Eugène-Melchior de Vogüé et Le Roman russe
p. 213-228
Texte intégral
1Le Roman russe paraît en 1886 et connaît immédiatement le succès. Il sera réédité, avec de très légères modifications, dès 1888, et une nouvelle fois en 1892. Les réimpressions se poursuivent longtemps, et jusque fort avant dans le xxe siècle. Ce triomphe a donné lieu à d’étranges commentaires. On lit par exemple, dès 1889, sous la plume de Charles Morice :
M. de Vogüé, que les hasards de la vie ont de bonne heure initié à la langue, au génie et à la littérature d’un peuple jeune et plus voisin de nous que l’Orient, mais qui avait, dès le milieu du siècle dernier, accueilli l’influence du vieil occident, nous a rapporté de Russie l’effet combiné de cette influence ajoutée et de cette jeunesse native, – une littérature magnifique, – âpre, âcre et tendre, naïve et compliquée, spirituelle, sentimentale et sensuelle, tout ardente d’un amour extasié jusqu’à la charité, mais violente avec tant de douceur ! types nets dont tout autour les reflets vont s’atténuant à la fois et se spécialisant, Dostoïevsky, Tolstoï, – la Littérature Russe ! La jeune littérature française la salua comme une alliée naturelle, reconnaissant en elle quelques-uns de ses plus lointains désirs réalisés, et d’elle, en même temps, reçut une leçon bienfaisante de simplicité et d’intensité.1
2Il vaut mieux ne pas prendre ce texte à la lettre. L’enthousiasme a quelque peu égaré son auteur. On pourrait croire, à le suivre, ou bien que la littérature russe se réduit à Tolstoï et à Dostoïevski, ou bien que, de cette littérature, le public français n’avait jamais rien su avant 1886. On pourrait croire aussi que Vogüé l’a révélée par la seule force de sa conviction, et sans que personne lui ait prêté la main. Dans tous les cas, on se tromperait gravement. Le Roman russe n’est pas survenu brusquement ; il n’a pas éclaté comme un coup de tonnerre dans un ciel serein. Il était attendu ; il a été préparé de longue main.
3Pourtant, l’idée flamboyante exprimée par Charles Morice n’a pas disparu avec lui. Elle se retrouve vingt ans plus tard, sous la plume de Gide. Il est vrai que l’expression est ironique, et parodie joyeusement le goût de Vogüé pour les métaphores envahissantes. « Il y a quelque quinze ans, M. de Vogüé, qui fit le noble geste d’apporter à la France sur le plateau d’argent de son éloquence les clefs de fer de la littérature russe2… » Il est peu probable qu’il faille entendre une ironie analogue dans la brève notice du Petit Larousse, où on lit que Vogüé « révéla au public français la littérature russe3 ». Certaines approximations ont la vie dure, bien qu’elles soient à la limite de l’erreur.
4La littérature russe était-elle inconnue en France lorsque Vogüé a publié son livre ? Certainement pas. Il en a été question dès le début du xixe siècle. Les intermédiaires ont été nombreux. Ce n’est pas ici le lieu de les évoquer tous. Mais il peut être utile de dresser rapidement le bilan de leur action.
5Il faut évoquer les Français que « les hasards de la vie » ont conduits en Russie où ils ont pu apprendre la langue sur le vif. Pour la plupart, ce sont des enseignants, aujourd’hui bien oubliés. Qui connaît encore le nom de Jean-Marie Chopin, auteur, dès 1826, d’une traduction de La Fontaine de Bakhtchisaraï, « de M. Alexandre Pouschkin », sous le titre, moins exotique, La Fontaine des pleurs ? L’original était paru deux ans plus tôt. L’adaptation française, assez libre, puisqu’en vers et rimée, est publiée à Paris, chez Dondey-Dupré. C’est en revanche à Pétersbourg que paraissent en 1847 les Œuvres choisies de A. S. Pouchkine, poète national de la Russie, traduites par un certain H. Dupont. Mais l’éditeur russe a collaboré avec un confrère parisien. Et la Revue des Deux Mondes s’empresse de mentionner la publication4, tout en reconnaissant la médiocrité de la traduction. Dix ans plus tôt, au moment de la mort du poète, elle n’avait pas manqué de lui consacrer un article5.
6Pouchkine n’est certes pas le seul auteur dont le nom soit connu en France et dont les œuvres donnent lieu à traduction. Beaucoup d’autres écrivains, pour la plupart aujourd’hui oubliés, ont bénéficié du même traitement. Les intermédiaires français reflètent docilement les goûts changeants du public russe.
7Il en va de même pour les intermédiaires russes, qu’ils publient dans leur patrie ou en France. Bilingues, ils ne dédaignent pas toujours de s’assurer la collaboration d’un francophone. Faut-il citer des noms ? Le plus célèbre est sans aucun doute le jeune écrivain qui aide Louis Viardot à traduire Gogol, et notamment le petit roman Tarass Boulba6. Cette traduction, « honnête », comme le dit Vogüé7, marque peut-être un début ; non pas la révélation de la littérature russe, qui se faisait très progressivement depuis près d’un demi-siècle, mais l’entrée dans le patrimoine littéraire français d’une œuvre russe, suivie de près par La Dame de Pique, de Pouchkine, que traduit Mérimée.
8Le collaborateur anonyme de Louis Viardot n’allait pas tarder à se faire connaître. L’année 1847 voit la publication en Russie du premier de ses Récits d’un chasseur, qui connaissent d’emblée un immense succès, et bénéficient bientôt de deux traductions françaises (18548 et 18589). Tourguéniev ne s’est pas encore installé en France ; il vit de préférence en Allemagne. Mais, grâce à de fréquents séjours, il est présent dans la vie littéraire parisienne.
9Sa collaboration avec Viardot se poursuit, en faveur de Pouchkine : c’est à elle que le public français devra de pouvoir lire La Fille du capitaine et Boris Godounov.
10D’autre part, ses propres œuvres sont presque toutes traduites en français dès leur publication en russe. C’est le cas notamment pour Pères et enfants, le roman où apparaît, avec un sens nouveau et prophétique, un mot jusque-là confiné dans le vocabulaire technique de la philosophie : « nihilisme10 ». Ce mot apparaîtra avec une grande fréquence et une grande richesse de significations dans Le Roman russe. C’est en grande partie sur lui que repose la réflexion philosophique et politique du livre.
11Vogüé a une très grande admiration pour Tourguéniev. La notice nécrologique fort développée qu’il donne, en 1883, à la Revue des Deux Mondes constituera, légèrement modifiée, un des chapitres les plus importants du Roman russe. « Je me souviens qu’un jour, à Pétersbourg, en revenant de chez un haut personnage, Ivan Serguiévitch nous dit, sur un ton de plaisanterie non exempt d’amertume11 … » Dans ce « nous », il faut évidemment entendre l’auteur. Respectueux de son aîné – il est de 30 ans plus jeune que lui –, il a malgré tout tendance à jouer l’identification. Comme lui, il se sent européen au meilleur sens du terme, celui qui ne prétend pas effacer les particularités des nations. Comme lui, il estime qu’un écrivain – et c’est ce qu’il veut être avant tout – doit poser des questions de morale, mais se garder de proposer des solutions immédiatement utilisables : il loue Tourguéniev d’avoir, dans les Récits d’un chasseur, évoqué les méfaits du servage sans se transformer pour autant en doctrinaire. Et, admirateur de ses romans et de ses nouvelles, il se retrouve sans doute dans leurs personnages tendres, pudiques et résignés : on dirait que la ligne qui va du Dominique de Fromentin à son propre Jean d’Agrève passe par Nid de gentilshommes.
12Lorsqu’il a commencé l’étude du russe, il s’est plongé dans Pouchkine et dans Tourguéniev. Il leur restera fidèle. On pourrait soutenir que, pour lui-même, il les a préférés à tout, même à Tolstoï et à Dostoïevski.
13Curieusement, le parcours de Vogüé ressemble à celui qu’avait suivi, 30 ans avant lui, Mérimée. Il commence par Pouchkine. Les deux écrivains français, chacun en son temps, ont rêvé de consacrer au poète russe une longue étude. Mérimée réalise la sienne à la fin de sa vie12. Pour Vogüé, elle prend la forme d’un chapitre de son livre. Toutes les deux ont un point commun : Pouchkine y est vu comme le modèle d’un classique qui serait libre de tout académisme. « Ce Slave a sur toutes choses les idées claires d’un Athénien. […] Son style châtié, alerte, est élégant et pur de son comme un bronze grec. » Cette phrase de Vogüé semble faire écho à une lettre de Mérimée qu’il connaissait peut-être : « Je me suis mis à lire ses poésies lyriques et j’y trouve des choses magnifiques, tout à fait selon mon cœur, c’est-à-dire grecques par la vérité et la simplicité13. » Certes, alors que Mérimée semble se renfermer dans ce classicisme élégant et discret qui lui est propre, Vogüé est capable d’envisager et d’accepter les bizarreries d’une littérature qui ne respecte pas toujours la rhétorique à l’occidentale. L’un ne cesse de reprocher à Gogol, et même à Tourguéniev, dont il est l’ami, la prolifération des détails ; il loue constamment Pouchkine d’avoir su choisir. L’autre, au contraire, a compris que cette exubérance de l’analyse, qui ne recule devant aucune minutie, est la raison d’être d’un réalisme qu’il approuve sans réserves. Pourtant, lorsqu’il n’est plus en position de critique, lorsqu’il n’a plus à rendre compte d’un étranger qui lui est sympathique, qu’il comprend, qu’il approuve, mais qui lui reste étranger, il retrouve pour lui-même le goût de la mesure, de la composition, de la phrase discrètement élégante.
14Comme Vogüé, Mérimée a passé pour avoir fait découvrir au public français la littérature russe. Il n’a pourtant rien fait d’autre que d’apprendre le russe, à une époque où l’idée n’en serait venue à personne, de lire ce qui lui faisait envie, de traduire ce qui lui plaisait. Il n’a jamais accepté le rôle de spécialiste qui est supposé tout savoir. Peut-on en dire autant de Vogüé ? Les circonstances étaient autres.
15Vogüé a embrassé la carrière diplomatique, sans grande conviction peutêtre. Il l’abandonnera assez tôt, et sans regrets. Il veut être écrivain. Bien introduit dans la Revue des Deux Mondes, il y donne des notes de voyage, des études historiques, de ces articles un peu longs qui pourront être réunis dans des recueils. Son premier livre est l’un de ces recueils ; il s’appelle Syrie, Palestine, Mont Athos.
16Le jeune diplomate arrive à Saint-Pétersbourg au début de 1877. Il commence presque immédiatement l’étude du russe et la mène tambour battant. Très tôt, il se sent capable de lire dans l’original des textes d’une certaine étendue. Très tôt, il se sent capable d’en donner une traduction qui mérite d’être publiée. Sait-il qu’il va écrire Le Roman russe ? Rien n’est moins sûr. Ce livre est encore un recueil d’articles. Il ne construit sa cohérence que de manière très progressive.
17La littérature russe apparaît d’abord à travers des études historiques. C’est Pouchkine qui est mis à contribution. Un article sur Pougatchev doit beaucoup non pas à cette affabulation qu’est La Fille du capitaine, mais à l’Histoire de la révolte de Pougatchev, l’aride ouvrage historique que le poète avait consacré au personnage14. Une notice sur Mazepa cite, et très largement, la petite épopée intitulée Poltava15. À cette occasion, Vogüé est amené à traduire en grand nombre des vers de Pouchkine. Comme Mérimée, il choisit la prose, car il recherche avant tout l’exactitude.
18Sauf erreur, Vogüé n’a publié qu’une traduction d’une œuvre intégrale : celle de la nouvelle de Tolstoï, Trois Morts. Mais, dans ses études sur la littérature russe, il a, selon un usage alors répandu, multiplié les longues citations. En réunissant ces citations, on ferait une intéressante anthologie de la littérature russe du xixe siècle.
19Vogüé est un excellent traducteur, au moins aux yeux de qui accepte les principes en vogue au milieu du siècle dernier, principes qui n’ont pas encore disparu de notre horizon : il suit son texte d’aussi près que possible, en usant de toutes les ressources de la langue française, sans jamais se permettre la moindre entorse au bon usage. Principes scolaires, si l’on veut, mais qui ne sont pas faciles à mettre en œuvre.
20Quelques exemples pris au hasard pourront montrer, mieux qu’une appréciation générale, nécessairement floue, comment il s’efforce de serrer son texte. On pourrait citer Taras Boulba, dont il a traduit plusieurs pages dans l’article sur Gogol qui deviendra le chapitre III du Roman russe. La possibilité est ainsi offerte de procéder à une comparaison avec la traduction de Louis Viardot, qu’il considérait comme « honnête ». Voici un passage qui se situe au début de l’œuvre. La femme du héros contemple ses deux fils endormis. Viardot écrit :
« Mes fils, mes fils chéris ! que deviendrez-vous ? qu’est-ce qui vous attend ? » disait-elle ; et des larmes s’arrêtaient dans les rides de son visage, autrefois beau. En effet, elle était bien digne de pitié, comme toute femme de ce temps-là. Elle n’avait vécu d’amour que peu d’instants, pendant la première fièvre de la jeunesse et de la passion ; et son rude amant l’avait abandonnée pour son sabre, pour ses camarades, pour une vie aventureuse et déréglée.
21La traduction est, dans l’ensemble, exacte. En examinant celle de Vogüé, on se rend compte que Viardot a supprimé quelques détails, atténué certains mots, pris quelques distances. À « que deviendrez-vous ? », Vogüé propose « Qu’arrivera-t-il de vous ?16 ». « Des larmes s’arrêtaient dans les rides de son visage, autrefois beau » s’éloigne de l’original, dont Vogüé ne néglige rien, en écrivant : « Ses larmes s’arrêtaient dans les rides qui avaient changé son visage, si beau jadis17. » Dans le texte russe, le mot traduit par « instant » est au singulier ; les deux groupes qui suivent sont construits en parallèle, avec une forte répétition18. Vogüé traduit : « Elle avait vécu de l’amour un instant, la durée du premier éclair de passion, du premier bouillon de jeunesse. » S’il atténue la répétition, il se garde de la faire disparaître. Et, au lieu du « rude amant », il évoque, tout près du russe, un « farouche séducteur19 », expression certes un peu étonnante dans ce contexte.
22Des remarques analogues pourraient être faites, par exemple, à propos de la traduction de La Guerre et la paix que la princesse Irène Paskévitch fait paraître en 187920. Le prince André, gravement blessé, médite sur le champ de bataille : « Rien, rien n’est certain, sinon le peu de valeur de ce qui est à la portée de mon intelligence et la majesté de cet inconnu insondable, le seul réel peut-être et le seul grand21 ! » Vogüé a retraduit le passage pour Le Roman russe22 : « Rien, il n’y a rien de certain, excepté le néant de tout ce que je conçois et la majesté de quelque chose d’auguste que je ne conçois pas23 ! » Il se tient tout près de l’original, allant jusqu’à reproduire la répétition que Tolstoï avait ménagée.
23Telle est la tendance générale de ses traductions. Sans doute, il lui arrive de faire des erreurs. Dans la phrase qui précède, il a mal analysé la syntaxe, et se trouve écrire : « Ou une force indéfinie, inaccessible, à qui je ne puis m’adresser, que je ne puis même exprimer par des mots, le grand tout ou le grand rien, – ou bien ce Dieu […]. » La princesse Paskévitch proposait : « Ou cette force incommensurable, incompréhensible, à laquelle je ne puis ni m’adresser, ni exprimer ce que je sens, est le grand Tout, ou bien c’est le néant, ou bien c’est ce Dieu », qui est plus exact et nettement plus compréhensible, malgré la disparition du tour interrogatif. Mais la même traductrice négligeait le détail concret dans les mots qui suivent : « ce Dieu qui est renfermé ici dans cette image de Marie ! » Cette fois, c’est elle qui se fait difficilement comprendre. Vogüé traduit : « ce Dieu qui est cousu là, dans cette amulette que m’a donnée Marie24 ? » Il ne recule ni devant « cousu », ni devant « amulette », qui est peut-être, pourtant, excessif : le mot russe ne connote pas le paganisme ; mais il est vrai que le prince André n’a guère de respect pour les superstitions.
24Il serait intéressant d’établir un rapport entre le goût de Vogüé pour la précision du détail dans la traduction et son intérêt pour la méthode dite « réaliste », qu’il suppose liée à la minutie de l’analyse. Dans les deux cas, il est question de vérité. Que peut signifier pour lui l’adjectif « honnête » qui lui sert à caractériser les traductions de Viardot ? On a pu le voir : la question des coupures n’est pas en jeu. Il peut s’agir de coupures minimes : un mot ou deux. Il peut s’agir de chapitres entiers : la princesse Paskévitch a fait disparaître les grandes dissertations de philosophie historique qui se multiplient à la fin de La Guerre et la paix ; Vogüé l’approuve. Il n’hésite pas à lui décerner ce qui est sans doute, à ses yeux, le plus beau compliment imaginable : la traductrice « a fait tout ce qu’il était possible de faire, en se gardant fidèle, sincère et sobre comme le texte original ; notre langue a donné tout ce qu’elle pouvait donner ; nul Français, en lisant ces pages, ne pourra se douter qu’il les doit à une plume étrangère25. » Le mot « sobre » doit retenir l’attention. Il pourrait faire, indirectement, allusion à la manie de l’ajout, de l’ornement pittoresque qui caractérise nombre de traducteurs à l’époque de Vogüé. Dès la première page de Crime et châtiment, traduit par Victor Derély26, on lit : « Dans l’escalier, il eut la chance de ne pas rencontrer sa logeuse. Elle habitait à l’étage au-dessous, et sa cuisine, dont la porte était presque constamment ouverte, donnait sur l’escalier. Quand il avait à sortir, le jeune homme était donc obligé de passer sous le feu de n’ennemi. » Dans l’original, il n’y a ni « feu » ni « ennemi ». Ces joliesses ne vont-elles pas contre la fidélité, contre la sincérité, contre la sobriété ?
25Fidèle, sincère, sobre, la traduction de la princesse Paskiévitch est à l’origine du Roman russe. Elle a paru, selon l’usage, à la fois à Pétersbourg et à Paris. En fait, l’imprimeur russe a envoyé en France quelques centaines d’exemplaires, qui n’ont guère retenu l’attention, sinon celle de Flaubert. Vogüé avait pourtant recommandé le livre par une notice dans la Revue des Deux Mondes. Qui l’a entendu ?
26En 1883, Vogüé rédige, pour la même revue, la notice nécrologique de Tourguéniev. L’année suivante, une autre occasion se présente : la maison Hachette va mettre en vente une nouvelle édition de La Guerre et la paix27. L’article figure sous la mention « Les grands écrivains russes contemporains ». Le projet du Roman russe semble nettement envisagé. Entre-temps, Vogüé a publié, toujours dans la Revue des Deux Mondes, sa traduction de la nouvelle Trois Morts.
27Depuis quelque temps, les revues, et d’abord la Revue des Deux mondes multiplient les articles sur la Russie. Visiblement, quelque part, quelqu’un prépare la future alliance franco-russe.
28Depuis quelque temps aussi, les éditeurs semblent enclins à publier d’autres Russes que Tourguéniev. On voit paraître en traduction Gontcharov, Pisemski. Vogüé fait observer que La Guerre et la paix a paru la même année que Pères et enfants. Mais le roman de Tourguéniev a des dimensions acceptables. Celui de Tolstoï est beaucoup trop long. On hésite. Hachette tente néanmoins la chance.
29La réussite est totale. Du jour au lendemain, Tolstoï suscite des fanatiques. Pendant ce temps, Plon médite de lancer Dostoïevski. Paradoxalement, Vogüé, qui est un des auteurs de la maison, ne sait rien. Dès qu’il apprend le projet, il commence son troisième article.
30Il connaissait bien Tolstoï, ou au moins ses romans, sans jamais avoir rencontré l’homme. Il avait en revanche été confronté, dans des salons pétersbourgeois, à Dostoïevski, qui l’avait un peu effrayé, avec ses allures de prophète. Qu’avait-il lu ? Il est difficile de le savoir. Pendant l’été 1884, il avale toute l’œuvre. Et il est conquis. C’est qu’il possède une clef dont sont privés plusieurs de ses contemporains : il perçoit la dimension religieuse de ces fictions. Sans doute a-t-il tendance, quand il étudie l’écrivain, à mettre l’accent sur la soumission plus que sur la rébellion. Sa lecture n’en est pas moins profonde, plus que celle de ses contemporains qui verront dans l’écrivain russe un socialiste utopiste, un humaniste idéaliste, et qui finiront par en faire un reflet de Tolstoï.
31Après Dostoïevski, et toujours sous la rubrique générale « Les grands écrivains russes contemporains », Vogüé donne un « Gogol ». On peut s’étonner : l’auteur des Âmes mortes n’est plus un contemporain. Voilà 30 ans qu’il a quitté ce monde. Mais Vogüé a deviné en lui l’ancêtre de tous ceux qu’il vient de présenter. Le Roman russe, encore dans les limbes, trouve sa logique. C’est à Gogol qu’est due la rupture.
32Dostoïevski aurait dit : « Nous sommes tous sortis du Manteau de Gogol. » Souvent citée, au moins en France, cette phrase n’a pas d’autre garant que Vogüé. Il est le seul à l’avoir entendue. Encore ne dit-il pas expressément qu’il l’a saisie sur les lèvres de Dostoïevski. Il se peut en fait qu’elle appartienne à un autre. Peu importe. Le livre de Vogüé se construit sur l’idée qu’elle exprime.
33Et cette idée exerce un curieux effet sur les premiers chapitres de ce livre, chapitres qui sont écrits en dernier. Réduit à représenter le romantisme, un romantisme d’essence européenne, voire exclusivement occidental, Pouchkine est représenté d’une manière un peu étriquée. Vogüé ne cesse de l’admirer. Mais son admiration se concilie mal avec la thèse qu’il défend : « Est-ce diminuer Pouchkine que de l’enlever à sa race pour le rendre à l’humanité ? Je ne le pense pas. Disons, si l’on veut, qu’il représente une petite classe de ce grand pays, l’aristocratie cosmopolite à laquelle il appartient, et dans cette classe une aptitude dominante, son incroyable souplesse à sortir d’elle-même, à se modeler sur tous les patrons28. » Il y aurait beaucoup à dire sur les jeux d’identification que suppose cette phrase. Vogüé n’est-il pas un des plus vieux noms de la noblesse française ? Il vaudrait par ailleurs la peine d’en comparer le message à celui que délivrait Dostoïevski dans son Discours sur Pouchkine. Pour Dostoïevski, la faculté d’adaptation qui caractérise Pouchkine vient de ce que Pouchkine est russe.
34Le succès du Roman russe s’appuie sur celui qu’ont obtenu deux traductions françaises, celle de La Guerre et la paix et celle de Crime et châtiment. Aux lecteurs curieux d’en savoir plus, Vogüé offre un guide sûr, enthousiaste et fort bien écrit. Il éclipse sans peine l’Histoire de la Littérature contemporaine en Russie de Céleste Courrière (1875) et Les grands Maîtres de la littérature russe d’Ernest Dupuy (1885), ouvrages médiocres, dont la seule signification historique est de montrer que le public attendait Le Roman russe. Rares sont ceux qui boudent. Évoquons pourtant le petit cercle de la rue d’Ulm : Romain Rolland, André Suarès n’ont pas besoin du vicomte ; ils ont découvert Tolstoï sans lui.
35Le sentiment général est différent ; il s’exprime par l’élection de Vogüé à l’Académie française : l’écrivain a tout juste 40 ans.
36Il est consacré expert. On fait appel à lui pour des préfaces. Et il se prête au jeu : Souvenirs de la maison des morts, L’Idiot, Poésies populaires de Nékrassov sont précédés de copieux avant-propos ; il est plus rapide avec Krylov, Fonvizine, Tiouttchev. Mais ce n’est jamais en vain qu’on le sollicite.
37Il rend compte, et longuement, de ce qui fut un des couronnements de la mode russe, la représentation, en 1888, de La Puissance des ténèbres29. Pourquoi n’a-t-il rien dit de cet autre bouquet du feu d’artifice, la représentation, à l’Odéon, la même année, d’un drame adapté de Crime et châtiment ? Peut-être parce qu’il a voulu éviter la tentation du sarcasme. La pièce a enchanté les critiques, bien qu’elle accumule les contresens sur l’œuvre de Dostoïevski, ou peut-être parce qu’elle les accumule.
38Le Roman russe a éclairé plusieurs générations, parfois au prix d’interprétations contestables. L’exemple le plus frappant reste celui-ci : le chapitre consacré à Dostoïevski a pour sous-titre « La religion de la souffrance » ; une célèbre phrase du roman, montée en épingle dans le drame, est dite à Sonia par Raskolnikov : « Ce n’est pas devant toi que je m’incline, je me prosterne devant toute la souffrance de l’humanité. » D’innombrables critiques ont procédé à un montage, qui fait de Dostoïevski le propagandiste d’une « religion de la souffrance humaine ».
39Vogüé n’a pas protesté.
40On observe plusieurs phénomènes étonnants.
41D’abord il prend quelque distance par rapport aux écrivains qu’il est supposé avoir révélés. Le Tolstoï qui devient amer, dans La Mort d’Ivan Ilitch ou dans La Sonate à Kreutzer, le Tolstoï qui renonce à l’art, n’a plus toute son approbation. Dans l’article de 1883, il avait fait allusion à la lettre que Tourguéniev mourant avait adressée à Tolstoï pour le supplier de ne pas abandonner « les travaux littéraires ». En reprenant cet article pour en faire le chapitre IV de son livre, il introduit une longue citation de cette lettre. Déjà, il se méfiait de ce qu’il appelait le « nihilisme » de Tolstoï.
42C’est par un détour qu’il exprime on ne sait quelle réticence à l’égard de Dostoïevski. Dans un bilan de ce que la mode russe a déjà produit en 188630, il est assez sévère pour L’Esprit souterrain. « La seconde partie est illisible. Ô les cinquante pages du monologue métaphysique d’Ordinof ! » Ce livre montre, pour lui, que Dostoïevski, lorsqu’il « veut s’essayer dans le fantastique », ne peut être qu’« inférieur à lui-même ». Il ne s’est pas aperçu que ce livre est une fabrication malhonnête : les deux traducteurs ont pris deux nouvelles différentes, La Logeuse (1847) et Mémoires écrits dans un souterrain (1864), les ont par nombre de coupures réduites à l’état de squelette et les ont collées l’une à l’autre par une longue transition de leur cru. Ses souvenirs de lecture sont sans doute trop flous pour que Vogüé aperçoive la tromperie. Si La Logeuse a effectivement quelque chose de « fantastique », il n’en va pas de même pour les Mémoires, l’œuvre la plus amère et la plus agressive de Dostoïevski. Vogüé a-t-il retrouvé, en parcourant cette traduction infidèle, quelque chose de la terreur que lui inspirait le romancier, quand il le rencontrait dans le salon de la comtesse Tolstoï31 ?
43Loin de foudroyer les malfaiteurs, il les félicite. Élie Halpérine32 s’est contenté, dit-il, « de donner le sens du texte russe à son collaborateur français ». Celui-ci n’est autre que Charles Morice. « M. Morice appartient à cette jeune école qui entreprend avec tant de confiance la refonte de notre pauvre langue. J’avais lu de sa prose, j’avais compris quelque fois, avec effort. » Surprise ! Ce « symboliste », cet amateur de style chantourné est l’auteur de « la traduction la plus vigoureuse, la plus artistique dont un auteur russe ait encore eu le bénéfice ».
44Si Vogüé éprouve le besoin de ménager Charles Morice, c’est pour une double raison.
45D’abord, il souhaite – il le répète à satiété – se convaincre que la jeune génération a trouvé son salut dans le roman russe ; il pressent cette question qui se pose aujourd’hui aux historiens : comment se fait-il que soient exactement contemporaines la mode russe et l’apparition du symbolisme au sens strict du terme ? Il évoque des lettres reçues. Mais il ne nomme personne.
46Par ailleurs, il évite d’accabler les intermédiaires qui ont permis le succès en France d’écrivains qu’il admire. Comme autrefois Mérimée, très indulgent pour l’extravagant Ernest Charrière, il prend soin de féliciter des traducteurs qui peut-être ne le valent pas, et qui, en tout cas, ne pratiquent guère sa méthode. Il tient pour « fort exact » le sens du texte russe tel que Halpérine le transmet à ses collaborateurs, pour « fort exacte » la traduction que Victor Derély a donnée de Crime et châtiment33. Ce qu’il ne dit pas, c’est que, pour certaine formule célèbre, il n’a pas reproduit la version « fort exacte » de Derély ; et il n’a pas écrit : « Ce n’est pas devant toi que je me suis prosterné, mais devant toute la souffrance humaine. » Il a préféré : « Ce n’est pas devant toi que je m’incline, je me prosterne devant toute la souffrance de l’humanité. » Il peut avoir cité de mémoire ; pour une fois, sa propre traduction est un peu lointaine. Et Derély, de fait, est plus exact. Il reste que Vogüé évite l’expression « souffrance humaine », qui aura de si fâcheux effets.
47Exigeant pour lui-même, bienveillant pour les traducteurs des grands textes, Vogüé a moins d’indulgence pour le menu fretin.
Aujourd’hui, on croit volontiers qu’on peut traduire une œuvre de style comme un dossier d’affaires commerciales, à la grosse. Je constate deux opinions erronées sur la pratique de cet art. D’abord il y a les personnes du monde russe qui ont eu une institutrice française et des revers de fortune ; elles se persuadent que ces deux particularités les constituent traductrices. Le malheur est toujours respectable, mais il ne fait pas seul un bon traducteur. Les gens de sens plus rassis estiment qu’il suffit de posséder dans la perfection les deux langues. Quiconque a vécu en Orient et employé les services des drogmans sait par une expérience pratique quelle erreur c’est là. Le meilleur drogman n’est pas toujours le plus savant arabisant ; tel autre qui en a appris moins long rendra bien mieux votre pensée dans une conversation délicate ; il a le don de trouver rapidement l’équivalent, la moyenne entre le génie des deux idiomes.
48On se trouve là dans une zone mystérieuse. L’art de traduire échappe-t-il à l’analyse ?
49La pensée de Vogüé est nette : on ne peut bien traduire qu’en respectant sa propre langue. Il faut être impitoyable pour les maladroits. Il est indécent d’écrire : « Peut-être était-ce un effet de sa confusion de petite provinciale, qu’elle avait fait semblant de dormir34. » Mais la traduction est-elle possible ? « Le dictionnaire est un pauvre changeur, qui n’a jamais la monnaie exacte35. » Cette petite phrase prend place au milieu d’un développement sur le sens exact du mot « otchaïanié ». Vogüé n’invite pas à retrouver une idée familière derrière ces sonorités étranges. C’est un effort qu’il suggère à son lecteur.
50Il ne s’agissait pas pour lui « d’apporter sur le plateau d’argent de son éloquence les clefs de fer de la littérature russe ». Il ne s’agissait pas d’apporter un produit tout fait à un lecteur immobile et passif. Son passage par la Russie, son étude du roman russe l’avaient persuadé que seuls ceux qui savent sortir d’eux-mêmes auront la chance de voir vraiment le monde.
51Aussi a-t-il parlé de certains Russes en employant l’étrange mot « Scythe ». « Voici venir le Scythe, le vrai Scythe, qui va révolutionner toutes nos habitudes intellectuelles. » Dans la Revue des Deux Mondes, la formule désigne Tolstoï. Dans Le Roman russe, elle a été transposée : c’est à Dostoïevski qu’elle s’applique. Peu importe au fond. L’essentiel est bien de « révolutionner les habitudes intellectuelles ». À cette tâche, la traduction peut contribuer.
Notes de bas de page
1 Charles Morice. La Littérature de tout à l’heure, Paris, Perrin, 1889, p. 264.
2 Il s’agit de l’article « Dostoïevsky d’après sa correspondance », qui date de 1908 et ouvre le recueil intitulé Dostoïevsky et publié en 1923, chez Plon.
3 Formule toujours présente dans l’édition de 2012.
4 Charles de Saint-Julien, « Pouchkine et le mouvement littéraire en Russie depuis 40 ans », Revue des Deux Mondes, t. 20, 1er octobre 1847.
5 Charles Baudier, « Poètes et romanciers du Nord. II. Pouchkin », Revue des Deux Mondes, t. 11, 1er août 1837.
6 Nicolas Gogol, Tarass Boulba, traduction de Louis Viardot, Revue indépendante, 25 octobre 1845, p. 433-469 ; 10 novembre 1845, p. 5-72. Repris dans Nicolas Gogol, Nouvelles russes, traduction de Louis Viardot, Paris, Paulin, 1845.
7 Eugène-Melchior de Vogüé, Le Roman russe, Paris, Garnier, 2010 (1re éd. 1886), p. 198 (édition désormais citée RR).
8 Ivan Tourgheniev, Mémoires d’un seigneur russe, ou Tableau de la situation actuelle des nobles et des paysans dans les provinces russes, traduction du russe d’Ernest Charrière, Paris, Hachette, 1854.
9 Ivan Tourguénef, Récits d’un chasseur, traduction de H. Delaveau, illustrations de Godefroy Durand, seule édition autorisée par l’auteur, Paris, Dentu, 1858.
10 Ivan Tourguénef, Pères et enfants, précédé d’une lettre à l’éditeur par Prosper Mérimée, Paris, Charpentier, 1863.
11 RR, p. 294.
12 Prosper Mérimée, « Alexandre Pouchkine », Le Moniteur universel, 20 et 27 janv. 1868.
13 Lettre à Jenny Dacquin, 17 novembre 1860, Corr. Gén., t. X, p. 75. On sait que les Lettres à une inconnue ont été publiées dès 1873.
14 Eugène-Melchior de Vogüé, « Une guerre servile en Russie. La révolte de Pougatchef », Revue des Deux Mondes, t. 34, 15 juillet 1879.
15 Id., « Mazeppa. La légende et l’histoire », Revue des Deux Mondes, t. 48, 15 nov. 1881.
16 что будет с вами ?
17 и слезы остановились в морщинах, изменивших ее когда-то прекрасное лицо.
18 Она миг только жила любовью, только в первую горячку страсти, в первую горячку юности. Littéralement : « Seulement dans la première fièvre de la passion, dans la première fièvre de la jeunesse. »
19 суровый прельститель.
20 La Guerre et la paix, roman historique par le comte Léon Tolstoï, traduit par une Russe, Paris, Hachette, 1879.
21 Guerre et paix, livre I, 3e partie, chap. 19. Traduction d’Irène Paskévitch. 1884, t. I, p. 325.
22 RR, p. 387
23 Ничего, ничего нет верного, кроме ничтожества всего того, что мне понятно, и величия чего-то непонятного, но важнейшего ! Littéralement : « Rien, il n’y a rien de véritable, sauf le néant de tout ce qui m’est compréhensible, et la grandeur de quelque chose d’incompréhensible, mais d’essentiel. »
24 Или сила – неопределенная, непостижимая, к которой я не только не могу обращаться, но которой не могу выразить словами, – великое все или ничего, – говорил он сам себе, – или это тот Бог, который вот здесь зашит, в этой ладонке, княжной Марьей ? Littéralement : « Ou bien la force indéfinie et inaccessible à laquelle non seulement je ne peux pas m’adresser mais que je ne puis exprimer en mots, est-elle le grand tout ou rien, – se disait-il, – ou est-ce ce Dieu qui a été cousu ici, dans cette amulette, par la princesse Marie ? »
25 Eugène-Melchior de Vogüé, « Essais et notices », Revue des Deux Mondes, t. 33, 15 juin 1879. RR, p. 426
26 Th. Dostoievsky. Le Crime et le châtiment, Paris, Plon, 1884.
27 La traduction est toujours celle de la princesse Paskiévitch, dont le nom n’est toujours pas prononcé.
28 RR, p. 168.
29 Eugène-Melchior de Vogüé, « La Puissance des ténèbres, de Léon Tolstoï. Réflexions d’un spectateur », Revue des Deux Mondes, t. 86, 15 mars 1888.
30 Id., « Les Livres russes en France », Revue des Deux Mondes, t. 78, 15 décembre 1886. RR, p. 438.
31 Il s’agit de la veuve du comte Alexis Constantinovitch Tolstoï, poète et dramaturge, cousin du romancier.
32 Plus connu, depuis, sous le nom de Halpérine-Kaminsky.
33 L’expression figure dans l’article sur Dostoïevski ; elle disparaît dans RR, qui porte en revanche : « La version de M. Derély est une des trop rares traductions du russe qui ne soient pas une mystification. » Voir p. 340, 341 et 623.
34 RR, p. 449.
35 RR, p. 373.
Auteur
Professeur émérite à l’université Paris-Sorbonne. Comparatiste, il a étudié principalement la poésie romantique en Europe, les relations entre poésie et musique, la survie des mythes anciens. Traducteur de poésie classique (Homère, Hésiode, Pouchkine, Akhmatova), il s’intéresse à la théorie de la traduction littéraire et aux questions de terminologie comparée. Il a publié entre autres Musique et littérature (Presses universitaires de France, 1994), L’Impasse rhétorique (Presses universitaires de France, 2002), Le poème narratif dans l’Europe romantique (Presses universitaires de France, 2003), Oreste (Bayard, 2005), Le Mythe dans les littératures d’Europe (Éditions du Cerf, 2010).
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