav Adolf Harald Stenzel. – 1830-1854. 5 vol. ; [16-18] Geschichte des Kurstaates und Königreiches Sachsen, von C.W. Böttiger. – I. [-II. Von Dr. Th. Flathe. III. Von J. Böttiger.] – 1830-1873. 3 vol. ; [19-25] Geschichte von Spanien, von Friedrich Wilhelm Lembke. I. [Von Dr. H. Schäfer. II.-III. Von Dr. Friedrich Wilhelm Schirmacher. IV.-VII.] – 1831-1902. 7 vol. ; [26-27] Geschichte der Niederlande, von N.G. Van Kampen. – 1831-1833. 2 vol. ; [28-34] Geschichte des russischen Staates, von Dr. Philipp Strahl. I. [-II. Von Dr. Ernst Herrmann. III.-VII.] – 1832-1866. 7 vol. ; [35-41] Geschichte Schwedens, von Erik Gustav Geijer. I. [-III. Von Friedrich Ferdinand Carlson. IV.-VI. Von Ludwig Stavenow. VII.] – 1832-1908. 7 vol. ; [42-52] Geschichte von England, von J.M. Lappenberg. I. [-II. Von Reinhold Pauli. III-V. Von Moritz Brosch. IX-X.] – 1834-1898. 11 vol., dont 1 de tables ; [53-57] Geschichte von Östreich [des östreichischen Kaiserstaates], von Johann Grafen Mailáth. – 1834-1850. 5 vol. ; [58-62] Geschichte von Portugal, von Dr. Heinrich Schäfer. – 1836-1854. 5 vol. ; [63-67] Geschichte von Frankreich, von Dr. Ernst Alexander Schmidt. – 1835-1848. 5 vol., dont 1 de tables ; [68-72] Geschichte von Dännemark, von F.C. Dahlmann I. [-III. Von Dietrich Schäfer. IV-V.] – 1840-1902. 5 vol. ; [73-76] Geschichte Frankreichs im Revolutionszeitalte, von Wilhelm Wachsmuth. – 1840-1844. 4 vol. ; [77-83] Geschichte des osmanischen Reiches in Europa, von Johann Wilhelm Zinkeisen. – 1840-1863. 7 vol. ; [84-88] Geschichte Polens, von Dr. Richard Roepell. I. [Von Dr. Jacob Caro. II-V.] – 1840-1888. 5 vol. ; [89] Geschichte Deutschlands von 1806-1830, von Prof. Friedr. Bülau. – 1842 ; [90-94] Geschichte der Magyaren, von Johann Grafen Mailáth. – 1852-1854. 5 vol. ; [95-97] Geschichte Griechenlands seit dem Absterben des antiken Lebens, von Gustav Friedrich Hertzberg. – 1876-1879. 3 vol. ; [98-99] Geschichte Toscanas, von Alfred von Reumont. – 1876-1877. 2 vol. ; [100-103] Geschichte Frankreichs von der Thronbesteigung Louis Philippes. – 1877-1898. 4 vol., dont 1 de supplément et 1 de table ; [104] Geschichte Baierns, von Siegmund Riezler. I. [-VIII.] – 1878-1914 ; [105-106] Geschichte des Kirchenstaates, von Moritz Brosch. – 1880-1882. 2 vol. ; [107-108] Neuere Geschichte des preussischen Staates, von E. Reimann. – 1882-1888. 2 vol. ; [109-110] Geschichte Württembergs, von Paul Friedrich Stälin. I. – 1882-1887. 1 t. en 2 vol. ; [111-113] Deutsche Geschichte. I. Von Felix Dahn. – 1883-1889. 1 t. en 3 vol., dont 1 de tables ; [114] Deutsche Geschichte. VI. Von Alfred Dove. – 1883 ; [115] Geschichte der in der preussischen Provinz Sachsen vereinigten Gebiete, von Eduard Jacobs. – 1883. In-8o ; [116-117] Geschichte Schlesiens, von Dr. C. Grünhagen. – 1884-1886. 2 vol. in-8o ; [118-119] Geschichte von Braunschweig und Hannover, von Dr. Otto von Heinemann. – 1884-1892. 3 t. en 2 vol. ; [120-124] Geschichte Österreichs, von Alfons Huber. – 1885-1896. 5 vol. ; [125-128] Geschichte der schweizerischen Eidgenossenschaft, von Johannes Dierauer. – 1887-1912. 4 vol. ; [129] Geschichte der Provinz Posen, von Dr. Christian Meyer. – 1891 ; [130] Geschichte des Königreichs Westfalen, von Dr. Arthur Kleinschmidt. – 1893 ; [131] Geschichte Finnlands, von M.G. Schybergson. – 1896 ; [132-135] Geschichte Italiens im Mittelalter, von Ludo Moritz Hartmann. – 1897-1911. 3 t. en 4 vol. ; [136-137] Geschichte Russlands, von A. Brückner. – 1896-1913. 2 vol. ; [138-139] Geschichte Böhmens, von Adolf Bachmann. – 1899-1905. 2 vol. ; [140-143] Geschichte Belgiens, von Henri Pirenne. – 1899-1913. 4 vol. ; [144-148] Geschichte der Niederlande, von P. J. Blok. – 1902-1912. 5 vol. ; [149] Geschichte von Pommern, von Martin Wehrmann. I. – 1904 ; [150] Geschichte Nieder-und Oberösterreichs, von Max Vancsa. I. – 1905 ; [151-152] Geschichte des rumänischen Volkes, von N. Jorga. – 1905. 2 vol. ; [153] Geschichte von Venedig, von Heinrich Kretschmayr. I. – 1905 ; [154] Geschichte von Japan, von O. Nachod. I. – 1906 ; [155] Geschichte von Livland, von Dr. Ernst Seraphim. I. – 1906 ; [156-158] Geschichte der Deutschen in den Karpathenländern, von Raimund Friedrich Kaindl. – 1907-1911. 3 vol. ; [159-161] Geschichte Salzburgs, von Hans Widmann. – 1907-1914. 3 vol. ; [162] Geschichte Spaniens unter den Hapsburgern, von Konrad Häbler. I. – 1907 ; [163-167] Geschichte des osmanischen Reiches, von N. Jorga. – 1908-1913. 5 vol. ; [168] Geschichte von Ost-und Westpreussen, von Dr. Karl Lohmeyer. I. – 1908 ; [169] Geschichte der Serben, von Constantin Jirecek. I. – 1911 ; [170] Neuere Geschichte der freien und Hansestadt Hamburgs, von Adolf Wohlwill. – 1914.
15 Qui n’a pas été traduit pour ses œuvres individuelles malgré l’importance de sa production qui va de l’histoire de l’Antiquité pour se concentrer sur l’époque médiévale allemande. Pourtant, son ouvrage de 1885 sur Charlemagne aurait pu directement intéresser le public français.
16 Qui a été traduit : voir ses Études sur l’état économique de la France pendant la première partie du Moyen Âge, traduction de l’ouvrage allemand par A. Marignan, Paris, Guillaumin, 1889. Une seule œuvre dans une production riche et fournie, qui a été sûrement traduite parce qu’elle traitait d’histoire française.
17 Samuel Lawson Gardiner, Manuel d'histoire d'Angleterre (depuis les origines jusqu'à la mort de la reine Victoria), nouvelle édition traduite de l’anglais par Mme Beck, préfacée par M. Ch. Seignobos, recueil de documents traduits du latin et de l'anglais par E. Reybel et revus par M. Chr. Pfister, Paris, A. Joanin, 1905.
18 Il est souvent accusé de sectarisme, il n’est pas le seul ; voir RH, 1887/05, t. 34, p. 97. Traduction de l’ouvrage de Janssen Geschichte des deutschen Volkes seit dem Ausgang des Mittelalters, chez Plon, Nourrit et Cie : « La traduction est excellente, fidèle et élégante à la fois, et nous souhaitons qu’elle trouve dans le public français le succès que l’original a rencontré en Allemagne. Nous regrettons seulement que M. Heinrich ait cru devoir, dans la préface mise en tête du volume, se montrer bien plus sectaire que M. Janssen lui-même. »
19 Histoire de l’Europe pendant la Révolution française, traduit de l’allemand par Mlle Marie Bosquet [sic], édition revue par l’auteur et précédée d’une préface écrite pour l’édition française, Paris, F. Alcan, 1869-1888, 6 vol., in-8o. La préface ne contient aucune remarque sur la traduction.
20 Ernst Guhl, Wilhelm Koner, La Vie antique : manuel d’archéologie grecque et romaine, d’après les textes et les monuments figurés, traduit, sur la 4e édition de E. Guhl et W. Koner, par F. Trawinski, traduction revue et annotée par O. Riemann et précédée d’une introduction par A. Dumont, Paris, J. Rothschild, 1884-1885, 2 vol. in-8o. La première partie est consacrée à la vie des Grecs (sous le titre « La Grèce. Architecture publique et privée, mobilier, armes etc. »), la deuxième à la vie des Romains (sous le titre « Rome etc. »).
21 Theodor Mommsen, Joachim Marquardt [et P. Krüger], Manuel des antiquités romaines, traduit de l’allemand sous la direction de M. Gustave Humbert, Paris, E. Thorin et A. Fontemoing, 1887-1907, 18 vol. La suite du compte rendu évoque la traduction et publication parallèle de L’Histoire romaine de Mommsen, par Cagnet et Toutain (Paris, Vierweg, 1887) ; ce compte rendu est assez fade, il évoque les choix typographiques des traducteurs pour raisons d’économie et rappelle à la suite de Masquerey qu’« il faut se défier beaucoup de M. Mommsen »). Le même ouvrage est mentionné dans la Revue historique (1887/05, t. 34, p. 427).
22 Heinrich Schliemann [1822-1890], Ilios, ville et pays des Troyens : résultat des fouilles sur l’emplacement de Troie et des explorations faites en Troade de 1871 à 1882, traduit de l’anglais par Mme E. Egger, Paris, Firmin-Didot, 1885.
23 À propos de l’ouvrage de H. Schliemann Tirynthe : le palais préhistorique des rois de Tirynthe : résultat des dernières fouilles, préface de M. le professeur F. Adler, contributions de M. le Dr. W., 1 vol. (XLVI-401 p.-XXVII f. de pl.), p. 233.
24 Voir le jugement qui est porté sur la traduction d’Edward Freeman : « Le traducteur a contrôlé avec soin les faits d’un ouvrage où l’on désire avant tout la plus grande exactitude, surtout il a soumis à une révision très rigoureuse l’atlas qui accompagne le texte. » (RH, 1886/01, t. 30, p. 398)
25 G.F. Schömann, Antiquités grecques, traduction de Charles Galuski, Paris, Picard, 1885, t. I [-II]. Le texte est réédité en 1894.
26 Leopold von Ranke, Histoire de France, principalement pendant le xvie et le xviie siècle, traduction de Camille Miot, Paris, Klinchsieck, 1886-1889, t. 4 [-6]. L’ouvrage poursuit l’édition de 1885, traduite par Jean-Jacques Porchat, Paris, Klinchsieck, 1854.
27 James Scott Jeans, La Suprématie de l’Angleterre, ses causes, ses organes et ses dangers, traduction de Jean-Baptiste-François Baille, Paris, Guillaumin, 1887.
28 Joseph Comyns Carr, L’Art en France. Musées et écoles des beaux-arts des départements, traduction de l’anglais, revue par l’auteur, complétée par des renseignements statistiques et précédée d’une préface par Jules Comte, Paris, J. Rouam, 1887.
29 Voir en particulier Alphonse Dopsch, « Allemagne », dans Histoire et historiens depuis cinquante ans…, op. cit., p. 1.
30 Voir Histoire et historiens depuis cinquante ans…, op. cit., passim.
Auteur
Ancienne élève de l’École normale supérieure, Fiona McIntosh-Varjabédian est professeure de littérature comparée à l’université Lille 3. Elle travaille sur les rapports entre la fiction et la littérature non fictive et plus particulièrement sur l’écriture de l’histoire. Elle a dirigé le chapitre « Historiens » de l’Histoire des traductions en langue française. xixe siècle, 1815-1914 dirigée par Yves Chevrel, Lieven D’hulst et Christine Lombez (Verdier, 2012). Elle a publié récemment un article sur le statut des citations dans l’Histoire d’Angleterre de David Hume pour la Storia della Storiografia et sur la pensée radicale britannique et française au tournant de la Révolution et son rapport à l’histoire pour Prose Studies. Elle a créé une revue en ligne, Les grandes figures historiques dans les lettres et les arts, qui en est à son troisième numéro, et a édité, avec Marie-Madeleine Castellani, Représenter le pouvoir. Images du pouvoir dans la littérature et les arts (Peter Lang, 2014).
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